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Le blocage massif de certains services de Google dénoncé au Venezuela

jeudi 27 septembre 2018 à 16:29

Illustration de Eduardo Sanabria. Utilisation autorisée

Le 6 septembre et les jours qui ont suivi, divers internautes vénézuéliens ont indiqué qu’ils rencontraient des difficultés pour accéder à une série de services de Google, à travers CANTV, le fournisseur étatique qui dessert la majeure partie des internautes du pays. Ont été mentionnés, parmi les services affectés : Blogspot, Hangouts, Google Drive et les services d'images, dont les pièces jointes de Gmail.

Je crois que les petits copains de ABA de CANTV sont en train de bloquer l'accès à un CDN spécifique à Google. Je ne suis pas certain de l'ampleur de l’erreur/blocage mais elle est conséquente. Essai rapide : ouvrez Play Store et observez si les images des apps se téléchargent ou pas.

Devant le manque d'information officielle, les internautes ont commencé à spéculer sur les raisons pouvant être à l’origine de cette erreur, indiquant comme possible cause, un blocage délibéré par CANTV.

L'organisation Venezuela Inteligente a signalé qu'il y avait également des erreurs sur Facebook et Twitter et a indiqué que les caractéristiques de l'erreur étaient liées à la connexion aux plateformes de diffusion de contenu, mais qu’il était impossible de confirmer que le blocage soit intentionnel :

Nous continuons à vérifier les problèmes d'accès à diverses plateformes importantes par CANTV, la plupart des problèmes étant liés aux plateformes de CDN (qui partagent plus rapidement des archives communes). Jusqu'à maintenant, NOUS NE POUVONS PAS CONFIRMER qu'il s'agisse d'un blocage intentionnel.

Aussi, Fran Monroy, journaliste du secteur technologique, a déclaré que le problème était causé par un ensemble d'erreurs techniques :

D'après les explications du collègue @fmonroy, spécialiste en télécommunications, avec CANTV, DEUX problèmes se posent en ce moment au Venezuela.

Il convient de souligner que ces constantes erreurs ont été l´une des caractéristiques récurrentes des services internet de l'État. Non seulement pour la connexion à internet mais aussi par rapport au service d'énergie électrique.

Les attaques contre internet au Venezuela ne sont pas une nouveauté. En juin 2018, ont été bloqués, entre autres, le réseau de navigation anonyme Tor et certaines pages au contenu pornographique.

De plus, un compte-rendu récent, réalisé par Venezuela Inteligente, IPYS et OONI, a démontré que le blocage de sites web de médias au Venezuela est une pratique étendue et que l´État effectue un blocage via DNS et filtrage HTTP.

Lorsqu’un contenu est bloqué par DNS, les serveurs de noms de domaine (en anglais « domain name server ») ne répondent pas à la demande d’IP. Ces blocages inscrivent une adresse web concrète : il est donc impossible de mener à terme la demande d’IP. Le filtrage HTTP, quant à lui, empêche l’accès aux informations dont le code principal contient une syntaxe détectée comme invalide par le système.

Au cours des années précédentes, on dénonçait déjà le blocage d’accès au spectre radiophonique, mais des indices de contrôle plus corsés sont apparus plus récemment avec le blocage de médias indépendants ainsi que des arrestations de journalistes. Quelques jours avant ces dernières annonces de blocage en ligne, la presse internationale y compris, dénonçait déjà des attaques contre les médias internet indépendants.

Pendant ce temps, d’autres limitations liées à la crise économique et politique se sont également traduites par la réduction de certains espaces médiatiques et d’opinion. A cause du manque de ressources basiques comme le papier ou aux récentes mesures économiques (incluant, par exemple, l’augmentation du salaire minimum à 60 fois le précédent) plusieurs médias ont été dans l’obligation de fermer boutique.

Ainsi, le nombre de médias pouvant aller à l’encontre du gouvernement de Nicolás Maduro baisse de façon soutenue et de plus en plus vite.

Un compte-rendu établi en collaboration avec la personne qui écrit ce post, publié par l’organisation Derechos Digitales, a démontré combien la communication en ligne se détériorait au Venezuela. Le compte-rendu a également indiqué que la restriction à l’information et aux communications constatée dans le pays, ainsi que le manque de transparence quant à l’usage des données personnelles, constituaient une violation des droits de l’homme.

En Colombie, le processus de paix achoppe et les meurtres de militants sociaux se multiplient

mercredi 26 septembre 2018 à 21:35

Arrêt sur image de la vidéo “No están solos” (Vous n'êtes pas seuls) montrant les manifestations en défense des militants sociaux en Colombie. Vidéo et images partagées par by Contagio Radio, une radio locale indépendante de Colombie dédiée aux droits de l'homme.

