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‘Découvrir la Somalie', un blog de photos

samedi 25 mai 2013 à 19:09

Discover Somalia [en anglais] est un blog de photos sur la culture en Somalie. Le blog veut donner une image de la Somalie plus proche de la réalité que celle véhiculée par les médias, présenter les Somaliens, la beauté du pays et ses richesses.

La France et les Roms : les droits humains enfermés dans une définition communautariste

samedi 25 mai 2013 à 15:26

Le 13 mai dernier, un violent incendie a détruit à Lyon une usine désaffectée squattée par des familles de la communauté rom. Deux femmes et un enfant de 12 ans ont péri dans les flammes. Au lendemain de la tragédie, les rescapés, relogés dans un gymnase ouvert en soirée seulement, étaient contraints de passer la journée dehors, sous la pluie.

Quelques voix se sont indignées à travers les médias sociaux du traitement fait aux Roms. L’article de Médiapart «Les Roms sont comme nous, ils ont besoin de lumière», plusieurs fois repris, peut se lire sur le blog le changement c'est pour quand. Le titre est justifié par l'idée que l'incendie aurait été déclenché par les bougies avec lesquels les victimes avaient dû s'éclairer, faute de courant électrique, coupé peu de temps auparavant par la municipalité lyonnaise.

Phillipe Alain décrit sur son blog de Médiapart, sous le titre “La France construit sa politique anti-roms sur des cadavres” :

Pendant plusieurs heures, les familles sont totalement abandonnées à leur sort. Une femme perd connaissance plusieurs fois. La police municipale, à quelques mètres reste les bras croisés. Il n’y a aucun médecin, aucun psychologue, aucun soutien.

Avant de conclure, virulent :

Mardi soir, la préfecture du Rhône fait savoir que les expulsions vont s’accélérer dans les jours à venir. La chasse aux Roms est ouverte. La campagne des municipales également. Valls prétend que les roms n’ont pas vocation à s’intégrer en France. En les obligeant à vivre comme des chiens errants à la rue ou à brûler vifs dans des squats il est certain d’avoir raison.

Dans son commentaire “Vertige” en appelle à la responsabilité de chacun :

Oui, la maltraitance se fait dans le secret des cachots, des lieux de rétention, de détention quels qu'ils soient. Mais elles sont toujours, pour un temps au moins, comptabilisées, écrites, détaillées. Et nous finissons par savoir au moment même où elles sont infligées. Lorsque nous voulons le savoir. Ici, nous savons.

Roms Choisy l Roi

Roms en attente de solution d'hébergement après l'expulsion, à Choisy-le-Roi, août 2010 Photo Alain Bachellier sur Flickr cc-by-nc-sa 2.0

Des désignations qui stigmatisent

Publié en 2010 lors de la campagne d'expulsion de Roms de la présidence Sarkozy, l'article très fouillé de Grégoire Fleurot dans Slate démontre comment l'administration française flirte avec les limites du droit en voulant définir des populations en tant que communautés sans être taxée de discriminations par rapport à des personnes :

La confusion entre les «gens du voyage» et les Tsiganes vient en partie de cette spécificité française qui interdit à l’administration de qualifier une partie de la population sur des critères ethniques. Au début du XXe siècle, le gouvernement français veut surveiller les Tsiganes qui sont alors victimes des pires préjugés, (…) L’appellation «nomades» est alors officiellement utilisée, et la loi du 16 juillet 1912 leur impose un carnet anthropométrique obligatoire qui contient des informations telles que l'envergure, la longueur et la largeur de la tête, la longueur de l'oreille droite, la longueur des doigts médius et auriculaires gauches, celle de la coudée gauche, celle du pied gauche, la couleur des yeux ou encore la forme du nez.(…) Après (la) persécution (de Vichy), le mot «nomades» est devenu inutilisable, et remplacé par le néologisme «Gens du voyage» avec la loi du 3 janvier 1969, qui remplace également le carnet anthropomorphique par un livret de circulation.

C'est pourtant en voulant définir les droits des individus selon leur appartenance communautaire que l'on court le risque de nier à ces individus leurs droits en tant que tels, comme déjà prouvé par le régime de Vichy.

