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Tuxicoman : FSlint, supprimer efficacement les doublons sur votre disque dur

dimanche 1 juin 2014 à 01:02

fslint  permet de détecter les fichiers en double sur son disque dur et propose une interface pratique pour supprimer ceux qui vous font perdre le plus d’espace de stockage.

Normalement, il devrait être dans les dépots de votre distribution.

C’est une alternative à fdupes présenté récemment par « La vache libre ».

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kao : Mapping des flux avec ffmpeg

samedi 31 mai 2014 à 20:29
FFmpeg permet de manipuler l'ordre des flux  audio ou vidéo contenus dans un format (ou un container) à l'aide du mapping. Cette fonctionnalité est très utile et simple à mettre en place lorsque l'on a compris le principe. On peut ajouter un sous-titre à une vidéo facilement, dupliquer une piste, faire une extraction juste de l'audio ou juste inverser l'ordre des flux.
Je m'attarde sur cette fonctionnalité parce qu'elle me semble essentielle à la bonne prise en main de ffmpeg.
Et surtout, une fois que l'on a compris cela, on peut quasiment tout faire.


Contenu de l'élément à traiter:
Un format (ou container) en .mkv par exemple peut contenir plusieurs flux vidéo, audio ou sous-titres ainsi que des meta-donnés. On parle de flux ou de stream.

Pour cet exemple j'ai téléchargé à l'aide de cclive la bande d'annonce du projet Gooseberry de la fondation Blender disponible en creative commons sur Youtube:
cclive -s fmt43_360p  https://www.youtube.com/watch?v=XfezG5M2ICg

En interrogeant ffmpeg sur la vidéo, on peut se rendre compte de son contenu:
ffmpeg -i GooseberryTeaser.mp4
On peut voir qu'il y a deux flux, un de vidéo numéroté en zéro:
    Stream #0:0(und): Video: h264 (High) (avc1 / 0x31637661), yuv420p, 1280x536 [SAR 2144:2145 DAR 1024:429], 1246 kb/s, 24 fps, 24 tbr, 24 tbn, 48 tbc (default)
et un flux audio numéroté en un:
    Stream #0:1(und): Audio: aac (mp4a / 0x6134706D), 44100 Hz, stereo, fltp, 191 kb/s (default)

Mapping:
Dans notre cas le mapping permet par exemple de dupliquer un flux audio:
ffmpeg -i GooseberryTeaser.mp4 -map 0:0 -map 0:1 -map 0:1 -c copy GooseberryTeaserOut.mp4 

J'ai fait une copie à l'identique du flux audio:
    Stream #0:0(und): Video: h264 (High) (avc1 / 0x31637661), yuv420p, 1280x536 [SAR 2144:2145 DAR 1024:429], 1246 kb/s, 24 fps, 24 tbr, 24 tbn, 48 tbc (default)
    Stream #0:1(und): Audio: aac (mp4a / 0x6134706D), 44100 Hz, stereo, fltp, 191 kb/s (default)
    Stream #0:2(und): Audio: aac (mp4a / 0x6134706D), 44100 Hz, stereo, fltp, 191 kb/s (default)

Je peux éventuellement faire un traitement sur la piste audio que je viens de dupliquer:
ffmpeg -i GooseberryTeaser.mp4 -map 0:0 -map 0:1 -map 0:1 -c:v copy -c:a:0 copy -c:a:1  libvorbis -qscale:a 5 -ar 48000 GooseberryTeaserOut.mp4 

J'ai fait une conversion en vorbis, avec modification de l'échantillonnage (48khz) ainsi que de la compression:
    Stream #0:0(und): Video: h264 (High) (avc1 / 0x31637661), yuv420p, 1280x536 [SAR 2144:2145 DAR 1024:429], 1246 kb/s, 24 fps, 24 tbr, 12288 tbn, 48 tbc (default)
Stream #0:1(und): Audio: aac (mp4a / 0x6134706D), 44100 Hz, stereo, fltp, 191 kb/s (default)
Stream #0:2(und): Audio: vorbis (mp4a / 0x6134706D), 48000 Hz, stereo, fltp, 139 kb/s (default)


