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À la recherche d'une journaliste guinéenne disparue en Angola

mercredi 12 décembre 2012 à 19:09

La journaliste et enseignante universitaire de Guinée-Bissau, Milocas Pereira, est portée  disparue depuis plus de six mois à Luanda, en Angola, la ville dans laquelle elle vivait. Célina Spencer, la présidente de l'Association de la communauté des immigrés de la Guinée-Bissau aux Etats-Unis, a récemment lancé une pétition [en anglais], adressée au Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (HCDH), afin d’obtenir son soutien pour la retrouver.

L'affaire “Kuku” ravive le débat sur le racisme au Portugal

mercredi 12 décembre 2012 à 13:45

Le 5 décembre 2012, le Tribunal Pénal de Lisbonne a acquitté un agent de la Police de Sécurité Publique [Polícia de Segurança Pública (PSP)] accusé par le Ministère Public d'homicide par négligence d'un jeune de 14 ans du quartier de Santa Filomena à Amadora, en 2009. L'annonce de la décision des juges a ravivé le débat sur le racisme et les communautés marginalisées au Portugal, en particulier dans les quartiers de la banlieue de Lisbonne, et a provoqué une envolée de messages sur les réseaux sociaux dénonçant le système judiciaire portugais.

En janvier 2009, dans les environs de Amadora, trois agents en civil de la PSP patrouillant dans une voiture banalisée ont appréhendé un véhicule et ses cinq occupants suspectés de vol, dont un mineur, Elson Sanches. Celui-ci, fils d'immigrés cap-verdiens était aussi plus connu sous le nom de Kuku. A l'issue d'une longue course-poursuite, Kuku a été abattu. Personne n'a rien vu, à l'exception de l'agent qui a tiré et qui plaide la légitime défense.

Quelques jours après, une manifestation contre le racisme et la violence policière a été organisée à Amadora. Le collectif  Passa Palavra [portugais, pt] relate les faits et partage une vidéo dans laquelle le rappeur Chullage [pt] lit un manifeste pour la justice :

On a préparé et on a orchestré la propagande pour que tout le monde et les médias disent de ce jeune homme : c'était un délinquant. Et parce que c'était un hors-la-loi, la police l'a atteint avec une balle.  Mais ici au Portugal, il existe des tribunaux, encore faut-il que les criminels passent par les tribunaux (…). Dans le cas de Kuku, ce fut la peine de mort, exécutée par la police.

Le collectif Plataforma Gueto [pt] qui a suivi cette affaire de près, affirmait déjà en novembre dernier que le jugement en cours était “en voie d'être un cas de plus de l'impunité des exécutions racistes de la police”. Le collectif a organisé un concert en partenariat avec ”HIP HOP Pela Justiça” [pt] pour collecter des fonds et couvrir les frais du procès, et prépare un documentaire intitulé “Violência Policial e Racismo: O Caso do Kuku” [”violences policières et racisme: l'Affaire Kuku”][pt] afin de “parler du cas de Kuku et de la situation de violence raciste qui s'exprime dans les rues, dans les commissariats et dans les prisons portugaises” :

Dans sa décision, rendue le 5 décembre, la juge a considéré que le contexte le jour de l'accident laissait croire que la vie de l'agent de police était en danger, le poussant à agir de cette façon, comme l'explique plus en détails le journal Público. [pt].

SOS Racisme fut l'une des premières organisations à réagir, considérant [pt] “l'acquittement de l'agent scandaleux” et soulignant que cette décision “dépeint le profond racisme qui existe dans la société portugaise”.

Stencil nas paredes da Amadora. Screenshot do documentário “Violência Policial e Racismo: O Caso do Kuku”.

Pochoir sur les murs de  Amadora. Capture d'écran du documentaire ““Violence Policière et Racisme: l'Affaire Kuku” 

Buala a également publié un message [pt] de contestation de Chullage [pt] qui souligne:

Du point de vue racial [la justice] a également parfaitement fonctionné. Légitimant la violence structurelle raciste, dont la violence policière n'est qu'un élément, et dont les expulsions en sont un autre. Légitimant l'usage de la force pour nous maintenir à notre place. Le non lieu.

