Pendant la nuit, le chien pleure tellement fort que le chat descend de
l'arbre et va le voir. Il s'assied à portée de patte du chien pour lui remonter
le moral. Il lui glisse à l'oreille de se montrer fort, mais le chien ne
comprend pas ce que ça veut dire, il ne l'écoute même pas d'ailleurs. Il
continue de faire ce qu'il fait depuis le début de la nuit : pleurer.
C'est plus fort que lui : cela se voit, cela s'entend. De temps à autre,
il se redresse comme il peut, mais la corde le tire en arrière d'un coup sec et
il se recroqueville de douleur. Quand il pleure, il tourne la tête vers le
ciel. Il pleure en poussant des cris aigus à la lune, on pourrait croire que
son maître habite là-haut. Son chagrin est tel que ça vous écorche les
oreilles.
À la fin, le chat n'en peut plus. Alors que le chien se couche une énième
fois pour reprendre son souffle, il se penche vers son oreille et lui dit d'une
voix haute et claire :
— Arrête. je te dis de te montrer fort et toi, tu fais tout le contraire. Tu
pleures, tu pleurniches, tu sanglotes comme si ta patte était prise dans un
piège à loups. Tu ferais mieux de serrer les dents. Tu ferais mieux de tendre
les muscles. Tu ferais mieux d'arracher la corde.
Le chien retient son souffle. Tout au fond de sa gorge, il sanglote encore,
mais sur sa figure, on peut lire qu'il réfléchit à ce que le chat vient de lui
dire. Il ouvre un œil et de cet œil regarde le chat.
— Arracher la corde ? dit-il.
— Oui, dit le chat.
— Comment ça, arracher la corde ?
Tire ! À la une, à la deux, à la trois, hop là !
Tout en disant cela, le chat est content de ne pas avoir les yeux posés sur
la corde. Il a conscience qu'elle est très épaisse et que le nœud est bien
serré autour du tronc. Il faudrait au moins cent chiens pour l'arracher.
Néanmoins, il répète :
— À la une, à la deux, à la trois, hop là ! Voyons, t'es un chien ou
t'es une souris ?
Chien ou souris ?
Les articles à propos d'Archlinux se suivent et, dans la foulée, les
commentaires vont bon train. Ce qui n'est pas pour nous [Cyrille Borne et
associés] déplaire. C'est bon pour les stats même si l'on s'en moque éperdument
des stats. Ce n'est pas le nombre qui importe mais plutôt d'être lu, que ce que
nous avons à dire trouve échos.
Dans les réactions suscitées par cette série (ouverte) d'articles consacrés
à Archlinux, une chose me frappe particulièrement : la certitude que
beaucoup manifestent sur leur niveau de maîtrise [sous-entendu : acquise
par l'installation et l'administration d'une Arch] et la valeur non moins
grande accordée à la documentation disponible… en anglais.
Dis-toi que maintenant tu peux installer n'importe quelle distrib[ution]
(manque Gentoo en fait) et tu comprends le fonctionnement des autres.
— dacrovinunghi.
Oui, il faut vraiment installer une Archlinux à partir de la
documentation anglaise.
— lann.
Quid de la documentation française ? — Certes, comme le
rappelle Cep, elle a le mérite d'exister. Et, comme je l'ai dit également, il
est bien de remercier les contributeurs pour ce partage. Soit. On pourrait s'en
tenir là et tourner la page. Cependant, je crois qu'on peut mieux faire.
Donner, comme je l'ai fait, quelques exemples de pièges tendus, certes
involontairement mais des pièges tout de même, difficiles à éviter quand on
n'est pas familier de la distribution, pointer, çà et là, ce qui peut gêner ou
entraver, sinon l'installation, l'utilisation d'une distribution, n'est pas, en
soi, une mauvaise chose, à l'exemple du dépôt "AUR" — qui est, quoi qu'on en dise, bel et bien un dépôt, comme son
nom l'indique — donné dans mon article précédent. Si ?