-c:v copy me permet de copier à l'identique tout les flux vidéo.
-c:a:0 copy me permet de copier à l'identique le premier flux audio:
-c:a:1  libvorbis -qscale:a 5 -ar 48000 me permet d'appliquer la conversion en vorbis qu'au flux audio n°2
(Mélanger du 44100Hz avec du 48000Hz est un mauvaise idée, à ne pas faire dans la vraie vie :) )

Ici, j'ai donc procédé au mapping,puis j'ai fais la conversion:
Extraction:
Donc si on peut dupliquer une piste, je peux en supprimer, il me suffit de ne pas déclarer tout les flux:
ffmpeg -i GooseberryTeaser.mp4 -map 0:1 -c:a copy GooseberryTeaser_Son.mp4

Insertion:
A l'inverse, avec deux fichiers en entrée (input) je peux faire de l'assemblage:
ffmpeg -i GooseberryTeaser.mp4 -i GooseberryTeaser_Son.mp4 -map 0:0 -map 0:1 -map 1:0 -c copy   GooseberryTeaserOut.mp4
  • -map 0:0 faisant référence au premier flux du premier “input” : soit la vidéo du fichier “ GooseberryTeaser.mp4
  • -map 1:0 faisant référence au premier flux du deuxième “input” : soit l'unique piste audio du fichier “GooseberryTeaser_Son.mp4


Une fois ce principe compris, vous pourrez faire vos propres assemblages, ou extractions, la manipulation des flux devient plus facile. 
Sachez tout de même que toutes les combinaisons ne sont pas possible, comme de la vidéo dans du mp3, tout dépends du container que vous aurez choisit.

Pour aller plus loin, j'ai rédigé un tuto assez complet sur ffmpeg ici:
http://wiki.debian-facile.org/doc:media:ffmpeg

Ce billet était juste là pour mettre en lumière, cette fonction que je trouve maintenant indispensable.

 

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Blogmotion : Les extensions installées dans mon navigateur

samedi 31 mai 2014 à 10:00

Ce billet fait echo à celui de Thierry qui nous parlait des extensions Chrome qu'il utilise. De mon côté j'utilise Firefox et Google Chrome, que ce soit à titre personnel ou professionnel. Les deux se complètent très bien par leur catalogue d'extensions.

extensions-firefox-chrome

Parlons justement des extensions, car il y en a tellement que sans le bouche à oreille on ne sait pas lesquelles choisir, surtout que le moteur de recherche des extensions Chrome est vraiment peu performant.

Voici les extensions que j'utilise avec Firefox et Google Chrome.

Firefox

adblock Edge : adblockplus est assez controversé (pour l'affichage de publicités ce qui est un combre), voici une excellente alternative

Clic&clean : effacer rapidement cookies, historique, etc via un menu rapide (aussi dispo pour Chrome)

CouponsHelper : affiche les codes de réduction sur la plupart des sites marchants

DownThemAll! : pour télécharger en multithread, utile sur un serveur lent ou sur une page remplies de lien à télécharger

Firefox OS Simulator : pour jouer avec Firefox OS

Gmail Notifier : être notifié des nouveaux emails Gmail (visuel+sonore)

Gmail small window : affiche Gmail dans une sorte de pop-in

Greasemonkey : pour utiliser les scripts du même nom (de moins en moins nombreux)

OpenDownload² : pour exécuter un fichier binaire sans l'enregistrer (il reste en temp windows)

Tamper Data : permet de modifier les requêtes GET/POST à la volée, pratique pour tester la sécurité de votre site (injection notamment)

Chrome

Adblock : une bonne alternative à adblockplus

Better Usenet : simplifie la recherche de fichier NZB sur les sites de recherche comme Binnews, Binsearch, NZBclub. Il cherche en cascade sur tous les méta moteurs NZB jusqu'à trouver le fichier

Color Icons for Gmail : ajoute de la couleur sur l'interface Gmail (boutons)

Disconnect : permet de connaître quels sont les sites qui tenter de vous pister pour violer discrètement votre vie privée à l'aide de cookie douteux. Evitez d'utiliser son concurrent Ghostery qui est assez décrié. A utiliser en complément d'un adblock

EditThisCookie : très particulier et lié à du développement web, elle permet de modifier les cookies d'un domaine (+création et suppression).

Extensity : permet d'activer ou de désactiver une extension Chrome d'un seul clic (merci Thierry!)

