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Le Bénin prépare l'élection d'un nouveau président

dimanche 10 janvier 2016 à 16:25
National Assembly - Congress Palace in  Cotonou, Benin. CC-BY-2.0

L'Assemblée Nationale – le Palais des Congrès à Cotonou, Bénin. CC-BY-2.0

Pour la première fois, une élection au Bénin n'est pas dominée par la personnalité du dirigeant historique du pays Mathieu Kérékou : celui qui a assuré la transition pacifique du Bénin de la dictature à la démocratie est mort en octobre 2015.

Le vote parlementaire est fixé au 26 avril, et les partis politiques se préparent à une campagne électorale.

Kerekou n'est plus là pour peser sur le processus, ce qui pimente l'intrigue pour de nombreux observateurs de la politique béninoise.

Après avoir tenté en vain de forcer une révision de la constitution qui lui aurait permis de se présenter pour un troisième mandat, l'actuel Président Yayi Boni, chef du parti Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE), a désigné candidat officiel du parti le premier ministre franco-béninois Lionel Zinsou.

Un candidat franco-béninois candidat du parti au pouvoir

Lionel Zinsou, lead candidate for the FCBE governing party - via Media7 with permission

Lionel Zinsou, candidat de tête du FCBE au pouvoir – via Media7 avec autorisation

Les portraits de Zinsou présentent un candidat inhabituel. Zinsou est né à Paris en 1953 de parents béninois. Ami du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, Zinsou est professeur d'Economie à la renommée Ecole Normale supérieure de Paris de même qu'à Sciences-Po Paris. Il enseigne aussi à temps partiel à la London School of Economics. Sa réputation internationale est encore renforcée par son poste de Directeur Général d'un des grands fonds d'investissement français, PAI Partners, entre 2006 et 2011.

Sa candidature, officiellement déclarée le 27 novembre, a déjà littérallement fracturé le FCBE. Zinsou a lui-même admis sa médiocre connaissance du pays. Lors de sa nomination comme premier ministre il y a quelques mois, Zinsou déclarait à la radio internationale française RFI :

Je ne connais pas tout du Bénin. Donc, qui serais-je pour dire : ” J’arrive pour être le dauphin ” ? J’arrive pour écouter et j’arrive pour essayer d’être utile. [Le président] m’a demandé d’être le premier de ses ministres, m’a fixé des champs très précis et qui m’intéressent beaucoup, qui concernent le développement…

La candidature Zinsou est également contestée par les autres forces politiques. Le 5 janvier, une coalition de plusieurs partis et syndicats, menée par l'ex-Président Nicéphore Soglo, a condamné dans sa candidature un stratagème politique de la France. Zinsou, a dit Soglo à la BBC, est un “pion” imposé par les intérêts français.

Francis Laloupo, un journaliste spécialiste de géopolitique béninoise, a commenté :

Un commentateur a dit son déplaisir de l'intrusion indirecte de l'ex-puissance coloniale dans l'élection à venir :

Zinsou n'a même pas la légitimité il paie ses impôts où ? Le certificat de nationalité il l'a reçu quand en quelle année? …la France leur a promis [aux futures votants] la garantie de leur sécurité quoi qu'arrive ils sont tous prêts à céder leur patrie au colon.

Pour sa part, l'homme politique franco-béninois a commencé à se gagner le soutien de certaines catégories, comme les Zémidjans, les célèbres conducteurs de moto-taxis qui peuplent les rues des grandes villes du Bénin. Il y a quelques semaines, ceux-ci se sont mis à arborer les slogans de campagne des partis politiques et des candidats, et ceux de Zinsou étaient prédominants.

Victor Aidjihoundé, à la tête d'un groupe de Zémidjans, a déclaré :

Nous avons compris que les politiciens nous utilisent contre zéro franc. Seul Lionel Zinsou nous aide à trouver des solutions à nos problèmes. Il nous a dit : “Mutualisez vos forces, vous êtes nombreux au Bénin.” Il a commencé à travailler avec nous et nous sommes en bonne voie.

