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Nicolas Lœuillet : Changer l'encodage d'une base de données MySQL

mercredi 12 mars 2014 à 14:12

On avait un site multilingue dont l'affichage en russe déconnait, la faute à notre base de données qui était en latin1.

Voici la procédure utilisée pour tout nettoyer comme il faut et convertir en utf8.

Backup de la base

mysqldump -uusername -ppassword -c -e --default-character-set=utf8 --single-transaction --skip-set-charset --add-drop-database -B dbname > dump.sql
cp dump.sql dump-fixed.sql
vi dump-fixed.sql

Rechercher / remplacer dans le fichier ouvert dans vi

:%s/DEFAULT CHARACTER SET latin1/DEFAULT CHARACTER SET utf8 COLLATE utf8_general_ci/
:%s/DEFAULT CHARSET=latin1/DEFAULT CHARSET=utf8/
:wq

Suppression de la base de données et recréation en utf8

DROP DATABASE dbname;
CREATE DATABASE dbname DEFAULT CHARACTER SET utf8 COLLATE utf8_general_ci;

Réimport de la base au format utf8

mysql -uusername -ppassword --default-character-set=utf8 dbname< dump-fixed.sql

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Framablog : Rencontre avec ALGEM, Application Libre de Gestion d'École de Musique

mercredi 12 mars 2014 à 13:21

ALGEM

Vous participez ou administrez directement une école de musique ? Ou plus généralement vous vous occupez d’un lieu associatif qui doit organiser la gestion des plannings, des adhérents et des contacts, la réservation des salles, la planification des cours, le prêt du matériel… ?

Sachez qu’il existe une excellente application développée depuis plus de dix ans par deux passionnés de musique et d’informatique !

Le logiciel s’appelle ALGEM (le L c’est donc pour Libre) et il méritait assurément une petite mise en avant.

Rencontre avec Bruno Mauguil (au centre sur la photo) et Jean-Marc Gobat (à droite) qui travaillent tous deux à Musiques Tangentes (Malakoff) d’où l’aventure ALGEM a vu le jour.


img_2802.jpg


Interview ALGEM

Bonjour Bruno et Jean-Marc, pouvez-vous vous présenter succinctement ?

426285_145343322250790_1790613950_n.jpgJean-Marc : agrégé d’éducation musicale et diplômé de l’école d’ingénieurs du CNAM de Paris, j’ai la chance de pouvoir pratiquer au sein de Musiques Tangentes mes deux passions que sont la musique et l’informatique. Je participe au développement d’ALGEM depuis quelques années déjà et intervient dans l’école en tant que professeur de M.A.O. Je suis aussi membre fondateur du groupe de fusion World « Transbohêm ».

Bruno : à l’origine musicien de Jazz, j’ai créé Musiques Tangentes à l’âge de 20 ans au milieu d’un grand vide intersidéral : pas de locaux de répétition, pas d’école de musiques actuelles… Après avoir fondé l’école, épaulé de quelques furieux musiciens, l’informatique nous a permis de structurer ce milieu embryonnaire. J’ai tout de suite compris l’immense intérêt de ce nouvel outil : création, gestion, bureautique, etc. Après m’être débattu sur Prologue (système d’exploitation français de Bull) puis fait un court et malheureux passage sur Windows, je participe aux balbutiements du Libre grâce à la rencontre providentielle d’Eric. C’est la révolution ! Bien que je ne sois pas du tout informaticien, je ne jure depuis que par l’Open Source. Cela fait maintenant 15 ans que nos outils bureautique sont sous Linux. La musique viendra plus tard sur ce système et en partie seulement. ALGEM est né du fait de l’absence totale d’outil de gestion pour notre activité. La suite reste à écrire….

Alors ALGEM c’est quoi ?

Jean-Marc : strictement parlant, ALGEM est l’acronyme d’Application Libre de Gestion d’Ecole de Musique. C’est au départ un logiciel de gestion dédié aux écoles de musiques actuelles. Axé sur la gestion de plannings et de contacts, il s’est enrichi au cours des années et peut très bien convenir aujourd’hui à d’autres types de structures.

Quelle est la répartition des rôles entre vous deux ?