Eye Dropper : extension open source qui permet de récupérer la couleur d'une page web, pratique pour le webdesign et gagner un peu de temps, il en existe plein d'autres et celle-ci n'a rien de bien particulier mais dispose du color picker.

Page Load Time : affiche le temps de chargement d'une page. Utile pour savoir si le chargement d'un site prends anormalement de temps, surtout si c'est le vôtre. Dans mon cas j'affiche les réglage de cache de WordPress avec les données de chargement.

PageRank Status : affiche la popularité d'un site, basé sur alexa, PR, nombre de pages indexées dans les moteurs, infos DNS, etc.

Project Naphta : elle permet de sélectionner le texte dans une image, plus que bluffant ! Je l'active à la demande car elle gène le clic sur les images comportant du texte.

Sabconnect++ : permet d'ajouter un fichier nzb à télécharger sur mon NAS Synology mais aussi de gérer la file (pause, stop, vitesse)

Shoptimate : pour trouver le site le moins cher où acheter un produit

XML Tree : permet d'afficher le contenu d'un fichier XML sous forme d'arbre

Et vous, des extensions que vous trouvez indispensables ?

Vous devriez me suivre sur Twitter : @xhark

Article original écrit par Mr Xhark publié sur Blogmotion le 31/05/2014 | 2 commentaires |
Attention : l'intégralité de ce billet est protégée par la licence Creative Commons

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Antistress : Google, Apple, Facebook et Amazon : allez tous vous faire

samedi 31 mai 2014 à 03:14

Le mot foutre parodiant le logo Google

J'ai longtemps tergiversé pour savoir par quel service de courriels je pourrais remplacer Gmail : je cherchais un service qui semble pérenne, dont les serveurs seraient en Europe, dont le contrat d'utilisation serait respectueux de la vie privée, etc.

Dans l'attente, et pour faciliter le changement, j'ai déjà abandonné l'interface en ligne Gmail pour un logiciel neutre tournant sur ma machine.

Sauf qu'on ne peut plus attendre.

Sauf que je ne peux plus attendre.

Il y a le feu à la maison

La situation est devenue telle qu'adopter n'importe quelle alternative aux Big Four sera un acte civique.

Les pratiques des Google, Apple, Facebook et Amazon (alias le GAFA ou les Big Four, donc) sont bien connues : pratiques attentatoires à la vie privée des utilisateurs, aux intérêts financiers des États (évasion fiscale), aux entreprises concurrentes, aux entreprises dépendantes [1], etc.

À présent, la question n'est plus de savoir quelle alternative éthique nous devons choisir : ça c'est presque le bonus, la cerise sur le gâteau.

Si vos investigations ne vous permettent de trouver rapidement une alternative éthique, il est malgré tout urgent d’adopter toute solution alternative aux Big Four, ne serait-ce que pour rééquilibrer les choses, essayer de garder le jeu un minimum ouvert (ou d'empêcher qu'il ne se ferme d'avantage), limiter le pouvoir déjà excessif de ces colosses effrayants.

Un exemple : vous cherchez un moteur alternatif à Google mais les DuckDuckGo, Ixquick ou StartPage, qui mettent en avant la préservation de la vie privée de leurs utilisateurs, ne vous conviennent pas ? Essayez Bing : Microsoft est un nain à côté de Google dans le domaine de la recherche, et rien n'est pire que la situation actuelle dans laquelle Google jouit d'un monopole sur ce secteur.

Deuxième exemple, déjà abordé dans ces colonnes : soutenez Firefox sur PC et Android, plutôt que le navigateur de Google, pour permettre à Mozilla de peser à nouveau sur les standards du Web (vous pouvez même tenter l'aventure Firefox OS si le cœur vous en dit !).

Troisième exemple : vous cherchez à remplacer Gmail mais vous n'avez pas encore arrêté votre choix sur une des nombreuses alternatives recensées ? Une bonne vieille et rassurante adresse @laposte.net et vous voilà débarrassés de Google, c'est aussi simple que cela !

Quatrième et dernier exemple : prenez la décision d'arrêter dès maintenant et définitivement de commander sur Amazon, même si vous pensez être gagnant de quelques euros sur un produit. Vous êtes en réalité en train de perdre beaucoup, beaucoup plus. Préférez n'importe quelle enseigne alternative comme la Fnac, Darty, Rue du commerce, LDLC, etc. Vous avez le choix : profitez-en pendant qu'il en est encore temps.

