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RaspbianFrance : Pourquoi j’aurais dû expliquer le Bitcoin à France Info plutôt qu’à ma grand-mère ?

jeudi 28 décembre 2017 à 18:06

Si vous consultez ce site régulièrement, vous avez probablement remarqué que nous avons publié il y a quelques jours un article pour expliquer le Bitcoin aux débutants.

Dans cet article, force est de reconnaître que nous ne sommes pas toujours tendres avec les médias et le traitement qu’ils réservent au Bitcoin, et plus particulièrement lorsque le sujet est abordé par les journalistes ou experts économiques.

Dans cet article, nous disions notamment que « tous ces soi-disant experts des plateaux n’y comprennent rien, confondent, inventent, se trompent et trompent l’autre. ».
Dur ? Oui. Juste ? Sans aucun doute. Et nous avons pu le vérifier hier, quand nous avons discuté sur Twitter avec Emmanuel Cugny, journaliste économique sur France Info et président de l’Association des Journalistes Économiques et Financiers.

Dans cet article, nous allons donc revenir sur l’échange que nous avons eu avec Emmanuel Cugny, ceci afin de faire pleinement la démonstration de ce que nous disions précédemment sur le fait que beaucoup de journalistes/experts économiques « ne comprennent rien, confondent, inventent, se trompent et trompent l’autre [sur le Bitcoin]. ».

Voici donc « Pourquoi j’aurais dû expliquer le Bitcoin à France Info plutôt qu’à ma grand-mère. ».

Comment nous sommes-nous retrouvés à discuter avec Emmanuel Cugny ?

À chaque fois que nous publions un article, nous faisons une petite séance de propagande afin d’essayer de lui donner de  la visibilité. Newsletter, éventuelles demandes de relais par mail, ajout sur des agrégateurs RSS, mais surtout, surtout, communication sur le compte Twitter de Raspbian France. Non seulement nous relayons l’information à nos abonnés, mais nous essayons aussi de contacter des personnes qui puissent être des vecteurs vers d’autres communautés.

Pour notre article sur le Bitcoin nous avons particulièrement insisté sur le dernier point, notamment parce que le sujet est très à la mode.

Si vous avez lu notre article sur le Bitcoin, vous savez que j’y avais prédit que ma famille finirait par parler du Bitcoin pendant le repas de Noël. Il se trouve que je devrais monter un petit cabinet de voyance (ou de profilage, à vous de voir), parce que j’ai fait ce que l’on appelle un carton plein. Non seulement ça a parlé Bitcoin, mais chaque membre de la famille a dit exactement ce que j’avais prévu !

Alors forcément, quand ma tante a entendu une émission sur France Inter au sujet du Bitcoin, elle m’en a parlé. Moi, toujours dans mon exercice de propagande post-rédaction, je jette un oeil, je trouve l’émission, et j’envoie un message à Fabienne Sintes l’animatrice de l’émission en question, en me disant « faut toujours tenter ».

Slt @FabSintes, vous avez parlé du #btc dans l’émission « Le Bitcoin expliqué à ma mère » sur @franceinter. Nous on a écrit un article très simple et un peu plus complet, « Le bitcoin expliqué à ma GRAND mère » https://t.co/J5PtHRJ9sc. Pk ne pas rajouter un lien vers notre article ?

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

Et comme Fabienne Sintes est vraiment sympa, et qu’elle a l’air de vraiment s’intéresser à ce dont elle parle dans son émission, elle a retweeté mon message. Merci Fabienne !

Et jusque là, bah moi j’étais drôlement content ! J’avais eu raison (et j’adore avoir raison), et j’avais réussi à choper un super beau retweet ! Bref, une bonne soirée. Seulement, les choses ne se sont pas arrêtées là…

En effet, comme Fabienne Sintes travaille sur France Inter, son compte est forcément suivi par un certain nombre de confrères, dont Emmanuel Cugny, lequel avait lui aussi parlé du Bitcoin dans sa chronique du jour, cette fois-ci sur France Info, mais de façon fort négative.

Piqué au vif, et visiblement fort mécontent que nous ne partagions pas ce avis (voir que nous le remettions en cause), l’homme nous a donc envoyé un tweet.

Si @RaspbianFrance est objectif, il reconnaîtra que le #bitcoin est plus qu’une simple monnaie séduisante « alternative ». C’est un actif hyper spéculatif qui vient de montrer son vrai visage : en 5 jours, perte de 2 fois la valorisation boursière de L’Oreal : 200 milliards d’€

— Emmanuel Cugny (@EMMANUELCUGNY) 26 décembre 2017

Comment nous avons essayé de discuter avec Emmanuel Cugny, pour proposer une vraie réflexion sur le Bitcoin…

De mon côté, pendant ce temps j’étais tranquillement entrain de me taper un restant de bûche de noël quand je reçoit un SMS du co-créateur de Raspbian France me disant que nous avons reçu un tweet d’un journaliste éco de France Info.

Je vais donc voir, et je suis un peu triste de voir qu’Emmanuel Cugny met en doute notre objectivité, d’autant plus que les critiques qu’il formule sont largement abordées au sein de notre article. J’en conclu donc qu’il n’a pas lu celui-ci (je peux me tromper hein, mais à coup sûr il ne l’a pas compris, ou n’a pas voulu le comprendre), et je lui réponds.

Si @EMMANUELCUGNY lisait notre article, il saurait que nous mettons en avant à la fois la haute volatilité du #bitcoin et sa dérive idéologique…
Mais si il était objectif, il mettrait en avant que ça n’a rien de spécifique au Bitcoin… pic.twitter.com/Gq1RWzULFL

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

Et puis j’en profite pour mettre en avant un certain nombre d’arguments, montrer, courbes à l’appui, que la volatilité n’a rien de spécifique au Bitcoin :

Et puis j’enfonce un peu le clou, je cherche à creuser le propos, à aller plus loin, à ne pas me limiter à la surface, à proposer un vrai débat d’idée en somme, avec des arguments, des sources, une logique construite.

Il me semble qu’Emmanuel Cugny cherche à mettre en avant l’instabilité du marché et à montrer que le Bitcoin s’est effondré, j’attire son attention sur le contexte de cet effondrement.

Sans parler du fait que je connais très peu de monnaies qui seraient capables de résister au quart du battage médiatique négatif fait au Bitcoin…

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

Mais je reconnais aussi les points où il a raison : Oui, le Bitcoin est très spéculatif. Mais je ne m’arrête pas à la surface, je cherche plus loin. Il est très spéculatif d’accord, mais il est aussi porteur de beaucoup de questions et de remises en cause, d’une vrai philosophie.

Mais encore une fois, pas de pb, on le reconnait. Le Bitcoin est super volatile, mais le présenter comme « une monnaie alternative séduisante », ou comme un « actif hyper spéculatif », sans aller au delà, c’est ne rien comprendre à son fonctionnement, à son histoire, à ses valeurs…

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

Je cherche à susciter le débat, à créer de l’intelligence, pas à rester bloqué sur la position de chacun. Emmanuel Cugny me parle de risque économique, je lui montre donc qu’il n’y a pas plus de risque avec le Bitcoin qu’avec le système économique classique* mais que le Bitcoin, lui, propose de limiter les risques démocratiques.

Personnellement, je préfère un système qui, comme le Bitcoin, interroge sur la légitimité d’un système financier centralisé dans une démocratie, et fini par dériver, à un système financier qui n’interroge sur rien et se contente de dériver…

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

*Et dans le fond, ce n’est pas moi qui le dit, ce sont des institutions monétaires classiques. Si la Deutsche Bank’s Torsten Slock publie un classement ou le Bitcoin est classé comme 13ème risque financier le plus important, cela veut bien dire que les 12 risques les plus importants appartiennent d’une façon ou d’une autre au système financier « classique ».

