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Visualiser l'expansion des colonies israéliennes depuis 1948

lundi 6 juillet 2015 à 09:45

Le journaliste Adam Rasmi, qui vit à Beyrouth, partage une infographie de Visualising Palestine qui retrace l'expansion de la colonisation israélienne depuis 1948 :

Nouvelle infographie de @visualizingpal trace l'expansion des colonies israéliennes — 1948 et aujourd'hui

Pour plus d'infographies, jetez un oeil ici : Visualing Palestine

Le compte à rebours de CNN pour le défaut de la Grèce provoque l'indignation

dimanche 5 juillet 2015 à 14:15
Screenshot από το ρολόι αντίστροφης μέτρησης του CNN

Capture d'écran du compte à rebours (en bandeau) sur CNN

Quelques heures avant l'aube du 1er juillet, jour où la Grèce a fait défaut sur une dette envers le FMI et faisait face par conséquence à une faillite, CNN a eu l'idée controversée d'insérer une horloge comptant les minutes restant avant la date et l'heure butoir à l'écran.

Sans surprise, cela a provoqué une réaction immédiate des internautes grecs dans le monde entier, qui ont considéré cette initiative insultante ou d'un mauvais goût comique.

 s'est interrogé :

Y a-t-il une bombe prête à exploser, et CNN se charge du compte à rebours ?

 apostrophe ses concitoyens :

Frères, même CNN est prête à “célébrer” avec nous notre sortie officielle des plans de sauvetage.

@drinucci décrit CNN comme “des opportunistes”, en réponse au commentaire d'un autre twitto:

CNN, toujours les mêmes connards opportunistes ! RT Vraiment ? Un compte à rebours pour le défaut? Non, allez!

 s'emporte :

CNN, VOUS ETES DES BATARDS ! UN COMPTE À REBOURS POUR NOTRE DEFAUT ?

‘Keep Talking Greece’ compare avec ironie l'événement à un soir de Nouvel An.

CNN retransmet le compte à rebours en direct d'Athènes. Grecs, préparez les feux d'artifice! Bonne année, Vanuatu!

Vassiliki salue les Etats Unis, qui tiennent absolument à bien informer les Grecs

Selon les calculs des USA, nous sommes maintenant officiellement en défaut.

Helena Descou regrette le manque de respect et de dignité :

Le compte à rebours pour notre défaut final sur CNN. Personne ne respecte les Grecs.

 s'amuse de la situation, preuve que les Grecs ne perdent jamais leur sens de l'humour. 

J'écoute “The Final Countdown” pour me préparer au défaut !

Ces commentaires espiègles ne changent rien au fait que ce compte à rebours, sur un sujet aussi grave et critique – le futur d'un pays entier n'est pas une plaisanterie – semble assez déplacé.

Mais CNN est une chaine qui a fait pas mal d'erreurs ces derniers temps.

Le mois dernier, par exemple, la chaine a confondu une bannière représentant des godemichés durant la parade de la Gay Pride avec le drapeau du groupe Etat islamique

C'est la meilleure de tout le week-end! Une bannière de godemichés confondue avec un drapeau ISIS durant la Gay pride.

Et n'oublions pas la connaissance très parcelaire de la géographie de la chaine, relevée dans différents posts sur Global Voices, dont Cher  CNN, l'Ouganda n'est pas la Tanzanie.

Au soir du 29 juin, le futur de la Grèce était en jeu. Des dizaines de milliers de Grecs se sont rassemblés pour soutenir le rejet d'un plan de remboursement extrêmement dur après des différends avec les créanciers étrangers. Parallèlement, la fermeture des banques grecques a provoqué un chaos financier dans tout le pays tandis que les partis politiques grecs s'accusaient mutuellement d'en porter la responsabilité politique.

Mais certains Grecs qui ont regardé la couverture de la crise grecque sur cette chaine remercient CNN pour nous avoir procuré un moment de détente comique durant des heures si difficiles.

