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genma : Yunohost, Freebox et IPv6

jeudi 7 juillet 2016 à 09:00

De plus en plus de réseaux proposent une adresse en IPv6. Je ne détaillerai pas ce qu'est IPv6, le pourquoi et la nécessité de le développer...

Obtenir une IPv6 sur sa machine Yunohost

Dans les prérequis, il y a :
- sur la Freebox, dans la partie administration, avoir activer l'IPv6.
- avoir IPv6 d'actif sur l'OS sur lequel se trouve Yunohost (Debian Jessie dans mon cas)

Avec l'IPv6, chaque machine se voit attribuer une IP publique, basée sur l'IP principale (celle de la Freebox) et l'adresse MAC de l'équipement concerné (pour faire simple). Une fois IPv6 activée sur la Freebox, la machine Yunohost étant réglée en DHCP (avec comme paramétrage au niveau de la Freebox de toujours associer la même IP), la machine se voit attribuer 2 IPv6.

Une adresse commençant par fe80: : qui est une adresse locale (fonctionnant uniquement sur le sous réseau physique local : le switch et le wifi de la Freebox). Une adresse commençant par 2a01:exxx:xxxx:xxxx : qui est une adresse publique (La Freebox ayant l'adresse 2a01:exxx:xxxx:xxxx::1)

Pour chaque machine ayant une IPv6 , la Freebox ouvre un tunnel vers Internet (indépendamment de la redirection de ports nécessaire pour l'adresse en IPv4 qui n'est que privée, liée au réseau local. Le NAT et la redirection de ports de l'IPv4 publique de la Freebox vers l'IPv4 locale de la machine sous Yunohost n'est utile qu'en IPv4). La redirection n'est donc plus nécessaire puisque la machine peut être attaquée via le tunnel V6. Comme indiqué, l'adresse IPv6 est publique : la machine est donc directement visible et accessible depuis Internet (d'où la nécessité de surveiller les logs, de faire les mises à jour, d'avoir un pare-feu activé, fail2ban... tout ce qui est installé et configuré par défaut dans Yunohost).

On peut voir ces deux adresses via un

sudo ifconfig /all

eth0 Link encap:Ethernet HWaddr 78:xx:xx:xx:xx:xx
inet adr:192.168.0.1 Bcast:192.168.0.255 Masque:255.255.255.0
adr inet6: 2a01:exxx:xxxx:xxxx:b81b/64 Scope:Global
adr inet6: fe80::7a2b:cbff:fea8:b81b/64 Scope:Lien
(...)

Configuration du DNS

Si on a un nom de domaine, par exemple mondomaine.fr, il faut noter l'adresse IPv6 publique de la machine sous Yunohost et dans la configuration des entrées DNS, en plus de l'entrée correspondant à l'association de l'IPv4 publique de la Freebox (ici représentée par XYZ.XYZ.XYZ.XYZ)

Nom Type Valeur
@ A XYZ.XYZ.XYZ.XYZ

On ajoute une entrée AAAA avec l'adresse IPv6 publique de la machine sous Yunohost (ici représentée par 2a01:exxx:xxxx:xxxx:b81b)

Nom Type Valeur
@ A XYZ.XYZ.XYZ.XYZ
@ AAAA 2a01:exxx:xxxx:xxxx:b81b

Validation de l'accessibilité en IPv6

Depuis une autre machine, sur un réseau extérieur et pour lequel on a une adresse IPv6, on peut vérifier qu'un

ping -v6 mondomaine.fr

répond et renvoie bien l'adresse IPv6 de la machine Yunohost.

On peut aussi tester un traceroute, ou encore, depuis un navigateur, saisir dans la barre d'adresse (avec les crochets, contrairement à une IPv4)

http://[2a01:exxx:xxxx:xxxx:b81b]

et ça doit afficher la même page par défaut que si on va sur l'url http://mondomaine.fr

Conclusion

Si ça marche, votre machine Yunohost est bien accessible en IPv6 de l'extérieur. Pratique quand on souhaite s'y connecter depuis un réseau sur lequel on n'a pas d'IPv4 (seulement de l'IPv6).

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Framablog : Les nouveaux Léviathans II — Surveillance et confiance (b)

jeudi 7 juillet 2016 à 08:08

Qu’est-ce qui fait courir Framasoft ? De la campagne Dégooglisons à l’initiative C.H.A.T.O.N.S quelles idées ont en tête les acteurs et soutiens de l’association ? Vous reprendrez bien une tranche de Léviathan ?


Pour vous inviter à aller au-delà des apparences (la sympathique petite tribu d’amateurs gaulois qui veut modestement mettre son grain de sable dans la loi des entreprises hégémoniques) nous vous proposons non seulement un moment de réflexion, mais pour une fois une série de considérations nourries, argumentées et documentées sur l’état de bascule que nous vivons et dans lequel nous prétendons inscrire notre action avec vous.

Jamais le logiciel libre et les valeurs qu’il porte n’ont été autant à la croisée des chemins, car il ne s’agit pas de proposer seulement des alternatives techniques, c’est un défi économique et politique qu’il doit relever.

Entre les États qui nous surveillent et les GAFAM qui nous monétisent, jamais le refuge du secret, celui de l’intime, n’a été aussi attaqué ni menacé. Pour représenter le monstre à plusieurs têtes, Christophe Masutti qui est l’auteur de cette série de réflexions, a choisi la figure emblématique du Léviathan, forgée déjà par Hobbes en particulier pour désigner l’État toujours plus avide de domination.

C’est donc une série de Léviathans nouveaux et anciens que nous vous invitons à découvrir par étapes, tout au long de cette semaine, qui vous conduiront peut-être à comprendre et adopter notre démarche. Car une fois établies les sources du mal et posé le diagnostic, que faire ? Les perspectives que nous proposons seront peut-être les vôtres.

(suite de la section précédente)

Note de l’auteur :

Cette seconde partie (Léviathans II) vise à approfondir les concepts survolés précédemment (Léviathans I). Nous avons vu que les monopoles de l’économie numérique ont changé le paradigme libéral jusqu’à instaurer un capitalisme de surveillance. Pour en rendre compte et comprendre ce nouveau système, il faut brosser plusieurs aspects de nos rapports avec la technologie en général, et les services numériques en particulier, puis voir comment des modèles s’imposent par l’usage des big data et la conformisation du marché (Léviathans IIa). J’expliquerai, à partir de la lecture de S. Zuboff, quelles sont les principales caractéristiques du capitalisme de surveillance. En identifiant ainsi ces nouvelles conditions de l’aliénation des individus, il devient évident que le rétablissement de la confiance aux sources de nos relations contractuelles et démocratiques, passe immanquablement par l’autonomie, le partage et la coopération, sur le modèle du logiciel libre (Léviathans IIb).