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Cotonou, Bénin. via l'auteur, avec son autorisation

Les autres candidats 

Les autres candidats de premier plan sont :

Parmi les autres candidats les plus probables — les candidatures seront officiellement validées entre le 9 et le 12 janvier — il y a Patrice Talon, un homme d'affaires qui s'est spécialisé dans l'importation du coton de Côte d'Ivoire. Mais rares sont ceux qui croient au sérieux de sa candidature. Il vit en exil en France, sous le coup d'accusations de tentative d’empoisonnement en 2012 de l'actuel président. L'affaire n'a pas encore été portée en justice.

Le statut de Porto Rico devant la Cour Suprême des États-Unis

dimanche 10 janvier 2016 à 12:30
Según el Procurador General de los Estados Unidos, Donald B. Verrilli, la Constitución de Puerto Rico no es comparable con la constitución de un estado, sino con una carta puebla (town charter). Imagen tomada de Wikimedia Commons y utilizada bajo una licencia Creative Commons Atribución - Compartir Igual 3.0 (CC BY-SA 3.0).

Pour le procureur général des États-Unis, Donald B. Verrilli, la constitution de Porto Rico ne correspond pas à celle d'un État , tout au plus à la charte d'une ville

L'histoire du statut politique de Porto Rico a entamé ces dernières semaines un nouveau chapitre du fait d'une affaire présentée devant la Cour Suprême des États-Unis dans laquelle se pose la question de savoir si dans le cadre de la clause de “double exposition” présente dans la constitution des États-Unis (garantissant le fait de ne pas pouvoir être accusé deux fois pour le même motif), Porto Rico et le gouvernement fédéral des Etats Unies possèdent chacun leur propre souveraineté.

Le cas présenté devant le tribunal suprême, Porto Rico v. Sánchez Valle, a commencé comme une affaire criminelle de vente illégale d'armes, puis s'est transformée en une des affaires les plus intéressantes traitant de la relation de Porto Rico avec les États-Unis. On n'avait rien vu de tel depuis les fameux Casos Insulares au début du XXe siècle qui avaient permis de mettre en place une politique toujours en vigueur

Richard Pildes, étudiant en droit constitutionnel, avait déjà anticipé depuis octobre le fait que cette affaire allait prendre une signification majeure pour Porto Rico comme pour les États-Unis.

Los asuntos son histórica y legalmente fascinantes, pero también son los más políticamente explosivos y divisorios en Puerto Rico: van a la pregunta existencial de qué es Puerto Rico y cuál es y cuál será probablemente la actual y futura relación con los Estados Unidos.

Ces questions sont historiquement et légalement cruciales, mais ce sont aussi des questions politiquement explosives qui divisent l'opinion à Porto Rico: elle posent le problème existentiel de la nature de Porto Rico, de sa relation actuelle et future avec les États-Unis, de ce que cette relation pourrait devenir à l'avenir.

Le tribunal suprême de Porto Rico après bien des divergences, s'est prononcé en faveur de la partie accusée qui avait argumenté pour sa défense sur le fait que Porto Rico n'ayant pas de souveraineté propre, il n'était pas possible d'entamer un procès devant les tribunaux de ce territoire après avoir été jugé pour ce même délit devant un tribunal fédéral. Les implications de ces attendus ont inquiété le gouverneur de Porto Rico, Alejandro García Padilla, qui appartient au très officiel Parti Populaire Démocratique, et son administration a pris la décision de soumettre cette affaire au tribunal suprême des États-Unis.

Le procureur général des États-Unis, Donald B. Verrilli, a présenté un rapport au tribunal en tant que amicus curiae (littéralement: “ami de la cour”), où il faisait un résumé du développement juridique du statut de Porto Rico sous la souveraineté des États-Unis. Verrilli concluait sur la constatation que effectivement Porto Rico n'avait pas et n'avait jamais eu de souveraineté propre mais que sa souveraineté était entre les mains du Congrès.

Cette ultime réitération de la nature coloniale  de la relation de Porto Rico avec les États-Unis a provoqué une réaction immédiate du gouverneur García Padilla dénonçant comme il a exprimé dans un courrier destiné à l'ONU, un changement de posture de la part du gouvernement fédéral :

En un escrito legal sometido ante el Tribunal Supremo de los Estados Unidos el 23 de diciembre de 2015 […] el Gobierno de los Estados Unidos abruptamente cambió de postura y plantea que la Constitución y las leyes del Estado Libre Asociado de Puerto Rico no emanan del pueblo de Puerto Rico. […] El Estado Libre Asociado cree que la reciente interpretación del Procurador General de parte de los Estados Unidos de América está errada y no debe prevalecer en el Tribunal Supremo. No obstante, a la luz de la grave importancia de este asunto, por este medio cumplo mi deber con el pueblo de Puerto Rico y la comunidad internacional al informarle sobre este acontecimiento.