Pour résumer, ce qu'il faut comprendre, dans la terrible guerre qui est en train de consacrer un quatuorvirat dont chacun des membres est capable d'imposer au monde entier sa puissance, dont chacun des membres est en mesure de modeler la réalité afin qu'elle corresponde à ce qu'il souhaite, dont chacun des membres est décidé à étendre encore son pouvoir par tous moyens : c'est la nécessité première, à ce stade, pour chacun de nous, de contribuer à freiner sa toute puissance en préférant n'importe quelle – je dis bien n’importe quelle – alternative.

Amis libristes, retenez bien ces deux principes qui doivent s'imposer à vous dans l'état d'urgence actuelle :

J'ai donc décidé d'appliquer dès à présent ces principes à moi-même [2], et je vous invite à en faire autant. La menace étant connue et même notoire, nous n'avons aucune excuse à ne pas agir pour la contrer. Et lorsque nous devrons comparaître devant le tribunal des générations futures, nous n'aurons aucune excuse à ne pas avoir agi pour la contrer.

Je termine ce billet en citant ce couplet tiré de la chanson « Respire », du groupe Mickey 3D :

Tes petits-enfants diront : comment t'as pu laisser faire ça.
T'auras beau te défendre, leur expliquer tout bas :
C'est pas ma faute à moi, c'est la faute aux anciens.
Mais il n'y aura plus personne pour te laver les mains.



Mickey 3D - Respire



[1] Lire par exemple « Chantage : Google, Apple et Amazon, les tontons écrabouilleurs » (Le nouvel Observateur, 29/05/2014) et, surtout : « Le patron d'Axel Springer : "Nous avons peur de Google" » (Le Journal du Net, 22/04/2014).
[2] N'étant actuellement complice ni d'Apple ni de Facebook, les habitudes à changer concernent, pour ma part, Google et Amazon.

L'illustration en tête du présent billet a été réalisée par mes soins avec le logiciel GIMP et la police de caractère TeX Gyre Pagella, tous deux sous licence libre (respectivement la GNU GPLv3 et la GFL).

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Romaine Lubrique : En défense de l'imitation, remarquable conférence TEDx de Gwenn Seemel

samedi 31 mai 2014 à 00:16

« Le droit d'auteur est non seulement une réalité juridique mais c'est également une réalité conceptuelle qui conditionne les esprits et privatise l'expression artistique. J'ai fait un autre choix. »

Brillante et salutaire intervention que celle donnée le 7 avril dernier par la très libre portraitiste franco-américaine Gwenn Seemel dans le cadre du TedX Geneva qui avait pour thème « Freedom (@ digital age) ».

Elle nous rappelle ici les relations étroites que l'imitation et la copie entretiennent avec un processus créatif plus proche, pas essence, du domaine public que du droit d'auteur.

Pour la petite histoire, j'étais moi-même invité à ce TEDx (avec, entre autres, Richard Stallman et Tristan Nitot) et co-coupable de la présence de Gwenn. Or les conférences TED, c'est quelque chose qui ne s'improvise pas et donne lieu, comme au théâtre, à plusieurs répétitions devant les autres participants avant la représentation finale sur scène. À peine arrivé (en retard) en Suisse qu'on me propose d'assister illico à une première répétition, celle de Gwenn justement. J'en suis resté soufflé, dans le fond comme dans la forme. Et je me suis dit alors que j'allais être bien minable (avec ma préparation à l'arrache dans le train) si toutes les autres interventions étaient du même acabit !

En défense de l'imitation - Gwenn Seemel - TEDx Geneva

Transcript

On dit que « l'imitation est la forme la plus sincère de la flatterie ». Et on a raison de le dire, mais ce n'est pas tout. L'imitation est la flatterie, et c'est la critique. C'est l'affirmation, le contexte, la possibilité. On pourrait même dire que l'imitation est la culture elle-même.

Et si cela semble scandaleux et même incompréhensible, je comprends pourquoi. Je n'ai pas toujours été fan de l'imitation moi non plus, jusqu'à ce que je devienne artiste professionnel, et, plus précisément, portraitiste.

