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Cyrille BORNE : Le retour de la revanche de Stéphane Gibault : ADR

mardi 7 mai 2013 à 08:00

Stéphane n'est toujours pas mort, et vient de me contacter, moi qui reste son meilleur commercial. Pour ceux qui ne savent pas qui est Stéphane Gibault, une interview, pour résumer il s'agit de l'auteur de 2ManDVD le logiciel de réalisation de diaporama et de menus DVD. ADR qui signifie Architecture Des Réseaux une application web vous permettant de créer graphiquement des schémas réseaux. Cette application est distribuée sous licence GPL ( http://www.gnu.org/licenses/gpl.html ) fonctionne sur n'importe quel serveur web gérant le PHP5, MySql et s'utilise dans différents navigateurs (à l'exception de Internet Explorer). L'application a été testée avec Mozilla Firefox ( >= 17 ), Chrome et Chromium et autres navigateurs utilisant webkit. En gros un logiciel à la Dia mais en ligne.

Je ne me sens pas totalement concerné par ce genre de logiciel même si je ferai le test plus en détail pour le retour de bugs et pour essayer d'y reproduire l'architecture du lycée pour exemple, la transposition d'un modèle concret étant toujours plus significatif et pertinent qu'une simple invention. Ce qui est bluffant en lui même, ce n'est pas tant le programme, ce qu'il permet de faire que de nombreux logiciels comme Dia cité précédemment permettent déjà de réaliser c'est le fait que la technologie utilisée soit "web". Le programme pour l'instant n'est pas encore disponible au téléchargement, j'invite Stéphane à mettre les sources sur github.

Du fait d'avoir été contacté par Stéphane, j'en ai profité pour l'interroger sur l'avenir de 2ManDVD, même si la partie réalisation de menu DVD parait désuète à l'heure du streaming et du blu-ray, la partie réalisation de diaporama a du sens et sera remaniée, le projet n'est donc pas à l'abandon.

Le site officiel de ADR

201305adr.jpg

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Noireaude : Publication de Cinnamon 1.8 – Rapide tour d’horizon du bel animal

mardi 7 mai 2013 à 07:30

Cinnamon-18

Plop les bovins,

Clement Lefebvre (Clem) a annoncé récemment la sortie de la nouvelle version de Cinnamon 1.8, que nous retrouverons dans Linux Mint 15 Olivia. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas parlé de la bête et cette annonce était donc l’occasion de s’arrêter un peu sur Cinnamon, afin de voir ce qui nous attends.

Alors on va annoncer la couleur tout de suite, cette version 1.8 de Cinnamon ne va pas embarquer de nouveautés révolutionnaires, mais elle constitue surtout une version de stabilisation et de renforcement des acquis. Ce qui n’est pas rien et qui n’est pas plus mal. L’environnement de bureau a en effet gagné en stabilité et en réactivité grâce entre-autres à la correction de plus de 1000 bugs.

Nemo a vu son interface graphique légèrement revisitée, avec l’introduction d’une nouvelle option (située en bas de la fenêtre), qui permet désormais de cacher la barre latérale en clic. De plus, la barre latérale a elle aussi été un peu revue et affiche désormais la quantité d’espace disponibles sur les différents volumes (externes ou locaux).

nemo

L’introduction des nouveaux desklets/widgets est effective, vous permettant par exemple d’ajouter une horloge analogique, des cardes photo, des Lanceurs etc, à votre bureau.

desklets

Le tout appuyé par « Spices Management », qui va vous permettre de les gérer depuis votre desktop et ce, sans devoir passer par le portail dédié ou le site de Linux Mint. Pratique.

xlets

Le nouvel économiseur d’écran (voir image d’illustration du billet) est plutôt sympa et va permettre d’afficher des notifications, mais  surtout de basculer rapidement entre les différentes utilisateurs sans devoir passer par le gestionnaire d’affichage. Ce qui est également très pratique :).

On finira par signaler que le centre de contrôle et de gestion des paramètres est désormais complet et qu’il n’est donc plus nécessaire d’utiliser le Gnome Controle Center.