Jean-Marc : je suis chargé du développement, de la maintenance chez nos partenaires et de tous les aspects techniques liés à l’installation, le fonctionnement et les rapports d’erreurs signalés par nos utilisateurs.

Bruno : je suis responsable de l’Association et initiateur du projet. Je suis donc à la fois maître d’œuvre et maître d’ouvrage, responsable du cahier des charges, définissant les grandes lignes et les besoins, et de plus en plus concerné par les problèmes de déploiement. Je joue beaucoup aussi le rôle de bêta-testeur, avec l’ensemble de l’équipe, et suis bien sûr utilisateur au quotidien depuis maintenant plus de 10 ans.

C’est parti d’un besoin interne ? Il n’existait rien de similaire sur le marché ?

Jean-Marc : effectivement, il n’y avait rien de comparable sur le marché à l’époque de sa mise en chantier. Les quelques solutions existantes, très coûteuses de surcroît, étaient réservées aux utilisateurs de Windows et ne correspondaient pas aux besoins des écoles de musiques actuelles. Il fallait donc choisir entre une solution bancale ou le développement d’un logiciel en interne. C’est ce dernier choix qui a été fait, grâce à la participation d’Eric. Ses compétences en Java, langage à l’époque en pleine expansion, lui ont permis en quelques mois de fixer l’ossature du logiciel et de le rendre opérationnel dans nos locaux.

Quand avez-vous décidé d’en faire un logiciel libre et pourquoi ? Et avez-vous constaté une amélioration dans la diffusion et participation du projet ?

Jean-Marc : depuis les débuts, Musiques Tangentes s’investit dans le libre, en privilégiant les systèmes et logiciels Open Source et les applications sous Linux. Il était naturel avec ALGEM d’ajouter une pierre à l’édifice. Comme il a fallu pas mal de temps pour refaçonner l’application, réorganiser les sources et produire quelque chose de plus cohérent, ce passage n’a pu se faire qu’assez récemment, début 2012 (les sources sur GitHub). C’était aussi l’objectif/rêve de Bruno, celui de pouvoir partager un outil avec les confrères et de contribuer à la communauté du libre.
La diffusion du logiciel est encore assez réduite, mais de nombreuses demandes nous ont été faites depuis les derniers mois. Et nous avons constaté un regain d’intérêt depuis le début de l’année scolaire et la publication sur Framasoft.


vue_generale.png


Le logiciel évolue comme vous voulez ? Résistez-vous au « cloud » ?

Jean-Marc : beaucoup de projets en cours, oui. Des fonctionnalités en chantier : gestion de stages, importation de carnets d’adresse, pré-réservation en ligne, etc. Quant au « Cloud », s’il présente indéniablement des avantages, comme la simplification des procédures pour les novices, son adoption à grande échelle par les entreprises dominantes symbolise pour nous une certaine forme de retour au Minitel, comme l’avait remarqué à juste titre Benjamin Bayart dans sa fameuse conférence. S’en remettre à des entreprises comme Google, Facebook, Apple ou Microsoft, c’est un peu renier l’Internet des origines, décentralisé et pluriel. Afin de répondre aux besoins d’une certaine frange de nos utilisateurs, nous avons essayé néanmoins avec Algem Webstart de concilier les deux mondes : déployer localement l’application tout en profitant de l’hébergement en ligne.

Dans combien de structures ALGEM est-il déployé ? Elles s’occupent toutes de musique ?

Jean-Marc : Officiellement, une demi-douzaine de structures, dont deux à Toulouse et à Tours avec lesquelles nous sommes en relation très étroite. Cela va de la salle de répétition au salon de coiffure ! Donc, pas nécessairement ciblé école de musique. Officieusement, une trentaine de structures nous ont déjà demandé une version d’ALGEM pour leur usage personnel.

C’est dans le cadre de Musiques Tangentes que vous avez développé ALGEM. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce lieu, son histoire, les services proposés ?