Je crée des tableaux comme celui-ci. Je peins aussi d'autres choses, mais les visages sont vraiment mon truc. Et cela veut dire que je suis l'artiste le plus chanceux au monde. Après tout, la plupart des artistes ne peuvent pas être sûrs que qui que ce soit s'intéresse à ce qu'ils font, à part leur maman. Le portraitiste, cependant, sait qu'il aura un public fasciné composé d'au moins une personne. Qu'il l'apprécie ou le déteste, le sujet aura une forte réaction à son portrait. Il va aussi avoir un fort attachement à son portrait.

Quand quelqu'un parle d'un tableau en disant « mon portrait » il veut généralement dire que c'est un portrait de lui et non par lui. Par exemple, voici mon portrait. C'est un portrait de moi, mais ce n'est pas mon œuvre. Il a été peint par mon amie, Becca Bernstein. Pourtant, quand je regarde le tableau, j'ai la forte impression qu'il est à moi. Et je sais que, quand Becca regarde le tableau, elle a la forte impression qu'il est à elle. L'idée de l'appartenance des portraits est un peu compliquée.

Cette toile a prouvé ce fait au début de ma carrière. Le sujet était galériste dans ma région et tous les blogueurs d'art écrivaient sur lui. Certains d'entre eux ont utilisé cette image pour ajouter un peu de couleur à leurs articles, et l'un d'eux ne m'a pas nommée quand il l'a fait. Il a dit que cette image appartenait au sujet plus qu'à moi.

Au début, j'ai trouvé cette idée choquante, mais, quand j'y ai un peu réfléchi, j'ai compris que ce ne sont pas seulement mes portraits qui ne m'appartiennent pas vraiment : c'est toute ma production créative. J'ai besoin d'un monde d'inspirations et d'influences pour faire mon art, et, même si ces inspirations et influences n'ont pas toujours des visages, cela ne veut pas dire qu'ils n'existent pas, ou qu'ils ne participent pas à mon travail. Mon art appartient au monde autant qu'il m'appartient.

C'est pour ça que je renonce à mon droit d'auteur. C'est pour ça que je mets mon art directement dans le domaine public, libre d'être utilisé par quiconque, de n'importe quelle manière, pour n'importe quelle raison.

Peu d'artistes font de même. La plupart croient au droit d'auteur. Ils pensent que tout ce qu'ils créent—chaque griffonnage, chaque e-mail—tout cela doit leur appartenir. Cela semble si évident. Comme s'il n'y a pas moyen de le remettre en question. Comme si c'est un principe de l'univers.

Mais ça ne l'est pas.

L'idée que l'expression artistique peut être la propriété de quelqu'un vient du droit d'auteur. Et cela veut dire que le droit d'auteur n'est pas seulement une réalité juridique, quelque chose pour les juges et les avocats à régler, c'est aussi une réalité conceptuelle. Un paradigme. Même si c'est un paradigme bien établi, cela ne veut pas dire que ce soit la seule façon d'organiser la culture.

L'utilisation de l'image, comme ce portrait sur des blogs. Ou la copie de l'image, comme ce portrait ailleurs. Ou le remix de l'image, comme ce portrait refait par un autre artiste. Toutes sous contrôle absolu des artistes, selon le droit d'auteur. Essayons plutôt de leur accorder une liberté absolue. Si on concevait l'imitation comme non seulement bénéfique mais même nécessaire et tout à fait naturelle ?

On dirait que c'est le cas quand on regarde les bébés. Quelques heures après la naissance, un bébé peut imiter l'expression sur le visage d'une autre personne. Et ce n'est que le début pour nous. Lorsque nous sommes adultes, la copie fait tellement partie de tout ce que nous faisons que nous nous en rendons même plus compte.

Nous ne sommes pas la seule espèce pour laquelle l'imitation est nécessaire. Tous les animaux sociaux et intelligents copient, mais les humains le font particulièrement bien. Nous sommes des imitateurs. Des copycats. Des perroquets. Nous essayons toujours de refléter les autres, d'être sociables, de nous entendre les uns avec les autres. En témoignage de notre aptitude à copier, considérons nos langues et expressions culturelles comme la technologie, la religion, l'art. Tout cela existe simplement parce que nous sommes d'excellents imitateurs.

Si chacun de nous avait voulu être à l'origine de la langue, avait insisté pour donner un nom à chaque chose, nous n'aurions jamais abouti à une langue. Quelqu'un doit commencer à imiter pour que le sens des mots soit établi et que la communication se produise. Quelqu'un doit commencer à imiter pour que la langue existe.