Journée internationale Roms manifestation Paris

Journée Internationale des Roms : Manifestation contre les expulsions forcées de Roms, Paris 6 avril 2013, par dirtykoala sur flickr cc-by-nc 2,0

Intégration ou expulsion ?

Le fait qu'une partie des Roms ne s'adaptent pas, malgré le temps, à un modèle social dominant en France est au coeur du débat. L'essor, journal indépendant de la gendarmerie française, cite à ce propos :

Dans la droite ligne des propos du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui avait déclaré mi-mars que “les occupants des campements ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays”, le préfet du Rhône a estimé: “les Roms qui veulent être intégrés, il y a des choses à faire; ceux qui ne veulent pas être intégrés, il n'y a rien à faire”. “Ceux qui n'ont pas vocation à rester sur le territoire français, ceux qui ont une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), on ne fera pas d'effort majeur pour les reloger”, a-t-il ajouté.

Valentine commente sur le site de Al Kanz :

On est en droit de s’interroger sur les raisons qui poussent l’Europe à réclamer des millions – 2 milliards en tout – aux français en particulier et aux citoyens européens en général, censés aider la Bulgarie et la Roumanie à aménager dignement la vie de ces roms, et ensuite à réclamer à la France, comme si ça ne suffisait pas, d’accueillir ces populations – travail, logement.. les français chômeurs de longue durée survivant dans des caravanes apprécieront…

La réponse de Al Kanz est limpide :

Les Roms n’ont pas à être méprisés et considérés comme des sous-hommes, tout comme ils n’ont pas à être privilégiés. S’agissant de la Bulgarie et de la Roumanie, je ne suis ni roumain ni bulgare. Je suis français, je dénonce ce qui se passe en France et que je considère indigne. Mon indignation n’est pas facile, elle est humaine.

« JR » commente, sous un billet du blog Actualités du droit :

Pour revenir plus précisément sur les roms, à vous lire, l'on croirait presque que ce ne sont que des victimes. (…) Je ne développerai pas sur les enfants auxquels on apprend seulement à mendier, sur les vols (ce sont là des vérités incontestables), et même si vous pourrez me rétorquer, sans avoir totalement tort, que ces pratiques résultent en partie des conditions de vie qui leur sont imposées, je répondrai encore une fois qu'il leur incombe aussi de se prendre en main autrement que par la délinquance.

 

“Romaphobie” contre solidarité

La politique de stigmatisation semble déjà si bien installée dans les consciences qu'elle a à présent une dénomination pour elle toute seule, la « romaphobie ». Grégoire Cousin écrivait sur Urbarom en janvier 2013 :

Malgré des rappels à l’ordre très fermes de l’ONU, malgré les nombreuses protestations d’ONG françaises et internationales, tout indique que la politique menée par l’état français à l’égard des Roms est raciste et discriminatoire. Il suffit d’observer le nombre élevé de personnes évacuées de force par les autorités (9 404) par rapport au nombre estimé de Roms étrangers présents sur le territoire français (de 15 à 20 000). De fait, selon le Rapporteur Spécial de l’ONU sur les droits des migrants, François Crépeau, « l’objectif ultime semble être l’expulsion de France des communautés migrantes Rom ».

Peut-on imaginer que des victimes d'incendie d'un autre « groupe » social pourraient être traitées en France avec autant de légèreté sans déclencher un tollé dans l'opinion publique ? Il semble que le fait que l'on définisse les Roms en tant que « groupe » dans le paysage social plutôt qu'en tant que personnes à part entières justifie ce manque de solidarité. N'est-ce pas justement aux démocraties européennes de prouver qu'elles sont capables de prendre en compte les droits de tout individu, quelle que soit la communauté à laquelle on le rattache ?

Les médias libériens boycottent la présidente pendant deux semaines

samedi 25 mai 2013 à 09:46

[Liens en anglais] Les journalistes indépendants libériens ont mis fin à presque deux semaines sans couverture de l'actualité de la présidente du pays, Mme Ellen Johnson Sirleaf, un black-out médiatique qu'ils avaient placé sur la chef d'Etat pour n'avoir pas condamné les propos de son directeur de la sécurité qualifiant les journalistes de “terroristes”.

