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Révélations sur les fortunes des hommes politiques serbes

jeudi 29 décembre 2016 à 12:42
Cover photo of KRIK's database with properties of Serbian politicians featuring Slavica Đukić-Dejanović, Milan Krkobabić, Aleksandar Vučić, and Ana Brnabić.

Photo de couverture de la base de données de KRIK, qui recense les propriétés des hommes politiques serbes. En vedette: Slavica Djukic-Dejanović, Milan Krkobabić, Aleksandar Vucić et Ana Brnabić.

KRIK, une association de journalistes qui enquête sur la criminalité et la corruption, a commencé mi-décembre à rendre publique sa base de données qui recense les propriétés des hommes politiques serbes. Les résultats de leurs investigations ont fait les gros titres de plusieurs journaux et suscité des débats houleux en ligne.

Cette base de données, intitulée “Imovina političara” [lien en serbe] (“Propriétés des hommes politiques”) fait des révélations sur les biens immobiliers d'hommes politiques de premier plan ainsi que de leur famille, et aussi sur leurs relations d'affaires et leurs démêlés avec la justice. L'objectif de ce projet, soutenu par la Fondation Open Society de Serbie, le Fonds national de soutien à la démocratie (NED) et les dons de ses lecteurs, est de “faire comprendre aux citoyens qui sont les gens qui dirigent leur pays”. (Ndlr: le Fonds Open Society est soutenu aussi [lien en anglais] par Global Voices). 

Les Serbes peuvent désormais lire que la famille du ministre des Finances Dušan Vujović [en serbe] possède plusieurs maisons et appartements en Serbie et aux Etats-Unis, ou encore que le gendre du ministre des Ressources naturelles et de l'Energie Aleksandar Antić [en serbe] a été reconnu coupable de production d'amphétamines dans la compagnie pharmaceutique dont il était copropriétaire avec la sœur du ministre.

KRIK a choisi de ne pas dévoiler en une fois tous les résultats de ses investigations, mais de publier quotidiennement les dossiers de quelques hommes politiques. Les principaux journaux comme Blic [en serbe] et Danas [en serbe], ont repris ces révélations en une.

Profili sadrže informacije o stanovima, kućama, automobilima i kompanijama aktuelnih ministara, kao i detalje o tome kako su ih stekli. Iz baze može da se sazna koji političari su učestvovali u divljoj gradnji i imaju nelegalizovane objekte. Tu su i podaci o podignutim kreditima, lizinzima, osobama sa kojima su sklapali poslovna partnerstva i prekršajima koje su počinili…

KRIK će bazu konstantno dopunjavati novim političarima i funkcionerima. Takođe će u već postojeće profile dodavati nove informacije.

Informacije u profilima zasnivaju se na zvaničnim dokumentima, a skeniranu dokumentaciju možete pogledati u svakom profilu.

Za procenu vrednosti nekretnina, KRIK je angažovao agenciju za promet nekretnina, koja je proračunavala tržišne vrednosti.

Chaque profil comporte des données sur les appartements, maisons, automobiles et sociétés des ministres en exercice, et explique comment ces biens sont arrivés en leur possession. La base de données contient des informations sur les propriétés des hommes politiques construites illégalement ou sans permis. Ainsi que des données sur les crédits, les biens en leasing ou les personnes avec qui ils ont conclu un partenariat et commis des infractions.

KRIK mettra régulièrement à jour sa base avec de nouveaux profils d'hommes politiques et d'officiels, et complétera les profils existants avec de nouvelles informations.

Les informations contenues dans ces profils proviennent de documents officiels dont on peut télécharger une copie numérisée sur son propre ordinateur.

Pour l'évaluation de l'immobilier, KRIK a engagé une agence spécialisée qui a calculé leur valeur réelle sur le marché.

