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Togo: Répression sanglante d'une manifestation de journalistes

lundi 1 avril 2013 à 22:16

Le 14 mars, les forces de l’ordre ont violemment dispersé à Lomé un sit-in des journalistes du secteur privé qui entendaient protester contre les nouvelles dispositions de la loi organique de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC). Elles ont utilisé des matraques, des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc. La manifestation avait été organisée par 7 associations professionnelles. Des journalistes ont été blessés, notamment Younglove Egbéboua Amavi, secrétaire général du Syndicat des agents de l’information, techniciens et journalistes des organes publics ( SAINTJOP).

amavi
 Younglove Agbéboua Amavi, Secrétaire général du SAINJOP après sa blessure par les forces de l’ordre. Photo afreepress.info avec permission

Le site 27avril.com publie un billet racontant les faits :

 Le journaliste Younglove Egbéboua Amavi, secrétaire général du Syndicat des agents de l’information, techniciens et journalistes des organes publics ( SAINTJOP ), a été gravement blessé au visage par une balle en caoutchouc lors d’un sit-in des journalistes, jeudi à Lomé, a constaté APA sur place. Il a été admis en urgence au centre hospitalier universitaire de Lomé Tokoin où selon les médecins, le journaliste souffre d’une fracture de la mandibule avec une lésion des dents.. La manifestation a été violemment réprimée par des forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques pour disperser les journalistes.

Si le cas de Younglove Egbéboua Amavi est le plus grave, d'autres journalistes aussi ont subi des désagréments et des contusions. En particulier, le site du Comité pour la protection des journalistes, cpj.org fait savoir que:

Yolande Lovi, reporter du groupe privé RTDS, est tombée en syncope sous l'effet des grenades lacrymogènes tirés par des policiers, selon un communiqué rendu public par les groupes de défense de la liberté de la presse. Le communiqué indique que d'autres journalistes qui ont tenté d'aider M. Lovi ont également été agressés.

Dans un communiqué de presse, que le blog republicoftogo.com a publié, le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile donne sa version  :

Toutes les injonctions régulièrement faites par les forces de l’ordre sont restées vaines. C’est alors qu’ayant procédé aux sommations, le commandant de la troupe a décidé de faire usage de la force pour évacuer les lieux

Une grenade lacrymogène a malheureusement atteint au visage M. Younglove Egbéboua Amavi qui a aussitôt été évacué au pavillon militaire du CHU Sylvanus Olympio. Ces jours ne sont toutefois pas en danger. On déplore de part et d’autres des blessés au moment de la dispersion des manifestants par les forces de sécurité.

Cette version des faits est vivement contestée par de nombreuses sources. Sur le site togocity.com, Nima Zara écrit :

Tollé général dans la famille des journalistes. Où le Colonel Yark a-t-il vu des gens emmener le confrère Amavi au pavillon militaire ? A-t-il imaginé ou l’a-t-on trompé ? Le mensonge est si gros qu’il fait pousser un gros cri de consternation, de stupéfaction et de révolte. Tous les témoins, manifestants et curieux qui avaient assisté à la course-poursuite, savent que ce sont les confrères Francis Galley, Junior Amenunya et Ferdinand Ayité qui se sont pliés à quatre pour conduire M. Amavi dans un centre privé puis au CHU Sylvanus Olympio.

Faisant allusion aux méthodes répressives que le feu Président Gnassingbé Eyadèma avait appliquées et que le fils Faure Gnassingbé, qui a hérité de la présidence, continue à utiliser, elle ajoute :

De Gnassingbé Eyadèma à Faure Gnassingbé, les méthodes ne changent pas. Le mensonge grotesque et impudique continue d’être servi aux populations dans des situations où même les individus les plus fêlés vont reconnaître le flou, le faux et l’intox. Même dans l’erreur, on refuse de reconnaître la faute et de faire profil bas. On doit avoir toujours raison comme si de Gnassingbé Eyadèma à Faure Gnassingbé, ce sont des irréprochables et des dieux humanisés qui gouvernaient le pays. Le mensonge flagrant du jeudi dernier est la dernière preuve en date, s’il faut se garder de parler des enquêtes sur les incendies des marchés. Machiavel, Néron, Hérode et Pilate tous ensemble !

