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Framablog : Patriot Act à la française ? — Pour nous, c’est NON !

lundi 12 janvier 2015 à 05:00

Comme une immense majorité de personnes qui se sont rassemblées, en France et dans le monde, à plusieurs reprises, depuis le 7 janvier, nous avons été sous le choc et dans l’incrédulité. Quels que soient nos parcours, quelles que soient nos positions, nos croyances, nos parti-pris, nous n’acceptons pas que l’on assassine 17 personnes au nom d’une conception du monde qu’il serait dangereux ou interdit de ne pas partager, de questionner, de moquer. Nous n’acceptons pas que l’on ait fait taire des voix et des plumes et que l’on ait pris pour cible ceux qui incarnaient Charlie Hebdo.
Nous ne l’acceptons pas mais il y a des morts aujourd’hui. Et les cadavres n’étaient même pas froids que déjà commençaient à se faire entendre les voix charognardes qui, au nom de la défense de la liberté et des valeurs républicaines, sont prêtes à restreindre nos libertés individuelles et collectives, comme par effet d’aubaine, comme s’ils n’attendaient que ça. [1]

Ils n’ont pas même attendu la fin du deuil officiel. Plus rapides que les événements en cours pour s’emparer de la tragédie et l’instrumentaliser, les politiques glapissants de l’obsession sécuritaire ont commencé à se répandre : « il nous faut renforcer notre arsenal sécuritaire », « il faudra bien entendu un Patriot Act à la française » (le tweet historique de Valérie Pécresse ), ou encore François Baroin qui laisse entendre au journal de France 2 ce dimanche qu’il va falloir mesurer quel degré d’acceptation aura la population de la restriction des libertés individuelles au profit de la sécurité (journal TV de 13h, vers la minute 48) etc. On peut être sûr que dès ce lundi, la surenchère sécuritaire va battre son plein.

En tant que membres d’une association qui vise à promouvoir le logiciel et la culture libres en s’efforçant de développer une éducation populaire, nous redoutons bien sûr de voir bridé et censuré ce qui est à nos yeux aujourd’hui le principal instrument de notre liberté à l’échelle de la planète : Internet.
Il nous semble donc urgent de dire avec force dès maintenant à quel point prendre pour cible cet outil précieux est à la fois inefficace et dangereux. Nous redoutons aussi l’usage immodéré qui pourrait être fait de nos données personnelles, notamment numériques, sans autorisation, sans que nous en soyons informés, sans qu’il soit possible d’exercer de contrôle. Déjà des voix s’élèvent parmi les défenseurs de nos libertés numériques (ne sont-elles pas devenues de facto des libertés fondamentales ?) mais seront-elles suffisantes pour contrebalancer le boucan médiatique qui va nous tympaniser ?

Un article récent du Point, pourtant peu suspect d’opinions gauchistes, expose bien ce qu’a été le Patriot Act et comment les dérives qui lui sont inhérentes, exposées par les révélations de Snowden, conduisent aujourd’hui l’opinion états-unienne à en remettre en question la nécessité :

le gouvernement avait une interprétation très vaste du Patriot Act qui lui permettait de collecter des informations sur des millions d’Américains sans lien avec le terrorisme. Selon un rapport du ministère de la Justice, les perquisitions secrètes servent surtout à coincer les trafiquants de drogue. En 2013, sur 11 129 demandes de perquisitions, seules 51 visaient des suspects de terrorisme.

Faut-il vraiment que les services qui veillent sur notre sécurité nationale aient un accès sans restriction ni contrôle judiciaire à toutes nos données personnelles ? Sans avoir à justifier que ces informations ont un quelconque rapport avec une enquête terroriste ? Faut-il croire aveuglément ou plutôt vouloir faire croire que le Patriot Act a été efficace, alors que nous avons encore en mémoire les attentats de Boston pour ne citer que ce terrible exemple ?

Que disent les responsables sérieux des forces de sécurité ? — Rien de tel : ils constatent qu’ils n’ont pas les moyens humains de surveiller et cibler le nombre à la fois limité mais inquiétant de personnes dangereuses susceptibles d’actes terroristes. Vous avez bien lu : ils ne réclament pas une surveillance généralisée ni la censure du Net (dont l’espace de communication leur est probablement au contraire un précieux moyen d’identifier les menaces) mais davantage de personnels formés et opérationnels pour mener cette lutte souterraine extrêmement compliquée et pour laquelle leur action est légitime et indispensable.
Alors qui veut vraiment que nous renoncions à nos libertés sous le prétexte d’obtenir davantage de sécurité ? Qui sont les vrais ennemis de notre liberté d’expression ?