Bruno : Musiques Tangentes est un centre « musiques actuelles » : apprentissage de loisir, centre de formation professionnelle, studio de répétition (collectif et individuel), studio d’enregistrement, accompagnement de projet et un peu de diffusion (amateur et professionnel). C’est aussi un lieu de création et d’accueil de résidence ou d’insertion professionnelle. C’est une structure pionnière, née dans le squat de la rue des Caves à Sèvres. Nous fêtons cette année nos 35 ans d’existence et Musiques Tangentes est ouverte à tous (à partir de 3 ans), débutant ou confirmé, amateur ou professionnel. Un tiers de notre activité s’effectue aussi hors les murs (intervention en temps scolaire, en périscolaire, en centre spécialisé type IME, en colonie de vacance, en crèche, en entreprise…), partout ou l’on peut faire de la musique… « PLUS DE BRUIT », la Mano Negra est passée par chez nous, c’est un lieu d’apprentissage, de rencontres et d’échanges. Bref, un berceau d’utopies où l’on peut encore rêver et jouer sans contraintes !


IMG_2943.jpg




Il me semble que vous y proposez un studio d’enregistrement « full libre » ?

Jean-Marc : nous utilisons depuis longtemps des distributions Linux spécialisées dans l’audio-numérique, comme 64Studio, Ubuntu Studio, ou plus récemment Tango Studio. Ardour est installé dans notre rack informatique et nous permet de réaliser des enregistrements sous ces systèmes, grâce à la compatibilité matérielle de notre carte RME MADI 64 canaux. Bien que nous fournissions aussi des prestations sur Pro Tools, le logiciel de référence dans de nombreux studios, nous ne pouvons qu’encourager l’usage de solutions libres. Musiques Tangentes est pratiquement la seule structure à proposer de tels services dans un environnement résolument professionnel : console numérique SONY DMX-R100, station de travail Intel i7 64 bits en dual boot, enceintes A2T. La demande est encore infime mais il n’est pas interdit de penser que l’utilisation d’un logiciel comme Ardour soit à l’avenir de plus en plus pertinente, face à une concurrence peu réactive et très coûteuse.

Est-ce que vous en profitez pour sensibiliser vos membres mélomanes aux licences libres ? Y en a-t-il qui ont fait le choix des licences Creative Commons pour leurs créations ?

Jean-Marc : j’ai moi-même édité l’album « Déserts » de Transbohêm sous licence Creative Commons. D’autres adhérents et membres de l’équipe administrative ont aussi choisi cette licence pour leurs réalisations. Pour un indépendant désireux aujourd’hui d’éditer sa musique, les licences libres présentent une belle alternative face aux fourches caudines de la SACEM.

Bruno : Musiques Tangentes est membre de « Libre Accès » et à ce titre nous avons vivement encouragé nos adhérents à utiliser des licences libres. Vous trouverez de nombreux articles à ce sujet sur notre blog. De plus, des ateliers découverte sont organisés régulièrement autour de ce thème.

Et pour finir, un appel à bonne volonté pour ALGEM ?

Jean-Marc : tout le monde est bienvenu : relecteurs de code, testeurs, spécialistes Java. Nous invitons d’autre part toutes les structures utilisant le logiciel à nous donner leur avis ou nous suggérer des améliorations possibles. Nos propositions de journées de formation restent d’ailleurs toujours d’actualité et nous encourageons tous les utilisateurs à les suivre afin de participer aux avancées d’ALGEM et de pérenniser son développement dans les années futures.

Bruno : nous en sommes encore à l’aube de l’engagement communautaire autour de ce projet et nous espérons que de nombreux utilisateurs et programmeurs nous rejoindrons prochainement . Une première rencontre entre tous les acteurs concernés sera d’ailleurs proposée très bientôt.

-> ALGEM - Pour tout contact : info@algem.net


IMG_8460.JPG__Rj7989_.jpg

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arpinux : HandyLinuxLight-20140312 est disponible

mercredi 12 mars 2014 à 03:45

J'ai le plaisir de vous annoncer la sortie d'HandyLinuxLight version 20140312 :D

Une nouvelle version d'HandyLinux ??
Non, non, ne vous inquiétez pas, vous n'avez rien raté.

HandyLinuxLight est la version "sur CD" d'HandyLinux. Cette version est construite afin de tenir sur un CDROM (-700Mo) pour les ordinateurs ne pouvant pas démarrer sur DVD ou USB.

Mais HandyLinuxLight a aussi la caractéristique de télécharger la presque totalité de ses applications lors d'un script de post-installation, ce qui permet d'obtenir un système totalement à jour.