“Dans un texte officiel présenté à la cour suprême des États-Unis le 23 décembre 2015 […] le gouvernement des États-Unis a, de façon abrupte, modifié sa position en décidant que la constitution et les lois de “l'État libre associé” de Porto Rico n'émanaient pas du peuple de Porto Rico […] “l'Etat libre associé” estime que la récente interprétation du procureur général pour les Etats-Unis d'Amérique est erronée et ne doit pas prévaloir devant le tribunal suprême.Néanmoins étant donné l'importance majeure de ce sujet, je remplis mon devoir devant le peuple de Porto Rico et la communauté internationale en vous informant de ce développement.”

Cette histoire a éveillé beaucoup d'intérêt dans la sphère publique à Porto Rico, au point qu'elle sera probablement le thème majeur des campagnes politiques de cette année. Un article écrit en 2013 par le sociologue Emilio Pantojas García pour la revue 80 degrés, fait un résumé de l'histoire du statut politique de Porto Rico, il est devenu un des plus partagés de ces derniers jours.

Carlos Morell, un autre contributeurs de la revue 80 degrés, fait allusion à la prise de position du gouverneur dans un article où il exprime ses divergences personnelles :

“Dire que les États-Unis ont modifié leur position sur ce qui s'est passé en 1952, c'est balancer dans l'oubli plus de 50 ans d'histoire . Ce ne peut pas être réellement de l'amnésie car il est difficile de penser qu'un oubli de cette amplitude soit involontaire.”

Daniel Nina, dans un article écrit pour El Post Antillano  estime que ce qu'a dit le procureur général n'est pas réellement nouveau, mais ce qui est intéressant pour lui est de découvrir ce qui est en train de le dire aujourd'hui et maintenant :

C'est la première fois que dans une affaire portée devant le tribunal suprême fédéral, le gouvernement de ce pays, par la voix du pouvoir exécutif, fait ce type de proclamation. Néanmoins, c'est cohérent avec la trajectoire de notre pays depuis la déclaration de la Maison Blanche sur l'avenir de Porto Rico publiée en 2005, qui disait quelque chose de semblable. Il convient de préciser que sous le gouvernement de George W. Bush on a aussi dit la même chose il y a une décennie. Maintenant on le répète sous le gouvernement de Barack Obama. George W. Bush était  républicain, Obama est démocrate. Les deux présidents disent la même chose, c'est cela qui est nouveau.

Le tribunal suprême des États-Unis doit s'exprimer sur cette affaire en audience publique le 13 janvier.

Une danse traditionnelle pré-hispanique péruvienne inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité

samedi 9 janvier 2016 à 21:41
Wititi, la "danza del amor", Yanque, Valle del Colca, Arequipa, Perú. Imagen en Flickr del usuario Jorge Gobbi (CC BY 2.0).

Wititi, la “danse de l'amour”, Yanque, Valle del Colca, Arequipa, Perou. Photo sur Flickr de Jorge Gobbi (CC BY 2.0).

Le 2 décembre 2015, l’UNESCO a déclaré Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité la danse du wititi. Cette danse, interprétée par un personnage masculin appelé witite, est l’expression culturelle la plus caractéristique de la vallée du fleuve Colca, à Arequipa au Pérou.

Selon la légende qui raconte son origine, le wititi est une expression associée à la mémoire historique de la conquête inca :

Los collaguas, ancestros de la población actual del valle del Coica, intentaban evitar la conquista Inca y, dado que el soberano cusqueño quería casarse con la hija del gran curaca local, él y sus huestes se disfrazaron con trajes femeninos locales para acercarse a esta mujer de la nobleza. Siguiendo esta estratagema el Inca logró no sólo comprometerse con ella, sino obligar a la población a una alianza con los cusqueños, lo que los pobladores reconocen como una conquista pacífica.