Nous entamons aujourd’hui une série d’articles sur le sujet. Voici pour commencer une tribune libre de Christophe Masutti, à laquelle souscrit l’ensemble de l’association.
Les commentaires sont ouverts et seront modérés.

Aujourd’hui, tous au garde-à-vous — demain, chacun en garde à vue ?

Une tribune libre de Christophe Masutti

Mercredi dernier, c’était mon anniversaire, j’ai eu 40 ans. Eh bien, des jours comme ça, je m’en serais bien passé.
Hier, c’était la barbarie : c’est Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Honoré, et d’autres acteurs de Charlie Hebdo [2] qui ont été lâchement assassinés dans les locaux du journal par deux gros cons, des beaufs, des salauds. Ils s’en sont pris à des dessinateurs qui ont largement contribué à la formation de ma propre pensée critique à travers la lecture régulière du journal. Des copains, nos copains.
Ce matin, j’ai la tête en vrac. J’ai à l’esprit ces mots de Ricœur qui définissait la démocratie par le degré de maturation d’une société capable de faire face à ses propres contradictions et les intégrer dans son fonctionnement. Au centre, la liberté d’expression, outil principal de l’exercice de la démocratie. À travers nos copains assassinés, c’est cette liberté qui est en jeu aujourd’hui. Ils exerçaient cette liberté par le crayon et le papier. L’arme absolue.
La liberté est insupportable pour les pseudos-religieux sectaires — et pour tout dire, une grosse bande de crétins — qui tentent de la faire taire à grands coups de Kalachnikov et de bombes sournoises. La liberté est insupportable pour les fachos et autres réacs de tout poil qui ne manqueront pas de s’engouffrer dans le piège grossier du repli et de la haine. La liberté est insupportable pour celui qui a peur.

Le contre-pouvoir, c’est nous tous

Charlie Hebdo n’a pas vocation à incarner de grands symboles, au contraire, les dénoncer et faire tomber les tabous est leur principale activité. C’est justement parce que la mort de dessinateurs est aujourd’hui devenue un symbole universellement répété comme un mantra qu’il va falloir s’en méfier, car dans cette brèche s’engouffrent les tentatives protectionnistes et liberticides.
Car tel est le paradoxe de la peur appliqué aux outils de la liberté d’expression : ce qui menace vraiment la démocratie ne frappe pas forcément au grand jour…
Nous vivons depuis des années sous le régime des plans Vigipirate, des discours sécuritaires et du politiquement correct. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, la surveillance généralisée de nos moyens de communication s’est taillé une belle part de nos libertés, sans oublier les entreprises qui font leur beurre en vendant aux États (et pas toujours les plus démocratiques) des « solutions » clé en main. Des lois liberticides au nom de l’antiterrorisme sont votées sans réel examen approfondi par le Conseil Constitutionnel. En guise de contre-pouvoir, on nous refourgue généralement des administrations fantoches aux pouvoirs ridicules, des « Conseils » et des « Hauts Comités » de mes deux.
Mais le vrai contre-pouvoir, ce sont les copains de Charlie Hebdo et tous leurs semblables, journalistes ou caricaturistes, qui l’exercent, ou plutôt qui le formalisent pour nous, à travers leurs dessins et leurs textes. Le contre-pouvoir, c’est nous tous tant que nous n’oublions pas de penser et d’exprimer nos contradictions. Et pour maintenir la démocratie, nous devons disposer intégralement de nos moyens de communication dont il revient à l’État de garantir la neutralité et la libre disposition.
Demain, nous risquons de nous retrouver tous en garde à vue et pas seulement à cause des terroristes. C’est là tout le paradoxe. La terreur est aussi bien instrumentalisée par les assassins que par certains membres de la classe politique, et pas seulement à droite. Tous sont prêts à brider et tenir en laisse notre liberté pour maintenir leurs intérêts électoraux ou d’autres intérêts financiers. La contrainte à laquelle ils veulent nous soumettre, c’est l’obligation du choix : il faudrait choisir entre la liberté et la dictature, entre la liberté et la peur, entre la liberté et l’esclavage, avec à chaque fois un peu de nos libertés qui s’envolent. securiteLiberte2.png

