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Philippe Scoffoni : Soutenir Abulédu, nos enfants le valent bien

jeudi 9 juin 2016 à 08:42

Abulédu campagne de financementAbulÉdu est un espace numérique de travail pour l’éducation. C’est une des rares alternatives libres à ce jour dans ce domaine aux mastodontes. C’est aussi et surtout une initiative à mettre en avant à l’heure de la signature de partenariats pour le moins douteux sur le plan éthique et légal entre l’état et des sociétés privées. Je ne citerais que celui avec Microsoft contre lequel se bat le collectif Edunathon depuis déjà plusieurs mois.

Si le combat sur le plan juridique est nécessaire, il n’est pas suffisant s’il n’existe pas d’offre concrète et visible. Sinon, Microsoft va continuer à s’amuser de ces bâtonnets mis dans ses roues.

C’est pourquoi je vous invite à soutenir la campagne de financement participative lancée par l’association Abulédu. Une campagne qui s’ancre dans une triste réalité, à savoir le dépôt de bilan de Ryxéo, qui avait jusqu’à présent porté le projet. Sur la page d’accueil quelques explications :

Le modèle économique, souvent mal compris, d’une entreprise telle que RyXéo s’appuie sur le support, la maintenance et les formations autour des services qu’elle offre, et qui permettent parallèlement de financer le développement (code et graphisme). L’amalgame libre = gratuit, est un SSLL killer ! Nous nous sommes battus pendant des années pour essayer de faire comprendre qu’il vaut mieux dépenser de l’argent dans des SSLL que dans un écosystème non libre … ça n’aura pas été suffisant. Les conséquences de la crise économique, et en particulier le souci pour les collectivités locales d’assainir des finances notamment en reportant des investissements auront fini de briser un équilibre fragile.

Heureusement dans cette affaire, depuis 2010 une association avait été créée pour fédérer les membres de cette communauté autour du projet. C’est peut-être ce choix qui peut aujourd’hui sauver ce projet. L’association a donc besoin de moyens pour prendre le relais de la société Ryxéo. Tout est expliqué sur la page de la campagne. C’est 25 000 à 50 000 euros qui sont nécessaires.

Personnellement, j’aurais tendance à penser que nos enfants le valent bien… 20€ versés.

P.S. : remarque technique sur le financement de l’opération : l’association Abulédu n’est-elle pas « d’intérêt général » et donc susceptible de recevoir des dons défiscalisable ? A creuser.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 09/06/2016. | Lien direct vers cet article

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blog-libre : le vrai début de la fin – réponse

jeudi 9 juin 2016 à 07:50

Je lisais ton billet Cyrille, celui qui parle du vrai début de la fin. Tu sais pourquoi le libre se meurt ?

Parce que le libre n’a pas le marketing des empires commerciaux des GAFAM.
Parce que les utilisateurs veulent des trucs pratiques et ne parle que de confort d’utilisation.
Parce que penser et réfléchir à ses outils, leurs fonctions, leurs constructions, c’est embêtant, vois-tu, alors qu’on veut aller vite, utiliser le truc tout de suite, sans avoir à penser, ni lire le manuel.

Le libre se meurt parce que nous ne pensons plus, parce que les fabricants de menottes numériques comme Microsoft, Android ou Apple ne veulent pas que nous pensions, ils veulent qu’on paie, en monnaie sonnante et trébuchante ou en données privées.

Le libre se meurt tout comme l’économie réelle où la encore, on ne veut plus que nous pensions : il n’y a pas d’alternatives là non plus. Austérité, trop de fonctionnaires, trop d’impôts, trop de Code du Travail. Ici, ce sont les empires industriels, médiatique et du tertiaire qui sont à l’oeuvre pour te dire comment penser, écrire nos lois et comment nous allons vivre avec la Loi Travail par exemple alors que le travail est en voie de disparition, remplacé par les machines, internet, les algorithmes et les robots.

L’état du libre est symptomatique de notre société : penser, réfléchir et offrir des alternatives à la pensée dominante, c’est de plus en plus dur. Quand tous les journaux pensent pareils, quand tous les émissions TV pensent pareils, quand tous les politiciens pensent pareils… que faire ?

