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Ploum : Les oiseaux

samedi 31 août 2013 à 12:44

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La tuyère de la fusée n’était pas encore refroidie que la porte du sas s’ouvrit. Précautionneusement, une silhouette en scaphandre descendit les échelons avant de faire quelques pas parmi les petites touffes d’herbe jaunâtre.

Après quelques vérifications de cadrans, la main gantée ouvrit la visière, dévoilant un jeune mais sec visage de femme serti d’un profond regard d’airain. Elle prit une prudente inspiration et, comme par inattention, laissa échapper un sourire.
— Tout ce qu’il y a de plus respirable, vous aviez raison docteur Wellincher. L’odeur de ce monde est même particulièrement agréable.

Tout explorateur spatial vous le confirmera : chaque planète possède son odeur propre. Alors même que les détecteurs chimiques donneraient des compositions d’atmosphère parfaitement identiques, un explorateur entraîné pourra instantanément vous dire sur quelle planète il se trouve pour peu qu’il l’ait déjà visitée.
— Cela sent bon, la température est très agréable et ce soleil violacé, bas sur l’horizon, est splendide. Venez donc me rejoindre.

Tandis que cinq formes humaines s’extirpaient à leur tour de la fusée, foulant au passage l’herbe calcinée par l’atterrissage, le commandant Ny continua son observation. Ils s’étaient posés dans une zone de végétation de type savane. Au Sud, de grands arbres espacés étaient visibles à moins d’une centaine de mètres. Sur l’horizon, l’œil exercé devinait les premiers contreforts d’une jeune chaîne de montagne. À l’Est commençait une forêt de buissons touffus d’un vert bleuâtre. Le soleil brillait dans un ciel bleu argenté où moutonnaient paisiblement quelques nuages épars.

Un grand homme au visage noir se porta à la hauteur du commandant.
— Difficile de croire que nous sommes sur la terrible Vogeloo, la planète d’où personne n’est revenu, n’est-ce-pas commandant ?
— Tout semble si paisible. Ce soleil splendide, cette atmosphère douce, cette sérénité. Un véritable paradis.
— Écoutez ! On entend même le chant des oiseaux.
— Le chant des oiseaux ? Pourquoi pas les tamtams et les ukulélés tant que vous y êtes ?
— Je vous assure commandant. Cela provient de ce bosquet de buissons, par là.

La jeune femme s’interrompit, tendant l’oreille.
— Ma parole, Vous semblez bel et bien avoir raison. Vous avez l’ouïe fine, docteur.
D’un geste, elle rassembla le reste du groupe.
— Grouchey, Bluton, vous gardez la fusée. Le reste avec moi, nous allons jeter un œil.

Les pépiements se faisaient de plus en plus distincts à mesure que les quatre explorateurs progressaient sur le sol sablonneux parsemé de végétation roussie par le soleil. Les buissons étaient espacés, entrecoupés de dégagements et de clairières dans lesquelles trônait parfois un grand arbre aux rares feuilles argentées. Le docteur Wellincher buta sur une racine apparente et, étalant sa prodigieuse masse dans le sol meuble, poussa un terrifiant juron, suave et fleuri comme seuls les véritables explorateurs spatiaux savent les inventer. Réagissant au vacarme, les buissons se mirent à bruire de milliers de battements d’ailes. Le fracas se répandit de buisson en buisson tandis que des nuées de volatiles s’envolaient en pépiant.