Pour protéger la vie privée des hommes politiques, de leur famille et de leurs associés, les journalistes ont supprimé certaines données accessibles à partir des documents numérisés : données personnelles, numéros de maisons et d'appartements. Par contre, ils ont laissé visibles les noms des rues, pour que l'on puisse se faire une idée de la valeur d'une propriété à partir de sa localisation.

Ces investigations ont suscité de vifs débats sur la toile, principalement sous le hashtag #imovinapoliticara, qui signifie “propriétés des hommes politiques”. Les journalistes et les citoyens ont commenté ces révélations et leurs implications.

Le ministre de la Défense possède une mystérieuse compagnie offshore qui a signé un contrat avec un opérateur téléphonique.

Le ministre de la Défense a organisé la réception traditionnelle à la Maison des officiers des Forces armées de Serbie [en serbe], mais ne s'est pas montré à l'événement du mardi. Serait-ce à cause des #imovinapoliticara [propriétés des hommes politiques]?

Lien: Le ministre Đorđević reconnaît la possession d'une société offshore

Le ministre Antić, l'usine de production d'ecstasy de sa sœur et son gendre hors-la-loi…

Un utilisateur de Twitter a imaginé un jeu de mots faisant référence à l'organisation criminelle familiale Cosa Nostra (c'est-à-dire la mafia), à partir des premières lettres du nom de famille du ministre Krkobabić:

Les membres du clan Krkobabić gardent toutes leurs entreprises “à l'intérieur de la famille”.
Krka Nostra.

D'autres utilisateurs ont estimé que pour un journal, publier en une des journaux les informations de la base de KRIK équivalait à soutenir les auteurs de cette enquête. Ces dernières années, KRIK et ses partenaires faisaient l'objet d'une campagne presque continue de diffamation et d'intimidation orchestrée par les tabloïds pro-gouvernementaux :

Les journaux qui pompent les résultats de l'enquête KRIRK devraient leur reverser de l'argent.

Cinq faits qui détruisent l'Afghanistan, et les proverbes locaux qui les décrivent

mercredi 28 décembre 2016 à 19:24
Graffiti Art

“Les plaies du pays doivent guérir”, peinture murale dans une rue de Kaboul

La guerre occupe une place écrasante dans les articles de la presse internationale consacrés à l'Afghanistan : les dommages infligés par les frappes aériennes de la mission Resolute Support de l'OTAN, les atrocités perpétrées par les mouvements insurgés sur le terrain, les abus des troupes gouvernementales contre la population.

Mais même si la guerre s'arrêtait demain, la société afghane resterait déchirée. Voici cinq problèmes seulement dont l'impact sur le pays est patent, et qu'un bon vieux proverbe afghan aide à éclairer.

1. La fuite des capitaux

Dubai and Kabul

A gauche : les gratte-ciels de Dubaï. A droite : une mendiante afghane à Kaboul. Photo Najib Azad

Un dicton afghan est “manger le sel et briser la salière”. Le pays est notoirement un des plus corrompus du monde, mais n'agit pas assez pour enquêter sur les sorties de capitaux — dont la source est souvent les donateurs internationaux — vers des sociétés privées de Dubaï et d'autres pays du Moyen-Orient, possédées par des amis et parents des “lions” de l'Afghanistan, comme la classe politique aime à se qualifier.

Cette saignée coûte des milliards de dollars par an, et consolide l'état de corruption en assurant que les vieux politiciens, qui ont peu donné à leur pays ces derniers temps, développent leur richesse et leur influence. Apporter de l'argent en Afghanistan, que ce soit par l'aide ou l'investissement, est une chose. Empêcher qu'il en sorte est un tout autre défi.

2. Les insultes tribales

Tribal insults

Combat de perdrix dans un faubourg de Kaboul. Photo Najib Azad

Les insultes tribales ont des racines multiples, depuis le “diviser pour régner” du colonialisme britannique jusqu'aux guerres des dernières décennies le long des frontières ethniques. De nombreux purza goya (bavards) afghans de haut rang usent d'insultes tribales pour asservir et contrôler d'autres tribus. Il faudrait documenter systématiquement ces affronts comme des exemples de discours haineux souvent repris sur les médias sociaux.

