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Victor Jara : 40 ans sans justice mais toujours au firmament du rock

mercredi 18 septembre 2013 à 23:36
Foto de Gerardo Espíndola

Photo de Gerardo Espíndola

Sauf indication contraire les liens dirigent vers des sites en espagnol.

La nuit du 15 septembre 1973, dans les jours qui ont suivi le coup d'Etat de Pinochet [anglais], Victor Jara a été enlevé lors d'un transfert de prisonniers du Stade du Chili au Stade National. C'est la dernière fois qu'il a été vu vivant, sauf par les militaires. Le 16 septembre au matin, son corps criblé de balles, ainsi que celui de six autres victimes, a été découvert à l'extérieur du cimetière général de Santiago.

Il a fallu trente ans au système judiciaire chilien pour identifier les huit soldats responsables, et l'un d'eux fait actuellement l'objet d'une demande d'extradition auprès du gouvernement des Etats Unis.

Ce sont les militaires qui tenaient les armes et ont tiré les 44 balles qui ont tué Victor Jara. Mais le chanteur est devenu une légende dans son pays et aujourd'hui, 40 ans après le massacre, il reste une référence incontournable pour les musiciens du monde entier.

La semaine dernière, pour son premier concert au Chili, le chanteur de rock Bruce Springsteen a interrompu le programme prévu pour chanter “Manifesto”, l'une des chansons les plus emblématiques de Jara. C'était l'hommage d'un créateur à un autre créateur qui marquait une fois pour toute la portée universelle de l'oeuvre de l'artiste chilien. “Pour un activiste et un musicien, Victor Jara reste une grande source d'inspiration”, a dit Springsteen.

“Yo no canto por cantar, ni por tener buena voz. Canto porque la guitarra tiene sentido y razón. Tiene corazón de tierra y alas de palomita. Es como el agua bendita, santigua glorias y penas” (Manifiesto).

“Je ne chante pas seulement pour chanter, ni pour montrer ma belle voix. Je chante parce que la guitare a du sens, parce qu'elle a raison. Elle a un coeur de terre et des ailes de colombe. Elle est comme l'eau bénite qui sanctifie les gloires et les peines.” (Manifesto)

La part intime du Chili dont parle Jara a traversé les frontières encore plus fortement après son assassinat. Le 22 septembre 1973, ému par sa disparition brutale, l'astronaute soviétique Nikolaï Stepanovich Tchernykh a identifié l'astéroïde 2644, en orbite autour du soleil dans notre système planétaire, et l'a baptisé Victor Jara [anglais].

Son nom est déjà une étoile dans le ciel. Une rock star rebelle. Mais un rebelle qui défend une cause si l'on en croit le magazine Rolling Stone de juin 2013 qui publie son classement des  “15 rebelles du rock & roll” [anglais], et place Victor Jara à côté de Nirvana, Jerry Lee Lewis et les Sex Pistols, entre autres :

Les chansons d'amour et pour la justice du chanteur chilien Victor Jara semblaient représenter une telle menace pour les chefs militaires organisateurs du coup d'Etat de 1973 qu'ils l'ont tué.

Mural of Victor Jara in Santiago, Chile. Photo by Gerardo Espíndola.

Peinture Murale en hommage à Victor Jara à Santiago, Chili. Photo de Gerardo Espíndola.

“Mais où est le rock chez Victor Jara?” diront certains. Il est dans toute son oeuvre. Si l'on prend l'exemple de son enregistrement de “El Derecho de Vivir en Paz” [le droit de vivre en paix], il utilise une guitare électrique et est accompagné par le groupe de rock Los Blops. Pour certains, cet instrument était le symbole de l'impérialisme américain, mais pour Jara c'était une preuve de sa créativité.

En tant que metteur en scène de théâtre, Victor Jara a adapté et dirigé Viet Rock [anglais], une oeuvre musicale écrite par Megan Terry [anglais], en donnant à l'oeuvre un éclairage pro-vietnamien. Sa femme, Joan Jara, en a fait la chorégraphie. Dans une interview publiée par le blog Palabra Callejera, elle précise que:

El rock estaba como en el movimiento de la producción de algunas cosas, tremendamente movido… Víctor era un gran coreógrafo, y se movía en la acción en toda la sala, y eso digamos es el espíritu rock, yo creo que es el espíritu rock que se produjo ahí.

Le rock était comme l'impulsion qui faisait bouger les choses… Victor était un grand chorégraphe et il se déplaçait sur scène et dans l'espace, ce qui est l'essence même du rock ; et je crois que c'est l'esprit du rock and roll qui a été créé alors.

Jara l'Universel

“Peint ton village et tu peindras le monde” disait Tolstoï. L'héritage de Victor Jara le prouve : le folk et le rock sont des forces créatrices universelles.