Médusé, le petit groupe les regarda voleter et tourner au dessus des arbres avant de se poser dans les buissons à quelque distance des intrus. Le tout n’avait pas duré plus d’une poignée de secondes.
— Des oiseaux ! Des milliers d’oiseaux ! On dirait presque des oiseaux terrestres, murmura le commandant Ny.
Crachant du sable, pestant, le docteur Wellincher se relevait.
— Merci pour l’aide ! Pouah ! Ce sable est aussi infect que le sable terrestre !
Un petit homme rond l’interpella. Ses cheveux rares se battaient en duel avec des petites lunettes d’écaille qui tressautaient à chaque reniflement de l’individu, ce qui arrivait à peu près toutes les inspirations.
— Docteur, vous qui êtes biologiste, sont-ce là des oiseaux de type terrestre ?
— Des oiseaux ? Je n’ai absolument rien vu.
— Bon sang, faites un peu attention. Nous sommes en « première », ouvrez l’œil.
— Désolé, monsieur le ministre. À chaque fois que je pose le pied sur une planète, je ne peux me retenir d’enfourner une pleine bouchée de sable. Que voulez-vous, j’aime ça. Vogeloo crisse particulièrement sous la langue. Je vous la recommande. Je vais même vous faire le plaisir de vous offrir…
— Cela suffit Wellincher ! Silence !
Bien qu’il la dépassa de près d’une tête, Wellincher n’aurait jamais discuté l’autorité du commandant Ny. Il se tut instantanément. Le petit bonhomme rond se contenta de grommeler dans son double menton. Nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que ce personnage n’était pas un véritable « explo ». Sa présence avait été imposée par le gouvernement central, commanditaire de la mission d’exploration de Vogeloo. Ny s’y était fermement opposée mais le gouvernement avait clairement fait comprendre qu’ils n’étaient pas les seuls explorateurs disponibles sur le marché.

Les pratiques de la confrérie des explorateurs spatiaux étaient bien connues. Vogeloo étant en dehors de tout couloir commercial et de toute sphère d’influence, nulle fédération ne pouvait en revendiquer la souveraineté. Aussi, la planète appartiendrait au premier qui s’y poserait. Et qui en reviendrait. Cette seconde condition paraissant, dans le cas de Vogeloo, bien plus difficile à remplir que la première.

Ne voulant point être aux prises avec un énième paradis fiscal se proclamant indépendant du gouvernement central, ce dernier avait résolu d’envoyer un de ses représentants sur place. Le fonctionnaire de seconde classe Napoge était un homme d’intérieur, passionné de sigillographie et de musique préhistorique. Sa présence dans la fusée était autant une corvée pour lui que pour le reste de l’équipe et une planète inexplorée le passionnait à peu près tout autant que l’étude du bourdonnement d’un moustique dans sa chambre au milieu de la nuit. Pour couronner le tout, les explorateurs s’ingéniaient à l’affubler du titre de ministre, ce qui était une violation flagrante du protocole de mission selon l’article quarante-deux, alinéa quatorze.
— Commandant ! Venez voir !
Navigatrice spatiale de talent, Van Oranleon était une jeune femme pleine de vitalité mais sans réelle expérience ni conscience du danger. Insouciante, elle avait poussé sa luxuriante chevelure rousse en exploration quelques bosquets plus loin.

La rejoignant, l’équipe s’arrêta, stupéfaite.

Devant eux, presqu’enfoui sous une mousse turquoise et sous les plantes grimpantes, un assemblage corrodé de sphères de plusieurs mètres de diamètre se dressait. Reliées entre elles par des tubes de la taille d’un homme, elles dégageaient un profond sentiment d’abandon que venaient atténuer les pépiements d’oiseaux. Le sang de Ny se glaça. Un instant, elle se sentit misérable, minuscule face à l’immensité temporelle qu’elle percevait dans les remugles de cet imposant vestige inhumain.
— Un vaisseau spatial ! proclama Wellincher.
— Sans aucun doute, répondit van Oranleon, mais un vaisseau non terrien. Il ne peut s’agir d’un vaisseau humain catalogué. Ancien ou actuel.
— Vous en êtes sûre ? s’enquit Ny. C’est pour le moins étonnant.
Examinant ce qui paraissait être une ouverture, le grand biologiste noir se permit de répondre :
— Commandant, je pense que vous pouvez vous fier au jugement de notre jeune recrue. Ce sas, car c’en est bien un, est dessiné pour une morphologie sensiblement différente de la morphologie humaine.
— Mais… mais… Jamais l’homme n’a rencontré d’intelligence dans l’univers ! Par toutes les galaxies, est-ce possible ?
— Possible, je ne le sais guère. Factuel, sans aucun doute. D’après la corrosion des alliages de titane et malgré son apparente conservation, j’estime l’âge de ce vaisseau à plusieurs millénaires. Cela doit être une nouvelle considérable pour votre gouvernement, n’est-ce pas monsieur le ministre ?

