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#SiMeMatan – #SiOnMeTue : le hashtag qui rejette le traitement fait au féminicide au Mexique

jeudi 11 mai 2017 à 00:04
"Violencia". Foto en Flickr de Bianca Cardoso. Usada bajo licencia CC BY-NC-ND 2.0

“Violence”. Photo sur Flickr de Bianca Cardoso. Usage sous licence CC BY-NC-ND 2.0

Le corps inerte d'une jeune femme de 22 ans du nom de Lesby Berlín Osorio a été retrouvé le 4 mai 2017 sur le campus de l'Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM) Le hashtag sur Twitter #SiMeMatan [Si on me tue] a fait irruption sur la toile mexicaine en réaction à la manière dont les autorités en charge de la justice dans la ville de Mexico ont fait connaître l'affaire de féminicide – sans donner d'informations sur le mobile du crime ou d'éléments de recherches, simplement en faisant étalage de détails sur la vie personnelle de la victime qui la rendraient coupable de cette violence.

Nos autorités sont une des principales raisons pour lesquelles la violence perdure. ÇA SUFFIT de culpabiliser les victimes.

Sous ce hashtag, des femmes ont anticipé avec ironie les “failles” qu'utiliseraient les autorités et les médias pour les rendre coupables au cas où elles seraient assassinées, comme elles l'ont fait pour la jeune femme dont le corps a été retrouvé attaché à une cabine téléphonique sur le campus de l'UNAM. Le hashtag est devenu viral, avec des dizaines de milliers de témoignages. Nous en partageons quelques uns :

Je vis en concubinage depuis 9 ans, j'ai 3 enfants de 2 hommes différents. Je bois beaucoup de bière et j'ai toujours été maîtresse de ma vie.

Ils diront que j'ai avorté, que mes filles sont nées par césarienne, que je les laissais toute la journée à la garderie, que j'ai vécu pour moi et non pour elles

Ils diront que je l'ai bien cherché, qu'est-ce qu'elle faisait là, regarde ses tatouages, ses cicatrices, c'était une fille de mauvaise vie, c'est rien, c'est juste une femme.

#SiMeMatan ce sera parce que je suis féministe, parce que je porte des leggings, parce que j'aime marcher toute seule le soir et parce que j'ai des amis hommes. J'étais sortie du droit chemin.

ils vont me diffamer et me culpabiliser. Ce sera pour quelque chose que j'aurai fait ou que je n'aurai pas fait, peu importe.

On a également fait des comparaisons dans le traitement d'un crime dès lors qu'il s'agit d'une femme :

La différence est que quand on tue un homme, le procureur général ne vient pas dire qu'il l'a été parce qu'il était ivre, que c'était un fêtard ou un mauvais étudiant.

#SiOnMeTue et que je suis ivre et que je suis seul dans une rue sombre, on ne me rendra pas coupable de mon propre assassinat, parce que je ne suis pas une femme.

D'autres utilisatrices ont parlé de la réaction qu'elle souhaiteraient :

j'espère que la police et les médias se concentreront sur mon meurtre et non sur mes vêtements, mes études, mon travail ni sur la personne avec qui je couche.

Si on me tue cherchez la justice pour moi, peu importe le fait que j'aie les cheveux argentés, que je mette du rouge à lèvres rouge, que j'aime le pogo et que je monte à cheval.

La journaliste et universitaire Gabriela Warkentin a rappelé les autres hashtags devenus viraux concernant la violence de genre au Mexique :

[Si on me tue ; Mon premier harcèlement ; Nous nous voulons vivantes] Ou quand les femmes (et les hommes alliés) décident de parler.#Gracias [Merci]

De même que le collectif féministe Luchadoras qui évoque l'appel de la lutte féministe #NiUnaMenos [Pas une de moins”], “Vivas nos queremos” [Vivantes nous nous voulons] :

S'ils me tuent ils diront que j'allais à des manifs en criant “vivantes nous nous voulons”.

D'autres femmes réfléchissent sur la signification derrière chaque tweet :

Chaque #SiMeMatan, bien qu'il soit ironique, est un cri de peur, d'angoisse et de rage. Il est réel et présent tout le temps.

Savez-vous ce qu'il y a de pire dans le HT#SiMeMatan? Derrière chaque tweet, il y a une femme terrifiée parce qu'elle sait qu'on peut vraiment la tuer.