Le libre, c’est l’intérêt général. Et l’intérêt général disparait tous les jours un peu plus au profit de la classe dominante, celle qui soutient l’argent pour faire de l’argent. Le libre n’a donc pas sa place dans ce monde. Le libre, c’est l’irréductible gaulois qui va perdre la bataille parce qu’il n’est pas de taille face à notre société de consommation.

 

Le libre restera confiné à un loisir, un truc entre potes, entre associatifs. Là, il pourra vivre sa petite vie tranquille. Et ce sera déjà très bien.

 

– Damien

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Tuxicoman : Debian 8.5 est arrivée

jeudi 9 juin 2016 à 07:03

Debian 8 vient de recevoir sa 5ème mise à jour mineure. Elle contient des mise à jour de sécurité et corrige quelques bugs majeurs.

Contrairement à Windows, la mise à jour se fait sans redémarrer et quand vous le voulez. De plus, la mise à jour contient aussi des corrections de bugs pour des logiciels utilisateurs (lecteur PDF, lecture des emails)

Il suffit de mettre à jour les paquets comme d’habitude « apt upgrade » en console ou synaptic en mode graphique :

synaptic

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genma : Pourquoi le Planet Libre est si vide ?

mercredi 8 juin 2016 à 09:30

Tout d'abord, il y a la raréfaction des blogs. Les blogueurs de l'âge d'or du Planet libre ont vieillis, sont entrés dans la vie active, ont fondés des familles, ont moins de temps, sont passés à autre chose... Est-ce aussi simple ? Oui et non.

Il y a aussi l'évolution de l'Informatique et d'Internet en eux-mêmes qu'il faut prendre en compte. Un exemple pour illustrer mes propos. Quand j'ai connu Framasoft il y a 12/13 ans, c'était un annuaire de logiciel libre. Actuellement, l'annuaire est au point mort et on connait surtout Framasoft par son projet de Degooglisation d'Internet. C'est toujours basé sur du logiciel libre mais ces logiciels sont tout sauf des logiciels de bureautique que l'on trouvera par défaut sous Ubuntu. La preuve, la plupart de ces logiciels je ne les connaissais pas avant. Ces logiciels, ils tournent dans un navigateur pour l'utilisateur et donc sur un serveur web (apache ou ngnix). Ce qui nécessite des compétences techniques pour installer... En parlant de techniques, avec Docker, NPM et autres technologies à la mode, on complexifie l'usage. J'ai appris apt-get et la ligne de commande, je dois réapprendre de nouvelles commandes et des façons d'installer. Certes on trouve des blogs dédiés sur ces technologies mais là encore, ils parlent plus d'open-source et de start-up que ce libre au sens "Stallman et la GPL".

Autre exemple. J'utilise Ubuntu depuis le début, depuis qu'elle existe (version 4.10 sortie donc en octobre 2004). La simplification de l'installation (hors UEFI/Secure boot mais c'est un autre problème), le peu d'évolutions majeures ces dernières années (je me rappelle du buzz de Compiz et de son bureau en cube) font qu'on a plus des dizaines de billets qui liste toutes les nouveautés et de comment avoir ce fameux bureau en cube....

Les utilisateurs ont changés également. On est passé par une phase tablette et maintenant l'usage principal se fait via des smartphones. L'usage est un usage passif : publié des seflies sur Facebook ou alors des vlogs sur Youtube. Tout ça se fait très bien via un smartphone. Le Planet libre, c'est de l'écrit. Du texte. Peut on écrire de longs textes via un smartphone ? Via une tablette ?