Sería entonces rememorando la estratagema del inca que los varones usan una vestimenta especial, parcialmente femenina, conformada por dos polleras bordadas al estilo regional, y ligeramente levantadas por delante, como es usual en las mujeres de la región, sujetas con los alfileres andinos {tupus o kipkis).

Les colleguas, ancêtres de l’actuelle population de la vallée du Colca, essayaient d’éviter la conquête inca, et, comme  le souverain Cuzquénien désirait épouser la fille du grand chef local, ce dernier et ses troupes se déguisèrent avec des vêtements féminins locaux pour pouvoir s’approcher de cette femme appartenant à la noblesse. En suivant ce stratagème l’Inca ne réussit pas seulement à en faire sa promise, mais également à obliger la population à s’allier avec les Cuzquéniens, ce que les habitants reconnaissent comme une conquête pacifique.

On commémore depuis le stratagème de l’inca, consistant à ce que les hommes portent un vêtement spécial partiellement féminin, formé de deux jupes bordées au style régional et légèrement relevées devant, comme il est habituel chez les femmes de la région, attaché avec deux épingles andines (tupus ou kipkis), sera à partir d’alors commémoré.

Le site web au Pérou décrit le vêtement typique masculin du wititi :

los varones son la principal atracción, por la colorida vestimenta que traen consigo […].
Chumpe: es como una Especie de faja alrededor de la cintura, que servía antiguamente para asegurar las dos Llicllas. Eran tejidos con finos hilos de vicuña, y adornados con finas piedras preciosas.
Llucllas: Son mantas de carga. Eran tejidos con finos hilos de vicuña o alpaca , era para llevar las frutas usadas como proyectiles, pero que también eran para compartirlas durante la danza o la fiesta.
La Montera: Es un casco protector hecho anteriormente de Paja de Puna. Sirve para proteger los proyectiles lanzados por el contrincante con la honda. Es adornado con flecos coloridos y sujetadores llamadas ”Angoñas”, que eran tejidos con finos hilos de vicuña o alpaca.
Honda: Es el arma con el que se lanzan las frutas.

Les hommes sont la principale attraction, en raison des vêtements colorés qu’ils portent […]
Chumpe : c’est une espèce de gaine autour de la ceinture qui servait autrefois pour assurer les deux Llicllas. Ils étaient tissés avec des fils fins de  vigogne et décorés avec de fines pierres précieuses.
Llucllas : il s’agit de couvertures. Elles étaient tissées avec des fils fins de vigogne ou alpaga et servaient pour transporter les fruits servant de projectiles, mais également pour les partager pendant la danse ou la fête.
La Montera : il s’agit d’un casque protecteur fabriqué autrefois avec de la Paille de La Puna. Il sert à protéger les projectiles lancés par les adversaires avec la fronde. Il est garni de franges colorées et de fixations appelées « Angoña » qui étaient tissées avec des fils fins de vigogne ou alpaga.
La Honda : il s’agit de l’arme utilisée pour lancer les fruits.

Quelques chroniques signalent que le wititi était une danse à caractère compétitif, mais comme les danseurs souffraient de blessures à risque lors de son exécution, cette caractéristique fut éliminée.

Cette vidéo montre une version moderne du wititi :

Le travail préalable à la déclaration de patrimoine immatérielle a été élaboré par le Ministère de la Culture du Pérou ; l’élaboration du dossier a pris deux ans et a été présenté à l’Unesco en mars 2014 :

El comité evaluador tuvo palabras de elogio para el Estado peruano, felicitándolo “por haber preparado una candidatura que puede servir de modelo, con plena participación de todas las partes involucradas, teniendo como resultado un expediente exhaustivo y bien concebido”.

Le comité d’évaluation a eu des mots élogieux envers l’Etat péruvien, le félicitant « pour avoir préparé une candidature qui peut servir de modèle, avec une entière participation de toutes les parties impliquées, ayant comme résultat un dossier exhaustif et bien conçu »

Selon l’Unesco, le “Patrimoine culturel ne se limite pas aux monuments et collections d’objets, il comprend également des traditions et expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants » et son importance « […] ne repose pas sur la manifestation culturelle en soi, mais sur le patrimoine de connaissances et techniques qui se transmettent de génération en génération ».