C’est à peu près tout en ce qui concerne les grandes lignes. On peut constater que ça avance doucement mais tranquillement et même si je n’aime pas particulièrement Cinnamon (plus pour des raisons de goût que pour des raisons techniques), je reconnais volontiers que ça bosse dur et que le bel animal s’embellit de versions en versions.

Si vous voulez voir tout ça en détail, je vous invite à consulter de ce pas l’annonce de sortie officielle sur le blog de Linux Mint.

En tout logique Cinnamon 1.8 devrait débarquer dans les prochains jours dans les repos officiels d’Archlinux et sur Ubuntu via le PPA suivant.

Installer Cinnamon sur Ubuntu :

sudo add-apt-repository ppa:gwendal-lebihan-dev/cinnamon-stable
sudo apt-get update
sudo apt-get install cinnamon nemo

Désinstaller Cinnamon sur Ubuntu :

sudo add-apt-repository -r ppa:gwendal-lebihan-dev/cinnamon-stable
sudo apt-get update
sudo apt-get remove cinnamon nemo

Amusez-vous bien.

Moo!

source, images

flattr this!

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crowd42 : Dmidecode : un outil pour obtenir plein d’infos sur le matériel de son ordinateur

mardi 7 mai 2013 à 03:42

Il arrive parfois qu’on ait besoin de connaître la marque et modèle du matériel de son ordinateur. Ça peut être utile par exemple si vous cherchez à installer à pilote qui vous manque, collecter le maximum d’informations pour diagnostiquer un problème, ou tout simplement pour upgrader son matos. Et sous GNU/Linux, on a la chance de disposer de plusieurs outils, pour générer ces rapports. L’un d’eux est Dmidecode.

Dmidecode liste les informations sur les composants matériel de son système (fabriquant, modèles, numéro de série…), en interrogeant directement le BIOS.

Pour une utilisation basique, exécuter la commande suivante en tant que root :

dmidecode

Pour plus de confort dans la lecture du rapport, vous préfériez peut-être combiner dmidecode avec la commande less :

dmidecode | less

# dmidecode 2.12
SMBIOS 2.4 present.
21 structures occupying 958 bytes.
Table at 0x7BBC4000.

Handle 0x000A, DMI type 0, 24 bytes
BIOS Information
Vendor: Hewlett-Packard
Version: 68PZU Ver. F.09
Release Date: 12/15/2008
Address: 0xF0000
Runtime Size: 64 kB
ROM Size: 2048 kB
Characteristics:
PCI is supported
PC Card (PCMCIA) is supported
BIOS is upgradeable
BIOS shadowing is allowed
Boot from CD is supported
Selectable boot is supported
EDD is supported
Print screen service is supported (int 5h)
8042 keyboard services are supported (int 9h)
Serial services are supported (int 14h)
Printer services are supported (int 17h)

Pour obtenir des renseignements sur un élément particulier du matériel, le processeur par exemple, exécutez cette ligne de commande :

dmidecode -t 4

# dmidecode 2.12
SMBIOS 2.4 present.

Handle 0×0000, DMI type 4, 35 bytes
Processor Information
Socket Designation: Intel(R) Genuine processor
Type: Central Processor
Family: Other
Manufacturer: Intel(R) Corporation
ID: FD 06 00 00 FF FB EB BF
Signature: Type 0, Family 6, Model 15, Stepping 13
Flags:

Un autre exemple. On va supposer que les 2 Go de RAM que j’ai sur mon laptop commencent à être trop juste (ce qui est vrai), et que je veux savoir si je peux en ajouter. Il suffit que je tape la commande suivante, pour que j’aie ma réponse :

dmidecode -t 16

# dmidecode 2.12
SMBIOS 2.4 present.

Handle 0×0004, DMI type 16, 15 bytes
Physical Memory Array
Location: System Board Or Motherboard
Use: System Memory
Error Correction Type: None
Maximum Capacity: 8 GB
Error Information Handle: Not Provided
Number Of Devices: 2

Pour connaître tous les types DMI, rendez vous sur cette page de wikipedia.