La Colombie, l'un des pays les plus dangereux pour les militants des droits humains, a cru pouvoir mettre fin à 50 ans de conflit armé au moyen d'un processus de paix complexe qui a démarré en 2012. Alors que ce processus de paix chancelle, les activistes sociaux – leaders communautaires, défenseurs des droits à la terre, protecteurs des droits liés au genre et à la sexualité, enseignants, journalistes – sont ciblés et tués à une allure alarmante, et les chiffres continuent à grimper.

Le gouvernement du président récemment élu Ivan Duque tarde à réagir à ces meurtres et va jusqu'à nier le caractère systématique de la violence, ce qui rend difficile de suivre et surveiller ces affaires.

Dans un dossier du journal El Tiempo, une carte des assassinats fait apparaître des zones vulnérables où le conflit armé a été le plus actif. L'organisation non-gouvernementale Indepaz (“Institut pour la paix et le développement”) a compté, rien qu'en 2018, les assassinats d'au moins 124 activistes sociaux, et d'environ 300 d'entre eux depuis le début des accords de paix en 2012.

Pas de terre, pas de paix

Le conflit profondément enraciné des droits de la terre en Colombie découle de la répartition extrêmement inégalitaire de la terre. La violence persistante et évolutive est le résultat direct des complexités d'accords de paix mal appliqués conçus en partie pour protéger les droits fonciers.

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), la principale rébellion, ont accepté de démobiliser et de remettre leurs armes, mais cela a laissé un vide du pouvoir où certains membres qui ont quitté les FARC continuent activement la guérilla. D'aucuns peuvent être poussés par des motivations économiques, d'autres reculent devant les incertitudes de la ville civile. De fait, de nombreux ex-membres des FARC ont été ciblés et tués alors qu'ils essayaient de réintégrer la société. D'autres groupes armés clandestins, notamment les Autodéfenses unies de Colombie (AUC), tentent d'accroître leur contrôle de territoires dans les régions précédemment bastions du FARC. 

Des mouvements de la société civile ont la certitude que des entités corporatives peuvent être à l'origine des assassinats, et pas seulement des groupes armés clandestins. Les projets du président Duque de continuer à développer une économie extractive font que les militants sociaux craignent pour leur sécurité alors que des grosses sociétés multinationales s'intéressent de près à des terres disputées. 

En décembre 2017, des chefs locaux de Bajo Atrato, une région du le nord de la Colombie en proie à la violence, se sont rendus au Congrès les visages couverts de masques blancs après que deux de leurs dirigeants ont été tués en défendant leurs terres contre les investisseurs de plantations d'huile de palme et de bananes :

Somos familiares de líderes asesinados en la región y todos estamos amenazados de muerte por una estrategia determinada por empresarios que han sido señalados en diferentes instancias judiciales y por empresarios que han sido denunciados. ¿Hasta cuándo y cuántos más?

Nous sommes les familles des leaders assassinés dans la région, et sommes tous menacés de mort dans une stratégie mise au point par des entrepreneurs déjà inculpés dans différentes instances judiciaires et des entrepreneurs qui ont été dénoncés. Jusqu'à quand [ça va durer] et combien de plus [vont mourir] ?

“Tout ça se passe sous nos yeux…”

La Pulla, une chaîne YouTube spécialisée dans les opinions, a produit  “Je viens d'en entendre parler” (Me acabo de enterar) pour expliquer le contexte de ces meurtres avec une dose de son humour noir habituel. Les activistes sociaux assassinés y sont décrits comme des gens qui “réclamaient quelques petits trucs de base : une terre à cultiver, des écoles, des centres médicaux, de l'eau, des routes…Ah ! et la paix…”

Le présentateur de continuer : 

Estas personas son la piedra en el zapato para los intereses de los grupos armados, que son el control sobre el territorio, la minería ilegal y las rutas del narcotráfico.Y esto no tiene pocas consecuencias: cuando matan a un líder social están matando las posibilidades de cambio de una comunidad, porque los proyectos que dirigía quedan en el aire y a la gente le da miedo continuarlos. Muchas veces se van por miedo a que les pase lo mismo o porque ya están amenazados. El mensaje se entiende. Así eliminan cualquier oposición y todo sigue como estaba, los jodidos más jodidos y los señores de la guerra, dueños de todo. Esto pasa frente a nuestros ojos, mientras el gobierno nos lanza pañitos de agua tibia e incluso se atreve a sugerir que algunas de esas víctimas son criminales.