Plus d'Européens migrent en Amérique latine que l'inverse

dimanche 5 juillet 2015 à 12:05
 "Leaving" Mural, by Antonio Segui, at Independencia station in the Buenos Aires metro (Argentina). More Europeans have migrated to Latin America than vice versa. Credit: Rodrigo Borges Delfim

“Saliendo” (Le départ) Céramique, par Antonio Segui, station Independencia dans le métro de Buenos Aires, Argentine.
Photo: Rodrigo Borges Delfim

Ce post a tout d'abort été publié en Portugais sur le blog MigraMundo et a été republié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Contrairement à ce que l'on croit, plus d'Européens migrent actuellement d’ Europe en Amérique Latine et aux Caraïbes que l'inverse. C'est la conclusion à laquelle est arrivée une étude récemment publiée par l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), intitulée ‘La Dynamique Migratoire dans la région de l'Amérique Latine et des Caraïbes et entre l'Amérique Latine et l'Union Européenne’.

Ce document est l'illustration que plus de 181 000 Européens ont quitté leur pays en 2012, comparé à 119 000 Latino-Américains allant dans la direction opposée. Ces données montrent une réduction de 68% dans ce dernier flux par rapport à 2007,quand  le nombre de migrants partant de l'Amérique Latine et des Caraïbes à destination d'Europe était de 350 000 personnes, son niveau record.

L'Espagne est en tête de liste des pays ayant le nombre le plus élevé de citoyens émigrés à la recherche de nouvelles opportunités dans les Etats d'Amérique Latine, avec 181 166 émigrés vers l'Amérique Latine en 2012. Elle est suivie par l'Italie, le Portugal, la France et l'Allemagne.

En 2013, 8,5 millions de migrants internationaux vivaient en Amérique Latine (1,1 million originaires de l'UE), 500 000 de plus qu'en 2010 et 2,5 millions de plus qu'en 2000.

“Ces dernières années, les changements dans les flux migratoires entre l'Amérique Latine et l'Europe montrent une fois de plus que ces flux évoluent naturellement selon les fluctuations socio-économiques et qu'elles ont la possibilité d'agir en tant qu’ outil afin de s'adapter et de répondre aux crises économiques structurelles”, explique Laura Thompson, directrice générale adjointe de l’ OIM.

Study shows that more Europeans have migrated to Latin America than Latin Americans to Europe. Credit: Divulgação

Study shows that more Europeans have migrated to Latin America than Latin Americans to Europe.
Photo: IOM/Divulgação

Un exemple d'adaptation dont elle a fait mention est l'accroissement  migratoire entre les pays de l'Amérique Latine. En 2013, l'Argentine s'est positionnée à la tête du classement, en accueillant 238 700 immigrants originaires d'autres pays d'Amérique Latine (28% du total), suivie par le Venezuela, le Costa Rica et la République Dominicaine.

Qu'en est-il du Brésil?

Le problème de la migration continue à prendre de l'ampleur au Brésil, qui est en train de s'instaurer comme un pays de transit et de destination pour les migrants. L'étude de l'OIM montre que les Brésiliens continuent à émigrer pendant ce temps vers d'autres pays.

Selon l'OIM, le Brésil est le pays d'Amérique Latine qui envoie le plus grand nombre de migrants en Europe, suivi de la Colombie, du Pérou et de l'Equateur. C'est également le pays qui reçoit le plus important montant de versements transférés depuis  l'Union Européenne (1 596 milliards de dollars américains), comprenant 22% du montant total envoyé en Amérique Latine (données datant de 2012).

Cliquez ici pour télécharger l'étude (en espagnol).

Les informations contenus dans ce post proviennent de l’ OIM, de Rádio Migrantes et de El País.

Le grand combat de la Grèce pour le futur

samedi 4 juillet 2015 à 12:12
Image by psyberartist, September 11, 2013, Omonoia, Athens, Attica. CC 2.0.

Photo psyberartist, 11 Septembre 2013, Omonoia, Athenes. CC 2.0.