La région d’où est typique cette danse et Twitter ont célébré la décision de l’Unesco :

 

La joie du wititi. Célébrations à Chivay en raison de la déclaration de Patrimoine.

Quelle est l’origine de la danse aréquipénienne du Wititi ? : Cette après-midi, des habitants représenteront aux…

Merci l'Unesco, notre danse du Wititi est déclarée Patrimoine Culturel de l'Humanité.

Le monde est une toile sur laquelle les artistes esquissent le changement

samedi 9 janvier 2016 à 21:20
Photo by Tobias Abel. CC BY-ND 2.0

Photo de Tobias Abel. CC BY-ND 2.0

L'art est un langage puissant qui transcende les pays et les cultures, au nom duquel les artistes du monde entier ont brandi pinceaux et appareils photos pour capturer les actes de solidarité, de protestation et de réflexion que la Terre a porté en 2015.

Les auteurs de Global Voices vous ont fait voyager en relatant ces histoires inspirantes de créativité. A l’aube de l’année 2016, revenons sur 16 d'entre elles.

1. Pérou

Une jeune péruvienne a fait sensation sur Internet grâce à ses reprises de tubes célèbres qu'elle interprète en langue quechua.

2. Egypte

Les Egyptiens s’en sont donnés à cœur joie en remixant l’ « hymne national » de l’Etat islamique en morceau dansant pour tourner en dérision le groupe terroriste.

3. Croatie

En Croatie, des activistes ont « rebaptisé » 150 plaques de rue en hommage à des femmes illustres de l’histoire, grâce à des feuilles A4 et A5, afin de rappeler que bien que le pays ait élu sa première femme présidente, beaucoup reste encore à faire en matière de droits des femmes.

Photo: a street sign renamed after Vesna Parun, a Croatian poet Credits: Marinella Matejcic

Une rue rebaptisée en hommage à Vesne Parun, une poète croate.
Crédits: Marinella Matejcic

4. Hong Kong

Les enveloppes du Nouvel An lunaire à Hong Kong ont revêtu les atours de la contestation sociale et politique. Une série d’enveloppes a affiché son soutien aux mouvements LGBT en se parant des couleurs de l’arc-en-ciel, tandis qu’une autre a rendu hommage avec des parapluies jaunes au mouvement de la « Révolution des Parapluies », dont les membres ont réclamé des mois durant auprès des gouvernements de Pékin et de Hong Kong le droit d'élire un dirigeant parmi des candidats désignés par les citoyens.

A set of yellow umbrella red envelopes distributed by Um dot dot dot.
Une série d'enveloppes rouges à parapluies jaunes distribuée par Um dot dot dot.

5. Brésil

Au Brésil, la broderie a permis aux femmes d’exprimer leur frustration face aux violences perpétrées par les entreprises du secteur de l’énergie cherchant à exploiter les ressources des communautés locales.

Art made by Brazilian cartoonist Vitor for the arpilleras project. Image: Arpilleras: Bordando a resistência/Facebook.

Dessin du caricaturiste brésilien Vitor Teixeira pour le projet Arpilleras. Image provenant de la page Facebook de Arpilleras: Bordando a resistência.

6. Yémen

La guerre au Yémen, qui a entraîné dans son sillon une catastrophe humanitaire, a également ravivé les tensions au sein de la population. Des artistes yéménites ont mis à profit leur talent pour créer des œuvres porteuses d’un message d’unité en ces temps difficiles.

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10153594935751509&set=a.10151232797531509.488025.667161508&type=1&theater

A Sanaa, une mosaïque murale recrée le drapeau du Yémen à partir de débris de verre provenant de maisons touchées par les raids aériens menés par l'Arabie Saoudite.

7. Gaza

Les Gazaouis pansent encore leurs plaies suite à l’offensive d’Israël de l’été 2014 qui a tué plus de 2.000 Palestiniens. L’artiste britannique Kerry Beall a décidé de peindre les portraits de ceux qui y ont perdu la vie.

Portraits of Gaza's victims by Kerry Beall

Portraits des victimes de Gaza réalisés par Kerry Beall

8. Mexique

Une fresque gigantesque s’étendant sur 200 maisons de la ville de Pachuca, Hidalgo, a permis de créer des emplois, de réduire la délinquance juvénile et d’instiller un sens de la communauté dans un quartier en proie à de nombreuses difficultés.