Ces personnes sont le caillou dans la chaussure des intérêts des groupes armés, que sont le contrôle sur le territoire, l'extraction minière illégale et les routes du narcotrafic. Et les conséquences ne sont pas minimes : quand ils tuent un leader social, ils tuent les possibilités de changement d'une communauté, parce que les projets que cette personne dirigeait restent lettre morte et les gens ont peur de les continuer. Souvent ils partent de peur de connaître le même sort, ou parce qu'ils sont déjà menacés. Le message est bien compris. Ainsi toute opposition est éliminée et tout reste inchangé, ceux qui sont foutus encore plus foutus, et les seigneurs de guerre propriétaires de tout. Tout ça se passe sous nos yeux, pendant que le gouvernement nous lance des torchons d'eau tiède et ose même suggérer que certaines de ces victimes sont des criminels.

Le père Alberto Franco, de la Commission œcuménique Justice et Paix (Comisión Intereclesial de Justicia y Paz), s'inquiète lui aussi de ces incertitudes, et dit que le président Duque

… representa al grupo que históricamente se ha opuesto al proceso de paz, a la restitución de las tierras […] a que la democracia colombiana se modernice.

…représente le groupe qui historiquement s'est opposé au processus de paix, à la restitution des terres et à la modernisation de la démocratie colombienne.

En juillet 2018, des milliers de Colombiens sont descendus dans les rues pour manifester leur solidarité avec les militants sociaux et les défenseurs des droits humains, reconnaissant la nécessité de protester bruyamment contre les assassinats extra-judiciaires.

La plupart de leurs activités, pétitions, documentaires, et informations peuvent être suivies avec les mots-clics #NosEstánMatando (#IlsNousTuent) et #NoEstánSolos (“VousNEtesPasSeul), en tête de tendance sur Twitter et dédiés à la dénonciation des meurtres et au récit des histoires des victimes pour garder en vie leur mémoire et leur travail difficile. 

Pékin accuse la police suédoise d'avoir humilié des touristes chinois, mais voici l'autre version des faits

mercredi 26 septembre 2018 à 15:17

Capture d'écran de l'altercation entre des touristes chinois et la police suédoise le 2 septembre 2018. Vidéo publiée par le média suédois Aftonbladet.

Le 14 septembre 2018, le ministère chinois des Affaires étrangères a diffusé un message d'alerte à l'intention des voyageurs chinois en visite en Suède, après avoir affirmé que trois touristes chinois auraient été brutalement maltraités par la police suédoise pendant leurs vacances à Stockholm.

Plusieurs médias chinois ont qualifié l'incident de « brutal », avec des détails-choc et des enregistrements vidéo montrant trois touristes chinois criant et appelant à l'aide à l'extérieur du Generator Hostel au cours d'un affrontement apparent avec la police suédoise.

Les faits rapportés par les médias chinois ont rapidement suscité un élan de nationalisme sur les médias sociaux chinois. Cependant, une vidéo diffusée le lendemain par le média suédois Aftonbladet révèle un déroulement différent des faits, laissant les spectateurs s'interroger sur la véracité de la débâcle.

La version chinoise

Selon un article publié par le Global Times, un média affilié au Parti communiste chinois, les trois membres de la famille Zeng sont arrivés à Stockholm le 2 septembre peu après minuit, plusieurs heures avant l'heure officielle de leur enregistrement, et ont demandé à se reposer dans le hall de l'hôtel. Le personnel se serait senti menacé par les exigences des Zeng, et a donc appelé la police, qui les a traînés de force hors de l'établissement.

Zeng fils a affirmé que son père aurait alors eu une crise cardiaque puis se serait évanoui alors qu'il se tenait devant l'hôtel, et que la police n'aurait rien fait pour lui venir en aide. Zeng fils a également déclaré au Global Times que les agents les auraient ensuite traînés dans des véhicules de police et auraient frappé ses parents. Au lieu de les conduire au poste de police, il a affirmé que les policiers les auraient « abandonnés dans un cimetière situé à au moins 30 kilomètre au sud de l'hôtel. »

La version suédoise

En réponse au message d'alerte diffusée par le gouvernement chinois, le procureur général suédois, Matt Ericsson, a déclaré [en] que les autorités ont enquêté sur les accusations portées par Zeng fils, suite à quoi la police a été disculpée de toute faute le 7 septembre.

Matt Ericsson a nié les accusations selon lesquelles la police suédoise aurait frappé les parents de Zeng. Il a cependant admis que les policiers ont bien fait entrer les Zeng dans un véhicule de police et les ont déposés à la station de métro Skogskyrkogården, près de la fameuse attraction touristique du cimetière-jardin, située à seulement huit kilomètres [se] au sud de l'hôtel. La police a expliqué qu'elle a pour habitude de déposer à cette station toutes personnes causant des troubles à l'ordre public dans la capitale en supposant qu'elles se débrouilleront.