Trouver les bonnes clés

Cette logique du marché, doit être analysée avec d’autres outils que ceux de l’économie classique. L’impact de l’informationnalisation et la concentration des acteurs de l’économie numérique ont sans doute été largement sous-estimés, non pas pour les risques qu’ils font courir aux économies post-industrielles, mais pour les bouleversements sociaux qu’ils impliquent. Le besoin de défendre les droits et libertés sur Internet et ailleurs n’est qu’un effet collatéral d’une situation contre laquelle il est difficile d’opposer seulement des postures et des principes.

Il faut entendre les mots de Marc Rotenberg, président de l’Electronic Privacy Information Center (EPIC), pour qui le débat dépasse désormais la seule question de la neutralité du réseau ou de la liberté d’expression1. Pour lui, nous avons besoin d’analyser ce qui structure la concentration du marché. Mais le phénomène de concentration dans tous les services de communication que nous utilisons implique des échelles tellement grandes, que nous avons besoin d’instruments de mesure au moins aussi grands. Nous avons besoin d’une nouvelle science pour comprendre Internet, le numérique et tout ce qui découle des formes d’automatisation.

Diapositive extraite de la conférence "Dégooglisons Internet"

Diapositive extraite de la conférence “Dégooglisons Internet”

On s’arrête bien souvent sur l’aspect le plus spectaculaire de la fuite d’environ 1,7 millions de documents grâce à Edward Snowden en 2013, qui montrent que les États, à commencer par les États-Unis, ont créé des systèmes de surveillance de leurs populations au détriment du respect de la vie privée. Pour beaucoup de personnes, cette atteinte doit être ramenée à la dimension individuelle : dois-je avoir quelque chose à cacher ? comment échapper à cette surveillance ? implique-t-elle un contrôle des populations ? un contrôle de l’expression ? en quoi ma liberté est-elle en danger ? etc. Mais peu de personnes se sont réellement interrogées sur le fait que si la NSA s’est fait livrer ces quantités gigantesques d’informations par des fournisseurs de services (comme par exemple, la totalité des données téléphoniques de Verizon ou les données d’échanges de courriels du service Hotmail de Microsoft) c’est parce que ces entreprises avaient effectivement les moyens de les fournir et que par conséquent de telles quantités d’informations sur les populations sont tout à fait exploitables et interprétables en premier lieu par ces mêmes fournisseurs.

Face à cela, plusieurs attitudes sont possibles. En les caricaturant, elles peuvent être :

Les objectifs de cette accumulation de données sont effectivement différents que ceux poursuivis par la NSA et ses institutions homologues. La concentration des entreprises crée le besoin crucial d’organiser les monopoles pour conserver un marché stable. Les ententes entre entreprises, repoussant toujours davantage les limites juridiques des autorités de régulations, créent une logique qui ne consiste plus à s’adapter à un marché aléatoire, mais adapter le marché à l’offre en l’analysant en temps réel, en utilisant les données quotidiennes des utilisateurs de services. Il faut donc analyser ce capitalisme de surveillance, ainsi que le nomme Shoshana Zuboff, car comme nous l’avons vu :

L’ancienne conception libérale du marché, l’acception économique du contrat social, reposait sur l’idée que la démocratie se consolide par l’égalitarisme des acteurs et l’équilibre du marché. Que l’on adhère ou pas à ce point de vue, il reste qu’aujourd’hui le marché ne s’équilibre plus par des mécanismes libéraux mais par la seule volonté de quelques entreprises. Cela pose inévitablement une question démocratique.

Dans son rapport, Antoinette Rouvroy en vient à adresser une série de questions sur les répercutions de cette morphologie du marché. Sans y apporter franchement de réponse, elle en souligne les enjeux :

Ces dispositifs d’« anticipation performative » des intentions d’achat (qui est aussi un court-circuitage du processus de transformation de la pulsion en désir ou en intention énonçable), d’optimisation de la force de travail fondée sur la détection anticipative des performances futures sur base d’indicateurs produits automatiquement au départ d’analyses de type Big Data (qui signifie aussi une chute vertigineuse du « cours de l’expérience » et des mérites individuels sur le marché de l’emploi), posent des questions innombrables. L’anticipation performative des intentions –et les nouvelles possibilités d’actions préemptives fondées sur la détection des intentions – est-elle compatible avec la poursuite de l’autodétermination des personnes ? Ne faut-il pas concevoir que la possibilité d’énoncer par soi-même et pour soi-même ses intentions et motivations constitue un élément essentiel de l’autodétermination des personnes, contre cette utopie, ou cette dystopie, d’une société dispensée de l’épreuve d’un monde hors calcul, d’un monde où les décisions soient autre chose que l’application scrupuleuse de recommandations automatiques, d’un monde où les décisions portent encore la marque d’un engagement subjectif ? Comment déterminer la loyauté de ces pratiques ? L’optimisation de la force de travail fondée sur le profilage numérique est-il compatible avec le principe d’égalité et de non-discrimination ?2

Ce qui est questionné par A. Rouvroy, c’est ce que Zuboff nomme le capitalisme de surveillance, du moins une partie des pratiques qui lui sont inhérentes. Dès lors, au lieu de continuer à se poser des questions, il est important d’intégrer l’idée que si le paradigme a changé, les clés de lecture sont forcément nouvelles.

Déconstruire le capitalisme de surveillance

Shoshana Zuboff a su identifier les pratiques qui déconstruisent l’équilibre originel et créent ce nouveau capitalisme. Elle pose ainsi les jalons de cette nouvelle « science » qu’appelle de ses vœux Marc Rotenberg, et donne des clés de lecture pertinentes. L’essentiel des concepts qu’elle propose se trouve dans son article « Big other : surveillance capitalism and the prospects of an information civilization », paru en 20153. Dans cet article S. Zuboff décortique deux discours de Hal Varian, chef économiste de Google et s’en sert de trame pour identifier et analyser les processus du capitalisme de surveillance. Dans ce qui suit, je vais essayer d’expliquer quelques clés issues du travail de S. Zuboff.

