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Framablog : Framatube : aidez-nous à briser l’hégémonie de YouTube

mercredi 22 novembre 2017 à 09:55

Ceci est une révolution. OK : l’expression nous a été confisquée par un célèbre vendeur de pommes, mais dans ce cas, elle est franchement juste. Et si, ensemble, nous pouvions nous libérer de l’hégémonie de YouTube en innovant dans la manière dont on visionne et diffuse des vidéos ? Chez Framasoft, nous croyons que c’est possible… mais ça ne se fera pas sans vous.

YouTube est un ogre qui coûte cher

YouTube est avant tout un symbole. Celui de ces plateformes (Dailymotion, Vimeo, Facebook vidéos…) qui centralisent nos créations vidéos pour offrir nos données et notre temps de cerveau disponible aux multinationales qui se sont payé ces sites d’hébergement.

Il faut dire que capter nos vidéos et nos attentions coûte affreusement cher à ces ogres du web. Les fichiers vidéo pèsent lourd, il leur faut donc constamment financer l’ajout de disques durs dans leurs fermes de serveurs. Sans compter que, lorsque toutes ces vidéos sont centralisées et donc envoyées depuis les mêmes machines, il leur faut agrandir la taille et le débit du tuyau qui transporte ces flux de données, ce qui, encore une fois, se traduit en terme de pépètes, ou plutôt de méga-thunes.

Techniquement et financièrement, centraliser de la vidéo est probablement la méthode la moins pertinente, digne de l’époque des Minitels. Si, en revanche, votre but est de devenir l’unique chaîne de télé du Minitel 2.0 (donc d’un Internet gouverné par les plateformes)… Si votre but est d’avoir le pouvoir d’influencer les contenus et les habitudes du monde entier… Et si votre but est de collecter de précieuses informations sur nos intérêts, nos créations et nos échanges… Alors là, cela devient carrément rentable !

Dans nos vies, YouTube s’est hissé au rang de Facebook : un mal nécessaire, un site que l’on adore détester, un service « dont j’aimerais bien me passer, mais… ». À tel point que, si seules des « Licornes » (des entreprises milliardaires) peuvent s’offrir le succès de telles plateformes, beaucoup d’autres tentent d’imiter leur fonctionnement, jusque dans le logiciel libre. Comme si nous ne ne pouvions même plus imaginer comment faire autrement…

Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez [le tyran], mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre.
Étienne de LA BOÉTIE, Discours de la servitude volontaire, 1574

Réapproprions-nous les moyens de diffusion

Nous aurions pu proposer un Framatube centralisant des vidéos libres et libristes sur nos serveurs, basé sur les logiciels libres Mediadrop, Mediagoblin ou Mediaspip, qui sont très efficaces lorsqu’il s’agit d’héberger sa vidéothèque perso. Mais, en cas de succès et donc face à un très grand nombre de vidéos et de vues, nous aurions dû en payer le prix fort : or (on a fait les calculs) nous sommes 350 000 fois plus pauvres que Google-Alphabet, à qui appartient YouTube. Nous ne voulons pas utiliser leurs méthodes, et ça tombe bien : nous n’en avons pas les moyens.

Le logiciel libre a, en revanche, la capacité de penser hors de ce Google-way-of-life. L’intérêt principal de Google, son capital, ce sont nos données. C’est précisément ce qui l’empêche de mettre en place des solutions différentes, innovantes. Une vraie innovation serait d’utiliser, par exemple, des techniques de diffusion presque aussi vieilles qu’Internet et qui ont fait leurs preuves : la fédération d’hébergements et le pair-à-pair, par exemple.

Avec les fédérations, l’union fait la force, et la force est avec nous !

La fédération, on connaît ça grâce aux emails (et nous en avons parlé en présentant l’alternative libre à Twitter qu’est Mastodon). Le fait que l’email de Camille soit hébergé par son entreprise et que la boite mail de Dominique lui soit fournie par son université ne les empêche pas de communiquer, bien au contraire !

Le visionnage en pair à pair, pour mieux répartir les flux dans le réseau
(promis : ce n’est pas sale.)

Le pair-à-pair, nous le connaissons avec eMule, les Torrents ou plus récemment Pop-corn Time : c’est quand l’ordinateur de chaque personne qui reçoit un fichier (par exemple la vidéo qui s’affiche dans un lecteur sur votre écran) l’envoie en même temps aux autres personnes. Cela permet, tout simplement, de répartir les flux d’information et de soulager le réseau.

