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Kathmandou: les évènements récents transformés en oeuvres d'art

mardi 29 mars 2016 à 09:25

Trail of Liberation. Artwork by Ashim Shakya. Used with permission.

Trail of Liberation [“Chemin de la libération”, NdT]. Création d'Ashim Shakya, reproduite avec autorisation.

Bien que petit à petit, la vie reprenne son cours à Kathmandou, les habitants n'ont pas encore poussé de soupir de soulagement, même après la levée du blocus officieux imposé par l'Onde, qui a duré presque cinq mois. Depuis la fin septembre 2015, le Népal a souffert d'une sévère pénurie de carburant et de vivres lorsque des milliers de camions contenant des biens de première nécessité en provenance d'Inde sont restés bloqués à la frontière indo-népalaise.

Les Népalais sont encores sous le choc du chaos causé par cette pénurie, entrainant un marché noir des biens de première nécessité, tels que le gaz.

Ashim Shakya, artiste et musicien autodidacte de Kathmandou, a décrit la situation dans une série d'oeuvres. Ci-dessous, “Pressurized” [“Sous pression”, NdT] montre la pression sous laquelle les Népalais ont vécu pendant le blocus.

Pressurized. Artwork by Ashim Shakya. Used with permission.

Pressurized. Création d'Ashim Shakya, reproduite avec autorisation.

Dans “Annihilation“, il décrit le marché noir de l'huile de cuisson.

Annihilation. Artwork by Ashim Shakya. Used with permission.

Annihilation. Création d'Ashim Shakya, reproduite avec autorisation.

Une autre oeuvre, “E X T R A C T I O N“, représente les motifs et conséquence de la crise, du marché noir et du blocus.

E X T R A C T I O N . Artwork by Ashim Shakya. Used with permission.

E X T R A C T I O N . Création d'Ashim Shakya, reproduite avec autorisation.

Lorsque la pénurie de carburant a forcé les Népalais à se tourner vers l'électricité pour cuisiner leurs repas, pomper de l'eau et accomplir d'autres tâches de la vie courante, plus de cinq cent transformateurs ont fondu dans le pays, incapables de répondre à l'augmentation de la consommation.

Ashim a eu l'idée de raconter ces évènements dans son oeuvre “Explosive Aftermath” [“Conséquences explosives”, NdT].

Explosive Aftermath. Artwork by Ashim Shakya. Used with permission.

Explosive Aftermath [“Conséquences explosives”, NdT]. Création d'Ashim Shakya, reproduite avec autorisation.

Il explique en détails l'idée derrière “ExplosiveAftermath” sur Facebook :

This symbolizes the recent issue of exploding Transformers due to overload of electricity. The transformer poles are levitating itself for the people as it[‘]s no longer safe to be on the ground proving its smarter than most of the officials here. Though this is the main theme behind this work, everyone may relate it to your respective Interpretations and feelings. Thank you.

Ceci symbolise le problème récent des transformateurs qui explosent à cause de la surcharge. Ces piliers lévitent parce qu'au sol ils sont dangereux pour les gens. Ils se montrent ainsi plus malins que la plupart des fonctionnaires d'ici. Bien que ce soit le thène principal derrière ce travail, chacun peut y mettre sa propre interprétation et ses propres sentiments. Merci.

Son oeuvre “Breakdown I E N C L O S E D” [“La crise capturée”, NdT] décrit avec force l'état de Kathmandou pendant le séïsme d'avril 2015, qui a fait presque neuf  mille morts.

Breakdown I E N C L O S E D . Artwork by Ashim Shakya. Used with permission.

Breakdown I E N C L O S E D . Création d'Ashim Shakya, reproduite avec autorisation.

Sur Facebook, Su Bash écrit ses impressions sur cette oeuvre :

For me this depicts the black day, the day when earthquake struck. The world came crashing in. This is a powerful image.

Pour moi, cela montre le jour noir, le jour où le tremblement de terre a frappé. Le monde s'est effondré. C'est une image puissante.