Soyons les jihadistes de la liberté

Non ! Assez ! Stop ! je suis pour la liberté sans concession. Une liberté obligatoire, une liberté que l’on assène sans contrepartie. Je suis un radical du papier, un ayatollah de la liberté d’expression, un taliban des communications ouvertes, un nazi des protocoles informatiques libres, un facho de la révélation snowdenienne ! Du moins je voudrais l’être, nous devrions tous l’être. Et sans avoir peur.
Je suis né il y a 40 ans, et cela fait presque autant de temps que se sont développés autour de moi des supports de communication qui sont autant de moyens d’exercices de la liberté d’expression. Comme beaucoup, j’oublie souvent que rien n’est acquis éternellement, que nos libertés sont le fruit de luttes permanentes contre ceux qui voudraient nous en priver.
La boucherie de la semaine dernière nous l’a cruellement rappelé.

Crédit image
Photo d’un graf mural à Saint-Nazaire, par bmanolea (CC BY 2.0)

Notes

[1] Rappelons qu’il a été demandé aux candidats au 3e concours d’entrée à l’ENA 2014, de plancher sur une note « permettant d’évaluer les marges de manœuvre des pouvoirs publics pour restreindre les libertés publiques » (sic) Lien direct vers le PDF

[2] Sans oublier les policiers, un agent d’entretien puis d’autres victimes quelques jours après… cet article a initialement été rédigé jeudi matin, version sur le blog de Christophe Masutti

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Planet Libre : Brèves du Planet Libre - lundi 12, janvier 2015

lundi 12 janvier 2015 à 00:00

Non, Apple, tu n’es pas Charlie – HTeuMeuLeu

Apple censure Web appstore


antistress : En effet !
Et aussi quelques liens donnés dans les commentaires du billet, pour rappel :
https://twitter.com/Gastlag/status/553316271081947137
https://dl.dropboxusercontent.com/u/25900084/Apple_Charlie.jpg


L'Europe débloque 1 million d'euros pour auditer ses logiciels open-source - Numerama

libre institution europe pistage


antistress : "La députée européenne Julia Reda, par ailleurs membre du parti pirate, annonce qu'elle a obtenu de la Commission européenne le déblocage d'une enveloppe d'un million d'euros dans le cadre d'un projet pilote visant à organiser l'audit des logiciels open source utilisés par les institutions européennes."


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Philippe Scoffoni : Dimitri Robert, un graphiste adepte des logiciels libres

dimanche 11 janvier 2015 à 21:33

photo-dimitri-480Cet article est la « version longue » de l’interview de Dimitri Robert publié sur le site du guide des Solutions Informatiques Libres pour les TPE. Dimitri a rédigé le module  « Créer son image de marque » du guide. Ce module couvre les besoins en matière de retouche photo, de dessin vectoriel et de mise en page ou PAO (Publication Assisté par Ordinateur). Il présente les notions de base permettant une bonne compréhension des notions d’images numériques ainsi que les logiciels GIMP, Inkscape et Scribus.

Le parcours de Dimtiri est pour le moins varié comme vous pourrez le voir. Débutant par les jeux pour passer rédacteur en chef de Linux-Pratique, administrateur système, auteur du guide sur GIMP 2.8, il est maintenant formateur.

Pour information, il anime une formation traitant des sujets du livre au mois de janvier 2015 dans le cadre de la coopérative de formation de l’association Minga.

Cette interview a été réalisée par Bruno Soulié ancien étudiant de la licence COLIBRE que j’avais pris en stage pour mettre en place tous les outils de communication associé au guide d’avril à juillet.

Est-ce que l’informatique était une passion à l’origine? Pourquoi t’es-tu lancé dans le développement informatique ?

J’ai eu mon premier ordinateur en 1988 à une époque où plusieurs de mes camarades de collège avaient déjà le leur (Atari, Commodore, Amstrad). Le mien était assez limité et n’avait pas d’interface graphique. Je me suis donc passionné pour la programmation en GwBasic. Puis au lycée j’ai participé activement au journal du lycée et y ai appris à utiliser un logiciel de PAO (publication assistée par ordinateur). Puis la fac (un peu) et l’école d’ingénieur (beaucoup) où j’ai appris à programmer vraiment.

L’intérêt pour le jeu remonte à l’école primaire où je les créais avec du papier, des ciseaux et des feutres. L’arrivée de l’informatique dans ma vie m’a juste ouvert une nouvelle dimension.