Les organisations professionnelles de l'information avaient pourtant diffusé un programme graduel de manifestations avant de recourir au sit-it. Reporters sans frontières le présente ainsi sur son site:

Le mardi 12 mars 2013, à l’appel de huit organisations de professionnels des médias, les médias audiovisuels, la presse écrite et la presse en ligne observeront une “journée sans presse”. Le lendemain, une manifestation rassemblera les opposants à cette loi, qui, pour l’occasion, porteront du rouge. Enfin, le jeudi 14 mars, un sit-in sera organisé devant le Palais de la Présidence de la République.

Le 18 février dernier, Reporters sans frontières s’est adressée au Premier ministre togolais, monsieur Ahoomey-Zunu, pour demander le retrait du projet de loi.

Le blog dutogo.com rapporte les propos de Mohamed Keita, coordonnateur  pour l’Afrique au Comité pour la protection des journalistes, donnant des précisions sur les modifications de la loi sur la presse:

 Conformément aux nouveaux amendements, la HAAC peut maintenant retirer les licences d’exploitation des médias togolais sans procédure judiciaire, ont rapporté des médias. La HAAC est composée de neuf membres, dont quatre sont nommés directement par le président de la République et les cinq autres par le Parlement qui est contrôlé par la majorité présidentielle, ont déclaré au CPJ des journalistes locaux.

Pourtant, quelques jours à peine après ces graves évènements, Olivier A. dans un billet publié sur afreepress.info révèle que la Cour constitutionnelle a donné un avis défavorable sur certaines modifications de la loi:

 …. Les articles 58, 60, cinquième et sixième tirets, 62, dernier tiret,63, troisième et quatrième tirets, 64 et 67 de la loi organique adoptée le 19 février 2013, portant modification de la loi organique n° 2009-029 du 22 décembre 2009 relative à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, ne sont pas conformes à la Constitution.

Le portail de radiogameli.com signale que le Conseil national des Patrons de Presse (CONAPP) et l’Union des  Journalistes indépendants du Togo (UJIT) qui ne faisaient pas partie des organisations professionnelles qui avaient organisé la manifestation:

 Par une démarche menée envers la  Fédération internationale des Journalistes (FIJ), l’UJIT indique pour sa part, avoir à travers une requête sollicité une « assistance financière directe au confrère en difficulté ». « La procédure suit son cours  normal et la FIJ en mesure la réelle portée au regard des échanges entre l’UJIT et cette structure internationale dont elle est l’affiliée au  Togo », stipule le communiqué.

Selon Ferdinand Ayité, président de SOS Journaliste en danger, que Olivier A. cite dans un billet publié sur afreepress.info, l'état de santé de Youngolove Agbéboua Amavi est plus grave que prévu et le montant des frais médicaux ne devraient pas être inférieurs à CFA 650 000, soit €991. Cette association multiplie les initiatives et fait appel à tous ceux qui sont soucieux de la liberté de presse dans le pays pour venir en aide à M. Amavi pour faire face aux frais médicaux.

Gambie : ‘Voir grand’ est la devise d'un enseignant qui a ouvert une académie en ligne

lundi 1 avril 2013 à 17:13

Ousman Faal, un jeune enseignant et informaticien professionnel de la Gambie, a troqué sa salle de classe pour un blog.

Ousman Faal est l'homme derrière l’Académie Faal, un site qui propose des vidéos conférences, des présentations, et des conseils sur différents programmes informatiques. Vous ne savez pas comment  créer un certain effet dans Adobe Photoshop ? Besoin d'aide pour un bulletin d'information dans Microsoft Word ? Ousman Faal peut vous montrer comment procéder.