Dans son art, Shakya ne se concentre pas seulement sur la pénurie, le chaos et la destruction, mais aussi sur l'espoir et l'harmonie qui sont abondants au Népal.

Dans son “Mellow Dwellings” [“Tendres demeures”, NdT], une rue d'habitations est réinventée en instruments de musique. Shakya explique sur Facebook :

“Mellow Dwellings “
Souls of triumphant comes over these houses where Music dwells in every walk and gestures as I pass the melodies of my path. A lone house may chant some notes but it's the community that composes a “Harmony” .

“Mellow Dwellings “
Les âmes triomphantes passent au-dessus de ces maisons où la Musique vit dans chaque pas et dans chaque geste alors que je marche sur les mélodies de mon chemin. Une maison solitaire peut bien chanter quelques notes, mais c'est la communauté qui compose une “harmonie”.

Mellow Dwellings. Artwork by Ashim Shakya. Used with permission.

Mellow Dwellings. Création d'Ashim Shakya, reproduite avec autorisation.

Manjima Sharma commente sur Facebook :

Amazing imagination. If the houses were constructed to reflect the sketch , it could have been a world landmark. Wonderfully done.

Incroyable imagination. Si ces maisons étaient construites comme sur ce dessin, elles pourraient être mondialement connues. Superbe.

Le Kirghizistan adopte les énergies renouvelables

lundi 28 mars 2016 à 19:11
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Un modèle fonctionnel de l'éolienne développée par Emil Tursunov. Archive personnelle. Publiée sous autorisation.

Au Kirghizistan, un déficit énergétique stimule l’essor des énergies renouvelables et une consommation optimisée. Mais ce changement ne saurait se produire très rapidement.

Parfois aidés par des organisations internationales, à d’autres occasions autofinancés, tant individus qu’entreprises ont commencé à mettre en oeuvre un certain nombre de projets innovants en exploitant le potentiel éolien, solaire et hydraulique du pays.

Une éolienne pas comme les autres

Emil Tursunov est le fier créateur`d'une éolienne réellement innovante, à voir sur la photo `au-dessus de cet article.

Les avantages qu’elle procure sont évidents : fabrication et installation faciles, mobilité, coûts d’exploitation réduits et la capacité de fonctionner par vents violents ou faibles.

L’adaptabilité de l’engin à des conditions météorologiques différentes et l’intégration astucieuse de panneaux solaires assurent une conversion de l’énergie fiable et efficace.

Le délai d’amortissement est de trois ans environ, une période relativement courte, possible grâce à des coûts de production réduits ($1000- 2000 en fonction du volume de production), pendant que l’éolienne est capable de produire assez d’énergie pour alimenter assez d’appareils ménagers et de fournir de l’électricité et du chauffage pour un petit appartement.

Avant d’envisager une production en série, Tursunov a l’intention de présenter le modèle lors de l’EXPO-2017, un salon international thématique sur ‘l’énergie du futur” qui se tiendra au Kazahkstan.

L’énergie éolienne reste relativement inexploitée au Kirghizistan, bien qu’elle pourrait couvrir près de 7% des besoins en énergie des communautés rurales qui constituent plus de la moitié de la population totale du pays.

Néanmoins, qu’il s’agisse de produire de l’électricité pour la consommation des ménages ou d’alimenter les pompes à eau pour les exploitations agricoles, les éoliennes connaissent un succès grandissant, spécialement dans le nord.

Un site d'information local, Kloop.kg, a récemment couvert l’histoire d’un autre innovateur d’une région rurale, Beshenbei Saadabaev, qui, après de nombreuses années de pannes de courants répétées dans son village, a conçu un engin moins cher et plus simple.

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Une école écoénergétique bénéficie d’une meilleure isolation et d’énergie solaire

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Des panneaux solaires sur le toit de l'école Ak-Tilek. Photo par BIOM

Alors que le gouvernement modifie les calendriers scolaires en allongeant les vacances d’hiver pour réduire la consommation d'énergie en chauffage, un lycée scientifique du sud du Kirghizistan vient d’adopter une approche différente.

