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Max Koder : Yunohost : Nextcloud sur un disque dur externe

mercredi 19 juillet 2017 à 00:06
nextcloud sur un disque dur externe

Comme vous le savez, j’ai récemment acheté un Raspberry. Plus que y héberger mon blog, j’aimerai par la même sensibiliser ma famille au danger que représente les GAFAM.
C’est un combat assez difficile, puisque tous ont une utilisation d’internet très différente. Ma femme utilise un dropbox et ne se déconnecte jamais de Facebook, mon père vit du commerce en ligne et connaît donc bien ce que je connais peu, le business internet, le référencement etc, et ma mère n’en est pas très coutumière. Elle a même réussit à me souhaiter mon anniversaire sur Facebook (que je n’utilise pas), à quelqu’un qui n’a même pas le même nom que moi. Véridique.
Mes frères et sœurs sont également de la partie, avec une vie sociale virtuelle allant du no-life sur Wow au Twitter addict.
Pour ma part, je suis le petit extraterrestre qui bidouille sur PC et fait du code bizarre alors que ça ne me rapporte pas un sou.
Bref, chacun utilise internet comme il en a besoin/envie.
J’ai donc monté un nextcloud (sur Yunohost) sur mon Raspberry pour inciter tout ce petit monde à se libérer des méchants commerciaux (utopie inside).
N’ayant que 28Go de disponible sur la mini SD, voyons comment monter nextcloud sur un disque dur externe avec Yunohost. Les manipulations ont été faites sur un Raspberry mais sont également valables pour un PC ou autre serveur Yunohost.

Monter un disque dur externe

Prenons l’exemple scolaire où rien n’est monté sur le serveur.
Récupérez un disque dur externe qui traîne et branchez-le sur le serveur.
Pour ma part, j’ai pris un DD 2.5 SATA de 750Go qui faisait autrefois office de disque interne pour mon PC actuel (remplacé par un SSD), que j’ai mis dans un boîtier.

Une fois le disque branché en USB, nous allons pouvoir récupérer son UUID.

Récupérer l’UUID d’un disque

L’UUID d’un disque est un identifiant censé être unique, ce qui va nous permettre de le reconnaître quand il sera branché.
Pour le récupérer, il faut, une fois connecté en root sur le serveur, lancer la commande

blkid
:
root@YunoHost:~# blkid
/dev/mmcblk0: PTUUID="34edcb80" PTTYPE="dos"
/dev/mmcblk0p1: LABEL="boot" UUID="0F5F-3CD8" TYPE="vfat" PARTUUID="34edcb80-01"
/dev/mmcblk0p2: UUID="0aed834e-8c8f-412d-a276-a265dc676112" TYPE="ext4" PARTUUID="34edcb80-02"
/dev/sda1: LABEL="Data" UUID="ab41f7a4-0622-4b79-8ca4-90ca81f3b7d0" TYPE="ext4" PARTUUID="f5d252a9-ed73-4d2e-9181-435365daea8e"

Les 3 premières lignes correspondent à :

La dernière ligne correspond au disque dur que je viens de brancher.
On peut voir que je lui ai donné le nom de ‘Data’ lors du formatage et que l’unique partition est de type ext4.

L’élément important est l’UUID. Copiez-le, nous en aurons besoin plus tard.

Montage automatique du disque

Ici, nous allons définir comment le disque devra être monté au démarrage de la machine.
Il est possible de le monter à la main, mais il est plus pratique qu’il se remonte tout seul en cas de coupure :/

Pour cela, nous allons éditer le fichier /etc/fstab :

nano /etc/fstab

proc            /proc           proc    defaults          0       0
/dev/mmcblk0p1  /boot           vfat    defaults          0       2
/dev/mmcblk0p2  /               ext4    defaults,noatime  0       1
# a swapfile is not a swap partition, no line here
#   use  dphys-swapfile swap[on|off]  for that

UUID="ab41f7a4-0622-4b79-8ca4-90ca81f3b7d0" /media/data ext4 defaults,nofail 0 0

La partie haute est ce qu’il y avait par défaut.
J’ai passé une ligne et rajouté ceci :

UUID="ab41f7a4-0622-4b79-8ca4-90ca81f3b7d0" /media/data ext4 defaults,nofail 0 0

3 points à vérifier :

Pour en savoir plus sur le fichier fstab, la doc sur Debian est très bien faite.

Important : pour votre tranquillité, n’essayez pas d’utiliser une partition ntfs pour vos applications Yunohost. Ce type de fichiers ne gère pas bien les permissions et encore moins les propriétaires, indispensables pour votre serveur Yunohost.

Pour enregistrer, faites Ctrl+O, Enter, puis Ctrl+X pour quitter nano et revenir au Shell.