De son côté, l'utilisatrice Madame Déficit a fait remarquer que, sur le campus de l'UNAM – autonome – il est difficile de compter sur une présence policière. À d'autres occasions, l'entrée d'équipes de police sur le campus – connu comme Ville Universitaire –  a provoqué le rejet et la colère de quelques branches de la communauté étudiante.

Si on me tue à l'UNAM, ce sera parce qu'à cause de cette fameuse autonomie, la police n'entre pas pour surveiller le campus. Pensez-y !

Le portail indépendant Sopitas a raconté ainsi le processus de diffusion de l'information officielle de la part du Parquet général local :

Le récit dans lequel est victimisée et réduite la jeune Lesby est venu de nos propres autorités de la capitale. Sur le compte Twitter du Parquet général de la ville de Mexico [Procuraduría General de Justicia de la Ciudad de México (PGJCDMX)] ont été publiés de nombreux messages sur l'affaire : sans tact, rejetant la faute sur la victime et justifiant ce qu'il lui est arrivé. “La femme retrouvée sans vie dans les jardins des installations de l'UNAM a été identifiée par des proches”, ainsi débutait ce lamentable récit. “Sa mère et son fiancé ont affirmé qu'elle n'était plus étudiante depuis 2014 et qu'elle arrêté les cours au CCH Sur, où il lui restait des matières à valider”, a poursuivi la dépendance dirigée par Rodolfo Ríos.

Quelques heures après, le procureur de la capitale Rodolfo Ríos, publiait sur son compte Twitter que les tweets diffusés par l'agence étaient “inappropriés”, en ajoutant :

J'ai demandé à ce qu'ils soient immédiatement retirés des réseaux car ils sont contraires aux protocoles et principes de la @PGJDF_CDMX

Violence contre les femmes et incapacité des autorités à la contenir : rien de nouveau

En 2016, Global Voices a publié une série d'articles dans lesquels était abordée la problématique de la violence envers les femmes au Mexique et en particulier dans la capitale. On y trouvait notamment un article concernant l’agression sexuelle –encore impunie à ce jour, après 14 mois – de la journaliste américaine Andrea Noel. À cette occasion, le gouvernement avait dit vouloir s'atteler au problème, à savoir par la création de davantage de bureaux qui coûtent cher et qui apportent peu ou pas de résultats tangibles.

Dans une interview pour Global Voices, l'avocate spécialisée dans les affaires de violence de genre Fabiola Higareda a indiqué que la violence envers les femmes vient de l'absence de stratégies se focalisant sur les auteurs de ces violences :

Il est nécessaire que les stratégies prennent en compte le fait que la violence de genre n'est pas une affaire exclusivement de femmes victimes de violence, mais aussi d'hommes auteurs de violence.

Au-delà de ce jargon juridique, et si l'on se réfère aux expressions citoyennes récoltées sous le hashtag #SiMeMatan, la société mexicaine exige que l'on n'ajoute pas à l'impunité des auteurs la victimisation des femmes qui subissent des violences et à qui, dans le pire des cas, on ôte la vie, comme cela fut le cas de la jeune Lesby.

Riace, le village de Calabre où un habitant sur trois est un immigré

mercredi 10 mai 2017 à 23:26

Riace, photo sur le site Italia che cambia.

Pendant des années, après une vague d'attention internationale due à la découverte des Bronzes de Riace le 16 août 1972, la commune de la province de Reggio de Calabre de laquelle les statues tiennent leur nom était replongée dans sa lente agonie, sort que partagent beaucoup d'autres petites communes rurales d'Italie, particulièrement dans le Sud.

Puis, en 1998, le débarquement d'un groupe de 200 réfugiés kurdes a donné à la bourgade une nouvelle vie : les habitants de la commune ont su transformer la tragédie de ces naufragés en opportunité. Le film “Un village de Calabreraconte comment :

Che il mondo si sia accorto di Riace è cosa nota. Meno noto, invece, è che ad accorgersene ci sia anche il cinema.

“Un paese di Calabria” è un film girato a Riace e opera dei registi Shu Aiello e Catherine Catella.