Raconte-nous ton passage chez Lankhor en tant que développeur de jeux vidéos et sur quel projet as-tu eu l’occasion de travailler ? En effet tous les anciens connaissent « Vroom » qui a bercé une génération entière de joueurs (ndlr : dont nous)!

skyparkmanagerC’est un paradoxe : à l’époque de mon premier ordinateur, je ne connaissais pas l’existence de Lankhor fondée en 1987 et ne pouvais de toute façon pas jouer à leurs jeux sur mon ordinateur inconnu. J’ai sollicité Lankhor pour mon stage de fin d’études sur conseil d’un camarade de promotion qui connaissait. L’ambiance m’a tout de suite plu et j’y suis resté après mon stage.

Chez Lankhor j’ai travaillé sur deux jeux de Formule 1, dont Warm Up! Ainsi que sur Ski Park Manager, jeu de gestion de station de sports d’hiver, où j’ai pu mettre à profit les cours de mathématiques appris au collège.

Une expérience sûrement enrichissante, qu’en as-tu appris ? Tu y étais jusqu’à la fin (en effet Lankhor ferme ses portes en 2001)?

J’ai vécu les deux dernières années de Lankhor qui furent également mes deux premières années de « vie active ». Sur le plan technique, j’ai appris la programmation de la vieille école, celle pour qui le moindre octet compte. J’ai aussi appris à transformer ces octets en univers ludiques.

Sur le plan humain, c’est moi qui fus transformé, comme bon nombre de mes collègues de l’époque. De vrais rapports humains, la hiérarchie n’existait que pour l’administration. Dans les faits, il y avait un respect mutuel des gens, une vraie écoute : combien d’heures avons-nous passé dans la cuisine, à refaire le monde, à parler d’un tas de choses (parfois même de boulot). Et la productivité ? Nous étions efficaces parce que nous nous sentions bien, sans le poids d’un chef pour nous dire ce qu’il fallait faire ou de travailler toujours plus vite. Un mode de fonctionnement malheureusement trop rare. Sans doute cette expérience a engendré mon besoin perpétuel de liberté et certaines frustrations qui ont suivi.

Puis tu es devenu rédacteur en chef de Linux Pratique (éd. Diamond) ? Une opportunité qui est arrivée comment ? Car c’est finalement un changement de cap dans ta carrière !

linux pratiqueCe fut le premier changement de cap. En fait, je ne conçois pas le fait que l’on puisse avoir la même activité toute sa vie. D’autres changements se sont produits depuis et d’autres viendront encore.

J’ai rencontré Denis Bodor (rédacteur en chef de Linux Magazine France) lors de la première Linux Expo (depuis rebaptisée Solutions Linux) et lui ai proposé d’écrire un article, ce qui fut fait facilement et rapidement. J’ai peu écrit pendant mes deux années chez Lankhor et n’ai repris qu’une fois au chômage. Un jour Denis m’appelle et me propose de reprendre Linux Pratique, en sommeil depuis deux ans. Ce que je fis.

Sur les premiers numéros, j’écrivais environ 80 % du magazine. Je ne disposais au début que des auteurs de Linux Magazine. Puis j’ai étoffé mon réseau en allant à la rencontre des associations et des gens qui font vivre le logiciel libre. Pour cela j’avais la chance de vivre à cette époque en région parisienne où se trouvait l’essentiel de la communauté.

J’ai arrêté entre autres parce que je me sentais enfermé dans un cycle à périodes très courtes qui ne me convenait finalement pas. Ce qui ne m’empêche pas d’en garder des bons souvenirs et d’avoir accru mon expérience.

Le jeu vidéo est une œuvre de l’esprit qui implique un ensemble de supports multimédia. Ce n’est pas encore un art certes, mais le niveau de créativité et d’implication est tel que cela peut le devenir. Est-ce cela qui t’a donné le goût de te diriger vers le graphisme, l’image ou c’est quelque chose qui t’a toujours attiré ?

Je considère le jeu vidéo comme un art, même s’il n’est pas reconnu comme tel officiellement. Cependant il fait appel à d’autres arts comme l’image, la musique et, oserais-je avancer, la programmation ! Même si j’ai utilisé des logiciels de graphisme lors de mes années Lankhor (création de textures, montages photo pour des recherches d’ambiance), j’avais tâtonné la retouche d’images avant.