Avec PeerTube, libérons-nous des chaînes de YouTube

PeerTube est un logiciel libre qui démocratise l’hébergement de vidéos en créant un réseau d’hébergeurs, dont les vidéos vues sont partagées en direct entre internautes, de pairs à pairs. Son développeur, Chocobozzz, y travaille bénévolement depuis deux ans, sur son temps libre.

Chez Framasoft, lors de la campagne Dégooglisons Internet, nous nous sommes souvent creusé la tête sur la meilleure façon de créer une alternative à YouTube qui libère à la fois les internautes, les vidéastes et les hébergeurs, sans pénaliser le confort de chacun. Lorsque nous avons eu vent de PeerTube, nous étions émerveillé·e·s : sa conception, bien qu’encore en cours de développement, laisse entrevoir un logiciel qui peut tout changer.

Nous aurons, à un moment donné, besoin de contributions sur le design de PeerTube.

Pour le spectateur, aller sur un des hébergements PeerTube lui permettra de voir et d’interagir avec les vidéos de cet hébergeur mais aussi de tous ses « hébergeurs amis » (principe de fédération). Un·e vidéaste aura la liberté de choisir entre plusieurs hébergements, chacun ayant ses centres d’intérêts, ses conditions générales, ses règles de modération voire de monétisation. Une hébergeuse (un jour prochain nous dirons peut-être une PeerTubeuse ?) quant à elle, n’aura pas besoin d’héberger les vidéos du monde entier afin d’attirer un large public, et ne craindra plus qu’une vidéo vue massivement ne fasse tomber son serveur.

Depuis octobre 2017, nous avons accueilli Chocobozzz au sein de notre équipe de salarié·e·s afin de financer son temps de travail sur le logiciel PeerTube, et donc d’accélérer son développement en l’accompagnant du mieux que nous pouvons. L’objectif ? Sortir une version bêta de PeerTube (utilisable publiquement) dès mars 2018, dans le cadre de notre campagne Contributopia.

Les premiers moyens de contribuer à PeerTube

Clairement, PeerTube ne sera pas (pas tout de suite) aussi beau, fonctionnel et fourni qu’un YouTube de 2017 (qui bénéficie depuis 10 ans des moyens de Google, une des entreprises les plus riches au monde). Mais les fonctionnalités, présentes ou prévues, mettent déjà l’eau à la bouche… et si vous voulez en savoir plus, vous pouvez déjà poser toutes vos questions sur PeerTube sur notre forum. Ces questions nous permettront de mieux cerner vos attentes sur un tel projet, et de publier prochainement une foire aux questions sur ce blog.

Une autre manière de contribuer dès maintenant sur ce projet, c’est avec votre argent, par un don à Framasoft, qui en plus est toujours défiscalisable à 66 % pour les contribuables français (ce qui fait qu’un don de 100 € revient, après impôts, à 34 €). Mine de rien, c’est un moyen pour vous de consacrer une petite partie de vos contributions publiques à ces biens communs que sont les logiciels libres, dont PeerTube est un exemple.

Ce n’est pas le logiciel qui est libre, c’est vous, c’est nous !

Car si le logiciel libre est diffusé gratuitement, il n’est pas gratuit : il est, en général, financé à la source. Là, nous vous proposons une expérience de financement participatif assez intéressante. Il ne s’agit pas de faire un crowdfunding en mode « Si vous payez suffisamment, alors on le fait. » Nous avons d’ores et déjà embauché Chocobozzz, et nous mènerons PeerTube au moins jusqu’à sa version bêta.

Sachant cela, et si vous croyez en ce projet aussi fort que nous y croyons : est-ce que vous allez participer à cet effort, qui est aussi un effort financier ?

L’état des dons au moment où nous publions cet article.

Soyons transparents : Framasoft ne vit que par vos dons, et il nous manque actuellement 90 000 € pour boucler notre budget pour 2018. Nous l’affichons sur le site présentant le projet PeerTube : sur cette somme, environ 30 000 € vont servir à couvrir les frais liés à l’avancement de PeerTube, 30 000 € à maintenir et améliorer les 32 services de Dégooglisons Internet et 30 000 € à réaliser les engagements de la première année de Contributopia.

Bien entendu, cela n’est pas aussi tranché : si nous n’atteignons pas cet objectif-là, nous devrons simplement revoir l’ensemble de nos activités à la baisse (et nous inquiéter sérieusement en 2018). Néanmoins, nous n’avons aucune envie d’être alarmistes car nous vous faisons confiance. Nous savons qu’il est possible de contribuer, ensemble, à réaliser les mondes et les projets de Contributopia.