Racconta la storia di Rosa Maria che, in un giorno d’estate del 1931, ha lasciato Riace, il suo paese natale, in cerca di fortuna in Francia. Da allora gli abitanti di Riace hanno visto le case abbandonate dagli emigrati coprirsi di edera e le terre impoverirsi. Un giorno dal mare è arrivato un barcone con duecento profughi curdi. Le case degli emigrati d’inizio novecento sono state date ai migranti che le hanno restaurate. Oggi gli abitanti del paese calabro si chiamano Roberto, Ousmane, Emilia, Mohamed, Leonardo, Taira. Gli abitanti non hanno molto, ma s’inventano ogni giorno il loro destino comune. È la storia di un'amministrazione e di una cittadina che hanno saputo guardare lontano, facendo dell'accoglienza e dell'integrazione una missione. Oggi le case abbandonate sono di nuovo abitate e nel paese è tornata la vita grazie al progetto Futura, portato avanti dal sindaco Domenico Lucano, insieme ai migranti.

Que le monde se soit rendu compte de Riace est un fait connu. Moins connu, au contraire, le fait qu'à s'en rendre compte il y a aussi le cinéma.

“Un village de Calabre” est un film tourné à Riace et est l'œuvre des réalisatrices Shu Aiello et Catherine Catella.

Il raconte l'histoire de Rosa Maria qui, un jour d'été 1931, a quitté Riace, son village natal, pour faire fortune en France. Depuis lors, les habitants de Riace ont vu les maisons abandonnées par les émigrés se couvrir de lierre et les terres s'appauvrir. Un jour, de la mer est arrivé un bateau de fortune avec deux cents réfugiés kurdes. Les maisons des émigrés du début du 20e siècle ont été données aux migrants qui les ont restaurées. Aujourd'hui les habitants du village calabrais s'appellent Roberto, Ousmane, Emilia, Mohamed, Leonardo, Taira. Les habitants n'ont pas grand chose, mais ils s'inventent chaque jour leur destin commun. C'est l'histoire d'une administration et d'une bourgade qui ont su regarder loin, en faisant de l'accueil et de l'intégration une mission. Aujourd'hui, les maisons abandonnées sont de nouveau habitées et dans le village est revenue la vie, grâce au projet Futura, mené par le maire Domenico Lucano, en collaboration avec les migrants.

La politique d'accueil des immigrants de ce petit centre, ainsi que d'autres communes, a attiré l'attention des médias et des classes politiques tant nationales qu'internationales. Dans l'introduction à une entrevue avec le maire Domenico Lugano, déjà à son troisième mandat, infoaut ajoute :

Percorrendo la statale 106, all’altezza di Riace Marina, si rimane spiazzati alla vista di due faccioni disegnati su un muro della stazione. Se ci si ferma e si torna indietro i divertiti sospetti vengono confermati: su quel muro ci sono le caricature di un Bronzo di Riace e del leader della Lega Nord, Matteo Salvini. Sotto il primo c’è scritto “ripescato nel mare di Riace”, sotto il secondo invece “ripescato in un mare di cazzate”.

[…] se non fosse per le due statue ripescate nei suoi mari se ne sarebbe sentito parlare molto poco. Almeno fino a una decina di anni fa, quando il suo sindaco supportato dalla popolazione locale decide di ripopolare il paese sulla strada dell’abbandono offrendo ospitalità ai migranti. La vicenda di questa località calabrese fa il giro del mondo in poco tempo, diventa un cortometraggio di Wim Wenders, viene apprezzata da Papa Francesco e il suo sindaco addirittura viene nominato tra gli uomini più potenti del mondo dalla rivista Fortune.

La trovata è quella di ricercare un’alleanza tra la popolazione locale e i migranti, basata su un rilancio culturale e economico del paese, “approfittando” delle risorse offerte dal sistema dell’accoglienza e dall’autorganizzazione dal basso delle molte persone impiegate nel progetto. Riace ospita oggi 500 migranti su 1500 abitanti.

En parcourant la Nationale 106, à hauteur de Riace Marina, on est pris au dépourvu à la vue de deux visages dessinés sur un mur de la gare. Si on s'arrête et qu'on retourne en arrière, les soupçons divers se trouvent confirmés : sur ce mur il y a les caricatures d'un Bronze de Riace et du leader de la Ligue du Nord Matteo Salvini. Sous le premier est écrit “repêché dans la mer de Riace”, sous le second au contraire “repêché dans une mer de conneries”.

