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Philippe Scoffoni : Du financement participatif pour des projets de logiciel libre en veux-tu ? En voilà !

samedi 14 juin 2014 à 14:57

Le financement participatif ou crowfunding a la cote. Voilà un moyen de financement rendu célèbre par des “levés de fond” fortement médiatisés. Le logiciel libre n’est pas en reste et je vous présente ici trois projets du moment. J’en oublie probablement, n’hésiter pas à vous signaler en commentaire.

Que penser du financement participatif ?

Le principe est simple, je fais une promesse de don à un projet. Selon ma contribution, je peux obtenir une contrepartie si le financement est un succès.

En France les textes de  loi sont en train de se mettre en place. Le projet d’ordonnance prévoit la création de deux statuts : “celui de Conseiller en investissement Participatif ( CIP) pour les plateformes qui commercialisent des actions ou obligations de sociétés non cotées (y compris des SAS) ; et le statut d’Intermédiaire en Financement Participatif ( IFP) pour celles qui fournissent le service de prêts (rémunérés ou non) ou de dons (sachant que celles qui ne proposent que le service de don ne sont pas obligées de prendre le statut d’IFP).”

En ce qui me concerne, j’ai surtout l’impression que c’est devenu un business où ceux qui gagnent à la fin ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Un marché pour les plates-formes de crowfunding qui prennent leur commission au passage. Elles sont forcément gagnantes, ce qui n’est pas forcément le cas des donateurs ni celui des porteurs de projet. Grosso modo, ces plates-formes prennent de 4 à 9% sur les sommes collectés. Leur risque réside surtout dans l’intérêt des projets proposés et dans leur capacité à lever des fonds.

Lupo Libero

Lupo Libero a pour objectif le développement d’une plate-forme hautement “bunkerisé” de partage de fichiers  pour l’utilisateur. J’ai aimé dans la présentation la profession de foi : “l’ordre de développement des évolutions de Lupo sera décidé par ses utilisateurs : il s’agit d’un important transfert de pouvoir : ce n’est plus l’entreprise qui prend les décisions concernant le devenir du logiciel, mais les premiers intéressés : les utilisateurs !” Comme dirait l’autre, ça “j’achète !”.

Pour ce qui est de la solution, il y a des éléments intéressants comme la répartition des données sur les machines des utilisateurs. Pas de grands concepts innovants, mais la volonté de les compiler dans une seule solution. Pour l’instant la participation n’est pas la hauteur des fonds attendus qui se montent à 80 000€. Je doute un peu du succès de l’opération malgré les bonnes motivations de son porteur. Pour une telle somme, il faudrait arriver à toucher le grand public pour sortir de la communauté geek qui n’a pas vraiment besoin de ce type d’outils.

cLibre

cLibre un énième annuaire de logiciel libre :-) , enfin pas tout à fait. Il s’agit avant tout de proposer un site qui pour chaque logiciel propriétaire propose une alternative libre. Mon rêve sur ce genre de projet serait que les fiches soient dans un “dépôt” commun dans lequel tout le monde puisse venir piocher pour monter des annuaires par métiers, type d’activité, etc. Cela implique probablement d’importants développements qui ne sont pas compatibles avec le temps dont dispose le porteur du projet.

J’ai pu discuter avec ce dernier (un Lyonnais) et nous nous sommes “retrouvés” sur pas mal de sujets. Du coup, c’est le projet auquel j’ai donné un coup de pouce. Il ne manque plus que 169€  et il reste 7 jours pour atteindre les 1000€ fixés.

My Pads

My Pads est, je crois, la première tentative de Framasoft avec ce mode de financement. L’objet du projet est de développer la coquille manquante à Etherpad pour permettre aux utilisateurs de gérer leurs pads et l’accès à ces derniers. Ici, c’est 10 000€ qui sont visés. Les 23% sont déjà atteints à cette heure.

Dans le mail envoyé par Aka pour me suggérer ( façon lèche-bottes ;-) ) de faire un peu de promotions, celui-ci me faisait part que l’enjeu résidait dans la participation des entreprises, collectivités ou associations pour atteindre l’objectif. En effet pas mal de ces dernières utilisent ce service, un juste retour des choses serait effectivement souhaitable.

Concernant, Framasoft, je préfère passer par la case don. J’ai la chance de payer encore des impôts. Les dons pour Framasoft sont déductibles à hauteur de 66% du montant de mes impôts. Pour 100€ donné, je n’en paie réellement que 44. Une bonne façon de choisir comment l’argent de ses impôts est utilisée. “Inconvénient” des dons de ce type, ils ne peuvent être faits pour un projet spécifique.