Napoge se curait le nez avec attention. Il leva la tête, émit un petit regard interrogateur puis se replongea avec ardeur dans son ouvrage, insensible au regard froid du biologiste.

Ny attrapa Wellincher par le coude.
— J’ai les coordonnées de tous les atterrissages officiels sur Vogeloo. Le plus proche de nous est à deux kilomètres. Celui-ci n’en fait certainement pas partie.
Van Oranleon s’extirpa avec difficulté de la sphère dans laquelle elle s’était glissée.
— En tout cas, il ne reste aucune trace des occupants. Pas même un fossile. Tout est propre à l’intérieur. Excepté une fine couche de sable, on ne trouve ni poussière ni insecte.

Sur le sommet de cette sphère, quatre oiseaux de couleurs différentes pépiaient à tue-tête en direction des explorateurs. Wellincher leur répondit en souriant.
— C’est gentil les gars, mais je ne comprends pas ce que vous voulez me dire.

Le ciel commençait à se parer de teintes plus sombres. Une brume bleutée se levait. Ny laissa échapper un soupir.
— Fini de rigoler, il est grand temps de rentrer à la fusée.
Wellincher l’interrompit.
— Dites commandant, vous ne trouvez pas qu’on est bien ici ? Elle n’est pas si mal cette planète après tout, non ?

*

Le feu de bois vogelien crépitait, jetant un éclairage mouvant sur les six visages de l’expédition. Emportées par l’air chaud, les escarbilles s’envolaient vers les rares mais brillantes étoiles du ciel de Vogeloo. Bluton réprima un sourire.
— Une fois rentré, nous devrons broder un peu sur la myriade de dangers rencontrés, sur les périls mortels que nous avons affrontés.
— Oui. Les oiseaux qui chantent, c’est un peu léger pour une planète réputée dangereuse, n’est-ce pas, Joe le monstre ? fit van Oranleon en s’adressant au timide oiseau bleu perché sur son épaule.
— Tchip ! répondit laconiquement celui-ci.
— Les oiseaux et la sérénité ! Une semaine à peine que nous sommes ici et j’ai l’impression d’y avoir vécu toute ma vie. Je ne me suis jamais senti aussi bien. Pour la première fois de mon existence, j’ai l’impression d’être enfin à ma place. Ny fixa Wellincher et lui répondit :
— Finalement, n’est-ce pas pour cela que nous sommes explorateurs spatiaux ? À la recherche éternelle d’un bonheur chimérique ?
La jeune van Oranleon ajouta :
— Cela est propre à l’humanité elle-même. Toujours plus loin. Toujours ailleurs. Toujours insatisfaite. Une tare qui nous a forcés au progrès, à l’innovation, à l’exploration. Aurions-nous essaimé la galaxie si nous nous étions contentés d’une vie tranquille consistant à élever des enfants entre deux repas avec des amis ?
— Et vous, ministre ? s’enquit Wellincher.
Le petit homme offrit son plus beau sourire béat.
— J’ai toujours eu le secret désir d’être envoyé en vacances aux frais du gouvernement. Me voilà exaucé. Il ne me manque plus que ma collection de sceaux pour faire de moi un homme comblé.
— Moi, fit Grouchey, j’envie ces oiseaux. Voler à l’infini dans le ciel, profiter du soleil. Pas de soucis, pas de pollution, pas de prédateurs. La liberté à l’état pur.
— C’est vrai, poursuivit Napoge en reniflant. Cela me plairait également de savoir voler.
— Je crois que nous sommes tous d’accord à ce sujet, fit Wellincher avec un clin d’œil. Je m’étais justement fait cette réflexion lorsque nous avons découvert le vaisseau de l’expédition EXPLO-1410. Tous ces oiseaux qui tournoyaient autour, cela me donnait fichtrement envie de les imiter.
— C’est tout de même bizarre que l’on n’ait pas retrouvé la moindre trace des occupants. Exactement comme pour le vaisseau de la mission EXPLO-1815. Ces missions sont récentes. Ils ne se sont pourtant pas volatilisés.
Ny l’interrompit.
— Ce mystère concernera les missions suivantes. Nous avons rempli notre contrat et nous repartons demain.
Un cri de désapprobation parcourut la petite assemblée.
— Oh non ! Pas déjà demain !
— Commandant, profitons-en encore un peu !
— Oh oui, encore une journée.
Ny se mordit la lèvre.
— Les gars, vous m’avez déjà dit ça hier. Ça commence à bien faire.
— Encore une journée, commandant. Juste une.
— C’est la troisième fois que j’entends ça.
— D’accord, on repart après-demain.
— D’accord, après demain. Allez, rentrons dans la fusée pour dormir.
— Dites commandant, on pourrait se faire un abri plus confortable, non ? On se sentirait un peu plus chez soi. Pourquoi ne pas construire une petite hutte ?