Une quarantaine de tribus vivent en Afghanistan, chacune avec ses propres culture, langue et traditions. Les Afghans ont ce dicton, “d'une seule main ne vient aucun son”, signifiant que le développement et le progrès viennent de la coopération. Hélas, des personnages publics fanatiques discréditent de diverses manières les groupes autres que le leur. Les insultes peuvent être subtiles, insinuant par exemple que les Wardakis (habitants de la province de Maidan Wardak) et les Laghmanis (habitants de la province de Laghman) sont rusés et peu fiables, ou dans d'autres cas ouvertement discriminatoires, comme l'appellation de “nez plats” pour les Hazaragis (membres de la tribu Hazara).

Le but est toujours le même : empêcher l'émergence d'une identité nationale afghane et maintenir son pouvoir sur les autres fractions.

3. Regarder vers le passé au lieu de l'avenir

Ruined tank

Vestiges des héros nationaux afghans. Photo Najeeb Azad.

L'Afghanistan a de nombreux héros nationaux ; chaque tribu considère son chef comme tel, et ces héros nationaux sont en majorité apparus pendant les trente années de guerre civile.

Dans les bureaux des administrations publiques, on peut souvent voir le portrait du chef tribal du titulaire du service. Certaines de ces légendes locales n'en ont pas moins supervisé durant leur existence des massacres de catégories de citoyens afghans.

Une évaluation honnête et objective de l'histoire et de l'action de ces “lions” du passé est essentielle si l'Afghanistan veut avoir un avenir en tant que nation. Les jeunes Afghans utilisent un proverbe pour critiquer la vision enjolivée qu'ont leurs compatriotes plus âgés des héros du passé : “Les Afghans n'ont pas pas de bons vivants, ni de mauvais morts”. Un autre proverbe, plus ancien, dit la même chose : “La chèvre morte a des cornes en or”.

4. Une ligne dans le sable

Durand Line

La ligne de démarcation dans la Vallée du Dragon, Bamyan, Afghanistan

La ligne Durand qui trace la frontière entre Afghanistan et Pakistan a fait couler beaucoup de sang en Afghanistan car les groupes insurgés basés au Pakistan pénètrent dans leur voisin appauvri à travers une frontière poreuse. Les politiciens afghans se refusent à reconnaître cette démarcation comme la frontière officielle entre les deux pays, en arguant que le roi d'Afghanistan qui a signé l'accord sur la ligne Durand avec l'Inde colonisée l'a fait sous la pression britannique.

Il se peut, mais la non-reconnaissance par l'Afghanistan de cette ligne comme sa frontière perpétue les mauvaises relations avec son puissant voisin, en même temps que la ligne elle-même sépare les communautés pachtounes de part et d'autre, ce qui nourrit le ressentiment. Résoudre le dilemme Durand supposerait que l'Afghanistan cède des morceaux de son territoire au Pakistan, mais comme le veut le dicton, “arrêter ses pertes est un gain”.

5. L'endettement familial pour les mariages et le Hadj

Malnutrition infantile, Afghanistan. Photo Najeeb Azad.

“Etends tes jambes selon la longueur de ton tapis” est le proverbe afghan qui équivaut à “vis selon tes moyens”. Malheureusement, pour ce qui est des mariages rehaussant le statut social et du pèlerinage (le hadj), ce n'est pas la voie privilégiée par de nombreux Afghans.

Quotidiennement les Afghans meurent de faim, femmes et enfants meurent dans les accouchements, les adolescents partent sur de dangereuses routes clandestines pour chercher asile à l'étranger, et la jeunesse rejoint les groupes insurgés. Dans ce contexte, les énormes quantités d'argent dépensées pour le Hadj se rapprochent de celles qui quittent le pays en direction de Dubaï ; un autre sorte de Hadj pourrait consister à aider les familles démunies, les projets de santé, les jeunes entrepreneurs.