Après avoir passé l'essentiel de sa carrière en salle de classe, Ousman Faal consacre maintenant la plus grande partie de son temps à l'enseignement en ligne. Global Voices a récemment contacté Faal pour lui poser des questions à propos de son “déménagement” en ligne.

Demba Kandeh (DK): Qu'est-ce qui vous a motivé à bloguer?

Ousman  Faal at work. Photo courtesy of Demba Kandeh.

Ousman Faal au travail. Photo de l'auteur Demba Kandeh.

Ousman Faal (OF): J'ai été professeur des technologies de l'information (TI) dans des formations pour le renforcement des capacités avec des organisations non gouvernementales depuis plusieurs années dans ma carrière en tant qu'enseignant. J'ai également formé un groupe de jeunes appelé Communauté des Technologies de l'information et de la communication (TIC). Et j'ai beaucoup de plates-formes Google en ligne et des sites pour bloguer: WordPress, Blogger et Webs. J'ai de l'expérience dans la création de cours  interactifs en vidéo et ceci m'a motivé considérablement pour bloguer.

DK : Depuis combien de temps bloguez-vous ?

OF : Eh bien, je blogue depuis un an maintenant et je trouve cela étonnant parce que c'est une autre façon de m'exprimer et de mettre mes contenus en ligne et de les partager. J'ai commencé avec Blogger de Google et Google Sites, puis rapidement je suis passé au CMS (Content Management System) de WordPress que je trouve très interactif et convivial.

DK:Comment le blogging a-t-il changé votre vie ?

OF : Bloguer m'aide à m'exprimer et a rendu possible que plus de personnes découvrent mes talents. Je contribue, donc, en quelque sorte, à aider plus de gens maintenant que jamais auparavant. Et cela me rend heureux en tant que blogueur.

DK: Qu'est-ce que vous espérez atteindre en bloguant ?

OF: Je vois grand”. J'espère que bloguer va changer beaucoup de choses dans ma carrière en tant que praticien des TIC.

DK: La vie d'un professeur virtuel est-elle  différente de la vie d'un professeur en classe ?

OF: J'ai toujours envie de montrer à mes élèves que je suis toujours disponible pour eux, car parfois lorsque vous enseignez, les élèves pourraient ne pas réellement obtenir l'image exacte de ce que vous tentez d'expliquer, peut-être à cause de la distraction, mais je crois que, avec un blog plein de contenus interactifs, ils peuvent toujours le voir facilement et mieux comprendre. C'est une grande source de satisfaction.

Ci-dessous une vidéo sur YouTube de l'un de ses tutoriels :

DK : Quelles sont vos réussites ?

OF: Après six ans dans le domaine des TI et de recherches sur les technologies de l'information, j'ai vraiment réalisé moi-même que je suis sur la voie d'une carrière couronnée de succès. J'ai réussi à former de nombreux professionnels dans un court laps de temps et c'est quelque chose qu'il faut célébrer. Internet, ma deuxième maison, a offert à mes élèves un point de référence permanent pour les contenus interactifs.

La gestion réussie des sites suivants est également une fierté pour moi :  ICT GambiaOusFaalJollof TutorsOusman Lectures et mon canal sur  YouTube

DK: Quels sont les défis auxquels vous faites face ?

OF: Je ne me soucie pas tellement des défis. En Afrique, en général en Gambie, en particulier, les défis sont communs et ils vont des connexions lentes à Internet, mais coûteuses, à des coupures de courant erratiques. Pourtant, je me réjouis des plus grandes opportunités stimulantes de l'avenir parce que je crois que l'avenir est plus prometteur en ce qui concerne les technologies.

DK: Quels sont vos projets pour l'avenir ?

OF: J'ai beaucoup de choses en tête parce que je “vois grand” tous les jours. J'aimerais avoir mon propre réseau social à l'avenir qui sera basé sur une technologie avancée réelle. Réaliser un média social pour un meilleur enseignement plus efficace et plus sophistiqué avec de meilleurs résultats fait aussi partie de mes rêves.

DK: S'il vous plaît, faites-nous part de ce que vous jugez important.