…Et comment Emmanuel Cugny nous a montrer brillamment que nous avions raison de dire que les journalistes éco ne comprennent rien au Bitcoin, et ne cherchent pas à comprendre.

Après tout ça, moi, bonne poire, de la part d’un professionnel de l’information et éditorialiste, donc un professionnel de la pensée en somme, je m’attendais à une vraie réponse ; un débat, sur le fond ; avec des idées, des arguments ; la maîtrise de son sujet, au moins, c’est quand même le minimum pour un journaliste qui a parlé à des centaines de milliers de personnes le matin même à la radio !

Mais non, Emmanuel Cugny choisit un seul point, loin d’être le plus intéressant, mais celui qui, je présume, lui semble remettre le plus directement son travail en question.

Pas de battage médiatique négatif. Simplement objectif. Le bitcoin est présenté comme une monnaie mais n’est qu’un objet spéculatif. Deux lectures s’imposent pour mieux comprendre. Dommage que le #bitcoin desserve la cause de la #Blockchain, technologie novatrice, elle. https://t.co/GpaM6sBydQ

— Emmanuel Cugny (@EMMANUELCUGNY) 26 décembre 2017

Sauf que là, non seulement Emmanuel Cugny refuse tout bonnement et simplement le débat de fond sur les idées portées par le Bitcoin, mais il tombe en plus complètement à côté.

En premier lieu, il semble réfuter le fait que le Bitcoin ait eu a subir de très nombreux articles expliquant (souvent mal) que le Bitcoin allait exploser. C’est d’autant plus ridicule qu’il a lui même tenu une chronique le matin sur France Info qui disait exactement cela.

Il présente cela comme un fait objectif, mais personne n’a dit que l’aspect spéculatif du Bitcoin n’était pas réel. La question n’est même pas là.

L’argument que j’avais avancé était en gros le suivant : « Si tous les médias disent qu’une monnaie va exploser, je ne connais pas de monnaie qui n’explose pas. ». Pour simplifier, « c’est pas spécifique au Bitcoin, c’est vrai pour tout le monde ». Seulement voilà, Emmanuel Cugny ne répond pas à cet argument.

Pour lui, le but n’est pas de penser, seulement de défendre sa chronique du matin. Il a donné son avis dans l’espace publique, maintenant c’est foutu, il ne peut plus en changer. De toute façon, ça n’est même pas envisageable qu’il se soit trompé… La dissonance cognitive est fatale.

Ensuite, Emmanuel Cugny explique encore une fois que le Bitcoin n’est pas une monnaie, mais un objet spéculatif. Là encore, il ignore totalement un des points que j’ai mis en avant précédemment dans notre conversation, ou encore plus tôt dans mon article : Toutes les monnaie SONT des objets spéculatifs.

En tant que président de l’Association des Journalistes Économiques et Financiers, on pourrait espérer qu’Emmanuel Cugny connaisse les Accords de Bretton Woods, soit au fait de la fin de l’étalon or, soit au moins au courant de l’existence du Forex, c’est à dire le marché en bourse (donc de spéculation) sur les monnaies.

L’exemple du rouble russe le montre de façon extrême, mais il n’est pas le seul. Emmanuel Cugny a d’ailleurs apporté lui même un bel exemple un peu plus tard dans la soirée sur son compte Twitter en relayant le tweet suivant :

Pour Noël, l’euro s’offre un mini-krach – L’actu du jour par Daniel Fortin ( @dafortin ) >> https://t.co/KYtOzuTxQV pic.twitter.com/uroplm4WzU

— Les Echos (@LesEchos) 26 décembre 2017

Tweet auquel j’ai apporté la réponse que voici :

Du coup, juste en billets, ça fait 30 milliards de variation en *seulement* quelques minutes. Du coup, l’euro, comme le #bitcoin ? Actif hyper spéculatif ? (Je vous fais grâce des marchés financiers dans mon calcul).

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

Réponse à laquelle Emmanuel Cugny n’a pas souhaité donner suite. Encore une fois, impossible de rentrer dans un vrai débat, on se contente de relayer des infos sans les analyser, comme un commentateur sportif ponctuant le match de ses remarques plutôt que comme un journaliste.

Enfin, et pour en revenir au tweet précédent du président de l’AJEF, il y met en avant que le Bitcoin desservirait la cause de la blockchain qui serait, elle, une véritable innovation technologique.

Comment peut-on même dire une chose aussi absurde ? Le Bitcoin a non seulement créé la blockchain, mais il l’a en plus rendue populaire. Considérer qu’il desserve la blockchain, ce serait comme considérer que le beurre dessert la crème au beurre au prétexte qu’il donne du cholestérol… (Métaphore de noël, on s’adapte aux saisons).

(Notons au passage qu’Emmanuel Cugny insiste sur la nécessité de « deux lectures pour [pouvoir] mieux comprendre », donc une lecture « actif spéculatif » et une lecture « monnaie », mais qu’il rejette purement et simplement la lecture monnaie : « Le bitcoin est présenté comme une monnaie mais n’est qu’un objet spéculatif. »).

J’ai donc renvoyé à Emmanuel Cugny le tweet suivant (dans lequel je n’ai, hélas, pas mis en avant le caractère universellement spéculatif des monnaies. J’y avais déjà répondu avant, mais sur ce coup, je reconnaît que je suis passé totalement à côté de ce point).

Technologie peut-être novatrice, mais qui n’existe que grâce au Bitcoin…
Mais non, jamais orienté, toujours impartial… pic.twitter.com/zKvTZ1Wxy9

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

Une fois cette base de réponse (hélas trop incomplète à mon goût avec un peu de recul) apportée, j’ai encore une fois voulu allez plus loin. Essayer de pousser le journaliste sur le terrain qui devrait toujours être le sien, celui de la réflexion.

En fait, la blockchain, c’est bien pour faire du @Ripple c’est ça ? Un système novateur technologiquement, mais contrôlé par les banques, non démocratique, qui ne remet pas en cause la centralisation du système bancaire…

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

Le coeur du problème du Bitcoin pour certains journalistes ou experts économiques ne serait-il pas finalement le suivant ? Son aspect idéologique ? Sa volonté de s’affranchir d’un système économique régulé moins par l’état que par les grandes puissances financières ou bancaires ?

Sur ce point, encore une fois je n’ai eu aucune réponse. La question me semblait pourtant légitime. Seulement voilà, il s’agit d’une question qui demande une vraie réflexion, une vraie analyse, on ne peut pas se contenter de faire deux recherches Google pour recracher l’information trouvée sous une forme à peine modifiée.

Pendant ce temps, plutôt que d’entrer dans le débat ou de prendre du recul sur la question, Emmanuel Cugny a préféré occuper l’espace de son profil Twitter en répétant simplement ses propres affirmations déjà faites un peu plus tôt, mais cette fois-ci sans avoir de contradicteur.

Plutôt que de laisser son message auquel j’avais répondu, et qui offrait donc une sorte de droit de réponse, il a préféré reposter le même message, cette fois-ci accompagné d’une image (simple volonté d’illustration ou moyen de faire disparaitre le message original sous la ligne de flottaison, je n’en ai aucune idée).

Le bitcoin est présenté comme une monnaie mais n’est qu’un objet spéculatif. Deux lectures s’imposent pour mieux comprendre. Dommage que le #bitcoin desserve la cause de la #Blockchain, technologie novatrice, elle. pic.twitter.com/2WukRvecPi

— Emmanuel Cugny (@EMMANUELCUGNY) 26 décembre 2017

Puis un second message expliquant exactement la même chose (et permettant donc potentiellement – encore une fois, c’est juste une possibilité – de faire disparaitre encore plus la contradiction), de façon encore un peu plus alarmiste (voir l’impact de la peur sur les foules).