Cela remonte au lycée et son fameux journal. Je m’étais acheté un scanner à main pour numériser des photos argentiques et les retravailler à l’écran.

Depuis quand t’intéresses-tu aux logiciels libres ? Et plus spécialement au logiciel de traitement d’image GIMP ?

En 1998, alors étudiant, j’ai installé ma première distribution (une RedHat 5 je crois) avec l’aide de deux camarades de promotion. Je l’ai cassée et réinstallée plusieurs fois (c’est formateur).

Mais le vrai basculement eu lieu début 2002 avec l’adoption d’une Debian et l’abandon assez rapide de Windows. Je me suis également mis à GIMP, mais sans l’utiliser à fond.

Tu es l’auteur de GIMP 2.8 des éditions Eyrolles, qu’est-ce qui t’a amené à réaliser ce projet ? Existe-t-il en format numérique à l’instar de Solutions informatiques pour les tpe ?

gimp28Lorsque j’étais rédacteur en chef de Linux Pratique, j’étais en contact avec des éditrices d’Eyrolles et O’Reilly France (aujourd’hui fermé). Muriel Shan Sei Fan, à l’époque éditrice au secteur informatique chez Eyrolles, a énormément œuvré pour promouvoir les logiciels libres par les livres. Le 1er avril 2005, nous nous sommes croisés à Limoges (à l’occasion de GameOver, salon du jeu vidéo sur plateforme libre). Elle m’a demandé si je pouvais lui écrire un livre sur le peer-to-peer. N’étant pas expert sur ce sujet à la fois technique et politique je lui ai proposé à la place un livre sur GIMP (que je ne connaissais guère, mais l’écriture du livre m’a obligé à approfondir le sujet).

Il existe également en format numérique, mais il s’agit seulement d’une copie PDF du livre papier. Il n’y a pas de contenu dynamique tel que des vidéos.

 Que penses-tu des autres projets libres comme Krita et Darktable ?

Que du bien même si je ne les utilise pas. La richesse du libre réside aussi dans sa diversité. Krita est sur le même créneau que GIMP, bien que plus orienté illustration. Le point fort de Darktable est le développement de photos raw (format brut produit par les appareils photo professionnels). Même s’il permet de menus traitements d’images, j’ai tellement l’habitude de GIMP que j’utilise ce dernier même pour un recadrage.

Raconte-moi comment tu as été sollicité pour le projet Solutions Informatiques pour les TPE…avec des logiciels libres ?

Philippe Scoffoni cherchait quelqu’un pour rédiger la partie « Créer son image de marque » nécessitant la connaissance et la pratique de logiciels de graphisme. Il a cherché parmi les formateurs en France et les enseignants de la licence Colibre à Lyon et m’a trouvé dans les deux cas.

Quelle activité exerces-tu actuellement ?

En ce moment c’est l’été et je participe activement à un chantier de construction de maisons en bois, paille et argile. Ça me fait beaucoup de bien de travailler avec autre chose qu’un ordinateur. Mais je prépare aussi la rentrée où je vais relancer mon activité de formation au sein de la coopérative Artefacts et via le site http://formation-logiciel-libre.com/.

Je continuerai sur les mêmes sujets qu’avec Libres à vous : retouche photo avec GIMP, dessin vectoriel avec Inkscape, publication assistée par ordinateur avec Scribus, site Web avec WordPress. Mais je voudrais explorer des pistes nouvelles :

linuxgraphicJe gère depuis cet hiver le site Linuxgraphic où sont publiées des nouvelles et des tutoriels sur des logiciels de graphisme (en général libres) fonctionnant sous Linux.

Quels sont les logiciels libres que tu utilises majoritairement dans le cadre de ton activité ?

Restons donc sur le « majoritaire ». Pour la distribution c’est Debian testing ou LinuxMint Debian (poste de travail) et Debian stable (serveurs). J’ai bien eu une période Ubuntu, révolue depuis l’arrivée d’Unity. En vrac j’utilise Firefox, Thunderbird, GIMP, Inkscape, Scribus, Kdenlive (trop peu), Shutter, ffmpeg, Pidgin, VLC, Vim, asciidoc, WordPress, Piwik, Piwigo, ownCloud, Apache, qemu et KVM, un émulateur de terminal pour tout ce que l’interface graphique ne sait pas faire ou pas assez vite, ssh et tout un tas de commandes qui sont passées dans mon langage courant.

