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FredericBezies

source: FredericBezies

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La mort d’Antergos, une nouvelle preuve qu’Archlinux et installateur simplifié ne font pas bon ménage ?

mardi 21 mai 2019 à 21:14

La nouvelle a été annoncée le 21 mai 2019 par les développeurs derrière le projet Antergos jadis né sous le nom de CinnArch en 2012 : le projet met la clé sous la porte.

Outre le fait que l’équipe s’autocongratule pour le travail effectué en 7 ans (avec plus de 930 000 téléchargements depuis 2014), une mise à jour à venir qui désactivera le dépot tiers de la distribution pour lui permettre de survivre quoiqu’il arrive.

C’est un mouvement dans la bonne direction, mais il ne faut pas oublier le passif plutôt chargé de la distribution basée sur Archlinux :

  1. un gestionnaire de session qui charge un moteur de navigateur internet, j’ai nommé lightdm-webkit2-greeter
  2. un installateur qui est continuellement resté en bêta depuis les premiers pas de CinnArch en 2012. Au bout de 7 ans, ça fait long !
  3. un dépôt tiers imposé sur les dépôts officiels avec des effets collatéraux comme l’absence de mise à jour de Pamac-aur durant de longues périodes, comme avec ce bug que j’avais ouvert en novembre 2018. Ce n’était pas le seul logiciel concerné d’ailleurs.
  4. L’imposition de ce qui est au final devenu synonyme de thème d’icones flat pour le monde linuxien, Numix.

Sans oublier les périodes où l’installateur vous explosait dans les mains sans raisons apparentes, les périodes où on ne pouvait pas installer une saveur pourtant officiellement proposée comme Mate-Desktop en juin 2016. Est-il besoin de tirer sur l’ambulance, ici ?

Voir disparaître une distribution ne me fait jamais plaisir, mais je dois dire que la mort d’Antergos m’a juste donné envie de reprendre deux fois des nouilles. Ce sera donc une autre à rajouter à la longue liste des distributions indexées par Distrowatch et qui ne sont plus, soit 546 sur environ 899 selon la gazette du 20 mai 2019.

J’aurais pu être largement plus méchant, mais je me suis promis de ne pas passer pour le pire des salauds dans cette histoire 🙂

Il suffit de voir l’état d’autres projets qui proposent des installateurs sociaux pour Archlinux – cf ce qui reste d’Anarchy Linux par exemple – pour se demander combien de temps faudra-t-il attendre pour admettre simplement ceci : une Archlinux, ça doit s’installer à la mimine…

Que sont devenues les distributions GNU/Linux de 2014 au bout de 5 ans ? Épisode 5

mardi 21 mai 2019 à 20:35

Après le mois d’avril qui n’a pas été tendre au niveau des survivantes, le mois de mai va-t-il se montrer un peu plus clément ?

J’ai eu pas mal de chose à faire depuis début mai, mais c’est l’annonce de l’arrêt de l’Antergos – sur laquelle je reviendrai plus longuement dans un article à venir – qui me fait poster l’article un peu plus tard que prévu à l’origine.

6 articles. Tous les projets sont en vie, mis à part la mauvaise plaisanterie qu’est la Blag Linux et Antergos qui a arrêté les frais le 21 mai 2019. Donc 33% de perte, cela qui remonte la moyenne des pertes. Que nous donnera l’ensoleillé mois de juin ?

En vrac’ de fin de semaine…

samedi 18 mai 2019 à 17:21

Comme chaque fin de semaine, l’habituel en vrac…

Côté logiciel libre, informatique et internet.

Côté culture ?

C’est tout, je sais, c’est très court, mais c’est la vie qui veut ça !

Bon week-end 🙂

Ah, l’argument bien pratique de « la communauté du libre » pour se délester de ses choix stratégiques ?

vendredi 17 mai 2019 à 07:48

On m’a parlé d’un article sorti sur Developpez.com avec une interview de Mark Shuttleworth qui exprimait son point de vue sur l’avenir de Linux.

J’ai commencé à lire l’article avec intérêt et d’un coup je suis tombé sur un terme qui m’a fait dire que cela ne valait pas trop le temps qu’on s’y attarde, je cite :

[…]
Il exprime également son regret sur le projet Unity dont le développement a été arrêté à cause de l’opposition de la communauté.
[…]

Rien que « la communauté », cela invalide le reste d’une bonne partie de l’argumentation développé par la suite.

Comme l’a si bien écrit Carl Chenet en 2016, « la Communauté », ça n’existe pas.

Il faudrait au minimum parler du :

  1. monde du libre linuxien dont le point commun minimal est l’utilisation du noyau linux
  2. monde du libre BSDien dont le point commun minimal est l’utilisation d’une base BSD (FreeBSD, OpenBSD, NetBSD)
  3. monde du libre bureautique avec l’utilisation d’outils comme LibreOffice ou OpenOffice.org.

Et encore je dois en oublier un sacré paquet. Mais je suis resté dans le plus visible.

Donc, si on ouvre un minimum les yeux, le terme de communauté est fallacieux. Cela me rappelle le film « Quo Vadis » de 1951, où Peter Ustinov qui joue un Néron exalté se plaint que le peuple de Rome n’ait pas une seule gorge que l’on puisse trancher. De mémoire, c’est aux alentours de l’incendie de Rome.