Je garde un goût amer de mon dernier article que j'avais mâché et remâché
avant de le publier. Amer, depuis le commentaire #9, celui de Fred qui m'apprend que
j'ai entretenu une confusion, tout au long de mon article, sur le dépôt
communautaire "AUR". J'en grimace encore.
Mais j'ai un peu de mal à en endosser l'entière responsabilité. Raison pour
laquelle j'ai préféré ne pas modifier le corps de l'article mais plutôt ajouter
une note : « Au moment de la rédaction de cet article, il n'y avait pas 48 heures que j'avais
installé Arch. Je confonds allègrement le dépôt communautaire "AUR" et le dépôt
communautaire [archlinuxfr]. Ce que Fred Bezies me précise dans le commentaire
#9. Vous excuserez, certainement cette confusion mais… j'ai un peu de mal à en
porter la responsabilité. À aucun endroit, ni dans le guide de Fred, ni dans
celui de Julien, cette distinction n'est faite clairement. Voyez par exemple
ce que dit Julien… » [6°)].
Dépôt "AUR" et dépôt "[archlinuxfr]", tous deux communautaires mais très
différents. Ce qui pourrait faire l'objet d'un article dans les mois à venir.
Pas maintenant. Pas assez de temps.
Oui, je n'ai plus beaucoup de temps devant moi avant de partir, le grand
loin m'appelle, mais je vais en perdre (à plaisir) un peu tout de
même pour illustrer plus encore mon propos.
— Oui, je le répète encore, les quelques guides d'installation existants,
notamment ceux de Fred, de Julien et celui disponible sur le wiki Archlinux.fr,
quels que soient leurs mérites et défauts propres, sont précieux.
L'installation d'une Arch n'est pas simple, nous dit Fred Bezies
en commentaire. Et de nombreux commentateurs le confirment. —
Mais la vérité d'une telle proposition dépend avant tout de notre système
de références. L'installation d'une Debian peut, elle aussi, paraître
insurmontable à l'utilisateur nouvellement débarqué sous Linux. Il en
va de même, d'ailleurs, de n'importe quelle autre distribution.
On a tendance à cristalliser toute l'attention sur la nature de
l'installateur, comme le fait justement remarquer 4nti7rust :
Mais la vraie question ici c'est : Est-il bien normal qu'une
distribution qui se targe d'être l'incarnation même de la simplicité en soit
toujours à l’ère maudite des installations en console (à savoir que, il y a
encore quelques mois, il y avait quand même un installateur graphique.
Régression on vous dit !) ? Après toutes ces années d'un combat sans
fin avec la méchante grosse trust crosoft, on ne daigne même pas rendre la
peine de rendre le fruit du labeur acharné de ces bonnes âmes qui œuvrent sans
rien demander pour le bien commun. Pourquoi s’arrêter si proche du
but ?
Au-delà des enjeux économiques soulevés par ce commentaire, l'enjeu énoncé
plus explicitement ici, pour l'utilisateur, serait à chercher du côté de
l'ergonomie et de la simplicité d'utilisation. "CLI" contre "interface
graphique". Au vrai, la différence ne me semble pas si fondamentale qu'on veut
bien le laisser entendre.
On sait d'expérience que la préparation des partitions peut rapidement
devenir laborieuse si, par exemple, l'on utilise plusieurs disques durs et/ou
plusieurs OS. Arch, Debian ou Fedora, pour n'en citer que trois, de ce point de
vue, présentent une différence notable quant aux interfaces : CLI pour
Arch, contre interface graphique pour les autres. À bien y regarder, quelle
soit l'interface utilisée, l'opération n'en est pas moins délicate
dans tous les cas. Et pour être très honnête, je ne suis pas beaucoup plus
rassuré, pas beaucoup plus à mon aise quand je re/formate en CLI ou depuis une
interface graphique. C'est même très certainement le moment le plus tendu.
Hormis, bien évidemment, quand mon disque est complètement vierge, où là j'ai
l'esprit léger et vagabond.