 

La Grèce se prépare à tenir son premier référendum national en plus de 41 ans. La dernière fois que les Grecs ont voté ainsi, c'était en 1974, lors de Metapolitefsi,  la soi-disant transition démocratique de la Grèce, et la démocratie était en jeu. Le 27 Juin, dans un discours à la nation disponible en ligne avec des sous-titres en plusieurs langues, le Premier ministre Alexis Tsipras a annoncé un nouveau référendum qui aura lieu le 5 Juillet. Le discours a été prononcé après minuit, au terme d'une avalanche de réunions d'urgence, et a stupéfié tant la Grèce que le reste de l'Europe.

Lors de ce référendum, il sera formellement demandé aux citoyens grecs d’accepter ou rejeter le plan proposé par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international qui prolongerait l'aide financière à la Grèce, mais comprend deux nouvelles mesures d'austérité: “Des réformes pour la poursuite du programme actuel et au-delà” et une “analyse préliminaire de la viabilité de la dette”. Le pays endetté avait bénéficié de deux plans de sauvetage en 2010 et 2011 mais ce programme a expiré cette semaine.

Après cette annonce de minuit, les Grecs ont passé le week-end dans un mélange d'approbation et de panique, Des milliers de personnes se sont précipitées aux guichets automatiques des banques pour retirer de l'argent ce qui a obligé la banque nationale à prendre des «mesures considérables » pour approvisionner en liquidités le pays.

Enorme queue devant le distributeur de billets dans ma ville, Thessalonique. J'ai peur que mon pays s'effondre.

Des files d'attente devant les distributeurs de billets à Galatsi (un quartier d'Athènes)

Dans la population et dans les salles de rédaction autour du monde, on luttait pour rester calme, résister à la frustration et l'angoisse. Quelques minutes après la fin du discours du premier ministre, les hashtags #Greferendum et #dimopsifisma, sont apparus sur Twitter, et sont  devenus  cette semaine les points de ralliements pour exprimer peurs, espoirs, commentaires ironiques, et les dernières nouvelles :

Les meilleurs sondages d'opinion sont toujours les sites de paris en ligne étrangers. Le OUI va remporter une très nette victoire.

A Bruxelles, l'analyste politique Paul Quinn porte le deuil de “la solidarité européenne”, qui pour lui sera bientôt défunte :

Repose en paix, mythe de la solidarité européenne

Nikos Chatziandreou, scientifique et manager de ressources culturelles, s'interroge:

Avons-nous atteint le point où nos partenaires européens condamnent un premier ministre pour décider de demander à ses électeurs ce qu'ils pensent ?

Tsarkos de Ioannina, en Epire, fait une prédiction :

Bienvenue au Schisme. Bienvenue au retrait massif de dépôts. [Le schisme national grec fut une periode de conflit politique intense et a commencé dans les années 1910. ]

Au nord de la Grèce, le blog Milamere écrit à propos du futur:

Le plus gros pari de notre génération : oui ou non ? Europe ou Tiers-monde ? Démocratie ou totalitarisme ?

A Yale, Stathis Kalyvas, un professeur de sciences politiques, a partagé une photo d'émotion :

La génération Metapolitefsi [qui a vécu la transition démocratique en 1974 ] remercie ses enfants.

Mais d'autres, au souvenir de cette ère, sont d'un avis opposé dans leurs tweets :

La génération Metapolitefsi devrait S'EXCUSER auprès de ses enfants.

Zoi Konstantopoulou, rapporteur du parlement, a parlé du référendum comme  “d'une initiative historique prise par le gouvernement, 41 ans après l'entrée en vigueur de la Constitution actuelle. Il fait appel à la démocratie directe et prouve la confiance dans le peuple.”