Hu Shjin, le rédacteur en chef du Global Times, a admis [cn] que la famille Zeng a fait preuve d'un comportement « incivil », mais a également insisté sur le fait que la police suédoise n'aurait pas dû les relâcher près de la station de métro.

Le média suédois Aftonbladet a publié une vidéo de l'altercation et s'est entretenu avec le manager de l'hôtel, lequel a déclaré avoir fait appel aux agents de sécurité seulement à partir du moment où les exigences de Zeng sont apparues menaçantes :

We only know that we have done everything we could do for this guest, but at the same time we cannot accept that our staff are exposed to threats and that other guests will suffer from a threatening situation. [English translation of the interview via Guardian]

La seule chose que nous savons, c'est que nous avons fait tout notre possible pour ce client, mais en même temps nous ne pouvons pas accepter que notre personnel soient exposés à des menaces, et que nos hôtes en subissent les effets. [La traduction en anglais [en] sur laquelle se base cet article est extraite de The Guardian]

Un passant interrogé par Aftonbladet a dit que la famille Zeng faisait une scène et faisait semblant de s'effondrer au sol à l'approche de la police. Ce témoignage est étayé par la vidéo publiée par Aftonbladet.

Quand l'opinion publique se retourne contre le gouvernement chinois

Lorsque la vidéo de l'incident publiée par Aftonbladet s'est propagée sur les réseaux sociaux, l'opinion publique chinoise s'est mise à changer. Un utilisateur de Twitter a partagé la vidéo et a utilisé le terme « china » (signifiant « porcelaine » en anglais) pour tourner en dérision ce qu'il qualifie d’ « accident simulé » :

N'est-ce pas un cas typique d'accident simulé ? La porcelaine chinoise sort du pays, la porcelaine chinoise découvre le monde, la porcelaine chinoise fait trembler la police suédoise, la porcelaine chinoise s'exhibe au monde entier. Cela donne une image brillante de la Chine. Utilisons ce dicton chinois – repartage cette publication ou tu n'es pas chinois.

Voici une sélection de commentaires populaires publiés sur Weibo, le plus grand réseau social chinois, où les internautes ont fustigé à la fois gouvernement chinois et la famille Zeng :

外交部本来想借这事煽动民族情绪,给向来都不把大天朝放在眼里的瑞典政府压力,可这届网民的是非观太強,没被忽悠。煽自己脸了。

Le Ministère des Affaires étrangères a voulu profiter de l'incident pour agiter le sentiment nationaliste et exercer des pressions sur le gouvernement suédois. Mais les internautes savent distinguer le vrai du faux et cela leur est revenu comme une gifle.

深夜抵达斯德哥尔摩,却不预定酒店,妄图赖在酒店大堂里,横躺,睡觉,不被允许,就一哭二闹三上吊,碰瓷,这招很好用,但是,瑞典是法治社会,跑到瑞典去这么闹,瑞典警察才不惯着这些无赖呢。 外交部还为这种无赖站台,真是丢人现眼,那些对瑞典喊打喊杀,引导粉蛆,煽动民粹的官媒,要脸吗?

Ils sont arrivés à Stockholm tard le soir, sans réservation, et s'attendaient à pouvoir dormir dans le hall de l'hôtel. Après avoir essuyé un refus, ils se sont mis à crier, à pleurer, à s'effondrer et à simuler un accident. C'est une stratégie efficace [en Chine], mais qui ne fonctionne pas en Suède. La police suédoise ne s'intéresse pas à de tels vauriens. Le Ministère des affaires étrangères les a soutenus, c'est vraiment embarrassant. Quant aux porte-parles du Parti qui ne cessent d'attaquer la Suède, fomentent les sentiments nationalistes et incitent au populisme, se soucient-ils de leur réputation ?

Sur Twitter, des commentaires plus critiques sont apparus sur les motivations de la Chine à faire circuler cette version des faits :

Trois Chinois ont fait une scène en Suède et se sont embarquer [par la police]. De nombreux médias et patriotes chinois ont protesté et condamné cet acte. En revanche, lorsque Pékin a fait expulser des travailleurs ruraux [en] par moins huit degrés Celsius et que des adultes et enfants se sont alors retrouvés sans abri dans les rues, ces mêmes personnes ont gardé le silence et n'ont pas osé prononcer un seul mot. Tout cela me fait comprendre une chose : ceux qui s'indignent sans qu'il n'y ait besoin de courage et qui choisissent de se taire lorsqu'il en faut, ce ne sont pas des lâches mais des hypocrites.