Las Palmitas and the “macro mural” in its final stage. Photo taken with permission from the Germen Crew collective's Facebook page.

Las Palmitas et le « macro mural » dans son ultime phase. Photo publiée sur la page FB du collectif Germen Crew, reproduite avec permission.

9. Amérique latine et Italie

Bien qu’un océan sépare l’Amérique latine de l’Europe, aux portes de laquelle affluent des vagues de réfugiés fuyant leur pays, une exposition en Italie présente le travail d’artistes latino-américains appelant à davantage de compassion pour les réfugiés et les immigrants.

Exposition of migrant art on immigration. Photo used with permission. Photo courtesy Progetto 7LUNE.

Exposition d’œuvres réalisées par des migrants sur l'immigration. Photo reproduite avec la permission du collectif Progetto 7LUNE.

10. Madagascar

Le film « Ady Gasy » (La débrouillardise malgache) documente l’ingéniosité déployée par les habitants de Madagascar confrontés à la pauvreté, à la famine et aux inondations lorsqu'ils transforment de vieux pneus en sandales et des boîtes de conserve vides en jouets.

11. Singapour

Derrière son objectif, le photographe Edwin Koo a capturé les scènes qui se jouent chaque jour dans le métro bondé de Singapour :

… les photos [du projet] Transit ne visent pas la satisfaction personnelle, elles ne sont pas malveillantes, et ne portent certainement pas d’accusation. Ensemble, elles esquissent le portrait de la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui.

Photo by Edwin Koo. Used with permission

Photo d'Edwin Koo. Reproduite avec sa permission

12. Bangladesh

Au Bangladesh, les extrémistes religieux nourrissent une haine mortelle à l’égard de ceux qu’ils qualifient d'athées. Quatre blogueurs laïcs et un éditeur ont été assassinés rien qu'en 2015. Bien que la liberté d’expression soit garantie par la constitution et que le Bangladesh soit un Etat laïque, le gouvernement a démontré son incapacité à mettre en place des mesures afin d’empêcher de telle attaques et à traduire en justice les meurtriers.

Face à ce phénomène funeste, les Bengali ont dédié les célébrations colorées de leur Nouvel An au combat contre le communautarisme et le fanatisme religieux, en adoptant un mot d'ordre : « Onek Alo Jaalte Hobe Moner Ondhokare » (Que brûlent les lumières dans la pénombre des cœurs).

La foule célébrant Pahela Baishakh, le premier jour du calendrier bengali, au cœur de la procession de Mangal Shobhajatra, organisée par la Faculté des Beaux Arts de l’Université de Dacca. Photo de Sourav Lasker. Copyright Demotix (14/4/2015)

13. Uruguay

Un photographe en Uruguay a axé son travail sur un phénomène que beaucoup préfèreraient oublier – les disparitions forcées sous la dictature. « Le souvenir peut être quelque chose de vital pour certains, tandis que d’autres ressentent le besoin de le renier. » a-t-il déclaré.

One of Miradas Ausentes pictures in Montevideo | Photo: Juan Urruzola/Reproduced with permission

Une des photographies du projet Miradas Ausentes à Montevideo. Photo de Juan Urruzola, reproduite avec sa permission.

14. Philippines

L’artiste philippin Federico Boyd Sulapas Dominguez a peint la lutte des peuples indigènes des Philippines contre les destructions occasionnées par l’exploitation minière, le développement agressif et la militarisation.

Aside from exposing the negative impact of militarization, the painting also shows how government laws unfairly discriminate against the Philippines' ethnic communities. Painting by Federico Boyd Sulapas Dominguez, reposted with permission

En plus d’exposer les impacts néfastes de la militarisation, cette peinture montre la discrimination injuste des communautés ethniques philippines par les lois étatiques. Peinture de Federico Boyd Sulapas Dominguez. Reproduite avec permission.

