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L'exemplaire aide médicale de Cuba sous Fidel Castro aux pays africains

samedi 3 décembre 2016 à 18:26
 Légende: Après environ 6 mois de lutte contre le virus de l’Ébola au Liberia et en Sierra Leone, 151 médecins et infirmiers cubains sont de retour à Cuba. Source:


Légende: Après environ 6 mois de lutte contre le virus de l’Ébola au Liberia et en Sierra Leone, 151 médecins et infirmiers cubains sont de retour à Cuba. Source:

 

Au-delà du discours politique, de la liberté individuelle et des droits humains, c'est dans les domaines de l'assistance et de la formation, surtout médicale, que les relations entre Cuba et les pays africains se sont développées au cours de l'histoire cubaine de Fidel Castro.

Dans un article publié sur investigaction.net, tiré de l'ouvrage de Salim Lamrani, Maître de conférences à l’Université de La Réunion, on peut lire:

En Afrique, depuis 1963, près de 77 000 médecins et autres collaborateurs de la santé cubains ont offert leurs services dans 39 pays sur 50. Actuellement, plus de 4 000 professionnels de la santé, dont plus de la moitié de médecins, travaillent dans 32 pays d’Afrique.

Dans un article en français, ahora.cu, cite le 30 novembre 2016, Mme Kenia Serrano, Présidente de l'Institut cubain d'amitié avec les peuples (ICAP) qui révélait lors de la 4e Rencontre régionale africaine de solidarité avec Cuba, tenue au siège de l'Union africaine (UA) à Addis-Abéba, en Éthiopie, du 21 au 23 septembre que 40 000 jeunes africains ont été formés à Cuba:

Kenia Serrano a souligné que plus de 8 000 Éthiopiens ont été formés dans l'île, et qu'ils participent aujourd'hui dans leur pays à la vie économique et sociale, dans les secteurs de la santé, de l'agriculture, du sport, et autres.

Il existe plus de 1 100 associations d'amitié avec Cuba, cependant, l'île est particulièrement attachée à ses relations avec l'Afrique, car celle-ci est très liée aux racines de la nation cubaine, a-t-elle précisé.

L'Afrique est un continent très important, et une partie du travail de ce forum sera consacrée à connaître davantage l'Éthiopie et à identifier de nouveaux domaines de coopération.

Mme Kenia Serrano a souligné que le leader cubain Fidel Castro a été le principal inspirateur de l'amitié et de la solidarité entre Cuba et les pays africains, depuis les premières années de la Révolution et elle a ajouté:

Elle a rappelé que l'envoi, il y a 49 ans, de la première brigade médicale en Algérie, en 1963, a marqué le début de la collaboration internationaliste avec d'autres pays.

Actuellement, Cuba a des relations de coopération avec 52 des 54 pays africains. Selon des sources officielles, les principaux projets sont mis en place dans le domaine de la santé, avec un impact très positif sur l'amélioration des indicateurs dans cette sphère, notamment grâce à la prise en charge directe de la population la plus démunie de ces pays.

L'action de Cuba ne se limite pas à former, l'ile a envoyé du personnel pour assister les pays africains dans de nombreux domaines. Lors de la crise sanitaire provoquée par le virus de l'Ebola en Afrique de l'ouest, Cuba s'était faite remarquer par l'ampleur du nombre et de la dévotion du personnel médical envoyé pour lutter contre le fléau. En effet, déjà, avec l'envoi du premier contingent de 62 médecins et 103 infirmiers, la petite ile des Caraïbes, de seulement 11 millions d'habitants, avait fourni une aide équivalente à l'ensemble de celle du reste du monde.

Pourtant ce n'était qu'un début, car devant la réaction tardive et insuffisante des autres pays, surtout des plus riches, Cuba a envoyé un autre contingent de 400 spécialistes.

Cette aide correspondait exactement aux voeux formulés par les pays concernés, Guinée, Libéria et Sierra-Leone ainsi que de la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En effet, Mme Margaret Chan avait salué le geste de Cuba en ces termes, selon un article de afrikanspot.com, un site de la diaspora africaine domicilié à New-York:

“Nous avons plus que tout besoin d’hommes, de professionnels de la santé. J’espère que l’annonce faite aujourd’hui (vendredi) par le gouvernement cubain va stimuler davantage de pays à apporter leur soutien”, a-t-elle déclaré.

Elle a révélé que la feuille de route de la riposte de l’OMS contre Ebola publiée le 28 août, met en évidence la nécessité d’une réponse à l’échelle massive pour aider les pays touchés.

«L’engagement du gouvernement cubain illustre le genre d’effort international nécessaire pour intensifier les activités d’intervention et renforcer les capacités nationales.

“Cuba est célèbre pour sa capacité à former des médecins, des infirmières et des infirmiers exceptionnels et pour sa générosité dans l’aide vers d’autres pays sur la voie du progrès», a souligné le Dr Chan.

Lors de cette mission les spécialistes cubains avaient des défis importants à relever que souligne avec une juste satisfaction le Dr. Jorge Delgado Bustillo sous-directeur de l’Unité centrale de coopération médicale, qui était à cette époque responsable de la brigade envoyée en Sierra Leone, dans un article publié sur le site francecuba.org, rappelant l’intense préparation reçue à l’Institut tropical Pedro Kouri de La Havane, conseillé par des experts de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS):

« Nous avons combattu une épidémie pratiquement inconnue, qualifiée de très dangereuse. L’entraînement pour enfiler l’équipement de protection personnelle a exigé une préparation rigoureuse. Avec cette combinaison de protection, on perd plus d’un litre d’eau en moyenne en une heure et il était indispensable que notre personnel s’adapte à son utilisation….