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Chimrod : Guide d’utilisation de rst2odt

mardi 7 mai 2013 à 00:00
Bureau

Image: AJ Cann (creativecommons)

J’ai déjà souvent abordé le langage reStructuredText dans mes articles, et je l’utilise fréquement, que ce soit pour écrire sur ce blog ou publier d’autres contenus. On présente souvent rst2pdf pour la publication, mais il est également possible de générer une sortie vers libreoffice, permettant de créer rapidement des documents avec une mise en page maîtrisée.

Premiers pas

On commence par installer les outils nécessaires:

$ sudo aptitude install rst2odt

et on lance la génération de la manière suivante:

$ rst2odt document.rst document.odt

On peut tout de suite consulter le fichier généré pour voir le résultat. Le rendu est moins aguicheur que celui généré avec rst2pdf, mais il est possible de changer ça.

Environnement

Plutôt que de lancer la commande à chaque fois, il est préférable de se créer un environnement qui va nous servir chaque fois que nous aurons besoin de publier un nouveau document.

On va se créer un Makefile pour automatiser la génération du document:

resources/template.odt: resources/template.rst
    rst2odt resources/template.rst resources/template.odt

%.odt: %.rst resources/template.odt
    rst2odt --create-links --strip-comments --stylesheet=resources/template.odt --add-syntax-highlight  $< $@
    cp $@ resources/templates.odt

Ainsi, il suffira de lancer la commande make document.odt pour générer la sortie à partir du fichier document.rst (document est bien sûr à adapter en fonction du nom du fichier sur lequel vous travaillez).

J’ai créé une archive qu’il vous suffit de décompresser pour pouvoir commencer à travailler; elle comprend le fichier makeFile présenté ci-dessus, ainsi qu’un template contenant des éléments de base.

Utiliser les templates

L’avantage d’utiliser un format balisé est que vous n’avez pas vous soucier du formattage. Le document généré est prêt à être mis en page, vous n’avez plus qu’à travailler sur le modèle.

La commande make a mis à jour le fichier modèle à partir de votre document de travail. Vous pouvez donc maintenant modifier les styles à travers libreoffice, ils seront automatiquement intégrés dans vos prochaines étapes de génération.

rst2odt applique ses propres styles au document, ceux-ci héritant des styles par défaut d’OpenOffice, vous pouvez donc utiliser vos template habituels pour la mise en forme de votre document. La liste est présentée sur la documentation de l’application.

En séparant le contenu de l’application, on peut ainsi facilement réutiliser un style d’un document à un autre, on se décharge de la mise en page pendant tout le temps de la rédaction.

Aller plus loin

Le langage reStructuredText utilise des directives pour mettre en forme le texte. Toutes les applications ne les gèrent pas correctement, et certains outils ont décidé de rajouter leurs propres directives; bref c’est un peu le bordel.

La plupart des directives sont correctement prises en compte:

  • les tableaux
  • les images
  • les notes de bas de page (À l’exception près qu’il est impossible de référencer une note de bas de page dans une autre note.)
  • la table des matières
  • les rôles

Cela devrait répondre à 90% des usages courants. J’ai déjà présenté un correctif pour ajouter la coloration syntaxique dans notre document, et ainsi utiliser les mêmes directives que rst2pdf pour insérer du code, voici la liste de quelques directives propres à rst2odt:

meta: Permet de renseigner les méta-données dans le document.

Et d’autres qui sont plus ou moins bien suportées:

container: Permet d’appliquer un style particulier sur un bloc de texte.
raw: Pour insérer du code xml au format openDocument.