OF: Je tiens à saisir cette occasion pour appeler les blogueurs qui pensent comme moi à unir leur force pour apporter des changements positifs dans leur environnement. Je pense que c'est une bonne chose que de rassembler les blogueurs qui sont prêts à utiliser leur temps pour créer une plateforme en ligne pour l'échange d'information au profit des autres.

L'extrémisme religieux mis en cause dans les émeutes au Myanmar (Birmanie)

lundi 1 avril 2013 à 14:21

[Sauf indication contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.]

Les émeutes de Meiktila, au centre du Myanmar, qui se sont étendues à d'autres villes, ont causé la mort de plus de 40 personnes et font resurgir les craintes que les conflits religieux et ethniques empirent dans le pays. On soupçonne que ces émeutes aient pu être  provoquées [fr] pour créer la panique et détourner l'attention de la population. De nombreux blogueurs ont analysé les origines de ces violences, et notamment de la montée de l'extrémisme religieux qui a causé la division et la haine dans différentes régions du Myanmar.

Le président U Thein Sein a fait un discours télévisé pour avertir ‘les opportunistes politiques et les extrémistes religieux’ :

Je suis très attristé de découvrir qu'un simple différend d'ordre privé peut conduire à une émeute meurtrière et que quelques instigateurs anarchistes, tirant profit du manque de sincérité de la population, ont essayé de propager les émeutes à d'autres régions du pays.

Je voudrais mettre en garde tous les opportunistes politiques et les extrémistes religieux qui exploitent les nobles enseignements des religions et qui tentent de semer la haine au sein d'un peuple aux croyances différentes pour leurs propres intérêts.

Je n'hésiterai pas à utiliser la force en dernier recours pour protéger les vies et sauvegarder les intérêts publics.

A destroyed shop owned by a Muslim in Sitkwin. Photo by Thet Htoo, Copyright@ Demotix (3/29/2013)

Une boutique détruite de propriétéaire musulman, à Sitkwin. Photo par Thet Htoo. Copyright@Demotix (3/29/2013)

Kyaw Zwa Moe souhaite que le gouvernement enquête et identifie les personnes qui ont provoqué les émeutes :

Bien que les doigts aient été pointés dans différentes directions, presque tout le monde en Birmanie semble croire que quelqu'un, ou un groupe, est responsable des récentes émeutes. Maintenant, la responsabilité du gouvernement est d'enquêter et d'agir contre les opportunistes politiques ou les extrémistes religieux ayant provoqué cette instabilité.

Mais Tomas Quintana, envoyé spécial des Nations Unies pour le respect des droits de l'Homme à Myanmar, suspecte l'implication de certaines composantes de l'Etat :

…(il existe) des lieux où les militaires, la police et les autres corps d'application de la loi civile sont restés immobiles pendant que des atrocités étaient commises sous leurs yeux, même celles perpétrées par une foule bien organisée de bouddhistes ultra-nationalistes.

Cela pourrait indiquer l'implication directe de certains services d'Etat ou une complicité et un soutien implicites pour de telles actions.

May Ng confirme cette observation. Entre-temps, Min Ko Naing, un ancien prisonnier politiquee, chef du mouvement des “Etudiants de la génération 88″ a aussi observé l'inaction des forces de sécurité durant ces émeutes :

Sur notre chemin pour Meiktila, nous avons vu un motocycliste armé d'une machette ravageant une station service. Les officiers de police et de sécurité restaient debout à le regarder. En fait, dans ce genre de situation, ils n'ont pas besoin d'attendre les ordres de leurs supérieurs.

Andrew Selth donne une vue générale de l'histoire des musulmans à Myanmar, qui représentent 4% de la population du pays. Il note que l'intolérance religieuse n'est pas nouvelle dans le pays :

…l'intolérance religieuse n'est pas nouvelle en Birmanie. En effet, avant 2011, le régime encourageait apparemment les émeutes anti-musulmans pour détourner l'attention de leurs propres échecs.

