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La musique de la résistance éthiopienne se maintient au premier plan malgré la répression

vendredi 25 août 2017 à 09:59

Copie d'écran de l'une des vidéos musicales les plus mélancoliques de Teferi Mekonen, vue plus de 200.000 fois sur la chaîne YouTube du groupe.

En Éthiopie, les journalistes et blogueurs sont depuis longtemps susceptibles d'être emprisonnés ou accusés de terrorisme, mais jusque récemment les musiciens étaient relativement libres.

Ces dernières années, ce que les militants appellent “les chansons de résistance” [en] ont inondé un petit coin de l'internet éthiopien. Mais depuis que la musique a gagné en visibilité dans la vie publique et en ligne, les autorités éthiopiennes ont étendu leurs stratégies de répression politique aux musiciens, qu'ils voient comme des sympathisants de l'opposition.

Depuis décembre 2016, plusieurs musiciens populaires éthiopiens, en phase avec l'opposition croissante dans le pays, ont été arrêtés et emprisonnés. Le mois dernier, le groupe en vue de la star montante Seenaa Solomon a été accusé de terrorisme pour paroles “incitatrices” et pour avoir téléchargé leur clip vidéo sur YouTube.

L'environnement politique litigieux dans lequel ces arrestations ont lieu s'est développé à partir du plan du gouvernement éthiopien visant à agrandir la capitale Addis Ababa. En 2014, le parti au pouvoir EPRDF a annoncé son intention d'étendre la capitale aux terres agricoles adjacentes d'Oromia, la plus grande région d'Ethiopie où vit le plus grand groupe ethnique du pays, les Oromos.

Le projet a provoqué des manifestations importante et une répression violente du gouvernement, jusqu'à la déclaration de l'état d'urgence en octobre 2016, encore effectif de nos jours. Certains disent que l'état d'urgence, qui a été prolongé de quatre mois supplémentaires en mars 2017, a apporté un peu de calme après deux ans de troubles politiques.

Bien que l'état d'urgence puisse freiner les manifestations, les sentiments et les récits de résistance restent bien en vie. Les musiciens parlant l'afaan oromo (la langue de la région) ont commencé à inspirer le mouvement de l'opposition de facon visible et audible.

Pour les Oromos, les chansons de résistance ont longtemps été au coeur [en] de leurs mouvements politiques. Cependant durant ces derniers mois, elles sont devenues plus fortes et plus en colère, et ont gagné un plus large publique. Finalement, même des chanteurs parlant l'amharique qui n'avaient pas chanté ouvertement de chansons politiques ont rejoint le mouvement des chansons de résistance. Le célèbre chanteur amharique Yehune Belay a sorti une chanson populaire amharique dans laquelle il supplie les soldats éthiopiens d'arrêter de tuer des gens.

Beaucoup de chaînes YouTube et de pages Facebook ont vu le jour, expliquant les aspects culturels de la protestation. Des sites internet et des blogs publient fréquemment des chansons de résistance.

Sur YouTube, des chaînes montrant des montages d'images de manifestations liées aux chansons de résistance recueillent régulièrement des centaines de milliers de vues.

Addis Ababa en fin d'après-midi. Photographie de Amanda Lichtenstein.

Des vendeurs de CD de rues et des petits magasins de musique font partie d'une chaîne informelle de fournisseurs de chansons de résistance pour les Ethiopiens qui n'ont pas accès à internet.

Le gouvernement a essayé toutes les méthodes pour censurer les chansons de résistance. Il a arrêté des chanteurs, leur a refusé des concerts et les a même chassés d'Ethiopie. Il a bloqué des chaînes YouTube et brouillé des stations de télévision satellite de la diaspora.

Mais ces stratégies de répression du gouvernement envers des chanteurs importants semblent souvent augmenter la popularité des chansons. Ainsi, Yai Gulalle Film, la chaîne YouTube de Seena Solomon et de ses collègues avant leur arrestation, a été regardée plus de 3,655,800 fois.

Remake de la vidéo satirique “les Lunettes racistes” à la mode russe

jeudi 24 août 2017 à 13:16

Image: Animaction Decks / YouTube

En janvier 2016, Rudy Mancuso, acteur américain connu pour ses vidéos en ligne, a sorti un court-métrage intitulé “Les Lunettes racistes”, dans lequel un homme trouve une paire de lunettes qui transforme quiconque entre dans le champ de vision du porteur en cliché raciste. Un asiatique devient un ninja, les blancs deviennent de riches snobs, et Mancuso lui-même, en tant que latino-américain, se transforme en joyeux danseur à sombrero.