 

Pour aller plus loin :

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Renault : La sécurité, l'obsolescence et la maintenance des systèmes embarqués

mardi 21 novembre 2017 à 08:00

Il est assez banal de dire que de plus en plus d'équipements modernes sont connectés au réseau. Cela apporte de nouvelles fonctionnalités, la possibilité d'améliorer le produit même une fois vendu par des mises à jour mais aussi des problèmes de confidentialité et de sécurité.

Les systèmes embarqués sont particulièrement concernés par ces problématiques, que les industriels traitent parfois mal et dont les consommateurs sont rarement dans le vrai également.

C'est de cette problématique dont on va parler.

Obsolescence programmée ?

Ce terme revient souvent dans ce genre de discussions. Que l'abandon du support d'un produit, comme par exemple l'absence d'une mise à jour Android, ou que justement la mise à jour de trop rend le système trop lent (cas de certains iPhone) serait une pratique digne de l'obsolescence programmée.

Globalement c'est faux. L'obsolescence programmée est une pratique supposée où un constructeur fragilise **volontairement** son produit afin de nécessiter un remplacement régulier pour augmenter ses ventes.

Le mot clé est donc l'aspect volontaire. Qui est difficile en réalité à constater. Et certains oublient aussi l'aspect de l'équilibre entre le prix et la qualité. Un produit bas de gamme va minimiser la qualité des matériaux par exemple pour que cela coûte moins cher au client. Il est donc normal que le produit dure moins longtemps. Cette question du compromis dans la réalisation du produit est l'essence même du travail d'un ingénieur et de la création de différentes gammes de produits, on ne peut assimiler cela à de l'obsolescence programmée qui consiste en un sabotage.

Je ne vais pas m'étendre beaucoup sur le sujet, il y a trois articles de blog (ici, et là-bas) qui traitent bien de la question de l'obsolescence programmée qui reste une pratique à priori confidentielle. Mais le célèbre reportage d'Arte sur le sujet a mis en lumière cette pratique avec de mauvais exemples et certains le voient du coup... partout.

En tout cas on ne m'a jamais demandé de saboter mon propre produit, et aucun de mes collègues ou connaissances non plus. ;-) Par contre il arrive que certains bogues ne soient jamais corrigés, faute de temps ou de ressources financières pour les traiter.

De la question du progrès logiciel

Certains produits, comme nos ordinateurs ou téléphones portables, peuvent vivre des années sans problèmes. Et ces outils à usage assez génériques peuvent exécuter du logiciel conçu bien après la réalisation du produit.

Mon ordinateur portable personnel actuel date de 2011, il est passé de Fedora 16 à 27, de Windows 7 à 10, de Firefox 7 à Firefox 56, de GNOME 3.0 à GNOME 3.26, de Linux 3.1 à Linux 4.14, etc.

Ce sont des millions de lignes de code ajoutées depuis, le Web a beaucoup grossi entre temps avec du JavaScript devenu omniprésent et des sites devenant de plus en plus des applications complètes. Le contenu multimédia s’alourdit, passant du 720p à 4K pour les vidéos ou les photos. Le chiffrement s'est généralisé également dans les communications ou le stockage.

J'ai constaté peu à peu un ralentissement de ma machine, la consommation de la mémoire a monté (j'ai du rajouter 4 Gio récemment) alors que mon usage, fondamentalement n'a pas changé.

Ce phénomène n'a rien de nouveau, cela suit la loi de Wirth.

C'est un phénomène naturel. Les logiciels évoluent pour ajouter des fonctionnalités (pour répondre à des besoins des utilisateurs). Il est impossible de proposer du logiciel plus moderne tout en espérant une consommation en ressource identique indéfiniment. Soit il faut utiliser un produit qui n'évoluera plus fonctionnellement (cas de beaucoup d'outils simples et légers), ou alors il faudrait beaucoup de ressources financières et humaines pour maintenir plusieurs déclinaisons du logiciel dans le temps. Ce que l'on abordera plus tard.

Ce que la loi de Wirth n'explique pas ou mal, c'est que l'évolution du matériel se produit de manière globale, mais localement un produit a un matériel plutôt figé. Si le matériel évolue mais que les logiciels n'exploitent pas cette puissance supplémentaire, ce serait du gâchis. Donc la consommation des programmes évoluent pour bénéficier de ces ressources disponibles. Et forcément cela se fait au détriment des machines qui accusent d'un certain âge. Cela est encore plus visible sur les téléphones qui ont fait un saut de performances spectaculaire en très peu d'années.

Certains veulent exploiter la machine le plus longtemps possible (donc disons 10-15 ans) tout en bénéficiant de ces évolutions. Ce n'est pas possible sans concession. Il faut faire des choix, en payant cher des produits pour les maintenir longtemps, en renonçant partiellement à ce progrès, en changeant de machine ou renoncer à des usages. Typiquement, aller sur le Web avec une machine de 2002 doit être possible, mais cela ne doit pas être une expérience très agréable en dehors de quelques sites très légers.