Depuis maintenant quatre ans, l’école Numéro 52 bénéficie d’une infrastructure efficace sur le plan énergétique et de panneaux solaires sur ses toits.

Bien qu’onéreuses, ces panneaux ont contribué à une importante réduction des factures de l'école.

L’énergie solaire est utilisée pour chauffer l’eau pour les cantines, les toilettes et les douches des salles de gym.

Depuis la rénovation de l’école, Elena Rodina, à l’époque coordinatrice du projet pilote “Amélioration du rendement énergétique dans les bâtiments” dans le cadre du Programme des Nations unies pour le développement, s’est exprimée lors d’une présentation aux représentants du gouvernement :

Pendant la saison de chauffage en 2012-2013, l’école a dépensé 600000 soms [soit 8000 dollars USD], alors que des écoles similaires ont dépensé près de 2 500 000 soms [soit 33 600 dollars USD], et ont ainsi réduit leur taux de consommation d’énergie de 53%.

Ces innovations devraient permettre d’amortir les investissements initiaux en moins de neuf ans.

Une université et son système de consommation d’énergie très ‘terre-à-terre’

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L'American University d'Asie centrale, le nouveau campus écologique. Archives AUCA. Publiée sous autorisation.

L’American University d’Asie centrale qui a ouvert ses portes de son nouveau campus en 2015 est la première école privée (et entreprise) à introduire le chauffage géothermique en Asie centrale.

Les bénéfices du système de chauffage par géothermie, connus depuis des années, étaient largement ignorés au Kirghizistan et en Asie centrale dans son ensemble.

Lors de l’inauguration du nouveau campus, le Secrétaire d’Etat américain John Kerry a dit  :

Ce nouveau campus est spécial car c’est le première projet de construction privé écologique en Asie centrale, c’est-à-dire, comprenant le chauffage et la climatisation géothermiques, un réseau de canalisations de pointe, un système d’irrigation et le plus haut niveau d’efficacité énergétique de toute la région.

En mots plus simples, une pompe géothermique assure le transfert de chaleur entre le bâtiment et le sol. Pendant la saison froide, elle transfère la chaleur absorbée de la terre vers le bâtiment. Pour le refroidissement, c’est l'inverse : en extrayant la chaleur du bâtiment et en le transférant vers le sol pour le refroidir.

L’efficacité du chauffage géothermique et les coûts d’entretien réduits en font un système attrayant d’un point de vue économique. Au fil du temps l’université devrait voir sa consommation d’énergie réduite de 87%, justifiant ainsi un premier investissement coûteux pour l’acquisition d’une pompe.

Actuellement, ce sont les coûts de démarrage d’un tel projet combinés aux habitudes d'une électricité subventionnée léguées par l'Union Soviétique qui découragent les entreprises du pays à emprunter le même chemin.

Néanmoins, l'ère soviétique étant incontestablement flétrie dans ce pays, le futur de l’énergie au Kirghizistan semble s'orienter vers une solution aux problèmes de pénurie ou prix de l'électricité en dehors des réseaux classiques de distribution de l'énergie.

Le regard critique des Cubains sur la visite d'Obama à La Havane

lundi 28 mars 2016 à 19:05
"Cuba and Obama reestablish relations." Cartoon via Linhas Livres.

“Cuba et Obama rétablissent leurs relations” Caricature dans Linhas Livres.

“L'avenir de Cuba sera décidé par les Cubains” : dans son discours du 21 mars 2016 à La Havane, Obama s'est engagé à “mettre fin” à l'embargo commercial des Etats-Unis sur Cuba et a démontré son intention de respecter les décisions des Cubains concernant l'avenir de leur pays.

Même si le ton d'Obama marque une nette rupture avec la rhétorique de ses prédécesseurs, le choix de ses mots a laissé certains internautes perplexes, se demandant au juste de quels “Cubains” il parle.