Mi-avril 2017, Alexei Yurevich, un animateur russe, a réalisé sa propre version de la video de Mancuso : un dessin animé reprenant l'idée de départ mais propre à la société russe.

Dans sa vidéo, intitulée “Les Lunettes de haine nationale”, un russe tombe par hasard sur la même paire de lunettes qui transforme différents groupes ethniques en stéréotypes.

Lorsque celui-ci met les lunettes et regarde autour de lui, trois hommes originaires du nord du Caucase qui discutent tranquillement se mettent subitement à danser la lesginka et s'apprêtent à agresser sexuellement un mouton. Un homme issu d'Asie centrale, tranquillement assis sur un banc du parc, se retrouve, lui, avec un bleu de travail en train de refaire le ciment du trottoir. Les lunettes le montrent ensuite en train de se triturer les orteils et de jeter ses déchets par-terre. Peu après, le personnage principal tourne la tête vers un Arabe, qui se met à tirer en l'air avec des armes à feu et s'apprête à déclencher sa ceinture d'explosifs. Ensuite, un homme, qui s'avère être ukrainien, se met à sautiller vêtu d'un pneu en guise de ceinture et d'une passoire en guise de casque. Des chants se font ensuite entendre et il lance un cocktail molotov, en référence à la révolution ukrainienne de 2014.

A cet instant, l'homme aux lunettes se rue chez lui pour se regarder dans le miroir et se retrouve face au cliché du russe barbu et alcoolique portant la chapka [fr], une bouteille de vodka à la main.

Si la vidéo reprend quasiment à l'identique celle de Mancuso, les clichés qu'elle présente sont caractéristiques de la Russie.

Dans un entretien avec le site TJournal, Yurevich a déclaré avoir quand même changé le titre de la vidéo pour l'adapter à ce qu'il  appelle la nature spécifique des tensions raciales en Russie. Il explique que la raison pour laquelle il n'a pas conservé le mot “raciste” du titre d'origine est qu'il serait “plus juste de dire que [ma vidéo] montre la vision qu'ont du monde les nationalistes.”

“Il est plus approprié de parler de racisme aux Etats-Unis qu'en Russie” a-t-il déclaré à TJournal, suggérant ainsi une distinction que nombre d'Américains auraient du mal à comprendre.

Le studio d'enregistrement de Yurevich,”Animaction Decks“, est davantage connu pour une série animée en Flash extrêmement violente, intitulée “Ninja Action”, dans laquelle ledit ninja passe dix à quinze minutes à tuer dans un style de jeu vidéo de plate-forme.

Le studio a également réalisé plusieurs vidéos politiques dans lesquelles des personnalités se battent entre-elles comme dans le jeu vidéo Mortal Kombat. On trouve entre autres des vidéos de combats à mort entre Vladimir Poutine et Barack Obama, entre “Motorola”, l'indépendantiste du Donbass, et le nationaliste ukrainien Dimitri Yarosh. Yurevich utilise de véritables extraits audio  pour ajouter une dose de satire.

Par exemple, lorsque Poutine affronte le leader de l'opposition Alexei Navalny, celui-ci s'avoue tout simplement vaincu dès le début du combat. Et quand Poutine lève le bras en signe de victoire, le présentateur déclare : “Poutine est un escroc” à la place du traditionnel “[Poutine] est le vainqueur !”. Poutine est tellement surpris que ses yeux sortent de leur orbite. Il appelle ensuite ses hommes de main, qui passent à tabac le présentateur hors champ, jusqu'à ce que celui-ci se reprenne et déclare finalement : “Victoire parfaite” (les annonces de ce type sont des éléments très appréciés du jeu vidéo original, crée par Midway en 1992).

Avertissement : la vidéo ci-dessous contient des scènes de violence.

En mars 2016, quelques semaines après qu'une nourrice ouzbek a exhibé la tête décapitée d'une petite fille de 4 ans dans le centre de Moscou, Yurevich a réalisé un autre court métrage animé. Il était cette fois visiblement furieux que ses compatriotes ne soient pas plus bouleversés par ce meurtre atroce.

Il a appelé sa vidéo “Différents pays réagissent au terrorisme”, et il dépeint les USA comme un endroit où les “terroristes” sont abattus sur place, l'Europe comme un endroit peuplé de jihadistes, et la Russie comme un endroit indifférent à ce que lui voit comme un acte de violence terroriste.