Pour vérifier que le disque se monte bien au démarrage du serveur, redémarrez-le avec la commande

reboot
, puis essayer de lister les dossiers et fichiers présents dans /media :
root@YunoHost:~# cd /media
root@YunoHost:/media# ls
data

Le dossier ‘data’ apparaît, le disque est bien monté.

Droits sur le disque

Je parlais de droits tout à l’heure. Actuellement, seul l’utilisateur root a le droit de lire, écrire et exécuter sur votre disque dur.
C’est ennuyeux pour une simple raison : À l’installation d’une application, Yunohost créé un nouvel utilisateur avec les droits sur les fichiers et dossiers qu’il a à manipuler.
Mais si vous modifiez les chemins où sont stockés ces fichiers, cet utilisateur n’aura pas les droits pour y accéder.
Pour l’application Nextcloud, l’utilisateur en question est simplement nextcloud.

Pour cela, tapez cette commande dans le Shell :

chmod 775 -R /media/data/

Ce qui permet de modifier les droits du dossier /media/data et tout ce qu’il contient, avec tous les droits pour le propriétaire et son groupe, et le droit de lecture et d’exécution pour les autres. Pour plus de précisions sur les droits, voir la doc Ubuntu (valide Debian).

Data de Nextcloud

Intéressons-nous maintenant aux dossiers et fichiers des utilisateurs de Nextcloud.
Ceux-ci sont stockés dans le dossier /home/yunohost.app/nextcloud/data.
Pour gagner de la place, nous allons les déplacer sur le disque dur externe que nous avons montés.

Arrêt du serveur web

Avant tout, pour être sûr qu’aucun utilisateur n’envoie ou télécharge un fichier, nous allons arrêter le serveur web (Nginx).
Pour cela, tapez la commande :

service nginx stop

Cela évitera toute corruption de fichiers.

Déplacement des fichiers

Nous pouvons à présent déplacer les fichiers utilisateurs de Nextcloud sur le disque :

mv /home/yunohost.app/nextcloud /media/data/nextcloud

Ici je prends le dossier /home/yunohost.app/nextcloud et son contenu et le déplace à la racine de notre disque, à l’emplacement /media/data/nextcloud.

Puis on peut vérifier que les fichiers ont bien été déplacés à l’endroit voulu :

root@YunoHost:/media# ls /media/data/nextcloud/data
appdata_ogdtup4cwhos  files_external  maxkoder
appdata_ogra24yicyhb  index.html      nextcloud.log

Tout est bon, on continue.

Configuration

Comme le script n’est pas encore magique, il va falloir indiquer à Nextcloud où sont à présent stockées ces données.
Éditez le fichier de configuration de Nextcloud :

nano /var/www/nextcloud/config/config.php

Remplacez la ligne :

'datadirectory' => '/home/yunohost.app/nextcloud/data',

par :

'datadirectory' => '/media/data/nextcloud/data',

Adaptez avec le chemin que vous avez mis bien sûr.

Puis vous pouvez redémarrer Nginx, nous allons tester tout ça :

service nginx start

En essayant d’accéder à Nextcloud, vous ne devriez pas avoir de soucis.

.ocdata

Personnellement, j’ai eu ce soucis au départ, car je n’avais pas modifié les droits sur le disque, chose que l’on a fait plus haut.
En essayant d’accéder à mon instance Nextcloud, j’ai eu ce beau message :

Pour avoir essayé, la création du fameux fichier .ocdata dans le dossier data ne changera rien du tout. Ce qu’il faut, c’est vérifier et accorder les droits nécessaires à l’application.

Droits

Pour chaque dossier parent de /media/data/nextcloud/data, vérifiez que les autres utilisateurs aient au moins le droit de lecture et d’exécution sur ces dossiers.
Pour tester simplement, authentifiez-vous avec le compte nextcloud et tentez d’accéder à ces dossiers :

su nextcloud
ls /media/data/nextcloud

Si le contenu du dossier est affiché, c’est bon. En revanche, si vous avez ce message :

Permission denied

C’est que les droits sur le dossier ne sont pas suffisants. Corrigez comme suit :

chmod 0775 /media/data/nextcloud

Propriétaire

Si cela ne fonctionne toujours pas, vérifiez que le dossier /media/data/nextcloud/data possède les bons propriétaires. Comme dit plus haut, l’utilisateur détenteur doit être nextcloud, de même que le groupe.