Une angoisse sourde bourdonnait dans les tempes de Ny. Étouffée par la béatitude et le bien-être, son instinct tentait désespérément de lui hurler quelque chose. Une hutte ? Alors que l’expédition devait déjà être repartie depuis trois jours ?
— Bonne idée Grouchey. Bonne idée. On s’occupera de ça demain.
Van Oranleon se porta à leur hauteur.
— Allez Joe le monstre, dit bonne nuit au commandant !
— Tchip, fit le volatile toujours perché sur l’épaule de sa nouvelle amie.

Alors qu’elle allait fermer le sas de la fusée, une silhouette ronde s’approcha de Ny.
— Fermez bien le sas, commandant !
— Bien sûr Napoge. Voilà qui est fait. Ne vous inquiétez… Napoge, vous allez bien ?
Le petit homme transpirait abondamment. Sa respiration était sifflante.
— Le… le gouvernement avait prévu cette éventualité.
— Quelle éventualité ?
— La situation présente. La fusée est programmée pour décoller automatiquement après une semaine. Cette nuit. Il n’y a aucun moyen de l’empêcher.
Ny hurla presque.
— Quoi ?
— J’ai essayé de trouver une parade. Je me sens si bien sur cette Vogeloo. Mais peut-être est-ce mieux ainsi. Sans doute s’agit-il d’un bonheur auquel nous n’avons pas droit.
Ny avait la lèvre qui tremblait. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Sa mission, son bien-être, son instinct. Était-il possible que le bonheur soit à ce point dangereux ? Dans un dernier sursaut, elle se rua sur le sas.
— Ne vous inquiétez pas commandant. Le sas est bloqué. Nous décollerons bientôt. Ne prévenons pas les autres, ce serait pour eux une souffrance inutile.
Ny s’effondra. Au loin, très distinctement, elle entendit le chant des oiseaux.

*

Dans un silence religieux, la fusée gisait sur l’aire d’atterrissage terrestre. L’équipe de secours se tenait prête à intervenir.
— Toujours rien ?
— Non, toujours aucun contact radio. La fusée semble s’être posée en mode entièrement automatique. Allez-y, découpez le sas.