Le bitcoin est présenté comme une monnaie mais n’est qu’un actif hyper spéculatif dangereux (2 fois la valorisation boursière de L’Oreal, 200 milliards d’€, envolés en 5 jours). Dommage que le #bitcoin desserve la cause de la #Blockchain, vraie technologie novatrice. @DUNOD pic.twitter.com/AruKXLlfoM

— Emmanuel Cugny (@EMMANUELCUGNY) 26 décembre 2017

Petit point amusant, suite à ce message une collègue journaliste lui demande si il pourrait lui expliquer le Bitcoin un jour.

un jour tu m’expliqueras ? 🙂

— Florence Mehrez (@florencemehrez) 26 décembre 2017

Et encore une fois, plutôt que de lui apporter une réponse concrète, de lui expliquer, finalement de rentrer réellement dans le sujet, le journaliste se contente de lui répondre que « personne ne comprend », sans apporter d’autres explications (de là à savoir s’il s’inclut dans ce « personne »).

C’est comme internet à ses débuts en Europe : personne n’en comprenait le fonctionnement, ni l’utilité

— Emmanuel Cugny (@EMMANUELCUGNY) 26 décembre 2017

Comment j’allais abandonner, jusqu’à ce que je finisse par avoir un doute sur les chiffres d’Emmanuel Cugny

Je pensais que le débat allait s’arrêter là, que c’était fini. Emmanuel Cugny ne voulait visiblement pas discuter.

Pour moi, en se mettant à ré-écrire ses propres messages pour affirmer la véracité de ses arguments ; en essayant de faire disparaître le débat pour ne pas avoir à se remettre en question ; en relayant, aussi, le premier message venu qui pourrait même un tout petit aller dans son sens (et tant pis si c’est contradictoire avec ce qu’il disait sur la blockchain), pour se rassurer ; il avait atteint un doux mélange entre le stade du déni et celui de la diminution de la dissonance cognitive. Le genre d’étape où les adeptes de sectes qui se rendent compte que la fin du monde n’est pas arrivée en 2012 commencent à rationaliser, à justifier, et surtout à chercher une nouvelle date, recrutant plus énergiquement que jamais.

Pour moi, la partie était finie. J’avais eu raison sur le fond, mais tord face à l’esprit humain. Un bon sujet de philo en somme « Peux-t-on avoir raison contre les faits ? ».

Et puis d’un coup, j’ai commencé à faire un petit calcul dans ma tête. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis mis à penser que 16,5 millions (le nombre existant de Bitcoins), fois 17000€ (le prix maximum atteint par le Bitcoin), ça devait pas faire tellement plus que 200 milliards d’euros en fait. Et qu’il fallait que le Bitcoin ai perdu un sacré paquet de sa valeur pour engendrer la perte de 200 milliards d’euros dont parlait Emmanuel Cugny.

Alors, du coup, j’ai fait mes devoirs, j’ai attrapé une calculette, j’ai fait deux trois recherches pour vérifier mes chiffres, et j’ai posé mon équation. Et là, Emmanuel Cugny et moi, on avait pas tout à fait les mêmes résultats…

Sinon @EMMANUELCUGNY, petite question : cmnt le $BTC a pu perdre 200 milliards € en 5 jours, alors qu’il n’a perdu que 35% au max et qu’il n’y a que 283 milliards d’€ BTC en circulation au max ? Ça fait que 99.5 milliards ça… Alors manu, on double ses chiffres ?! @decodeurs pic.twitter.com/xDsOyeTNKT

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

Je me suis dit que pour le coup, il allait devoir répondre. Vraiment répondre.

Là, j’étais pas juste entrain de lui dire que je n’étais pas d’accord avec lui, je ne lui disais pas simplement qu’à mon avis il passait à côté du vrai sens du Bitcoin, je ne parlais plus philosophie, éthique, ou  concepts économiques plus ou moins abstraits. Là, je disais, ou plutôt je lui demandais de dire si oui, ou non, il truquait ses chiffres.

Et il a répondu…

Ça fait 100 milliards volatilisés (vers où ?) en 5 jours. Pour les cent autres, voyez avec les Bettencourt

— Emmanuel Cugny (@EMMANUELCUGNY) 26 décembre 2017

Mais pas là ou je l’attendais. Il ne m’a pas expliqué que ses chiffres était les bons. Il ne s’est pas excusé de son erreur. N’a pas supprimé ses messages parlant de 200 milliards, ou simplement ajouté un petit commentaire pour rectifier l’erreur.

Non. Il m’a simplement répondu « Bah ça fait toujours 100 milliards ».
Plus un petit truc qu’y n’a rienàa faire là sur les Bettencourt, qu’à titre personnel je ne porte pas forcément dans mon coeur, mais qui, pour le coup, n’ont rien demandé. Petit truc que je vais donc choisir de mettre sur le compte d’une blague ratée, c’est pas grave, on en fait tous, moi le premier.

Sauf que ça ne s’arrête pas là… Parce que non seulement Emmanuel Cugny ne répond pas sur le fond, mais en plus, il semble ignorer une sorte de principe de base de l’économie et surtout du trading.

Non mais ils sont pas volatilisés hein les 100 milliards €… Si ils sont plus dans la poche de ceux qui ont acheté, ils sont dans la poche de ceux qui ont vendu…

— Raspbian France (@RaspbianFrance) 26 décembre 2017

Bah oui, parce que en fait, si une personne a acheté un Bitcoin 17000€/unité et qu’il ne vaut plus que 12000€, dans ce cas, les 17000€ sont dans la poche du vendeur. Le Bitcoin ne peut pas faire disparaitre 100 milliards de « vrai argent » comme proposé par Emmanuel Cugny, puisque on échange l’argent contre du Bitcoin. S’il y a échange cela signifie donc que les deux existent avant, et après l’échange, de façon autonome.

Quand à savoir « vers où ? » disparaît cet argent, comme le demande Emmanuel Cugny, eh bien puisque l’argent n’a jamais disparu, autant se poser la question de savoir si la petite souris rend la monnaie sans vérifier avant qu’elle existe.

Ce message n’a pas reçu de réponse.

Mais alors, Emmanuel Cugny a t-il raconté n’importe quoi sur le Bitcoin à la radio sans rien y comprendre ?

Après cet échange, si j’étais bien convaincu d’une chose, c’est qu’Emmanuel Cugny ne comprenait pas le Bitcoin. Cependant, je n’avais pas encore écouté sa chronique du matin sur France Info, et je suis donc allé le faire.

Je n’ai pas été déçu.

La chronique montre, à mon avis, qu’Emmanuel Cugny ne comprend simplement pas ce qu’est le Bitcoin, mais cela n’est que symptomatique, et j’en parlerai après cette analyse, du problème majeur lors du traitement du Bitcoin (mais aussi de tout autre sujet) par des journalistes ou experts économiques.

Sans parler des objectifs philosophiques ou politiques, sans pourtant aller bien loin, sans jamais apporter le moindre recul ou la moindre réflexion de fond, la chronique parvient pourtant à enchaîner sensationnalisme, approximations ou erreurs pures et simples.

Introduction sensationnaliste

Pour débuter la chronique, le présentateur introduit le sujet en expliquant que :

« Le gendarme de la bourse israélienne envisage de l’interdire [Le Bitcoin] ».

C’est vrai, d’accord, mais c’est surtout un gros parti pris sensationnaliste. Commencer comme ça, ça fait peur, donc ça attire l’attention. Alors évidemment, rajouter quelque chose comme « Mais le Japon, lui, a reconnu le Bitcoin comme une véritable monnaie. », ça aurait nuancé le propos, ça retranscrirait mieux une vérité complexe. Seulement voilà, ça devient compliqué et donc ça attire beaucoup moins l’attention…

Mais la faute est ici au présentateur, concentrons nous plutôt sur la chronique d’Emmanuel Cugny.