Avertissement : la vidéo ci-dessous contient des scènes de violence.

Note de l'éditeur : il a été depuis prouvé que Gyulchehra Bobokulova, la nourrice qui a décapité la petite Anastasia Meshcheriakova, était mentalement instable, et son crime ne'est aujourd'hui plus considéré comme un acte de terrorisme.

Lors de son entretien avec TJournal, Yurevich a déclaré qu'il considérait “Différents pays réagissent au terrorisme” comme la pire caricature réalisée par Animaction Decks. “Bien que le thème de la vidéo ait été inspiré de faits réels, je n'ai pas voulu les inclure dans cette caricature.” Il explique que “l'image du “terroriste” n'était pas concrète, mais collective.”

Yurevich a également déclaré à TJournal qu'il ne produit plus de contenu politique pour le moment, à moins que quelque chose retienne véritablement son attention. “Je vais simplement me concentrer sur ma parodie principale, Ninja Action” a-t-il expliqué, ajoutant que la production d'un épisode peut lui prendre de quelques mois à plusieurs années.

Rio de Janeiro est-elle en guerre ? Ses habitants débatent

jeudi 24 août 2017 à 13:16

L'armée brésilienne en opération dans les favelas de Niterói, une ville de l'état de Rio de Janeiro, pendant la crise national. Photographie de Estado Maior (CML) via Fotos Públicas, CC-BY-NC 2.0.

Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en portugais.

Tous les jours les journaux brésiliens sont inondés de gros titres à propos de Rio de Janeiro, la deuxième plus grande ville du Brésil qui abrite de nombreuses images que l'on trouve sur les cartes postales.

Voici quelques exemples de ces unes :

Une étudiante atteinte par une balle au sein d'un collège à Belfort Roxo’,
Tous les deux jours un policier meurt à Rio‘,
Une vidéo montre une attaque à main armée d'une pharmacie à Copacabana’,
Temer autorise les forces armées à Rio, mais le ministre avertit : n'espérez pas de miracles‘.

En 2017, avec une crise économique et des fonds publics en difficulté, les violences à Rio de Janeiro ont atteint leur plus haut niveau de ces dix dernières années. Une ONG [en] a même demandé une intervention des Nations Unies.

Ces histoires sont devenues monnaie courante et c'est inacceptable, ou du moins c'est l'opinion de la direction d'un journal local. Dans son éditorial du 16 août, “Ce n'est pas normal”, le journal Extra, connu sa couverture extensive de la violence à Rio, a déclaré la création d'une nouvelle rubrique appelée “la Guerre à Rio”. Tous les évènements liés à la violence rapportés dans cette ville y seront publiés. Le journal explique ce qui a motivé cette décision :

O EXTRA continuará a noticiar os crimes que ocorrem em qualquer metrópole do mundo: homicídios, latrocínios, crimes sexuais… Mas tudo aquilo que foge ao padrão da normalidade civilizatória, e que só vemos no Rio, estará nas páginas da editoria de guerra. (…) foi a forma que encontramos de berrar: isso não normal! É a opção que temos para não deixar nosso olhar jornalístico acomodado diante da barbárie.

EXTRA continuera à rapporter tous les crimes qui se passent dans n'importe quelle métropole du monde : homicides, vols, crimes sexuels… En revanche, tout se qui sort de la norme civilisée, et que nous ne voyons qu'à Rio, sera dans les pages réservées à la guerre. (…) C'est la façon que nous avons trouvé pour crier : ce n'est pas normal ! C'est la seule option qui s'offre à nous pour ne pas laisser nos yeux de journalistes s'habituer à la barbarie.

Dans une vidéo de quatre minutes partagée sur Facebook, l'éditeur en chef d'Extra Octávio Guedes, admet qu'il n'y a pas de raison d'être fier de cette décision, car elle est plutôt un signe d'échec :

O Extra deve ser o único jornal do planeta que tem uma editoria de guerra em um país que não reconhece a guerra.

Extra doit être l'unique journal au monde à avoir une section de guerre dans un pays qui ne reconnait pas la guerre.

Dans la même vidéo, un des reporters dit que d'après l'Institut de la sécurité publique de Rio de Janeiro, 843 endroits de la ville sont sous le contrôle d'organisations criminelles.

L'éditorial mentionne également :

Temos consciência de que o discurso de guerra, quando desvirtuado, serve para encobrir a truculência da polícia que atira primeiro e pergunta depois. Mas defendemos a guerra baseada na inteligência, no combate à corrupção policial, e que tenha como alvo não a população civil, mas o poder econômico das máfias e de todas as suas articulações.