On ne retrouva nulle trace de l’équipage. Vogeloo confirma, une fois de plus, sa tristement célèbre réputation. Les secouristes signalèrent que, au moment de l’ouverture du sas, six oiseaux multicolores s’envolèrent en pépiant à travers le ciel terrestre.

Dans le poste de pilotage, ils trouvèrent un septième volatile qui semblait les attendre.
— Salut toi, lui fit un secouriste.
— Tchip, lui répondit l’oiseau bleu.
Lillois, le 27 juin 2010

Photo de Mike Baird.

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Noireaude : GNOME Web abandonne Google Search au profit de DuckDuckGo

vendredi 30 août 2013 à 16:30

bang

Voilà qui n’était pas prévu (hasard du calendrier), mais quelques heures après avoir appris que nous avions désormais notre bang !lvl sur DuckDuckGo, ce petit billet Phoronix nous apprend que la team Gnome a décidé de se passer de Google Search présent par défaut dans Web (ex Epiphany), au profit de DuckDuckGo. L’accord conclu entre Gnome et DuckDuckGo est effectif et pour ceux que ça intéresse, ce changement devrait intervenir dans la version 3.10 de Gnome.

Étant à la fois un fervent utilisateur de Gnome et de DuckDuckgo je dois dire que je ne suis pas mécontent! Précisons tout de même (pour ceux que ça effraie) que vous conserverez le choix et que vous pourrez toujours passer par d’autres moteurs de recherches si le cœur vous en dit.

Si ça vous intéresse et que l’anglais ne vous fait pas peur, vous pouvez en savoir plus en consultant ce billet.

Amusez-vous bien et Coin!

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Noireaude : Ubuntu – Augmenter le timeout des password pour sudo

vendredi 30 août 2013 à 13:30

Sudo

Si vous utilisez Ubuntu vous avez sans doute régulièrement recours à la commande « sudo » qui sans vouloir entrer dans les détails, vous permet d’obtenir les droits « administrateur » sur une commande précise et ce, pour un temps donné (quelques minutes). En gros l’avantage est de vous permettre d’élever vos droits sur une commande et non sur l’ensemble du système.

Comme je le disais plus haut cette élévation est effective pour quelques minutes, après quoi pour la même commande il vous est demandé d’entrer à nouveau votre mot de passe. Si ce principe est très bien en terme de sécurité (les droits de restent pas actifs trop longtemps) le temps donné peut vous paraître un peu court si vous utilisez souvent sudo et vous avez peut-être envie d’en augmenter le timeout pour ne pas avoir à entrer trop souvent votre mot de passe.

Nb : Si vous n’utilisez sudo que pour vos mises à jour ou pour quelques commandes ici et là tous les 36 du mois, ne touchez à rien. Si en revanche vous utilisez souvent votre terminal et que vous ne connaissiez pas encore cette petite astuce, nous allons voir vite fait comment augmenter le timeout de la commande sudo sur Ubuntu (cela doit également fonctionner sur d’autres distributions ou dérivés, mais je n’ai pas testé).

Pour se faire rien de plus simple. Il suffit d’éditer le fichier suivant à l’aide de cette ligne de commande :

sudo visudo

Comme vous pouvez le voir sur la capture d’illustration, il suffit ensuite de modifier la ligne :

Defaults env_reset

en ajoutant la chaîne suivante, ou « XX » représente le nombres de minutes que vous voulez définir avant la fin du timeout :

timestamp_timeout=XX

La ligne modifiée devrait alors ressembler à ceci (n’oubliez pas la petite « , ») :

Defaults env_reset, timestamp_timeout=10

Il ne vous reste plus ensuite qu’à enregistrer les changements en pressant « CRTL+X », suivi d’un appui sur la touche « Enter ».

Ici j’ai choisi 10 minutes mais vous êtes libres de choisir la durée de votre choix. Par mesure de sécurité je me permet quand même de vous conseiller de ne pas choisir une valeur trop élevée.