Réaction de l'Europe

Dans l'ombre de ce référendum, l'atmosphère en Europe est loin d'être agréable chez les représentants de l’ Eurogroupe qui critiquent pour la plupart le choix de la Grèce de faire ce choix par un vote populaire. Le ministre belge et président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a décrit la situation comme ‘malheureuse’, ajoutant que la décision du premier ministre Tsipras avait été une surprise. De son côté, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schaeuble a souligné que :

H ελληνική κυβέρνηση έβαλε τέλος μονομερώς στις διαπραγματεύσεις. Προς το παρόν, δεν υπάρχει πλέον βάση προκειμένου να υπάρξουν διαπραγματεύσεις. Κανένας από τους συναδέλφους με τους οποίους μίλησα δεν έχει την παραμικρή ιδέα για το τι μπορούμε να κάνουμε τώρα. Κανείς δεν βλέπει πλέον την πιθανότητα συμφωνίας.

“Le gouvernement grec a unilateralement mis fin aux négociations. Actuellement, il n'y a aucune base pour de nouvelles négociations. Aucun de nos partenaires avec qui je me suis entretenu n'avait la moindre idée de ce que nous pouvons faire maintenant. Personne ne voit une possibilité d'accord.”

Le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis a écrit sur Twitter:

La démocratie méritait un stimulant pour les affaires liées à l'Europe. Nous venons juste de la lui donner. Laissons le peuple décider (C'est drôle à quel point ce concept sonne radical !)

Plus tard, les 18 membres de l’ Eurogroupe ont publié un communiqué collectif sur la situation en Grèce.

[…] L'Europe rappelle les transferts et aides importantes fournis à la Grèce ces dernières années. L'Eurogroupe est resté ouvert jusqu'à l'ultime moment à la possibilité de prolonger l'aide au peuple grec, à travers une aide orientée vers la croissance. L'assistance financière actuelle à la Grèce prendra fin le 30 juin  2015 […] Les autorités de la zone euro restent prêtes à faire tout ce qui sera nécessaire pour assurer la stabilité de la zone euro.

Pendant ce temps, le 29 juin, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a appelé les citoyens grecs à voter “oui'” au referendum, en arguant qu'un “non” équivaudrait à un vote contre l'Europe. Le 26 juin, le correspondant du Financial Times   Ferdinando Giugliano a tweeté :

Difficile de voir comment les banques grecques peuvent survivre à une semaine d'incertitudes avant le référendum. Un contrôle des capitaux est-il en chemin ?

De fait, peu après ce commentaire, les autorités grecques ont annoncé que les banques du pays n'ouvriraient pas le lundi 29 juin et resteraient fermées jusqu'au 6 juillet. Durant cette période, le montant disponible par retrait dans un distributeur de billets sera limité. La page Facebook satirique Plasticobilism a immédiatement ciblé cette mesure d'urgence.

Chaos dans le paysage politique grec 

Les opposants politiques du premier ministre Tsipras et de son parti de gauche Syriza n'ont pas perdu de temps pour critiquer sa gestion de la situation. Fofi Genimmata, nouveau leader d'un parti rival, a déjà exigé la démission de Tispiras et appelé à de nouvelles élections en urgence.

Evangelos Venizelos, que Mme Genimmata vient de remplacer, a appelé le reférendum un “coup” et une tentative illégale d'obtenir des suffrages. Il met en question la   constitutionnalité de ce référendum.

Antonis Samaras, autre ancien premier ministre, leader du parti Nouvelle démocratie, le principal parti d'opposition, a accusé Tsipras d'irresponsabilité en isolant le pays, tandis que Costas Karamanlis (lui aussi ex-premier ministre) avertit que la Grèce peut faire face aux conséquences graves  d'une rupture avec la zone euro.

Τα πιο ζωτικά συμφέροντα του έθνους επιβάλουν την παραμονή της χώρας στην καρδιά της Ευρώπης. Οι υπαρκτές ατέλειες της ΕΕ δεν αναιρούν επ’ ουδενί την αξία αυτού του στρατηγικού προσανατολισμού. Άφρονες επιλογές που ναρκοθετούν την αρχή αυτή εξωθούν τη χώρα σε περιπέτειες με απρόβλεπτες και πιθανώς μη αναστρέψιμες συνέπειες».