[…] si ce n'était pour les deux statues repêchées dans ses eaux, on en aurait très peu entendu parler. Tout du mieux jusqu'à il y a une dizaine d'années, quand son maire soutenu par la population locale décide de repeupler le village en voie d'abandon, en offrant l'hospitalité aux migrants. L'histoire de cette localité calabraise fait le tour du monde en peu de temps, devient un court-métrage de Wim Wenders, est appréciée par le Pape François et son maire est même nommé parmi les hommes les plus puissants du monde par le magazine Fortune.

L'idée est celle de rechercher une alliance entre la population locale et les migrants, basée sur une relance culturelle et économique du village, “en profitant” des ressources offerts par le système d'accueil et par l'auto-organisation par le bas de beaucoup de personnes engagées dans le projet. Riace accueille aujourd'hui 500 migrants sur 1500 habitants.

Les idées ne manquent pas au maire Domenico Lucano pour mettre en œuvre sa politique d'accueil et pour l'insertion des immigrés dans le tissu socio-économique de sa municipalité. La dernière est la création d'une “monnaie communale”. Le site felicitapubblica.it, qui se définit comme un portail qui s'occupe d'économie civile à 360 degrés, explique :

In questo borgo gli aiuti economici del cosiddetto Sprar (Sistema di protezione per richiedenti asilo e rifugiati) non giungono con puntualità, come peraltro anche in altri luoghi del nostro Paese, creando disagi ai servizi di accoglienza. Per questo motivo il sindaco di Riace, Domenico Lucano, ha dato il via a un’iniziativa molto “radicale”, istituendo una moneta locale convertibile in euro attraverso cui i negozianti del paese possano far credito agli immigrati. In questo modo i debiti vengono accumulati ma saldati successivamente con l’arrivo dei fondi, però frattanto si concede agli immigrati il diritto al potere d’acquisto.

[…]

Grazie all’ingegnosità del sindaco Domenico Lucano, gli immigrati possono contare su vere e proprie banconote, del valore di 1, 2, 5, 10, 20 e 50 euro sulle quali sono incisi i volti di noti personaggi della storia, da Martin Luther King a Peppino Impastato, passando per Che Guevara, fino al Mahatma Gandhi.

Dans cette bourgade, les aides économiques du Sprar (Système de protection pour demandeurs d'asile et réfugiés) n'arrivent pas avec ponctualité, comme par ailleurs dans d'autres lieux de notre pays, créant des désagréments aux services d'accueil. Pour cette raison, le maire de Riace, Domenico Lucano, a donné la voie à une initiative très “radicale”, instituant une monnaie locale convertible en euros à travers laquelle les commerçants du village peuvent faire crédit aux immigrés. De cette manière, les débits sont accumulés mais soldés par la suite avec l’arrivée des fonds, mais entre-temps est concédé aux immigrés le droit au pouvoir d’achat.

[…]

Grâce à l’ingéniosité du maire Domenico Lucano, les immigrés peuvent compter sur de vrais billets de banque, d'une valeur de 1, 2, 5, 10, 20 et 50 euros sur lesquels sont dessinés les visages de personnages historiques célèbres, de Martin Luther King à Peppino Impastato, en passant par Che Guevara, jusqu'au Mahatma Gandhi.

Cette politique a valu au maire de nombreuses distinctions. L'une de celles-ci a été au début de cette année le Prix International de la Paix “Dresden-Preis,” promu par la Fondation Klaus Tschira, d'une valeur de 10 000 euros. Pour l'occasion, aise.it écrit :

Questa la motivazione del premio redatta da Günter Blobel, vincitore del premio Nobel e cofondatore del Dresden-Preis: “È raro che il sindaco di un piccolissimo paese lontano delle grandi metropoli del mondo metta in imbarazzo i dirigenti di nazioni più forti. Domenico Lucano l’ha fatto, definendo come unico criterio per l’accoglienza dei rifugiati la compassione per il prossimo. Mentre in altri posti si costruiscono barriere e si mercanteggia sulle quote per l’accoglienza, Riace accoglie da 18 anni persone che sono fuggite dalla guerra e dalla povertà. E ci si salva a vicenda – gli abitanti e i migranti, con questi ultimi che salvano il piccolo paese calabrese in calo demografico. Così, in Calabria si vive quello che Domenico Lucano chiama “l’utopia della normalità”. In un mondo in cui sempre più gente è costretta ad abbandonare la propria terra, non c’è bisogno di più paura nei confronti di stranieri, di più odio, ma anzi, di più paesi come Riace e di personaggi coraggiosi e umani come Domenico Lucano”.