La confrontation entre les médias et Mme Sirleaf a débuté lorsque des journalistes libériens ont rejoint d'autres journalistes du monde entier dans la ville portuaire libérienne de Buchanan pour célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai 2013. Mais les participants furent choqués d'entendre Othello Warric, directeur de l'unité de sécurité présidentielle Service de Protection de l'Exécutif (EPS) annoncer que son unité n'hésiterait pas à poursuivre les journalistes qui “s'immisceraient dans les affaires de la présidence”.

“Faites attention lorsque vous questionnez l'intégrité des Libériens. Faites attention, parce que vous avez votre plume et nous avons nos armes à feu. Et si vous portez atteinte au caractère ou à l'intégrité des Libériens tel que moi-même, nous vous poursuivrons” aurait déclaré M. Warrick lors de cette manifestation.

Après ce vendredi noir, les médias libériens indépendants ont imposé un black-out médiatique sur la présidence qui a été levé suite à l'intervention du parlement.

La menace faite par le chef de la garde présidentielle et le black-out médiatique ont déclenché des débats en ligne vifs, particulièrement sur la page du groupe Facebook Discutons du Libéria [Ndr : Discutons du Liberia est un groupe fermé. Son contenu est utilisé avec sa permission]. Le débat a entre autres tourné autour de la question de la liberté de la presse et de la relation entre l'Etat et les médias privés au Liberia.

Pres.Sirleaf speaking in Margibi,Liberia.Photo courtesy Cyrus Wleh Badio the Press Secretary to Pres.Sirleaf.

La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf à Margibi, Libéria. Photo avec la permission de Cyrus Wleh Badio, porte-parole de Mme la Présidente Sirleaf.

Peter Bemah, un chercheur libérien qui travaille au Sénat libérien, s'est dit indigné par le silence de la présidente sur cette question :

Le silence de la présidence sur cette question est troublant et inquiétant. J'espère que la présidente prendra les mesures disciplinaires nécessaires en la matière.

Tom Winston Monboe explique la position de la présidente sur cette question :

La présidence a une position sur cette question, mon frère. La présidente a déclaré que le black-out médiatique pouvait durer autant que les médias le souhaitaient. Aussi choquante que soit cette déclaration, elle demeure jusqu'à présent la position de la présidente sur le sujet.

Tamba Siaffa défend le directeur de la sécurité M. Warrick en ces termes :

Si la presse au Libéria a le droit et la liberté de rendre compte de toutes sortes d'histoires dont 50% sont des mensonges sans poursuite ou intimidation, pourquoi un citoyen ne pourrait-il pas jouir du même droit et de la même liberté d'exprimer ses sentiments à propos de la presse ? Le syndicat de la presse a poussé le bouchon trop loin. La présidente est la présidente et doit être respectée en tant que Présidente de la République. Elle dispose de collaborateurs qui parle en son nom la plupart du temps. Le ministre de l'Information et le porte-parole de la Présidente parlent en son nom. Ils ont fait des déclarations mais la presse souhaite que la présidente s'exprime à titre personnel d'abord. Ce n'est pas juste.

Media Hit. Photo courtesy of frontpageafricaonline.org

Image aimablement fournie par frontpageafricaonline.

Par solidarité avec leurs collègues et le principe de liberté d'expression, l'Association des journalistes ouest-africains a écrit une lettre officielle à la présidente libérienne résumant les raisons pour lesquelles elle condamne les propos menaçants de M. Warrick :

Ces déclarations sont aussi le signe d'une interférence inquiétante avec la libre circulation de l'information orchestrée par l'Etat, une volonté d'interférer illégalement avec le traitement de l'information et des idées sans recours possible à ou respect pour aucune forme de procédure légale.

Cela voudrait dire par conséquent que votre gouvernement n'a pas l'intention de promouvoir la libre circulation des idées et des opinions divergentes. En tant que figure publique et en qualité de chef d'Etat et de gouvernement, en vertu du droit international, il est normal que vous soyez l'objet d'une plus grande attention et de plus de critiques de la part de la presse que l'ordinaire des autres citoyens et que vous vous soumettiez avec bonne volonté à ce plus haut niveau d'attention et de critique.