…le problème n'est pas juste la tactique des forces de sécurité, mais aussi les politiques de discrimination et les attitudes de la population en Birmanie qui permettent le retour de l'instabilité contre les musulmans. Ce sont des points que peu de politiciens birmans sont prêts à aborder sérieusement.

Benedict Rogers a visité un village et interviewé quelques musulmans qui lui ont dit qu'ils vivaient en paix [fr] avec leurs voisins bouddhistes depuis déjà 200 ans :

Lundi dernier, j'ai visité un village à un peu plus de deux miles de Naypyitaw, où une communauté de 260 musulmans vivent en paix avec des bouddhistes depuis 200 ans. Ils m'ont dit qu'ils n'avaient jamais eu problèmes et qu'ils avaient de bonnes relations avec leurs voisins bouddhistes, jusqu'au 22 mars. Cette nuit-là, une foule immense de bouddhistes est venue attaquer la mosquée et la madrasa à proximité. Les personnes musulmanes ont fui à temps et personne n'a été tué ni blessé, mais la mosquée a été saccagée et profanée et la madrasa a été entièrement incendiée. C'est une scène encore vive de crainte et de malheur.

Francis Wade pense que les récentes émeutes sont une autre preuve des “tendances islamophobes” dans le pays :

…la dernière vague des attaques contre les musulmans est très inquiétante en raison de l'implication des civils, qui d'un autre côté sont tolérants envers leurs concitoyens chrétiens.

Les violences de Meiktila doivent être observées comme les dernières manifestations en date de la tendance islamophobe historique de Birmanie. Bien sûr, il existe une amère ironie dans les articles qui décrivent la complicité des civils et des moines avec les forces de sécurité durant les attaques de la semaine dernière.

Matt Schissler se réfère à la montée du ‘nationalisme bouddhiste anti-musulman'. Il mentionne l'affichage d'étiquettes '969′ et d'autres signes dans les boutiques bouddhistes :

…depuis septembre 2012, un effort concerté pour encourager le soutien à des boutiques bouddhistes et décourager les bouddhistes à financer par leurs achats les établissements appartenant à des musulmans et à ne pas vendre aux musulmans

Le 969 rappelle les 9 attributs spéciaux de Bouddha, les 6 enseignements bouddhistes et les 9 attributs des moines bouddhistes.

Maung Zarni blâme la violence de ce qu'il appelle “le racisme génocidaire bouddhiste”:

…ils ont choisi de poursuivre leur nationalisme destructeur qui est enraciné dans leur peur de perte de propriété, de terrain, et leur désir de pureté raciale et religieuse.

Il a aussi observé la multiplication des discours haineux en ligne :

L'état birman a mobilisé une islamophobie au sein de sa société à travers différents mécanismes institutionnels, comme les média d'état et les sites de média sociaux, dont la page Facebook du bureau du président. Les sites de média sociaux en langue birmane, qui se développent hors de portée des organismes de contrôle des média internationaux, sont truffés de discours de haine.

Aung Zaw reproche aux chefs militaires l'émergence des ‘fascistes bouddhistes’ et des ‘extrémistes bouddhistes’ :

Bien qu'ils se décrivent eux-mêmes comme de pieux bouddhistes, les dirigeants militaires de Birmanie ne montrent aucune compassion pour ceux qui ne s'inclinent pas devant eux.

Le résultat est que maintenant nous avons d'innombrables “extrémistes bouddhistes” en Birmanie. Malheureusement, ils sont partout. Ils sont dans les rues, ils siègent au Parlement, portant l'uniforme militaire, le costume de bureau et l'habit de moine.

Ainsi, l'apparition de fascistes “bouddhistes” en Birmanie n'est pas une surprise pour ceux qui ont été témoins des machinations des dirigeants du pays durant le dernier demi-siècle. Leur présence dans les rues de Meiktila n'est rien d'autre qu'un retour en arrière aux jours les plus sombres du régime militaire, qui ne pourra pas être chassée facilement.

