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Les médias sociaux au Kenya et l’attaque du Westgate Mall

mardi 24 septembre 2013 à 13:31

Anahi Ayala Iacucci tient et met à jour sur son blog, Diary of a Crisis Mapper, une liste des sources de renseignement publiées sur les médias sociaux et des informations vérifiées concernant l’attaque terroriste du Westgate Mall à Nairobi. Elle a également créé un Google Doc pour rassembler des mises à jour et informations supplémentaires. Anahi Ayala Iacucci travaille sur les questions liées aux médias, aux crises et à la technologie. [liens en anglais]

Une nouvelle revue cubaine, publiée par des blogueurs

mardi 24 septembre 2013 à 12:32
Portada de Blogosfera Cuba

Couverture de Blogosfera Cuba

[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol.]

Plusieurs mois après la rencontre de blogueurs cubains, organisée au centre Martin Luther King, à La Havane, la revue Blogosfera Cuba commence à être distribuée via les réseaux sociaux. Cette initiative rassemble des billets de blogs, des résultats de recherches et des images pour les mettre à disposition de citoyens n’ayant pas accès à Internet ou ne connaissant pas les blogs présentés.

Les créateurs de Blogosfera Cuba décrivent le projet ainsi :

Une communauté participative et ouverte de blogueurs cubains qui partagent une même vision de leur pays. Nous sommes un espace de dialogue dans lequel nous reconnaissons faire partie d’un projet allant au-delà d’un groupe d’individus, tout en respectant les opinions de chacun.

Rafael González, blogueur et rédacteur pour Global Voices, explique dans l’article présentant l'initiative :

Lorsque l'idée de réaliser une revue avec des blogueurs, pour tous les lecteurs intéressés, en rassemblant des éléments de la blogosphère cubaine, est née, la tâche m’a paru improbable. Pourtant, au fil des réunions, le projet a pris forme et j’ai surmonté mes peurs.

Rafael González décrit le premier numéro, qui retrace, entre autres, la création de cette communauté :

 Les lecteurs peuvent découvrir un échantillon des textes sur la rencontre de juillet au centre Martin Luther King, où tout est né, une partie des billets les plus intéressants publiés au cours des dernières semaines sur les blogs, le résumé d’une thèse qui se penche sur les usages sociaux en réseaux via une étude sur 12 blogueurs et leur utilisation de cet outil de communication. Le tout accompagné de nombreuses photographies et de textes originaux qui vous plairont.

Ce numéro est consacré sur la rencontre d’utilisateurs de Twitter, organisée en juin 2011 à La Havane, l’initiative écologique Twittsaneo, la réunion de blogueurs cubains à l’Université de Matanzas en avril 2013, les excursions réalisées dans différentes régions du pays, par exemple au Pico Turquino, au nord-est, à Nicho dans la province de Cienfuego ou au marais de Zapata.

La création de la revue a favorisé le dialogue et la réflexion quant à l’utilisation que les citoyens font du Web. Selon un groupe de blogueurs :

Peu importe Twitter, Facebook ou les blogs, ce qui compte ce sont les murs, les parois depuis lesquelles nous crions ou susurrons certaines de nos vérités. L’important c’est de voir et de toucher ce prochain qui possède quelques idées folles que tu t’appropries.

Blogosfera Cuba explique qui peut entrer dans cette communauté :

Peuvent prendre part à notre communauté tous les blogs (et ceux qui les gèrent) qui de manière volontaire en font la demande et qui acceptent nos principes fondamentaux (…). Ils doivent être approuvés par la grande majorité de la communauté, après une procédure de consultation rassemblant tous les membres.

Vous pouvez télécharger une version de la revue.

En République Centrafricaine, “Nous espérons toujours vivre ensemble en paix”

lundi 23 septembre 2013 à 23:03
Rebels in the Central African Republic. CC License-BY-2.0

Rebelles en République Centrafricaine. CC License-BY-2.0

Alors que la guerre entre les rebelles de la Seleka et l'armée nationale de la République Centrafricaine continue à faire rage, la tension monte dans la petite ville de Bossangoa. Les habitants craignent des débordements en bataille rangée entre chrétiens et musulmans. Certains gardent cependant l'espoir d'un apaisement, comme l’iman de la mosquée principale :

C’est notre pays, nous sommes aussi natifs. Mais nos frères chrétiens nous prennent toujours pour des étrangers. Ils nous assimilent à leur malheur et nous ne comprenons pas. Nous demandons aussi la paix..