Passer quatre cinq commandes de formatage avec un utilitaire comme "mkfs" peut
être déconcertant ou déroutant quand on en a pas l'habitude. Je veux bien
l'entendre. Mais posons-nous tranquillement, posément, la question :
Quelle(s) différence(s) y a-t-il entre sélectionner en trois clics de
souris telle ou telle partition, tel ou tel format, et passer quelques
commandes en CLI pour obtenir exactement la même chose ? — Le
geste ? Le périphérique d'entrée ? Clavier Vs souris ? Si c'est
là une différence majeure ou remarquable, rien de plus, rien
de moins, alors je ne vois pas là matière à faire le paon. Et, pour
tout dire, je suis pour le moins surpris qu'on trouve à s'enorgueillir d'une
différence aussi insignifiante.
Au fond, on peut se poser la question autrement. Qu'est-il réellement besoin
de connaître, face à l'écran noir avec le prompt, pour demander l'exécution de
cette suite d'instructions telle que Fred et d'autres la proposent ?
mkfs.ext2 /dev/sda1
mkswap /dev/sda2
mkfs.ext4 /dev/sda3
mkfs.ext4 /dev/sda4
Pas grand chose sinon l'identification de la nature des partitions, leur
localisation dans la système de fichiers et les touches de son clavier. Pas de
quoi fouetter un chat. Qui connaît réellement, parmi les archers, ce qui
distingue tous ces systèmes de fichiers (swap, ext2, ext4) ? Bien peu
j'imagine. Et je fais partie du lot des ignorants même s'il m'est arrivé, par
le passé, de lire moult — pages, et d'autres encore, sur lesdits système de
fichiers. Je dois bien avouer qu'aujourd'hui, pour le coup, il ne m'en reste
plus grand chose. Tout ça a pris la poussière.
Il en va de cette suite de commandes comme de cette proposition
arithmétique, 2 x 2 = 4. En dehors de circonstances définies, elle est tout
autant un non-sens que la suite de commandes précédente. C'est dans leur emploi
seul qu'elles prennent du sens. Mais si l'on me demandait de fonder l'une ou
l'autre, je serais bien ennuyé. Je les sais vraies ou exactes, l'une et
l'autre, dans certaines circonstances, parce que je les ai apprises, je les ai
reproduites. Elles appartiennent à mon système de référence. Rien d'autre.
N'en va-t-Il pas de même lorsque l'on configure sa connexion réseau ? —
Renseigner le nom de la machine, associer l'adresse MAC d'une carte à telle
interface, vérifier le chargement du module et configurer sa connexion en DHCP,
tout ça n'a rien de bien sorcier, reconnaissons-le. En tout état de cause, je
ne vois rien là, ou si peu, qui autorise à se prévaloir d'une maîtrise ou d'un
contrôle remarquablement exceptionnel sur sa machine. Encore une fois,
posons-nous la question autrement : Que connaissons-nous réellement de
tous les outils que nous avons configurés, ce faisant ? —
Honnêtement… pour ma part, pas grand chose. Et j'ai peine à croire qu'il en va
tout autrement pour beaucoup de ceux qui ont installé une Arch un jour dans
leur vie.
Ainsi, quand l'archer affirme qu'en installant une Arch, il « contrôle
de A à Z » son installation, j'ai des doutes. La souplesse de ce
« grand jeu de légo ou de mécano » n'est en rien une particularité
archéenne. On la trouve tout autant sous Debian et d'autres. Quand je dis que
j'ai des doutes, ce n'est pas à propos de tel ou tel archer que j'ai des
doutes. J'ai des doutes sur le niveau de maîtrise ou de contrôle dont beaucoup
se piquent, comme je l'ai dit dans mon article précédent et comme j'ai essayé
de le montrer aussi à propos de l'utilisation du dépôt "AUR" (erreur de
syntaxe, directive absente, etc.), de ses dépendances et des "choix" très
personnels de logiciels que l'on donne, à l'installation, comme nécessaires,
alors que, peut-être, certains autres mériteraient quelque attention. Même si
j'ai eu peu d'écho en retour à ce propos, je crois salutaire, de tirer un peu
plus fort encore sur la corde. Seul je n'arriverai à rien ou pas grand
chose…
À propos de l'auteur : Christophe
Original post of Cyrille BORNE.Votez pour ce billet sur Planet Libre.