Une étymologie bancale et une définition incomplète et orientée

Emmanuel Cugny, donc, commence par expliquer l’étymologie du Bitcoin, en expliquant que « bit signifie numérique ». C’est déjà faux. Un bit, c’est « l’unité la plus simple dans un système de numération, ne pouvant prendre que deux valeurs, désignées le plus souvent par les chiffres 0 et 1. » (source Wikipédia). Pour faire plus simple, c’est la plus petite quantité d’information dans un système informatique. En revanche, le terme « bit » de Bitcoin reflète bien son lien avec l’informatique.

Il poursuit en expliquant que « Le bitcoin est donc présenté comme une monnaie virtuelle pour contourner les grandes devises internationales, l’Euro, le Dollars notamment. ».

Là, c’est vrai, mais il n’explique pas ce qu’est une monnaie virtuelle, n’aborde même pas la notion de cryptomonnaie. Même lors de la définition, le sujet n’est qu’effleuré et jamais approfondi.

Par ailleurs, en présentant le Bitcoin comme « une monnaie virtuelle pour contourner les grandes devises internationales », Emmanuel Cugny semble indiquer qu’il aurait été pensé pour frauder. Or, l’idée derrière la création du Bitcoin est bien moins de contourner le système financier pour frauder, que de créer un système financier réparti et moins soumis à un pouvoir décisionnaire centralisé. Bref, d’une certaine façon, plus démocratique.

Une paternité mal expliquée, sensationnaliste, voire totalement fausse

La suite n’est pas mieux, puisqu’ Emmanuel Cugny y explique (sous le soupir exaspéré du présentateur), que « le bitcoin a été créé en 2009 par un certain Satoshi Nakamoto que personne ne connaît ni n’a jamais vu ».

Si la chose est factuellement vraie, elle est encore une fois orientée et vise simplement à montrer le manque de fiabilité du Bitcoin. Amalgame classique du « on sait pas qui c’est, donc c’est dangereux, ne faites pas confiance aux inconnus ». Effet réussi si l’on en juge par la soupir du présentateur.

Là encore, expliquer qu’on ne connait pas le créateur réel, mais qu’on connait ses motivations, expliquer qu’il n’est pslus impliqué dans le projet, ou dire que le code est librement consultable et que des milliers de relecteur n’ont pas trouvé de faille ou de mécanisme caché, tout ça aurait permis de relativiser, de nuancer, d’approfondir le propos. Mais non, trop complexe, trop long, pas assez manichéen, pas assez accrocheur, surtout.

Il poursuit en expliquant que selon des rumeurs, « ce serait Elon Musk, le milliardaire américain qui serait derrière ».

Cette fois, c’est simplement n’importe quoi. Personne d’un tant soit peu sérieux ou renseigné ne penserait une seule seconde qu’Elon Musk soit le créateur du Bitcoin. Quelques recherches Google suffisent pour s’en rendre compte. Il suffit de consulter la page Wikipédia du monsieur :

Par ailleurs, un petit tour sur la page Wikipédia de Satoshi Nakamoto offre une liste des personnes dont on pense ou dont on a pu penser qu’elles pouvaient être Satoshi. Elon Musk n’en fait tout simplement pas partie…

Mais voilà, Elon Musk, ça se retient facilement, le type est classe, plutôt excentrique, très médiatique. Alors forcément, quand Emmanuel Cugny a préparé son sujet à coup de recherche Google, si le nom d’Elon Musk a été proposé pour on ne sait quelle raison, il l’a retenu, lui,  plutôt que Nick Szabo, illustre inconnu médiatique, mais qui serait pourtant un bien meilleur candidat au poste de Satoshi Nakamoto.

Si Emmanuel Cugny connaissait vraiment le sujet, il aurait vu en un éclair qu’Elon Musk ne pouvait pas être le créateur du Bitcoin, que cela n’avait aucun sens…

Emmanuel Cugny, quitte à choisir un milliardaire Américain un peu fou, vous auriez au moins pu choisir John McAfee :

C’est probablement complètement bidon, mais au moins, c’est crédible…

Bref, une simple vérification des sources, un simple recoupement de l’information. Un simple travail de journaliste, en somme, aurait fait en sorte que jamais Emmanuel Cugny ne puisse dire que l’on pensait qu’Elon Musk était derrière le Bitcoin. Faut-il en conclure qu’Emmanuel Cugny n’a pas fait le b.a.-ba de ce travail qui est le sien ?

Une explication bâclée de la génération des Bitcoins et une explication fausse des mineurs

Dans la suite, le journaliste explique que « Le Bitcoin est obtenu par calcul d’ordinateur, il y a une communauté de mineurs, donc ce sont des petits ouvriers, qui eux aussi sont inconnus. Ils utilisent la technologie de la blockchain. La blockchain c’est le stockage de la donnée sur le mode participatif, donc sans aucun contrôle officiel. ».

Encore une fois, l’approximation est totale, les notions évoquées ne sont jamais développées, toujours résumées de façon fausse ou orientée.

Tout d’abord, le Bitcoin n’est pas juste obtenu par calcul d’ordinateur. Le calcul d’ordinateur sert à valider les transactions et à assurer la sécurité du réseau. Le Bitcoin obtenu, lui, est avant tout un moyen d’inciter les gens à participer à l’entretien de ce réseau par un mécanisme de récompense. Tout en fournissant un moyen élégant d’injecter des fonds à travers le temps.

Par ailleurs, Emmanuel Cugny passe totalement à la trappe le fait qu’il n’existe qu’un nombre limité de Bitcoins minables, et que ce nombre est réparti dans le temps. C’est pourtant une base technique absolument fondamentale et qui permet, notamment, de justifier de la valeur d’un Bitcoin, en en empêchant la génération arbitraire qui aboutirait à un effondrement de la monnaie.

La présentation des mineurs, elle, est tout simplement ridicule et risque de faire penser aux auditeurs qui ne connaissent pas du tout le Bitcoin que les mineurs sont de vraies personnes (j’espère que c’est simplement une mauvaise présentation d’Emmanuel Cugny, et pas une erreur de compréhension de sa part).

Enfin, la description de la blockchain passe totalement à côté du fait qu’elle soit publiquement consultable et qu’elle contienne tout l’historique des paiements, assurant leur traçabilité. Passant du même coup à côté du fait que si l’on ne connait pas l’identité physique d’un mineur, on connaît en revanche parfaitement leur identité numérique sur la blockchain.

Au passage, Emmanuel Cugny laisse à penser que l’on ignore qui sont les mineurs, alors que beaucoup de gros mineurs sont très clairement identifiés, et que beaucoup d’autres sont identifiables. Et il passe aussi complètement à côté du fait que l’identité des mineurs n’a en vérité aucune importance, puisque la sécurité du réseau ne repose pas sur eux.

Une incompréhension totale de qui fixe le prix du Bitcoin

Emmanuel Cugny poursuit en expliquant que « Ils [les mineurs] en définissent ainsi la valeur, et on s’en sert pour faire des achats sur internet, il y a de plus en plus de sites qui l’acceptent. ».

Là c’est simplement totalement faux, et cette phrase démontre qu’Emmanuel Cugny ne comprend en fait absolument pas le fonctionnement du Bitcoin. En effet, ce ne sont pas les mineurs qui définissent le prix du Bitcoin, mais les vendeurs et les acheteurs sur les places d’échange, ceci tout simplement par la loi de l’offre et de la demande… Les mineurs n’ont rien à voir là dedans.

Pour un journaliste économique, ne pas comprendre ça, c’est quand même dommage…

D’autant que pour le coup, il s’agit d’une vrai incompréhension d’Emmanuel Cugny, puisqu’il dira plus tard dans sa chronique en parlant du Bitcoin que « on ne sait pas qui fixe le prix de ce machin ».