Et pour un téléphone bas de gamme, conçu pour être tout juste capable de lancer les applications populaires de l'époque, ne peut pas soutenir la charge d'une mise à jour des dites applications sur le long terme.

Et après toute cette explication, comment associer cela à de l'obsolescence programmée alors que cette lourdeur progressive provient de logiciels extérieurs à la conception du matériel ? Ce n'est pas Intel qui a rendu Firefox plus lourd avec le temps. :-)

La sécurité

La sécurité est devenue depuis quelques années un sujet de premier plan pour tout un nouveau panel de produits. Avec une connexion accessible depuis Internet, il devient possible d'essayer d'infiltrer ces produits qui peuvent être accessibles non stop pendant des années et sans maintenance active (il n'y a pas un administrateur système pour surveiller le réseau domestique d'un particulier).

Du coup, pour combler les failles, il devient nécessaire de mettre à jour le produit. Parfois changer l'outil interne, ou le protocole employé (le MD5 n'est plus un moyen fiable pour vérifier l'intégrité d'un fichier ou d'un certificat).

Du coup pour améliorer la sécurité, on doit les faire évoluer. Ce qui peut nous faire revenir sur le point précédent où le logiciel devient trop lourd pour le matériel considéré ce qui rend compliqué la conciliation des deux.

L'autre problème est... le coût. Quand on achète un produit type téléphone, un réfrigérateur connecté, un modem ou autre, nous achetons le produit à un prix fixe, parfois très dérisoire car très bas de gamme. Sauf que d'assurer une maintenance sur 10-15 ans, cela coûte très cher. Car il devient nécessaire de maintenir plusieurs versions du logiciel (suivant l'âge du matériel et de ses successeurs à maintenir), de tester chaque mise à jour sur chaque produit, tester son déploiement, corriger les éventuels ratés auprès des clients, communiquer auprès d'eux (manuels explicatifs, mise à jour d'un site Web possiblement en plusieurs langues, courriers / courriels envoyés en nombre).

Admettons que pour maintenir un modèle d'un téléphone portable pendant 15 ans il faut une équipe de 10 personnes à temps plein (ce qui n'est pas irréaliste car cela demande beaucoup de travail pour corriger la moindre faille ou les bogues découverts, sachant que le logiciel dépend également du lieu vendu pour des raisons de contraintes légales). En admettant qu'ils ne sont pas mal payés (et qu'il leur faut du matériel adéquat), cela peut revenir par employé à un coût annuel pour l'employeur d'environ 100 000€. Donc 1 million d'euros par an. Sachant qu'un modèle lambda d'un téléphone peut être vendu auprès du million d'unités au total, cela reviendrait a un coût de 10-15 millions d'euros rien que pour la maintenance une fois le produit vendu. Pour des téléphones à 100€, cela représente 10% du budget global du produit ! Ce n'est clairement pas négligeable. Et je ne parle pas des cas de produits moins vendus qui méritent pourtant la même maintenance.

Le Libre comme solution ?

Certains pensent qu'un produit embarqué, s'il est fait avec du logiciel libre, il est aisé de le maintenir pour proposer des mises à jour du produit pendant des années après l'abandon par son constructeur. La réalité est plus complexe.

Pour les projets assez puissants pour accueillir un système d'exploitation Linux (cas des téléphones par exemple), le système est rarement compilé de zéro à la main. Pour gagner du temps, il existe des solutions comme Yocto ou buildroot (et ses déclinaisons OpenWRT ou ptxdist) pour compiler l'ensemble des logiciels (dont le noyau) pour notre système afin d'obtenir une image qu'on pourra installer sur la cible. Je les présenterais dans un autre article.

Seulement, chaque processeur ou plateforme a ses spécificités. C'est pourquoi, les concepteurs des puces (Qualcomm, Texas Instrument, Broadcom, Freescale / NXP et autres) fournissent les solutions citées plus haut avec les changements nécessaires pour exploiter la plateforme. Très souvent le noyau Linux et le chargeur de démarrage U-Boot accueillent une grande liste de correctifs maison (plusieurs centaines).