Si les utilisateurs sont sur ordinateur, ils ont un Macbook ou un portable sous Windows 10 (d'autant plus avec le forcing de Microsoft pour passer toutes les machines sous une version antérieure sous Windows 10). Linux (GNU/Linux ou ce que tu veux) n'a pas percé dans le monde du PC et de la bureautique. Car on a toujours eu le droit à d'un côté des Gimp vs Photoshop, OpenOffice vs MS-Office, si c'est gratuit et libre, c'est forcément moins bien que la version payante piratée dont on ne sert que dix pourcent des fonctionnalités. Et de l'autre Man RFTM. Si on a les drivers Nvidia c'est pas libre, de toute façon LaTEX c'est pour les vrais barbus pas comme OpenOffice et autre Ubuntu c'est je ne sais pas configurer Debian.... Des trolls, de rejets de l'utilisateur (il faut dire GNU/Linux). De l'entre-soi. De plus en plus dénoncé. Et donc on va là où les utilisateurs sont : dans les associations de quartier, dans les médiathèques. On prend son bâton de pèlerin, on est sur le terrain et c'est autant de temps en moins qu'on passe à écrire pour le Planet Libre. Je suis très bien placé pour le savoir de part mon implication dans Framasoft (et je vois tout ce qui se fait en coulisse, toutes ces personnes qui œuvrent dans l'ombre et qui ne cherchent pas à être visible et connues comme moi...)

Dernièrement j'ai suscité un débat en disant "ça se dit Libriste et ça a une adresse Gmail...". Ce que je voulais soulever c'est le manque de pédagogie et l'incohérence des personnes qui viennent te dire "on dit GNU/Linux, qui te citent les 4 libertés et qui à côté, utilisent tous les outils Google et ont une adresse Gmail". Ces utilisateurs du monde du libre vont d'un côté faire du Google Docs et de l'autre se plaindre que le libre ne perce pas... Mais bon, la bataille du desktop est perdu depuis longtemps... Si le Planet libre parlait d'applications Android, il y en aurait des billets. Mais Android ce n'est pas libre... Si la partie open-source, je sais...

Je pense que les personnes qui publient sur le Planet libre (moi le premier) devrait faire plus de billets sur les problématiques actuelles : les GAFAM, la vie privée etc. Ce serait cohérent car tous les défenseurs de la vie privée vous le diront : il n'y a pas de vie privée sans logiciel libre...

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Journal du hacker : Entretien avec Frank Rousseau, directeur technique de Cozy Cloud

mercredi 8 juin 2016 à 00:00

Jdh : Bonjour Frank et merci de participer à cet entretien pour le Journal du hacker. Pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter rapidement ?

Frank : Ah tout de suite une question difficile ! J'ai 33 ans, j'ai toujours aimé bidouillé des sites web et des web apps en dehors de mes études (d'informatique) et de mon boulot.

Je ne me suis mis au dev de logiciel libre sérieusement il y a 5 ans. J'ai commencé par développer un projet de réseau social distribué en Python sur mon temps libre. Ça m'a permis de monter un projet propre avec ma façon de faire. Puis j'ai +enchaîné sur le projet Cozy, cette fois à temps plein, une plateforme pour rendre le serveur personnel simple d'utilisation (basée sur Node.js et codée enCoffeeScript).

A côté de ça j'ai toujours beaucoup travaillé sous Linux (Slackware, Debian et Ubuntu) et mon éditeur de prédilection est Vim.

Cozy s'est fait autour d'un projet entrepreneurial. Ce qui m'a permis d'évoluer dans le monde du Logiciel Libre à plein temps depuis maintenant 4 ans. En plus de Cozy j'ai maintenu quelques bibliothèques Node.js que nous avons extraites du projet. C'est une expérience d'autant plus intéressante que je suis passé par étapes, de développeur seul à leader technique d'une équipe de 10 personnes de haut niveau. J'ai du aussi gérer pas mal d'aspects produits et marketing pour structurer le projet et le faire connaitre. Et par dessus tout ça, j'ai vu notre communauté grandir, comme vous le comprenez c'est une sacré aventure !

Jdh : Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce premier réseau social distribué que tu as lancé et comment ça a influencé ta vision pour arriver à l'idée de Cozy ?