Le blogueur pro-gouvernemental Iroel Sanchez répond, en demandant :

#‎ObamaenCuba‬ déclare que le destin de #‎Cuba‬ est l'affaire des Cubains. La question est : quels Cubains ? La minorité qu'il souhaite “rendre autonomes” en les rendant dépendants des affaires avec #‎EEUU‬ ou tous les Cubains ?

Des deux côtés du Détroit de Floride, les Cubains ont suivi de près cette semaine, car le Président Barack Obama est le premier Président des Etats-Unis en exercice à se déplacer à Cuba depuis 1928. Des centaines de journalistes américains, qui couvraient la visite, semblaient passablement abasourdis en tweetant des informations allant du commerce aux logements AirBnB, sans oublier le match de base-ball Industriales contre Tampa Rays.

Pendant ce temps, les Cubains de l'île (ou du moins, ceux qui ont internet) et hors de l'île, ont émis de sévères critiques à l'égard des deux dirigeants.

Jesús López Martínez, qui écrit dans La Joven Cuba, un blog collectif d'étudiants universitaires qui soutiennent le régime de Castro, suggère qu'au lieu de permettre à Obama “de diffuser sa vision du progrès” à Cuba, les dirigeants cubains auraient dû lui faire miroiter les avantages de leur système :

Notre expérience dans le domaine de la santé pourrait lui être utile dans son pays où des millions de personnes n'ont pas accès aux soins médicaux. Il veut parler des droits de l'homme. Et bien montrons-lui comment fonctionne notre police et peut-être alors pourra-t-il empêcher ses policiers de tuer des noirs impunément dans le nord de son pays.

Alors que de nombreux usagers de Twitter ont fait écho à l'opinion de Jesus Martínez sur la santé publique, son second argument n'a pas tenu face à la forte présence policière dans les lieux publics et la brusque augmentation des arrestations d'activistes antigouvernementaux avant et pendant la visite.

Certes, la visite a été gâchée par les arrestations et les mises en détention de quelques opposants les plus véhéments au gouvernement de Castro. Plusieurs médias ont révélé les arrestations le dimanche après-midi des Dames en blanc, une organisation constituée d'épouses et de mères de prisonniers politiques qui manifestent régulièrement (et sont tout aussi régulièrement et brièvement interpellées par la police d'Etat) dans les lieux publics de La Havane.

Elizardo Sánchez, célèbre défenseur des droits de l'homme, a lui aussi été arrêté le samedi, alors qu'il se rendait à La Havane pour s'entretenir avec Obama. Sánchez estime que 180 Cubains ont été arrêtés avant et pendant la visite.

“Combien de pays respectent intégralement les droits de l'homme ? Aucun !”

Durant la conférence de presse conjointe des deux dirigeants (un exercice inhabituel pour Castro) le thème des droits de l'homme a surgi à diverses reprises. Andrea Mitchell, la célèbre journaliste de télévision aux Etats-Unis, a demandé aux deux dirigeants comment ils envisageaient de travailler ensemble étant donné leurs divergences à ce sujet. Juste après la réponse d'Obama, Castro a déclaré :

What country complies with [all human rights]? Do you know how many? I do. None. None whatsoever. Some countries comply some rights, other comply others. And we are among these countries. Out of these 61 instruments, Cuba has complied with 47 of these human rights instruments. There are countries that may comply with more, those that comply with less. I think human rights issues should not be politicized.

 

Quel pays les respecte tous [les droits de l'homme]? Le savez-vous? Moi, je le sais. Aucun. Absolument aucun. Certains pays en respectent certains, d'autres en respectent d'autres. Nous sommes entre les deux. Des 61 droits qui constituent les droits de l'homme, Cuba en respecte 47. Certains pays en respectent plus, d'autres moins. Je pense que cette question des droits de l'homme ne doit pas être utilisée à des fins politiques.

Puis il a poursuivi en faisant l'éloge des soins médicaux à Cuba, du système éducatif et de l'égalité des salaires homme-femme.