Sur quelle stratégie repose le capitalisme de surveillance ?

Il s’agit de la stratégie de commercialisation de la quotidienneté en modélisant cette dernière en autant de données analysées, inférences et prédictions. La logique d’accumulation, l’automatisation et la dérégulation de l’extraction et du traitement de ces données rendent floues les frontières entre vie privée et consommation, entre les firmes et le public, entre l’intention et l’information.

Qu’est-ce que la quotidienneté ?

Il s’agit de ce qui concerne la sphère individuelle mais appréhendée en réseau. L’informationnalisation de nos profils individuels provient de plusieurs sources. Il peut s’agir des informations conventionnelles (au sens propre) telles que nos données d’identité, nos données bancaires, etc. Elles peuvent résulter de croisements de flux de données et donner lieu à des inférences. Elles peuvent aussi provenir des objets connectés, agissant comme des sensors ou encore résulter des activités de surveillance plus ou moins connues. Si toutes ces données permettent le profilage c’est aussi par elles que nous déterminons notre présence numérique. Avoir une connexion Internet est aujourd’hui reconnu comme un droit : nous ne distinguons plus nos activités d’expression sur Internet des autres activités d’expression. Les activités numériques n’ont plus à être considérées comme des activités virtuelles, distinctes de la réalité. Nos pages Facebook ne sont pas plus virtuelles que notre compte Amazon ou notre dernière déclaration d’impôt en ligne. Si bien que cette activité en réseau est devenue si quotidienne qu’elle génère elle-même de nouveaux comportements et besoins, produisant de nouvelles données analysées, agrégées, commercialisées.

Extraction des données

S. Zuboff dresse un inventaire des types de données, des pratiques d’extraction, et les enjeux de l’analyse. Il faut cependant comprendre qu’il y a de multiples manières de « traiter » les données. La Directive 95/46/CE (Commission Européenne) en dressait un inventaire, déjà en 19954 :

« traitement de données à caractère personnel » (traitement) : toute opération ou ensemble d’opérations effectuées ou non à l’aide de procédés automatisés et appliquées à des données à caractère personnel, telles que la collecte, l’enregistrement, l’organisation, la conservation, l’adaptation ou la modification, l’extraction, la consultation, l’utilisation, la communication par transmission, diffusion ou toute autre forme de mise à disposition, le rapprochement ou l’interconnexion, ainsi que le verrouillage, l’effacement ou la destruction.

Le processus d’extraction de données n’est pas un processus autonome, il ne relève pas de l’initiative isolée d’une ou quelques firmes sur un marché de niche. Il constitue désormais la norme commune à une multitude de firmes, y compris celles qui n’œuvrent pas dans le secteur numérique. Il s’agit d’un modèle de développement qui remplace l’accumulation de capital. Autant cette dernière était, dans un modèle économique révolu, un facteur de production (par les investissements, par exemple), autant l’accumulation de données est désormais la clé de production de capital, lui-même réinvesti en partie dans des solutions d’extraction et d’analyse de données, et non dans des moyens de production, et pour une autre partie dans la valorisation boursière, par exemple pour le rachat d’autres sociétés, à l’image des multiples rachats de Google.

Neutralité et indifférence

Les données qu’exploite Google sont très diverses. On s’interroge généralement sur celles qui concernent les catégories auxquelles nous accordons de l’importance, comme par exemple lorsque nous effectuons une recherche au sujet d’une mauvaise grippe et que Google Now nous propose une consultation médicale à distance. Mais il y a une multitude de données dont nous soupçonnons à peine l’existence, ou apparemment insignifiantes pour soi, mais qui, ramenées à des millions, prennent un sens tout à fait probant pour qui veut les exploiter. On peut citer par exemple le temps de consultation d’un site. Si Google est prêt à signaler des contenus à l’administration des États-Unis, comme l’a dénoncé Julian Assange ou si les relations publiques de la firme montrent une certaine proximité avec les autorités de différents pays et l’impliquent dans des programmes d’espionnage, il reste que cette attitude coopérante relève essentiellement d’une stratégie économique. En réalité, l’accumulation et l’exploitation des données suppose une indifférence formelle par rapport à leur signification pour l’utilisateur. Quelle que soit l’importance que l’on accorde à l’information, le postulat de départ du capitalisme de surveillance, c’est l’accumulation de quantités de données, non leur qualité. Quant au sens, c’est le marché publicitaire qui le produit.

L’extraction et la confiance

S. Zuboff dresse aussi un court inventaire des pratiques d’extraction de Google. L’exemple emblématique est Google Street View, qui rencontra de multiples obstacles à travers le monde : la technique consiste à s’immiscer sur des territoires et capturer autant de données possible jusqu’à rencontrer de la résistance qu’elle soit juridique, politique ou médiatique. Il en fut de même pour l’analyse du courrier électronique sur Gmail, la capture des communications vocales, les paramètres de confidentialité, l’agrégation des données des comptes sur des services comme Google+, la conservation des données de recherche, la géolocalisation des smartphones, la reconnaissance faciale, etc.

En somme, le processus d’extraction est un processus à sens unique, qui ne tient aucun compte (ou le moins possible) de l’avis de l’utilisateur. C’est l’absence de réciprocité.

On peut ajouter à cela la puissance des Big Data dans l’automatisation des relations entre le consommateur et le fournisseur de service. Google Now propose de se substituer à une grande partie de la confidentialité entre médecin et patient en décelant au moins les causes subjectives de la consultation (en interprétant les recherches). Hal Varian lui-même vante les mérites de l’automatisation de la relation entre assureurs et assurés dans un monde où l’on peut couper à distance le démarrage de la voiture si le client n’a pas payé ses traites. Des assurances santé et même des mutuelles ( !) proposent aujourd’hui des applications d’auto-mesure (quantified self)de l’activité physique, dont on sait pertinemment que cela résultera sur autant d’ajustements des prix voire des refus d’assurance pour les moins chanceux.

La relation contractuelle est ainsi automatisée, ce qui élimine d’autant le risque lié aux obligations des parties. En d’autres termes, pour éviter qu’une partie ne respecte pas ses obligations, on se passe de la confiance que le contrat est censé formaliser, au profit de l’automatisation de la sanction. Le contrat se résume alors à l’acceptation de cette automatisation. Si l’arbitrage est automatique, plus besoin de recours juridique. Plus besoin de la confiance dont la justice est censée être la mesure.