La partie « sans aucun contrôle officiel », quand à elle, est factuellement vraie, mais encore une fois le journaliste reste en surface et ne propose aucune vraie réflexion, notamment sur les avantages offerts par cette absence de régulation, notamment en terme de sécurité ou de garantie de la liberté d’expression.

Enfin, pour la partie achat sur internet, Emmanuel Cugny donne là une excellente illustration du fait que le Bitcoin est bel est bien une monnaie, ceci selon une définition vieille de plus de 2000 ans et encore utilisée aujourd’hui, et qui veut qu’une monnaie soit « Une unité de compte, une réserve de valeur, et un intermédiaire d’échange. » (source – Wikipédia).
Si des sites acceptent le Bitcoin, celui signifie qu’ils comptent en Bitcoin, que des personnes en ont (donc réserve de valeur), et qu’il sert d’intermédiaire d’échange. Le Bitcoin est donc, entre autres choses, une monnaie.

La chronique d’Emmanuel Cugny ne semble donc pas survivre à sa propre logique interne…

Et beaucoup d’autres erreurs… Je pense avoir largement démontré que la chronique d’Emmanuel Cugny était orientée, pas fiable, mais surtout absolument pas maîtrisée.

Notons tout de même quelques points supplémentaires, tel que cet échange ou le présentateur dit que « Tout ça est assez mystérieux » et que d’Emmanuel Cugny réponde « Ah oui ! » démontrant qu’il n’a pas vraiment compris ce qu’était le Bitcoin, puisque s’il l’avait fait tout ça ne lui semblerait pas si mystérieux.

Ma mère a compris ce qu’était le Bitcoin, pour elle, ça n’a rien de mystérieux. Et pourtant ma mère n’est ni économiste, ni informaticienne…

Expliqué comme dans cette chronique, là, en revanche, ça peux sembler très mystérieux…

Notons aussi cette phrase du journaliste « personne ne sait qui est responsable et qui décide de la valeur de ce machin quelque part dans le monde », phrase qui illustre parfaitement qu’il n’a pas fait (ou du moins pas assez fait) son travail de recherche, puisque l’on sait parfaitement comment et par qui est décidée la valeur du Bitcoin, comme je l’ai expliqué quelques lignes plus haut (loi d’offre et de la demande sur les marchés).

Ou encore « aucune autorité monétaire n’est capable à ce jour de garantir la valeur du Bitcoin », phrase certes vraie, mais dans laquelle Emmanuel Cugny ne semble absolument pas conscient que la chose est vraie pour toutes les actions et, dans l’absolu, pour bien des monnaies (le cas de la crise du rouble en est un exemple type).

Alors oui, Emmanuel Cugny a raconté n’importe quoi à la radio sur le Bitcoin. Volontairement ou non, il a trompé les auditeurs qui lui accordent leur confiance et comptent sur lui pour les aider à comprendre.

Toutefois, ne soyons pas trop dur avec Emmanuel Cugny, cherchons à comprendre pourquoi il en est arrivé là ?

Mais alors quel est le problème ? Pourquoi certains journalistes économiques racontent n’importe quoi sur le Bitcoin dans les médias ?

Dans mon article sur le Bitcoin, j’avais déjà expliqué dans la partie sur les trafics d’armes et de drogues pourquoi les experts télé (ou radio du coup, ça marche aussi), persistaient à répandre l’idée selon laquelle le Bitcoin serait juste utilisé pour le trafic d’armes, de drogues, ou pour financer le terrorisme.

J’y décrivais un mécanisme composé d’un mélange entre sensationnalisme, méconnaissance du sujet, peur de l’inconnu et mauvaise représentation médiatique.

Je décrivais aussi un processus que je soupçonne être assez proche de celui utilisé par Emmanuel Cugny pour écrire son édito, et que je pourrais résumer de la façon suivante :

  1. L’actualité impose un sujet d’interview/article/édito.
  2. On cherche un expert ou un journaliste qui soit à la fois rapidement joignable et qui semblera légitime au spectateur (dans le cas du Bitcoin, un expert ou un journaliste financier fera l’affaire).
  3. L’expert ne connaissant pas vraiment le sujet (après tout, Emmanuel Cugny n’est pas expert en Bitcoin, ni en informatique, ni en régulation fiduciaire, il est « journaliste économique et financier »), il doit faire des recherches.
  4. Comme il doit préparer son interview/article/édito pour le lendemain, l’expert en question fait comme tout le monde, il va chercher sur Google pour trouver des infos.
  5. Comme l’expert est un humain, il est bourré d’un mélange de biais, d’idéologie et de recherche de la facilité qui l’amène de façon presque immanquable vers un biais de confirmation le poussant à consulter en priorité des articles simples, écrits par d’autres experts qu’il connaît ou qui travaillent de la même façon que lui.
  6. Comme il est pressé par le rythme de l’information, il n’a pas le temps de creuser, de vérifier ou de réellement comprendre son sujet.
  7. Il livre un interview/article/édito de mauvaise qualité, se trompant souvent en toute bonne foi.
  8. Comme ni le présentateur de l’émission, ni la majeure partie des spectateurs ne maîtrisent réellement le sujet (si ils écoutent, c’est qu’à priori ils ne savent pas déjà), il leur est impossible de voir le manque de sérieux de l’interview/article/édito, et celui-ci devient pour eux une référence qui donne LA vérité sur le sujet.
  9. Une fois que l’expert/journaliste a donné son avis publiquement et construit sa propre base d’opinion, il devient pour lui impossible de revenir en arrière ou de faire évoluer sa position. Personne n’aime reconnaître qu’il a eu tord, surtout devant témoin (voir le passage précédent sur les adeptes de sectes).
  10. La prochaine fois que le sujet devra être traité, le même journaliste/expert sera ré-invité, fort de sa légitimité théorique sur le sujet, jusqu’à ce qu’il devienne le Monsieur X (ici Monsieur Bitcoin) aux yeux du public ou de la profession.

Nous pouvons retrouver, à la fois dans la chronique et dans les échanges que j’ai pu avoir sur Twitter avec Emmanuel Cugny, toutes les étapes de ce système.

Ce système n’a rien de spécifique au Bitcoin. C’est le même système que l’on peut retrouver quand un soit disant expert reprend la notion de Marianas Web (un soit disant niveau secret d’internet) dans la revue nationale de la gendarmerie pour un article supposer former les citoyens à une utilisation responsable d’internet. C’est aussi le même système quand les médias parlent du Dark Net, ou même des banlieues.

Alors voilà, quand j’ai discuté avec Emmanuel Cugny, j’ai été déçu qu’il n’aille pas plus loin, qu’il ne rentre jamais dans le fond. Mais en vérité, ce n’est pas totalement sa faute. Le problème vient surtout du rythme médiatique, du temps nécessaire à la pensée et que l’on ne laisse plus à ceux qui sont chargés de la nourrir.

Emmanuel Cugny n’est pas coupable d’avoir écrit un édito mauvais et trompeur, il n’est même pas vraiment coupable d’avoir persisté dans son erreur. La seule chose dont Emmanuel Cugny est coupable, c’est de ne pas avoir dit à France Info « Non, je ne connais pas le sujet, je n’aurai pas le temps de me renseigner correctement. »

Quand j’ai écrit mon article sur le Bitcoin, je l’ai fait après m’être intéressé au sujet de façon régulière pendant 6 mois, et j’ai mis une semaine pour l’écrire.

En cherchant sur « Emmanuel Cugny Bitcoin » sur internet, je n’ai pas trouvé un seul résultat mettant en avant un lien entre les deux, rien qui suggère qu’Emmanuel Cugny ai eu, par le passé, l’occasion de prendre du temps pour s’intéresser au sujet, l’occasion, pourquoi pas, d’utiliser du Bitcoin lui même.