15. Malaisie

Le caricaturiste politique Zulkiflee Sm Anwar Ulhaque, plus connu sous le pseudonyme de Zunar en Malaisie, fait face à neuf chefs d’accusation de sédition. Malgré l’imminence et le sérieux de cette menace, il a promis de continuer à manier son crayon pour dénoncer la corruption du gouvernement, les violations des droits humains et les abus de pouvoir :

Talent is not a gift, but a responsibility. So I will use it as a tool to convey people’s voice through art and to push for total reform for a better Malaysia. I will not keep quiet. How can I be neutral, even my pen has a stand!

Le talent n’est pas un don, c’est une responsabilité. Je l’utiliserai donc pour faire entendre la voix des citoyens grâce à l’art et appeler à des réformes pour une meilleure Malaisie. Je ne me tairai pas. Comment puis-je être neutre, quand même mon stylo prend position !

From the Facebook page of Zunar Kartunis

Image tirée de la page Facebook de Zunar Kartunis

16. Hongrie

Les Hongrois, à l’aide de peinture et de Photoshop, ont imaginé d’hilarantes parodies des panneaux publicitaires xénophobes et anti-immigration installés par le gouvernement à travers le pays.

"If you come to bat country you have to abide by our laws!" - homage to Hunter S. Thompson and his novel Fear and Loathing in Las Vegas

Panneau d'origine : “Si tu viens en Hongrie, respecte nos lois !”
Corrigé en : “Si tu viens au pays des chauves-souris, respecte nos lois !” (hommage à Hunter S. Thompson et son livre “Las Vegas Parano”).

Les soins de santé garantis par la constitution du Venezuela ne s'étendent pas à la communauté indigène Warao

samedi 9 janvier 2016 à 21:08
Warao

Malgré leur continuelle présence dans la vie politique gouvernementale vénézuélienne, les communautés indigènes comme les Warao se trouvent dans une extrême pauvreté –très loin de toute possibilité d'accès aux droits fondamentaux, comme la santé publique. Photos de l'auteur.

La version originale de cet article est une étude de Minerva Vitti publiée par SIC magazine, Venezuela

« Les peuples indigènes ont droit à une protection sanitaire compréhensive qui prenne en considération leurs pratiques et cultures, » stipule le chapitre VIII de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela. « L'État devra reconnaître leur médecine traditionnelle et ses thérapies complémentaires, sous réserve des  principes bioéthiques.»

Ceci implique que les services de santé doivent être adaptés aux particularités culturelles et aux besoins de chaque peuple indigène. Ce n'est pas le seul endroit où cette promesse apparaît. Elle figure aussi sous d'autres formes dans le préambule de la constitution et la Loi Fondamentale des Peuples et Communautés Indigènes, ainsi que dans la convention 169 des Conventions de l'Organisation Mondiale du Travail sur les peuples Tribaux et Indigènes dans les Pays Indépendants, que le Venezuela a ratifiées en 2002.

Pourtant, le droit à la protection sanitaire des populations indigènes est en train d'être compromis par les autorités à la lumière des multiples défaillancess observés aux consultations dans les 345 communautés qui sont rattachées aux dispensaires du delta de l'Orénoque, situé dans la partie est du pays.

À l'intérieur de cette région se trouve San Francisco de Guayo, situé dans la municipalité de Antonio Díaz dans l'Etat de Delta Amacuro. C'est là que se trouve la deuxième plus grande communauté indigène du Venezuela, le peuple Warao, qui constitue 7% de la population native du pays, après les 58% du peuple Wayuu dans l'Etat de Zulia situé dans la partie ouest du Venezuela.

La crise des hôpitaux et des services de santé

Cette population d'approximativement 3.000 habitants est à la charge de l'hôpital rural de « Hermana Isabel López », où la crise de la protection sanitaire des communautés Indigènes n'est que trop évidente. Les générateurs électriques de l'hôpital sont tombés en panne il y a des mois et les demandes de réparation ne peuvent être satisfaites au Venezuela à cause de la crise des importations de types variés d'équipements électriques. En conséquence, cette zone est devenue dépendante du personnel sanitaire de la ville, qui ne fournit qu'un service très irrégulier.

Il y a 20 jours [avant le 5 janvier], un des habitants de cette zone a rapporté qu'ils ont passé 20 jours sans électricité. Les médecins doivent répondre aux urgences à la lumière des bougies, et nombre d'enfants sont morts en raison notamment du syndrome d'aspiration du méconium qui cause le décès des nouveau-nés suite à l'inhalation de leurs premières défécations pendant l'accouchement. D'autre part, plusieurs fois les lumières se sont éteintes à l'hôpital pendant des accouchements.