Pour vérifier, faites un :

ls /media/data/nextcloud -l

Vous devriez avoir les droits suivants :

drwxr-x--- 5 nextcloud nextcloud 4096 Jul 17 17:30 data

Si ce n’est pas le cas, il faut attribuer le dossier à nextcloud :

chown nextcloud:nextcloud /media/data/nextcloud/data

Après cela, tentez à nouveau d’accéder à Nextcloud, ça devrait fonctionner, avec les fichiers sur votre disque dur externe !

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Benoît Boudaud : À la découverte de l’informatique dans les nuages avec Seafile

mardi 18 juillet 2017 à 14:48

Bonjour,

Quand j’étais petit, je me souviens que la télévision en noir et blanc ne diffusait que trois chaînes : TF1, Antenne 2 et FR3. Dans le temps, y’avait pas Linternet mais on manquait de rien.

On partait jamais en vacances. On passait nos étés à battre le blé au fléau avant de le vanner mais on manquait de rien, on était vrai heureux. À Noël, quelle joie de découvrir dans mon sabot une orange que je partageais avec mes douze frères et soeurs. On écoutait Tino Rossi sur un vieux mange-disques mais pas trop longtemps pour pas user les piles. À minuit, on allait à la messe de minuit avec Jacquou le croquant, notre voisin qui avait été amputé des deux jambes après avoir sauté sur une mine en Indochine. C’était le bon temps.

Les téléphones n’étaient pas portatifs mais on manquait de rien, on était heureux comme tout. À la télé, tous les morveux regardaient Le Village dans les nuages. C’était une série avec des extrathérèses réfugiés dans le hameau du Glaude et du Bombé. C’était poilant! Qu’est-ce qu’on était heureux de manquer de rien!

Aujourd’hui, à cause du réchauffement climatique, le ciel est aussi bleu qu’un monochrome d’Yves Klein et il n’y a plus de village dans les nuages. Cela dit, l’esprit de ce lieu singulier n’a pas complètement disparu puisque de nos jours, il n’est pas rare de stocker ses données personnelles dans un nuage. On appelle ça l’informatique en nuage ou cloud computing en anglais. D’aucuns prétendent qu’il s’agit d’informatique dématérialisée mais c’est une illusion! Les données sont, de toute façon stockées quelques part, que ce soit sur un strato-cumulus, au fond d’une mine, dans le cul d’une vache ou bien dans un Raspberry pi!

Tiens justement, pour mes dernières vacances en France, j’ai eu la bonne idée d’emporter mon Raspberry pi. Il se trouve que j’ai également acheté le magazine Linux inside consacré à ce drôle de petit ordinateur. Au passage, je suis moyennement satisfait de mon acquisition. Je trouve que les tutoriaux sont parfois d’une précision toute relative (en termes de pédagogie). À 12,90€, je m’attendais quand-même à quelque chose de plus consistant. Notez qu’il est fort possible que ce soit aussi mon cerveau qui soit d’une précision toute relative.

rasp_guide

Bref, je suis tombé sur un tuto qui explique comment transformer son « Rasp » en nuage avec Owncloud. Je me suis lancé dans l’aventure et après moult déboires, j’ai réussi à créer mon propre nuage sur mon propre serveur. Cerise sur le gâteau, les données étaient stockées non pas sur la carte micro-SD du Raspberry mais déportées sur une clé USB de 31 GO. La grande classe!

Sauf que le nuage owncloud, je le trouvais bien lourd à l’usage. Le téléversement de mes documents prenaient des plombes, à tel point que je n’ai même pas osé essayer avec des images. J’avais grand peur de faire fondre mon rasp! Était-ce la faute d’Owncloud ou du Raspberry? Je ne saurai jamais le fin mot de l’histoire puisque tout a planté après quelques jours d’utilisation. Je me suis retrouvé devant une page blanche et d’une certaine manière, j’étais soulagé. Pour celles et ceux que ça intéresse quand-même, voici le tutoriel que j’ai suivi pour installer owncloud :

https://www.digitalocean.com/community/tutorials/how-to-install-and-configure-owncloud-on-ubuntu-16-04

Installation de Seafile

Je me suis donc mis en quête de solutions alternatives et j’ai jeté mon dévolu sur Seafile, un cloud certes un peu plus modeste en termes de capacités mais qui me comble de joie. Pour ce faire, j’ai utilisé ce tutoriel :

http://www.pihomeserver.fr/2014/09/24/raspberry-pi-home-server-hebergement-fichier-seafile/

Comme l’auteur l’explique à la fin, pour démarrer le serveur Seafile, il faut entrer cette commande :

seafile.sh start

Il faut également démarrer la partie hub qui permet les connexions :

seahub.sh start

N’ayant nullement envie d’entrer ces deux commandes à chaque connexion, je les ai paramétrées dans l’onglet Applications au démarrage d’Ubuntu Mate (le système d’exploitation de mon raspberry) afin qu’elles se lancent automatiquement à l’ouverture de session. Attention toutefois de ne pas lancer la commande Seahub en même temps que la commande Seafile! Ça ne fonctionnera pas. Il faut la lancer avec un léger temps de retard. Pour ma part, j’ai choisi soixante secondes.