Le poète britannique Adrian Mitchell [anglais] a écrit sur Victor [anglais] après sa mort et a offert son poème à Joan Jara quand elle est venue en Angleterre ; plus tard elle a lu ces vers lors d'un concert donné au profit des victimes de la dictature chilienne organisé aux Etats Unis par le chanteur militant américain Phil Ochs. Ochs avait rencontré Victor au Chili des années auparavant quand ils s'étaient retrouvés tous les deux pour un concert en faveur des ouvriers des mines de cuivre.

Le poème est devenu une chanson folk nord-américaine mise en musique par Arlo Guthrie, qui avait lui aussi participé au concert et entendu la lecture du poème.

Depuis 1973, plus de 10 films et documentaires ont été produits sur Victor Jara dans des pays aussi différents que la France, l'Allemagne, et l'Espagne, mais aussi les Etats Unis et le Chili. Des musiciens comme Bob Dylan, Joan Baez, Astor Piazzola, et Los Fabulosos Cadillac lui ont témoigné leur admiration.

Funeral of Victor Jara, December 2009, photo by Gerardo Espíndola

Enterrement de Victor Jara, Decembre 2009, photo de
Gerardo Espíndola

L'héritage de Victor Jara dépasse les frontières, tout comme l'écho de la justice universelle qui aujourd'hui demande aux Etats Unis l'extradition de l'ancien officier chilien Pedro Pablo Barrientos [anglais].  L'affaire doit être jugée au Chili, et l'accusé doit répondre des charges qui pèsent contre lui pour le crime qu'il a commis sur la personne du chanteur.

Les mains de Victor Jara n'ont pas saigné comme celles d'un rockeur qui gratte passionnément sa guitare. Celle de Jara ont été détruites par le fusil d'un soldat. Ils l'ont obligé à chanter, en sang, et il a chanté. 40 ans après, sa voix résonne toujours et sa musique continue à vivre.

La grève des agriculteurs colombiens entre dans sa quatrième semaine

mercredi 18 septembre 2013 à 23:20

Au bout de trois semaines tendues, la grève nationale des agriculteurs de Colombie ne voit pas d'issue à l'horizon. Pour contenir la crise récente, le gouvernement de Juan Manuel Santos, sous la pression des grévistes qui ont bloqué plusieurs routes importantes, a suivi une stratégie en trois points qui jusqu'à présent ne débouche sur rien de concret.

Nazih Richani décrit ces trois tactiques sur le blog Cuadernos Colombianos [en anglais] (carnets de Colombie) de NACLA.

Le coup d’Etat chilien raconté au travers d’un récit interactif

mercredi 18 septembre 2013 à 16:06

La version en ligne du journal Chilien La Tercera a publié une infographie interactive [es, en] sur le 40ème anniversaire du coup d’Etat [en] contre Salvador Allende [en].

Mariana Santos [en] a travaillé avec l’équipe chargée de ce projet en tant que membre de l'organisme ICFJ Knight International Journalism. Selon Mariana l’objectif était de raconter les événements  incroyables qui se sont déroulés il y a 40 ans d’une façon permettant d’utiliser tous les talents de leur équipe.

Elle explique qu'il s'agissait d'un exercice permettant d'expérimenter les différentes formes de récits numériques en “utilisant tous les médias disponibles : vidéo, audio, texte, images, illustrations, documents, etc”

Mariana ajoute qu'elle voulait former les journalistes de La Tercera au travail en équipe, valoriser leurs compétences et “remettre en question les formes de récits à l’heure où internet offre tellement de possibilités pour captiver les lecteurs”

Le résultat est une expérience de récit interactif disponible en espagnol et anglais, et sous licence Creative Commons [es].

Les Roms victimes des lenteurs de la justice hongroise

mercredi 18 septembre 2013 à 09:25

[liens en anglais] Il a fallu cinq ans à la justice hongroise pour poursuivre les auteurs d'assassinats de sang froid de Roms en Hongrie. A l'époque quatre Hongrois, dans une surenchère de violence ont tué six Roms entre mars 2008 et août 2009. Le 6 août, un tribunal de Budapest a condamné Zsolt Peto et les frères Arpad et Istvan Kiss à la prison à vie pour cette folie meurtrière, alors que le chauffeur Istvan Csontos a été condamné à 13 ans pour complicité.

Les quatre assassins, qui avaient mis au point leurs plans dans un pub de Debrecen au nord-est de la Hongrie, sont des supporters de football violents et ont des liens avec les organisations néo-nazies. Ils n'ont montré aucune émotion à l'annonce du verdict.

La pression exercée par les défenseurs des droits de l'homme et les avocats semble avoir porté ses fruits. Le Bureau National d'Investigation Hongrois (NNI), service central d'investigation du pays en charge de la lutte contre le terrorisme et toute action menaçant la sécurité nationale, a maintenant rouvert l'instruction sur une série de meurtres de Roms de la communauté hongroise en 2008 et 2009, afin d'examiner les défauts et éventuelles erreurs de l'instruction, d'où le retard pris pour trouver et poursuivre les auteurs des crimes. On pense qu'un ou plusieurs coupables sont encore en liberté.