La crise humanitaire s'aggrave de jour en jour dans le pays. Hippolyte Donossio rapporte que 150 personnes ont été tuées et des milliers d'habitations incendiées par les rebelles durant le week-end.

@ReporteYa: le journalisme citoyen du #Venezuela

lundi 23 septembre 2013 à 20:35

ReporteYa

[Tous les liens dirigent vers des sites en espagnol]

“Reporte Ya” (“Raconte Maintenant”) est le nom de l'un des plus connus des réseaux vénézuéliens de journalisme citoyen. Avec  près de 65.000 personnes qui le suivent, @ReporteYa est en lien direct avec la presse écrite traditionnelle comme le journal  El Nacional. Il montre l'exemple d'une collaboration entre le journalisme professionnel et le journalisme citoyen et démontre une fois de plus la nécessaire coopération dans le domaine de l'information.

Cette semaine ils nous racontent comment la croissance de la technologie mobile a permis le développement de ce phénomène appelé “journalisme citoyen”.

El fácil acceso a las redes a través de los teléfonos inteligentes ha permitido que todos podamos ser portadores de noticias, sin la necesidad de ser licenciados en comunicación.

La facilité d'accès aux réseaux grâce aux smartphones nous a permis de transmettre l'information sans avoir étudié la communication à l'Université.

Reporte Ya

“Bienvenue à Reporte Ya, votre réseau de journalisme citoyen.”

L'année dernière ils  nous ont prouvé l'utilité de ce réseau de reporters lors d'événements spécifiques comme les élections. Pour proposer une alternative à la couverture médiatique traditionnelle, ils ont lancé sur Twitter une série de conseils pratiques sur le mode d'emploi de Twitter pour informer sur les élections.

Outre la collaboration pour une meilleure couverture des principaux événements programmés comme les élections, la collaboration citoyenne est primordiale pour avoir des informations de correspondants qui sont sur place pour raconter ce qui se passe en temps réel.

Muchas organizaciones aliadas nos envían informaciones de interés general pero son los ciudadanos comunes los que se convierten en reporteros estrellas al enviarnos la información al momento de producirse.

De nombreuses organisations partenaires nous envoient de l'information d'intérêt général, mais ce sont les citoyens ordinaires qui se transforment en journalistes stars quand ils nous envoient l'information au moment même où elle se passe.

Ce projet a débuté en octobre 2010 en collaboration avec la Fondation culturelle Miguel Otero Silva, comme le souligne Reportero24, “pour impliquer les communautés dans le processus de recherche de l'information et de sa diffusion.”

En 2011, Patricia Rodríguez, coordinatrice pour la Fondation et pour @ReporteYa, fait remarquer que l'éducation citoyenne est pour elle un des premiers objectifs:

“Parte de nuestra mirada estratégica incluye capacitar a todas las personas en el uso de las redes sociales, sin importar su edad, posición política o profesión. En muchos casos eso incluye acercarlos a un mundo muy técnico o lejano, pero que indiscutiblemente esta hecho para nosotros”.

“Une partie de notre stratégie vise à former chacun à l'utilisation des réseaux sociaux, quel que soit son âge, ses idées politiques ou sa profession. Dans bien des cas cela signifie amener les gens à un monde technique très éloigné du leur, mais qui sans aucun doute est fait pour nous.

En mai 2011, a été démarré le blog de cette plateforme avec un projet intitulé “Les réseaux sociaux en ligne”, ayant pour objectif l'utilisation de Twitter comme canal exceptionnel de communication à cause de son immédiateté à transmettre à un très large public des messages venant d'associations civiles, d'organisations non-gouvernementales, de responsables locaux et de communautés en général :

Nos hemos trazado la misión de formar a los nuevos Periodistas Ciudadanos a través de talleres de capacitación en los que explicamos los distintos elementos para el manejo del twitter, y presentamos cómo las noticias que se producen viajan a una velocidad indescriptible, dando origen una nueva narrativa comunicacional construida sobre los cimientos de sus tweets, mensajes directos, fotos y videos que se alzan en la red y que se multiplican y persisten gracias a nuestra plataforma @REPORTEYA y nuestro aliado El Nacional Web.

Nous avons mis en place une formation de journalistes citoyens grâce à des stages au cours desquels nous présentons les différentes étapes de gestion de Twitter et nous expliquons comment l'information produite est diffusée très rapidement. Ce processus a donné naissance à une nouvelle communication narrative qui s'appuie sur des tweets, des messages directs, des photos, des vidéos qui sont mis en ligne et se multiplient et perdurent grâce à notre plateforme @REPORTEYA et à notre partenaire El Nacional Web.