+

Frank : Ce réseau social s'appelle Newebe. J'ai commencé à y réfléchir à l'époque de la prise de conscience générale sur le fait que Facebook, de part son architecture, stockait toutes nos conversations. Peu de temps après le réseau social Diaspora* faisait son buzz. Cela semblait être une bonne solution mais je n'étais pas satisfait de leur approche fédérative. Diaspora* permettait d'avoir plusieurs nœuds basés sur du Logiciel Libre plutôt qu'un nœud central basé sur du code propriétaire. C'était un gros progrès mais il y avait toujours un intermédiaire. Même problème avec les approches plus anciennes basées sur XMPP. Aujourd'hui, je suis moins extrême sur la question mais à l'époque je considérais que ça déplaçait le problème sans le résoudre.

Je me suis donc dit qu'il fallait une autre approche. Je suis parti de l'utilisateur en considérant que chaque nœud devait représenter son propriétaire. J'en ai déduit qu'il fallait faire une interface web adossée à une API Rest que chacun héberge chez soi. En faisant communiquer les instances d'API entre elles, on obtiendrait un réseau social complètement distribué. C'était beaucoup plus difficile que prévu à réaliser mais je suis tout de même arrivé à quelque chose qui marche. A ce moment là, Newebe ne gérait que le microblogging. Mais là j'avais envie de permettre d'ajouter d'autres applications sociales qui profiteraient des fonctionnalités de communication de Newebe pour collaborer de manière distribuée.

NB : Voici la spec que je m'étais écrite avant de commencer Newebe.

Ce réseau social n'a pas eu beaucoup de succès et je ne suis donc pas allé au bout du concept. Mais cette expérience m'a donné les prémisses de ce que nous allions faire sur Cozy. Mon expérience de Newebe m'a influencé sur bien des aspects dans Cozy mais voici les principaux qui me viennent à l'esprit :

J'avais remarqué que faire un réseau social demande non seulement de faire basculer l'utilisateur mais aussi tous ses amis. Ce qui est très compliqué avec une approche distribuée / auto-hébergée. Pour Cozy, ce constat nous a conforté dans notre choix de nous focaliser sur des usages persos plutôt que sociaux / collaboratifs. Techniquement c'est plus simple et ça ne demande pas à l'utilisateur de demander à tous ses amis de passer à l'auto-hébergement.

J'avais aussi constaté via l'approche CouchDB que le fichier n'est qu'une représentation de la donnée. Ce n'est donc pas le bon support pour représenter les données de l'utilisateur. C'est pourquoi dans Cozy nous nous sommes concentrés sur les documents JSON comme axe de représentation de la donnée.

Pour les choix de techno, mon expérience de Tornado m'a poussé vers Node. J'avais été convaincu par l'approche de serveur web asynchrone (requête non-bloquantes) de Tornado. Node suivant cette philosophie et étant très bien outillé pour le développment web, nous avons choisi de basculer sur cette techno.

L'utilisation de CouchDB dans Newebe nous a permis de démarrer vite sur Cozy car je connaissais déjà cette base de données. Mais aujourd'hui, j'ai des doutes sur la pertinence de ce choix à cause de son système de vues/requêtes un peu particulier.

Enfin, les single-page applications nous ont motivé à fortement découpler le serveur du client. C'est important car nous avons toujours vu Cozy comme un point de pivot des données de l'utilisateur. Ainsi n'importe quel type de client peut s'y connecter (mobile, CLI, appli desktop, etc.)

Au-delà de ça, avec Newebe, je me suis beaucoup intéressé au life-logging, au quantified-self et aux assistants personnels. Ces univers sont de bonnes sources d'inspiration pour donner une direction à Cozy !

NB : Un lien de réflexions liées à Newebe.

Bref tout ça pour dire que le travail fait sur Newebe m'a beaucoup aidé pour apporter les premières briques de Cozy.

Jdh : Venons-en à Cozy. Comment est né le projet ? Quelles ont été les motivations à l'origine du projet ? Quelle a été ton approche au début du projet et à quel moment as-tu commencé à sentir que cela mènerait loin ?