Peu après, un journaliste lui a demandé si le gouvernement cubain comptait libérer des prisonniers politiques. Raúl Castro a d'abord exprimé des doutes sur l'existence de prisonniers politiques à Cuba, puis il a répondu : “Donnez-moi la liste de ces prisonniers politiques et je les ferai libérer”, puis il a refusé de continuer sur ce sujet.

Aussitôt, des Cubains et des Cubains exilés ont commencé à partager sur Facebook et Twitter les nombreuses versions d'une telle liste. Le technologue et blogueur Eliécer Avila souligne que la réponse de Raúl démontre une absence totale de procédures régulières à Cuba.

Tout ceci démontre bien qu'ici la loi ou le système judiciaire n'existent pas en dehors de son bon vouloir, puisqu'il se permet d'affirmer en toute confiance que si on lui donne une liste de prisonniers politiques, “ils seront libérés dans la soirée.”

De nombreux rapports ont été rendus publics et indiquent que la police d'Etat cubaine a exercé un contrôle renforcé, en particulier sur la population et les opposants les plus critiques envers le régime. La militante pour la démocratie et membre du conseil du Mouvement chrétien de libération, Rosa María Rodriguez, a décrit les mesures de précaution prises par le gouvernement autour de la visite comme étant “calculées au millimètre.” “Rien ne bouge sans qu'ils le sachent” a-t-elle déclaré.

L'organisation de Rosa Maria Rodriguez, dont le siège social est à Cuba, a été fondée par Oswaldo Payá, un défenseur de la démocratie plus connu pour avoir oeuvré en faveur du changement démocratique dans les limites de la constitution cubaine jusqu'à son décès dans un accident de voiture aux circonstances mystérieuses en 2012.

Obama “parle la langue de la démocratie du XXI° siècle”

De nombreux dissidents, dont la plupart écrivent depuis l'étranger, ont commenté la signification de l'identité politique d'Obama et de son image dans le contexte cubain. Que signifie pour les Cubains, demandent-ils, voir un président relativement jeune et noir, élu pour deux mandats consécutifs aux Etats-Unis, alors qu'à Cuba les plus hauts dirigeants sont des hommes blancs qui ont entre 70 et 80 ans ? Les chiffres d'un recensement récent indiquent que 14% de la population des Etats-Unis est noire ou métisse, alors qu'on estime que 36% de la population cubaine est noire ou “métisse” (issue d'ethnies différentes).

Ted Henken, sociologue américain spécialiste de Cuba, dans un article de Huffington Post, s'est penché sur la discrimination raciale aussi bien aux Etats-Unis qu'à Cuba, et a qualifié Obama de “symbole puissant” des avancées des Etats-Unis dans le domaine de “la justice raciale et de l'égalité”. Il reconnait cependant que les Etats-Unis ont encore “un long chemin à parcourir”.

Rafael Rojas, historien et écrivain cubain résidant au Mexique, dans un article de El País, qualifie Obama de symbole de progrès dans le domaine de l'inégalité raciale, mais pas seulement. Il incarne aussi l'homme qui “parle la langue de la démocratie du XXI° siècle :

Obama incarne une multitude de choses très appréciées par la jeunesse de l'île après 56 ans de communisme : la réussite sociale et politique des afro-américains aux Etats-Unis, le pari d'une gouvernance  en faveur de tous, une diplomatie qui donne priorité à la négociation des conflits, un démocrate du XXI° siècle qui parle le langage des démocraties du XXI° siècle. Mais Obama est, en plus, la preuve vivante de quelque chose que la jeunesse cubaine perçoit comme un mélange étrange et fascinant : un homme politique qui abandonne le pouvoir à 55 ans, l'âge actuel des successeurs les plus jeunes des dirigeants octogénaires de l'île …

Les marxistes condamnent le contrôle de l'Etat sur le discours public

Observatorio Crítico, un blog communiste et intellectuel, publie une critique plus nuancée de la gestion de la visite par les autorités cubaines, d'un point de vue marxiste :

Dans certaines circonstances, comme la visite d'Obama dans notre pays, il est essentiel d'éviter les confrontations, mais nous demandons que soit faite une distinction entre les règles gouvernementales et le droit du peuple à s'exprimer.