Selon les informations analysées grâce à Twtrland, un outil gratuit qui permet d'analyser le profil des utilisateurs de Twitter et d'extraire des données statistiques, 65% des premiers utilisateurs de ce réseau de journalisme citoyens sont des femmes. 83% des utilisateurs habitent au Vénézuela puisque, en priorité, ils rapportent des informations locales et hyperlocales, et ils twittent en moyenne 13 fois par jour. Bien qu'en réalité ce blog n'ait pas été mis à jour depuis le mois d'août, le nombre de personnes qui le suivent ne cesse d'augmenter.

Article by Paula Gonzalo originellement publié sur Periodismo Ciudadano.

Grèce : Un musicien anti-fasciste poignardé par un néo-nazi

lundi 23 septembre 2013 à 20:22

Le rappeur grec Pavlos Fyssas, alias Killah P. Photo via Greek Wikipedia

[Sauf mention contraire, les liens renvoient à des pages en anglais] Le rappeur anti-fasciste grec Pavlos Fyssas, aussi appelé Killah P., a été poignardé à mort mercredi 18 septembre 2013 par un néo-nazi sympathisant du parti Aube dorée, qui a avoué son crime après son arrestation le jour même.
Aux dires des témoins, au petit matin du 18, une bande d'une trentaine d'individus en T-shirts noirs et godillots militaires ont attaqué Fyssas, 34 ans, et sept de ses amis devant un bar à Amfiali, Keratsini, un quartier d'Athènes, où il regardait un match de football en compagnie de son amie.

Un homme, qui serait arrivé sur les lieux après avoir répondu à un appel téléphonique de quelqu'un de la bande, a poignardé à deux reprises Fyssas, le visant au coeur. Des témoins l'ont ensuite reconnu comme l'un des néo-nazis les plus notoires du Pirée. Fyssas a désigné son meurtrier [grec], et l'a peut-être identifié, avant d'expirer à l'hôpital quelques heures plus tard. Selon le père de la victime, les médecins sont d'avis (vidéo, grec) que les coups de poignard ont été portés de manière professionnelle. L'attaque a pu être une embuscade préméditée, vu l'opposition déclarée du musicien au parti Aube Dorée. Ce dernier a nié toute relation avec l'auteur du meurtre, malgré les preuves et témoignages du contraire.

Le journaliste Leonidas Saklabanis a twitté un témoignage direct :

Témoin (ami de Fyssas) : Ils l'ont poignardé deux fois parce qu'ils n'arrivaient pas à l'étendre au sol. Ils portaient des T-shirts noirs.

Le blogueur et usager de Twitter Monahus a souligné :

Selon le père de Fyssas, certains les ont entendu parler de membres d'Aube dorée et ont appelé les autres qui lui ont ensuite tendu l'embuscade.

Les témoins visuels ont aussi affirmé qu'ils avaient supplié des agents de police présents d'intervenir, qui avaient refusé parce que les attaquants étaient “trop nombreux”. Le journaliste grec vivant à Londres Yannis Baboulias précise :

Ça vaut la peine de mentionner que le meurtrier a finalement été arrêté par une policière, pendant que ses collègues restaient les bras ballants.

Le rédacteur en chef adjoint du quotidien grec en anglais Kathimerini English Edition (@ekathimerini) Nick Malkoutzis a commenté :

Sur le meurtre de l'antifasciste Pavlos Fyssas, le gouvernement doit aussi répondre à des questions sur l'apparente inaction des policiers qui ont assisté à l'agression #Grèce

Les médias généraux se sont d'abord raccrochés à la théorie de la querelle footbalistique, enlevant au meurtre toute préméditation et motivation politique :

Incroyable que la télévision SKAI présente le meurtre de l'antifasciste sous le titre “Il l'a tué pour une histoire de foot”. Honte absolue.

Le meurtrier reconnu a d'abord déclaré à la police qu'il était déjà présent au bar où la victime consommait avec ses amis, que ceux-ci l'avaient agressé lorsqu'il retournait à sa voiture, et qu'il avait poignardé la victime en état de légitime défense. Il a aussi nié faire partie d'Aube Dorée, prétendant une “vague” relation avec le parti néo-nazi.