Le conflit culturel entre la Suède et la Chine révèle des désaccords plus profonds

Le chroniqueur politique Joe Chung a dressé une liste de motifs [cn] expliquant pourquoi le ministère des Affaire étrangères chinois a pris la peine d'émettre un avis sur un incident pourtant si insignifiant :

一,是在瑞典公民桂民海被中國政府長期綁架一事上拒絕合作,到本年6月,更有37份包括瑞典大報的瑞典報章,發聲明敦促中國政府釋放桂民海,並指控中國政府嚴重違反人權。現在中國駐瑞典大使譴責瑞典當局違反該三名中國旅客的人權,就是想令外界,尤其是中國人相信,瑞典政府也違反人權,哪有資格向中國指手畫腳。
二,瑞典作為一蕞爾小國,竟敢於今年6月,將為中國政府蒐集瑞典流亡藏人信息的特務人員多傑嘉登(Dorjee Gyantsan),判監22個月。
三,容許達賴喇嘛於上週訪問瑞典。

1. La Suède a refusé de garder le silence sur l'enlèvement d'un de ses citoyens, Gui Minhai. En juin 2017, 37 journaux suédois ont cosigné une déclaration exhortant le gouvernement chinois à libérer Gui Minhai et critiquant le gouvernement chinois pour violation des droits de l'homme. Aujourd'hui, l'ambassade de Chine en Suède condamne les autorités suédoises pour avoir enfreint les droits de trois touristes chinois afin de faire croire au peuple chinois que la Suède n'est pas en position légitime de critiquer la Chine.

2. La Suède, petit pays [aux yeux de la Chine] a osé infliger en juin 2018 une peine de 22 mois d'emprisonnement [en] à Dorjee Gyantsan, un espion chinois responsable d'avoir récolté des informations sur les communautés tibétaines exilées.

3. La Suède a accepté la visite du Dalai Lama [en] (tibétain) dans le pays la semaine dernière (le Tibet et la Chine ont des conflits politiques de longue date).

Les médias chinois affiliés au Parti communiste n'ont pas présenté d'excuses pour avoir diffusé de fausses informations sur cet incident. Au lieu de cela, ils ont émis des critiques envers les internautes chinois pour avoir agi comme des « esclaves » [cn] de l'opinion occidentale et pour avoir choisi le mauvais camp [cn].

Dans un entretien accordé au journal Suédois Expressen le 17 septembre, l'ambassadeur chinois Gui Congyou a défendu les droits de la famille, affirmant que la police suédoise aurait menacé et humilié la famille Zeng.

La version chinoise [en] de l'entretien a été largement diffusée en ligne.

Marée politique aux Maldives : l'opposition remporte la présidence

mardi 25 septembre 2018 à 20:35
Contestants of the Maldives 2018 Presidential Election - Incumbent President Abdulla Yameen and Ibrahim Mohamed Solih.

Deux adversaires des élections présidentielles de 2018 aux Maldives : le président titulaire Abdulla Yameen (gauche), et le candidat de l'opposition Ibrahim Mohamed Solih (droite). Photographie de Wikimedia Commons, domaine public.

Les citoyens des Maldives, un archipel de l'Océan indien, se sont rendus aux urnes le dimanche 23 septembre 2018 à l'occasion des élections présidentielles dans un contexte politique troublé.

Le titulaire Abdulla Yameen Abdul Gayoom [fr], du Parti progressiste des Maldives [fr] (PPM), s'est présenté contre le candidat de l'opposition Ibrahim Mohamed Solih [fr], du Parti démocrate maldivien [fr] (MDP). Sous la présidence de M. Yameen l'archipel a subi une série de crises politiques qui a rendu les citoyens avides de changement.

M. Solih, lui, est député depuis 1994 et a joué un rôle instrumental dans l'établissement d'une démocratie multipartite aux Maldives en 2009.

D’après la BBC, a 2h du matin aux Maldives, M. Solih “a déclaré sa victoire sur le titulaire Abdulla Yameen, avec une marge de seize pour cent et quatre-vingt-douze pour cent des votes dépouillés” et a insisté pour une transition pacifique.

Une démocratie fragile

M. Yameen avait été élu en 2013 lors d'élections controversées à l'issue desquelles il avait battu l'ancien président Mohamed Nasheed [fr], du MDP, qui avait établi un systeme multipartite avec M. Solih.

En 2013, M. Nasheed et le MDP avaient revendiqué une avance claire dans des résultats pourtant farouchement contestés, mais les disputes avaient finalement conduit à l'annulation des élections. M. Yameen a remporté la seconde élection de peu et M. Nasheed dut s'exiler.