Donc, pour résumer, ça nous donne ceci :

Système > Préférences > Personnel >Applications au démarrage

/home/ordinosor/seafile-server-3.1.6/seafile.sh start
sh -c "sleep 60; /home/ordinosor/seafile-server-3.1.6/seahub.sh start"

L’interface graphique de Seafile

Si tout s’est déroulé comme prévu, vous allez arriver sur une page qui vous invitera à vous connecter et à profiter pleinement des fonctionnalités de votre cumulo-nimbus. Le téléversement des documents est très rapide (grâce au glisser-déposer), le téléchargement aussi.

 

 

Cliquer pour visualiser le diaporama.

Petit bémol toutefois par rapport à owncloud, il n’y a pas d’extensions telles qu’un agenda ou un répertoire d’adresses téléphoniques. Je souhaiterais également déporter les données sur une clé USB de 30 GO pour avoir plus d’espace de stockage mais je n’ai toujours pas réussi à venir à bout de cette opération. Il faut dire aussi que je n’ai pas encore essayé.

En tout cas, je suis tout à fait satisfait de mon nouveau cumulo-nimbus!

seafile_2
C’est moi…

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Framablog : Politique : pour les arcanes c’est Arcadie

mardi 18 juillet 2017 à 08:08

Nous avons tendance à voir et juger d’un peu loin le monde politique, ou plutôt par le miroir déformant des affaires et des scandales : la corruption du milieu parlementaire, hélas bien présente, fait presque écran au fonctionnement réel des institutions et de ceux qui sont censés nous représenter. S’informer davantage, mieux connaître, comprendre, identifier qui fait quoi et dans quelles conditions demande du temps et des recherches dans de multiples directions. C’est pourquoi le projet Arcadie, initiée par Tris Acatrinei, revêt toute son importance. On peut même considérer qu’il est d’utilité publique et citoyenne. En rendant disponibles et compréhensibles sur un portail unique des informations peu accessibles et dispersées, il donne un bon exemple d’utilisation des données publiques pour le bien commun.

 

Bonjour Tris, peux-tu te présenter brièvement ?
Brièvement, je ne sais pas faire, je ne suis pas comme François Hollande, une experte de la synthèse. Plaisanterie mise à part, je suis juriste de formation mais j’ai commencé à bricoler en informatique, ce qui m’a amenée à rencontrer  notamment Eric Walter et à rejoindre l’Hadopi. Après un passage dans un cabinet de droit de propriété intellectuelle et industrielle, période pendant laquelle, je me suis beaucoup occupée de mon premier « bébé » Hackers Republic, j’ai été embauchée comme assistante parlementaire. J’en suis partie pour monter le Projet Arcadie.

Sérieux, t’as bossé pour la Hadopi ? Mais alors, ça existe ?
Et même que si tu dis le nom de l’institution trois fois, MFM apparaît dans ta douche.

C’est bien comme nom Arcadie, mais pourquoi ce choix ? À cause de l’utopie ?
Officiellement, oui. En réalité, le nom m’a été inspiré par XFiles et Resident Evil.

L’accroche du projet c’est « Pour enfin tout savoir sur les parlementaires français ». C’est alléchant, mais est-ce que ça veut dire qu’on ne sait pas tout sur les parlementaires ? Pourtant il y a des pages Wikipédia, des fiches de l’Assemblée Nationale, les sites web des parlementaires eux-mêmes, des journalistes qui parfois font leur métier et tout… il y a des choses qu’on ignore, donc ?
Il y a toujours des choses qu’on ignore mais en fait, quand j’étais AP (assistante parlementaire), je passais beaucoup de temps à chercher qui étaient les députés, leurs résultats d’élections, leur présence sur le Web, etc. Je ne trouvais rien qui centralise toutes les infos essentielles, notamment les fonctions dans les partis. Or, ce que peu de gens savent, c’est que les élus qui ont des responsabilités au sein de leur parti ne sont pas forcément les plus productifs dans leurs assemblées. Par ailleurs, les fiches sur le site de l’AN et du Sénat sont déclaratives.
Ma valeur ajoutée est la vérification des infos, le croisement : je farfouille partout et je veux que les gens puissent trouver en trois clics les infos qui les intéressent. Par exemple, connaître à l’instant T le nombre de parlementaires LREM, également avocats, toujours en activité.