Nous n’avons pas toujours pu déterminer la maladie des patients, les résultats des examens prenant du retard du fait du manque de laboratoires. Grâce à notre insistance, dix centres de ce type ont été ouverts et nous avons obtenu des diagnostics plus précis. Dans le cas de l’Ébola, nous sommes parvenus à recevoir les résultats dans les 12 à 24 heures. Une réussite pour nous tous.

Sans aucun doute les relations avec la république de Guinée sont parmi les plus anciennes, à cause de l'orientation révolutionnaire commune dès l'accession de cette ancienne colonie française en 1958. En fait, la Guinée a été le deuxième pays africain à établir des relations diplomatiques avec le pays de Fidel Castro, il y a 55 ans.  Au lendemain de l'accession de la Guinée à l'indépendance, avec le départ soudain de tous les cadres français, Fidel Castro avait envoyé de nombreux experts, en particuliers des professeurs pour aider le jeune état.

Plus récemment, lors d'une interview accordée au journaliste Ibrahima Sory Bangoura, en avril 2014, M. Roberto Rodriguez Pena, ambassadeur de Cuba en Guinée, soulignait comment la coopération entre les deux pays embrassait “plusieurs domaines dont la formation de ressources humaines” et avait permis la formation de plus de 700 jeunes guinéens.

L'orchestre Aragon, élément essentiel de la coopération culturelle entre Cuba et l'Afrique

samedi 3 décembre 2016 à 18:07

Une grande partie de la jeunesse africaine des années '50 et '60 a découvert la musique et pratiqué leurs premiers pas de danse avec les rythmes afro-cubains: Cha-Cha-Cha, Pachanga, Charanga, etc. Boycoté par les États-unis,  quelques années après la victoire le régime castriste a utilisé sa musique pour se faire une place dans le monde. Dans cet effort, l'orchestre Aragon a joué un role important par ses tournées à travers le monde.

Un article du site africultures.com décrit l'évolution de la découverte réciproque entre la culture musicale cubaine personnifiée par ce groupe fondée à Cienfuegos (Cuba) en 1939 par Orestes Aragón, de profession charpentier et les cultures africaines:

En 1971, la Aragon découvre l'Afrique

Les pays du continent Africain ont vécu la fin du colonialisme et leur accession à l'indépendance au rythme du Cha cha cha, et les modèles cubains ont largement influencé les musiques modernes d'Afrique, à commencer par la Rumba Congolaise.

Pour les Africains, la Aragon est “la” référence cubaine, et le groupe reçoit un accueil chaleureux de chefs d'Etats. L'Afrique laissera en retour son empreinte sur leur musique, avec des titres tels que “Muanga” du Congolais Franklin Boukaka, et plus récemment “Yaye Boy”, tube du groupe Sénégalais Africando. La Cha-onda, un rythme et une danse créée au début des années 70 par le violoncelliste Tomas Valdés, doit beaucoup à un séjour en Guinée et à la fréquentation du meilleur groupe du pays, le Bembaya Jazz National….

Le site lusafrica.fr décrit l'atmosphère et les liens politiques dans lesquels les tournées de ce mythique orchestre se déroulaient dans les capitales africaines:

L'ébullition et les oreilles des générations montantes sont tendues vers Cuba : la contagion de l'idéal révolutionnaire, la relecture de la douloureuse question de l’esclavage, font bon ménage avec la légèreté des pas du cha-cha-cha. En 1971, la Aragón découvre l’Afrique longtemps après que l’Afrique eut découvert la Aragón, avec comme première destination la Guinée (de Sékou Touré) et le Mali. Il y aura ensuite de nombreuses autres tournées avec au programme, des fêtes officielles devant des parterres de ministres et de diplomates ou des concerts pour le peuple. Orquesta Aragón, ambassadeur et pionnier, seul groupe cubain à sillonner toute l'Afrique, devient, avec l’avènement de la cassette pirate, star absolue de la Guinée au Congo, du Bénin jusqu’à Zanzibar ; allant même jusqu’à inventer un nouveau rythme, le cha-onda, créé par le violoniste Thomas Valdès à partir de sons entendus dans les rues de Conakry.

Pour célébrer ses 75 ans, l'orchestre Aragon a choisi la terre africaine, en l'occurrence Abidijan, la capitale ivoirienne, où actuellement il existe une dizaine d'associations d'amateurs de salsa, des restaurants et nights clubs spécialisés en salsa.

Il s'est produit pour les riches pour animer la soirée de charité annuelle de la Fondation Children of Africa de Mme Dominique Ouattara, Première dame de Côte d’Ivoire au luxueux Palais des congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, avec des participants venus de toute l'Afrique et d'ailleurs.

Ensuite, il s'est produit pour le peuple dans le quartier de Treichville pour fêter ensemble son anniversaire, comme le décrit Emily Tapé sur le site gbich.com:

D’abord leur participation au dîner gala en faveur de l’association Children of africa de la première dame Dominique Ouattara, le samedi 12 mars. Et le dimanche 13, dès 18h30, le groupe septuagénaire va célébrer ses 75 années de carrière musicale au palais de la culture de Treichville. Les férus de violons, flutes et de rythme endiablé de Salsa n’ont qu’à se préparer à vivre des moments I-NOU-BLI-A-BLE !