Au final

C’est bien pratique de pouvoir écrire son document dans un bloc note, sur une machine plutôt poussive, et malgré ça bénéficier de la force de mise en page de LibreOffice. On s’affranchit de la plate-forme sur laquelle on travaille (on peut éditer son fichier sous gedit sur linux, puis sur le bloc-note de windows, et le reprendre dans un terminal via vim), et lancer la transformation une fois le texte écrit

Vient alors la phase de mise en page, mais on est alors aidé par l’outil de traitement de texte pour ça, et surtout, par le fait que le document généré inclu des styles sur sa totalité, c’est donc tout de suite beaucoup plus facile, et se fait très rapidement.

Pour ma part, c’est une solution que j’utilise et recommande, et qui au final donne de meilleurs résultats que rst2pdf.

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Framablog : Marques déposées : le bon, la brute et le truand, par Cory Doctorow (+ Calimaq)

lundi 6 mai 2013 à 14:14

Deux excellents articles pour le prix d’un : du Cory Doctorow introduit par Calimaq.

Parmi les droits de « propriété » intellectuelle, le droit des marques n’est pas celui qui soulève habituellement le plus de contestations. Pourtant avec son article « Trademarks : the Good, The Bad and The Ugly », Cory Doctorow tire la sonnette d’alarme à propos d’une dérive inquiétante : le glissement progressif vers une forme d’appropriation des mots du langage. Au rythme où vont les choses, prévient-il, le droit des marques pourrait bien finir par nous “enlever les mots de la bouche”.

On pourrait croire qu’il s’agit d’un fantasme, mais les dérapages en série des Trademark Bullies, ces firmes qui utilisent le droit des marques comme moyen d’intimidation, montrent qu’il n’en est rien : Facebook cherche ainsi à s’approprier les mots Face, Book, Wall et Mur ; Apple attaque une épicerie en ligne polonaise qui avait le malheur de s’appeler “a.pl” ; Lucasfilm fait la chasse aux applications Androïd dont le nom comporte le terme “Droïd”, déposé comme marque après Star Wars…

On pourrait citer encore de nombreux exemples, parfois terriblement cyniques, comme lorsqu’il y a quelques jours “Boston Strong”, le cri de ralliement des habitants de la ville de Boston, a fait l’objet de plusieurs dépôts de marques par des fabricants de bière ou de T-shirts juste après les attentats ayant frappé la ville ! On ne recule devant rien pour “l’or des mots”…

Ces dérives prêteraient presque à rire si elles ne nous faisaient glisser peu à peu dans un monde passablement dystopique. Ainsi lors des Jeux Olympiques à Londres en 2012, les médias qui n’avaient pas acheté les droits pour couvrir les épreuves ont préféré dire “The O-word” plutôt que de risquer des poursuites en justice de la part du CIO, lequel n’a pas hésité  à invoquer le droit des marques pour museler des opposants. Nous voilà presque dans Harry Potter, avec des marques-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom !

Ces dérives ne sont hélas pas confinées aux pays anglo-saxons et on peut déjà déceler en France les signes d’une montée en puissance de la police du langage par les marques. La semaine dernière, Findus se plaignait devant le CSA que les médias avaient fait un usage abusif de sa marque durant l’affaire des lasagnes à la viande de cheval. L’an passé, une institutrice avait été contrainte par le journal Le Figaro de changer le titre de son blog, “la classe de Mme Figaro”, alors qu’il s’agissait de son propre nom ! Et le village de Laguiole en Aveyron s’est  “débaptisé” symboliquement en 2012, pour protester contre un troll local ayant déposé “Laguiole” dans toutes les classes au point de privatiser ce terme en empêchant les autres commerçants de l’utiliser…

Face à ces dérapages inquiétants, l’article de Cory Doctorow a l’immense mérite de rappeler que le droit des marques est avant tout un droit instauré au bénéfice du public, pour le protéger de la fraude. Il ne devrait pas être interprété comme conférant aux firmes une “propriété” sur les termes du langage et on rejoint là une critique que Richard Stallman et bien d’autres après lui adressent à la notion même de “propriété intellectuelle”. Le droit des marques devrait être considéré non comme un droit de propriété mais comme un droit du public et les mots du langage devraient rester des biens communs, insusceptibles d’appropriation privative. Pourtant après les expressions et les mots, on trouve des cas où des firmes essaient de contrôler l’emploi de simples lettres de l’alphabet ! Audi veut s’approprier la lettre “Q, Apple le “I” et Topps, un fabricant de cartes à collectionner, s’attaque à présent à la lettre V !