Comment dans ces conditions imaginer qu’Emmanuel Cugny eut pu faire un bon édito sur le Bitcoin. Je ne l’aurais pas fait. Personne ne l’aurait fait.

Je n’en veux pas non plus à Emmanuel Cugny de se cramponner à ses idées reçues, de ne pas avoir cherché à pousser le propos quand il en a eu l’occasion. Il avait déjà adopté une posture publique, avait déjà formé et formulé ses idées, avait déjà un avis. Dans ces conditions, revenir en arrière demande à l’esprit humain un temps long ainsi qu’une réflexion et une documentation quotidienne. Il ne disposait simplement d’aucun des trois.

Je n’en veux même pas à Emmanuel Cugny de ne pas avoir refusé de faire cet édito. Il est comme tout le monde, il a peut-être une femme, des gosses, un chien et un crédit sur sa bagnole. Et il sait que s’il dit publiquement « non j’y connais rien, il me faudra plus de temps », cela risque d’être mauvais pour lui et de ternir son image auprès de la profession.

En revanche, j’en veux à France Info de ne pas mieux choisir ses spécialistes, de ne pas avoir fait son travail : nous informer.

Un autre traitement de l’information est possible, du moins je l’espère. Sinon, à ce rythme, le vrai danger pour les médias ne sera sûrement pas le contrôle monétaire centralisé contre lequel le Bitcoin entendait lutter, ni la censure, mais simplement la mort par gloutonnerie. L’étouffement d’avoir voulu trop manger sans prendre le temps de mâcher l’information.

Nous ne pourrons plus faire confiance aux médias pour quoi que ce soit, mais nous le ferons quand même, parce que dans le fond nous n’aurons pas vraiment le choix. C’est déjà trop souvent le cas.

Je ne sais pas quelle est la solution. Je ne sais pas comment nous pouvons agir. Mieux choisir nos sources d’informations ? Peut-être. ; Faire du lobbying, utiliser le hacking s’il le faut ? Pourquoi pas. ; Monter nos propres médias pour pouvoir, au moins sur les sujets qui nous touchent, prendre ce temps qui nous manque tellement ? Certains le font, et d’autres devraient bientôt le faire. À voir.

Il y a une chose cependant dont je suis certain. C’est que nous devons rester accessibles à ceux qui veulent prendre le temps de nous demander, le temps de creuser le sujet, le temps de vraiment se renseigner. Nous ne devons pas laisser passer les erreurs par fainéantise, pas baisser les bras par lassitude. Rester exigeants.

Même si ma grand mère continue à croire Emmanuel Cugny plutôt que moi. Même si j’aurais mieux fait d’expliquer le Bitcoin à France Info plutôt qu’à ma grand-mère…

Cet article Pourquoi j’aurais dû expliquer le Bitcoin à France Info plutôt qu’à ma grand-mère ? est apparu en premier sur Raspbian-France.

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System Linux : Adminer vs Phpmyadmin ?

jeudi 28 décembre 2017 à 17:30

adminer.png

Je viens de découvrir cette bestiole :)

Petit remplaçant de phpmyadmin en un fichier php :

# cd /var/www/html
wget https://github.com/vrana/adminer/releases/download/v4.3.1/adminer-4.3.1.php

Site d'Adminer :

https://www.adminer.org

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Bartounet : REVERSE PROXY - PFSENSE - JEEDOM

mercredi 27 décembre 2017 à 11:21
DNS-MENTEURS

Apacherpipfsensejeedom

J'utilise de plus en plus de service Web dans mon installation informatique personnelle.
Quelques usages dans l'ordre d'importance:

  1. Ma domotique avec l'excellent JEEDOM 
  2. Mes caméras
  3. Mon NAS sous Open Media Vault 
  4. Et pas mal d'autres choses
Quand on commence à avoir plusieurs services accessible depuis l'éxtérieur plusieurs problématiques se posent:


Et bien tout cela, c'est le role du REVERSE PROXY
!rp
cf wikipedia

Le reverse proxy va vous permettre avec un seul équipement d'accéder à plusieurs services Web internes en en faisant qu'une seule redirection de port
Le reverse proxy va ajouter de la sécurité, car il va vous permettre de ne plus laisser vos services web accessible en fontal sur internet
Le reverse proxy va ajouter de la sécurité, car il va vous permettre de chiffrer les flux écoutables sur internet, même vers des services Web qui ne sont pas sécurisés
Le reverse proxy va ajouter de la performance car il va mettre en cache des éléments statiques et va même pouvoir compresser des flux.

Le reverse proxy sur mon réseau privée.

Quand j'ai réfléchi à comment implémenter mon Reverse proxy j'ai  voulu ajouter un peu de sécurité.
Je trouvait qu'un reverse proxy accessible depuis internet, avait plutot sa place dans une DMZ

En effet il est plus sur de positionner son RP dans une zone qui n'a pas un full accès à tout votre réseau.
Je voulais que le RP n'ai accès qu'aux services qu'il est censé "reverse proxifier"  
C'est à dire les ports 443 ou 80 de mes services internes

Voiçi le schéma simplfié de mon réseau focusé sur le RP

lan

J'ai la chance d'avoir choisi un PFSENSE comme routeur / Firewall 

De plus j'avais pensé les choses au départ.

Mon PFSENSE est installé sur un ALIX 2D13 ( 3 ports Ethernet)

alix

Je l'utilisais pour le WAN et le LAN, il me restait donc un port pour la DMZ

Coté Gandi:

il faudra bien sur créer les entrées DNS qui pointe vers l'ip publique de votre Box

Pour ma part cam et Maison

Coté PFSENSE:


on remarque que je n'utilise aucune IP dans mes Virtual Hosts.

Que des FQDN, le but et d'utiliser que la fonction DNS 

Je vais utiliser la technique du SPLIT DNS

Même FQDN mais résolu différement en fonction de la requête:

J'ai donc utilisé mon PFSENSE en tant que resolveurs DNS

Ce qui est très pratique, car je peux lui donner des noms qu"il resoudra avec une IP locale pour mes équipement interne.

1 - J'ai crée activé ma 3ème interface et je l'ai nommée DMZ
2 - Renseigner l'IP de cette interface : Ce sera la passerelle du reverse Proxy

pfsenseip

3 - J'ai utilise une reservation DHCP statique pour fournir l'IP au Raspberry

pfsensedhcp
4 - J'ai créer 2 entrée DNS dans mon resolveur PFSENSE ' cela marche aussi si vou sutilisez PFSENSE en Redirecteur)

cam.monfomaine.fr ---> Pour la caméra
maison.mondomaine.fr ---> Pour Jeedom

pfsensedns

Le Split DNS est simple voiçi uin schéma de ce qui va se passer.

schemadns




Pas besoin de paramétrer des règles de routage PFSense s'occupe de tout.

Il faut par contre paramétrer des règles de NAT et de Firewall


NAT :  Tous ce qui arrive sur le port 443 est natté vers le RP

pfsensenat

Firewall : On ouvre les accès du RP vers les port 443 de Jeedom et 80 de la caméra
On autorise ausi le RP à faire des requetes DNS vers PFSENSE

pfsensefirewall


Voilà coté PFSENSE

Installation du reverse Proxy:

J'ai choisi d'utiliser un équipement tiers : un Raspberry Pie 3

j'ai commencé par une installation classique de Rapian strech Lite ( pas besoin d'interface graphique)

https://www.raspberrypi.org/downloads/raspbian/

Je vous conseille d'utiliser d'Etcher : qui est très simple à prendre en main :

https://etcher.io/

Je ne détaille pas l'installation de raspian

Placer une IP Fixe sur le raspberry 

Renseigner comme passerelle, l'adresse IP du PFSENSE ( interface DMZ)

Renseigner le DNS qui sera le pfsense.

Une fois le raspian installé on se lance dans l'installation du RP:

je pars du principe que vous avez déjà généré un certificat SSL chez un registrar

Je vais détailler un peu ce que j'ai fait pour un Certificat Gandi.