Répondant à une question de Marie Alfred Ngoma du site Charles Bouetoum-Kiyindou, historien congolais journaliste, président du groupe Salsa Idéal analyse l'évolution des échanges culturels et musicaux qui ont porté à l'enrichissement réciproque entre Cuba et les pays africains:

Il est vrai que la musique afro-cubaine tire indiscutablement une grande partie de ses racines de la culture Bantu au Royaume Kongo et ses environs, auxquelles il faut adjoindre les origines yoruba. Les Congolais se sont reconnus dans ces rythmes dès le milieu du 20ème siècle. Les pionniers de la musique congolaise moderne s’en sont appropriés pour enfanter la rumba congolaise. Les « Trovas » et les « Grandes Vocales » du Trio Matamotos et autre Sexteto ont servi de stimulant de base d’inspiration. La révolution cubaine avec Fidel Castro, a permis le rapprochement réel, physique entre artistes-musiciens cubains et congolais. Grâce au président Fidel Castro, des ensembles musicaux cubains ont foulé le sol congolais : Maravillas de Cuba, Sensacion ou l’emblématique orchestra Aragon qui est venu à plusieurs reprises au Congo. A l’inverse, l’orchestre Bantous de la Capitale s’est rendu à Cuba en 1974 et 1978 faisant valoir son statut depuis sa création de connaisseur « Ritmo de Oro ».

Une étude d'Elina Djebbari, chercheure post-doctorante au King’s College (Londres) au sein du projet Modern Moves (2013-2018) financé par le Conseil européen de la recherche, analyse les enjeux politiques et musicaux dans la coopération entre Cuba et le Mali sur le site cairn.info. L'étude porte le titre de Guerre froide, jeux politiques et circulations musicales entre Cuba et l’Afrique de l’OuestLas Maravillas de Mali à Cuba et la Orquesta Aragón en Afrique. Dans l'analyse, on peut lire:

Fondé sur des recherches de terrain et la consultation d’archives au Mali et à Cuba, cet article analyse les enjeux politiques et musicaux que révèlent les jeux d’aller-retour et les déplacements transcontinentaux de musiciens maliens et cubains à l’aune des nouveaux échanges culturels amorcés entre Cuba et les pays africains après les indépendances. Prenant pour objet d’étude la présence de l’orchestre Las Maravillas de Mali à Cuba et les tournées de la Orquesta Aragón en Afrique de l’Ouest, plusieurs strates de circulations musicales à travers l’Atlantique sont mises au jour. Cet article aborde le rôle de dynamiques politiques particulières dans l’histoire d’une globalisation musicale transatlantique.

Le site sénégalais rewmi.com reprend un article publié par Walf fadjri sous le titre Coopération culturelle entre Cuba et l’Afrique : La salsa comme trait d’union entre deux peuples, présentant les objectifs d'une mission cubaine qui a visité en juin 2008 plusieurs pays ouest-africains sous la conduite du Vice-ministre de la Culture de Cuba et Président de l’Institut cubain de musique, Abel Acosta Damas:

La délégation cubaine convie les artistes sénégalais et africains à participer à la fête annuelle de la musique cubaine dénommée Cubadisco prévue du 17 au 25 juin 2008 à La Havane. Cet événement, dédié pour sa douzième édition au continent africain, sera un espace théorique de réflexion sur la culture musicale et les influences occidentales. Pour la journée d’inauguration de cette fête à laquelle quinze pays ont confirmé leur participation, les artistes africains seront invités à faire des prestations au côté de leurs homologues cubains. …

Selon Abel Acosta Damas, la musique cubaine a une origine noire du fait de la Traite négrière. Ce qui fait que les cultures cubaine et africaine ont beaucoup de similitudes par le biais de cette histoire commune….

Après la Côte d’Ivoire et le Mali, Abel Acosta Damas doit quitter le Sénégal ce soir pour la dernière étape de sa tournée sous-régionale, Guinée Conakry.

Dans la vidéo ci-dessous, le Président guinéen Alpha Condé danse la salsa avec l'ambassadrice de Cuba, à un diner officiel aux rythmes de l'orchestre Aragon en janvier 2014 à Conakry.

Les relations culturelles avec la Guinée sont parmi les plus anciennes en Afrique subsaharienne, à cause de l'orientation commune entre les deux régimes au pouvoir dans les deux pays. La Guinée a été le deuxième pays du continent à établir des relations diplomatiques avec Cuba

En 2014, pendant que l'orchestre Aragon visitait la Guinée, en faisant danser entre autre le Prof. Alpha Condé, l’Orchestre féminin de la Gendarmerie de Guinée, appelé maintenant les Amazones de Guinée visitait Cuba, visitait Cuba. Le site guineeconakry.info donne des détails:

Elles se sont ensuite produites, mardi 15 avril à 18h, en co-animation féerique avec un merveilleux orchestre féminin cubain, “*Morena son*” à la Casa de la Trova à Santiago  de Cuba, lieu emblématique de la musique traditionnelle, où sont passés entre autres le trio Matamoros, Pepe Sanchez, Ñico Saquito, Eliades Ochoa, Compay Secundo, qui sont d'ailleurs originaires de cette région.

Enfin, le mercredi 16 avril 2014, elles ont livré leur dernière prestation, toujours avec la même vivacité, au café du theater Heredia, pour la clôture de la XIIIème Conférence internationale de la culture africaine et afro-américaine.

Même à l'extérieur du continent l'orchestre Aragon et les musiciens africains ont participé ensemble à des culturelles. C'est ainsi qu'ils ont participé ensemble à Montréal à la 30ème édition du Festival International Nuits d’Afrique. “Pendant 13 jours de festivités, du 12 au 24 juillet, plus de 700 artistes venus de 35 pays se sont produits dans six salles du centre-ville et sur deux scènes de concerts gratuits au Parterre du Quartier des spectacles”.

Les autorités chinoises poursuivent la répression des voix dissidentes et détiennent le célèbre fondateur d'un média citoyen

jeudi 1 décembre 2016 à 22:03
Huang Qi. Photo via Radio Free Asia.

Huang Qi. Photographie publiée par Radio Free Asia.

Cet article de Catherine Lai a initialement été publié sur le site de Hong Kong Free Press (HKFP) le 30 novembre 2016. Il est reproduit sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Le fondateur du site d'informations citoyen 64Tianwang a été arrêté par la police après que son domicile a été fouillé. Huang Qi est le troisième défenseur des droits de l'homme d'envergure à faire les frais de la répression des autorités en l'espace d'une semaine, après la disparition de l'avocat Jiang Tianyong et du journaliste-citoyen Liu Feiyue, qui, selon des militants, seraient maintenus en garde à vue.