La plupart des ruraux pauvres du pays, pour des raisons financières ou bureaucratiques, ne feront jamais le voyage à la Mecque. Mais ils s'endetteront inévitablement pour des mariages imposants tandis que l’institution de la dot peut ruiner les familles qui ont plus de filles que de garçons. Mariages et autres événements familiaux offrent de belles distractions des duretés de la vie quotidienne, jusqu'au moment où tombe la facture. Cette propension à trop dépenser pour le plaisir momentané fait penser à cet autre célèbre proverbe : “La chèvre s'inquiète pour sa vie, le boucher s'inquiète pour la graisse”.

Lire aussi : Neuf raisons d'aimer l'Afghanistan

La guerre de Syrie, la mieux documentée de l'histoire, pourtant si mal connue

mardi 27 décembre 2016 à 22:36
Syria liveuamap of Aleppo depicting verified events on December 7, 2016, as Aleppo was falling. Liveuamap is an "opendata-driven media platform" that tracks events in conflict by time, location and type. http://syria.liveuamap.com/en/time/07.12.2016

Carte de Syria-liveuamap d'Alep montrant les événements vérifiés du 7 décembre 2016, lors de la chute d'Alep. Liveuamap est une “plate-forme médiatique basée sur l'open data” qui suit les faits de guerre par chronologie, localisation et catégorie. http://syria.liveuamap.com/en/time/07.12.2016

Listen to this story on PRI.org »

Nous suivons les tweets de Bana Alabed, 7 ans, et sa mère ; les ultimes messages de militants et de combattants dans l'attente de la reddition ou de la mort ; et cherchons à vérifier les attaques chimiques ou les récits contradictoires d'hôpitaux bombardés. Et dans le même temps, nous peinons à comprendre si cette information concorde avec notre vision existante du monde, ou la bouleverse.

La guerre civile syrienne est peut-être la guerre la plus documentée de tous les temps. Images, vidéos, blogs, tweets et fichiers audio ont été créés par millions sur cette guerre, sur la vie qui se poursuit en Syrie malgré la guerre, et la crise des réfugiés qui en découle. Ces objets de média — créés par les journalistes, citoyens, militants, protagonistes et victimes — sont le produit de notre bourgeonnante culture de médias participatifs, et de la superposition de documentation et de réflexion numériques indissociables d'une grande part de la vie moderne.

La Syrie d'avant la guerre possédait une technologie des communications raisonnablement robuste et en développement, avec l'accès aux réseaux de médias de masse, la télévision par satellites, internet et les data de mobiles. L'accès à ces technologies donnait aux Syriens les outils autant pour communiquer entre eux que pour se connecter au reste du monde. Il existe aujourd'hui suffisamment de restes de ces réseaux pour permettre aux gens dans les zones de guerre de continuer à transmettre de l'information. Malgré la guerre (ou peut-être à cause d'elle), les réseaux de médias citoyens syriens, avec un savoir-faire accru, sont un tuyau essentiel pour la documentation de la guerre.

Pourtant l'accès à de gigantesques archives d'information en ligne sur la guerre ne garantit pas que celle-ci soit organisée ou présentée conformément à nos attentes sur le reportage de guerre, pour la simple raison que l'information dans la guerre moderne ne se limite pas à rapporter les faits comme ils se déroulent. Au contraire, l'information fait partie de la bataille sur la perception de la guerre et de ses protagonistes. Ce qui, à son tour, modèle les opinions sur ce qui est juste et moral, sur qui mérite un soutien politique ou matériel, et qui sera ataqué.

L'information et sa manipulation sont un élément stratégique vital dans cette guerre, et le contrôle de l'information est devenu une arme. L’Armée électronique syrienne, une force para-étatique soutenant le régime Assad, a dans les premiers temps de la lutte ciblé les activistes avec des “attaques par déni de service” (en anglais, distributed denial-of-service, DDoS), des piratages et des logiciels malveillants. Parallèlement, tant le régime Assad que l'EI s'en prenaient aux journalistes pour les empêcher de travailler.