Je passe très vite sur la création du certificat Gandi ; Tout est expliqué sur le site

1 - Achat du certificat Gandi
2 - Création du CSR à fournir à Gandi en ligne de commande

openssl req -nodes -newkey rsa:2048 -sha256 -keyout maison.key -out maison.csr
3 - Copie du CSR sur le site de gandi
4 - Achat du certificat
5 - Validation du Certificat par ajout d'enregistrement CNAME dans votre DNS
6 - Récupération des certificats

gandi

g

7 - Vous devez avoir 4 fichiers :

GandiStandardSSLCA2.pem  maison.crt  maison.csr  maison.key
8 - Copier ces fichiers dans par exemple :
/etc/ssl/

Pour ma part j"ai placé les fichiers de certificats dans /etc/ssl/
sudo apt-get install apache2
sudo a2enmod ssl
sudo a2enmod proxy
sudo a2enmod proxy_http


Le virtual host pour Jeedom

vi /etc/apache2/sites-available/rp.conf


ServerName maison.domaine.fr
SSLEngine on
SSLProxyEngine On
SSLCertificateFile /etc/ssl/maison.crt
SSLCertificateKeyFile /etc/ssl/maison.key
SSLCertificateChainFile /etc/ssl/GandiStandardSSLCA2.pem
SSLVerifyClient None

HostnameLookups off
ProxyRequests off
ProxyVia off
ProxyPass / https://maison.domaine.fr/
ProxyPassReverse / https://maison.domaine.fr/

<Proxy *>
Order allow,deny
allow from all
Proxy>
ErrorLog ${APACHE_LOG_DIR}/rproxy_error.log
CustomLog ${APACHE_LOG_DIR}/rproxy_access.log combined

Pour ma caméra même principe:

vi /etc/apache2/sites-available/zcam.conf

ServerName cam.domaine.fr
SSLEngine on
SSLProxyEngine On
#SSLProtocol All
SSLCertificateFile /etc/ssl/maison.crt
SSLCertificateKeyFile /etc/ssl/maison.key
SSLCertificateChainFile /etc/ssl/GandiStandardSSLCA2.pem
SSLVerifyClient None

HostnameLookups off
ProxyRequests off
ProxyVia off
ProxyPass / http://cam.domaine.fr/
ProxyPassReverse / http://cam.domaine.fr/
<Proxy *>
Order allow,deny
#Deny from all
allow from all
Proxy>
LogLevel warn
ErrorLog ${APACHE_LOG_DIR}/rproxy_error.log
CustomLog ${APACHE_LOG_DIR}/rproxy_access.log combined

cd /etc/apaches/site-available
a2ensite rp.conf
a2ensite zcam.conf
/etc/init.d apache2 reload

Voila notre Reverse proxy est configuré



Si tout est OK  depuis l'extérieur on accéde bien à notre Jeedom et à notre Cam en passant
Par le Reverse Proxy

accesext

acces ext

Si tout est OK  depuis l'interne on accéde bien à notre Jeedom et à notre Cam en passant
en direct sur le lan ( DNS Résolu en local par pfsense)

Par contre vous aurez remarqué qu'une erreur de certificat est présent sur la cam

Ce qui est normal car j'utilise le même certificat dans les 2 virtual Hots 

Et ce certificat à été grée pour maison.mondomaine.fr et non cam.mondomaine.fr

Cela n'est pas grave, j'ai confiance en mon certificat, et le but est de chiffrer les flux vers ma 

caméra.


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Miamondo : Billy-Berclau, une mairie libre!

lundi 25 décembre 2017 à 22:35

Rappelez-vous, en juillet 2014 on découvrait un article, dans le n° 84 de Linux Pratique, qui relatait l’expérience de cette commune quant au déploiement progressif de Linux au sein de la Mairie et de ses bâtiments communaux.

billyberclau01
Bandeau supérieur du site de la mairie propulsé par Joomla

Cette petite ville d’un peu moins de 5000 habitants est située dans le canton de Béthune (Pas de Calais) tout en haut de la carte de France et, depuis des années, Yann Lagadec (le responsable informatique de la Mairie) et son équipe ne ménagent pas leurs efforts pour prouver qu’il existe des alternatives à un « tout Microsoft » et que cela fait du bien à sa ville et à ses administrés !

Mais depuis 2014, que s’est-il passé, ont-ils tenu bon, ont-ils réussi leur pari ?

billiyberclau2
La mairie de Billy-Berclau (image Wikipedia / Billy-Berclau)

(interview réalisée en novembre 2017 par LeCastillan)

Le logiciel libre est présent au quotidien dans le SI depuis plus de 10 ans maintenant et la majorité des clients ont migré sous GNU/Debian depuis 3 ans. Les efforts consentis et le soutien de la direction (politique et fonctionnelle) ont porté leurs fruits. Nous sommes rentrés dans une phase de maturité.

C’est en ces quelques lignes que Yann Lagadec résume son aventure et qui sous-entend que tout se passe bien dans le sens où Linux est toujours bien présent au cœur du système d’information de cette charmante petite ville du nord et que la Mairie délivre à ses utilisateurs et à ses administrés des services de qualité. Cerise sur le gâteau : à des coûts raisonnables et bien maîtrisés !

Grâce à un entretien que j’ai eu avec Yann Lagadec et son équipe, entrons un peu plus dans les entrailles de ce Système d’Information « libéré »…

Le Castillan : Alors Yann, concrètement, c’est quoi le S.I de Billy-Berclau ?

Yann Lagadec : Le service informatique de la mairie (3 personnes) gère un parc réparti sur 12 bâtiments (dont 10 interconnectés) et traitent les problématiques liées à l’informatique, les impressions et les télécoms. Le parc informatique se compose désormais d’un peu plus de 100 postes de travail dont 95% sont sous GNU/Linux (Debian Jessie / Cinnamon ou KDE) et une quinzaine de serveurs physiques sous Linux / Debian. Côté annuaire, OpenLDAP et FusionDirectory gèrent les utilisateurs. Les données sont centralisées sur des lecteurs réseaux par service et les ACLs sont peaufinés au besoin via des scripts Bash. L’ensemble de cette infrastructure est supervisé par Shinken et Cacti.

fusion_directory

Yann Lagadec : Côté réseau on trouvera du Shorewall et des outils Squid avec un accès à l’Internet constitué d’un agrégat de liaisons ADSL (les offres « fibre optique » professionnelles étant pour nous à un prix prohibitif) ! Ansible est aussi au menu pour aider à la configuration de ces matériels, au même titre que GLPI / FusionInventory / Gestsup pour la gestion du parc. Enfin, les sauvegardes sont exécutées via BackupPC et stockées dans différents sites de la commune.

Yann Lagadec : Pour la bureautique, c’est LibreOffice qui répond à ce besoin (traitement de texte, tableur, présentations…), complétés au besoin par d’autres logiciels métiers (Scribus par exemple pour les publications municipales). Côté collaboratif et messagerie, c’est Zimbra dans sa version communautaire qui a été retenue ainsi que Redmine pour la gestion de projet.

discover_libreoffice

Yann Lagadec : Enfin, et pour finir le tableau, la ville utilise WordPress ou Joomla (Site de la mairie de Billy-Berclau) pour ses projets web. Le service informatique va se former prochainement à l’utilisation de Seblod (de la Société Octopoos) pour répondre à ses besoins de développement plus spécifiques. La solution Noethys est utilisée pour gérer les activités loisirs, crèches, garderies, périscolaires et cantines de la commune.

Le Castillan : Quels sont les autres avantages d’un système comme GNU/Linux ?