Dans la soirée du lundi 28 novembre, la police de la province du Sichuan a fait irruption chez le fondateur de 64Tianwang et a procédé à une fouille de son domicile avant de l'arrêter. Selon les déclarations d'une militante locale recueillies par Radio Free Asia (RFA), les policiers disposaient d'un mandat de perquisition.

La nouvelle de sa disparition a été postée sur Twitter par Pu Fei, un journaliste bénévole du site. Le tweet a depuis été supprimé, et son auteur reste injoignable, selon des informations postées sur le site hongkongais Weiquanwang. Les tentatives de le joindre par téléphone suggèrent que l'appareil de Pu a été éteint.

La mère de Huang Qi a déclaré à RFA que la police avait pris de nombreuses photos et fouillé dans les affaires de son fils.

Selon deux témoins, des officiers de police de Mianyang et de Neijiang — deux zones touchées par le tremblement de terre de 2008 au Sichuan — étaient présents. Huang Qi avait été condamné en novembre 2009 à trois ans de prison après avoir enquêté sur les failles des infrastructures qui avaient mené à la mort de milliers d'enfants lors de la catastrophe.

Plus récemment, Huang Qi a été détenu en marge d'une réunion importante de l'élite du Comité central du Parti communiste chinois en octobre dernier. Des photos révèlent que son domicile a été fouillé, et ses affaires dispersées sur le sol. Son ordinateur a également été confisqué par les autorités.

Les appels de HKFP sur le portable de Huang Qi sont restés sans réponse.

64Tianwang est un site d'information indépendant qui publie des articles sur les violations des droits del'homme en Chine, notamment les détentions arbitraires par la police et les démolitions forcées, ou sur des pétitions et des manifestations de militants. Il vient de recevoir le prix 2016 de la Liberté de la presse décerné par Reporters sans frontières. Selon 64Tianwang, neuf de ses journalistes-citoyens sont actuellement derrière les barreaux, et cinq sont en liberté sous caution.

Mercredi 30 novembre, le réseau d'organisations de défense des droits de l'homme chinoises et internationales, Chinese Human Rights Defenders (CHRD), a publié un communiqué réclamant la libération de Huang Qi, de l'avocat Jiang Tianyong et du journaliste-citoyen Liu Feiyue.

Jiang Tianyong and Liu Feiyue. Photo via Radio Free Asia.

Jiang Tianyong et Liu Feiyue. Photo publiée par Radio Free Asia.

Jiang Tianyong est un avocat des droits de l'homme, radié du barreau chinois en 2009, qui dénonçait la répression  s'abattant sur les avocats en Chine. Il a disparu sans laisser de traces le lundi 28 novembre. Liu Feiyue, fondateur du site Civil Rights and Livelihood Watch, aurait été emmené par la police le 24 novembre. Un membre de sa famille a déclaré qu'il était détenu pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État », bien qu'aucune notification officielle ne leur ait été transmise par la police.

Le CHRD écrit :

From information CHRD has received, police are believed to be holding the men in unknown locations, raising fears that they are at risk of torture […] The detention and disappearance in quick succession of these well-known leading figures of China’s rights defense movement further signal the escalation of President Xi Jinping’s relentless crackdown on civil society.

Selon nos informations, la police détient ces hommes au secret, laissant ainsi craindre qu'ils soient soumis à la torture […] Les détention et disparition successives de ces figures connues du mouvement de défense des droits de l'homme en Chine témoignent une nouvelle fois de l'escalade opérée par le Président Xi Jinping dans la répression systématique de la société civile.

Lauréat d'un prix international, le fondateur d'un média citoyen chinois garde espoir malgré la répression des autorités

jeudi 1 décembre 2016 à 19:28
Huang Qi celebrating with Tianwang volunteers after being released from prison in 2011. Photo: Supplied by Huang Qi.

Huang Qi célèbre sa sortie de prison entouré des bénévoles du site 64Tianwang en 2011. Crédits : Huang Qi.

Cet article de Catherine Lai a initialement été publié sur Hong Kong Free Press (HKFP) le 12 novembre 2016. Il est reproduit sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Malgré les arrestations récurrentes de ses journalistes et après avoir été emprisonné à deux reprises, le fondateur du site d'informations citoyen 64Tianwang Huang Qi estime que la répression qui cible systématiquement son organisation contribue finalement à son développement.

Le 7 novembre dernier, l'organisation Reporters sans frontières a décerné à 64Tianwang le prix de la Liberté de la presse 2016 dans la catégorie média, pour son travail de défense des droits de l'homme en Chine.

Dans un entretien avec HKFP, Huang Qi a déclaré que ce prix était une belle façon de saluer le travail des journalistes-citoyens bénévoles du site, alors neuf d'entre eux se trouvent actuellement derrière les barreaux et que cinq ont été libérés sous caution. En septembre dernier, six journalistes de 64Tianwang ont été arrêtés alors qu'ils couvraient le sommet et les manifestations citoyennes en marge du G20 à Hangzhou. L'un d'entre eux est encore détenu.

En dépit de cette répression incessante, Huang Qi et les bénévoles qui l'entourent poursuivent leur travail.

Créé en 1998 sous un autre nom, 64Tianwang fut dans un premier temps une organisation luttant contre le trafic d'êtres humains, que Huang Qi décrit comme « un sérieux problème à la fin des années 1990 ». Le site web est lancé l'année suivante. Huang Qi,  résidant au Sichuan, monte ce projet sur ses fonds propres, issus de sa précédente carrière d'homme d'affaires et de propriétaire d'usine.