Mais quid des paquets "spécifiques" à HandyLinux ? Le HandyMenu, mpartage, les nouvelles configurations ? Et bien ils sont disponibles dans les sources du projet HandyLinux, mais surtout, ils sont disponible dans HandyLinuxLight car l'image est reconstruite tous les mois afin de vous offrir les dernières modifications apportées à notre distribution collégiale.

Alors au programme ce cette construction mensuelle :

Les liens qui vont bien...

@+
arp

HandyLinux - la distribution Debian sans se prendre la tête...

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Romaine Lubrique : Durée du droit d'auteur en Europe ? Ce qu'en pensent le gouvernement et la Quadrature

mercredi 12 mars 2014 à 01:04

La consultation publique sur « la révision des règles de l'Union européenne en matière de droit d'auteur » vient de s'achever, le 5 mars dernier. Plus de 11 000 personnes ou organisations ont participé, record historique pour une procédure de ce type (dont il serait opportun de publier les réponses sans délais dans un souci de transparence)

Pas moins de 80 questions étaient posées ! La n° 20, concernant directement le domaine public, était ainsi libellée : Are the current terms of copyright protection still appropriate in the digital environment ?

Autrement dit, la durée actuelle de protection du droit d'auteur est-elle toujours appropriée à notre environnement numérique ? La formulation n'était pas neutre, mais on ne s'en plaindra pas. Voici successivement la (courte) réponse des autorités française [1] et la (longue) réponse de La Quadrature du Net. Positions irréconciliables ?

Réponse du ministère de la Culture

Pour ce qui concerne la durée des droits protégés sur le territoire de l'Union, les autorités françaises souhaitent indiquer que la durée de 70 ans est fondée sur un modèle d'affaire concret et réel puisqu'elle constitue la durée retenue pour assurer la rémunération des auteurs et de leurs héritiers qui ont pour charge la diffusion de l'œuvre de l'auteur défunt. Cette réalité économique n'a pas été modifiée par l'Internet. Par ailleurs, la durée de protection des droits d'auteur et des droits voisins n'est pas la plus longue qui existe au regard de l'ensemble des droits de propriété intellectuelle.

Cette réalité, mise en œuvre dans la directive « durée »,a récemment été modifiée pour prévoir également l'allongement de la durée des droits voisins dans le domaine de la musique.

Réponse de La Quadrature du Net

Les animateurs de La Quadrature du Net ont participé aux travaux du réseau
Communia, ainsi qu'à l'élaboration du Manifeste pour le domaine public, dont nous
approuvons les principes et recommandations.

Ce texte indique notamment que « La durée de protection par le droit d'auteur doit être réduite. La durée excessive du droit d'auteur, combinée à l'absence de formalités réduit fortement l'accessibilité de notre savoir et notre culture partagés. De plus, cette durée excessive accroît le nombre des œuvres orphelines, œuvres qui ne sont ni sous le contrôle de leurs auteurs ni dans le domaine public, et ne peuvent être utilisées. Donc, la durée de protection par le droit d'auteur des nouvelles œuvres doit être réduite à un niveau plus raisonnable. »

Par ailleurs, le Manifeste de Communia affirme que « La durée de protection par le droit d'auteur ne doit pas excéder ce qui est nécessaire pour atteindre un compromis raisonnable entre la protection et la rémunération des auteurs pour leur travail intellectuel et la sauvegarde de l'intérêt public en matière de diffusion de la culture et des connaissances. Que ce soit du point de vue de l'auteur ou de celui du public, aucun argument (qu'il soit historique, économique, social ou autre) ne peut être présenté pour défendre une durée excessive de protection. Certes, l'auteur doit pouvoir tirer les bénéfices de son travail intellectuel, mais le public le plus large ne doit pas être privé pendant une période trop longue des bénéfices de la liberté d'usage de ces œuvres. »