M. Yameen s'est rendu célèbre pendant son quinquennat pour l’emprisonnement ou l'exil forcé de nombre de ses rivaux politiques. Il a eu l'audace de verrouiller le parlement après un vote de défiance à son égard et a survécu plusieurs tentatives de destitution grâce à des mesures créatives comme la loi anti-défection, qui empêche les députés de changer de parti.

Son gouvernement a été accusé de réduire la dissidence au silence et de réprimer les médias, arrêtant et exilant des journalistes et fermant des journaux. Il a également retiré les Maldives du Commonwealth en 2016 après avoir été menacé de suspension à cause de son attitude vis-à-vis des droits humains.

En septembre 2016, Al Jazeera a publié un rapport d’enquête intitulé Stealing Paradise. Celui-ci a révélé que le président Yameen et ses associés ont détourné des millions de dollars, corrompu juges et hauts fonctionnaires, et œuvré pour se débarrasser des fonctionnaires qui se mettaient sur leur chemin.

Pourtant, il a échappé à un coup d'état judiciaire en février 2018, quand la Cour Suprême a annulé les condamnations de neuf dirigeants de l'opposition, dont M. Nasheed alors encore en exil. La Cour a fait marche arrière quand M. Yameen a déclaré l'état d'urgence et ordonné l'arrestation de deux juges.

En juin 2017, l'ancien président M. Nasheed a décidé d'abandonner la course à la présidence après que la Commission électorale a exclu tout candidat poursuivi en justice, conduisant ainsi la coalition de l'opposition de nominer M. Solih.

Un taux de participation sans précédent

La Commission électorale des Maldives s'est enorgueillie d'un “taux de participation extraordinaire” de la part de ses quelques 250.000 inscrits et a prolongé l'ouverture des bureaux de vote de trois heures, alors que les électeurs se plaignaient de longues files d'attente [div].

Voter est mon droit fondamental. J'ai voté.

Élections à l'ambassade des Maldives de Colombo.

Les sources officielles n'ont fait part ni de violences, ni de perturbations :

MPS est heureux de déclarer que les bureaux de vote pour les élections présidentielles de 2018 ont été officiellement fermés sans violence et avec des plaintes minimales de la part du public. Nous remercions les Maldiviens pour leur coopération et le service rendu à la nation.

Des élections libres et équitables ?

La veille, les contrôleurs électoraux internationaux qui ont été bannis des Maldives avaient exprimé leur inquiétude sur la tenue d'élections libres et équitables après une descente de police dans les locaux de campagne de l'opposition.

Seulement quelques heures avant le scrutin pour les élections présidentielles, la police maldivienne fait un raid sur les quartiers généraux de campagne du candidat commun de l'opposition M. Solih. C'est un développement inquiétant.

Des plaintes se font entendre quand les informations se mettent à parler d'”achat” de cartes nationales d'identité.

Ils montrent les visages de tous les présidents des Maldives, et regardez comment ils cachent celui du président Mohamed Nasheed.

Les dirigeants de l'opposition se sont eux aussi inquiétés d'avoir des élections libres et équitables. Dans un communiqué de presse récent, la Commission électorale a réfuté des affirmations de fraude électorale.

Une vote pour le changement

Les citoyens maldiviens impatients de constater un changement démocratique ont patienté dans de longues files d'attentes, parfois pendant huit heures, pour pouvoir voter.

23 sept 2018 : les gens attendent les résultats des élections à l'école Ameenihyyaa, à Malé.

J'ai l'impression que ces premiers résultats donnent le ton de ce que ressentent les gens aux Maldives. Si le dépouillement se poursuit sans interruption ni trucage, la coalition gagne de loin. Tout le monde en a assez de ce fou. Fini.

Les premiers résultats ont monté une avance claire pour le candidat de l'opposition M. Solih.

Après une longue journée de scrutin, les votes sont maintenant dépouillés à la main. D’après les chiffres provisoires (voir le lien), à 21h05 heure de Malé, le candidat de l'opposition M. Solih est en tête.

Les statistiques en direct du portail d'information maldivien Miharuu.com ont montré un taux de participation de 88% des 262.135 électeurs. Un autre site, mvdemocracy.com a continué de publier les résultats en continu.

Les Maldiviens qui réclament un nouveau départ, en particulier en ce qui concerne les mesures de protection de l'archipel de l'impact néfaste du changement climatique, garderont un œil attentif sur la transition de pouvoir.