La page d’accueil du projet Arcadie

Qu’est-ce qui a motivé ce projet au départ ? Tu dis sur ton site que c’était un projet professionnel, et que ça n’a pas abouti. Pas trop aigrie ?
Je me disais que si j’avais un besoin d’infos centralisées, à jour et vérifiées, je ne devais pas être la seule. Au début, je voulais en faire un projet entrepreneurial mais comme je ne suis pas une commerciale, ça ne l’a pas fait. En fait, je suis plus heureuse de ne dépendre que des dons car les gens savent pourquoi ils en font. Le risque de dépendre du mécénat ou de subvention est que tu te muselles pour ne pas déplaire. Et si un jour, ça doit s’arrêter, eh bien, ça s’arrêtera.

Tu pouvais gagner ta vie honorablement en faisant du développement, du droit, du community management, de la sécu, etc. Bref tu as pas mal de cordes à ton arc. Pourquoi avoir choisi un projet comme celui-là et de t’y consacrer à plein temps ?
Pendant un moment, je jonglais entre Arcadie et d’autres activités mais avec l’affaire Fillon, puis l’affaire Le Roux, j’ai été plus exposée médiatiquement et mécaniquement, j’ai eu plus de travail à faire. Pour le moment, je consacre 75 % de mon temps à Arcadie mais on verra dans quelques mois. De ce que j’en vois, ce n’est pas uniquement la plateforme de données qui intéresse les gens mais aussi les livetweets de séance à l’AN, la pédagogie autour de la politique, de la chose parlementaire, les explications, etc. Je pars du principe que si tu veux faire les choses sérieusement, tu dois y consacrer un certain temps donc j’y passe le temps nécessaire.

La question qui pique : est-ce que ce site serait libre d’accès et public si tu avais réussi à le faire financer par une boite ?
Arcadie a été entièrement financé par mes économies :) Aujourd’hui, la plateforme ne vit que de dons et ne reçoit ni mécénat d’entreprises ni subventions publiques. Pour être honnête, 3 jours avant l’affaire Fillon, je disais à ma meilleure amie que si une boîte me mettait une certaine somme d’argent sur la table, j’étais prête à en céder la propriété. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ou alors pour un montant colossal.

Toutes ces informations que tu centralises et rends disponibles avec un moteur de recherche et des filtres que l’on peut croiser, tu les trouves où ?
Sur les sites institutionnels, mais aussi les sites des partis politiques, la presse quotidienne régionale, la presse quotidienne, les blogs mais aussi, parfois, certaines informations me sont remontées en off.

Tu t’appuies donc aussi sur ton réseau de connaissances ?
Ça m’arrive mais je veille à avoir une source sérieuse, officielle ou explicite.

Tu récoltes tout à la main ?
Non, quelle drôle d’idée. J’ai des trackers qui font le boulot à ma place. Je me contente de vérifier que les contenus signalés comme ayant subi une modification correspondent à une réelle modification et pas à un faux-positif. Pour les nouvelles infos, je scrape carrément les sites et je fais le tri.

Les contenus textuels ainsi que les images font l’objet d’une licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. mais ce qui fait fonctionner la plateforme, c’est sous quelle licence ?
Aujourd’hui, comme il s’agissait d’un concept entrepreneurial, il a été protégé auprès de l’INPI. Si certaines personnes veulent réutiliser les données, elles peuvent déjà s’appuyer sur les mêmes sources que moi. Le reste est aussi CC-BY-NC-SA.

Est-ce que tu utilises des outils libres pour la plateforme et le blog ou bien est-ce que tu as dû faire des concessions pour diverses raisons ?
La plateforme fonctionne avec Drupal et il y a deux outils qui ne sont pas très « propres » mais pour lesquels, j’ai dû faire des concessions. Le premier est Google Analytics mais je compte m’en débarrasser très bientôt et le second est PayPal mais lui va rester car cela permet à mon expert-comptable, qui maîtrise bien l’interface, de suivre les dons pour procéder aux déclarations.

Pour nos lecteurs les plus techies, comment tout ça tourne en arrière-plan ?
Mes trackers ne sont pas reliés à la plateforme. Au départ, c’était mon idée mais je me suis dit que si les sites sur lesquels je posais mes trackers changeaient, j’allais avoir un souci. Donc, les données sont ajoutées par des CSV que je génère moi-même, grâce à mes outils de collecte. De la même manière, si pour une raison ou pour une autre, la plateforme rencontre un gros problème technique qui nécessiterait de tout supprimer pour reconstruire, j’irais clairement plus vite.

Pour le design, j’ai tout refait avec Bootstrap et je suis aidée par un très bon développeur de chez Makina Corpus, que je sollicite parfois quand je « bugue ». Pour l’administration-système, j’ai tout casé chez Gandi, en Simple Hosting – car je n’ai pas assez de connaissances pour prendre un dédié et y installer Apache Solr, pour améliorer la recherche. Cela demanderait aussi d’autres dépenses.