Il raconte à Hong Kong Free Press :

As we were helping these people who had gotten lost or separated from their loved ones or who had gone missing, we discovered that in the mainland, behind these cases were judicial corruption or human rights infringements, so we expanded our work.

Plus nous aidions ces gens qui s'étaient perdus, avaient été séparés de leur famille ou avaient disparu, plus nous percevions derrière ces cas la corruption sévissant au niveau de la justice et les violations des droits de l'homme. Nous avons donc étendu notre champ d'action.

Parfois, leur travail vaut à 64Tianwang une couverture positive de la part des médias chinois, et même du Quotidien du peuple, l'organe officiel du Parti communiste et le journal le plus lu en Chine. Mais ils ont également été critiqués pour leur engagement en faveur des droits de l'homme.

En 2003, Huang Qi a été emprisonné cinq ans pour subversion après avoir publié sur son site des articles sur le mouvement pro-démocratie de 1989, réprimé lors des massacres de Tiananmen. Il a été à nouveau condamné à trois ans de prison pour « possession de secrets d'État » après avoir enquêté sur les potentielles failles des infrastructures qui avaient entraîné la mort de milliers d'écoliers lors du tremblement de terre au Sichuan en 2008. Il se confie :

I’m scared of being sent back to jail too, but so many people are suffering worse than us. And our work can help alleviate their suffering […] We also believe that Chinese society will finally progress towards democracy and rule of law.

J'ai peur d'être renvoyé en prison moi aussi, mais il y a tant de gens qui souffrent plus que nous. Notre travail peut aider à alléger cette souffrance […] Nous croyons également que la société chinoise s'orientera progressivement vers la démocratie et deviendra un État de droit.

Aujourd'hui, 64Tianwang est un site d'information indépendant qui publie des articles sur les violations des droits de l'homme en Chine, notamment les détentions arbitraires par la police et les démolitions forcées, ou sur des pétitions et des manifestations de militants.

Huang Qi s'est même mobilisé pour protéger les droits de l'ancien ministre de la sécurité publique désavoué, Zhou Yongkang, et a appelé les autorités à ne pas faire de lui un bouc-émissaire.

We hope that in mainland China, everyone will have an equal judicial environment, and that [they] will not use double standards to deal with Chinese officials.

Nous espérons qu'en Chine continentale, tout le monde sera jugé de manière équitable, et qu'il n'y aura pas deux poids deux mesures lors du jugement des responsables publics chinois.

Bien que le site soit bloqué en Chine, Huang Qi souligne qu'il est malgré tout accessible aux internautes du pays :

They have all sorts of tools to get around the blocks… and they have their own ways of sharing posts.

Ils disposent de toutes sortes d'outils pour contourner les blocages… et ils ont leur propre façon de partager des articles.

Le site est lu par des milliers de citoyens chinois, d'organisations de défense des droits, de médias étrangers mais aussi par des représentants du gouvernement et de la police – les uns dans l'espoir d'un changement, les autres inquiets que leurs méfaits soient révélés au grand jour.

Interrogé sur un potentiel durcissement de la répression suite au prix reçu par 64Tianwang, Huang Qi répond :

In 18 years, we’ve met with many kinds of suppression, but we’ve never yielded. We also think that this kind of suppression is a necessary condition to help us grow and help us perfect our work.

En dix-huit ans, nous avons été confrontés à toutes les formes de répression, mais jamais nous n'avons cédé. Nous estimons que ces difficultés sont nécessaires pour nous aider à nous développer et à améliorer notre travail.

Il ajoute :

In 18 years, no 64 Tianwang volunteer has ever agreed to sign a confession drafted by the authorities […] The main reason they haven’t confessed is that they themselves believe that what they’re doing is right. Their actions are in accordance with the charter of the People’s Republic of China and its related laws, and Xi Jinping’s principle of the rule of law, and the principle of a harmonious society.

En dix-huit ans, aucun des journalistes bénévoles de 64Tianwang n'a accepté de signer des confessions rédigées par les autorités […] La principale raison pour laquelle ils ne confessent pas, c'est qu'ils sont persuadés que ce qu'ils font est juste. Leurs actions sont en accord avec la Constitution de la République populaire de Chine et ses lois, avec l'État de droit cher à Xi Jinping et avec le principe de société harmonieuse.

En 1999, il déclarait aux médias d'État que 64Tianwang deviendrait un organe de presse de l'envergure du Washington Post, d’Associated Press, de l’Agence France-Presse ou encore de CNN.

Lorsqu'on lui demande aujourd'hui s'il pense avoir atteint son objectif, Huang Qi répond :

Right now, our standard is still very poor, because we have poor material conditions and we are constantly met with suppression. But in the future, we will definitely do a great job.

À présent, notre niveau est encore très modeste, car nos conditions matérielles sont mauvaises et que nous sommes sans cesse confrontés à la répression [des autorités]. Mais dans le futur, il est certain que nous ferons du très bon travail.

Huang helping victims of the Sichuan earthquake in 2008. Photo: VOA.

Huang Qi aidant les victimes du tremblement de terre au Sichuan en 2008. Crédits : VOA

Malgré la répression systématique subie par le site et ses contributeurs, Huang Qi reste optimiste – trop, selon certains. Le fondateur de 64Tianwang insiste : si l'on prend en compte la tendance générale et non les cas individuels, la situation des droits de l'homme en Chine s'améliore. Toutefois, la plupart des organisations de défense des droits de l'homme s'accordent à dire que la situation s'est dégradée sous la présidence de Xi Jinping.

The human rights situation in mainland China has changed hugely in the past 18 years… I think that eventually – at worst in eight or ten years – China will achieve real press freedom.

La situation des droits de l'homme en Chine continentale a grandement changé en dix-huit ans… Je pense qu'à terme – dans huit ou dix ans au pire – la Chine respectera la liberté de la presse.