Nous sommes conscients que le discours de la guerre, quand il est déformé, sert à couvrir la brutalité de la police qui tire en premier et demande après. Mais nous défendons une guerre basée sur l'intelligence, qui combat la corruption policière, et qui a pour cible non pas la population civile, mais le pouvoir économique des mafias et toutes ses articulations.

Le mot “guerre” fait-il plus de mal que de bien ?

Dans un article publié par The Intercept Brasil, la journaliste Cecilia Oliveira contre-argumente qu'en donnant le label de “guerre” aux violences de Rio, les médias finissent par justifier l'échec de la politique de sécurité publique, diminuant même la responsabilité de la police.

Não é uma guerra. É o resultado de corrupção, mau planejamento – como o próprio Extra mostrou, ao analisar as operações do Exército no Rio, somados a falta de investimentos em pessoal e inteligência e o descaso histórico – e complacente – com áreas do estado. Lembrando que o Estado é maior que a capital.

Ce n'est pas une guerre. C'est le résultat de la corruption, de mauvaise planification (comme Extra lui-même l'a montré en analysant les opérations militaires à Rio), couplé à un manque d'investissements en personnel et en renseignement, et une négligence historique et complaisante des services publiques. Rappelons que l'État est plus grand que la capitale.

Marche pour la paix à Niterói, dans l'état de Rio de Janeiro, en hommage au promoteur culturel assassiné Rafael Lage. Photographie de Fernando Frazão/Agência Brasil, publié avec autorisation.

Pour Cecilia Oliveira, dire que Rio de Janeiro est “l'endroit le plus violent du Brésil” n'est pas exact : “22 des 30 villes les plus violentes du Brésil se trouvent dans les régions du nord et du nord-est, d'après les données de 2015 (les plus récentes). Aucune d'entre elles se trouvent dans l'état de Rio de Janeiro. Quand on regarde le taux d'homicides (par états), Rio se classe 16ème”, écrit-elle.

Extra appartient à Globo Corporation, le plus grand conglomérat de médias d'Amérique Latine qui, rappelle Oliveira, s'est fait l'écho des politiques de sécurité publique depuis des décennies. Parmi ces politiques de sécurité, l’UPP [en] (Unité de Police Pacifique), lancée à Rio en 2003 et dont l'objectif est de déployer une force de police massive pour “conquérir” la favela [fr] et y établir une unité permanente. Bien que le nombre de morts violentes ait d'abord diminué, l'UPP a été récemment incriminée par de nombreuses plaintes de harcèlement et de répression de la part des communautés pauvres que ces nouvelles unités de police étaient sensées protéger.

Sur sa page Facebook, le journaliste João Paulo Charleaux a cité un article qu'il a écrit en 2010 dans lequel il expliquait pourquoi les violences à Rio ne rentraient pas dans les critères d'une “guerre civile” définis par la convention de Genève :

Além do debate jurídico, há uma consequência humana grave em dizer que há uma guerra no Rio. Ao fazer isso, a sociedade estimula o Estado a agir com meios e métodos próprios de uma guerra, incursionando num território ‘inimigo’, onde os civis são apenas borrões na paisagem, candidatos aos ‘danos colaterais’ e às “balas perdidas'”.

Au-delà du débat juridique, il y a une grave conséquence humaine à parler de guerre à Rio. En faisant ça, la société stimule l'État à agir en utilisant les moyens et les méthodes propres à une guerre, faisant incursion dans un territoire “ennemi”, où les civiles sont à peine une tâche dans le paysage, sujets aux “dommages collatéraux” et aux “balles perdues”.

Guerre ou pas, les habitants des favelas de Rio continuent de souffrir. Une semaine a passé depuis que la police a grimpé la colline de Jacarezinho pour venger la mort d'un officier. Au milieu de toute cette violence, un autre incident a fait les gros titres : un vendeur de fruit a été tué après avoir reçu une balle tirée par un policier en hélicoptère.

Une page d'espoir pour cette langue isolée du Népal grâce à un nouveau dictionnaire

mercredi 23 août 2017 à 21:36

Gyani Maiya Sen est l'une des deux personnes qui parlent le kusunda couramment. Capture d'écran de la vidéo de Felix Gaedtke.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

Un nouveau livre sur la langue kusunda, doublé d'un dictionnaire, vient de sortir. Le kusunda est l'une des langues népalaises en voie de disparition, et ce livre peut contribuer à l'empêcher de sombrer dans l'oubli. Les origines de cette langue isolée [fr], qui ne comporte aucune relation manifeste avec aucune autre langue parlée sur terre, laisse toujours les linguistes perplexes.