“Pour qui croit en la justice, aujourd'hui est un jour triste” souligne le blog Crise Maria [pt] où il est écrit “en prenant en compte les circonstances flagrantes qui ont entouré la mort d'Elson Sanches, il est surprenant qu'il n'y ait même pas une condamnation” :

si la Justice cesse de fonctionner, l'impasse dans laquelle nous nous jetons ne laisse la place à rien d'autre, si ce n'est à une révolte générale.

Tout au long du texte sont analysés les différents arguments sur lesquels la juge s'est basée pour acquitter l'agent, comme par exemple, le fait que “tout s'est déroulé dans un quartier dangereux”:

C'est quoi ça, un quartier dangereux ? Un endroit où vivent les noirs, les familles de travailleurs exploités et sans papiers, avec des relations à leurs employeurs fragilisées, des familles qui n'ont pas les moyens financiers d'envoyer leurs enfants à l'université ? Y a-t-il plus de braquages et de crimes violents à Baixa en plein coeur de Lisbonne ou à Quinta da Lage à Amadora ? Et si un quelconque classement établi sur la base de préjugés démontre qu'il y a des différences, la PSP n'est-elle pas supposée avoir un entraînement adapté, vu qu'elle doit quotidiennement patrouiller dans ces quartiers ? Déjà que les jeunes habitants de ces endroits dangereux sont abandonnés par la justice quand ils doivent être jugés, simplement parce qu'ils habitent là ? Ou si ça tombe, ils vont en prison plus vite que ceux des autres quartiers.

Dans un article publié dans 5dias [pt] intitulé Nenhum homem é estrangeiro [”Aucun homme n'est étranger”], Bruno Carvalho décrit les visites qu'il a faites dans les quartiers périphériques de Santa Filomena et de Cova da Moura, où habitent des familles et “les enfants de ceux qui ont remplacé l'Afrique par l'Europe, en quête d'un vie meilleure”, et sur ce que ces expériences lui ont appris, notamment “ce que le noir ressent quand il sort du quartier”.

Il y a eu diverses réactions sur le Net qui confortent l'image stéréotypée qui colle au lieu de l'homicide de Kuku : un quartier populaire de la banlieue du Grand Lisbonne. Un habitant d'Amadora, Jakilson Pereira, a partagé un message [pt] sur Facebook :

Dans ces endroits appelés banlieues, habitées par des noirs, des tziganes et des blancs pauvres, il y en a tout le temps des Kuku et des Caxineiro [agents de police] acquittés.

Screenshot do documentário “Violência Policial e Racismo: O Caso do Kuku”.

Capture d'écran du documentaire “Violence Policière et Racisme: l'Affaire Kuku”. La mère de Kuku à côté d'un dessin rendant hommage à son fils.

Le tout récent journal d'information critique Mapa rapporte que “les Quartiers d'Amadora sont un laboratoire d'expérimentation disponible pour que les autorités s'entraînent à des techniques et méthodes d'action”. Dans l'article est cité un jeune habitant d'Amadora qui déclare :

A cause de l'énorme stigmatisation qui existe vis-à-vis des quartiers populaires, les opérations répressives et démesurées sont plutôt mieux acceptées par une grande partie de l'opinion publique que si elles avaient lieu dans un quartier de classe moyenne-supérieure par exemple. (…) On vit ça au quotidien, à une petite échelle, avec les interpellations, les détentions, les provocations, mais aussi à une plus grande échelle avec les opérations policières qui ont eu lieu fin août, au cours desquelles on a utilisé des véhicules blindés dans les conflits, chose inédite au Portugal. A cause de la situation économique et sociale qu'on vit en ce moment, ces quartiers populaires sont le lieu idéal pour expérimenter l'usage de la force, comme entraînement pour des situations futures.