“La fin est proche”, “N'oubliez pas notre sacrifice” : Dépêches d'Alep Est

jeudi 1 décembre 2016 à 16:56
One of the many destroyed neighborhoods of Aleppo. Photo sent by Abdelrazzak Zakzouk to Global Voices.

Un des nombreux quartiers détruits d'Alep. Photo prise et envoyée par Abdelrazzak Zakzouk à Global Voices le 29 novembre 2016.

Pendant que les forces loyales au régime Assad avancent dans Alep Est aux mains des rebelles et assiégée, les organisations de défense des droits humains ainsi que l'ONU sonnent l'alarme.

Au moment de l'écriture de cet article, plus de 50.000 personnes ont été déplacées par l'avancée du régime syrien, selon les Nations Unies. Si le nombre des morts est difficile à déterminer à cause de l'ampleur des bombardements, on estime qu'il se comptent en centaines. Des centaines d'autres sont pris par les forces du régime dans leur tentative de fuir, et au moins 500 hommes ont subi des disparitions forcéees.

D'autres ont averti que bon nombre des plus de 250.000 civils piégés dans Alep Est sont déjà dans une situation désespérée due aux effets du siège et au ciblage permanent des hôpitaux et autres infrastructures civiles par les forces aériennes du régime Assad et du gouvernement russe.

Médecins Sans Frontières rapportait le 15 novembre 2016 :

Le redoublement d'intensité de la guerre fin novembre dans les zones assiégées proches de Damas et Homs a conduit à des hausses significatives du flux massif de victimes, dit Médecins Sans Frontières (MSF). De multiples frappes aériennes frappent à nouveau aujourd'hui la Ghouta orientale ; le personnel médical dans la zone signale de nombreux morts, dont des femmes et des enfants, mais le décompte des blessés et morts de guerre d'aujourd'hui n'est pas encore complet.

Vendredi 18 novembre 2016, la Direction de la Santé d'Alep Est annonçait que tous les hôpitaux restants étaient hors service :

لقد خرجت كل المشافي العاملة بمدينة حلب الحرة عن الخدمة نتيجة القصف الممنهج والمستمر لهذه المشافي خلال اليومين الماضيين من قبل قوات النظام والطيران الروسي. وهذا التدمير المتعمد للبنى التحتية الأساسية للحياة جعل الشعب الصامد والمحاصر بكل أطفاله وشيوخه ورجاله ونسائه بدون أي مرفق صحي  يقدم لهم العلاج وفرص إنقاذ أرواحهم ويتركهم للموت الذي يسعى له النظام ولم ينفك يبحث عن وسيلة للقضاء على شعبنا الصامد.

مديرية صحة محافظة حلب

الدكتور عبد الباسط ابراهيم

Tous les hôpitaux fonctionnant dans Alep libre [Est] sont maintenant hors service du fait du bombardement systématique et continuel des deux derniers jours par les aviations du régime et de la Russie.
Ce ciblage délibéré d'infrastructures vitales laisse la population assiégée et obstinée d'Alep, enfants, femmes, hommes et personnes âgées, sans le moindre équipement fournissant des soins ou du répit pour sauver leurs vies. Ils se préparent maintenant à mourir, ce qui est depuis le début le but du régime qui n'aura omis aucun procédé pour éliminer notre peuple résolu.
Dr. Abdul-Baset Ibrahim
Direction de la Santé du Gouvernorat d'Alep

Une constatation validée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) le lendemain 19 novembre 2016.

Cette situation désespérée a conduit Jan Egeland, coordinateur des Secours d'urgence de l'ONU en Syrie à dire que le Conseil de Sécurité de l'ONU a “totalement failli” à protéger les civils.

Syrie : j'ai dit à ABC News que 193 pays assistent aujourd'hui à la pire guerre de notre génération. Le Conseil de Sécurité de l'ONU a été créé pour protéger les civils. Il a totalement failli.

Human Rights Watch (HRW) a listé les procédés utilisés par l'aviation russo-syrienne, sans nier que de nombreux enfants ont aussi été tués par les mouvements rebelles avec mortiers, missiles ou autres attaques. Parmi les moyens utilisés par le régime syrien et son allié russe, l'infâme méthode du ‘double tap‘ qui mise en pratique ressemble à ceci :

Ils sont tués par les frappes aériennes syro-russes à Alep Est. Nous entrevoyons occasionellement les résultats, comme ces deux jeunes garçons filmés dans un faubourg d'Alep Est, en deuil après la mort de leur frère dans une frappe aérienne en août. Quelques jours plus tard, un aéronef syrien bombardait le cortège funèbre. Puis ils ont bombardé les gens venus à la rescousse.

Le ‘double tap’, en d'autres termes, c'est bombarder un site, attendre l'arrivée des secours pour le bombarder à nouveau. D'autres procédés meurtriers utilisés par les aviations syrienne et russe incluent des armes interdites internationalement comme les bombes à sous-munitions et les armes chimiques :

Ils sont tués et blessés par les armes utilisées dans les frappes de la coalition syro-russe. Les enfants sont blessés par les bombes à sous-munitions, prohibées par la Convention sur les sous-munitions, et par leurs fragments explosifs – comme la fillette de quatre ans, tuée quand elle en a ramassé un qu'elle prenait pour un jouet. Les enfants sont victimes d'armes chimiques, utilisées en violation de la Convention sur les armes chimiques. Ils subissent les attaques aux armes incendiaires qui allument des brasiers et provoquent des brûlures affreusement douloureuses.

Le régime et son allié russe ont même lâché des tracts sur la ville, portant cette menace :

“C'est votre dernier espoir….Sauvez votre vie. Si vous ne quittez pas ces zones immédiatement, vous serez anéantis” et ils concluent “Vous savez que tout le monde vous a abandonnés. Ils vous ont laissés seuls devant votre destin et personne ne vous aidera” Cette dernière partie est tragiquement exacte.