Un crowfunding adossé à une structure d’intérêt général ouvrant droit à des réductions d’impôt offrirait un levier supplémentaire. Mais se pose la question de l’attribution des fonds et donc de la gouvernance et des choix de financement. Pas forcément compliqué, mais comme toujours, faut le temps pour le faire…

Cela n’enlève rien au deuxième problème qui est celui d’intéresser les utilisateurs, qu’il s’agisse d’entreprises ou de particuliers sans oublier les pouvoirs publics. Pour cela, il faut des projets, des gros projets, des moyens de communication importants, une stratégie de rupture, etc.. Et même avec cela, comme j’ai encore pu le constater cette semaine, force est de constater que nos contemporains restent souvent sourds tant ils sont embourbés et parfois figés dans des modèles désormais dépassés.

Le logiciel libre a ses propres modèles qui ne s’intègrent pas toujours dans les processus de valorisation actuels. La boîte dans laquelle  il essai de se développer n’est pas faite pour lui. Il faut donc pour l’instant, jongler, utiliser les failles du système tout en ayant l’air de s’y glisser pour mieux l’exploser de l’intérieur. Mais les résistances sont grandes et la compréhension des enjeux totalement absente chez nos élites gouvernantes quand ce n’est pas au sein même de la communauté du logiciel libre (marchande ou pas).

Ce qui me fait quand même plaisir dans la multiplication de ces propositions de financement participatif issues de la communauté non marchande du logiciel libre, c’est qu’il y a une forme de prise de conscience que le logiciel libre (le VRAI !) a besoin de trouver des relais financiers, car le bénévolat a ses limites.

Malheureusement le financement participatif reste avant tout une communication “organisée” autour du don. Il est déjà possible de donner à des projets depuis longtemps et les limites de ce mode de financement sont connues. Qu’adviendra-t-il une fois la mode passée ?

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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 14/06/2014. | Lien direct vers cet article

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La vache libre : Nulloy – Un nouveau player audio stylé Metro, pour GNU/Linux, Windows et Mac

vendredi 13 juin 2014 à 23:34

Capture du 2014-06-13 20:39:03

Le monde GNU/Linux ne cessera jamais de m’émerveiller tant son écosystème est riche et accessoirement plein de surprises. Je vous ai déjà présenté (ou parlé) de pas mal de lecteurs audio dans l’étable et il faudra désormais en compter un de plus. Nulloy, c’est son nom, se démarque des autres lecteurs par une interface originale directement inspirée de Metro (que vous connaissez sans doute si vous avez déjà bossé sous Windows 8). Cette application est publiée sous licence GPL et au niveau des fonctions c’est du basique, mais le principal y est. Vous disposerez d’un mode de lecture normal, en boucle, ou shuffle et Nulloy supporte les formats audio les plus courants MP3, WMA, FLAC, OGG, AIFF etc… Vous pourrez également créer ou gérer des playlists, afficher la couverture de l’album en cours de lecture, utiliser des plugins tiers, changer le skin du lecteur et profiter en prime d’une superbe barre de défilement.

Les préférences sont accessibles via le menu contextuel, ou par le biais d’une fenêtre unique composée de trois onglets.

General pour les options de base  :

Capture du 2014-06-13 22:11:05

Track Information pour les informations de pistes :

Capture du 2014-06-13 22:11:16

Et Keyboard pour la gestions des raccourcis clavier :

Capture du 2014-06-13 22:11:31

En termes de performances Nulloy s’est avéré être très rapide et d’après ce que j’ai pu en voir il est très light au niveau des ressources. Il peut ainsi parfaitement convenir aux machines les plus modestes. Nulloy est un projet tout jeune (encore en Alpha), mais il a l’air déjà très stable et franchement, je l’ai adoré. J’ai vraiment hâte de voir comment il va évoluer. C’est mon coup de cœur de la semaine!

Si ça vous tente vous pouvez en savoir plus sur Nulloy en visitant le site du projet et le tester en vous le procurant depuis la page de téléchargement. Vous y trouverez les sources, les instructions d’installation pour GNU/Linux, ainsi que les binaires pour MS Windows et Mac OS X.

Enfin si vous tournez sous Archlinux ou Manjaro, vous pouvez passer directement par AUR.