Ambulancia Hospital Isabel López_Minerva Vitti

Les limitations des ressources qui parviennent aux hôpitaux se sont traduits par la mort de plusieurs personnes parmi la population indigène Warao. Parmi ces ressources l'ambulance du fleuve Guayo, seul moyen pour transporter les cas urgents de l'Etat en ville pour traitement. Photo par l'auteur utilisée avec permission.

L'ambulance fluviale de l'hôpital est aussi endommagée. Une fois, un bébé de 6 mois souffrant de diarrhée sévère devait être transporté à l'hôpital de Tucupita, une traversée de 5 heures (cela s'explique par le manque de puissance des moteurs et la force du courant). Le  transfert était impossible et le médecin et la famille ont dû renoncer. Dans un autre cas, un garçon Waraoo diagnostiqué de tuberculose est mort, son transfert à Tucupita, la capitale de l'Etat, étant impossible.

L'hôpital Hermana Isabel López a lui aussi souffert de pénuries de fournitures médicales. Parmi celles nombreuses qui manquent, les Yelco pédiatriques, un type de cathéter qu'on introduit dans les tissus ou la veine pour prise de sang, injection de médicaments, ou drainage de liquides. Comme ersatz, les médecins doivent utiliser des Yelco pour adulte, ce qui leur induit une forte douleur, ou même des traumatismes histologiques. Cependant, il n'y a pas d'autre alternative dans les cas de déshydratation où les suites peuvent être fatales. Un autre produit médical rare: la crème sulfureuse, qui est important pour maîtriser la gale norvégienne – très commune dans cette région.

En plus de cela, le réfrigérateur de conservation des vaccins est tombé en panne en octobre 2014, et en conséquence les enfants ne sont plus vaccinés. D'après une habitante de San Francisco de Guayo :

Aquí ni siquiera donan medicinas, pero sí vienen a buscar su voto […]. Ni siquiera tenemos luz para conservar nuestra comida, pero estoy segura que habrá luz [durante] las elecciones y [no] después. La gobernadora prometió dar una ambulancia fluvial y un transporte para la comunidad y aún no ha llegado nada […] Si a nuestros mismos líderes indígenas no les duelen nuestros hermanos, qué van a sentir los demás hacia nosotros.

Ils ne donnent même pas des médicaments ici, mais ils viennent demander votre vote […]. Nous n'avons même pas l'électricité pour conserver notre nourriture, quoique je sois sûre que le courant viendra pour [pendant] les élections mais [non] après. La gouverneure a promis de nous donner une ambulance fluviale et des transports en commun mais rien n'est venu encore […] Si même nos propres chefs Indigènes ne se soucient pas de nos frères, est-ce que les autres vont s'occuper de nous?

La même situation se répète au Centre Sanitaire du Dr. Luis Gómez, situé dans la communauté Nabasanuka (aussi dans le Delta d'Amacuro ), où le manque de fournitures sanitaires et l'absence d'une ambulance fluviale a causé à l'augmentation des décès parmi les Warao. Le peu de médicaments qui s'y trouve à été apporté par les médecins ruraux et les internes qui ont oeuvré pour les obtenir a travers des dons. « S'ils n'étaient pas venus ici, il n'y aurait rien eu ici », a dit une des infirmières.

Selon le chef et représentant de la communauté, Conrado Moraleda, le dernier cas est celui d'une mère Indigène en grossesse avancée. Un transfert immédiat n'était pas possible, en l'absence de tout service ambulancier. Le résultat fut le décès de la mère et du bébé.  

Une menace éthnique

À long terme, la souffrance de ces communautés peut être considérée comme une grave mais silencieuse menace. L'absence de politiques publiques efficaces concernant la protection sanitaire met ces peuples et leur savoir ancestral en risque permanent de disparition. Et de la même façon, les limitations encourues par ces communautés sont aussi liées à d'autres problèmes ayant une source commune, créant une caractéristique partagée par les autres communautés Indigènes d'Amérique Latine.

La version originale de cet article est une étude de Minerva Vitti publiée par SIC magazine, Venezuela.