Un journaliste militant rapporte que les cadavres remplissent les rues, où ils restent souvent pour longrtemps à cause des bombardements incessants :

A ceux qui demandent des nouvelles d'Alep en ce moment : des cadavres de femmes, enfants et personnes âgées remplissent les rues et il est impossible de les approcher à cause des bombardements intensifs

Les Casques Blancs, la Défense civile syrienne, ont mis en ligne une vidéo montrant un des derniers massacres commis par les forces gouvernementales :

AU-DELÀ DE L'HORREUR : Les images de la Défense Civille Syrienne montre les corps déchiquetés de déplacés civils d'Alep après le ciblage de Jub Al-Qubeh aujourd'hui

Les militants à l'intérieur d'Alep Est peinent à tenir régulièrement informé le monde extérieur du fait des coupures de courant à répétition. Un militant des médias, Syrien de 24 ans qui a voulu garder l'anonymat, a déclaré à Global Voices :

Je ne vais pas vous menti. J'ai renoncé. Je me déteste pour ça, ils [le régime] ont tué ma fille et plusieurs de mes amis, mais je n'en peux plus. La fin est proche.

Un autre militant de l'information, Abdelrazzak Zakzouk, 23 ans, qui est vidéographe, a répondu à la question de Global Voices s'il avait un message pour les personnes engagées et la communauté internationale :

مقيم في حي الأنصاري الشرقي الذي يقع بحلب المحاصرة
وضعي بشكل شخصي جيد حتى الآن
أما الوضع بشكل عام هو سيء جداً ، تعرض الحي للقصف اليوم مثل كل أحياء حلب ، أصبح القصف جزء من نمط حياتنا ، مشاهد الجثث بالشوارع و الأشلاء الناجمة عن الغارات و القصف المدفعي و المروحي الذي يعود مصدره لقوات النظام السوري و حلفاءه أصبحت اعتيادية .
اليوم بظل هذا القصف و الحصار علينا بوجه رسالتي للناشطين السوريين و للمهتمين بالثورة السورية و أطلب منهم إيصال رسالة الإعلام يلي ضحينا من أجلها و مستمرين بالتضحية ، أطلب منهم الحديث للأجانب عن الثورة السورية ، أولاً بحكم وجودهم ضمن المجتمع الغربي و ثانياً بسبب وجود وقت عندهم ليقوموا بذلك ، و أيضاً أطلب من الناشطين السوريين التأكيد ع مبادئ ثورتنا و صمودنا للاستمرار فيها .
للأسف لم يعد لدينا ثقة بالأشخاص المسؤولين ، أو من يسمّون صنّاع القرار ، بعد 6 سنوات من عمر الثورة و التي تضمنت مساعدتهم لنظام بشار الأسد بتقديم مساعدات لضمان بقاءه لم نعد نستطيع حتى توجيه الكلام لهم .
أقل شيء ممكن طلبه من الأمم المتحدة و حكومات العالم مراعات 300 ألف مدني متواجدين في حلب المحاصرة ، لم يعد اهتمامنا الاكل و الشرب رغم الحصار ، أصبح السؤال الذي يراودنا هل سنعود للمنزل لو خرجنا منه ؟ و لو بقينا فيه هل سنبقى أحياء؟ .
الصورة المرفقة قمت بتصويرها اليوم ، بعد سقوط 13 برميل على حي الأنصاري الشرقي – و الذي أسكن فيه – و تزامن سقوط البراميل مع قصف مدفعي على المنطقة

Je vis dans le quartier oriental d'Ansari, dans Alep assiégée. En ce qui me concerne, je vais bien jusqu'à présent. Mais la situation générale est catastrophique. Le quartier a subi les bombardements comme tous les quartiers d'Alep. Les bombardements sont devenus partie intégrante de la vie. Voir des cadavres dans les rues, et des morceaux de corps causés par les bombardements et les obus de mortier et les frappes aériennes, du régime et de ses alliés, est devenu commun.

Aujourd'hui, sous les bombes et le siège, j'adresse mon message aux militants syriens et à ceux qui sont soucieux de la révolution, pour leur demander d'envoyer notre message pour lequel nous avons sacrifié et continuons à sacrifier. Je leur demande de parler de la révolution syrienne aux étrangers, puisqu'ils sont nombreux à vivre dans des sociétés occidentales et ont le temps de le faire. Et je demande aussi aux Syriens engagés de revendiquer les principes de notre révolution et notre persévérence pour qu'elle puisse continuer.

Hélas nous n'avons pas confiance dans ceux qui dirigent, les soi-disant décisionnaires. Après six ans de révolution, qui a comporté leur assistance au régime de Bachar Al Assad avec l'offre de soutien pour garantir son maintien, nous ne pouvons même plus les regarder dans les yeux.

Le minimum que nous demandons aux Nations Unies et aux gouvernements du monde est de ne pas oublier les 300.000 civils présent dans Alep assiégé. Notre souci n'est plus la nourriture et l'eau. Malgré le siège, la question principale dans notre esprit est “pourrons-nous retourner dans nos foyers après les avoir quittés ?” Et “si nous ne partons pas, resterons-nous vivants ?”

J'ai pris la photo jointe [en tête de l'article] aujourd'hui [29 novembre], après la chute de 13 barils sur le quartier d'Ansari-Est où j'habite. Les bombes-barils étaient accompagnées de tirs au mortier sur le quartier.

Les tweets de Bana, 7 ans, et sa mère Fatemah, une professeur d'anglais à Alep Est, sont devenus viraux. En voici quelques-uns du 27 novembre.