Les intérêts les plus vitaux de la nation exigent que la Grèce reste au coeur de l'Europe. Les défauts existant de l'UE ne remette en aucune manière en cause son orientation stratégique. Des choix peu raisonnables sapent ce principe, et envoie le pays vers des aventures aux conséquences imprévisibles et possiblement irréversibles.

Nouvelle démocratie et le parti d'opposition PASOK ont présenté une motion de censure  contre le gouvernement pour annuler le référendum. Le parti d'extrême-droite Aube dorée, blâme le gouvernement pour l'évolution de la situation mais a soute le référendum. Sur Twitter, Greek Analyst, qui soutient le référendum, reproche au gouvernement l'évolution de la situation.

Le #greferendum n'est pas non démocratique par lui-même ; c'est le moment choisi, la question malhonnête, la propagande du gouvernement et l'absence de plan pour le Grexit qui le rend non démocratique.

Un saut dans l'inconnu

La Grèce lutte pour respirer et les mesures d'austérité européennes sont profondément impopulaires. Ces dernières années, le chômage, les licenciements, les faillites et même les suicides ont augmenté de façon inquiétante. Les Grecs se sentent poussés au-delà de leurs limites et ont réagi en conséquence lors des derrières élections, tentant de tourner le dos à des années de statut quo politique corrompu. Tous ces événements ont conduit le pays à ce moment, le plus grand défi qu'il doit affronter dans son Histoire contemporaine.

Le poids de ces problèmes a conduit les Grecs aux urnes ce week-end. L'Europe retient son souffle pour savoir ce que sera le futur de la démocratie européenne dans le pays où elle est née.

Le rôle encore à analyser des médias sociaux à propos des élections nigérianes 2015

samedi 4 juillet 2015 à 11:13
L'ancien président nigérian Goodluck Jonathan avec son successeur Muhammadu Buhari lors de la cérémonie d'investiture le 29 mai, 2015. Source: Domaine Public photo du Département d'État des États-Unis.

L'ancien président nigérian Goodluck Jonathan avec son successeur Muhammadu Buhari lors de la cérémonie d'investiture le 29 mai, 2015. Source: Domaine Public photo du Département d'État des États-Unis.

Un vent d'espoir palpable a balayé le continent [fr] africain après l'investiture de M. Muhammadu Buhari en tant que président du Nigeria le 29 mai 2015. M. Buhari a gagné contre le président sortant, Goodluck Jonathan.

Non seulement c'est inhabituel, mais la reconnaissance de sa défaite par M. Goodluck était une nouveauté dans un continent habitué à des dirigeants qui s'accrochent à leur pouvoir. Cependant, il y a un autre élément – certes encore non analysé – de cette élection: le rôle des médias sociaux.

Ce n'était pas la première fois les médias sociaux jouaient un rôle dans les élections nigérianes. Les élections générales de 2011 ont démontré la puissance des médias sociaux dans la politique nigériane. M. Goodluck Jonathan a été le premier président nigérian à utiliser Facebook ; il a écrit un livre, “Mes amis et moi”; et a également annoncé son intention de briguer la présidence en 2011 sur ce même support. Ce qui, selon le journaliste nigérian, Tolu Ogunlesi conduit à la banalisation de Facebook dans la politique nigériane:

 Le Président Jonathan éclipsa la déclaration présidentielle d'IBB [Ibrahim Babangida] [fr] à Abuja en choisissant le même matin pour annoncer sa propre candidature sur Facebook. Le Président Ibrahim Babangida avait lancé une campagne vidéo sur YouTube et disposait d'un assistant, tout en se vantant d'être devenu un Facebookeur passionné.