Il est indispensable que les organisations, ou tout autre moyen d'expression de la société civile, puissent provoquer une agitation politique face à la visite de personnalités comme Obama et François Hollande, ou face aux exactions commises par des gouvernements avec lesquels nous entretenons des relations économiques prometteuses.

Observatorio Crítico aboutit ici à une conclusion importante : finalement, malgré les divergences sur les droits de l'homme et la politique sociale, le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis découle probablement de la conviction commune que le changement servira au mieux les intérêts économiques des deux pays.

Consultez le dossier spécial de Global Voices sur les relations Etats-Unis-Cuba.

#Pakistan : vague de dons de sang à Lahore après l’attentat survenu dans un parc

lundi 28 mars 2016 à 14:26
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Image largement partagée sur les réseaux sociaux.

L’explosion survenue dans le parc Gulshan-i-Iqbal, particulièrement apprécié des enfants, dans le quartier de Iqbal Town à Lahore, deuxième ville du Pakistan, a fait au moins 69 morts et plus de 250 blessés.

L’attentat dévastateur s’est produit à quelques mètres d’une place de jeux, alors que le parc était bondé. La plupart des victimes sont des femmes et des enfants qui célébraient les fêtes de Pâques dimanche.

Rabia Mehmood, journaliste basée à Lahore, auteur des articles les plus complets sur la persécution religieuse et les violences contre les minorités au Pakistan, a tweeté :

Les chrétiens ont été visés par deux attentats-suicides par deux attentats-suicides, dans des églises de Youhanabad en mars 2015 et maintenant à Pâques.

De nombreux citoyens ont commencé à coordonner les efforts pour donner leur sang et offrir un soutien aux familles des victimes.

Lahore, je t'aime.

Anthony Permal, un Pakistanais résidant à Dubaï, auteur d’un blog sous le pseudonyme de Digital Christ, a publié sur Facebook :

It is easy to hate. They want us to hate. But the terrorist have lost. You know how I know?

Because right now thousands of Lahori men and women are queueing up outside hospitals to donate blood. Tonight, Muslim blood will flow through Christian bodies. And vice versa. You see, in hurting us, you united us. Thank you. ‪#‎LahoreStrong‬

Il est facile de haïr. Ils veulent notre haine. Mais les terroristes ont perdu. Vous savez comment je le sais ?

Parce qu’à l’instatnt, des milliers d’habitantes et d’habitants de Lahore attendent devant les hôpitaux pour donner leur sang. Ce soir, du sang musulman coulera dans les veines de corps chrétiens. Et vice versa. Vous voyez ? En voulant nous faire du mal, vous nous avez unis. Merci.

Careem, le service local de taxi à la demande, offre gratuitement le déplacement à l’hôpital pour toute personne souhaitant donner son sang.

Transport gratuit pour les dons de sang à Lahore. Careem offre le trajet à toutes les personnes qui vont donner leur sang.  042-35909393

Dawn, l’un des sites d’informations les plus populaires du Pakistan, a également lancé un appel sur Twitter pour encourager les gens à donner leur sang.

APPEL AUX DONS DE SANG À LAHORE

L’hôpital Jinnah manque de sang, des dons sont nécessaires et urgents.

Des internautes se sont organisés pour coordonner les efforts en ligne :

Si vous souhaitez participer à l’organisation de l’aide pour les victimes de l’explosion de Lahore, remplissez ce formulaire Google et partagez-le.

Les militants à l’origine de cette initiative se concentreront sur les efforts visant à « fournir de la nourriture, des médicaments, des fauteuils roulants, des béquilles ou des services funéraires pour les personnes n’ayant pas les moyens de s'en procurer pour leurs proches ».