À ce titre, il apparaît que la durée actuelle de protection du droit d'auteur est excessive dans l'Union européenne. Le passage de 50 ans à 70 ans après la mort de l'auteur a pour conséquence de continuer à bloquer l'utilisation d'un très grand nombre d'œuvres, sans justification économique et sans que l'allongement profite à l'immense majorité des créateurs. Un retour à une durée des droits d'auteur 50 ans post mortem au sein de l'Union européenne devrait sérieusement être envisagé, tout comme l'ouverture de travaux au niveau de l'OMPI pour une réduction de la durée plancher fixée par la Convention de Berne [2]. Il est également infiniment regrettable que l'Union européenne ait étendu les droits voisins des artistes interprètes et des producteurs d'enregistrements musicaux de 50 à 70 ans, alors que le réseau Communia s'était prononcé en défaveur d'un allongement. Ici encore, seule une très faible proportion d'artistes profitera réellement de cette augmentation de la durée de protection, tandis que les désavantages pour la société seront très forts (notamment en termes de multiplication des cas d'œuvres orphelines). Il serait dès lors inopportun de reproduire cette erreur à propos des droits voisins sur les œuvres audiovisuelles.

Nous recommandons donc une réduction de la durée de protection du droit d'auteur à une durée maximale de 30 ans après la première publication. Cette réduction pourrait s'effectuer de manière progressive (réduction d'un an par an écoulé) de façon à éviter toute expropriation de droits exclusifs. Rappelons que le terme de protection de 14 ans à l'origine dans le Queen Anne Act de 1709 était justifié par le fait que cette durée était suffisante pour assurer qu'un livre ait atteint son public dans cette durée. Que penser d'une durée plus de dix fois supérieure à l'ère numérique ?

Au-delà de la seule question de la durée excessive des droits, La Quadrature du Net considère que le domaine public devrait faire l'objet d'une protection explicite dans le droit communautaire, par le biais de l'introduction d'un statut positif dans la directive européenne sur le droit d'auteur. Face à l'extension continue depuis les trente dernières années de l'emprise des droits de propriété intellectuelle, des chercheurs et des juristes ont formulé le projet d'une reconnaissance par un statut positif du domaine public, des communs volontaires et des prérogatives essentielles des usagers (y compris les créateurs) à l'égard des œuvres [3].

Il s'agit de renverser ou tout au moins de rééquilibrer le rapport inégal qui fait que le domaine public est considéré au mieux comme un résidu ou un échec du marché, les communs comme un territoire qu'on n'a pas encore réussi à privatiser et les prérogatives des usagers comme une tolérance consentie parce qu'on n'avait pas encore trouvé les moyens de l'anéantir. Au contraire, il faudra, dès qu'un statut positif sera attribué à ces entités communes, envisager l'impact qu'aurait toute nouvelle disposition juridique ou politique sur leur périmètre, leur enrichissement, leur entretien et leur accessibilité effective.

Le « Manifeste pour le domaine public », produit par le réseau Communia, contient de nombreux principes qui pourraient servir de socle solide pour une consécration positive du domaine public. Une amorce de statut positif du domaine public existe déjà dans le cadre de la loi chilienne. Par ailleurs, un rapport dit « Lescure » remis au Ministère de la Culture en France en 2013 a suggéré d'introduire une telle définition positive dans la loi française pour « renforcer la protection dans l'environnement numérique », « indiquer que les reproductions fidèles d'œuvres du domaine public appartiennent aussi au domaine public, et affirmer la prééminence du domaine public sur les droits connexes » [4]

Dans le même ordre d'idées, il est absolument anormal que les États membres au sein de l'Union conservent la faculté de créer librement de nouveaux droits voisins (droit voisin sur l'indexation des contenus de presse créé en 2013 en Allemagne, nouveau droit voisin au profit des producteurs de spectacles vivants envisagé actuellement en France, etc). Non seulement ces nouvelles exclusivités nuisent à l'harmonisation des droits, mais elles fragilisent d'autant le domaine public.


[1] Pour une analyse critique de la réponse du ministère de la Culture on pourra lire PC Inpact : Aurélie Filippetti, VRP des ayants droit à Bruxelles.

[2] L'association Communia promeut d'ailleurs un agenda positif pour le domaine public au niveau de l'OMPI qui a ouvert des travaux sur cette question.

[3] Voir le Manifeste pour le domaine public et les travaux plus détaillés de Sévérine Dusollier et de Philippe Aigrain.

[4] April Fiche C-16 du rapport Lescure sur le domaine public numérique.