Cela est bien, car nous n'avons pas à développer nous même les pilotes pour exploiter les fonctions du processeur (notamment pour la couche graphique) et dans l'essentiel cela reste du code libre. Cependant ces correctifs sont gros et souvent… mal réalisés. Faute de temps et de ressources, les constructeurs ne cherchent pas à concevoir des correctifs qui finiront dans le projet officiel. Leur but est que cela fonctionne avec le noyau fourni aux développeurs / intégrateurs. Du coup nous nous retrouvons avec un noyau et un chargeur de démarrage figé, car Linux évolue très vite et il est très difficile de porter ces correctifs pour une autre version. Et comme cela est trop souvent trop mal fait (utilisation d'une pile logicielle différente que celle du noyau pour une fonction donnée, comme le SPI ou le réseau par exemple, code spaghetti avec lien fort entre le tronc commun et leur pilote, etc.) il est difficilement imaginable de porter cela sur le noyau officiel directement.

Pas mal de personnes essayent pourtant de porter le nécessaire sur le noyau officiel. Mais cela demande beaucoup de temps (aujourd'hui le support du téléphone N900 est quasiment complet, mais il aura fallu 8 ans après sa sortie !) et c'est souvent au prix de fonctionnalités partielles (performances graphiques ou réseaux plus faibles, gestion de l'énergie douteuse). Sans collaboration du fondeur, c'est une tâche globalement vouée à l'échec étant donné le rythme de sortie des composants. Puis le fabricant de la puce bosse déjà sur la plateforme suivante. Ils n'ont pas le temps, ni l'envie, de s'attarder sur un produit qui n'a plus d'avenir.

Et même dans le cas où ce serait possible, il y a des sacs de nœuds dans l'architecture du système. Si vous souhaitez profiter par exemple des dernières tablettes Wacom sur votre machine, il faudra un noyau récent. En admettant que vous avez un noyau LTS un peu ancien comme la 3.4, il faudra rétro-porter cette fonctionnalité. Cela signifie récupérer le pilote mais souvent d'autres commits sur le sous-systèmes des périphériques entrées. Mais le noyau ne fait pas tout, il faut également que l'interface graphique propose de quoi configurer et exploiter le matériel. Donc par exemple en récupérant du travail effectué sur les versions récentes de GTK+ et de GNOME. Cela peut donc représenter beaucoup de travail, sur beaucoup de composants, et il faudra tester bien sûr du bon fonctionnement, de la sécurité et de la maintenance de tout ceci.

Bref, l'aspect libre peut aider bien sûr à maintenir un produit plus longtemps. D'ailleurs les initiatives du genre OpenWRT, CyanogenMod / LineageOS permettent de maintenir à jour certains produits embarqués plus longtemps que le support officiel du constructeur. Mais cela se fait souvent au détriment de certaines fonctionnalités matérielles.

Solutions ?

Je pense que la solution ne peut se passer de l'aide des industriels, qui eux-mêmes ne peuvent pas se permettre à un coût fixe d'une maintenance complexe sur une très longue durée. Imposer légalement une durée minimale de support conduirait à une hausse de prix d'achat inévitable de tous ces biens.

Une autre solution serait d'évoluer vers une tarification en tant que service. À savoir payer pour une durée de maintenance souhaitée. Si l'utilisateur souhaite 10 ans de maintenance, il le pourra, au prix d'un abonnement ajusté en conséquence. Je pense que c'est la seule solution, notamment pour les produits vendus à un volume moyen ou faible, d'avoir une maintenance dans le temps à la hauteur, sans rendre le produits inutilisable ou trop cher à l'achat.

La solution libre et gratuite me semble difficilement possible. Il suffit de voir qu'aucune distribution purement communautaire gratuite pour x86 n'arrive à gérer une maintenance de plus de 5 ans. Pourtant la plateforme est plus simple et plus standard. Donc aller au delà me paraît difficile. Car ce n'est pas une tâche aisée, ni très passionnante. Il faut en effet du savoir faire du matériel et beaucoup de temps.

Après bien entendu, les constructeurs ont leur part à jouer, en s'impliquant d'avantage dans le noyau officiel (qui pourrait lui également avoir une politique plus adaptée à ces besoins, en ayant une API interne plus stable). Il faut également réduire la surface d'attaque au maximum, n'offrir l'accès au réseau que lorsque la plus valu est réelle. Ce genre de décisions aideraient à avoir une meilleure sécurité dans le temps de ces plateformes.

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Carl Chenet : Gmail : l’insideuse censure

mardi 21 novembre 2017 à 00:00

Cet article expose comment gérer une newsletter et l’étude de son traitement par Gmail m’a permis de constater une insidieuse censure effectuée par ce service en ligne.

Contexte

Les lecteurs réguliers de ce blog le savent, je suis l’auteur du Courrier du hacker, une newsletter hebdomadaire résumant l’actualité francophone du Logiciel Libre et Open Source.