Les procureurs hongrois ont par ailleurs demandé une enquête sur les forces militaires impliquées, les services de renseignement militaire hongrois étant soupçonnés d'avoir facilité certains meurtres. L'activiste rom hongrois Aladar Horwath et d'autres apprécient “le geste tardif mais bienvenu” de la part du pouvoir en faveur des victimes.

Les internautes ont réagi sans relâche depuis l'annonce du verdict. Helene Bienvenu, photojournaliste indépendante de Detroit maintenant établie à Budapest, commente sur Twitter:

Il y a 50 ans #MLK (Martin Luther King) marchait sur #Washington. Les Roms de Hongrie ont encore du chemin à faire.

@connellyandrewhttp://t.co/k4P4yh0GKN

John Clarke, militant de la question à Toronto, attribue la responsabilité de ces événements aux comportements politiques et à la société en général :

http://t.co/6zO8HSeQHw la violence des ‘extrémistes’ contre les Roms en Hongrie est due aux comportements politiques et à la conduite raciste du grand public.

Dans un récent article sur le sujet, The Economist a traité la population rom de “pire problème social de l'Europe”. Un écrivain de Cambridge, Kari Sperring, demande des informations complémentaires étant donné les nombreuses questions que se posent les médias sociaux sur le caractère démocratique de la Hongrie au regard de la manière dont le pouvoir a traité les crimes en série contre des groupes minoritaires :

La Hongrie n'est plus une démocratie http://t.co/5nNNYOtWCb Avez-vous des informations complémentaires sur le sujet ? #antisemitism#Roma

En attendant, le Secrétaire d'Etat hongrois aux Affaires Etrangères, Péter Wintermantel, a fait un discours lors de la 4ème Conférence de l'Association pour l'Amitié Hungaro-Israélienne qui s'est tenu à Zalaegerszeg du 24 au 26 août. M. Wintermantel y a insisté sur le fait que le gouvernement hongrois restait attaché à la lutte contre toute forme de racisme et antisémitisme et prendrait toutes les mesures nécessaires dans ce sens.

Cependant, une étude d’Amnesty International laisse entendre que les crimes haineux contre les Roms restent une préoccupation sérieuse en Hongrie, où la police manque de directives pour enquêter sérieusement sur ces crimes. Dans un nouveau rapport intitulé “Violentes attaques contre les Roms en Hongrie”, les informations réunies par Amnesty International démontrent les conséquences des crimes raciaux sur les victimes individuelles, les communautés et la société dans son ensemble. Ce rapport démontre également comment les dysfonctionnement du système judiciaire hongrois font obstacle à la prévention et empêchent que l'on puisse donner une réponse à de telles agressions :

Jezerca Tigani, Directeur adjoint des programmes en Europe et Asie Centrale pour Amnesty International déclare:

Cinq ans après ces assassinats de sang froid, les Roms de Hongrie ne sont toujours pas à l'abri de crimes haineux. [...]

Cette affaire horrible aurait dû être un signal d'alarme pour les discriminations continuelles, et souvent violentes, que subit la communauté des Roms, mais les auteurs de ces actes criminels ne sont toujours pas amenés devant la justice.

Des vidéos montrant des combattants iraniens dans la guerre civile syrienne ?

mardi 17 septembre 2013 à 22:47

[liens en anglais]

On sait que l'Iran soutient le régime syrien, mais il existe peu de preuves d'engagement direct sur le terrain. A présent, des vidéos tendant à montrer des individus parlant persan en uniformes militaires, opérant à l'intérieur de la Syrie et collaborant avec les forces gouvernementales sont devenues virales.

Il semble que des rebelles syriens aient bousculé des troupes loyales au président Bachar al-Assad et se soient procuré des images vidéo de possibles conseillers militaires iraniens au travail avec les Syriens. On entend l'homme dans la vidéo ci-dessus parler persan pour demander à quelqu'un un numéro de téléphone à Téhéran.

Selon le New York Times, les vidéos ont été largement diffusées dans les médias internationaux malgré la difficulté d'une vérification indépendante de leurs affirmations. Sur la base d'informations venues d'Iran, The Lede Blog suppute que les images ont pu être enregistrées par un documentariste iranien qui aurait été tué en Syrie.

Iraniens en marche

Une autre conversation de deux Iraniens filmés dans une voiture dit qu'il leur faut des gens spécialisés qu'ils puissent guider et mener. Le conducteur dit que “les [rebelles] ont été nettoyés avec difficulté de ce secteur.” A plusieurs reprises ils dépassent des convois militaires, et une fois le conducteur dit qu'ils sont de la garde présidentielle. Il y a aussi une conversation en arabe entre le chauffeur iranien et des soldats syriens.

Soldats iraniens au repos

Un “Commandant” iranien

Un commandant iranien dit : ”Nous avons envoyé des troupes du côté gauche du terrain.”