Nous souhaitons également porter à votre attention notre soutien inébranlable au syndicat de la presse du Libéria, aux journalistes indépendants et aux partenaires médiatiques au Libéria. WAJA [l'Association des journalistes ouest-africains] se porte solidaire de chacune et de toutes les positions prises par le PUL [Syndicat de la presse libérienne] jusqu'à présent et se réjouit d'avance de la résolution de cette crise.

Phillip Blamo, un prêtre libérien, a lui posté ce qu'il rapporte comme étant les mots de la présidente lorsqu'elle a été interrogée à propos du black-out médiatique :

J'APPRECIE cet abandon sans conséquence, j'espère que cela va continuer encore longtemps.

James Blackie ne pense pas que le black-out médiatique sur la présidente soit la solution :

Est-ce que le back-out sur notre présidente va résoudre les problèmes ? Cherchons d'autres moyens parce que nous, en tant que citoyens ordinaires, avons besoin de savoir ce que la présidente fait quotidiennement pour pouvoir la critiquer ou la féliciter. S'il vous plaît, cherchons un autre genre de punition pour eux.

Afin de répondre à l'argument de Blackie et de souligner la nécessité d'une presse indépendante, Siezie Siefa fait la remarque suivante :

ECOUTER LBS [la radio du service public libérien] SI VOUS ETES EN MANQUE DE NOUVELLES DU CLOWN… MAIS ON NE PEUT PAS FAIRE SEMBLANT DE S'INTERESSER A LA LIBERTE DE LA PRESSE ET ETRE CONDESCENDANT EN MEME TEMPS… LES JOURNALISTES NE SONT PAS DES JOUETS A QUI L'ON PARLE COMME DE LA MERDE. De même LE REGIME DOIT ETRE SANCTIONNE EN NE LEUR ACCORDANT AUCUNE IMPORTANCE. Les psychologues VOUS DIRONT QUE C'EST LA REPONSE APPROPRIEE POUR UN REGIME SANS LEGITIMITE INTERIEURE.

Croatie et Serbie peu enthousiastes pour l'Union Européenne

samedi 25 mai 2013 à 01:16

Alors que la Croatie se prépare à entrer officiellement dans l'Union Européenne le 1er juillet de cette année, et que la Serbie attend de se voir enfin attribuer une date pour débuter les négociations d'adésion, la perspective de l'intégration provoque chez les citoyens des deux pays des sentiments contrastés.

De jeunes Croates se réjouissent de pouvoir chercher du travail dans les pays de l'UE et des avantages économiques promis selon certains par l'Union. Sur Twitter, @Tash de Zagreb écrit [anglais]:

@EszterLzr haha je sais, moment mal choisi pour l'UE et ici les gens sont mitigés là-dessus.. moi je veux juste pouvoir aller travailler ailleurs

D'autres, tel Aleksandar Holiga de Zagreb, se réjouissent de pouvoir se rendre plus librement dans d'autres pays de l'UE [anglais] :

Je m'envole pour Londres demain. La dernière fois que j'aurai à remplir ce formulaire et à parler à l'officier d'immigration au guichet des non-UE à l'aéoport.

Pro-EU and anti-EU Croatian citizens are having spontaneous street debates in Zagreb on the eve of the 2012 European Union referendum. Photo by Marin Tomaš, copyright © Demotix (14/01/12).

Les Croates pro et anti-UE discutent spontanément dans la rue à Zagreb à la veille du référendum de 2012 sur l'intégration à l'Union Européenne. Photo Marin Tomaš, copyright © Demotix (14/01/12).

Mais la majorité semble prendre l'entrée dans l'UE avec un grain de sel. Goran Saravanja, un économiste croate qui blogue pour le quotidien Vecernji List, commence et termine ses réflexions en la matière par des conclusions simples et factuelles dans un billet intitulé “Face au changement : la Croatie dans l'UE” [croate] :

Prosječna osoba neće primijetiti veliku razliku u svom svakodnevnom okruženju na dan pristupanja Hrvatske EU. No, važne promjene nastupit će ubrzo. [...] Pristupanje EU samo po sebi neće automatski poboljšati kvalitetu domaćih institucija, kao ni razne politike niti njihovu provedbu. Ukoliko želimo da nam rast bude konstanta, nezaposlenost smanjena, a izvoz povećan, mi sami moramo provoditi reforme i (ne samo) ekonomsku politiku na kvalitetan način.