J’ai récemment lu beaucoup d’articles sur les newsletters, afin de savoir davantage dans quoi je m’engageais en créant la mienne. Un thème récurrent de ces articles est les interactions avec Gmail, le service web – gratuit (tiens donc) pour le grand public – offert (haha) par Google pour envoyer, recevoir et gérer « ses » courriels.

Gmail, le service de courriels de Google

J’ai fini par m’interroger de la récurrence de ce thème dans les articles parlant des newsletters que je lisais et j’ai poussé l’investigation, jusqu’à tomber sur la statistique ci-dessous.

 

Pourcentage des utilisateurs de Gmail dans les abonnés au Courrier du hacker

J’ai dû la lire plusieurs fois pour y croire. 43% des abonnés du Courrier du hacker sont des utilisateurs de Gmail. Et il s’agit d’un public libriste. Je vous laisse imaginer la même statistique sur un ensemble de clients de messagerie plus « grand public ».

Pourquoi Google vous offre Gmail

Petit rappel de comment se rémunère Google : Gmail lit les courriels de ses utilisateurs (de la correspondance privée donc, que les conditions d’utilisation des services Google signées entre l’utilisateur et Google rend caduque), les analyse, enregistre et catégorise tout ce qu’il peut de ses utilisateurs jusqu’à l’intime (santé, orientation sexuelle, origine ethnique, croyances religieuses) afin de fournir plus tard de la publicité ciblée aux annonceurs et partenaires et tenir au passage toutes ces informations à la disposition du gouvernement américain sur toutes les personnes ayant un compte Google dans le monde).

Extrait des condition d’utilisation de Google. Il reconnaît donc bien utiliser des informations sensibles de ses utilisateurs. Pourquoi sinon les stocker ?

Ce « deal » n’est clairement énoncé nul part. Pourtant l’enjeu est une part gigantesque de la vie privée, par exemple le droit à ne pas voir sa correspondance privée étudiée par les ingénieurs de Google et avoir sa vie privée revendue au plus offrant en pièces détachées.

Si c’est gratuit, c’est vous le produit

Le problème

Concernant la newsletter, j’ai également appris en lisant ces articles que les e-mails des nouvelles newsletters tombaient en général les premiers temps (nous verrons cela) dans l’onglet Promotions de l’interface web de Gmail. Pardon ? Quelle promotion ? Si vous ne la connaissez pas, en voici un exemple.

Les 3 onglets sont visibles. Par défaut l’onglet présenté est l’onglet nommé « Principale ».

Vous devinez la suite : en tant que rédacteur d’une newseletter, c’est une catastrophe de voir son courriel arriver dans un autre onglet que « Principale », les deux autres n’étant que très rarement consultés, voire considérés comme contenant du spam.

Mon premier réflexe a bien sûr été de guider via un petite guide les nouveaux abonnées à ma newsletter pour qu’ils puissent accéder au contenu auquel ils ont souscrit. Mais j’aurais de la chance si 1% des nouveaux abonnés suivent ce guide.

Pour information et par curiosité, regardons ce que contient l’onglet « Promotions ».

Ouais, on voit le genre, et donc c’est dans cet onglet qu’arrive ma newsletter à laquelle la personne s’est pourtant abonnée d’elle-même… Merci Google.

 

La censure de Gmail

Voilà donc ce que j’ai appris à cette occasion, c’est que Gmail ne fait pas que vous échangez un service minime contre votre vie privée. Il s’enfonce encore davantage dans la honte en pratiquant la censure.

Pourquoi cette censure ? Ma newsletter n’est envoyée qu’à de personnes qui ont fait la démarche de s’abonner. Les gens peuvent se désabonner immédiatement. Les courriels envoyés représentent donc un trafic garanti sans spam transmis avec l’autorisation explicite des abonnés.

Mais Gmail n’est pas d’accord, ça n’est pas suffisant pour lui, en opposition avec plus de 35 ans d’utilisation de pratiques communes des utilisateurs de l’e-mail. Au lieu d’acheminer simplement les courriels jusqu’aux différents destinataires,  il applique des filtres à sa discrétion pour pratiquer une pure et simple restriction directe à ses utilisateurs de la liberté de communiquer.

Ajoutons que l’abonné à la newsletter ne recevant pas son e-mail, son premier réflexe va être de maudire non pas Google… mais le rédacteur de la newsletter.

Ray Tomlinson, considéré comme l’inventeur et précurseur de l’utilisation de l’e-mail, décédé en 2016. Source Wikipedia

Quelle raison peut invoquer Google pour cette censure ? Réduire le spam pour ces utilisateurs ? Réduire le risque d’hameçonnage ou de propagation de virus informatiques ? Tout cela en censurant des correspondances légitimes ?