Yann Lagadec : L’utilisation de Linux a un impact très fort sur l’ensemble du parc informatique de notre commune. GNU/Linux nous permet de déployer un environnement ultra-personnalisé en fonction des profils utilisateurs sur des configurations moyennes et donc attractives financièrement (entre 400 et 500 € HT avec des garanties sur 5 ans à j+1). Le tout nous permet de posséder un parc à prix ultra compétitif surtout en tenant compte du non achat de licences propriétaires (systèmes d’exploitation ou suites logicielles).

Côté serveurs, le gain est encore plus appréciable car nous utilisons de « simples » serveurs assemblées à la carte pour un prix ne dépassant pas les 1000€ HT avec garantie, là où les serveurs des grands constructeurs, équipés de Windows, se négocient à plusieurs milliers d’euros… On conserve nos machines plus longtemps : globalement avec un premier cycle de 5 ans pour un usage « standard » puis réorientation vers des utilisations moins régulières ou moins consommatrices de ressources matérielles (utilisation dans les écoles en complément des solutions déployées, bornes d’affichage dynamique, …). Ce qui serait impensable avec d’autres systèmes d’exploitation ! Le besoin d’assistance est enfin beaucoup moins important … les utilisateurs n’étant plus administrateur local 🙂

Le Castillan : WAOUHHH ! Sur le papier tout cela à l’air fantastique mais, en réalité, est-ce si simple que cela ?

Yann Lagadec : Notre modèle a prouvé sa fiabilité technique tout en étant nettement moins onéreux qu’auparavant et les économies que l’on dégage (plusieurs dizaines de milliers d’euros par an) nous permettent de déployer au besoin de nouveaux services. Donc la réponse à votre question est franchement OUI, cela se passe vraiment bien et ce, même si on fait face à quelques écueils de temps en temps…

Le Castillan : Des écueils ?

Yann Lagadec : Oui, forcément… Ces écueils sont à plusieurs niveaux :
au niveau de nos partenaires publiques où les références restent propriétaires (même si les standards ouverts progressent) dans notre mode de fonctionnement (réalisation en interne dès que possible et contrôle total) là où les petites et moyennes villes sous-traitent quasiment systématiquement. On est marginal. Les réponses techniques à nos demandes sont par exemple souvent exotiques et nous poussent à nous approprier toute la chaîne de travail.

Dans l’intégration de solutions vendues comme pleinement compatibles pour au final être du « full web packagé Windows » au niveau de nos moyens qui ne nous permettent pas toujours de tester convenablement les solutions à déployer. La mise en production est souvent le vrai test grandeur nature mais nous permet de garder un ratio productif
au niveau des périphériques tels les copieurs multi-fonctions qui nous donnent parfois du fil à retorde quand il s’agit d’utiliser des fonctions avancées (agrafages, impressions en livret…) fonctions qui ne sont pas toujours correctement prises en charge par les drivers Linux.

Le Castillan : Mais alors vous allez vous arrêter là ?

Yann Lagadec : On s’est lancé dernièrement dans le développement …

Le Castillan : Comment ça et pourquoi faire ?

Yann Lagadec : Outre la personnalisation des outils en place, notre première grosse implication s’est faite avec le renouvellement de notre application métier « petite enfance ». Nous avons fait le choix pour x raisons de Noethys et nous avons accompagné le développeur principal du projet sur le développement du portail famille et le paiement via TIPI.

Nous travaillons également à la mise en place d’un tableau de bord pour les chefs de service dans le prolongement d’un développement réalisé il y a quelques années pour gérer nos bons de commande. Nous avions besoin d’une solution qui permette aux chefs de service d’avoir une meilleure visibilité sur leurs budgets / dépenses / marchés et nous n’avons pas trouvé de logiciel répondant à notre cahier des charges : trop spécifique, trop chère, avec une vision trop comptable, … On a donc proposé à des écoles de la région de se pencher sur le sujet  : pour des résultats mitigés. Du coup, et grâce aux économies que l’on réalise, on s’est rapproché d’un étudiant de l’Epitech (devenu auto-entrepreneur pour payer ses études) et on a entamé ce projet avec lui en utilisant le framework PHP Symfony et le SGBDR MySQL. C’est la première fois qu’on se lance véritablement dans le développement d’applications de A à Z !

Le Castillan : Eh bien je vous souhaite une grande réussite dans ce projet… Il ne faudra pas oublier de partager vos travaux avec la communauté au cas où votre outil serait utile à d’autres mairies !

Yann Lagadec : Cela serait pour nous contre nature de faire autrement 🙂

Le Castillan : Est-ce que la Mairie promeut, auprès de ses agents, des élus et des habitants de la commune, l’utilisation des logiciels libres ?

Yann Lagadec : Oui, il y a eu des campagnes d’affichages au début du projet mais nous « militons » moins désormais  : l’évangélisation des débuts est moins nécessaire (et serait même contre productive maintenant par certains aspects) en tout cas dans la gestion intra-muros de la collectivité.

Du côté des habitants, j’ai été président d’un LUG (Linux User Group – Club d’utilisateurs de Linux) nommé Artux pendant quelques années mais j’ai moins de temps désormais. La promotion du Libre reste néanmoins présente, nous avons été parmi les premiers à organiser des JoomGroupes au nord de Paris (https://www.joomla.fr/actualites/evenements-francophones/item/1153-joomla-dans-la-region-nord-pas-de-calais). Puis, plus généralement, on profite des événements ou des actualités locales pour promouvoir GNU/Linux et les logiciels libres dès que possible.

Le Castillan : Voilà encore de belles initiatives ! Comment peut-on conclure cette interview ?

Yann Lagadec : Un SI majoritairement libre est possible dans les collectivités publiques. Les gains financiers sont loin d’être négligeables et nos contributions vont aussi – à mon sens – vers un cercle vertueux d’utilisation des deniers publics. On reste très intéressé pour échanger sur des déploiements d’écosystème ou d’expérience similaires (partiel ou total). Dans ce sens, et afin de continuer notre veille technologique, on va se présenter pour obtenir le label « Territoire Numérique Libre » pour 2017, il s’agit d’une initiative de l’ADULLACT soutenue par plusieurs associations et acteurs du logiciel libre (AFUL, APRIL, DINSIC, Pôle Aquinetic, Paris Open Source Summit…).

Le Castillan : Merci à vous et à votre équipe pour cette interview et encore bravo pour le projet qui prouve, une fois de plus, que des alternatives existent face aux outils propriétaires qui nous réduisent parfois à de simples gestionnaires de licences, alors que l’on aurait tellement envie de construire quelque chose, comme vous l’avez fait !


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Yannic Arnoux : Un blog plus respectueux

lundi 25 décembre 2017 à 01:00

Je suis allé plus loin dans le respect de la vie privée sur le blog.

Quand on laisse un commentaire, l’adresse e-mail a toujours été optionnelle. Elle sert à retrouver un avatar sur Gravatar et à informer les abonnés de la parution d’un nouveau commentaire pour un article. J’ai ajouté à mon gestionnaire de commentaires un mode privé qui désactive la fonction d’abonnement et se passe de l’e-mail. En fait, l’e-mail est résolu en avatar dans le navigateur avec quelques lignes de JavaScript et il n’est pas pas envoyé au serveur, donc jamais stocké.

Le nouveau formulaire de ressemble à ceci :

Commentaire en JS

L’autre nouveauté, dans la même veine, c’est le support des navigateurs avec le JavaScript désactivé. Mon article précédent un blog plus statique a fait la moitié du travail en générant en pur HTML les commentaires déjà postés. Il restait à donner la possibilité de laisser un commentaire sans JavaScript, c’est chose faite avec un mode dégradé :

Le formulaire sans JavaScript ressemble à ceci :

Commentaire sans JS

Il me semble normal de ne pas empêcher les lecteurs les plus soucieux de leur vie privée d’accéder aux commentaires, c’est en phase avec les valeurs que je prône ici.

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