Entre l’absence de réciprocité et la remise en cause de la relation de confiance dans le contrat passé avec l’utilisateur, ce sont les bases démocratiques de nos rapports sociaux qui sont remises en question puisque le fondement de la loi et de la justice, c’est le contrat et la formalisation de la confiance.

Warning : Don’t feed the Google

Warning : Don’t feed the Google

Qu’implique cette nouvelle forme du marché ?

Plus Google a d’utilisateurs, plus il rassemble des données. Plus il y a de données plus leur valeur predictive augmente et optimise le potentiel lucratif. Pour des firmes comme Google, le marché n’est pas composé d’agents rationnels qui choisissent entre plusieurs offres et configurent la concurrence. La société « à la Google » n’est plus fondée sur des relations de réciprocité, même s’il s’agit de luttes sociales ou de revendications.

L’« uberisation » de la société (voir le début de cet article) qui nous transforme tous en employés ou la transformation des citoyens en purs consommateurs, c’est exactement le cauchemar d’Hannah Arendt que S. Zuboff cite longuement :

Le dernier stade de la société de travail, la société d’employés, exige de ses membres un pur fonctionnement automatique, comme si la vie individuelle était réellement submergée par le processus global de la vie de l’espèce, comme si la seule décision encore requise de l’individu était de lâcher, pour ainsi dire, d’abandonner son individualité, sa peine et son inquiétude de vivre encore individuellement senties, et d’acquiescer à un type de comportement, hébété, « tranquillisé » et fonctionnel. Ce qu’il y a de fâcheux dans les théories modernes du comportement, ce n’est pas qu’elles sont fausses, c’est qu’elles peuvent devenir vraies, c’est qu’elles sont, en fait, la meilleure mise en concept possible de certaines tendances évidentes de la société moderne. On peut parfaitement concevoir que l’époque moderne (…) s’achève dans la passivité la plus inerte, la plus stérile que l’Histoire ait jamais connue.5

Devant cette anticipation catastrophiste, l’option choisie ne peut être l’impuissance et le laisser-faire. Il faut d’abord nommer ce à quoi nous avons affaire, c’est-à-dire un système (total) face auquel nous devons nous positionner.

Qu’est-ce que Big Other et que peut-on faire ?

Il s’agit des mécanismes d’extraction, marchandisation et contrôle. Ils instaurent une dichotomie entre les individus (utilisateurs) et leur propre comportement (pour les transformer en données) et simultanément ils produisent de nouveaux marchés basés justement sur la prédictibilité de ces comportements.

(Big Other) est un régime institutionnel, omniprésent, qui enregistre, modifie, commercialise l’expérience quotidienne, du grille-pain au corps biologique, de la communication à la pensée, de manière à établir de nouveaux chemins vers les bénéfices et les profits. Big other est la puissance souveraine d’un futur proche qui annihile la liberté que l’on gagne avec les règles et les lois.6

Avoir pu mettre un nom sur ce nouveau régime dont Google constitue un peu plus qu’une illustration (presque initiateur) est la grande force de Shoshana Zuboff. Sans compter plusieurs articles récents de cette dernière dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il est étonnant que le rapport d’Antoinette Rouvroy, postérieur d’un an, n’y fasse aucune mention. Est-ce étonnant ? Pas vraiment, en réalité, car dans un rapport officiellement remis aux autorités européennes, il est important de préciser que la lutte contre Big Other (ou de n’importe quelle manière dont on peut l’exprimer) ne peut que passer par la légitimité sans faille des institutions. Ainsi, A. Rouvroy oppose les deux seules voies envisageables dans un tel contexte officiel :

À l’approche « law and economics », qui est aussi celle des partisans d’un « marché » des données personnelles, qui tendrait donc à considérer les données personnelles comme des « biens » commercialisables (…) s’oppose l’approche qui consiste à aborder les données personnelles plutôt en fonction du pouvoir qu’elles confèrent à ceux qui les contrôlent, et à tenter de prévenir de trop grandes disparités informationnelles et de pouvoir entre les responsables de traitement et les individus. C’est, à l’évidence, cette seconde approche qui prévaut en Europe.

Or, devant Google (ou devant ce Big Other) nous avons vu l’impuissance des États à faire valoir un arsenal juridique, à commencer par les lois anti-trust. D’une part, l’arsenal ne saurait être exhaustif : il concernerait quelques aspects seulement de l’exploitation des données, la transparence ou une série d’obligations comme l’expression des finalités ou des consentements. Il ne saurait y avoir de procès d’intention. D’autre part, nous pouvons toujours faire valoir que des compagnies telles Microsoft ont été condamnées par le passé, au moins par les instances européennes, pour abus de position dominante, et que quelques millions d’euros de menace pourraient suffire à tempérer les ardeurs. C’est faire peu de cas d’au moins trois éléments :

  1. l’essentiel des compagnies dont il est question sont nord-américaines, possèdent des antennes dans des paradis fiscaux et sont capables, elles, de menacer financièrement des pays entiers par simples effets de leviers boursiers.
  2. L’arsenal juridique qu’il faudrait déployer avant même de penser à saisir une cour de justice, devrait être rédigé, voté et décrété en admettant que les jeux de lobbies et autres obstacles formels soient entièrement levés. Cela prendrait un minimum de dix ans, si l’on compte les recours envisageables après une première condamnation.
  3. Il faut encore caractériser les Big Data dans un contexte où leur nature est non seulement extrêmement diverse mais aussi soumise à des process d’automatisation et calculatoires qui permettent d’en inférer d’autres quantités au moins similaires. Par ailleurs, les sources des données sont sans cesse renouvelées, et leur stockage et analyse connaissent une progression technique exponentielle.

Dès lors, quels sont les moyens de s’échapper de ce Big Other ? Puisque nous avons changé de paradigme économique, nous devons changer de paradigme de consommation et de production. Grâce à des dispositifs comme la neutralité du réseau, garantie fragile et obtenue de longue lutte, il est possible de produire nous même l’écosystème dans lequel nos données sont maîtrisées et les maillons de la chaîne de confiance sont identifiés.