Le glissement vers une conception “propriétaire” du langage risque bien de s’accentuer encore, car le numérique s’articule de plus en plus autour d’un “capitalisme linguistique”, dont les moteurs de recherche et leurs adwords nous ont déjà donné un avant-goût. Cory Doctorow est un auteur de science-fiction, dont certains romans, comme Pirate Cinema, critiquent les excès de la “propriété” intellectuelle. Mais c’est un auteur français qui est sans doute allé le plus loin dans l’anticipation des conséquences de l’appropriation du langage.

Dans sa nouvelle “Les Hauts® Parleurs®, Alain Damasio imagine que dans un futur proche, les États finissent par vendre leurs dictionnaires à des firmes qui s’arrogent ainsi un monopole sur l’usage public des mots. Il faut désormais payer une licence à ces propriétaires du langage pour publier un livre ou prononcer un discours, mais une fraction de la population entre en résistance pour récupérer les droits sur certains mots et en inventer d’autres, qu’ils s’efforcent de mettre à nouveau en partage en les plaçant sous copyleft. Mais le système n’hésite pas à réprimer férocement ces idéalistes…

En arriverons-nous un jour à de telles extrémités ? L’avenir nous le dira, mais Lewis Carroll, autre grand visionnaire, nous avait déjà averti en 1871 qu’il existe un rapport profond entre la propriété sur les mots et le pouvoir. Extrait d’un dialogue figurant dans “De l’Autre côté du miroir” entre Alice et un personnage en forme d’oeuf appelé Humtpy Dumpty :

-Humpty Dumpty : “C’est de la gloire pour toi !”

-“Je ne comprends pas ce que tu veux dire par gloire”, répondit Alice.

Humpty Dumpty sourit d’un air dédaigneux, -“Naturellement que tu ne le sais pas tant que je ne te le dis pas. Je voulais dire : c’est un argument décisif pour toi !”

-“Mais gloire ne signifie pas argument décisif”, objecta Alice.

-“Lorsque j’utilise un mot”, déclara Humpty Dumpty avec gravité, ” il signifie exactement ce que j’ai décidé qu’il signifierait - ni plus ni moins “.

-“Mais le problème” dit Alice, “c’est de savoir si tu peux faire en sorte que les mots signifient des choses différentes”.


-“Le problème”, dit Humpty Dumpty, “est de savoir qui commande, c’est tout ” !

Marques déposées : les bons, les brutes et les truands

Article original par Cory Doctorow

traduction Framalang : Elektro121, Sphinx, Jtanguy, Patrick, goofy, peupleLà, Ilphrin, Asta, Calou + 2 anonymes

___

Il est temps que nous arrêtions de donner aux tyrans des marques un blanc-seing sur le sens de nos propres mots. Il est temps que nous les libérions.

Les marques déposées sont plutôt étranges. Dans le meilleur des cas, elles sont très bien et incitent intelligemment les entreprises à consacrer une partie de leurs bénéfices financiers à autre chose que la lutte contre la fraude et les manœuvres malhonnêtes. Dans le pire des cas toutefois, elles sont horribles et permettent aux entreprises d’exercer une intimidation légale pour nous voler les mots de la bouche.

Pour commencer, regardons l’effet positif des marques. Les marques déposées telles que nous les connaissons aujourd’hui proviennent d’affaires de protection des consommateurs dans lesquelles une entreprise a engagé des poursuites judiciaires contre une autre entreprise pour des pratiques commerciales mensongères. Dans ces affaires, le problème provenait de l’idée qu’une entreprise A avait associé un design, un mot ou une marque et les produits ou services que cette entreprise fournissait. Ensuite, une entreprise B arrivait et habillait ses produits et services concurrents des traits distinctifs que le public associait à l’entreprise A.