Je n’ai pas oublié LibreOffice, je ne l’utilise que pour ouvrir les documents que l’on m’envoie. Il se trouve que j’ai appris la PAO avant le traitement de texte, c’est rédhibitoire.

Utilises-tu encore des logiciels propriétaires ?

En cherchant bien je pense que je peux en citer quelques-uns : les pilotes du routeur et de l’imprimante, le greffon Flash pour Firefox et un client Dropbox et Skype pour travailler avec les autres coopérateurs d’Artefacts (mais je ne doute pas que l’on finira par s’en débarrasser). J’en utilise peut-être d’autres, mais c’est anecdotique au point d’avoir oublié.

Quels sont les problèmes que tu rencontres en tant qu’utilisateur de solutions libres ?

Le manque de temps qui m’empêche de tester et trouver le logiciel qui répondra à mon besoin précis et qui le fera bien. Il m’arrive de faire des recherches dans aptitude (gestionnaire de paquets logiciels de Debian) sur des mots-clefs et de m’émerveiller devant la richesse des solutions proposées. De m’effrayer en pensant au temps qu’il faudrait pour les essayer (ne parlons pas de maîtrise).

À part cela les logiciels que j’utilise fonctionnent bien. Sinon, je m’accommode de leurs défauts, voire les contourne et là cela devient un problème pour les gens à qui je voudrais les conseiller.

Et pour rebondir à cette question quels sont les écueils que peut traverser le gérant d’une TPE lambda en utilisant les solutions libres  ? Et plus précisément les graphistes ?

La diversité est une force pour le logiciel libre, mais peut être un frein pour le gérant qui veut des solutions qui fonctionnent et n’a pas le temps de défricher toute l’offre. Aussi, l’avantage de ce livre est de proposer un échantillon éprouvé, testé et pratiqué par les auteurs.

Le second écueil réside dans la prise en main. Un changement de logiciel est toujours abordé avec appréhension et ne doit pas être décidé à la légère.
Une autre erreur serait de croire qu’en utilisant des logiciels différents de vos prospects, clients et partenaires vous ne pourriez plus communiquer avec eux. Tant que vous utiliserez des formats ouverts (dont les spécifications sont publiques) vous n’aurez aucun problème. Lesdits formats ouverts sont largement mentionnés dans le livre.

gimplogoPour les graphistes le risque est de penser que les trois logiciels GIMP, Inkscape et Scribus empruntent des fonctions les uns aux autres comme c’est le cas avec la suite d’Adobe alors que chacun a son usage bien précis et le fait bien. Par exemple, je déconseille toujours de mixer texte et image dans GIMP : même s’il dispose d’un outil texte, l’usage d’Inkscape vous fera gagner du temps et vous ouvrira bien plus de perspectives.

Quels conseils donnerais-tu aux professionnels qui hésitent à franchir le pas, et peinent à utiliser les solutions libres ? Et plus précisément en ce qui concerne les graphistes ?

« Est-ce que je vais être productif tout de suite ? », « est-ce que je pourrai faire les mêmes choses qu’avant ? ». Ces deux questions dénotent d’une peur du changement. Par provocation je dirais que ce sont de mauvaises questions.

Il est évident que vous ne pourrez être productif tout de suite, tout nouveau logiciel (et parfois toute nouvelle version dans le cas de logiciels comme ceux de la suite Microsoft Office) nécessite un apprentissage. Si vous voulez faire les mêmes choses qu’avant, pourquoi changer de logiciel ? Parce que les logiciels propriétaires utilisés actuellement, vous n’en avez pas vraiment payé la licence (ou vous avez oublié) et du coup, vous avez des sueurs froides lors des mises à jour (si toutefois vous les faites) ? Donc, en optant pour des logiciels libres, vous ne ferez pas les mêmes choses qu’avant : vous serez en règle et dormirez tranquille, c’est tout de même un sacré changement !

Ne reste plus que le temps d’apprentissage qui n’est finalement qu’un investissement à moyen terme qu’une formation pourra raccourcir. Vous souvenez-vous, chers gérants, que vous cotisez chaque année pour que les formations de vos employés et de vous-mêmes soient prises en charge financièrement ?
Donc, si vous décidez de changer, faites-le pour de bonnes raisons. Ne pensez pas que vous allez faire des économies à court terme. Prenez le temps, préparez votre migration et ainsi, vous consoliderez votre exploitation sur le moyen et long terme.