Et maintenant, la grosse question : que penses-tu du rapport des libristes avec la vie politique ?
La question est compliquée car j’ai peur de paraître condescendante dans ma réponse mais j’aurais tendance à dire que le monde libriste fait parfois preuve de naïveté ou de candeur. On s’y figure que la politique est la recherche du Bien pour le plus grand monde, l’intérêt général, etc. C’est le cas mais parfois, pour y arriver, il faut être capable de biaiser, de louvoyer et cela s’accorde mal avec notre tendance jusqu’au-boutiste. Il ne faut pas voir les choses comme étant toutes noires ou toutes blanches. On a beaucoup de nuances de gris.

Beaucoup de connaissances trop approximatives sur les institutions et les rouages de la politique politicienne peut-être ?
Peut-être et surtout, il faut se blinder. Mon apprentissage politique, je l’ai commencé à l’Hadopi, je suis un peu tombée de mon arbre à ce moment-là et quand j’ai fait mes premiers pas à l’Assemblée Nationale, pour un UMP, on était à peine sorti de la guerre Copé-Fillon. Mine de rien, ça forge et j’avais une place d’autant plus privilégiée que je ne prenais pas les coups. Mais je voyais les autres en prendre et en donner. Alors, j’ai observé, j’ai regardé et j’ai appris.

Dans le film d’Henri Verneuil le Président (1961), le vieux président du Conseil, interprété par Jean Gabin, dénonce la corruption des parlementaires.

Parallèlement, tu as sans doute constaté la grande lassitude et même le dégoût de beaucoup pour le fonctionnement du système politique actuel et la recherche d’alternatives plus « citoyennes », qu’en penses-tu ?
Il y aurait tellement à dire sur certaines initiatives qui se disent vertueuses et sur certains qui veulent nous tromper, en nous faisant croire qu’ils œuvrent pour le bien commun, alors que la seule chose qui compte est leur gloriole personnelle. Je n’ai pas cette prétention, je me suis toujours présentée comme une mercenaire, ne représentant que moi-même et c’est déjà assez de boulot.

On voit que tu maîtrises bien ton affaire, mais comment tu fais pour gérer ça toute seule, ça fait beaucoup pour une seule personne, non ?
Je m’organise, je cale ma vie sur l’activité politique et parlementaire. Par exemple, cette année, je partirai en vacances après la session extraordinaire mais avant les sénatoriales. Comme je n’ai pas de contraintes particulières, je m’en sors bien. J’ai parfois des coups de fatigue comme tout le monde, mais dans l’ensemble, je ne me plains pas.

Tu es très proche du milieu politique dans ce qu’il a de plus institutionnel mais aussi dans ce qu’il a de moins ragoûtant : petits arrangements et grosses corruptions, trafic d’influence et abus de pouvoir, est-ce que ta situation n’est pas un peu dangereuse, du moins parfois pénible ?
Au contraire. Il n’y a rien de plus délicieux que de découvrir un « cadavre » sur quelqu’un qui se montre comme étant vertueux.

On imagine que tu subis des pressions régulièrement, non ?
À l’exception d’une personne qui m’emmerde, pour parler vulgairement, assez régulièrement, les autres me fichent la paix. Avant, je n’étais pas assez importante pour leur faire du tort – pensaient-ils – maintenant, tout le monde sait de quoi il retourne. Il ne faut jamais oublier que la personne la plus dangereuse est celle qui n’a rien à perdre. Aux débuts du projet, j’ai été aimable, j’ai souhaité instaurer un dialogue et je me suis fait piétiner. Maintenant que je montre les dents, bizarrement, certaines personnes ont envie de dialoguer.

Hum on devine que certains partis ou certaines personnalités te donnent envie de leur voler dans les plumes si l’on en croit ta récente intervention à Passage En Scène  où tu dénonces la corruption toujours bel et bien présente à quantité de degrés…
Non, je n’ai pas eu de récriminations. Non pas que ça aurait changé quoique ce soit d’ailleurs.

… mais le projet Arcadie se doit d’être factuel et politiquement neutre, non ?
Les données de la plateforme sont neutres. Moi, non. L’expérience m’a aussi montré qu’en étant totalement neutre, les gens ne montraient qu’un intérêt poli sur Twitter. Mais quand tu commences à l’ouvrir, les choses deviennent intéressantes. Il y aura toujours des gens qui seront gênés par ma démarche. C’est leur problème, pas le mien.