Il a fallu cinq ans de travail pour compiler ce dictionnaire de kusunda.

D'après le recensement de 2011, la population kusunda se monte à 273 personnes au Népal et est la langue maternelle de 28 d'entre eux. Pourtant, des études de terrain suggèrent qu'il n'y a en réalité que 150 Kusundas et seulement 2 qui le parlent couramment.

Le kusunda est une langue purement orale, sans alphabet, et dont il n'existe aucune trace écrite. Les Kusundas vivent dispersés dans différentes régions du pays et n'ont pas l'occasion de parler leur langue natale. Ils ont dû assimiler les pratiques culturelles des endroits où ils vivent à présent et en conséquence, ne parlent même pas leur langue chez eux.

Selon l'auteur Uday Raj Aaley, les deux seuls locuteurs en vie sont Gyani Maiya Sen Kusunda de Dang, âgée de 81 ans, et Kamala Sen Khatri de Rolpa, âgée de 48 ans. Les Kusundas vivent dans les districts népalais de Kapilvastu, Arghakhanchi, Pyuthan, Rolpa, Dang, et Surkhet.

Couverture du livre sur le kusunda. Reproduit avec autorisation.

Les Kusundas menèrent une vie nomade de chasseurs-cueilleurs dans les forêts montagneuses des régions en développement du centre et centre-ouest du Népal jusqu'à récemment, il y a quelques dizaines d'années. Leur style de vie, leurs habitudes d'habitation et leur langue unique suggère qu'ils vivent au Népal depuis très longtemps.

Les Kusundas s'appellent également Ban Raja (“les rois de la foret”), en kusunda Gilangdei Myahak, et revendiquent un statut égal à celui des Thakuris, le clan au pouvoir au Népal. D'après les Kusundas, les Thakuris sont les maîtres des terres cultivées, tandis qu'eux assurent le contrôle des régions forestières. Les Kusundas ont pris des noms typiquement thakuris comme Shahi, Sen et Khan.

Le livre d'Uday Raj Aaley aborde l'histoire, la langue, la culture et les traditions des Kusundas et comporte une liste de plus de 2.500 mots. U.R. Aaley n'est cependant pas le seul à les étudier. Brian Houghton Hodgson, Johan Reinhard, David Watters, B.K. Rana et Madhav Prasad Pokharel font partie des universitaires qui ont travaillent à faire la lumière sur cette langue mystérieuse.

La vidéo ci-dessous, réalisée par Felix Gaedtke et Gayatri Parameswaran, présente des entretiens avec Gyani Maiya Sen, son fils et le professeur Pokharel du Département central de linguistique de l'Université Tribhuvan, au Népal.

Les élections locales de cette année ont apporté de bonnes nouvelles pour les Kusundas. Dhan Bahadur Kusunda, le fondateur de la Société pour le développement des Kusundas du Népal, a été choisi en tant que représentant pour le comité exécutif de la municipalité de Ghorahi, la septième plus grande ville du Népal, grâce à un quota sur les communautés marginalisées.

Bien que leur langue soit réellement en voie de disparition, la représentation des Kusundas au sein des autorités locales, ainsi que les efforts accomplis pour compiler un dictionnaire aideront à préserver leur culture et traditions ainsi que la langue elle-même.

Des militants angolais ont créé une plate-forme pour surveiller l’élection présidentielle

mercredi 23 août 2017 à 21:33

Matériel de la campagne electorale de la MPLA et de son candidat João Lourenço, utilisée avec autorisation (Jiku)

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en portugais.

L’Angola est arrivé le 23 août à la fin de la campagne électorale pour l’élection présidentielle. Pour la première fois depuis l’indépendance, le président actuel José Eduardo dos Santos n’est pas candidat.

La liste électorale a été approuvée le 4 février par le comité central du parti au pouvoir, le Movimento Popular pela Libertação de Angola (MPLA) [fr], avec à sa tête l’ancien ministre de la Défense, le général João Lourenço, qui deviendrait le président du pays dans le cas où le MPLA gagne l’élection.

Dans l’opposition se trouvent deux partis connus – l’União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) et l’alliance Convergência Ampla de Salvação de Angola (CASA-CE). Quant aux électeurs, 9,4 millions d’Angolais sont appelés aux urnes.