Voici la raison du prix expliquée par Günter Blobel, lauréat du prix Nobel et cofondateur du Dresden-Preis : “Il est rare que le maire d'un tout petit village loin des grandes métropoles du monde mette dans l'embarras les dirigeants de nations plus fortes. Domenico Lucano l’a fait, en définissant comme unique critère pour l’accueil des réfugiés la compassion pour son prochain. Alors que dans d'autres endroits sont construites des barrières et on marchande sur les quotas pour l’accueil, Riace accueille depuis 18 ans des personnes qui ont fui la guerre et la pauvreté. Et on se sauve mutuellement – les habitants et les migrants, avec ces derniers qui sauvent le petit village calabrais en chute démographique. Ainsi, en Calabre on vit ce que Domenico Lucano appelle “l’utopie de la normalité”. Dans un monde où toujours plus de gens sont contraints à abandonner leur terre, il n'y a pas besoin de plus de peur vis-à-vis des étrangers, de plus de haine, mais au contraire, de plus de villages comme Riace et de personnages courageux et humains comme Domenico Lucano”.

Le village, et d'autres qui s'étaient fait remarquer par leur disponibilité à l'accueil, a inspiré un autre film, “Il Volo” du réalisateur Wim Wenders, réalisé sous l'égide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés.

Dans un article du mois d'août 2009, le blog viverecalabria raconte :

“Il Volo”, questo il titolo dell'opera di Wenders, è una fiaba sull'accoglienza sui fatti realmente accaduti a Badolato, Riace, Caulonia e Stignano, dopo lo sbarco dei profughi curdi nel 1997. La Regione Calabria, prima in Italia a dotarsi di una legge per promuovere l'inserimento dei rifugiati, è co-produttrice del film e devolverà il ricavato al finanziamento di progetti destinati all'accoglienza e all'integrazione.

“Il Volo”, titre de l'œuvre de Wenders, est une fable sur l'accueil et sur les faits réellement survenus à Badolato, Riace, Caulonia et Stignano, après le débarquement des réfugiés kurdes en 1997. La Région Calabre, première en Italie à se doter d'une loi pour promouvoir l'insertion des réfugiés, est co-productrice du film et reversera les recettes au financement de projets destinés à l'accueil et à l'intégration.

Ces jours-ci est parvenue la nouvelle que l'acteur Beppe Fiorello prépare pour la télévision une mini-série pour raconter les “événements d'un village et de son maire qui ont transformé le vide en une opportunité : d'émigrés à des citoyens immigrés”.

Le “blanchiment” social vu et vécu par un mannequin afro-colombien

mercredi 10 mai 2017 à 22:47

Juliette Micolta photographiée par Paloma Fuentes. Photographie publiée précédemment sur le site ‘Afroféminas’ et réutilisée avec autorisation.

Voici le témoignage écrit par le mannequin Juliette Micolta, publié à l'origine par Afroféminas dans le cadre de la réflexion sur l'expérience d'afro-descendants et le racisme en Colombie et dans d'autres parties d'Amérique Latine. Plus de10% des habitants de Colombie sont Afro-descendants et, dans quelques régions comme le Pacifique, ils représentent plus de 90 % de la population. Ils forment aujourd'hui une des communautés afro-descendantes hispanophones les plus vivaces et les plus fortes.

J'avais à peine huit ans lorsque j'ai compris que j'étais différente. Quand tu es petite et que tu arrives dans une école remplie d'enfants, la seule chose que tu vois, ce sont des enfants. Pour moi, il n'y avait pas de différences, jusqu'au jour où on m'a traitée de “noire !” et que tous se sont mis à rire.

Je ne comprenais rien mais cela m'a valu ma première visite chez le psychologue. J'ai alors compris que j'étais différente, et cela ne m'a pas plu.