Facebook is watching you

Facebook is watching you

Confiance et espaces de confiance

Comment évoluer dans le monde du capitalisme de surveillance ? telle est la question que nous pouvons nous poser dans la mesure où visiblement nous ne pouvons plus nous extraire d’une situation de soumission à Big Other. Quelles que soient nos compétences en matière de camouflage et de chiffrement, les sources de données sur nos individualités sont tellement diverses que le résultat de la distanciation avec les technologies du marché serait une dé-socialisation. Puisque les technologies sur le marché sont celles qui permettent la production, l’analyse et l’extraction automatisées de données, l’objectif n’est pas tant de s’en passer que de créer un système où leur pertinence est tellement limitée qu’elle laisse place à un autre principe que l’accumulation de données : l’accumulation de confiance.

Voyons un peu : quelles sont les actuelles échappatoires de ce capitalisme de surveillance ? Il se trouve qu’elles impliquent à chaque fois de ne pas céder aux facilités des services proposés pour utiliser des solutions plus complexes mais dont la simplification implique toujours une nouvelle relation de confiance. Illustrons ceci par des exemples relatifs à la messagerie par courrier électronique :

Les espaces de relative autonomie existent donc mais il faut structurer la confiance. Cela peut se faire en deux étapes.

La première étape consiste à définir ce qu’est un tiers de confiance et quels moyens de s’en assurer. Le blog de la FSFE a récemment publié un article qui résume très bien pourquoi la protection des données privées ne peut se contenter de l’utilisation plus ou moins maîtrisée des technologies de chiffrement7. La FSFE rappelle que tous les usages des services sur Internet nécessitent un niveau de confiance accordé à un tiers. Quelle que soit son identité…

…vous devez prendre en compte :

  • la bienveillance : le tiers ne veut pas compromettre votre vie privée et/ou il est lui-même concerné ;
  • la compétence : le tiers est techniquement capable de protéger votre vie privée et d’identifier et de corriger les problèmes ;
  • l’intégrité : le tiers ne peut pas être acheté, corrompu ou infiltré par des services secrets ou d’autres tiers malveillants ;

Comment s’assurer de ces trois qualités ? Pour les défenseurs et promoteurs du logiciel libre, seules les communautés libristes sont capables de proposer des alternatives en vertu de l’ouverture du code. Sur les quatre libertés qui définissent une licence libre, deux impliquent que le code puisse être accessible, audité, vérifié.

Est-ce suffisant ? non : ouvrir le code ne conditionne pas ces qualités, cela ne fait qu’endosser la responsabilité et l’usage du code (via la licence libre choisie) dont seule l’expertise peut attester de la fiabilité et de la probité.

En complément, la seconde étape consiste donc à définir une chaîne de confiance. Elle pourra déterminer à quel niveau je peux m’en remettre à l’expertise d’un tiers, à ses compétences, à sa bienveillance…. Certaines entreprises semblent l’avoir compris et tentent d’anticiper ce besoin de confiance. Pour reprendre les réflexions du Boston Consulting Group, l’un des plus prestigieux cabinets de conseil en stratégie au monde :

(…) dans un domaine aussi sensible que le Big Data, la confiance sera l’élément déterminant pour permettre à l’entreprise d’avoir le plus large accès possible aux données de ses clients, à condition qu’ils soient convaincus que ces données seront utilisées de façon loyale et contrôlée. Certaines entreprises parviendront à créer ce lien de confiance, d’autres non. Or, les enjeux économiques de ce lien de confiance sont très importants. Les entreprises qui réussiront à le créer pourraient multiplier par cinq ou dix le volume d’informations auxquelles elles sont susceptibles d’avoir accès. Sans la confiance du consommateur, l’essentiel des milliards d’euros de valeur économique et sociale que le Big Data pourrait représenter dans les années à venir risquerait d’être perdu.8

En d’autres termes, il existe un marché de la confiance. En tant que tel, soit il est lui aussi soumis aux effets de Big Other, soit il reste encore dépendant de la rationalité des consommateurs. Dans les deux cas, le logiciel libre devra obligatoirement trouver le créneau de persuasion pour faire adhérer le plus grand nombre à ses principes.

Une solution serait de déplacer le curseur de la chaîne de confiance non plus sur les principaux acteurs de services, plus ou moins dotés de bonnes intentions, mais dans la sphère publique. Je ne fais plus confiance à tel service ou telle entreprise parce qu’ils indiquent dans leurs CGU qu’ils s’engagent à ne pas utiliser mes données personnelles, mais parce que cet engagement est non seulement vérifiable mais aussi accessible : en cas de litige, le droit du pays dans lequel j’habite peut s’appliquer, des instances peuvent se porter parties civiles, une surveillance collective ou policière est possible, etc. La question n’est plus tellement de savoir ce que me garantit le fournisseur mais comment il propose un audit public et expose sa responsabilité vis-à-vis des données des utilisateurs.

S’en remettre à l’État pour des services fiables ? Les États ayant démontré leurs impuissances face à des multinationales surfinancées, les tentatives de cloud souverain ont elles aussi été des échecs cuisants. Créer des entreprises de toutes pièces sur fonds publics pour proposer une concurrence directe à des monopoles géants, était inévitablement un suicide : il aurait mieux valu proposer des ressources numériques et en faciliter l’accès pour des petits acteurs capables de proposer de multiples solutions différentes et alternatives adaptées aux besoins de confiance des utilisateurs, éventuellement avec la caution de l’État, la réputation d’associations nationales (association de défense des droits de l’homme, associations de consommateurs, etc.), bref, des assurances concrètes qui impliquent les utilisateurs, c’est-à-dire comme le modèle du logiciel libre qui ne sépare pas utilisation et conception.

Ce que propose le logiciel libre, c’est davantage que du code, c’est un modèle de coopération et de cooptation. C’est la possibilité pour les dynamiques collectives de réinvestir des espaces de confiance. Quel que soit le service utilisé, il dépend d’une communauté, d’une association, ou d’une entreprise qui toutes s’engagent par contrat (les licences libres sont des contrats) à respecter les données des utilisateurs. Le tiers de confiance devient collectif, il n’est plus un, il est multiple. Il ne s’agit pas pour autant de diluer les responsabilités (chaque offre est indépendante et s’engage individuellement) mais de forcer l’engagement public et la transparence des recours.

Chatons solidaires

Si s’échapper seul du marché de Big Other ne peut se faire qu’au prix de l’exclusion, il faut opposer une logique différente capable, devant l’exploitation des données et notre aliénation de consommateurs, de susciter l’action et non la passivité, le collectif et non l’individu. Si je produis des données, il faut qu’elles puissent profiter à tous ou à personne. C’est la logique de l’open data qui garanti le libre accès à des données placées dans le bien commun. Ce commun a ceci d’intéressant que tout ce qui y figure est alors identifiable. Ce qui n’y figure pas relève alors du privé et diffuser une donnée privée ne devrait relever que du seul choix délibéré de l’individu.