Au Bangladesh, la mesure ‘zéro tolérance’ sur les drogues fait des dizaines de morts

mardi 25 septembre 2018 à 16:59

Ya ba – des pilules aux opiacés qui sont frauduleusement introduites au Bangladesh depuis le Myanmar voisin. Image du journaliste พีรพล อนุตรโสตถิ์ via Wikimedia Commons. CC: BY 4.0

Article d'origine publié le 26 mai 2018 – Tous les liens associés renvoient à des pages en anglais, sauf mention particulière.

Le Bangladesh fait face au problème de la drogue ya ba, qui se présente sous la forme de comprimés roses contenant un mélange de méthamphétamine et de caféine provenant clandestinement du Myanmar voisin. Mais déclarer une guerre à mort, est-ce la solution pour limiter l'augmentation de sa disponibilité et de son utilisation, notamment chez les jeunes?

Les craintes des organisations des Droits de l'Homme sont élevées suite à la mort de plus de 50 trafiquants présumés au Bangladesh durant ces derniers jours [communiqué initial datant du 26/05/2018] en résultat d'une campagne de “zéro tolérance” [bn] menée par la police, avec le soutien de la Première Ministre. Un certain nombre de perquisitions ont eu lieu dans tout le pays.

Certains citoyens ont bien accueilli ces mesures de répression. Md. Julkar Nain a ainsi publié un tweet élogieux de l'action de la Première Ministre Sheikh Hasina :

Je remercie la Première Ministre Sheikh Hasina pour avoir déclaré une guerre totale au commerce de la drogue et à tous ceux qui y sont associés. Le commerce de la drogue est un ennemi d’État et un frein au développement. La tolérance zéro est requise, il est nécessaire d'atteindre l'objectif.

Cependant, d'autres personnes comparent cette action à la guerre contre la drogue du Président philippin [fr] Rodrigo Duterte, qui a causé plus de 20 000 morts, en majorité arbitraires, durant les deux dernières années. Saikat Rushdie a tweeté :

Le Bangladesh suit-il les pas de Duterte en lançant des tueries arbitraires dans des fusillades anti-drogues de suspects sans jugement ?

D'après des responsables bangladais, un record de 40 millions de comprimés ya ba ont été saisis en 2017 alors qu'on estime à 250-300 millions le nombre de pilules sur le marché, comparé au 81 000 pilules ya ba saisies en 2010. Le nombre d'utilisateurs de cette drogue au Bangladesh a augmenté à plus de 7 millions [bn] et la plupart d'entre eux sont jeunes. Le Ya ba n'est pas une drogue bon marché, et de plus en plus d'utilisateurs deviennent impliqués dans des crimes violents pour assouvir leur addiction.

‘Ne MARCHONS pas sur le chemin des tueries ARBITRAIRES’

Nombreux sont ceux à avoir critiqué les tueries de personnes suspectées de commettre du trafic de drogues. L'avocat Ziaur Rahman a écrit sur Facebook :

Bangladesh kills 13 drug dealers in major crackdown May 20 – Let us not WALK the path of EXTRAJUDICIAL killings. Superbad for #Democracy. Improve the law and order system and plug the miscreants into the system. Let the system take care of them. #StopEXTRAJUDICIALKilling.

Le Bangladesh a tué 13 trafiquants de drogues durant la grande répression du 20 Mai – ne MARCHONS pas sur le chemin des tueries ARBITRAIRES. Néfaste pour la démocratie. Améliorez le système de l'ordre public et introduisez les mécréants dans le système. Laissons le système s'occuper d'eux.

Au Bangladesh, les “tueries arbitraires” ou les “tirs croisés” font référence aux personnes décédées de blessures par balle, souvent alors qu'elles sont sous la responsabilité des forces de l'ordre; la description habituelle est que la victime aurait été tuée dans des tirs croisés entre les criminels et la police.

D'après les statistiques publiées par l'organisation des Droits des l'Homme, Odhikar, (Attention, lien défectueux) 1758 personnes sont décédées dans des tueries arbitraires durant les dix dernières années. Cependant, la police nie de telles tueries délibérées.

L'action du Bataillon d'Action Rapide (RAB) a été reconnue comme limitant la criminalité, mais il est accusé de commettre des tueries arbitraires. Image de Nahid Sultan via Wikipedia. CC BY-SA 4.0

Dans le contexte de la guerre récente contre la drogue, Tasneem Khalil l'expert du terrorisme et journaliste exilé a reformulé l'expression de ‘tuerie arbitraire’ en ‘terrorisme sponsorisé par l'Etat’ :

Innocent jusqu'à preuve du contraire : telle est la maxime de la loi. Au Bangladesh, la police et le Bataillon d'Action Rapide (RAB) ont tué 37 personnes innocentes en seulement huit jours. Il s'agit d'un terrorisme sponsorisé par l’État.