Plus tard, quand j'étais au collège, je me souviens que toutes mes camarades avaient les cheveux lisses. Pour moi, ces chevelures étaient belles. Au même moment, les professeurs parlaient des ancêtres noirs qui étaient esclaves. Je suis dit alors que je descendais d'esclaves, tout simplement.

Jamais on ne m'a parlé de Garvey, de Mandela ou de King. Jamais on ne m'a parlé de la negra Casilda et de ses histoires pour aider ses frères et les emmener au palenque (enclave dans la montagne, où se sont réfugiés des esclaves fugitifs). Jamais on ne m'a rien expliqué sur Rosa Parks. Jamais on n'a mentionné le fait que nous venions tous d'Afrique.

On me parlait de Christophe Colomb ou de George Washington et j'ai dû travailler des milliers de textes sur des personnages dont je ne me souviens plus et qui ne sont pas marquants dans mon histoire de femme noire.

Et j'ai ainsi commencé à me lisser les cheveux et à essayer de me voir le plus blanche possible pour être acceptée socialement.

Je me souviens d'un professeur qui, à chaque fois qu'il m'appelait, commençait à parler en imitant les Noirs. Je me disais que ce n'était pas grave, que c'était juste pour rire et qu'il fallait continuer. J'essayais alors de gommer complètement ma manière de parler et mes mots noirs.

Je viens de Bogotá, en Colombie, une ville de Blancs. À l'époque, il n'y avait pas autant de Noirs qu'aujourd'hui. Je me suis alors mise à me lisser les cheveux chimiquement, à réprimer mes habitudes et, un jour, je me suis même acheté une crème blanchissante.

Cela n'a jamais marché.

J'étais désespérée, il fallait que j'éclaircisse ma peau. J'ai toujours été celle qui avait la peau la plus foncée dans la famille et je ne voulais pas l'être. Lorsque je suis entrée à l'université, je continuais de le penser. Quand on me traitait de “noire”, je montrais que cela ne me plaisait pas.

J'ai grandi dans un environnement socialement blanc, où il ne fait pas bon être noir. Où avoir les cheveux durs n'est pas beau et où l'on imagine qu'être Noire signifie avoir des fesses et des seins.

Bon, vous le savez bien, je n'ai ni l'un ni l'autre.

Nous ne descendons pas d'esclaves, nous descendons d'êtres humains

C'est en écoutant de la musique que je suis tombée un jour sur la chanson de Barrintong Levy Mandela free. En entendant cette chanson, j'ai voulu rechercher mes ancêtres. Je me suis alors rendu compte que la société m'obligeait à me blanchir. Entendre le mot “noire” en tant qu'insulte fait partie du quotidien de beaucoup de femmes afro-descendantes. Modifier ses cheveux pour être acceptée socialement ne se fait pas.

Je pense à tous ces enfants qui seront blanchis socialement sans s'en rendre compte. Ils sont discriminés mais ils ne savent rien de leurs ancêtres ni des personnes qui se sont battues pour que cela ne se reproduise pas. Quelles conséquences tout cela peut-il avoir sur ces enfants si on ne le dénonce pas ?

Nous ne descendons pas d'esclaves, nous descendons d'êtres humains qui ont été réduits en esclavage, et ça, on ne nous l'apprend pas à l'école. Un ami chilien m'a par exemple dit qu'on ne lui avait jamais parlé de l'esclavage ou des leaders noirs dans l'Histoire. Pourquoi ? Le Chili a pourtant toujours eu des Noirs, les Afro-chiliens.

Pourquoi toute cette éducation “blanche” et cette passion pour éliminer la trace des Noirs ?

Le mariage inattendu du graff et de l'orthodoxie russe

mercredi 10 mai 2017 à 22:38

Source: https://vk.com/rimrus_blog. “Dieu est amour” dit ce tag autorisé par l'Eglise devant une cathédrale orthodoxe russe dans la ville de Volgodonsk.

L'Eglise orthodoxe et le street-art n'ont pas l'habitude de fraterniser, mais une récente collaboration entre un graffeur de province et un prêtre prouve qu'il y a une exception à la règle.