Le modèle proposé par le projet CHATONS (Collectif d’Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires) de Framasoft repose en partie sur ce principe. En adhérant à la charte, un hébergeur s’engage publiquement à remplir certaines obligations et, parmi celles-ci, l’interdiction d’utiliser les données des utilisateurs pour autre chose que l’évaluation et l’amélioration des services.

Comme écrit dans son manifeste (en version 0.9), l’objectif du collectif CHATONS est simple :

L’objectif de ce collectif est de mailler les initiatives de services basés sur des solutions de logiciels libres et proposés aux utilisateurs de manière à diffuser toutes les informations utiles permettant au public de pouvoir choisir leurs services en fonction de leurs besoins, avec un maximum de confiance vis-à-vis du respect de leur vie privée, sans publicité ni clause abusive ou obscure.

En lançant l’initiative de ce collectif, sans toutefois se placer dans une posture verticale fédérative, Framasoft ouvre une porte d’échappatoire. L’essentiel n’est pas tant de maximiser la venue de consommateurs sur quelques services identifiés mais de maximiser les chances pour les consommateurs d’utiliser des services de confiance qui, eux, pourront essaimer et se multiplier. Le postulat est que l’utilisateur est plus enclin à faire confiance à un hébergeur qu’il connaît et qui s’engage devant d’autres hébergeurs semblables, ses pairs, à respecter ses engagements éthiques. Outre l’utilisation de logiciels libres, cela se concrétise par trois principes

  1. Mutualiser l’expertise : les membres du collectif s’engagent à partager les informations pour augmenter la qualité des services et pour faciliter l’essaimage des solutions de logiciels libres utilisées. C’est un principe de solidarité qui permettra, à terme, de consolider sérieusement le tissu des hébergeurs concernés.
  2. Publier et adhérer à une charte commune. Cette charte donne les principaux critères techniques et éthiques de l’activité de membre. L’engagement suppose une réciprocité des échanges tant avec les autres membres du collectif qu’avec les utilisateurs.
  3. Un ensemble de contraintes dans la charte publique implique non seulement de ne s’arroger aucun droit sur les données privées des utilisateurs, mais aussi de rester transparent y compris jusque dans la publication de ses comptes et rapports d’activité. En tant qu’utilisateur je connais les engagements de mon hébergeur, je peux agir pour le contraindre à les respecter tout comme les autres hébergeurs peuvent révoquer de leur collectif un membre mal intentionné.

Le modèle CHATONS n’est absolument pas exclusif. Il constitue même une caricature, en quelque sorte l’alternative contraire mais pertinente à GAFAM. Des entreprises tout à fait bien intentionnées, respectant la majeure partie de la charte, pourraient ne pas pouvoir entrer dans ce collectif à cause des contraintes liées à leur modèle économique. Rien n’empêche ces entreprises de monter leur propre collectif, avec un niveau de confiance différent mais néanmoins potentiellement acceptable. Si le collectif CHATONS décide de restreindre au domaine associatif des acteurs du mouvement, c’est parce que l’idée est d’essaimer au maximum le modèle : que l’association philatélique de Trifouille-le-bas puisse avoir son serveur de courriel, que le club de football de Trifouille-le-haut puisse monter un serveur owncloud et que les deux puissent mutualiser en devenant des CHATONS pour en faire profiter, pourquoi pas, les deux communes (et donc la communauté).

Un chaton, deux chatons... des chatons !

Un chaton, deux chatons… des chatons !

Conclusion

La souveraineté numérique est souvent invoquée par les autorités publiques bien conscientes des limitations du pouvoir qu’implique Big Other. Par cette expression, on pense généralement se situer à armes égales contre les géants du web. Pouvoir économique contre pouvoir républicain. Cet affrontement est perdu d’avance par tout ce qui ressemble de près ou de loin à une procédure institutionnalisée. Tant que les citoyens ne sont pas eux-mêmes porteurs d’alternatives au marché imposé par les GAFAM, l’État ne peut rien faire d’autre que de lutter pour sauvegarder son propre pouvoir, c’est-à-dire celui des partis comme celui des lobbies. Le serpent se mord la queue.

Face au capitalisme de surveillance, qui a depuis longtemps dépassé le stade de l’ultra-libéralisme (car malgré tout il y subsistait encore un marché et une autonomie des agents), c’est à l’État non pas de proposer un cloud souverain mais de se positionner comme le garant des principes démocratiques appliqués à nos données numériques et à Internet : neutralité sans faille du réseau, garantie de l’équité, surveillance des accords commerciaux, politique anti-trust affirmée, etc. L’éducation populaire, la solidarité, l’intelligence collective, l’expertise des citoyens, feront le reste, quitte à ré-inventer d’autres modèles de gouvernance (et de gouvernement).

Nous ne sommes pas des êtres a-technologiques. Aujourd’hui, nos vies sont pleines de données numériques. Avec Internet, nous en usons pour nous rapprocher, pour nous comprendre et mutualiser nos efforts, tout comme nous avons utilisé en leurs temps le téléphone, les voies romaines, le papyrus, et les tablettes d’argile. Nous avons des choix à faire. Nous pouvons nous diriger vers des modèles exclusifs, avec ou sans GAFAM, comme la généralisation de block chains pour toutes nos transactions. En automatisant les contrats, même avec un système ouvert et neutre, nous ferions alors reposer la confiance sur la technologie (et ses failles), en révoquant toute relation de confiance entre les individus, comme si toute relation interpersonnelle était vouée à l’échec. L’autre voie repose sur l’éthique et le partage des connaissances. Le projet CHATONS n’est qu’un exemple de système alternatif parmi des milliers d’autres dans de multiples domaines, de l’agriculture à l’industrie, en passant par la protection de l’environnement. Saurons-nous choisir la bonne voie ? Saurons-nous comprendre que les relations d’interdépendances qui nous unissent sur terre passent aussi bien par l’écologie que par le partage du code ?