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Philippe Scoffoni : Pas de monétisation autour de Firefox, mauvaise idée ?

mardi 11 mars 2014 à 21:10

Cela fait déjà quelques jours que le ton semble monter entre la fondation Mozilla et le constructeur de matériel Dell. Au cœur du litige, la vente d’une prestation d’installation au prix de 20€ de Firefox. Je passe sur le prix qui me semble exagéré. Si l’on part du principe que l’opération est totalement manuelle, c’est quand même bien payé pour déballer le portable, l’allumer, lancer l’installation et le remballer. Disons 15 minutes au total ce qui nous fait du 80€ de l’heure. Je doute que l’opération soit manuelle, car cela reviendrait à activer les licences Windows des machines. Je pense qu’il s’agit juste de l’installation d’une image particulière sur la machine.

Mais le prix n’est pas le fond du problème. La fondation Mozilla conteste au nom de sa politique de marque le droit de vendre Firefox. Ce à quoi Dell répond qu’il vend une prestation d’installation et pas le logiciel : il est clairement indiqué : “Mozilla Firefox Web Browser Installation Service”

firefox achat

A première vu, l’approche de Mozilla semble en contradiction avec les principes du logiciel libre : pas de barrières à l’entrée pour les prestataires. Firefox couplé à  sa marque serait donc un logiciel sous une sorte de licence Creative Common By-Sa-Nc (clause non commerciale) donc pas vraiment libre. Le code source de Firefox est lui par contre bien libre. Je découvre certainement ce qui a toujours été et cette affaire ne fait que mettre en lumière des restrictions que la fondation Mozilla a toujours souhaitée. Si on lit les fameuses conditions :

If you are using the Mozilla Mark(s) for the unaltered binaries you are distributing, you may not charge for that product. By not charging, we mean the Mozilla product must be without cost and its distribution (whether by download or other media) may not be subject to a fee, or tied to subscribing to or purchasing a service, or the collection of personal information. If you want to sell the product, you may do so, but you must call that product by another name—one unrelated to Mozilla or any of the Mozilla Marks

Ce qui semble également exclure la vente de service. En gros il semble qu’il soit interdit de monétiser quoi que ce soit ou presque autour de Firefox et sa marque. Mozilla a toujours été chatouilleux avec les marques et logos de ses logiciels. Le projet Debian ne s’y est pas trompé en changeant le logo et le nom des logiciels de Mozilla. Du coup, si Dell avait compilé Firefox en changeant le logo et le nom, je suppose que Mozilla n’y aurait rien trouvé à redire. Mais qui aurait acheté l’installation d’un navigateur “inconnu” ?

D’un certain côté, c’est positif, cela rappelle que l’on ne peut pas faire ce que l’on veut avec un logiciel libre. De l’autre, ce genre d’affaires peut décourager d’autres constructeurs de proposer des logiciels libres et des prestations de services autour. La crainte classique de la clause juridique cachée sera à nouveau mise en avant par les détracteurs du libre : “vous voyez, on vous le dit que c’est dangereux d’utiliser des logiciels libres” .

Ce n’est pas sans me rappeler l’affaire Bouygues et son offre de support pour LibreOffice qui est d’ailleurs toujours en ligne avec les mêmes âneries dans la présentation de l’offre. Si The Document Foundation a bien entrepris les démarches annoncées, il ne doit pas être aussi facile d’obtenir gain de cause dans ce genre de duel.

N’oublions pas non plus le contrat entre Google et Mozilla qui prévoit que le moteur de recherche par défaut de Firefox doit être Google. Et si Dell ou un autre constructeur en installant Firefox positionné Bing en moteur par défaut ? N’y aurait-il pas pour Mozilla un risque de se voir reprocher de ne pas tenir ses engagements ?

Mozilla comme bien d’autres acteurs du domaine cherche à maintenir une forme de rareté autour de leur logiciel libre pour se réserver la possibilité de le monétiser et donc se garantir les sources de revenus correspondantes. Mais peut-il en être autrement avec les règles économiques dans lesquelles nous vivons ? Ne faudrait-il pas envisager d’autres formes de licences plus équitables permettant une monétisation plus large ? La Fondation Mozilla fait-elle fausse route  ?

A vous les réponses dans les commentaires et le sondage.

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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 11/03/2014. | Lien direct vers cet article

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