Frank : Fin 2011, je me retrouve brutalement au chômage avec quelques indemnités. Ça faisait un moment que je voulais monter une boîte et cette situation me le permettait. J'avais lu quelques bouquins sur le sujet et je me mettais donc en veille en commençant à penser à des idées avant de me lancer (je voulais finir avant un projet de bouquin photos auquel j'avais participé). Un soir de décembre, en lisant un post sur le Framablog à propos de la vie privée, je tombe sur un commentaire un peu particulier d'un certain Benjamin qui cherche à monter un projet d'entreprise pour proposer une solution. Un peu hésitant au départ, je me dis que ça tombe plutôt bien et que je ferais mieux de le contacter. Après s'être rencontrés, on se rend compte qu'on est totalement sur la même longueur d'ondes. Rapidement on s'y met. Il avait une vision business alors que j'arrivais avec une vision technique, ça collait bien. On a trouvé un nom au projet, on a fait les premiers protos, on a pris un nom de domaine, monté un site web, on s'est organisé et on a monté la boite.

Au final, ça nous a pris du temps pour se décider sur comment tout ça allait marcher, mais après de nombreux mois (presque un an !), nous voilà avec une société enregistrée au tribunal de commerce, un joli site web et de quoi quoi déployer nos protos de Cozy. Tout ça nous a pris pas mal de temps. Un stagiaire, Lucas, nous avait rejoint pour nous aider sur la partie Sys Admin. On ne le savait pas encore mais il allait devenir notre premier employé.

Forts de ce qu'on avait monté, on a pu convaincre Zoé, Romain et Joseph de nous rejoindre. En stage au début et ensuite, à temps plein. Avec eux ça a boosté. Notre proto était de plus en plus fonctionnel. Ça restait bancal mais c'était utilisable et on voyait bien l'intérêt de la plateforme. On a eu de l'exposition dans plusieurs endroits : LinuxFr, LeWeb, Hacker News, Mozilla WebFWD et un article dans le magazine Wired. On a vu une première communauté internationale se former. Là je pense qu'on a commencé à vraiment y croire. Notre histoire prenait forme et on voyait la plateforme progresser de jour en jour. La tuile qui me voyait la plateforme progresser de jour en jour. La tuile qui m'était tombé dessus avec ma boite précédente s'est transformée en belle opportunité de faire progresser le schmilblick du lien entre cloud et vie privée.

Pour ce qui est des motivations, notre but était de permettre aux utilisateurs de service web de profiter d'une plateforme simplifiant l'usage du serveur personnel. Avec ce nouvel outil, un utilisateur récupère ses données dans une base de données, en maîtrise les accès et surtout peut y brancher ses périphériques et autres application lourdes. Ainsi on apporte aux gens un meilleur contrôle de leurs données tout en fluidifiant leur vie numérique. Les outils type "silos" sont pratiques mais comme ils sont cloisonnés, ils ne nous facilitent pas vraiment la vie. C'est le principal problème que Cozy résout.

Pour l'approche, comme tu as pu le comprendre, on a fonctionné en itération avec pour objectif d'avoir quelque chose de fonctionnel le plus tôt possible. Ça a pris du temps au début car il a fallu, entre autres, se mettre à l'admin système sérieusement, maîtriser l'écosystème Node alors qu'il était tout jeune et faire une app web "classique" pour que les gens puissent s'inscrire et demander un Cozy. Enfin il a fallu trouver et assembler diverses technos pour faire marcher le tout sans trop réinventer la roue (le déployeur d'apps Haibu et l'indexeur Whoosh notamment). En plus de ça on travaillait avec La Poste et la FING pour réaliser des prestations qui nous ramenaient des sous. Ça nous a pris pas mal de temps mais en restant sur ce mode tout en augmentant notre équipe (grâce à une belle levée de fonds), nous avons pu continuer jusqu'à aujourd'hui et obtenir une belle plateforme pleinement fonctionnelle !

Jdh : Aujourd'hui, combien êtes-vous à travailler sur Cozy ? Quels sont les axes de développement actuels ? J'ai vu passer une offre en partenariat avec OVH et j'ai trouvé intéressante l'initiative. Quelle est ta vision à moyen terme pour Cozy ?

Frank : Aujourd'hui nous sommes une petite vingtaine toutes professions confondues. En développeurs / admins, on est une petite dizaine accompagnée d'une équipe produit de 3 personnes.