Comment tu tiens ce grand écart ? On t’a probablement déjà accusée de partialité, non ?
Régulièrement. On m’a collé tellement d’étiquettes différentes ces derniers mois que je suis la représentation politique des deux assemblées à moi toute seule. La neutralité n’est pas ne pas taper ou ne se moquer de personne mais bien d’emmerder tout le monde, sans parti pris.

Au moment où tu as lancé le projet Arcadie, il a fallu batailler pour faire reconnaître la légitimité/légalité de ta collecte d’informations, il y avait pas mal de réticences dans le milieu parlementaire. Est-ce que maintenant ça va mieux de ce côté ?
Honnêtement, ça va mieux, aussi parce que les nouveaux députés ont une autre mentalité, donc ils discutent avec moi, ils échangent. Côté institutions, j’estime avoir de bons rapports avec la CNCCFP (la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques).
Avec le recul, je me rends compte que j’ai eu une sorte de procès en légitimité de la part de certaines personnes, parce que je n’avais pas un passif militant pur et dur et que je n’avais pas le cursus classique des politiques. Les gens ne savaient pas dans quelle case me ranger.

« Faire parler les élus malgré eux, grâce à l’open data » Tris Acatrinei, conférence sur la petite corruption au quotidien, Passage en Seine, 2017 (cliquer pour voir la conférence)

Est-ce qu’il arrive que des parlementaires ou ceux qui les entourent fassent appel à toi/à Arcadie comme une ressource fiable et informée ?
Dans le cadre du projet de loi moralisation, la députée LREM Aurore Bergé m’a contactée pour qu’on échange sur le sujet. On s’est donc vues et je lui ai parlé de ce que j’avais constaté comme manquements, ce qui pourrait être amélioré, etc. J’ai aussi discuté avec un autre député LREM concernant sa situation professionnelle. De façon générale, je me tiens à disposition de tous les parlementaires qui souhaitent échanger.

Allez je mets les pieds dans le plat : ton projet a une récente concurrence avec une équipe de journalistes qui prétendent faire à peu près la même chose ?
Ce n’est pas le tout de faire une base de données d’informations : encore faut-il la maintenir à jour et ne pas faire d’erreurs. C’est déjà plus compliqué qu’il n’y paraît. Sur la BDD dont tu me parles, j’ai vu des erreurs mais ça montre qu’il y a des points sur lesquels l’information n’a pas été correctement distribuée. Sur le moment, je l’ai mal pris mais le lendemain, ça m’a fait sourire.

Tu as un statut d’auto-entrepreneuse, mais comment tu peux couvrir les frais du site et rémunérer ton travail ? Seulement par des dons ?
J’évite les dépenses inutiles liés au projet donc les dons arrivent à couvrir les frais de fonctionnement, une gestion de bon père de famille comme on dit. Par ailleurs, et je ne m’en suis pas cachée, il m’arrive de collaborer sur des sujets avec des rédactions. Ainsi, la carte de France du népotisme avec Le Lanceur était un travail rémunéré car il fallait vérifier tous les liens familiaux éventuels entre les parlementaires et leurs collaborateurs. J’aimerais faire d’autres travaux du même genre mais Rome ne s’est pas faite en un jour.

Imaginons que subitement tu aies beaucoup plus de moyens à ta disposition, quel serait le développement dont tu rêves pour le projet Arcadie ?
J’en ai une douzaine en tête ! Je dois n’en choisir qu’un ?

On a envie de souhaiter longue vie au projet Arcadie – et pour ça chacun peut y contribuer financièrement et le faire connaître – mais on te laisse (c’est la tradition ici) le dernier mot :
Je me suis fixé un nouvel objectif : les partis politiques. Si l’objectif mensuel se pérennise, je fais une « petite sœur » à Arcadie car il y a un vrai manque sur le sujet. Je commence à avoir le squelette général en tête mais je vais attendre un peu.

 

Pour aller plus loin

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blog-libre : Article dans la série 'Termux sur Android' : Un point sur les packages de Termux

mardi 18 juillet 2017 à 08:00

Un article très court pour souligner que Termux a franchi un cap au niveau des packages de mon point de vue. Voici un petit tour des packages « majeurs » disponibles.

SSH : openssh, mosh, screen, tmux, byobu, autossh, dropbear
Ligne de commande : bash, fish, zsh, busybox, emacs, vim, neovim, ffmpeg, mpv, imagemagick, sox, curl, wget, iperf3, nmap, strace, rsync, syncthing, aria2, transmission, wol
Vie privée : privoxy, tor, torsocks
Développement et serveur web : apache2 (2.4.27), mariadb (10.2.6-3), php (7.1.7-1) sont arrivés récemment dans les packages Termux. nginx (1.12.1) et lighttpd (1.4.45) étant là depuis un moment, on peut donc à présent installer une stack web. A noter php-fpm (7.1.7-1), git (2.13.3), node.js (6.11.0-1), python (3.6.1), python2 (2.7.13), perl (5.26.0), golang (2:1.8.3), ruby (2.4.1-1), sqlite (3.19.3-1), postgresql (9.6.3), memcached (1.4.36), redis (4.0.0).