Mideast Tunes, une plateforme en ligne pour la nouvelle scène musicale du Moyen Orient

lundi 1 avril 2013 à 09:54
Music for a better future. Screenshot from Mideast Tunes' Indigeo campaign video.

“Musique pour un avenir meilleur”. Capture d'écran de la vidéo de promotion du site  Mideast Tunes’

Les révolutions et soulèvements populaires qui ont balayé le Moyen Orient provoquent une floraison artistique sans précédent et dont on n'osait rêver. La musique y figure en bonne place et la production de musiques disponibles en ligne va croissant.  A noter avant tout : les groupes underground ont bourgeonné ces deux dernières années. Un projet ambitieux, Mideast Tunes, veut présenter la scène musicale underground de cette région du monde et a lancé une levée de fonds participative pour financer l'aventure.  Mideast Tunes veut proposer de la  'Musique pour le changement social”‘ et  affirme : “Nous croyons que la musique PEUT CHANGER LE MONDE et que les musiciens du Moyen Orient et d'Afrique du nord ouvriront le chemin”.

Un blog parodie le quotidien ‘Folha de São Paulo’ : censuré

dimanche 31 mars 2013 à 23:16

[Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages web en portugais.]

Depuis décembre 2010, Global Voices Online suit la bataille juridique qui oppose le quotidien Folha de São Paulo [fr] au blog satirique Falha de São Paulo [NdT : jeu de mots sur folha, « feuille », et falha, « erreur, gaffe, méprise »], qui a subi les foudres de la censure au mois de septembre de l’année dernière en raison des parodies du journal, de ses journalistes et de ses dirigeants. En septembre 2011, le premier round s'était achevé en match nul, ce qui avait incité les frères Lino et Mario Bocchini, créateurs du site, à faire appel l'année suivante, revendiquant ainsi leur droit à s'exprimer librement et à critiquer l'un des plus grands journaux du pays.

Le deuxième round a eu lieu devant les tribunaux le 20 février 2013 et, cette fois-ci, la liberté d'expression a perdu. Telle fut, du moins l'impression première des frères Bocchini et de la plupart de leurs partisans.

Lino Bocchini antes do julgamento da Falha de São Paulo. Foto do coletivo Fora do Eixo/PósTV. Uso livre.

Lino Bocchini avant le jugement de la Falha de São Paulo. Photo du collectif Fora do Eixo/PósTV. Libre de droits.

Le journaliste Felipe Rousselet écrit :

O Tribunal de Justiça de São Paulo decidiu nesta quarta-feira, 20, que o blog Falha S. Paulo deve continuar fora do ar.

A decisão de manter a CENSURA ao Falha de S.Paulo deixou de lado todo o debate sobre liberdade de expressão e se baseou apenas nas leis de Mercado. O desembargador Edson Luiz de Queiróz manteve o blog fora do ar com a justificativa da similaridade entre o nome Falha de S.Paulo e a marca registrada pela Folha de S.Paulo.

Além de um caso óbvio de censura judicial, a manutenção da CENSURA ao Falha de S.Paulo abre um precedente perigoso para a liberdade de expressão, principalmente em relação a sátira e a ironia.

Le Tribunal de Sao Paulo a tranché mercredi (le 20 février), et le blog Falha de S. Paulo devra rester en l'état, c'est-à-dire hors ligne.

La décision de maintenir la CENSURE de la Falha de S.Paulo a mis de côté le débat sur la liberté d'expression et n'a pris en compte que la loi des marchés. Le juge Edson Luiz de Queiroz a donc confirmé cette décision de maintenir le blog désactivé sous prétexte de similarité entre la Falha de S.Paulo et la marque déposée par la Folha de S.Paulo.

Plus qu'un cas évident de censure juridique, le maintien de la CENSURE de la Falha de S.Paulo crée un dangereux précédent pour la liberté d'expression, surtout en ce qui concerne la satire et l'ironie.

La défense de la Folha de São Paulo reposait en partie sur le seul argument de la similitude du nom, sur le prétexte qu'il y aurait « une appropriation de l'usage de la marque, ce qui est inadmissible : la parodie en question n'est qu'une imitation ».