Une personne ordinaire ne remarquera pas de grande différence dans son environnement quotidien le jour de l'entrée dans l'UE de la Croatie. Des changements importants arriveront pourtant vite. [...] L'entrée dans l'UE par elle-même ne va pas automatiquement améliorer la qualité des institutions intérieures, ni des différents points de vue politiques ou de leur mise en oeuvre. Si nous voulons une croissance constante, une baisse du chômage et l'augmentation des exportations, nous devons réaliser des réformes nous mêmes et (pas seulement) une politique économique en mode qualité.

Tandis que M. Saravanja liste de nombreux avantages et opportunités apportés à la Croatie par sa qualité de membre de l'UE, Zarko Plevnik dans une tribune pour Glas Slavonije [croate] (la Slavonie est une région de Croatie) s'interroge sur la performance des produits croates sur le marché de l'UE car beaucoup sont “sans protection” :

Gledajući i slušajući vijesti iz Hrvatske o tome kako svaki dan pronalazimo neki novi problem vezan uz naš ulazak u Europsku uniju, između ostalog, nameće se pitanje – što smo mi zaštitili od naših proizvoda prije ulaska u EU?

A lire et écouter les informations de Croatie sur les nouveaux problèmes soulevés chaque jour à propos de notre entrée dans l'Union Européenne, entre autres surgit la question suivante : qu'avons-nous protégé [breveté] de nos produits avant l'entrée dans l'UE ?

Un article du même site, “Et voilà l'Union Européenne,” montre la photo d'agriculteurs grecs distribuant des légumes frais à leurs “alliés de classe” [croate], ou plutôt, aux fonctionnaires.

La plupart des utilisateurs croates de médias sociaux paraissent sceptiques sur les avantages à entrer dans l'UE.

L'utilisateur de Twitter @ruzniuzorak écrit [croate] :

smorena sam ko europska unija

Je suis déprimé comme l'Union Européenne

@nxyassa de Croatie commente [croate] :

Glupost nema granice evo naprimjer EUROPSKA UNIJA

La bêtise n'a pas de frontières exemple l'UNION EUROPÉENNE

@cromarko de Zagreb cite un article et ajoute son avis [croate] :

“Najvece priznanje ulaska RH u EU je sastanak s kraljicom”. Priznanje hah, sve sto cu reci je Sjeverna Irska! #freeireland #oneireland

La plus grande reconnaissance de l'accession [de la Croatie] à l'UE est une rencontre avec la reine.” Reconnaissance haha, tout ce que dirai c'est Irlande du Nord ! #freeireland (Irlande libre) #oneireland (une Irlande)

Un scepticisme partagé en Serbie par les usagers des médias sociaux, les blogueurs et de nombreux journalistes. Considérant l'histoire récente de la Serbie et de la Croatie, on pourrait s'étonner de l'absence d'envie présumée de la part de la Serbie envers la Croatie, devenue membre de l'UE, alors que la Serbie reste sur le seuil dans l'attente des négociations d'adhésion. Mais les Serbes paraissent bien plus préoccupés de leur propre sort.

L'utilisateur serbe de Twitter @na_preporciju écrit [serbe] :

Evropska unija nam se pokakila na demokratiju i slobodu,
a naši Slepci ne znaju da povuku vodu.

L'Union Européenne a crotté sur notre démocratie et notre liberté, et nos Aveugles ne savent pas tirer la chasse.

@m2aja répète [serbe] ce que disent beaucoup de Serbes :

Britanc žele da napuste Evropsku uniju, a Srbija bi da ide…

Les Britanniques veulent sortir de l'Union Européenne, et les Serbes veulent y entrer…

Même des twittos comme @luminous_pg du Monénégro, pays qui a entamé les négociations d'adhésion à l'UE il y a un an, ironisent sur les sujets en rapport avec l'UE [serbe] :

Muče vas bolovi u vratu? Imate problema sa zglobovima? Zaboravite na vaše neprilike, uskoro ulazimo u EVROPSKU UNIJU!