Le mois dernier, un artiste au surnom de “Rimrus” de Volgodonsk en Russie du sud, constatait que le mur entourant une église orthodoxe de sa ville était couvert de graffitis, et il décida d'agir. Dans une lettre à un prêtre local, Rimrus lança l'idée de recouvrir les graffitis par une œuvre de son cru et proposa un motif. Le prêtre accorda aussitôt sa permission et proposa même de fournir la peinture à l'artiste.

Le résultat du travail de Rimrus ? Un tag multicolore qui se lit “Dieu est amour”.

Rimrus raconte dans un post sur le forum en ligne Pikabu qu'après avoir reçu l'autorisation écrite du prêtre, il a travaillé trois jours sur le mur. Les passants approuvaient pour la plupart son travail, un seul n'a pas apprécié et menacé d'appeler la police. Son œuvre terminée, Rimrus reçut en remerciement trois gâteaux traditionnels de Pâques donnés par des dames de la ville.

Le mur avant l'intervention de Rimrus. Source: Pikabu.ru

Pour expliquer ce qui l'a motivé à peindre pour l'église, Rimrus dit avoir “aimé l'idée de rapprocher ce qui semble impossible.” Il prétend aussi qu'une telle collaboration avec l'Eglise orthodoxe est la première du genre en Russie, si ce n'est dans le monde.

Rimrus se dit un “croyant sans chapelle” et s'est montré critique dans sa correspondance avec l’ Eglise. Dans sa lettre à l'ecclésiastique, Rimrus accuse l'Eglise orthodoxe d'être inactive et de “se détourner du peuple”.

Le graffiti de Volgodonsk est un exemple exceptionnel d'ouverture à la culture populaire de la part de l'Eglise orthodoxe russe. Pas plus tard que cette semaine, le clergé s'est mobilisé contre un épisode des Simpsons montrant Homer jouant à Pokemon GO à l'église. Andreï Novikov, archiprêtre de l‘église de la Trinité source de vie à Khokhli de Moscou, a commenté que la nouvelle saison de la série était de la propagande pour des “valeurs morales faussées”.

Il y a un parallèle évident entre cet épisode et l'affaire de Ruslan Sokolovski, arrêté en 2016 après avoir mis en ligne une vidéo de lui-même jouant à Pokemon GO dans une église orthodoxe de Iekaterinbourg. dans l'Oural. Sokolovski, dont le verdict sera rendu le 11 mai, encourt jusqu'à trois ans et demi de prison.

Les murs entourant une des églises de Russie peuvent bien être désormais ornés de façon peu conventionnelle, les préférences télévisuelles du clergé demeurent, elles, aussi orthodoxes que jamais.

Le président du Nigéria a de nouveau disparu et ses concitoyens veulent savoir pourquoi

mardi 9 mai 2017 à 23:12
Le président nigérian, Muhammadu Buhari. Photo Creative Commons de l'agence de presse Tasnim.

Le président nigérian, Muhammadu Buhari. Photo Creative Commons de l'agence de presse Tasnim.

[Article d'origine publié en anglais le 4 mai 2017] Le président nigérian Muhammadu Buhari a été malade récemment et il a manqué plusieurs cérémonies officielles. En mars, il est revenu du Royaume-Uni après sept semaines d'absence pour raisons médicales, mais des questions sur la santé du chef de la nation la plus peuplée d'Afrique ont refait surface lorsqu'il a manqué une réunion du gouvernement fédéral le 12 avril.

Selon le journal ThisDay, “l'absence manifeste” du Président Buhari a même soulevé des craintes qu'il ait été évacué encore à l'étranger, bien que le gouvernement ait nié ces rumeurs.

La spéculation a continué, cependant, lorsqu'il a manqué une réunion du cabinet, la semaine suivante. Son ministre de l'information, Lai Mohammed, a tenté de calmer la nation, en disant que le président travaillait à la maison.

L'explication n'a mené qu'à d'autres questions sur la localisation et la santé de M. Buhari.

Un autre conseil ministériel fédéral sans le président … Quelle en est l'excuse cette fois-ci?

Ensuite, le vendredi suivant, le président n'a pas assisté à la prière du Salat Al Jumu’a dans sa résidence officielle d'Aso Rock.

Buhari n'a pas été aujourd'hui aux prières du vendredi – ce qui, selon moi, selon moi, veut dire qu'il est très malade.