Le journaliste Hasan Mamun a écrit [bn]:

আমরা তো চাইছিলাম, ভয়াবহ মাদক ব্যবসায় জড়িত উচ্চ পর্যায়ের লোকজন এবার ধরা পড়ুক — যেহেতু বলা হয়েছিল ‘জিরো টলারেন্স'। চুনোপুঁটিদের বিরুদ্ধে এসব ঘোষণা করা আর বাস্তবায়নের কোনো মানে আছে কি? এটা মানুষকে আশান্বিত করবে না; রাঘববোয়ালরাও ভীত হবে না এতে।

Nous souhaitions que les barons des cartels de drogue proches des hauts responsables au gouvernement soient arrêtés dans ce mouvement anti-drogue, vu qu'ils parlent de “tolérance zéro”. Mais le mouvement sera-t-il efficace en ciblant seulement le menu fretin ? Cela ne rassurera pas le peuple et les barons ne seront pas inquiétés.

‘La loi est aussi applicable à ceux qui sont au pouvoir, n'est-ce pas ?’

L'un des plus grands quotidiens du Bangladesh a publié [bn] une liste des principaux trafiquants de drogue présumés dans le pays, établie apparemment par le Département de contrôle de stupéfiants. Le nom d'un certain nombre de politiciens du parti au pouvoir y apparaît, dont un député.

Le ministre de l'Intérieur a prévenu les journalistes de ne l'accuser d'aucun crime sans fournir de preuve, mais l'apparition sur la liste de personnalités du parti au pouvoir conduit les Bangladais a remettre en question l'utilisation d'une force meurtrière sur des trafiquants de “bas niveau”.

Un jeune politicien, Zunaed Saki, [bn] a demandé que le parti au pouvoir se sépare des personnes citées sur la liste:

মাদক গুরুতর সমস্যা। সমাধানের প্রধান জায়গা হচ্ছে ক্ষমতার সাথে এর যোগসাজশ ছিন্ন করা। কিন্ত রাষ্ট্র যখন মানুষ মেরে ফেলাকে (ক্রসফায়ার) সমাধান হিসেবে হাজির করে, এর চাইতে ভয়াবহ প্রতারণা আর কি হতে পারে?

La drogue est un problème sérieux. Le meilleur moyen de régler le problème est d'arrêter les financements par les personnes puissantes. Mais quand l’État utilise la tuerie de personnes (dans des feux croisés) comme une solution, à quel point cela peut-il être trompeur ?

Le poète Ahmed Swapan Mahmud [bn] a lancé un appel à présenter les plus grands barons de la drogue devant la justice:

যারা ক্রসফায়ারড হইলেন তারা কে কত নম্বরে ছিলেন তালিকায়? জানি না।
যারা তালিকায় ১ থেকে ১১ নম্বরে আছেন তারা তো দেখছি ধরাছোঁয়ার বাইরে। কারণ কি?
আইন তো ক্ষমতার হাতে বন্দী, নাকি! গডফাদারদের বন্দী করেন।

Concernant ceux qui ont été tués dans des feux croisés, qui était à quel rang dans la liste publiée ? Je ne le sais pas. Mais je vois que les dix premiers nous sont inatteignables. Pourquoi ? La loi est applicable à ceux qui sont au pouvoir, n'est-ce pas ? Arrêtez donc les parrains de la drogue !

La plupart des communications sur les cas de “tirs croisés” ou de tueries arbitraires reprennent seulement les déclarations du gouvernement. Shafiqul Alam appellent les journalistes à être plus fidèles à leur métier et à poser les vraies questions avant de rédiger leur communiqué :

Crossfires are the worst human rights violation in Bangladesh and many other countries in the world. Yet many reporters here don't know how to report a crossfire killing. They just copy and paste an official press statement, describing a story (most often lies) just the way the authorities wanted to tell it.

Les tirs croisés sont les plus grandes violations des droits de l'homme commises au Bangladesh et dans de nombreux autres pays dans le monde. Et pourtant de nombreux journalistes ne savent pas comment communiquer sur un décès par tir croisé. Ils ne font que copier-coller un communiqué de presse officiel, rapportant l'événement (souvent des mensonges) exactement de la manière souhaitée par les autorités.

Le Ya ba est déjà une drogue interdite, mais le gouvernement devrait l'élever au statut de drogue de Catégorie A, une liste incluant l'héroïne, la cocaïne, la péthidine, la morphine et l'opium. Les crimes relatifs aux drogues de cette catégorie peuvent impliquer la peine capitale comme la peine maximale, et d'autres morts pourraient être causées à l'avenir dans cette guerre contre la drogue.