La transparence de ces élections suscite beaucoup de méfiance. Ainsi, l’invitation tardive aux observateurs de l’Union Européenne (UE) et la non-observance des mesures requises par l’UE sont les raisons principales du refus de cette dernière de surveiller l’élection. L’eurodéputée Ana Gomes a accusé les autorités angolaises de ne pas être intéressées par l'observation de l’UE :

A verdade é que as autoridades angolanas não quiseram dar condições para essa missão ir a Angola, porque caso contrário tinham feito o convite há muito tempo. Portanto, se o Governo angolano escolheu apresentar o convite tão tardiamente, inclusivamente depois de uma missão de peritos eleitorais que a UE enviou para Angola e nem sequer no convite reuniu as condições básicas, que sabe perfeitamente que são exigidas pela UE porque são padrões para qualquer país onde a UE vá observar, então a minha conclusão é que, de fato, não havia vontade política nenhuma das autoridades angolanas convidarem a UE para observar as eleições.

La vérité est que les autorités angolaises n'ont pas voulu fournir les conditions pour cette mission d’aller en Angola, car autrement ils auraient envoyé l’invitation il y a longtemps. Donc, si le gouvernement angolais a choisi d’envoyer l’invitation aussi tardivement, y compris après l’envoi par l’UE d’une mission d’experts électoraux en Angola et même l’invitation n’a pas rempli les conditions de base, bien qu’il connaisse parfaitement bien sont exigées par l’UE parce qu’elles sont les critères pour tout pays où l’UE va pour observer, alors ma conclusion est que, en fait, il n’y a aucune volonté de la part des autorités angolaises d’inviter l’UE à surveiller les élections.

L’organisation de la société civile Handeka a créé le projet Jiku, qui propose aux citoyens d'assumer le rôle d'observateurs électoraux en plus de voter. Jiku a l’intention de recueillir ces informations sur leur plate-forme pour fournir aux gens un lieu pour envoyer toutes leurs plaintes et leurs requêtes.

Le site web explique que « jiku » est un mot kikongo qui signifie « une séance pour une discussion sage des problèmes, normalement autour du feu de camp », et est simultanément la première partie du mot « jikulumessu », signifiant « ouvrir l’œil ».

Plusieurs figures angolaises connues se sont impliquées, tel l’ancien premier ministre Marcolina Moco, ainsi que Luaty Beirão et Mbanza Hamza du groupe « 15+2 » des militants des droits de l'homme, qui avaient été arrêtés dans un cas controversé avant d’être relâchés peu après.

Dans une interview avec DW África, le militant Luaty Beirão a expliqué l’idée fondamentale de Jiku :

Incentivar as pessoas a não se comportarem como eleitores numa democracia comum onde as pessoas vão, votam, escolhem o seu candidato e voltam para casa. Porque todos nós nos queixamos de vícios e irregularidades eleitorais, então é preciso que todos se comportem como monitores eleitorais e que estejam atentos.

Encourager les gens de ne pas se comporter comme les électeurs dans une démocratie ordinaire où les gens vont, choisissent leur candidat et rentrent chez eux. Car nous nous plaignons tous de la corruption et des irrégularités, donc il est nécessaire que tout le monde joue le rôle d’un observateur et reste vigilant.

Dans un message sur Facebook, Jiku a aussi remis en cause le rôle des autorités traditionnelles dans les élections :

AUTORIDADES TRADICIONAIS E AS ELEIÇÕES

Depois de exatamente 1 hora de direto da TV Zimbo às atividades que ocorreram em simultâneo esta manhã no Huambo (“Candidato” João Lourenço) e Luanda (Higino Carneiro no Kilamba Kiaxi), eis que somos brindados com uma “autoridade tradicional” que, encorajada pelo jornalista e citando atabalhoadamente uma passagem bíblica, confessa ter abençoado João Lourenço e que mais ninguém pode ser abençoado.

LES AUTORITÉS TRADITIONNELLES ET LES ÉLECTIONS
Après exactement une heure de retransmission en direct de TV Zimbo des activités qui ont eu lieu ce matin simultanément à Huambo (« Candidat » João Lourenço) et à Luanda (Higino Carneiro à Kilamba Kiaxi), là on nous montre une « autorité traditionnelle » qui, encouragée par le journaliste et citant un passage biblique, a révélé avoir béni João Lourenço et que personne d’autre ne pourrait être béni.

Ce projet ressemble à celui de Txeka, créé par des jeunes militants du Mozambique pendant les élections de 2014, ayant pour but d’observer et surveiller chaque moment des élections.