Messieurs les fondateurs de Google sont déjà dans le futur, dans le transhumanisme, tout ça, mais la solution technique au spam est de supprimer une partie du trafic légitime ? Franchement, pas besoin d’intelligence artificielle, d’apprentissage automatique (machine learning) et autres technologies vendues comme incroyables pour en arriver à ce résultat, pour le moins décevant. Ou peut-être que l’incapacité technique n’est pas vraiment en cause ?

Transhumanisme, intelligence artificielle… mais le spam reste un problème ?

Ou peut-être que le grand public n’a pas besoin des newsletters, que c’est pour notre bien et pour éviter les conséquences du spam que ce trafic est stoppé, pour le bien de l’utilisateur de Gmail.

Attendez, restriction de liberté, de la liberté de communiquer contre davantage de sécurité, ça me rappelle quelque chose que nous connaissons à bien connaître en France. Cette infantilisation intéressée, un néo-paternalisme qui visent à échanger les libertés peu à peu contre un faux sentiment de sécurité.

Les Google Groups, les newsletters à la sauce Google

En rédigeant cet article m’est revenu en tête l’existence de ce service moche et restreint que sont les Google Groups, une newsletter à la sauce Google, à la mode il y a quelques années. Avec un peu réflexion, on peut imaginer un lien obscur entre la promotion de ce service par Google et la pénalisation des newsletters traditionnelles par leur outil Gmail.

Les Google Groups, l’échange d’e-mails de groupes à la sauce Google

Il s’agit donc aussi d’une censure intéressée bassement mercantile, du placement de produit au forceps par la restriction de libertés utilisées quotidiennement par les échanges d’e-mails sous forme de newsletters depuis 35 ans.

Quelles alternatives ?

Devant tant de cynisme et d’utilisation de méthodes liberticides, vers quelles alternatives se tourner ?

Conclusion

Comme nous l’avons vu, Gmail est un service faussement gratuit, à éviter absolument, une machine à débiter votre vie privée en tranches revendues au plus offrant et – c’est l’objet de cet article – censurant au passage vos correspondances afin de s’assurer de votre emprisonnement au sein du système de services interconnectés que Google a mis en place.

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Miamondo : Openbox : minimalisme et légèreté.

lundi 20 novembre 2017 à 21:30

Bonjour

C’est en installant Vipper sur mon vieil ordinateur portable que j’ai véritablement découvert Openbox. Certes, j’en avais entendu parler mais sans m’y intéresser plus que ça. Contrairement à Xfce, MATE, GNOME et Consorts, Openbox n’est pas un environnement de bureau mais un simple gestionnaire de fenêtres ce qui explique son extrême légèreté. Sur les conseils d’un posteur, j’ai commencé à éditer le fichier ~/.config/openbox/menu.xml pour créer un menu principal à ma sauce (en bas à gauche).

viperr_menu

Je l’ai traduit en allemand et je n’ai gardé que les fonctionnalités que j’utilise réellement. Je dois reconnaître que j’ai pris plaisir à modifier la configuration d’Openbox. J’ai eu le sentiment de me coucher moins con. Du coup, je me suis dit :

« Mais Ordinosor… Pourquoi n’essaierais-tu pas d’installer Openbox sur Volgor, ton fidèle ordinateur de bureau, en lieu et place de l’environnement Xfce? »

À core vaillant, rien d’impossible, je me suis lancé dans ce nouveau chantier en installant au préalable le gestionnaire de fenêtres susnommé:

sudo aptitude install openbox

Puis en supprimant tout ce qui ressemblait à Xfce :

sudo apt-get purge xfce*

Petit reboot et le résultat magique de cette manipulation radikale s’est affiché devant mes yeux de grand enfant toujours prompt à s’émerveiller à la moindre nouveauté :

Capture d'écran de mon nouveau bureau
Capture d’écran de mon nouveau bureau

Un écran tout gris… Ah ben oui, je vous avais prévenu! Openbox est un gestionnaire de fenêtres minimaliste, pour ne pas dire austère, voire même ascétique! Cela dit, Keine Panik! En effectuant un clic droit sur ce bureau déprimant, on accède à un embryon de menu qui va nous permettre de continuer notre progression. Ce menu principal correspond très exactement au fichier : ~/.config/openbox/menu.xml

.config est un dossier caché dans votre répertoire personnel (le point signifie « caché »). On accède aux dossiers cachés en pressant les touches Ctrl+h. Vous pouvez faire le choix de modifier directement à la main ce menu.xml (Ce n’est pas bien compliqué) ou bien d’installer obmenu qui est l’interface graphique vous permettant d’effectuer cette opération de modification. Profitez-en également pour installer obconf qui est le gestionnaire de configuration des fenêtres.

sudo aptitude install obmenu

sudo aptitude install obconf

Voici donc mon menu dans la langue de Jérôme Boateng :

Menü_035

À ce stade, nous avons donc :

C’est un peu spartiate… Installons donc nitrogen, un outil fort simple d’utilisation qui va nous permettre d’offrir à ce bureau tristounet un magnifique fond d’écran.

sudo aptitude install nitrogen

Auswahl_036

C’est déjà mieux mais il manque une barre de tâches. Pour cela, nous allons installer l’outil tint2 :

sudo aptitude install tint2.