L'armée est entrée, ce pourraient être nos derniers jours, sincèrement. Pas d'Internet. S'il vous plaît s'il vous plaît s'il vous plaît priez pour nous. – Fatemah Alep

Dernier message – Sous les bombardements intenses maintenant, on ne peut plus vivre. Quand nous mourrons, continuez à parler des 200.00 encore vivants ici. AU REVOIR. – Fatemah

Ce soir nous n'avons pas de maison, elle est bombardée et je suis dans les décombres. J'ai vu des morts et j'ai failli mourir. – Bana

Sous bombardements intenses en ce moment. Entre la vie et la mort à présent, s'il vous plaît priez pour nous.

Message – nous fuyons alors que beaucoup sont tués en ce moment même dans des bombardements massifs. Nous luttons pour nos vies. toujours avec vous. – Fatemah

Nous sommes maintenant sans domicile. J'ai été légèrement blessée. Je n'ai pas dormi depuis hier, j'ai faim, je veux vivre, je ne veux pas mourir. – Bana Alep

Voici notre maison. Mes poupées chéries sont mortes dans le bombardement de la maison. Je suis très triste mais contente d'être vivante. – Bana

Voici mon coin de lecture où je voulais commencer à lire Harry Potter mais il est bombardé. Je n'oublierai jamais. – Bana

APPEL au monde – Bana et moi avons reçu des menaces de mort et sommes persuadées que l'armée syrienne va bientôt nous cibler à cause de notre compte et nos messages

Nous faisons appel aujourd'hui au monde, à chacun pour qu'ils fassent quelque chose pour moi, Bana, ma famille et les gens restants à Alep pour faire

Bien sûr nous sortons d'Alep saines et sauves par l'avancée de l'armée syrienne. – Fatemah

L'auteur JK Rowling avait envoyé quelques jours auparavant des livres électroniques de Harry Potter. L'écrivain a depuis promu une pétition exhortant le Parlement britannique à faire larguer de l'aide humanitaire sur les villes assiégées de Syrie.

Abdulkafi Alhamdo, un activiste des médias et enseignant d'Alep Est, a tweeté une brève vidéo Periscope le montrant donner un cours d'anglais à ses élèves, soulignant que ceux-ci veulent continuer à apprendre malgré le siège.

Formidable, élèves en direct d'Alep #SolidaritéAvecAlep

Autre activiste des médias, Ahmad Alkhatib a tweeté la photo d'un homme fuyant avec son enfant :

Cours, essaie de survivre.
Peu importe que tu sois habillé ou non. L'important c'est de rester en vie Alep aujourd'hui après le massacre

Il a aussi annoncé que son ami Anas, qui travaillait comme clown, a été tué par le régime Assad :

Un autre ami, qui faisait sourire les enfants d'Alep Est, vient de mourir aujourd'hui sous les bombes d'Assad dans le quartier d'Almashhad

La Britannique d'origine syrienne, auteur et contributrice de Global Voices Leila Al Shami a tweeté :

Les Alépins fuient la charge fasciste et impérialiste, ils ne reviendront peut-être jamais chez eux

Pendant ce temps, de nombreuses personnes engagées hors de Syrie sont allées sur les médias sociaux, pas seulement pour souligner les souffrances sur le terrain, mais aussi pour rappeler à leurs lecteurs les débuts de la révolution syrienne.

L'artiste et écrivain américaine Molly Crabapple a tweeté :

[Image : “Les hommes de ma génération ont eu l'Espagne au coeur” a écrit Albert Camus. “C'est là qu'ils ont appris… qu'on peut avoir raison et pourtant être battu, que la force peut vaincre l'esprit, et qu'il y a des temps où le courage n'est pas récompensé”.] Pour Alep Est, et pour la révolution syrienne des origines

Le militant et écrivain syrien @DarthNader a tweeté une série de vidéos des manifestations de la première heure de 2011 à 2013. En voici quelques-unes :

Retour dans un autre temps : le 30 décembre 2011. Manifestation monstre sur la place centrale de Homs, Syrie

Mai 2012 : drapeaux kurdes et syrien libre à cette manifestation dans la région de Kobané

Avril 2013 : spectacle de rap révolutionnaire à Rakka (après Assad, avant l'EI)

Juin 2012 : Manifestation nocturne fougueuse à Kafrsouseh, Damas

Raison de tout cela, explique-t-il :

[tweet du dessus : Les vainqueurs écrivent d'habitude l'histoire, mais nous avons déjà une archive. Ne les laissons jamais oublier. Ceci est notre mémoire collective.]

Walter Benjamin nous informe pourquoi nous devons garder en mémoire et archiver la révolution syrienne même après sa défaite :
[Texte sur l'image (NdT: version française extraite d'un article de Daniel Bensaïd) : Articuler historiquement le passé ne se résume pas à le reconnaître tel qu’il a réellement été. Il s’agit de se rendre maître du souvenir, de le saisir au vol, de le surprendre dans sa fugacité, « tel qu’il jaillit à l’instant du danger ». Il s’agit pour le matérialiste historique de saisir du passé « l’image qui s’impose à l’improviste au moment du danger » au « sujet historique ». Ce danger « menace aussi bien le contenu de la tradition que ses nouveaux dépositaires ». Car, à chaque époque, il faut tenter d’arracher la tradition au conformisme qui tente de s’en emparer. Le Messie ne vient donc pas seulement comme rédempteur. Il vient, vieille obsession apocalyptique, comme vainqueur de l’Antéchrist, délivrer un passé captif. À l’historiographe seul revient le don d’attiser pour le passé la flamme de l’espérance. Le principe espérance ! Réveillé à nouveau, attisé par l’écriveur d’histoire, convaincu que les morts eux-mêmes ne seraient pas en sécurité si l’ennemi l’emportait. Or, précisément, cet ennemi n’a, jusqu’à présent, cessé de vaincre.]

Elias Abou Jaoude et Sarmad Al Jilane ont contribué à cet article.