Voilà, j’espère que cela vous sera utile, amusez-vous bien.

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Ploum : Printeurs 2

vendredi 30 août 2013 à 13:17
Ceci est le billet 2 sur 2 dans la série Printeurs

Mon dieu qu’elle est belle. Sans sourciller, elle étudie le menu. Bégayant, j’essaie tant bien que mal de lancer la conversation :
— Quel merveilleux hasard que nous nous soyons croisé.

Elle baisse le papier électronique qu’elle a dans les mains et me regarde :
— Il n’y a aucun hasard, j’avais besoin de toi.

Je m’interromps, la bouche pendante, les yeux grands ouverts. En une seule phrase, cette soirée vient de prendre un tour mystérieux et absolument imprévu.
— Comment ça « besoin de moi » ?
— Oui, de ton expérience avec l’impression 3D.
— Tu ne pouvais pourtant pas deviner que je t’inviterais au restaurant. Pourquoi ne pas m’aborder directement ?
— Il y avait trop de gens. Cela aurait paru suspect. Alors qu’un geek qui drague à une conf, quoi de plus normal ? J’ai donc programmé notre rencontre.

Je bondis et, d’un geste brusque, j’arrache mon neurex que je jette sur la table.
— Je le savais ! On peut donc les utiliser pour influencer les gens ! C’est criminel !

J’ai les mains qui tremblent, je suis sur le point de hurler. Dans le restaurant, un grand silence s’est fait et tout le monde a la tête tournée vers nous. Je remarque que les porteurs de lunettes, ceux qui ne sont pas encore passé aux lentilles, portent la main à une des branches pour activer l’enregistrement vidéo, au cas où il se passerait quelque chose de croustillant et susceptible d’attirer les spectateurs sur leur compte Youtube.

Eva a l’air étonnée. Elle pose une main apaisante sur mon épaule et m’encourage à me rasseoir.
— Mais qu’est-ce que tu racontes ? Le neurex est un bête capteur électromagnétique. Il ne peut reconnaître qu’une dizaine d’instructions basiques et quelques pulsions ou états d’esprits, mais c’est tout. On n’a même pas encore réussi à dicter un texte ou une suite de chiffres avec. Comment veux-tu qu’il soit utilisable en écriture ? Ce serait comme vouloir graver un vieux DVD avec une lampe de poche.

Je prends une profonde inspiration.
— Écoute Eva, ce que j’ai ressenti en te voyant ce matin, je ne l’avais jamais vécu auparavant, pour aucun homme ou aucune femme. Pour tout te dire, tu n’es pas mon genre. Et pourtant je tuerais pour toi. Je suis follement amoureux de toi. Mon cœur s’emballe à chacun de tes messages, j’ai les mains moites à l’idée que tu sois en face de moi. Je te connais à peine et je pense que je t’aime.

Voilà, je l’ai dit. D’une traite, sans respirer. La bombe est lâchée. Elle va s’offusquer. Ou condescendante, m’expliquer qu’il faut apprendre à mieux se connaître. Au lieu de cela, elle éclate de rire. Un rire franc, cristallin.

— Cela fonctionne encore mieux que prévu, me sourit-elle.
— Mais quoi ? Comment ?
— La pub, tout simplement.
— Quelle pub ?
— Celle qui est projetée continuellement dans tes lentilles. Celle qui borde chacun des sites que tu visites. Celles qui te souffle une phrase entre deux chansons de ta playlist.
— Mais j’ignore la pub. Je n’y fais jamais attention. Je n’achète pas les produits que je vois, protestai-je avec véhémence !
— C’est justement parce que tu crois qu’elle ne fonctionne pas qu’elle est si puissante. Elle ne s’adresse pas à ton esprit analytique mais à ton inconscient. Ce n’est pas au Nellio intelligent, ingénieur et philosophe que la pub s’adresse. C’est au Nellio qui a peur du noir, qui ne peut s’empêcher de penser qu’il y a un dieu qui surveille nos actions. C’est au Nellio qui ressent un fourmillement dans l’entrejambe à la simple vision d’une paire de fesses que s’adresse la pub. Tu crois vraiment que tous les services que tu utilises pourraient être largement financés par quelque chose qui ne fonctionne pas ?