Au même moment, sept heures après l’attaque, l’activiste pakistanais Jibran Nasir, qui compte plus de 70 000 abonnés sur Facebook et s’était présenté comme candidat indépendant aux élections en 2013, twittait :

3 h 00 et les hôpitaux de Lahore sont encore bondés de donneurs de sang. C’est ce qui fait le Pakistan. Ce qui nous donne espoir et nous fait aller de l’avant. #Vousavezperdu

Sur sa page Facebook, le tweet est accompagné du texte suivant :

Note: This status in no way intends to belittle the loss of precious lives today. I am also not implying that the sudden and tragic loss of lives today was meant to be a sacrifice in the War against terror. Those people didn't want to die and they deserved a peaceful and secure life. I am only acknowledging the response and unity shown today by the people of Lahore who are helping out regardless of religion/sects beings humans first.

Remarque : Ce statut ne cherche en aucune cas à minimiser la perte de précieuses vies aujourd’hui. De même, je ne sous-entends pas que ces morts soudaines et tragiques étaient un sacrifice nécessaire dans la guerre contre le terrorisme. Ces personnes ne souhaitaient pas mourir et elles méritaient de vivre en paix et en sécurité. Je souligne simplement la réponse et l’unité dont les habitants de la ville de Lahore ont fait preuve aujourd’hui, sans distinction de religion ou de culte, humains avant tout.

L’attentat a été revendiqué par la faction talibane pakistanaise Jamaat-ul-Ahrar. Un porte-parole du groupe a déclaré au journal pakistanais de langue anglaise Express Tribune « Nous revendiquons l’attaque perpétrée contre des chrétiens qui célébraient Pâques ».

Le Pakistan lutte contre les violences causées par des groupes liés aux talibans et les activités de gangs criminels depuis neuf ans.

Alors que Lahore était aux prises avec les événements liés à l’attentat, dans la capitale, Islamabad, la police usait de gaz lacrymogènes contre des milliers de manifestants sortis dans la rue pour montrer leur soutien au tireur islamiste Mumtaz Qadri. Celui-ci a été pendu le mois dernier pour leur meurtre commis il y a cinq ans de Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, qui avait défendu une chrétienne emprisonnée pour blasphème. Au Pakistan, les défenseurs des droits de l’homme considèrent que la loi relative au blasphème est largement appliquée de manière à cibler les chrétiens.

Fanatiques dans la rue à #Islamabad, jihadistes semant la mort à #Lahore ; le Pakistan reste en état de siège.

Nighat Dad, avocat et défenseur des droits de l’homme, qui vit à proximité du parc où s’est produit l’attaque, décrit des scènes de tristesse, de colère et de deuil à Lahore, la Ville des Jardins.

« Restez forts », « Nous sommes résilients », « Nous nous en sortirons ». Tout semble superficiel… il semble que la folie soit sans fin.

La chroniqueuse américano-pakistanaise Rafia Zakaria, basée aux États-Unis, a twitté :

À Lahore, des enfants qui jouaient dans un parc ont été visés. Il n’y a pas assez d’ambulances, plus de 50 morts, beaucoup succombent sur place. #jesuislahore

Nadia Jamil, actrice pakistanaise, présentatrice d’un talk-show populaire a publié l’image d’une des victimes :

Je me rappelle sans cesse de son sourire.
Il me revient encore et encore.
Oh, mon merveilleux ami, brave et aimant.
RIP Nomi.

Manhoor Rathore, avocate spécialisée dans les droits de l’homme, a écrit :

I hear the death toll rise and the number of injured increase on the television and as I type this post, I am not sure of what to do, where to start, where to head out? Is there even a place where I can start? There are going to be talk shows on this for the next ten days, media will exploit the loss and pain of the shattered families, the government will give out blood money- compensating the loss and saving its face.

J’entends, à la télévision, le nombre de morts et de blessés qui augmente pendant que j’écris ce billet. Je ne sais pas quoi faire, où commencer, où aller ? Y’a-t-il un endroit par où commencer ? Pendant les dix prochains jours, il y aura des talk-shows à ce sujet. Les médias vont exploiter la perte et la douleur des familles brisées. Le gouvernement va distribuer de “l’argent du sang”, pour dédommager des morts et sauver la face.