L'imitation crée donc la langue, crée la culture, mais elle crée également un contexte pour les éléments culturels, qu'il s'agisse de nouveaux gadgets, de peintures, de tendances de la mode. Et ce contexte culturel est important pour deux raisons :

1) il rend l'élément culturel compréhensible et donc utile.

2) il propage cet élément à grande échelle, permettant à certains de le modifier pour la génération suivante.

Considérons par exemple les réseaux sociaux. Certains d'entre vous se souviennent sans doute de Myspace. Myspace était cool, pendant un moment, puis il a perdu de son importance avec l'arrivée de Facebook et Twitter. Ces nouveaux outils sont essentiellement la même chose. Ils fournissent un lieu de rassemblement en ligne. Mais ils ont rejeté quelques-unes des caractéristiques les moins populaires de Myspace et ajouté de nouvelles. Ils sont une évolution—ou une imitation avec quelques modifications.

Il est difficile cependant de déterminer l'origine des réseaux sociaux. On pourrait dire que ce sont les forums de Craig's List. Chacun de ces formats s'appuie sur celui qui l'a précédé avec le contexte qui l'a engendré. Et la seule raison pour laquelle les réseaux sociaux et l'Internet lui-même sont importants est parce que nous les utilisons, et nous les utilisons à cause de leur importance pour beaucoup de gens. En d'autres termes, ça doit être une fête et particulièrement une fête où nous faisons tous des choses similaires pour que la culture existe.

Tout cela pour dire que, ensemble, nous créons le sens, le but, l'importance des lieux de rassemblement en ligne. Nous créons le sens de la technologie, de la religion, et de l'art. Comme nous créons le sens des mots que j'utilise. Nous le faisons ensemble, en nous imitant les uns les autres.

Ainsi, la culture évolue par des imitations imparfaites au fil du temps. Mais vous devez vous demander où vous vous situez dans tout ça. Je parle de l'imitation, et tout le monde sait que vous êtes unique. Exceptionnel. Nous le sommes tous !

Et heureusement que c'est le cas, parce que, sans nos singularités, la culture serait en difficulté. Si la culture évolue par des imitations imparfaites au fil du temps, quelqu'un doit fournir ces imperfections. Ainsi, vos bizarreries font de vous un individu, mais ils sont aussi la source d'originalité. En ce qui concerne l'art, on peut le dire ainsi :

L'art = l'idée + la technique + la personne

Et c'est la personne dans cette formule qui apporte ces délicieuses imperfections. C'est aussi la personne qui ne peut jamais être imitée. Les idées et les techniques, celles-ci sont mûres pour la copie, et j'en fais beaucoup dans mon art.

Avec cette œuvre par exemple. C'est l'image d'une chauve-souris frugivore de Dayak, un mâle allaitant son petit, une spécialité de cette espèce fascinante. Pour créer le tableau, j'ai travaillé à partir d'images que j'ai trouvées en ligne et à la bibliothèque. Je les ai remixées pour faire ma composition—voici un dessin—puis j'ai commencé à peindre. Ces photos sont prises chaque jour ou chaque semaine selon le temps que je passais avec cette œuvre, et quand je les regarde, je me rends compte que j'avais du mal. J'ai donc fait ce que je fais toujours quand j'ai des problèmes : je me suis tournée vers le monde, vers les autres artistes. Plus précisément vers l'histoire de l'art du 15ème siècle. J'ai regardé les images les plus célèbres d'un parent avec son enfant dans l'art occidental. La Vierge de Fouquet en particulier m'intéressait. Alors je l'ai étudiée très attentivement et puis j'ai redessiné mon image à partir de ce qu'il avait fait. J'ai commencé à nouveau, à ajouter les couches, petit à petit, jusqu'à ce que j'aie achevé l'œuvre.

J'ai copié Fouquet. Il n'est ni le premier ni le dernier artiste que j'imiterai ainsi. Je lui ai volé sa composition, mais je ne pense pas trop vous offenser—et pas seulement parce que Jean est mort depuis 500 ans. Quand vous regardez cette image, je suis là, et j'espère que c'est seulement une agréable surprise quand vous vous rendez compte que Fouquet est là avec moi.