Ici le public en payait le prix : des consommateurs peu méfiants achetaient des produits de l’entreprise B en pensant à tort que ceux-ci étaient des produits de l’entreprise A. C’est injuste. Quand vous allongez la monnaie vous devriez avoir ce que vous pensez avoir acheté et non pas quelque chose d’autre, sous un emballage clairement conçu pour vous tromper.

La plupart du temps, seule la victime d’une fraude est qualifiée pour poursuivre en justice en réparation du préjudice. Si quelqu’un est victime d’une fraude et que vous n’en êtes que le témoin, vous ne pouvez pas poursuivre le fraudeur : vous n’avez pas été lésé. Autrement dit, vous devez vous-même avoir été victime pour demander réparation.

Pourtant là où règne l’utilisation trompeuse des marques, tout le monde en subit les effets négatifs. Si vous avez dépensé quelques pièces pour un stylo, une bouteille de jus de fruit ou un paquet de mouchoirs, il est peu probable que vous engagiez, à vos frais, un avocat pour traîner le fraudeur en justice. Si nous limitons l’application du respect des marques à l’unique protection des victimes de fraudes, bien des fraudeurs opéreront en bénéficiant d’une impunité perpétuelle.

Les marques déposées contournent ce problème en donnant à l’entreprise A – entreprise avec laquelle vous pensiez avoir affaire – le droit d’intenter un procès en votre nom, et au nom de tous les clients passés et futurs qui auraient été amenés à acheter les produits de l’entreprise B, abusés par une présentation et un marketing trompeurs. Bien souvent, les entreprises veulent pouvoir exercer ce droit car la fraude détourne les clients et les bénéfices de leurs produits au profit de leurs concurrents.

Donc, quand vous donnez autorité à une entreprise pour poursuivre ce genre de malversations en justice au nom de ses clients, vous créez un système dans lequel les sociétés couvrent volontairement les dépenses de ce qui correspond à un besoin de l’entreprise (la protection contre la fraude) et vous vous évitez la peine de devoir convaincre quelqu’un à qui on a vendu une boîte douteuse de pastilles à la menthe d’aller au tribunal pour que le contrevenant soit puni. Vous évitez aussi les frais qui rendraient les inspecteurs gouvernementaux responsables de la régulation de ce mal de société.

À première vue, c’est une bonne affaire pour tout le monde. Au cours du siècle dernier, la codification des marques est allée croissant dans la règlementation. On a établi des organismes de dépôt officiel des marques qui aident les entreprises à identifier les marques en vigueur afin d’éviter de reprendre par inadvertance la marque de quelqu’un d’autre.

Tant la règlementation que la jurisprudence considèrent les marques déposées comme un droit de protection du public et non comme une propriété. Quand vous avez pu déposer une marque, le gouvernement ne vous dit pas : « Félicitations, ce mot vous appartient désormais ! ». Il dit : « Félicitations, vous avez maintenant autorité pour poursuivre en justice les fraudeurs qui utiliseraient ce mot de sorte à tromper le public. ». C’est ce qui distingue Bruce Wayne, propriétaire d’un bien comme le Manoir Wayne, et Batman, justicier dont le devoir est de protéger les citoyens de Gotham. (C’est pourquoi mentionner ici Bruce Wayne et Batman ne viole pas les droits de Warner sur ses marques, qui les autorise à des réclamations ridicules sur le terme « super-héros », droits que partagent conjointement Marvel/Disney.)

Les marques déposées sont faites pour protéger le public afin qu’il ne soit pas trompé. Elles sont des « appellations d’origine ». Si vous achetez une canette de soda avec le mot Pepsi sur le côté, vous êtes en droit de vous attendre à une canette de Pepsi et non à une canette d’acide de batterie. Nous connaissons tous la signification du mot Pepsi, l’entreprise Pepsi a dépensé des milliards pour inciter les gens à associer ce mot et ses produits. Dans toutes les situations ou presque, quelqu’un d’autre que Pepsi qui vendrait quelque chose avec le mot Pepsi dessus serait accusé de fraude parce que dans presque tous les cas, cette vente serait faite à des personnes croyant acheter un produit Pepsi.