Mais ses allégations étaient incohérentes et en contradiction avec la déclaration de sa femme à la police. Elle a indiqué que pendant le match, son mari était à la maison lorsqu'il a reçu un appel téléphonique d'un inconnu et est sorti précipitamment, puis a reconnu avoir reçu l'ordre par un coup de fil ultérieur de faire disparaître la “littérature politique” et autres preuves accusatrices :

Des sources policières disent à @jeansouliotis que le membre d'Aube Dorée qui a poignardé l'antifasciste Pavlos Fyssas a dit à la femme de jeter sa carte du parti

Un taser et des matraques trouvées dans l'appartement du meurtrier qui a demandé à sa femme de faire disparaître tout objet en rapport avec Aube Dorée

D'après un ami du meurtrier [grec], non seulement il était un sympathisant d'Aube Dorée, mais il travaillait aussi, avec des membres de sa famille, dans les bureaux du parti. La police enquête sur lui pour l'exécution d'actes de violence pour le compte du parti, comme le passage à tabac de migrants aux alentours du Pirée. Sa femme et un de ses amis, travaillant aussi pour Aube Dorée, ont été arrêtés tous deux pour faux témoignage et tentative de destruction de preuves dans l'appartement du prévenu.

Apostolis Kaparoudakis, co-fondateur de la web-radio indépendante radiobubblea cité un article de presse :

TVXS : “Le meurtrier était payé par Aube Dorée pour tabasser les migrants” http://bit.ly/18y8zm1 #rbnews #massmedia #KillahP

et le blogueur alepouda ajoute :

D'après le porte-parole de la police, l'auteur du crime se rendait au siège local d'A.D. 5 à 6 fois par semaine. #KillahP

A côté des témoignages, il y a plusieurs photos et vidéos d'Aube Dorée sur YouTube, où l'on peut voir le meurtrier participer aux événements ou sorties du parti, comme les tristement célèbres distributions de nourriture et de vêtements réservées aux Grecs.

Pavlos Fyssas, la victime, était un artiste underground de hip-hop connu et aimé, dont les chansons et actions traduisaient l'esprit anti-fasciste et anti-raciste indépendant :

Témoin : “Ni moi, ni Pavlos n'appartenons à aucun parti. Ils cherchent des victimes”.

The Editors’ Newspaper [grec] atteste :

Killah P, [voulait dire] “Killer [qui tue] du passé”. [..] [Pavlos] sortait d'une famille ouvrière, était un anti-fasciste déclaré, aimé de son entourage et connu sur la scène grecque du hip hop. [..] ”Bien sûr qu'il était un anti-fasciste actif. Il suffit d'écouter ses textes,” a expliqué un voisin. La mère d'un de ses amis proches a confirmé qu'il “n'était membre d'aucun parti, mais il était politiquement actif à sa façon. N'en doutez pas une seconde : c'est un meurtre à motivation politique.” “Il se battait toujours pour ses convictions,” a dit un commerçant, près de la scène du meurtre.

La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre sur Twitter, quand les internautes furieux se sont mis à twitter et poster sur le meurtre, pointant la responsabilité morale d'Aube Dorée :

Comment se fait-il que [l'attaché de presse d'Aube Dorée] Kasidiaris soit sur toutes les télévisions à commenter et n'ait pas encore été arrêté pour complicité ? #animaux

De nombreux utilisateurs de Twitter se sont attachés à rappeler que les migrants étaient les premières victimes d'Aube Dorée. Vasilis Papageorgiou a écrit :

Il n'était pas le premier à être tué. A moins qu'on considère les migrants assassinés par Aube Dorée comme des non-humains.

Dans cet ordre d'idées, le blogueur Anthony Verias donne un lien vers une carte des attaques racistes en Grèce : 

Carte des attaques racistes qui ont eu lieu en Grèce http://map.crisis-scape.net/

Le site alternatif d'information basé à Thessalonique Alterthess a rappelé les avertissements lancés en vain par des médecins, sur des attaques contre les migrants :

Un neuro-chirurgien de l'hôpital Nikaia : 3 ans déjà que nous gueulons à propos de dizaines d'attaques racistes http://dlvr.it/3zxDsF [el]

Amnesty International a condamné le meurtre du militant anti-fasciste, et exhorté le gouvernement grec à empêcher de nouvelles violences extrémistes à visée politique :

Cette montée de xénophobie, d'intolérance et d'attaques à motivation politique en Grèce est proprement glaçante. Les autorités doivent agir maintenant pour empêcher ces violences de s'étendre avant qu'elles deviennent incontrôlables

L'éditeur et auteur pour Global Voices Asteris Masouras a créé un storify sur le sujet, et contribué à cet article.

Ci-après, une des chansons de Killah P avec sous-titres en anglais, un remix hip hop d'une chanson célèbre du groupe grec de rock, devenu un chant de ralliement anti-fasciste contre la peur, étrangement en accord avec son combat et son destin.