Arthrose cervicale ? Problèmes articulaires ? Oubliez tous vos maux, nous allons bientôt entrer dans l'UNION EUROPÉENNE !

@na_preporciju commente [serbe] :

Kad uđe Hrvatska Evropska unija zaključava vrata – od robijašnice.

Quand la Croatie va entrer, l'Union Européenne fermera la porte – du camp de travail.

Certains, comme le blog Beograd Cafe, voient des opportunités économiques positives pour la Serbie dans l'entrée de la Croatie dans l'UE [serbe], en évoquant la récente conférence commerciale “l'ALECE après l'entrée de la Croatie dans l'UE”, où se sont rencontrés tous les représentants des pays de la région pour discuter de l'Accord de Libre-échange centre-européen :

Ulazak Hrvatske u EU doneće Srbiji niz prednosti, kao što su dominantan položaj u CEFTA regionu i povećanje suficita u razmeni sa okolnim zemljama, a očekuje se i više investicija…

L'entrée de la Croatie dans l'UE apportera à la Serbie plusieurs avantages, tels qu'une position dominante dans la région ALECE, et une plus grande suffisance dans le commerce avec les autres pays, tandis qu'on attend aussi plus d'investissements. [...]

Un blog de Bosnie-Herzégovine écrit aussi sur le sujet [bosniaque] dans un billet intitulé “Avec la sortie de l'ALECE, les entreprises croates vont-elles délocaliser en Bosnie-Herzégovine ?”.

D'une façon générale tant en Croatie qu'en Serbie, on semble fataliste sur l'Union Européenne sous tous ses aspects. C'est peut-être le tweet de @Darac42, qui le résume le mieux [croate] :

Da da, bit ce taj EU hard landing za hrvate.. niti ne zasluzujemo bolje..

Oui oui, que l'UE sera un atterrissage brutal pour les Croates.. et nous ne méritons pas mieux..

Brésil : silicone et dettes pour les travestis, en prévision de la Coupe du monde

vendredi 24 mai 2013 à 18:45

Cet article de Andrea Dipp, de l'Agência Pública (partenaire de Global Voices), a été publié a l'origine sous la forme d'un reportage dont le titre était “VOU BOMBAR PARA COBRAR MAIS NA COPA” (“JE VAIS ME FAIRE GONFLER POUR GAGNER PLUS PENDANT LE MONDIAL”) et fait partie d'un dossier spécial, #CopaPública, sur la Coupe du Monde 2014. Une série de trois articles sera publiée sur Global Voices. Voici le premier.

Bien avant que Fortaleza [en portugais, comme tous les liens suivants] ne soit confirmée comme ville hôte de la Coupe du Monde de football 2014, deux travestis, Carla et Luana, [les noms ont été changés] travaillaient déjà dans les environs de l'imposant stade Arena Castelão, la zone de prostitution historique de la ville. Sur les avenues qui entourent le stade et dans certaines rues qui s'enfoncent dans les quartiers pauvres du quartier, elles, leurs collègues et les prostituées, se partagent les trottoirs et les clients venus pour des passes qui coûtent de 5 à 50 réais (de 2 à 20 euros).

En pleine après-midi d'un lundi chaud et sec, typique d'un mois d'avril nordestin, alors que je suivais le travail des bénévoles de l’Associação Barraca da Amizade (Bar de l'Amitié, ONG qui recueille depuis 26 ans des enfants et des adolescents des rues, et qui, depuis 2009, et à la demande des  intéressés, ces gamins et ces gamines, mène aussi un combat contre l'exploitation sexuelle) l'ambiance était plutôt calme. Deux prostituées et trois travestis tentaient de s'abriter sous la maigre ombre offerte par les murs imposants d'une grande entreprise, proche d'un rond-point, fuyant la chaleur. Carla et Luana récupéraient d'une longue nuit pleine de diversions. Sans mère-maquerelle à qui rendre des comptes, ces deux-là peuvent choisir elles-mêmes leurs horaires de travail. Celles qui étaient sur le trottoir étaient abordée par les éducateurs de l'association qui distribuaient des préservatifs et du gel lubrifiant, manière de réduire un peu les risques tout en en profitant pour prendre contact. Paulinha, comme cette assistante est affectueusement connue par les travestis, explique:

Hoje, além das mulheres e adolescentes, trabalhamos com 30 travestis aqui da área, levando insumos, marcando exames nos postos de saúde, oferecendo cursos profissionalizantes e atendendo a algumas demandas delas. Há pouco tempo nós conseguimos, após articulação com orgãos oficiais, a transferência de um médico que fazia piadas homofóbicas com as travestis de um posto de saúde da região. Esses resultados ajudam a fortalecer essa confiança no nosso trabalho.

Aujourd'hui, en plus des femmes et des adolescentes, nous travaillons avec 30 travestis du quartier, nous apportons à boire, nous prenons des rendez-vous en vue d'examens médicaux dans les dispensaires, nous offrons des formations, et nous répondons à certaines de leurs demandes. Il y a quelques temps, nous avons réussi, après entente avec les organismes officiels, à faire muter un médecin qui faisaient des blagues homophobes avec les travestis. Ces résultats aident à renforcer la confiance qu'elles peuvent avoir en notre travail.

Parce qu'elles ont confiance en Paulinha, Carla et Luana nous ont ouvert les portes de leur maison, proche de l'Arena et m'ont reçue pour parler de leurs espoirs et de leurs peurs en relation à cette Coupe du monde, ainsi que d'un phénomène qui s'amplifie à l'approche de ce méga événement dans la ville.

Le voyage du silicone

Carla, 25 ans, qui se prostitue depuis 10 ans dans les environs du Castelão, montre les parties de son corps qu'elle souhaite augmenter et dit :

Eu vou agora em julho para São Paulo botar silicone no peito, 450, 500 ml em cada. Também vou bombar de novo [por mais silicone industrial no corpo]: bunda, quadril, perna e joelho. Aí na Copa eu vou cobrar mais… O silicone industrial dói demais, você fica pra morrer! A mulher injeta e vai fazendo uma massagem para ele espalhar. Mas é a dor da beleza, né?

En juillet je vais aller à São Paulo mettre du silicone aux seins, 450, 500 ml dans chaque. Je vais aussi gonfler encore plus [mettre plus de silicone industriel dans le corps]: les fesses, les hanches, les jambes et les genoux. Et alors, pour le mondial, je vais pouvoir demander plus cher… Le silicone industriel fait super mal, tu crois mourir ! La nana injecte et te masse pour qu'il se répartisse mieux. Mais c'est la douleur de la beauté, non?

Carla affirme qu'elle est arrivée sur le “trottoir” à 15 ans parce qu'elle l'a voulu, comme son amie, Luana, 22 ans, qui dit avoir commencé à faire des passes à 17 ans par choix :

Eu fui uma das primeiras a chegar aqui no Castelão. Hoje a coisa está feia, tem muita postituta fumando pedra e isso queima nosso filme. Ao mesmo tempo que a gente espera que a Copa aumente o movimento, tem medo que a polícia queira limpar a área. Você acha que o prefeito vai querer mostrar isso para os gringos?

J'ai été une des premières à arriver ici au Castelão. Aujourd'hui ça craint, y a plein de prostitués qui fument du crack et ça fout la merde. Même si on espère que la Coupe va apporter du mouvement, on a peur que la police veuille nettoyer la zone. Tu crois vraiment que la maire va vouloir montrer ça aux gringos ?

La déficience visuelle de Luana semble ne pas la déranger dans son travail ou dans ses projets et elle ne la mentionne même pas. Entre un commentaire ou un autre sur la reprise d'une novela qui passe à la télé, elle dit :

Mas a gente é atrevida, se me tirarem daqui vou para ali!…Peitão e bundão chamam a atenção aqui. Em São Paulo não, porque as mariconas sabem que trava que é muito bombada, é mais rodada, preferem as com carinha de menino. Mas aqui no Ceará quem tem peitão é mais procurada.