Je dis toujours que je ne me soucie pas que mon art soit ou non connu après ma mort. J'insiste sur mon bonheur à créer des œuvres qui sont appréciées aujourd'hui, de mon vivant, et de pouvoir gagner ma vie en tant qu'artiste, c'est vraiment génial. Mais ce n'est pas tout.

La vraie mesure du succès d'une œuvre d'art est qu'elle devienne comme l'art de Fouquet. Qu'elle soit copiée copieusement. Remixée vigoureusement. Qu'elle soit intégrée dans nos vies à tel point que nous oubliions qu'il y a des lois qui nous empêchent de jouir de l'art à notre gré. En d'autres termes, la vraie mesure du succès d'une œuvre d'art est que nous ayons le sentiment que l'art nous appartient au moins autant qu'il appartient à l'artiste.

C'est ce que je veux pour mon art, et c'est quelque chose que je commence à voir.

Une de mes amies aimait vraiment cet autoportrait, elle a donc décidé de mettre son propre visage dans la composition. Voici un détail d'une plus grande peinture, qui est un remix d'un tableau par Chagall. Une adolescente anglaise a vu l'image de détail et a décidé d'en faire sa propre version en peinture. Les étudiants et les artistes émergents font souvent des portraits dans mon style. Parfois, je participe. Parfois, un professeur me demande de faire la critique pour le bénéfice des étudiants. Et d'autres fois, ces images étonnantes apparaissent tout simplement dans ma boîte de réception.

Voici mon exemple préféré de mon art imité. C'est la traduction d'un livre que j'ai écrit et illustré avec mes peintures. Vivian Lin est une étudiante et une artiste à Hong Kong, et elle a fait la traduction.

Et le travail qu'elle a fait a non seulement rendu ce livre accessible à un tout autre public mais il confirme aussi le pouvoir de la culture libre. Après tout, si j'avais mis le c du copyright sur tout mon art et si j'essayais de contrôler mes œuvres, il est probable que Vivian n'aurait jamais eu ce sentiment que le livre lui appartenait au point de vouloir faire tout ce travail de traduction.

On dit que « l'imitation est la forme la plus sincère de flatterie » et c'est tout à fait le cas pour les exemples que je viens de donner. Mais pour beaucoup d'artistes, ce n'est pas la même chose. Ils ressentent l'imitation comme une violation. Ces sentiments ne sont pas très agréables, mais ils ne sont pas inéluctables. Ce n'est pas l'imitation qui en est la cause. C'est la façon dont les artistes considèrent l'imitation qui en est la cause. C'est le paradigme du droit d'auteur.

La prochaine fois qu'on vous copie, même si c'est pour utiliser votre art pour faire un tas d'argent sans partager un sou avec vous, au lieu de vous mettre en colère et d'embaucher des avocats, essayez de voir l'imitation comme une invitation. Une invitation à collaborer ou à en apprendre davantage sur la façon dont votre art est perçu par les autres. Essayez de penser à l'imitation comme un portrait.

Un portrait est, après tout, l'imitation d'une personne. Il ne peut pas être une imitation exacte. Il n'est pas fait de chair et de sang. Mais le portrait est, par définition, reconnaissable. Et quand vous regardez un portrait de vous—même si c'est juste une photo instantanée—vous vous sentez peut-être confronté. Ai-je vraiment cette tête ? Est-ce ainsi que les gens me voient ? Un portrait peut renforcer les inquiétudes que vous avez sur votre apparence ou sur vous-même, mais il peut aussi vous rappeler que vous êtes beau.

Un portrait peut le faire. Toute imitation le fait.

Ces jours-ci, la copie a une mauvaise réputation. En grande partie, la copie est rendue illégale par le droit d'auteur. Je n'irai pas jusqu'à dire que toutes les formes d'imitation sont toujours bénéfiques, mais je vous demande de réévaluer pourquoi nous la méprisons tellement. Après tout, sans l'imitation, nous n'aurions pas de culture, et nos imperfections charmantes, qui nous rendent uniques, seraient vides de sens.

C'est notre capacité à imiter qui fait de nous l'espèce la plus fortunée au monde. Que nous l'apprécions ou que nous le détestions, être imité, c'est faire partie de la culture. Alors, pourquoi ne pas l'aimer ?


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