Au niveau des développements, on est en train de finaliser notre client desktop et notre webmail. L'équipe est vraiment efficace et nous avons hâte de voir le résultat. On aura enfin une plateforme proposant tous les services de base, auto-hébergeables et sur laquelle tous nos périphériques peuvent se connecter.

La vision à moyen terme de Cozy est de continuer à consolider tout ça et de construire une offre commerciale sous forme de location de Cozy en ligne puis peut-être sous une forme de box à brancher chez soi. On travaille déjà avec Gandi et OVH pour qu'ils nous aident à construire cette offre. On va aussi mettre l'accent sur l'enrichissement des données duCozy via un système de connecteurs. Ce sont des petits scripts qui vont récupérer les données que vous déposez chez vos différents fournisseurs (factures, santé, banque, etc.). C'est un gros différenciateur de Cozy par rapport aux autres clouds et la communauté aime bien ce concept car elle peut +facilement participer.

On va aussi commencer à voir des grosses boites qui déploient leur compte client sur la plateforme (une app pour gérer ses contrats et intéractions), comme la MAIF par exemple. On voudrait aussi développer des fonctionnalités pair à pair au sein du Cozy. Deux chercheurs y travaillent chez nous, on a hâte de voir ce que ça donne !

Jdh : Les lecteurs du Journal du hacker sont très curieux Peux-tu nous donner quelques détails sur les technologies utilisées pour votre infrastructure afin de développer et faire tourner Cozy ?

Frank : A propos de notre infrastructure d'hébergement, il y a pas mal de choses à dire. Tellement que j'aurais été plus à l'aise que nos admins répondent à cette question à ma place. Mais en gros, ils sont trois, Nicolas, Aeris et Lucas, pour faire tourner 2500 conteneurs Cozy (Aeris est arrivé depuis peu). Un troisième vient les rejoindre (Aeris, que vous connaissez sans +doute) pour les aider. Enfin, Cédric développe des outils maison pour mieux gérer notre infra, mais il a un profil développeur. Pour se synchroniser, ils bossent tous sur un mode Kanban.

Pour le matos, on utilise des gros serveurs OVH appartenant au même rack virtuel. Ça nous permet d'avoir un réseau privé pour ces machines. On les découpe ensuite en conteneurs et on met un joli proxy devant pour gérer la distribution des requêtes en fonctions du nom de domaine.

Niveau technos, l'orchestration se fait via SaltStack et nous déployons des conteneurs OpenVZ (en 2016 on voudrait migrer vers LXC). Nous avons aussi pas mal de sondes pour récupérer des données pour faire de la métrologie via une stack Elastic Search / Logstash / Kibana et une stack InfluxDB / Grafana (selon le type de données).

Pour le monitoring, c'est Shinken qui nous réveille la nuit quand survient un problème. Enfin, les backups sont gérés via une solution maison et notre intégration continue se base sur Jenkins. Pour notre outil interne, on a développé une API via Flask et nos données sont stockées dans une base MongoDB. Cet outil nous permettra bientôt de gérer nos conteneurs de manière +uniforme quelque soit le fournisseur de machines (Gandi ou OVH par exemple).

Les conteneurs Cozy font tourner des process Node.js, une base de données CouchDB (Erlang) et des sondes Beaver et collectd. Le tout tourne sur une Debian 8 minimaliste. Les tests des applications tournent sous Travis et sont consultables publiquement.

A côté de ça, on a pas mal d'images à maintenir (Raspberry Pi, Virtualbox, hébergeurs, etc.) ainsi que notre dépôt Debian, Pour couronner le tout, nous avons un conteneur pour chacun de nos outils traditionnels : site web (Metalsmith), documentation (DocPad), blog (Dotclear), wiki, etc.

Comme vous pouvez le voir nos admins sont super-productifs et savent bien jongler avec les technos ! Et en plus ils s'entendent bien avec nos développeurs. Que demande le peuple ?

Jdh : Merci Frank.

Frank : Merci au Journal du Hacker que je suis toujours avec grand plaisir !

- Entretien réalisé par Carl Chenet pour le Journal du hacker.

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