Mais nous on s'en fout, si on m'enlève d'ici, je vais là-bas !… Des gros seins et des grosses fesses attirent plus l'attention ici. A São Paulo non, parce que les enfoirés de là-bas ils savent bien que les travelos bien gonflées “tournent” plus, ils préfèrent celles avec des belles petites gueules de gamins. Mais ici au Ceará celle qui a des gros seins est plus recherchée.

De olho na Copa, travestis viajam do Ceará para São Paulo em busca do silicone/Juliano Rocha/Agência Pública/Sob licença Creative Commons

En attendant la Coupe du Monde, des travestis vont à São Paulo chercher du silicone/Juliano Rocha/Agência Pública/Sous licence Creative Commons

Luana, qui est déjà allée à São Paulo se faire implanter les prothèses, explique comment l'opération se déroule :

Tem as cafetinas que levam a gente, pagam a passagem e a operação em uma clínica clandestina. Deve sair uns dois mil reais para elas. Aí ela cobram o dobro ou o triplo e mais uma diária de 30 a 50 reais para a gente morar na casa delas, e a gente vai trabalhando para pagar. Trabalha muito, muito mesmo.<

Les maquerellesi nous emmènent, nous paient le voyage et l'opération dans une clinique clandestine, ça doit leur coûter dans les deux milles réais (750 euros). Puis elles nous demandent le double ou le triple en plus d'une nuitée de 30 à 50 réais (12 à 20 euros) pour dormir chez elles, et nous, ben, on bosse pour payer. On bosse beaucoup, vraiment beaucoup.

Carla ajoute :

Eu já fui fazer programa em São Paulo. É bom porque você ganha mais, mas por outro lado você tem que trabalhar de qualquer jeito, mesmo se estiver doente, não importa. Ninguém vai te dar um remédio. Eu já vi umas travestis apanharem de pau de uma cafetina.

Je suis déjà allée faire des passes à São Paulo. C'est bien parce que tu gagnes plus, mais d'un autre côté tu dois bosser de toute façon, même si t'es malade, on s'en fout. Personne ne va te donner de médicaments. J'ai déjà vu des travestis prendre des coups de bâtons d'une maquerelle.

Selon elles, les déplacements entre les deux villes augmentent chaque jour. Luana commente :

Só essa semana, fiquei sabendo de quatro que foram. Mês que vem sei de mais cinco. É muita travesti botando peito.

Rien que cette semaine, j'ai entendu dire qu'il y en avait eu quatre à faire le voyage. Le mois prochain, je sais que cinq autres iront. Y a plein de travestis qui se gonflent les seins.

Elle raconte qu'elle a payé trois milles réais (mille cent cinquante euros) pour ses prothèses de 400 ml parce qu'elle connaissait la maquerelle et qu'elle est restée huit mois à São Paulo pour payer sa dette. Beaucoup d'entre elles ne rentrent même plus parce qu'elles deviennent accro à la cocaïne – qui aide à supporter le travail intense et est plus accessible dans cette ville – et ne parviennent pas à payer leurs dettes. L'une d'entre elles s'est enfuie de la maison où elle était “hébergée” et elle a, au moment où nous parlions, disparue, comme me le confirmera Marcela [une autre travesti] que j'ai connue à São Paulo. Lídia Rodrigues, une autre éducatrice du Bar de l'Amitié, raconte que certaines travestis arrivent à faire 30 à 40 passes par jour à São Paulo et que les éducateurs s'étaient aperçus que cette migration vers la capitale paulista (Sao Paulo) s'intensifiait. Lídia commente :

Não dá para afirmar que é somente por causa da Copa, mas elas sabem que virão muitos turistas e muitos homens para a área. Ao mesmo tempo a gente tem medo de uma higienização massiva. Provavelmente o termômetro disso vai ser a Copa das Confederações

On ne peut pas encore affirmer que c'est en raison de la Coupe du Monde, mais elles savent que beaucoup de touristes vont venir et donc beaucoup d'hommes. En même temps, on a un peu peur d'une “hygiénisation” massive. Le thermomètre pour le savoir sera sûrement la Copa das Confederações (la Coupe des Confédérations)