Je reste ébahi, sans voix. Trop d’idées se bousculent en ce moment dans mon cerveau pour pouvoir les analyser ou les comprendre. Péniblement, je tente d’articuler :
— Mais comment as-tu fait ?
— Ce n’est pas difficile. Les réseaux sociaux se battent pour te vendre de l’affichage. Afin de réduire les coûts, j’ai ciblé autant que possible ta tranche démographique, géographique et tout ce que tu veux avec le suffixe -ique. J’ai envoyé des dizaines d’annonces pour des services bidons mais qui, à chaque fois, mettaient en valeur, selon tes critères, une femme de mon genre. Il y a suffisamment d’études sur le sujet, ce fut assez facile.
— Mais d’autres ont du voir ces publicités !
— Peut-être qu’à l’heure actuelle, un jeune geek de ton genre se prend soudainement à fantasmer sur les femmes à la peau matte, répond-elle en rigolant.

Je repense à ces pubs pornographiques qui m’assaillaient. Dire que je pensais que les pubs lisaient mes pensées alors, qu’en vérité, elles se contentaient de les influencer. J’oscille entre la rage et l’incrédulité. Me mordant le poing, je sanglote d’une fureur à peine contenue :
— Mais pourquoi ? Pourquoi ?

Eva tourne la tête et regarde autour d’elle. Passant une main devant ses yeux, elle fait le signe traditionnel pour me demander confirmation du fait que je ne suis pas en train d’enregistrer. J’acquiesce, elle prend une profonde inspiration.
— Tu ne t’es jamais demandé pourquoi on pouvait payer pour ne pas avoir de publicité ?
— Et bien c’est juste une question de confort…
— Non Nellio. Les riches vivent dans un monde différent. Ils décident et nous imposent exactement leur volonté, comme je l’ai fait pour toi. La démocratie n’est plus qu’un leurre. Certaines publicités sont conçues pour nous donner une impression de libre arbitre. Et cela, depuis la plus tendre enfance. Remettre en question l’ordre établi n’est plus une pensée possible.
— Tu racontes n’importe quoi. Ça se saurait. Et puis, c’est un peu facile les méchants riches contre les gentils pauvres.
— Oui, en effet, il y a toute une gradation. Mais ceux qui vivent entièrement sans pub forment une caste à part. Ils ont leurs règles et sont très rares.

Rapidement, je fais le calcul dans ma tête. C’est vrai que vivre sans pub 24h sur 24 est un budget assez impressionnant. Mon salaire n’y suffirait pas. Étrangement, je me sens plus calme. Comme si elle venait de confirmer une idée que j’avais déjà au fond de moi.
— Tu ne devrais pas avoir trop de mal à accepter l’idée, me dit-elle. Je t’ai également préparé à ça.
— Mais… Mais comment sais tu tout ça ?
— Parce que mes parents ont tout sacrifié pour que j’aie une enfance sans la moindre pub. Pour faire des économies, je ne pouvais porter les lunettes que durant les périodes où ils achetaient la non publicité. Mes deux parents, eux, s’étaient configuré un affichage maximal. Ils ont sacrifié leur libre arbitre et leur santé mentale pour moi.

Peut-être est-ce le conditionnement ? Instinctivement, je pose ma main sur la sienne. Elle ne la retire pas et me regarde au plus profond des yeux. Comme une âme damnée, je plonge dans le ténébreux gouffre de son regard. Un murmure glacial s’échappe de ses lèvres :
— Je suis pauvre mais je sais penser comme une riche. Je vais changer le système

 

Photo par Trey Ratcliff.