Termux a su se développer et attirer. Pour moi il sort de la case « hype/joujou » pour venir dans la case « à suivre de près/prometteur ». Nous verrons si il arrivera au prochain stade : fédérer. Une bonne nouvelle à noter, la naissance d’un Wiki.

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Renault : Bilan mensuel de la documentation francophone de Fedora-fr.org, numéro 1

lundi 17 juillet 2017 à 08:00

J'ai décidé d'essayer de publier un bilan mensuel de l'état d'avancement des travaux de la documentation francophone de Fedora-fr. Ce bilan compilera en somme les bilans hebdomadaires envoyés sur la liste de diffusion.

Tout d'abord, nous avons catalogué les pages à traiter suivant l'état actuel des pages pour déterminer l'étendu du travail à mener sur chacune. Ensuite chaque page sera mise à jour afin d'être compatible avec les versions de Fedora récentes quitte à supprimer les passages concernant les versions plus anciennes, n'étant plus supportées. Ce qui rendra la documentation plus claire et utile.

Ensuite, les travaux se sont concentrés surtout autour de trois axes :

Le premier cas était sans doute prioritaire, les nouveaux utilisateurs de Fedora ne pouvaient pas débuter avec notre documentation qui était bien trop ancienne. La procédure d'installation a été profondément remaniée, GNOME 3 a subi des changements non négligeables depuis ses débuts, la procédure de mise à niveau également. Les dual-boot avec Windows, via GRUB2, ont aussi changé, cela s'est considérablement simplifié.

Enfin, dnf a remplacé yum pour gérer les paquets ce qui rend beaucoup de manipulations de fait obsolètes. Les pages doivent s'adapter à cette nouvelle donne pour simplifier la vie des lecteurs.

C'est pourquoi je me suis attelé sur ces articles en premier afin qu'un curieux puisse être le plus autonome possible.

Le second cas est dû à l'évolution du matériel opérée depuis 5-6 ans. Les SSD s'imposent peu à peu tout comme les systèmes type Optimus, les pilotes graphiques libres et proprio ont également beaucoup changé (positivement bien entendu). Mettre à jour ces sujets permet de mieux servir le lecteur par rapport à ses besoins d'aujourd'hui. Nicolas a beaucoup travaillé sur la question et je le remercie car cela devenait nécessaire.

Il faudra peut être compléter cela par des articles à propos de Wayland ou libinput par exemple qui ont un impact non négligeable sur la couche graphique et des entrées / sorties du système.

Le troisième cas reflète les améliorations apportées par NFS depuis mais aussi le pare-feu de Fedora qu'est firewalld. Ce dernier n'étant globalement utilisé que dans l'écosystème Fedora / RHEL, la documentation existante en français reste assez pauvre, il est important de pouvoir guider pour apprendre son fonctionnement de base.

Nicolas là encore a beaucoup œuvré sur ce point. Merci à lui.

À l'heure actuelle, en un peu plus d'un mois de travail à 2 (+ quelques relecteurs et contributeurs dont l'aide est toujours appréciée), près de 25 articles ont été traités. Et il y a encore beaucoup à faire. Dans notre première estimation du travail à mener, près de 45 articles restent à gérer. Et beaucoup d'autres pages n'ont pas été incluses dans cette procédure, une nouvelle itération aura lieu pour s'en charger.

Et c'est sans compter les pages à créer pour traiter des situations nouvelles et répondre aux besoins des utilisateurs comme Wayland ou Flatpaks.

En tout cas je suis satisfait des progrès réalisés sur la documentation. Il y a beaucoup de travail à mener encore, mais il semble possible que la documentation soit dans un état très acceptable d'ici Fedora 27 ou la fin de l'année 2017. Ensuite il faudra veiller à maintenir la documentation à jour continuellement et ajouter des articles suivant les besoins du moment.

Je vous invite en tout cas à nous donner un coup de main, pour cela je vous conseille de suivre la procédure pour contribuer à la documentation et si possible de participer à nos ateliers hebdomadaires tous les lundi soir à partir de 21h (heure de Paris) sur le canal IRC #fedora-doc-fr du serveur Freenode. Rien ne vous empêche de contribuer en dehors du cadre des ateliers, toute l'aide est la bienvenue. Alors, n'hésitez pas !

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