Le groupe Etat Islamique a réussi à changer le cours de la guerre par l'usage précis et pervers de la violence, notamment en documentant la décapitation de journalistes occidentaux et en faisant la promotion de ces vidéos sur les canaux médiatiques.

Le brouillard de la guerre n'est pas un fait en soit : ce sont les protagonistes qui y contribuent stratégiquement par leurs actes destinés à mystifier et tromper l'adversaire.

Contre les forces de la désinformation, trouver et construire des narrations cohérentes de la guerre est un immense défi. Nous connaissons désormais les principes et techniques pour organiser, prioriser et vérifier l'information sortant de Syrie. Nous savons identifier les faits et établir les preuves par une analyse attentive, et grâce aux méthodes de journalisme expert telles que la recherche inversée d'image, la géolocation et l'analyse de métadonnées. Nous pouvons construire et entretenir des relations de confiance avec amis, confrères et sources proches du conflit.

Nous pouvons apprendre en quantité sur cette guerre, mais la simple connaissance de faits est loin de pouvoir en changer le cours. Les faits démontrés n'influent pas nécessairement l'issue des événements. Telle est l'essence de la compréhension du pouvoir, c'en est aussi ses limites.

Cet article a été initialement publié par le partenaire de Global Voices, Public Radio International.

Des réseaux sociaux bloqués pour le 25e anniversaire de l'indépendance du Kazakhstan

mardi 27 décembre 2016 à 15:02
Source: Pixabay

Image : Pixabay

Le vendredi 16 décembre, le jour des 25 ans de l'indépendance du Kazakhstan vis-à-vis de l'Union soviétique, des militants de la société civile ont fait savoir que plusieurs plateformes de médias sociaux étaient bloquées dans le pays, parmi lesquelles Facebook, YouTube, Instagram et Google. L'agrégateur de news TJournal [lien en russe] a interrogé des habitants de quatre villes du Kazakhstan – Astana, Almaty, Karaganda et Atyraou – qui ont confirmé n'avoir pu accéder à la toile, sans aucun message au moment de la connexion avertissant que le site était bloqué. D'autres sites populaires comme Twitter et VKontakte sont, eux, restés accessibles toute la journée.

Au Kazakhstan, en l'honneur du 25e anniversaire de l'indépendance, @facebook, @YouTube et @instagram ont été bloqués. #indépendance #kazakhstan

Journée de l'Indépendance vis-à-vis des réseaux sociaux

Au secours ! Au Kazakhstan nous n'avons pas accès aux médias sociaux #test

Le ministère de l'Information du Kazakhstan a déclaré que les sites étaient hors service pour «raisons techniques» et a promis de rétablir l'accès au plus vite.

Pour autant, les militants ont remarqué une concomitance avec la diffusion en direct sur YouTube d'une interview du politicien de l'opposition Mikhtar Abliazov, ce qui laisse supposer que le blocage des réseaux sociaux avait pour but d'en limiter la propagation. Abliazov a été libéré le 9 décembre de sa prison de la banlieue parisienne, après le refus de la justice française de l'extrader en Russie, où il est recherché pour détournement de fonds. Il est aussi poursuivi au Kazakhstan et en Ukraine.

Dans le passé, cette journée de l'Indépendance a été assombrie par des violences: en 2011, une dizaine de manifestants ont été tués lors d'affrontements avec la police dans la ville de Janaozen.

Le gouvernement kazakh bloque occasionnellement les réseaux sociaux pour réprimer les manifestations et empêcher l'opposition de s'organiser. Le dernier incident a eu lieu en mai, quand l'accès aux réseaux sociaux a été fermé aussitôt après que l'opposition a appelé à une mobilisation nationale contre une réforme du code foncier kazakh.