De même, l'une des raisons attribuées à la popularité dont a joui la nouvelle image que s'est forgée M. Muhammadu Buhari et l'opportunité d'accéder à la présidence a été propulsée par sa stratégie sur les médias sociaux. Le journaliste de la chaine CNN Lauren Said-Moorhouse a dit:

L'utilisation des médias sociaux est globalement devenu l'un des outils les plus importants pour les candidats pendant les campagnes électorales – et l'élection au Nigeria n'a pas fait exception. Cynthia Mbamalu, directeur des programmes à la charité de la jeunesse nigériane à l'organisation Youth Initiative for Advocacy, Growth & Advancement (YIAG) (Initiative de la jeunesse pour la défense, la croissance et le progrès), a déclaré que les plateformes comme Twitter et Facebook ont ​​aidé la campagne électorale de M. Buhari à atteindre des couches de la population qu'elle auraient pu autrement manquer.

“Les médias sociaux ont donné l'occasion de se connecter avec les nigérians, en particulier les jeunes,” explique t-elle. “Pour la première fois depuis longtemps, il y avait des tweets visant principalement à promouvoir la personnalité du général Buhari et la vision de son parti pour le Nigeria.”

Ce n'était, par conséquent, pas une surprise que le Président Buhari dans son discours d'investiture ait reconnu que “la presse nigériane est la plus dynamique en Afrique.” Il a exprimé aussi sa gratitude tacite à ses partisans et à ses critiques sur les médias sociaux, ce qui n'a pas échappé aux observateurs : “Mon appel aux médias d'aujourd'hui – et cela inclut les médias sociaux – est d'exercer ses pouvoirs considérables avec responsabilité et patriotisme”.

Les médias sociaux ont nourri la “guerre”politique

Twitter est au Nigeria un outil dynamique de la conversation numérique. Cela reflète la société nigériane elle-même, qui “est un endroit dynamique où même les sujets les plus banaux sont débattus avec énergie.” Christian Purefoy, directeur de la chaîne d'informations et de divertissement BattaBox, affirmait en 2012 : “Avec l'explosion des téléphones mobiles (et leur vidéo caméras!) et la venue de l'Internet, il y a maintenant des outils dans les mains de tous les Nigérians pour explorer, partager et faire entendre leur voix “.

Twitter est devenu un champ de bataille pour les partisans des deux principaux candidats à l'élection présidentielle, M. Buhari et M. Jonathan. La “guerre” a été atroce et sectaire, chaque partie fermement campée dans ses tranchées respectives. Ceux qui étaient indifférents ont observé calmement et plus tard ont fait leur choix.

Cependant, une conceptualisation différente de la participation politique a été conçue sur Twitter Nigeria, à savoir le “Fencism. “Comme je l'ai expliqué dans une pièce pour The Scoop plus tôt cette année:

Le “fencism” (ferrailler) n'est pas le neutralisme! Je dois avouer mon parti pris politique, mais je ne serai pas victime d'intimidation en l'affichant sur Twitter. Le “Fencism” est objectivisme, réalisant que chacun des deux candidats a ses défauts et non en fermant les yeux – comme beaucoup le font – sur eux. Le “Fencism” c'est avoir le courage de tweeter pour et contre chacun des candidats. Ne pas accepter l'esclavage fanatique de “c'est mieux que mon candidat batte ton candidat”. Le “Fencism” signifie aussi que je vais voter ce jour-là, mais je ne vais pas perdre mon précieux temps à tweeter à propos des élections.

Cette position a été très controversée parce que certains utilisateurs de Twitter pensaient qu'elle était hypocrite et constituait un prétexte pour cacher une forte partialité politique.

Cependant, c'est pendant la collecte des résultats des élections que la guerre s'est intensifiée sur la blogosphère. Tony Egbulefu a rapporté:

Tard dans la soirée, le samedi 28 mars, les utilisateurs des médias sociaux ont envahi la Toile de commentaires annonçant que le président Goodluck Jonathan avait perdu dans les deux bureaux de Aso Rock. Le billet est devenu viral en un instant nourrissant l'espoir parmi les militants de l'All Progressives Congress, (le Parti de tous les progressistes du Congrès), (APC) que cette perte subie par le président dans les périmètres mêmes du siège du pouvoir ne pouvait n'être qu'un indicateur que la situation pouvait être pire pour lui avec le temps et dans des endroits plus reculés et des espaces politiques plus éloignés. Il s'est avéré que le président l'avait remporté dans l'unité 021, qui était situé plus près du siège du pouvoir avec 293 voix contre 263 pour M. Buhari, tandis que ce dernier a gagné dans l'Unité 022, située dans les confins plus éloignés avec 348 à 302. […]