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Stéphane Laborde : Revenu de Base : la Masse Monétaire exprimée dans elle-même

vendredi 30 août 2013 à 09:42

Comme je l’ai expliqué dans « l’unité monétaire RdB« , on peut actualiser directement la notion de monnaie libre, en adoptant immédiatement son unité relativiste de mesure monétaire qui fait référence à son fondement.

Exprimer toute mesure économique en RdB, participe de la connaissance de cette unité de mesure relativiste, de sa diffusion, de l’intérêt pour sa compréhension, et de l’aspiration pour sa généralisation.

Utiliser d’autres unités de mesure, participe des mêmes propriétés pour les fondements de ces autres unités. Aussi un relativiste, tenant de l’adoption, du développement et de l’utilisation d’une monnaie libre, devrait autant que possible utiliser l’unité de mesure compatible avec le fondement qu’il contribue ainsi à exprimer.

Tout d’abord nous pouvons récupérer l’historique de l’évolution du proto-RdB Français exprimée dans l’unité €.

Historique du RdB France

Historique du RdB France

Ensuite, nous récupérons les données concernant l’évolution de la masse monétaire exprimée dans cette même unité €, et publiée tous les mois sur le site de la BCE. On notera au passage la nouvelle contraction de la croissance monétaire, passée sous la barre des 2% annuels (12 mois glissants).

M1, M2, M3, € Août 2013

M1, M2, M3, € Août 2013

Il est donc maintenant facile d’exprimer la masse monétaire directement dans elle-même, c’est à dire en nombre de revenus de bases (ici en milliards de RdB).

M3_RdBOn calculera en sus aisément, étant donnés les 330 millions de citoyens de la zone €, que cette masse monétaire représente donc en 2013, 20 000 millions RdB / 330 millions de citoyens = 60 RdB par citoyen.

Le nombre de citoyens de la zone ayant très peu évolué depuis 2001 (les pays la rejoignant depuis étant peu peuplés par rapport aux pays membres), on obtiendra donc la même forme, exprimé alors véritablement dans l’unité fondamentale de la TRM, qui est l’unité « Revenu de Base par citoyen ».

Masse Monétaire en nombre de Revenus de Bases par Citoyen

Evolution 2001 – 2013 de la Masse Monétaire en nombre de Revenus de Bases par Citoyen

Ainsi un citoyen qui aurait 60 RdB sur son compte monétaire serait situé exactement à la moyenne de la zone monétaire (et un responsable de famille devrait multiplier par le nombre d’individus dans cette famille).

Ainsi donc nous percevons directement par ce changement d’unité, que de 2001 à 2008 la création monétaire a doublé en nombre de Revenu de Base, ce qui signifie que la monnaie a été créée au bénéfice d’une catégorie spécifique de citoyens qui en a pleinement bénéficié, au détriment de la base monétaire relativiste : le Revenu de Base.

Etant donné ensuite que de 2008 à 2013, le rattrapage n’a pas été effectué, l’inéquité reste pleinement active depuis 2001. Cette création monétaire arbitraire est pleinement irrattrapable pour les 12 ans cumulés de son application.

Il ne sera pas en effet possible de réparer cette distribution illégitime des ressources pour tous ceux qui sont passés de vie à trépas pendant cette durée, ni pour ceux qui seront décédés d’ici à ce qu’un jour, un tribunal librement établi prenne en charge l’application des réparations économiques pour tous les dégâts individuels ainsi engendrés et maintenus arbitrairement dans la durée.

Pour conclure, un dernier aperçu sur l’évolution du bilan de la BCE elle-même, qui participe directement de l’arbitraire, à l’aide des dénommés « QE = Quantitative Easing » qui ne sont qu’une distribution arbitraire d’une monnaie auto-proclamé « commune », pour les uns, au détriment des autres.

Bilan BCE Août 2013

Bilan BCE Août 2013

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