Sur le blog Desculpe a nossa falha [« Excusez notre erreur ») et au tribunal, les frères Bocchini rétorquent :

De nada adiantou o defensor da Falha, o advogado Luis Borrelli Neto, defender que, fosse essa a interpretação, “nomes como UOL, Bol e AOL, por exemplo, jamais poderiam conviver na internet”. Também não adiantou lembrar que o próprio juiz de 1ª instância, Gustavo Coube de Carvalho, já havia afirmado que “nem mesmo um tolo apressado seria levado a crer que trata-se de um blog ligado ao jornal”. Também não foram dado ouvidos ao argumento de que programas de TV e tantos outros sites, jornais e revistas fizeram ou fazem o mesmo, no Brasil e no exterior, sem problemas. Borrelli Neto ainda lembrou que “a paródia não está apenas no conteúdo, mas também no domínio. Subtrarir do apelante o direito de utilizar o domínio significa atentar contra a liberdade de expressão ou, pelo menos, enfraquecer a paródia”. Vale lembrar que a Falha não tinha sequer banner publicitário ou fim comercial, o que também enfraquece –ou derruba– o argumento de “concorrência parasitária” utilizado diversas vezes pelo jornal.

Cela n'aura servi à rien que l'avocat de la Falha, Maître Luis Borrelli Neto, soutienne qu'en suivant cette interprétation, des « noms comme  UOL, Bol et AOL, par exemple, n'auraient jamais pu cohabiter sur Internet ». Inutile aussi de rappeler que le propre juge de la 1e instance, Gustavo Coube de Carvalho, ait déjà dit que « même un demeuré ne pourait croire qu'il s'agisse d'un blog lié au journal ». Pas plus que n'a été entendu l'argument selon lequel des émissions de télé et tant d'autres sites, journaux et revues ont fait ou font de même, au Brésil et à l'étranger, sans être inquiétés. Borrelli Neto a aussi rappelé que « la parodie ne concerne pas que le contenu, mais aussi le nom de domaine. Ôter à la partie adverse le droit de faire usage du nom de domaine est une atteinte à la liberté d'expression ou du moins à la parodie ». Il est aussi bon de rappeler que la Falha ne présentait pas de bannières publicitaires et n’avait pas de fins commerciales, ce qui fragilise - ou anéantit - l'argument de « concurrence parasitaire » utilisé à plusieurs reprises par le journal.

Les frères Bocchini expliquent que la jurisprudence qui découle de cette décision de justice est pire que le jugement lui-même. En effet, elle pourra être utilisée par les journaux qui interdiront les parodies et les critiques en faisant taire les sites et les blogs, et useront de leur pouvoir économique pour poursuivre ceux qui osent s'insurger contre les informations diffusées par la presse grand-public.

Dans la décision de justice, « il a été établi que la Falha restait censurée. Pour les juges et le Folha, cela signifie que l'usage de l'adresse internet falhadespaulo.com.br, du logo de la Falha et la reproduction partielle de reportages sont interdits – même si le but original est la critique ».

Sur le portail alternatif SpressoSP, le journaliste Renato Rovai, ajoute :

Este julgamento transformou uma questão de liberdade de expressão em um debate comercial com um único objetivo: calar os críticos do jornalão da família Frias. Ou alguém consegue ser ingênuo o suficiente para acreditar que o que incomodou a Folha foi a questão comercial, a similaridade do seu nome com o domínio de um blog sem nenhuma publicidade ou outra modalidade de retorno financeiro?

Ce jugement a transformé une question de liberté d'expression en un débat commercial ayant un objectif unique : faire taire les critiques lancées contre le journal de la famille Frias. Ou alors quelqu'un parvient à être suffisamment ingénu pour croire que ce qui dérangeait la Folha était la question commerciale, la similarité du nom d'un blog sans publicité ni gains financiers ?

Irmãos Bocchini antes do julgamento. Foto de Beatriz Bevilaqua, usada com permissão

Les frères Bocchini avant l'audiencea. Photo de Beatriz Bevilaqua, libre de droits.