Bon test, amusez-vous bien et bonne écoute :)

via

 

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Nicolas Lœuillet : [Magento] Dans système / configuration, impossible de gérer un paramètre avec une checkbox

vendredi 13 juin 2014 à 21:59

Le backoffice de Magento est plutôt pas mal foutu (profitez, je dis du bien, ça ne durera p'tet pas), on peut y gérer assez facilement pas mal de paramètres que l'on a stocké dans les fichiers config.xml de chacun de nos modules. Ça se passe dans Système / Configuration.

Je voulais gérer un booléen depuis le backoffice. Et pour moi, logiquement, qui dit booléen dit case à cocher. J'ai compris ensuite que Magento et logique, ça n'allait pas forcément ensemble.

12221514734_e7bce5233f_z.jpg

Je définis donc dans system.xml de mon module un nouveau champ de type checkbox (la liste des types disponibles est ici).
Je veux que cette case à cocher soit cochée par défaut. C'est là que ça se complique : où est-ce qu'on fait ça ?

Dans le config.xml, je lui donne une valeur (j'ai testé "yes", "true", "1", "checked") ... Mais en fait, ça correspond à l'attribut value de la checkbox. Et pas à l'attribut checked. Donc ça n'est pas là.
Bizarre.

Allez, après tout, pas grave si la case n'est pas cochée par défaut. Je teste de la cocher et de sauvegarder le tout : ça ne fonctionne pas. Magento n'enregistre pas le fait que la case est cochée.

Après 2/3 recherches, je tombe sur ça : Magento module system.xml checkbox won't save.

Donc en gros, Magento te permet de créer une case à cocher dans le backoffice, mais tu ne peux pas t'en servir. Et pour gérer un booléen, on te demande d'utilise une liste déroulante. Logique.

Crédit photo : Oliver Tacke (Creative Commons By)

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La vache libre : eZ Server Monitor – Un dashboard simple, pour monitorer vos machines Unix/Linux

vendredi 13 juin 2014 à 21:45

esm-web_dashboard-complete.min

eZ Server Monitor (eSM) est une application conçue dans le but d’afficher diverses informations concernant vos machines (PC et serveurs) Unix, afin d’effectuer des séances monitoring et d’en surveiller les paramètres. Elle se décline en deux versions, à savoir une version Web (eSM`Web) et une version Bash (eSM`sh). Dans sa version Web eSM est un simple script PHP, regroupant les informations au sein d’une page composée de plusieurs blocs. La versions bash quant à elle va vous permettre d’afficher les même infos, mais dans un terminal. Si ça vous tente voici une brève présentation de ce projet.

Comme vous pouvez le voir sur l’image d’illustration, l’interface web est assez complète et contient les sections suivantes :

NB : Petit détail assez original pour être souligné, chaque bloc est autonome et peut être actualisé manuellement.

Sur la capture ci-dessous vous pouvez voir tourner la version Bash (eSM`sh) sous PuTTY :

esm-sh_dashboard-complete

Sympa non?!!

Vous pouvez afficher les sections de manière indépendante via les différentes options :

ou les afficher toutes à l’aide de la commande suivante :

 ./eZServerMonitor.sh -Ca

Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’en dire beaucoup plus sur eZ Server Monitor et que le mieux pour vous c’est encore de l’essayer. Si ça vous tente les pré-requis sont très modestes et consistent en gros à disposer d’une machine fonctionnant sous un environnement Unix, d’un serveur Web (Apache, Nginx, …) et de PHP.

Vous trouverez les procédures d’installation, une documentation et tout ce qu’il vous faut pour les deux scripts sur la page officielle du projet.

N’hésitez pas à partager vos retours, vos impressions et à me faire part de vos éventuelles suggestions.

Amusez-vous bien et bon monitoring…

[Edit : Testé, approuvé et conseillé par la vachette !!!]

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Romaine Lubrique : Brevets et domaine public : Tesla et la voiture électrique

vendredi 13 juin 2014 à 17:12

Il est un volet de la propriété intellectuelle que l'on aborde rarement ici : la question des brevets.

Il s'agit d'un titre de propriété industrielle qui confère à son titulaire (le fameux inventeur) un monopole d'exploitation exclusif sur une durée donnée. Pour stimuler concurrence et innovation, cette période est heureusement bien plus courte que pour le droit d'auteur : après 20 ans, l'invention entre dans le domaine public.