Là encore, vous pouvez le configurer à la main en éditant le fichier ~/.config/tint2/tint2rc ou bien vous pouvez le configurer grâce à une interface graphique qui apparait en entrant dans un terminal la commande tint2conf. La configuration de la barre de tâches est l’opération qui m’a demandé le plus d’énergie. j’ai galéré un peu, notamment pour « accrocher » le menu principal à la barre de tâches (en bas à gauche, avec l’icône me représentant). Le menu se déroule grâce à un outil un peu spécial qui s’appelle xdotool et qui simule des événements du clavier et de la souris. Dans ce cas précis, il simule l’événement clavier super + space (touche window + barre d’espacement).

Au final, voici ce que ça donne (j’ai finalement opté pour un fond d’écran Debian…) :

Menü_037.png

Pour que la barre de tâches apparaisse à chaque démarrage, il convient d’entrer cette commande dans le fichier ~/.config/openbox/autostart :

tint2 &

Si vous souhaitez lancer d’autres applications au démarrage, il suffit d’entrer les commandes correspondantes toujours suivies de l’esperluette &. Voici le contenu de mon fichier autostart qui lance la barre de tâches, le fond d’écran et mon agenda personnel que j’avais programmé en python l’année dernière.

# These things are run when an Openbox X Session is started.
# You may place a similar script in $HOME/.config/openbox/autostart
# to run user-specific things.

# Lance tint2
tint2 &

# Lance le fond d’écran
nitrogen –restore &

# Lance mon agenda personnel et ouvre ce dernier au jour courant
/home/ordinosor/Documents/agendrier/agenda.py &

desktop 1_039.png

En guise de conclusion, je dirais qu’on peut très bien se contenter d’un simple gestionnaire de fenêtres et se passer d’un environnement de bureau. Outre la légèreté, vous prendrez plaisir à configurer votre bureau et à le voir prendre forme petit à petit.

Tschüss!


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Full Circle Magazine FR : Voici le numéro 126

lundi 20 novembre 2017 à 19:12

Bonjour !

L'équipe du FCMfr (AE, Bab et d52fr) est heureuse de vous présenter le numéro 126, celui d'octobre 2017, avant la parution du numéro 127 en anglais. Comme d'habitude, vous pouvez le lire ou le télécharger sur notre page NUMÉROS ou l'obtenir directement en cliquant sur l'image ci-dessous.

issue126fr.png

Outre l'article de couverture qui vous détaillent différentes façons d'écrire sous Linux, vous avez des tutoriels (tmux, Inkscape, FreeCAD, et un nouveau chapitre sur LaTeX à la place du Python, car Greg est toujours un peu souffrant). Il y a également trois critiques sur : Pop!_OS (le système d'exploitation maison de System76, la DSL2 (qui est vraiment plus rapide que l'ADSL) et Pac-Man 256 qui ne coûte pas cher, mais vous rendra accro si vous n'y faites pas garde. Les bonnes choses habituelles sont là aussi (Courriers, Q. et R. (avec une longue partie sur comment Gord fait des sauvegardes en utilisant rsync), C&C et, bien entendu, les Actus.

Profitez-en bien !

N'OUBLIEZ PAS L'UBUNTU PARTY. Voici l'annonce « officiel »:

L'association Ubuntu-fr organise la vingt-cinquième Ubuntu Party parisienne qui se déroulera le week-end des 25 et 26 novembre 2017. Nous aimerions vous y voir.

Cet événement permet de présenter au grand public et aux professionnels la distribution GNU/Linux Ubuntu. Nous développerons des animations autour des thèmes Internet et la vie privée, ainsi que de la culture et l'art libre.

Il y aura une quarantaine de conférences, d'ateliers, de démonstrations et de cours. Le programme complet est disponible sur http://www.ubuntu-paris.org/

Elle aura lieu comme d'habitude au Carrefour Numérique de la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette au 30, avenue Corentin-Cariou dans le 19ème arrondissement. Pour plus de détails http://www.cite-sciences.fr/fr/infos-pratiques/acces/ . Bien entendu, l'accès est libre et gratuit.

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