Des étudiants russes inventent un langage de programmation parodique, le Yoptascript

lundi 26 décembre 2016 à 23:07
Источник: Yopta.script

Source: Yopta.script

Le 5 décembre, un groupe d'étudiants du Collège des technologies de l'information de Saint-Pétersbourg a lancé un langage de programmation parodique, créé à l'intention des étudiants en informatique venant de la rue et qui se débattent avec les langages informatiques traditionnels tels que JavaScript ou C++. Selon le site d'infos TJournal [en russe], Semion Grozman, Mikhaïl Belozerski et Georgui Mkhitarian ont eu l'idée d'inventer YoptaScript, un langage qui recourt à l'argot russe, après avoir découvert que beaucoup de leurs camarades ne maîtrisaient aucun langage de programmation au moment de passer le diplôme. Gozman a indiqué à TJournal que la plupart d'entre eux sont de purs « paysan », ou mômes de la rue, voire de vraies « racailles » pour certains, ou gopniks en russe [lien en français] dont la langue vernaculaire est célèbre pour sa grossièreté.


Le YoptaScript se traduit en JavaScript à l'aide d'un lexique spécial : les mots-clés, les méthodes et opérateurs de JavaScript sont remplacés par des termes issus du vocabulaire de ces gopniks — des termes souvent vulgaires, on s'en doute. Par exemple, en YoptaScript l'opérateur conditionnel «si… alors» est remplacé par la tournure idiomatique « вилкойвглаз… иливжопураз » qui décrit un choix difficile et se traduit par « fourchette dans l'oeil… ou dans le c…». Alors qu'en JavaScript les instructions sont séparées par un point-virgule, le YoptaScript utilise « н*х », un équivalent russe de « f*ck » que les gopniks russes sont réputés ajouter après chaque phrase.

Les inventeurs de YoptaScript soulignent que leur langage est compatible avec un grand nombre d'argots : par exemple, «==» (égal) peut être remplacé par ровно (exactement) ou однах**ня (« la même connerie »). Pour plus d'infos sur la langage YoptaScript, voir la la page du projet sur le service d'hébergement GitHub [en russe].

Les inventeurs de YoptaScript sont trois — Gozman, Belozerski et Mkhitarian — mais depuis que le projet a attiré l'attention de plusieurs médias internationaux, il réunit sept personnes. Yopta, exclamation obscène couramment employée par les gopniks, a rencontré un succès inattendu : d'après les données du 9 décembre, le site Yopta.Space a enregistré 120.000 visiteurs uniques.

Semion Gozman a déclaré ceci aux journalistes :

Основные сложности, которые возникли — это раздуть словарный запас наших «эллочек-людоедочек» до 600+ выражений. На этом мы недели две ломали головы, так как всю эту похабщину нужно было сделать чуть более логичной. Это правда было ужасно, потому что никто из нашей команды не переваривал столь крепкие выражения в повсеместном употреблении.

La principale difficulté que nous avons rencontrée a été d'étendre le bagage lexical de nos « Ellochka-la-cannibale » [personnage du célèbre roman des écrivains russes Ilf et Petrov dont le vocabulaire ne dépasse pas 30 mots] à 600 expressions et quelques. Nous nous sommes cassé la tête à ce sujet pendant deux semaines, car il fallait bien structurer un peu toutes ces obscénités. C'était l'horreur, parce que personne dans l'équipe n'aurait toléré des expressions aussi crues au quotidien.

Semion Gozman affirme que son équipe n'avait pas l'intention de ridiculiser qui que ce soit, et qu'il s'agit d'un projet à but strictement éducatif. Reste que son caractère parodique se ressent très nettement. Gozman semble doté d'un bon sens de l'humour : il se dit adepte du pastafarisme [parodie de religion dont la divinité est le « Monstre en spaghetti volant »], et d'autre part il apparaît sur presque toutes les photos de sa page du réseau social VKontakte coiffé d'une chapka à l'effigie de Peppa Pig [série d'animation télévisée britannique qui met en scène une famille de cochons dont la fille s'appelle Peppa].