Pour aller plus loin :

  1. Discours prononcé lors d’une conférence intitulée Surveillance capitalism : A new societal condition rising lors du sommet CPDP (Computers Privacy and Data protection), Bruxelles, 27-29 janvier 2016 (video).
  2. Antoinette Rouvroy, Des données et des hommes. Droits et libertés fondamentaux dans un monde de données massives, Bureau du comité consultatif de la convention pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel, janvier 2016.
  3. Shoshana Zuboff, « Big other : surveillance capitalism and the prospects of an information civilization », Journal of Information Technology, 30, 2015, pp.&nbspp;75-89.
  4. Directive 95/46/CE du Parlement européen et du Conseil, du 24 octobre 1995, relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données.
  5. Hannah Arendt, La condition de l’homme moderne, Paris : Calmann-Lévy, Agora, 1958, pp. 400-401.
  6. Shoshana Zuboff, « Big other : surveillance capitalism and the prospects of an information civilization », Journal of Information Technology, 30, 2015, p.&nbspp;81.
  7. h2, « Why Privacy is more than Crypto », blog Emergency Exit, FSFE, 31 mai 2016.
  8. Carol Umhoefer et al., Le Big Data face au défi de la confiance, The Boston Consulting Group, juin 2014.

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blog-libre : non, la blogosphère n’est pas encore morte

jeudi 7 juillet 2016 à 07:50

Ces cinq derniers jours, j’ai eu assez peu de temps pour me poser et feuilleter mes flux RSS. Pas mal boulot, un aller-retour à la campagne, un pique nique TAFTApéro à Lyon pour célébrer cette année d’action militante et la manifestation contre la Loi Travail mardi soir pour s’insurger contre le deuxième 49.3 de la droite PS.

Et quelle surprise ce jour de voir mon flux « blogs » avec 54 nouveaux articles à lire, en 5 jours !

blogosphere 05 juillet 2016

Hey, les gars, la blogosphère n’est pas encore morte ! Hourra  :)

 

– Damien

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arpinux : HandyLinux devient DFLinux pour grandir encore et toucher encore plus de novices

mercredi 6 juillet 2016 à 21:19
bonjour les humain-e-s

J'ai le plaisir de vous annoncer la future fusion des projets HandyLinux et Debian-Facile

Debian-Facile est un portail pour les utilisateurs Debian porté par une association loi 1901 . Ce portail intègre une documentation complète , un forum d'entraide , des outils en ligne , une page de démarrage rapide , ainsi qu'un salon de discussion IRC.

L'équipe Debian-Facile avait mis en place une distribution francophone pour aider l'utilisateur à découvrir Debian, mais cela demande beaucoup de temps et des contributeurs. Ce projet restait "en stationnement" 'dixit DF

De notre côté, HandyLinux est une distribution fonctionnelle qui en deux ans, a fait la preuve de son efficacité quant à l'apprivoisement du novice windowsien ... cela dit,  notre communauté ne grandit pas ... on est arrivé à la fameuse bascule ...

Une des armes du logiciel libre, c'est la diversité que l'on y trouve
Un des soucis avec le logiciel libre, c'est la dispersion des ressources
...
Il faut trouver l'équilibre et alors que tout se divise et se multiplie dans le monde merveilleux du Libre, jai décidé de tenter l'union, la fusion, la collaboration mutuellement profitable...
Lorsque j'ai proposé cette idée sur debian-facile, j'ai reçu un accueil plus que chaleureux et cela m'a conforté dans l'idée qu'il fallait passer au stade supérieur.


Ce que Debian-Facile vous apporte


Ce que nous amenons à Debian-Facile


Que va-t-il arriver à la distribution "HandyLinux" ?

"HandyLinux" va devenir "DFLinux" : une version simplifiée et adaptée de Debian pour les novices. HandyLinux va redevenir ce qu'elle a toujours été : un outil. Elle va s'inscrire dans un cadre d'apprentissage Debian plus large que notre petit site handylinux.org : vous serez plus entourés, mieux aidés et au lieu de demander quelque chose à 3 dev, vous le demanderez à toute une équipe de débianneux barbus mais pas trop

Que va-t-il arriver aux utilisateurs HandyLinux ?

Il faut bien comprendre qu'HandyLinux est une Debian Derivative 100% compatible avec Debian et donc, si vous utilisez HandyLinux, vous utilisez déjà Debian !


Comment la transition va-t-ell être assurée ?


Pourquoi ne pas continuer HandyLinux ?

Le projet HandyLinux a atteint ses limites, mais si vous désirez vraiment par-dessus tout "sauver" handylinux, les sources sont disponibles et je vous cède gracieusement le nom de domaine et l'espace d'hébergement (100Go chez OVH) sur simple demande publique et motivée. Notez que si vous prenez cette décision, il faudra maintenir les dépôts debian rattachés à la distro, le blog, le forum, le wiki bilingue et bien sûr, la maintenance générale du site et de l'hébergement ;)

On vous attend sur Debian-Facile !

Vous pouvez dès maintenant nous rejoindre sur le forum d'entraide Debian-Facile sans oublier de vous présenter , on passera vous faire un petit coucou

++
arp
HandyLinux - la distribution Debian sans se prendre la tête...

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Goffi : guide : écrire un greffon pour SàT

mercredi 6 juillet 2016 à 21:12

Cela fait plusieurs fois qu’on me demande comment contribuer à SàT, le projet étant conséquent il n’est pas facile d’accès. Aussi voici un article d’introduction pour l’écriture d’un greffon pour le backend.

Il est très utile d’avoir lu l'article d’introduction sur l’architecture de SàT avant. L’intérêt de faire un greffon backend est qu’il fonctionnera avec tous les frontaux, autrement dit sur le web, sur le bureau, sur appareils portables (bientôt) voire en ligne de commande ou autre.

Nous allons faire un classique « Salut à Toi le monde ! » bien connu des développeurs.

avant de commencer, quelques remarques en vrac

Quelques remarques et notions utiles à savoir, ne vous inquiétez pas si vous ne comprenez pas tout du premier coup :

Avec tout ça on a l’essentiel pour s’attaquer au code.

création du fichier et déclaration du plugin

La première chose à faire est de créer un fichier python dans le répertoire plugins et dont le nom commence par "plugin_".
De tels fichiers sont automatiquement importés par le backend au démarrage, et à terme il devrait être possible de les mettre ailleurs (par exemple dans un dossier personnel) et de les télécharger et installer automatiquement.
Vous constaterez que les greffons existant sont nommés avec leur type puis leur nom, et que ceux qui implémentent des XEPs prennent le nom de la XEP (par exemple plugin_xep_0045.py).