Le graphisme ne me semble pas être un cas à part dès que l’on sait les capacités des logiciels libres du domaine. En effet, la suite GIMP, Inskcape, Scribus concurrence la suite Adobe dans la plupart des situations. Mais encore faut-il en être convaincu et se défaire de l’idée qu’Adobe soit « incontournable » pour un graphiste professionnel. À ce propos j’avais traduit un article, que je trouve objectif, de GIMP Magazine comparant GIMP et Photoshop.

As-tu d’autres projets éditoriaux en cours ? Ou d’autres projets que tu souhaites mentionner qui te tiennent à cœur?

Pour l’édition, pas pour l’instant, mais je ne suis à l’abri de rien. Pour le reste, je compte développer mon activité dans le plus total respect de la philosophie du logiciel libre. Travailler sur ce livre m’a donné l’envie de produire plus de vidéos et je compte aller dans cette voie.

Souhaites-tu ajouter autre chose ?

Choisir d’utiliser des logiciels libres est un choix politique, même si ce n’est pas flagrant pour tout le monde. Un exemple sur lequel je travaille en tant que militant est la question de l’évasion fiscale pratiquée par les gros éditeurs de logiciels tels que Microsoft, Apple, Google, Canonical (l’éditeur de la distribution Ubuntu dont le siège est sur l’Île de Man).

Ces firmes payent entre 0 et 5 % d’impôts en France alors qu’une PME en paye 33. Pourquoi, en tant que PME ou TPE, continuer à soutenir ces éditeurs alors que c’est vous qui payez l’impôt sur les sociétés ?

De même, pour une collectivité, pourquoi continuer d’envoyer l’argent des contribuables dans des paradis fiscaux alors que vous pourriez faire appel à des prestataires locaux, utilisant du logiciel libre et payant l’impôt en France ? Le sujet mérite encore d’être creusé et j’en ai proposé une conférence aux rencontres mondiales du logiciel libre 2014 qui pourrait être un bon point de départ.

Merci encore d’avoir pris le temps de répondre à cette interview !


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 11/01/2015. | Lien direct vers cet article

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elementary OS : Ecrivez Markdown avec Mark My Words

dimanche 11 janvier 2015 à 20:36

Le Markdown qu'est-ce que c' est ?

Avant tout, c'est un langage assez récent crée en 2004 par John Grubber et Aaron Swartz.

Qu'apporte-t-il ? Il apporte la possibilité de lire un texte formaté (comme le HTML - HyperText Makeup Language -) grâce à la simplicité de son formatage.

De plus, il est simple à comprendre et à apprendre.

Logiciel Mark My Words

Logiciel Mark My Words

Mark My Words est donc un logiciel libre (Github du projet) creé par Akshay Shekher, vous l'aurez deviné, il permet de créer des fichiers en Markdown tout en respectant les lignes directrices du design d'ElementaryOS. Le logiciel étant très jeune, sa première apparition a eu lieu de 31 décembre sur la communauté Google Plus d'Elementary. Par ailleurs, sa dernière mise à jour lui a apporté :

  1. La coloration syntaxique du Markdown
  2. Le thème "Solarized Black" sur la partie écriture
  3. La possibilité d'ouvrir ou d'enregistrer un document en Markdown
Exportation en HTML de notre document Markdown

Exportation en HTML de notre document Markdown

Néanmoins, il reste quelques petits bugs tels que les accents non supportés lors de la conversion de notre fichier markdown en HTML.

Il existe plusieurs alternatives à Mark My Words, tel que Remarkable créé par Jamie McGowan, mais il ne s'intègre pas au design d'ElementaryOS. Ou encore UberWriter, de Wolf Vollprech qui est fort sympathique avec son mode sans-distraction ainsi que son thème noir et ses exportations en PDF, ODT en plus du HTML, mais qui souffre de quelques bugs et qui ne dispose pas de la preview en live comme Mark My Words ou Remarkable.

UberWriter et Remarkable

UberWriter et Remarkable

 Comment installer ce logiciel ?

sudo add-apt-repository ppa:voldyman/markmywords
sudo apt-get update
sudo apt-get install mark-my-words

Quelques reproches...

Les seuls reproches actuels que je pourrais faire à ce logiciel sont le manque d'un mode "sans-distraction", un thème noir et enfin une exportation en PDF, Doc, et bien plus, comme sur UberWriter et les outils WYSIWYG que l'on retrouve sur Remarkable et qui peuvent être très utiles aux utilisateurs novices du Markdown.