Ainsi les médicaments génériques font leur apparition lorsque la formule chimique du médicament commercialisée par tel laboratoire pharmaceutique n'est plus couverte par son brevet.
On imagine bien d'ailleurs les problèmes posés par les brevets dans le secteur de la santé, entre droit d'exploitation de l'inventeur et souci majeur et parfois crucial de l'intérêt général. Choisir directement de mettre sa découverte dans le domaine public peut être ici un geste qui sauve.

Il n'y a d'ailleurs pas que dans la santé où ça coince. Certains voudraient ainsi breveter le logiciel ! Sans oublier non plus la fameuse « guerre des brevets » que se livrent nos multinationales aboutissant à des phénomènes tels que le patent troll.

Pour illustrer cela, nous vous proposons ci-dessous la traduction d'une récente annonce de Tesla, célèbre constructeur automobile de voitures électriques. À vous de décider si un tel communiqué penche plutôt du côté du pieux humanisme ou du « business is business » mais elle montre que faire passer ses brevets dans le domaine public peut faire partie des stratégies à envisager, en réconciliant l'intérêt du public avec celle de l'industrie.

All Our Patent Are Belong To You [1]

Elon Musk - 12 juin 2014 - TeslaMotors.com
All Our Patent Are Belong To You
(Traduction : m, farlistener, albahtaar, Penguin, martin, Diab, Scailyna, Oct)

Hier encore, il y avait dans notre maison mère de Palo Alto, un mur sur lequel étaient affichés tous les brevets Tesla en notre possession. Ce n'est désormais plus le cas. Ils ont été enlevés, dans l'esprit du mouvement open source, afin que la technologie de la voiture électrique puisse progresser.

Tesla Motors a été créé pour accélérer l'émergence de modes de transport durables. Si nous libérons la voie de la création de véhicules électriques performants, mais que nous laissons un terrain miné par la protection intellectuelle derrière nous pour ralentir la concurrence, nous agissons de manière contraire à notre but objectif. Tesla n'engagera pas de poursuites judiciaires à l'encontre de qui voudrait, de bonne foi, utiliser notre technologie.

Lorsque j'ai lancé ma première entreprise, Zip2, je pensais que les brevets étaient une bonne chose et j'ai travaillé dur pour en obtenir. C'était peut-être bien le cas à l'époque mais aujourd'hui, ils servent trop souvent à étouffer le progrès, ils confortent les positions dominantes des multinationales en enrichissant ceux qui travaillent dans le domaine juridique, plutôt que d'aider les vrais inventeurs.
Après Zip2, quand j'ai réalisé que les brevets étaient un peu comme des tickets de tombola dont l'issue du tirage serait un procès, je les ai évités autant que possible.

Chez Tesla, cependant, nous nous sentions encouragés voire forcés à déposer des brevets, de peur que les grandes compagnies automobiles ne copient notre technologie et n'utilisent leur puissance marketing, de vente et de production pour nous étouffer.
Nous avions complètement tort. La triste réalité est autre. Chez les constructeurs majeurs de l'industrie automobile, les programmes dédiés aux véhicules électriques (ou les programmes dédiés à tout autre type de véhicules n'utilisant pas la classique combustion d'hydrocarbures) sont de faible envergure, quand ils ne sont pas inexistants : au total ils ne représentent en moyenne pas plus de 1% de leur ventes.
Dans le meilleur des cas, les grandes compagnies automobiles ne produisent que des véhicules électriques à faible autonomie et en volumes limités. Certaines n'en produisent même pas du tout.

Étant donné que la production de véhicules approche les 100 millions d'unités par an et que le marché global est d'environ 2 milliards de voitures, Tesla ne peut fabriquer de voitures électriques assez vite pour parer au réchauffement climatique et épuisement des ressources pétrolières. Le marché est gigantesque. Nos concurrents ne sont pas la minorité de véhicules électriques qui ne seront pas produits par Tesla, mais plutôt l'écrasante majorité de véhicules à essence qui sortent des usines chaque jour.

Nous pensons que non seulement Tesla mais aussi les autres entreprises impliquées dans la construction de voitures électriques, et le monde entier, ont tout à gagner avec une plateforme technologique ouverte à évolution rapide.

L'Histoire a montré à maintes reprises que la domination technologique n'est pas définie par les brevets.
Nous pensons qu'appliquer la philosophie du logiciel libre à nos brevets renforcera la position de Tesla plus qu'elle ne l'affaiblira.


[1] Le titre fait référence au très célèbre mème anglophone d'Internet All your base are belong to us.

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