Le texte de Bruno Carvalho mentionné ci-dessus indique que “ceux qui vivent dans ces quartiers savaient déjà quels objectifs” allaient poursuivre les véhicules blindés achetés par l'Etat à l'occasion du Sommet de l'OTAN en 2010 - “ils ne sont pas arrivés à temps pour le sommet mais ils sont arrivés à temps pour envahir Amadora”-, et il conclut :

C'est clair qu'il y a des hors-la-loi noirs comme il y a des hors-la-loi blancs. Il y a les voleurs et il y a les trafiquants. Ils n'ont pas de col blancs et ne voient pas leurs dettes nationalisées. Mais il y a principalement des innocents. Et si le délit n'innocente pas ceux qui le commettent, la culpabilité ne justifie pas la violence policière. Pour la presse, il n'y a pas d'innocents dans ces quartiers, et la vie des délinquants, avérés ou non, a moins de valeur. L'Etat ordonne, les journaux montrent du doigt et la police tire dessus.

Global Voices et la Journée des droits de l'Homme : chaque voix compte

mercredi 12 décembre 2012 à 10:49

[Les liens conduisent à des pages en anglais ou en français] Chaque année, la Journée mondiale des droits de l’homme, offre a beaucoup d’entre nous l’opportunité de parler des questions qui nous tiennent à cœur et de lutter pour défendre les droits de l’homme pour tous. Cette année, l’accent est mis sur les droits des personnes (les démunis, les marginalisés, les femmes, les jeunes, sans distinction de genre). Tout individu à le droit à être entendu et à participer.

L’idée que chaque voix compte correspond à la vocation de Global Voices en tant que plateforme d'information et communauté. Alors que les internautes s’unissent afin de faire entendre leur voix à l’heure où les autorités du monde entier discutent de la gouvernance d’Internet, nous avons demandé aux membres de notre communauté de participer en s’exprimant sur des questions importantes à leurs yeux et en revenant sur des sujets que nous avons couverts durant l’année, gardant à l’esprit que  : chaque voix compte.

Global Voices community members make their #VoiceCount

Collaborateurs de Global Voices participant à la campagne #VoiceCount. Collage réalisé par l’auteur de ce billet.

Alors que la Syrie et Gaza font la une pour avoir déconnecté Internet, le droit à l’accès à Internet reste une question centrale. Nos dossiers spéciaux ont couvert les réactions en ligne concernant la coupure de la connexion en Syrie puis le retour du pays en ligne, les manifestations au Bahreïn et au Yémen caractérisées par un silence médiatique, les voix des personnes touchées par les conflits dans le Caucase et au Soudan, les mouvements de protestation en Russie, l’élection présidentielle historique en Égypte, l’élection au Venezuela et les mouvements qui l’ont suivie, les voix des communautés indigènes représentant plus de 370 millions de personnes parlant plus de 4000 langues, les Rohigya (un peuple birman), le mouvement #Occupy et les slutwaks, une nouvelle forme de protestation défendant les droits des femmes, et surtout le suivi des questions relatives aux libertés numériques, à la liberté d’expression et au droit à l’accès à Internet via Global Voices Advocacy, qui évolue afin de prendre clairement position sur ces sujets.

En parallèle de ces thèmes largement couverts, nous avons publié un grand nombre d’informations méritant que nous y prêtions attention, fidèles au fait que chaque voix compte : l’emprisonnement à vie d’un poète qatari faisant l’éloge du Printemps arable, la répression russe contre la satire en ligne, l’interdiction pour les femmes d’utiliser des téléphones portables dans certains villages indiens, la stricte procédure d’enregistrement des cartes SIM gênant les communications en Zambie, les efforts déployés au Pakistan pour mettre en place une censure en ligne semblable à celle de la Chine, le blocage de Facebook au Tadjikistan et la convocation de Mark Zuckerberg (une action semblable à celles des autorités pakistanaises), les infractions à la confidentialité des données des utilisateurs de la part des grandes sociétés de l’industrie du web, la lutte pour la liberté d’expression à l’heure où les autorités cherchent à étendre leur contrôle en ligne, la mobilisation contre l’impunité et en faveur de la justice dans les affaires des personnes menacées pour des activités de cyberactivisme. Voilà quelques thèmes auxquels Global Voices s’est intéressé. La fin de l’année s’approchant, nous réaliserons un compte-rendu plus détaillé des évènements et de nos activités de cette année, rédigé par nos collaborateurs.