Au fur et à mesure que les absences se répètent, les demandes d'informations honnêtes sur son état se multiplient également. Wole Soyinka [fr], lauréat du Prix Nobel de littérature en 1986, s'est demandé pourquoi le président cache son état de santé :

Le président Buhari (@MBuhari) devrait rendre son état de santé public – Wole Soyinka
Regardez la vidéo complète ici:

Ensuite, chef Bisi Akande, ancien président du parti de M. Buhari, a averti que certains fonctionnaires du gouvernement “spéculent” sur la santé du président, disant que sa disparition du public “pourrait entraîner tout le pays vers un désastre évitable” et mettent en garde “ceux qui souhaitent exploiter la situation à des fins politiques “.

Pendant ce temps, les internautes nigérians utilisent le hashtag #WhereisBuhari, exigeant de voir leur président :

Un embarras national pour les Nigérians de manifester par des hashtags juste afin de voir leur président ou avoir des informations le concernant.

Nous sommes en mai 2017, nous n'avons pas de budget, nous ne sommes pas des gens normaux …

Nous cherchons également notre président …

If @MBuhari is very sick, let him proceed for medical leave. Good health is more important than any possession #WhereIsBuhari

— Obinna Chukwuezie (@obinnachukwuzie) May 2, 2017

Si @MBuhari est très malade, laissez-le continuer son congé de maladie. La bonne santé est plus importante que tout autre bien

“Les Nigérians devraient connaître l'état de santé de Buhari, son âge et sa santé ne peuvent supporter les exigences de la fonction” -

Certains utilisateurs de Twitter, comme celui ci-dessous, ont exprimé leur mécontentement à propos de l'information selon laquelle Buhari ne fait que travailler “à la maison”.

Le Nigeria n'est pas une entreprise en ligne que vous pouvez diriger de chez vous

D'autres ont appelé à une manifestation nationale :

Où sont tous ceux qui aiment le Nigeria ? En 2010, nous avons marché. Garçons, filles, hommes, femmes, musulmans, chrétiens … NOUS AVIONS MARCHÉ !

Vous avez marché quand le Président Yar'Adua a été malade , rampé à Hero, mais votre homme n'a pas à présider le gouvernement fédéral? Ou apparaitre en public?

L'utilisateur Twitter Tmak a rappelé au parti au pouvoir sa position pendant la maladie du défunt président Umaru Musa Yar'Adua :

L'opposition nigériane exige une preuve de la santé de Yar'Adua https://t.co/plf4QRISTu via @ Reuters @ APCNigeria maintenant c'est à votre tour!

Tous nos saints politiques ont refusé de dire la vérité sur la santé du président. Mais s'en donnaient à coeur joie sur la santé du Président Yar'Adua

Le Président Umaru Musa Yar'Adua est mort en 2010 après avoir lutté contre une maladie cardiaque pendant des mois. Le secret entourant sa maladie a conduit à un vide de pouvoir et à une crise politique ultérieure. Malgré les dispositions constitutionnelles pour le transfert de pouvoir lorsque le président devient incapable de gouverner, les conseillers de M. Yar'Adua l'ont empêché de démissionner. Au lieu de cela, “ses proches” ont répandu la désinformation sur sa santé.

Le parti de l'opposition d'alors a demandé par son porte-parole, Lai Mohammed, de produire des “preuves concrètes” avec une vidéo à l'appui du Président Yar'Adua sur son lit d'hôpital. M. Lai Mohammed, qui est maintenant le porte-parole du gouvernement, semble avoir oublié la solution qu'il avait préconisée il y a sept ans dans des circonstances similaires.

Bien sûr, certains utilisateurs de Twitter préfèrent l'humour pour traiter de la disparition du dernier en date des leaders nigérians :

Lorsque vous dites aux Nigérians que Buhari a bon pied bon œil

J'ai eu une légère douleur thoracique quand j'ai vu cela [à force de rire]

Commentant sur Medium, l'écrivain nigérian Tunde Leye a averti que des conséquences catastrophiques pourraient résulter d'une nouvelle négligence à propos de la santé du président, en disant que des religieux musulmans accusent les chrétiens d'avoir “empoisonné” le Président Buhari. “Un policier a même signalé publiquement qu'il allait tuer 200 personnes si le président Buhari décédait”, selon M. Leye.