Peu importe les perspectives, c'est la dure réalité que les médias sociaux ont prouvé qu'ils étaient utiles pour apporter aux anxieux nigérians en vitesse la diffusion des résultats publiés du vote. De Facebook seul, beaucoup de nigérians ont eu la certitude de la direction du vent, bien avant la concession du Président sortant Jonathan, mardi soir, de la victoire au général Muhammadu Buhari, et l'annonce des premiers résultats de l'élection mercredi matin par le professeur Attahiru Jega.

Propagande et discours de haine

Outre les coups de gueule de la campagne et la mobilisation qui étaient présents sur la blogosphère nigériane, cette élection a fourni également l'occasion d'une pollinisation croisée d'informations des médias sociaux aux médias traditionnels. Comme les internautes offrent plus de possibilités pour la diffusion immédiate, les médias traditionnels nigérians ont du chercher à les rattraper de nombreuses fois.

Cependant, l'inconvénient de cette pratique a été que les médias traditionnels ont publié des informations non vérifiées que les médias sociaux répandaient pendant les élections. Ça a été une saison de propagande illimitée, Opeyemi Agbaje a trouvé que:

Cette élection nigériane a été décidée en raison essentiellement de la propagande et de la messagerie! Le message du “Changement” [de l'opposition] APC a été convaincant et cette impression s'est maintenue à travers toute la campagne. Ce message efficace a été complété par le déploiement dévastateur d'une propagande, souvent mensongère et artificielle, mais à laquelle ont cru la plupart des électeurs. La machine de communication du Président Jonathan et du [Parti populaire démocratique] en réponse a été minable! Le […] parti au pouvoir s'est comporté de manière tellement incohérente dans sa communication qu'il a été vite dépeint dans les médias (et parfois dans son propre état d'esprit) comme de facto le parti d'opposition. L'élection a également marqué le passage à l'âge des médias sociaux comme une force essentielle dans la politique nigériane, que cela soit bon ou mauvais!

Emmanuel Onwubiko a donné un aperçu du discours de haine répandu dans la blogosphère du Nigeria pendant les élections:

Il est regrettable que les plates-formes populaires de médias sociaux comme Facebook, Twitter et Instagram, entre autres, soient devenus des armes puissantes pour des attaques presque diaboliques ciblées contre les opposants politiques au moment où le Nigeria se prépare à tenir une des élections générales les plus controversées en plus de cinq décennies, voire depuis que le Nigeria a acquis sa soit-disant indépendance formelle des suzerains britanniques en 1960. Les élections générales de 2015 ont été transformées en un théâtre de discours de haine et des campagne colorée sous une forme qui défie la logique et le bon sens. Différents discours haineux à motivation politique au sujet de divers candidats et surtout des deux principaux candidats à la présidence de l'All Progressives Congress (Parti progressistes Congrès) et Peoples Democratic (Parti démocratique des peuples) ont été galvaudé. Je suis sûr que si les experts devraient procéder à des analyses des contenus des médias sociaux cette année, le Nigeria se classerait au sommet parce que sans doute plus de 40 millions de jeunes nigérians qui ont obtenu leur diplôme depuis longtemps et n'ont encore aucun moyen de subsistance ont trouvé un réconfort dans les diverses plateformes de médias sociaux et sont livrés à la publication de messages divergents.

Néanmoins, la vérité est que l'écosystème des médias sociaux du Nigeria a subi une transformation étonnante au cours de ces dernières années. Que ceci soit ou non une évolution qui propulse ou entrave le changement est une chose que seule l'Histoire nous dira. Ce qui est évident c'est que, désormais, aucun politicien nigérian ne pourra se permettre de se présenter à une élection nationale sans créer sa présence et / ou son engagement sur les médias sociaux.