L’association à une marque

Le respect des marques déposées repose sur le commerce immatériel de l’« association ».

Le droit des marques à poursuivre en justice repose fondamentalement sur la pénétration du subconscient du public, sur la façon dont le public pense à quelque chose. Si le public percevait votre marque sans l’associer avec vos produits ou services, vendre quelque chose d’autre sous la même marque ne constituerait pas une tromperie du public. S’il n’y a pas confusion, la législation sur les marques n’offre que peu de protection même si cela coûte de l’argent à une entreprise.

Et c’est là l’origine du problème. Inévitablement, les détenteurs d’une marque déposée se considèrent comme les propriétaires de cette marque. Ils ne font pas respecter leur droit pour protéger le public, ils le font pour protéger leurs profits, qui sont leur projet. Les marques partent du principe que le public associe un produit et un service, sous prétexte que c’est la base du commerce. Par exemple, si je vois Gillette sur un rasoir jetable, c’est parce que Gillette est l’entreprise qui a pensé à mettre le mot « Gillette » sur une gamme de produits : leur créativité et une stratégie de marque rusée ont ancré cette association dans l’esprit du public.

Si Gillette devient un synonyme générique pour « rasoir », un concurrent qui utiliserait le mot « gillette » pour décrire ses produits pourrait s’en tirer. Après tout, rien ne me dit que votre frigo est un Frigidaire, que le kleenex avec lequel vous vous mouchez est un Kleenex, ou que vous googlez quelqu’un sur Google. C’est la rançon de la gloire est : votre marque est alors associée à l’ensemble d’une catégorie de biens. Les juristes spécialisés en droit des marques ont un terme pour cela : « généricide » – quand une marque devient trop générique et que de fait elle n’est plus associée à une entreprise en particulier. À ce stade, la marque que vous avez protégée pendant des années est en libre-service et chacun peut l’utiliser.

Cependant, le généricide est rare. Microsoft ne fait pas de publicité du style « Googlez avec Bing ! » et Miele ne vend pas une gamme de « frigidaires » 

Le généricide est surtout un épouvantail, et comme tous les épouvantails il sert à quelque chose.

À quoi ? À créer le plein emploi pour les avocats spécialisés en droit des marques.

Les avocats spécialisés en droit des marques ont convaincu leurs clients qu’ils doivent payer afin d’envoyer une mise en garde menaçante à toute personne qui utiliserait une marque sans autorisation, même dans le cas où il n’y aurait pas de confusion possible. Ils envoient des cargaisons de lettres aux journalistes, responsables de sites web, fabricants de panneaux, éditeurs de dictionnaires (quiconque pourrait utiliser leur marque de façon à affaiblir l’association mentale que fait le public). Pourtant, l’affaiblissement d’une association automatique n’est pas illégal, quoi qu’en disent les doctrines, de plus en plus nombreuses, telles que la « dilution » ou la « licence nue ».

Lorsqu’on les interpelle sur le fait qu’ils régulent notre langue, les détenteurs de marques et leurs avocats haussent généralement les épaules en disant : « Rien à voir avec nous.

La loi nous enjoint de vous menacer de poursuites, sinon nous perdons cette association, et donc notre marque. » Comprendre les marques déposées de cette manière est très pervers.

L’intérêt public

La loi existe pour protéger l’intérêt public, et l’intérêt public n’est pas compromis par la faiblesse ou la force de l’association de telle ou telle entreprise et de tel ou tel nom ou marque déposée. L’interêt public s’étend à la prévention de la fraude, et les marques déposées s’appuient sur la motivation des entreprises à protéger leurs profits pour les inciter à respecter l’intérêt public.

Les intérêts des entreprises ne sont pas les intérêts publics, c’est tout juste s’ils coïncident… parfois.