Nuno Dala, militant angolais en grève de la faim depuis 15 jours

dimanche 27 mars 2016 à 18:54
Image : Nuno Dala fait une grève de la faim depuis le 10 mars. Photo : Central Angola

Nuno Dala en grève de la faim depuis le 10 mars. Photo: Central Angola

Nuno Dala, un professeur d'université, fait la grève de la faim depuis 15 jours. Le militant, emprisonné depuis juin 2015, fait partie du procès des « 15+2 » militants accusés par les autorités angolaises de tentative de rébellion. Sur les 17 prisonniers, 15 étaient détenus plus de 90 jours sans charge formelle. Les autres, deux jeunes Angolais, sont assignés à résidence chez eux. En décembre, le tribunal a mis les 15 militants sous résidence surveillée, tandis que le procès qui a commencé le 15 novembre, se poursuivait.

Dans une interview sur la radio DW – África, la sœur de Nuno a Dala dit que l’état de santé de son frère « est grave ». Dala a commencé une grève de la faim pour revendiquer l’accès à ses effets personnels qui  sont entre les mains des autorités. Le militant, qui était sous résidence surveillée depuis décembre, est rentré à la prison en mars suite à une ordonnance du tribunal. La sœur de Dala a regretté que la société ait “ignoré la santé” de son frère. DW a expliqué :

Nas redes sociais, multiplicam-se as críticas em relação à forma como a sociedade e os meios de comunicação social têm tratado o caso da greve de fome de Nuno Dala. Muitos fazem a comparação com o caso de Luaty Beirão, que originou protestos, petições e abaixo-assinados dentro e fora de Angola.

Sur les réseaux sociaux, les critiques se sont multipliées concernant la façon dont la société et les agences de presse ont traité la grève de la faim de Nuno Dala. Beaucoup font la comparaison avec le cas de Luaty Beirão, qui a déclenché des manifestations et pétitions à l’intérieur et à l’extérieur de l’Angola.

L’agence CentralAngola 7311 a suivi cette situation de près :

Angola: le militant Nuno Álvaro Dala après sept jours d’une grève de la faim http://dlvr.it/KplKVr

Et elle a fait appel, sur Facebook, à une mobilisation plus importante de la part du public :

#GREVEDEFOME
#NunoDala
#DiaCatorze
Hoje entra no 14º à base de água, soro oral, chá e sumo, sem ingestão de qualquer alimento sólido. Quando começaremos as petições, os abaixo-assinados, as vigílias? Quando é que o desespero se instala?

#GREVEDELAFAIM
#NunoDala
#QUATORZIEMEJOUR
Aujourd’hui il entre dans son 14ème jour à base d’eau, de sérum oral, thé et jus de fruit, sans ingestion d’aliments solides. Quand vont commencer les pétitions, les signataires, les veillées ? Quand s’installe le désespoir ?

L’effet était presque immédiat. Le même jour, des veillées sont organisées pour Nuno Dala à Luanda les 25, 26 et 27 mars.

‪#‎VIGÍLIA‬
‪#‎NUNODALA‬

Aí está a iniciativa cidadã. Para todos aqueles que estiveram a vomitar insultos à dormência da sociedade civil será bom que compareçam.

Dias 25, 26 e 27 de Março, na Igreja Sagrada Família, às 17h30.

Não vale a pena ficar à espera do último dos dias para ver se nos primeiros não sai porrada e jatos de água da polícia.

‪#‎SolidariedadeAlémDoFacebook‬

 

#‎VEILLEE‬
‪#NUNODALA‬‬

Voilà l’initiative citoyenne. Pour ceux qui lançaient des insultes contre l’inertie de la société civile, ce serait bien d’y participer.

25, 26 et 27 du mois de mars, Eglise de la Sainte Famille, à 17h30.

Ce ne vaut pas la peine d’attendre le dernier des jours pour voir si les premiers ne se terminent pas avec des tabassages et canons à eau de la police.

‪#‎SolidaritéaudelàdeFacebook‬‬