L'intégralité de l'audience a été enregistrée par l'équipe de PósTV et elle est à disposition sur YouTube. La chaîne a d'ailleurs publié ses impressions concernant le jugement sur sa page Facebook :

Em um voto mais do que simbólico, um desembargador, de dentro de sua toga, disse o lugar comum mais equivocado do direito: "um direito acaba onde começa o do outro". E deu ganho de causa à Folha alertando que paródias como a da Falha de S. Paulo poderia "abrir caminho para a anarquia".

Avec ce vote plus que symbolique, un juge, drapé dans sa toge, a lâché le lieu commun le plus improbable qui soit, en termes de droit : « un droit finit là où commence celui de l'autre ». Et il a donné gain de cause à la Folha en insinuant que les parodies comme celles de la Falha de S. Paulo pouvaient « ouvrir le chemin à l'anarchie ».

Le docteur en psychologie Matheus Paul a commenté pour le blog Vi o Mundo les raisons de la censure et les réelles préoccupations du journal Folha de São Paulo :

[...] se o blog visasse tão somente gracejar de forma pueril e light com o jornal alvo, enfocando em questões menores, como somente os nomes dos cadernos, por exemplo, repetimos: o jornal, muito provavelmente, não daria atenção alguma ao pequeno sítio paródia. O escárnio propagado pelo blog, porém, teve uma ressonância quase que imediata, uma vez que questionava algo caro aos veículos jornalísticos de comunicação: a tão propalada (e diríamos até ilusória) isenção total.

[…] si l'objectif du blog était seulement de se moquer de manière puérile et légère du journal, ne s'intéressant qu'à des sujets mineurs, comme par exemple le nom des différentes sessions, on le répète : le journal n'accorderait très probablement aucune attention à ce petit site parodique. Toutefois, les sarcasmes colportés par le blog, ont eu une résonance presque immédiate, puisqu'ils remettaient en question un concept cher aux médias traditionnels : le concept aussi répandu qu’illusoire d’impartialité totale.

Lorsqu'il a pris connaissance du jugement, le député fédéral du PSOL (Parti SOcialisme et Liberté) de Sao Paulo, Ivan Valente, a publié une note le désapprouvant :

Não parece difícil entender que paródias, vistas em grande volume nesta mesma mídia, são recursos legítimos do debate democrático, a que todos nós estamos sujeitos. Artistas, celebridades, jornalistas, políticos, todos são alvos da livre manifestação do humor crítico. Por que não a própria mídia?

Cela ne semble pas difficile de comprendre que les parodies, vues en grands nombres dans ces mêmes médias, sont des recours légitimes du débat démocratique, desquels nous sommes tous les victimes. Artistes, célébrités, journalistes, hommes politiques, tous sont les cibles de la libre manifestation de l'humour critique. Pourquoi pas la presse elle-même ?

Irmãos Bocchini e apoiadores posam para foto antes do julgamento. Foto de Beatriz Bevilaqua, usada com permissão.

Les frères Bocchini et quelques-uns de leurs soutiens posent pour la photo avant le jugement.  Photo de Beatriz Bevilaqua, libre de droits.

La journaliste Beatriz Bevilaqua a discuté avec Lino Bocchini après l'audience et elle a annoncé qu'ils allaient tenter de continuer la bataille juridique en déposant un recours au Tribunal suprême fédéral (STF) :

Não é simples, o STJ (Superior Tribunal de Justiça) e o STF não recebem uma ação qualquer. Mas a gente vai estudar de que forma se pode recorrer. Nossa intenção é ir para os tribunais superiores

Ce n'est pas simple, le STJ (Tribunal supérieur de justice) et le STF ne reçoivent pas n'importe quelle requête. Mais on va étudier la forme que prendra notre recours. Notre intention est de recourir aux plus grandes instances.

Le dossier reste ouvert et Global Voices suivra les futurs développements de cette affaire en se tenant toujours au côté de la liberté d'expression.