Les marques déposées n’ont pas été inventées pour créer des associations. Les marques déposées sont un outil pour protéger ces associations. Mais au cours des dernières décennies, elles ont été perverties en un moyen de voler des mots du langage courant pour les utiliser comme une propriété.

Prenons Games Workshop, une entreprise qui a la réputation méritée d’utiliser agressivement les lois sur les marques déposées. Cette entreprise affirme détenir une marque déposée sur l’expression « space marine » qui décrit les figurines de jeux de plateau stratégiques sur lesquels l’entreprise a fondé ses produits. Pourtant, « space marine » est un très vieux terme, qui a largement été employé dans la science-fiction au cours du siècle dernier. Il est également très descriptif, ce qui est absolument interdit pour un dépôt de marque. Il est bien plus simple de démontrer que votre marque est exclusivement associée avec votre produit quand il n’y a pas de raison flagrante pour qu’elle soit employée dans un sens générique par quelqu’un d’autre. (« Pierrafeu » est ainsi une marque plus forte que « La Librairie »). À mon avis, les organismes de protection des marques n’auraient jamais dû autoriser le dépôt de la marque « space marine » car il y a très peu de risques qu’un client quelconque associe ces mots exclusivement avec les produits de Games Workshop plutôt qu’avec les romans de Robert A. Heinlein.

Pourant, c’est là que les choses deviennent vraiment moches. Il y a deux manières de rendre une marque tellement célèbre qu’elle sera exclusivement associée à une seule entreprise. La première est la manière respectable : vous créez un produit qui devient tellement populaire que chacun pense à vous quand il pense à celle-ci.

L’autre manière est la voie du mal: vous menacez publiquement de poursuites juridiques et lancez des intimidations sans fondement contre quiconque userait de votre marque, peu importe le contexte, même si il n’y a aucune possibilité de tromperie ou de confusion. Si vous faites suffisamment la Une en jouant les gros-bras, alors vous pouvez créer une autre sorte de notoriété, le genre de notoriété qui parvient à créer l’association suivante : « Hmmm, cet écrivain a utilisé le terme ‘space marines’ dans son livre, et je sais que Games Workshop sont d’immenses connards qui transforment votre vie en véritable enfer si vous avez le malheur de respirer les mots ‘space marines’, donc ça doit être quelqu’un associé à Games Workshop. »

Si le détenteur d’une marque déposée s’inquiète en toute légitimité de ce que l’usage fortuit des marques peut contribuer au généricide, il lui suffit d’accorder un droit rétroactif à quiconque utiliserait la marque d’une manière qui les inquiète. « Chers Monsieur ou Madame X, nous avons le plaisir de vous autoriser à utiliser notre marque sur votre site web. Nous vous prions d’ajouter une mention à cet effet. » protège légalement d’une dilution ou d’une généralisation d’un terme avec autant d’efficacité qu’une menace de poursuite judiciaire.

La différence entre une menace et une autorisation est que la première vous permet de rassembler le vocabulaire du public dans votre propre chasse gardée. Il est temps d’arrêter de donner aux tyrans des marques déposées un blanc-seing sur le sens de nos propres mots. Il est temps de reprendre possession des marques déposées.

Une manière simple et faisable de procéder est de repérer les endroits où l’on peut utiliser les mots « space marine » dans des supports imprimés qui ne mentionnent pas les produits de Games Workshop. Il faut ausi résister à toute tentative illégitime de surveiller notre langage en utilisant des termes génériques quand bien même une entreprise désapprouve.

Entin, s’il vous plaît, signalez toutes les menaces de poursuites liées aux marques déposées que vous recevez sur ChillingEffects.org, un bureau d’information qui accumule les preuves sur les tendances aux mesures coercitives en ligne et qui apporte un fondement factuel aux efforts de réforme.

L’auteur souhaite exprimer toute sa reconnaissance à Wendy Seltzer du projet ChillingEffects pour l’aide apportée à l’écriture de cet article.

Crédit illustration : Christopher Dombres (Creative Commons By)

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