Et enfin, ce n'est qu'un petit détail, mais changer l'icone du logiciel qui est le même que celui de Scratch.

Le logiciel étant très jeune, nous les excusons et nous ne pouvons que leur souhaiter du courage afin de combler ces manques.

(En espérant que mon premier article vous a plu)

Le billet Ecrivez Markdown avec Mark My Words a été publié sur elementary OS Fr - Communauté francophone d'elementaryOS

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La vache libre : Gloobus Preview – Un outil de prévisualisation intéressant pour GNU/Linux

samedi 10 janvier 2015 à 21:14

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Gloobus Preview est un outil de prévisualisation assez sympa dont j’ai déjà parlé dans ce billet et qui en gros vous permet de faire à peu près la même chose qu’avec Gnome Sushi, à la différence qu’il prend en charge quelques formats de fichiers supplémentaires. Il fonctionne à l’aide de votre navigateur de fichiers depuis lequel vous pourrez sélectionner les éléments à prévisualiser, avant d’activer l’aperçu en utilisant simplement la touche « Espace » de votre clavier. Gloobus prend en charge un grand nombre de formats de fichiers audio/vidéo, de fichiers images, de documents texte, les documents PDF et d’autres formats plus spécifiques tels que ttf ou srt. C’est simple, efficace et comme vous pouvez le voir sur l’image d’illustration, l’interface de prévisualisation est vraiment très sobre.

Les dernières versions de Gloobus n’étaient plus censées prendre en charge les versions récentes d’Ubuntu, mais c’était sans compter sur György Balló, qui a effectué un portage de l’application vers les environnements récents, qui a corrigé quelques bugs et qui a même amélioré quelques fonctions au passage.

La team Webupd8 a de son côté effectué la mise à jour de ses différents PPA, mettant ainsi Gloobus à disposition des utilisateurs tournant sur Ubuntu 14.04, 14.10, ou Linux Mint (Cinnamon) 17 et 17.1.

Alors même s’il y a quelques couacs au niveau de certaines fonctions, ça reste très sympa à utiliser, assez joli à regarder et plutôt stable dans l’ensemble.

Ici par exemple vous pouvez voir l’interface principale du programme, qui en théorie devrait vous permettre de naviguer dans les différents répertoires de votre système et d’en prévisualiser le contenu.

lavachelibre_001

NB : Je dis en théorie car chez moi (sous Ubuntu 14.10/Gnome 3.9.90) cette fonction ne se comporte pas correctement. Quand je souhaite entrer dans un dossier ou que je me sers de la touche « Espace », la fenêtre se ferme tout bonnement. En gros il faut que je passe obligatoirement par Nautilus pour que Gloobus fonctionne correctement.

Sur la capture suivante vous pouvez voir la prévisualisation d’une vidéo (qui elle se passe très bien :)) :

David_Gilmour_Comfortably_numb_new_york_session.mp4_002

Ici vous pouvez voir ce que donne la prévisualisation d’un fichier texte :

purge.php_004

Et enfin, vous pouvez voir ce que donne la prévisualisation d’un document PDF :

Walking-Dead-Issue128.pdf_005

Voilà. Il n’y a pas grand chose de plus à dire dans la mesure où Gloobus Preview propose une fonction simple, que vous considérerez au choix comme étant utile ou non. Le mieux pour vous c’est donc de l’essayer pour vous forger votre propre opinion.

Installation :

Si ça vous tente et que vous tournez sur Ubuntu 14.04, 14.10 ou Linux Mint 17, vous pouvez l’installer à l’aide du PPA dédié et de ces quelques lignes de commande :

sudo add-apt-repository ppa:nilarimogard/webupd8
sudo apt-get update
sudo apt-get install gloobus-preview

Ajoutez également les paquets suivants afin de pouvoir prendre en charge certains types de documents :

sudo apt-get install unoconv gnumeric

Et enfin entrez ceci pour utiliser Gloobus avec Nautilus :

sudo apt-get install gloobus-sushi
nautilus -q

ou ceci si vous utilisez Nemo :

sudo apt-get install nemo-gloobus-sushi
nemo -q

Si vous tournez sous Arch Linux ou Manjaro il me semble que Gloobus Preview est disponible via les dépôts community, mais je n’ai pas eu le temps de tester. Je vous laisse donc fouiner comme des grands.

Amusez-vous bien.

ViaSource image Yoda

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