Nous allons maintenant déclarer le greffon, pour delà nous utilisons une variable (un dictionnaire) nommée PLUGIN_INFO et placée en début de fichier. Voici un exemple d’en-tête avec celui du greffon XEP-0045 (le salon de groupe MUC) :

PLUGIN_INFO = {
    "name": "XEP-0045 Plugin",
    "import_name": "XEP-0045",
    "type": "XEP",
    "protocols": ["XEP-0045"],
    "dependencies": [],
    "recommendations": [C.TEXT_CMDS],
    "main": "XEP_0045",
    "handler": "yes",
    "description": _(u"""Implementation of Multi-User Chat""")
}

voici les informations données:

Pour notre greffon que nous allons mettre dans un fichier plugin_misc_salut_le_monde.py placé dans src/plugins, nous allons utiliser le code suivant :

#!/usr/bin/env python2
# -*- coding: utf-8 -*-

from sat.core.constants import Const as C
from sat.core.i18n import _
from sat.core.log import getLogger
log = getLogger(__name__)

PLUGIN_INFO = {
    "name": u"Salut le monde",
    "import_name": "SALUT_MONDE",
    "type": C.PLUG_TYPE_MISC,
    "main": "Salut",
    "handler": "no",
    "description": _(u"""Plugin to learn basic concepts of SàT""")
}


class Salut(object):

    def __init__(self, host):
        log.info(_(u"Salut à Toi le monde !"))

C'est à peu près le greffon le plus simple que vous puissiez faire. En lançant SàT, vous devriez voir quelque chose similaire à ceci dans les logs :

2016-07-05 19:15:31+0200 [-] [sat.core.sat_main] importing plugin: Salut le monde
2016-07-05 19:15:31+0200 [-] [sat.plugins.plugin_misc_salut_le_monde] Salut à Toi le monde !

XMLUI

Bon tout ça c’est bien gentil, mais il serait quand même sympa d’avoir notre message sur les frontaux.

Comme vous le savez, SàT est multi-frontaux, autrement dit un message peut être affiché sur Libervia (interface web), sur Primitivus (interface console), (bientôt) sur Cagou (interface bureau/appareils portatifs) ou encore dans Emacs avec l’interface « Sententia ».
Tous ces frontaux affichent les informations différemment : qui avec du texte directement, qui en HTML, qui via un cadriciel graphique, etc. Il serait ennuyant de devoir refaire l’affichage de l’interface pour chaque frontal, aussi nous avons créé un mini langage XML qui permet de décrire une interface de manière générique : XMLUI.
C’est un langage descriptif simple et qui reste volontairement de haut niveau pour que le frontal affiche l’information comme il l’entend. On décrit des choses comme des textes, des JID, ou des listes.

XMLUI contient 2 classes « mères » principales : un widget (texte ou mot de passe par exemple), et un « container » (conteneur) qui dispose les widgets d’une certaine façon (verticalement, 2 par 2, en liste, etc). Vous pouvez lire le code gérant cela dans tools.xml_tools.

La création d’une interface se veut assez simple, et xml_tools contient des méthodes pour aider. Par exemple, l’interface suivante utilisée dans l'UI standard pour le gestionnaire de profils (dans stdui.ui_profile_manager) permet de demander un mot de passe si nécessaire :

form_ui = xml_tools.XMLUI("form", title=D_('Profile password for {}').format(profile), submit_id='')
form_ui.addPassword('profile_password', value='')
d = xml_tools.deferredUI(self.host, form_ui, chained=True)
d.addCallback(self._authenticateProfile, profile)
return {'xmlui': form_ui.toXml()}

Rien de bien compliqué. Quelques remarques sur ce code :

Pour notre greffon de test, nous n’avons pas besoin de quelque chose nécessitant une réponse, nous pouvons utiliser la méthode xml_tools.note qui facilite les choses.

Pour utiliser une XMLUI, il y a plusieurs méthodes : création d’une callback via un menu par exemple, ou envoi d’un signal aux frontaux pour leur indiquer qu’il faut afficher l’interface, c’est ce que nous allons faire ici avec la méthode host.actionNew :

host.actionNew({"xmlui": xml_tools.note(u"Salut à Toi le monde !").toXml()}, profile=profile)

Remarquez le toXml() nécessaire pour convertir l'UI XML en texte utilisable à travers le bridge.

Nous avons presque notre greffon qui affiche un message, mais il y a encore un problème à régler : le greffon est importé au chargement du backend, un moment où les frontaux ne sont pas encore actifs, aussi nous ne pouvons pas afficher le message dans l'__init__, il serait envoyé dans le vide.

La solution est simple : nous allons afficher le message quand le profil est connecté. Dans ce cas, la méthode profileConnected, si elle existe, est appelé pour chaque greffon, avec pour seul argument le nom de profil.

Notre code devient donc :

#!/usr/bin/env python2
# -*- coding: utf-8 -*-

from sat.core.constants import Const as C
from sat.core.i18n import _
from sat.core.log import getLogger
log = getLogger(__name__)
from sat.tools import xml_tools

PLUGIN_INFO = {
    "name": u"Salut le monde",
    "import_name": "SALUT_MONDE",
    "type": C.PLUG_TYPE_MISC,
    "main": "Salut",
    "handler": "no",
    "description": _(u"""Plugin to learn basic concepts of SàT""")
}


class Salut(object):

    def __init__(self, host):
        self.host = host
        log.info(_(u"Salut à Toi le monde !"))

    def profileConnected(self, profile):
        msg = u"Salut à vous {} et le monde !".format(profile)
        self.host.actionNew({"xmlui": xml_tools.note(msg).toXml()}, profile=profile)

En lançant Primitivus, voici ce que l’on voit :

résultat avec Primitivus

…et avec Libervia :

résultat avec Libervia

Vous aurez un message équivalent sur les autres frontaux.

À savoir également

Nous n’irons pas plus loin pour ce premier guide afin de ne pas être trop indigeste, mais il peut être utile d’expliquer succinctement d’autre éléments :

Et bien entendu, vous pouvez toujours venir chercher de l’aide sur le salon MUC de SàT : sat@chat.jabberfr.org.

À vos claviers ! Et n’oubliez pas de nous faire signe si vous vous lancez dans quelque chose :)

P.-S. : les morceaux de codes ne sont pas mis en couleurs à l’heure actuelle, j’envisage de faire un greffon pour intégrer pygments, mais pour le moment la priorité est le développement de Cagou.

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