À l’occasion de cette Journée mondiale des droits de l’Homme, nous exprimons notre solidarité avec les citoyens du monde et revendiquons le droit de chacun à faire entendre sa voix, à participer aux discussions mondiales en ligne et à être pris en considération. Notre engagement consiste toujours à partager et amplifier ces voix du monde entier qui peuvent s’exprimer via le web et à offrir notre soutien pour que les communautés indigènes puissent prendre part à cette communauté internationale en ligne.

 

 

Au Mali, un coup d'Etat n'est pas un coup d'Etat

mardi 11 décembre 2012 à 23:06

Ce n'est pas un nouveau coup d'Etat. Le président est toujours en place mais le premier ministre n'agissait plus dans l'intérêt du pays

Bakary Mariko, porte-parole de l'ex-junte militaire, justifie ainsi l'arrestation par l'armée du premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra, qui a démissionné peu après avec son gouvernement. Un diplomate indique : “C'est Sanogo qui tire toutes les ficelles. Tant que nous n'aurons pas un authentique gouvernement de transition, nous continuerons à avoir ces problèmes”. Le désaccord entre l'armée et le gouvernement sur une intervention militaire internationale dans le Nord du Mali a été cité comme un des motifs de l'arrestation.

Arabie Saoudite : Une “grève de la faim publique” en soutien à l'activiste détenu Al-Bajady

mardi 11 décembre 2012 à 16:29

Les liens dirigent vers des sites en anglais ou en arabe.

Le militant des droits humains saoudien Mohammad al-Bajady agite depuis quelques semaines la twittosphère saoudienne. Co-fondateur de l'Association saoudienne pour les droits civils et politiques (ACPRA), il est détenu depuis le 21 mars 2011 pour avoir manifesté contre les détentions arbitraires devant le Ministère de l'Intérieur, à Riyadh. Il a été secrètement jugé et condamné en avril dernier à quatre ans d'emprisonnement.

Le 14 novembre, l'ACPRA a publié la déclaration suivante :

في آخر اتصال هاتفي للناشط الحقوقي محمد بن صالح البجادي على زوجته، في تاريخ 3 ذو القعدة 1433هـ، الموافق 19 سبتمبر 2012م، أخبرها أنه سيضرب عن الطعام فور انهاءه للمكالمة احتجاجا على سوء معاملته، ثم وردت أنباء عن نقله بعد ذلك إلى زنزانة انفرادية وعزله عن العالم الخارجي، ومنذ تاريخ اعلانه للإضراب عن الطعام لم يرد منه أي اتصال هاتفي

Au cours du dernier appel téléphonique du militant des droits humains Mohammad al-Bajady, datant du 19 septembre 2012, celui-ci a informé son épouse qu'il entamerait une grève de la faim sitôt l'appel terminé, afin de protester contre les maltraitances. Selon nos sources, il aurait par la suite été transféré en cellule d'isolement. Depuis cette annonce, aucun coup de téléphone ne nous est parvenu.

Hier, le 9 décembre, @freealbjadi a annoncé le lancement d'une grève de la faim publique en soutien à al-Bajady le 10 décembre, date de la Journée Internationale des Droits de l'Homme :

عش تجربة البجادي في السجن وأعلن اضرابك غدا عن الطعام…

@freealbjadi: Faites l'expérience de ce qu'endure al-Bajady en prison et proclamez votre grève de la faim demain…

Logo de la campagne “Sauvez al-Bajady”

Des dizaines de figures de proue du réformisme ont fait part de leur intention de suivre la grève de la faim publique à travers le hashtag #سأشارك_غدا_بالإضراب_عن_الطعام_تضامنا_مع_إضراب_البجادي (Je participe à la grève de la faim en soutien à al-Bajady), dont l'activiste Mohammad al-Qahtani, l'ancien prisonnier politique Matrook al-Faleh, et le célèbre blogueur Fouad al-Farhan, figures suivies par plus de 200 personnes, alors que le précédent mouvement de grève de la faim en soutien à al-Bajady, en mars dernier, n'avait compté que 38 participants. Une tendance qui incite les activistes à prédire la victoire.

En interdisant formellement toute manifestation, l'Arabie Saoudite incite les Saoudiens à élaborer de nouveaux moyens de contestation, souvent lancés par la jeune génération.