D’ailleurs est-ce la faute de « la communauté » si :

  1. Unity n’était ni utilisable ni portable en dehors de la base Ubuntu proposée par Canonical ?
  2. si cet environnement de bureau a été perçu comme une volonté de remplacer Gnome Shell ?
  3. si Canonical s’est cru plus puissant qu’il n’est en réalité en proposant sa vision du futur des environnements de bureau ?
  4. si les interfaces pensées pour les tablettes ne collent pas avec l’utilisation d’un périphérique sans écran tactile ?

Ce sont les principales remarques qui me viennent à l’esprit. Il est vrai qu’au moment où je rédige cet article, mon café n’a pas encore déployé sa magie 🙂

Quant à la section sur la convergence évoquée dans l’article, il est vrai que Microsoft ne s’y est pas cassé les mâchoires à l’époque de MS-Windows 8.x. Le jour où l’on pourra proposer des interfaces et des ergonomies identiques sur des écrans de :

  1. 4 à 6 pouces : téléphones intelligents
  2. 7 à 11 pouces : tablettes tactiles
  3. 12 à 17 pouces : ordinateurs portables
  4. 17 pouces et plus : ordinateurs fixes

alors je pourrais commencer à y croire. D’ici là, de l’eau coulera sous les ponts… J’espère juste voir cela avant d’être quinquagénaire en 2024. L’espoir fait vivre, après tout !

Peut-on prendre au sérieux le monde du logiciel libre en ce moment ? Pas vraiment avec deux exemples à l’appui.

dimanche 12 mai 2019 à 10:50

En ce début du mois de mai 2019, j’avoue que je me pose de plus en plus la question. Je suis actuellement dans une période où je ne peux passer qu’une heure le matin et trois heures le soir entre ma chaise et mon clavier. Oui, je me socialise, étrange pour un vieux geek de 45 balais !

Mais cela ne m’empêche pas de prendre un peu de temps pour quelques libreries qui me permettent de me changer les idées… Cependant, ce que je récolte en ce moment, c’est une énorme désillusion par rapport à certains projets du monde du logiciel libre.

La première grosse déception récente, c’est la GuixSD qui a fait les bonnes feuilles virtuelles des magazines spécialisés informatique début mai 2019.

C’est un projet assez vieux – sept années si on en croit l’article qui parle de la version 1.0 du projet – mais qui souffre d’un bug qui fait penser aux déboires de la version 18.09 de MS-Windows 10 sur lequel je vais revenir.

Si on lit l’article on peut voir ceci :

For Guix, 1.0 is the result of seven years of development, with code, packaging, and documentation contributions made by 260 people, translation work carried out by a dozen of people, and artwork and web site development by a couple of individuals, to name some of the activities that have been happening.

Une traduction rapide ?

Pour Guix, la version 1.0 est le résultat de sept années de développement, avec des contributions de code, de packaging et de documentation de 260 personnes, des travaux de traduction effectués par une douzaine de personnes, et des illustrations et le développement de sites web par quelques personnes, pour ne citer que quelques-unes des activités qui ont été menées.

260 personnes ont travaillés sur le projet… En laissant passer un bug grossier – qui n’a fait l’objet d’aucun errata sauf erreur de ma part – et qui rend la distribution purement et simplement inutilisable… Outre le fait que cela rend inutilisable la session Xfce et que cela fait exploser en vol l’installation de la session Mate-Desktop, il est impossible de faire les opérations de base en ligne de commande : copier, déplacer ou renommer un fichier, créer un lien symbolique, etc…

Je n’aime pas casser des projets, mais tendre ainsi le bâton et se plaindre qu’on est roué de coups… Si vous pensez que j’étais content d’enregistrer une telle vidéo, c’est tout l’opposé…

Le deuxième exemple, c’est la RebornOS anciennement AntergosDeepin. Cette distribution plus ou moins dérivée d’Antergos – ça commence déjà pas très bien – outre le fait qu’elle s’est fait sucré son site sur weebly.com et qu’il ne reste plus qu’un vieux blog sur WordPress officiellement disponible propose des images ISO inutilisables.

En effet, si on va sur sourceforge pour récupérer une image ISO récente – celle du 25 avril 2019 au moment où je rédige cet article – on a une surprise à toute tentative d’installation.

Outre le fait que CnChi est un installateur qui est en bêta depuis bientôt 6 ans – à moins que ce ne soit que 5 ? – on a droit à une hurlante comme quoi des paquets sont introuvables… Superbe !

Heureusement que RebornOS n’est pas indexé sur Distrowatch 🙂

Bien entendu, il serait complètement malhonnête de réduire le monde du libre à ces deux produits qui sont plus ou moins foireux. Mais est-ce la faute à pas de chance si je tombe dessus ? Ou simplement que pour l’un des deux projets, il a eu un tel battage médiatique – dans le monde qui le concerne – qu’il était difficile de lui pardonner le moins gaz intestinal de travers ?

Il y a un principe de base qui semble être oublié : on ne peut faire bonne impression qu’une seule fois. Autant dire que pour GuixSD, c’est mal barré pour remonter le niveau en terme de crédibilité.

Même si je n’apprécie pas parfois la prose de Cyrille Borne, j’avoue que je commence à comprendre pourquoi il s’est tiré du monde du logiciel libre. Microsoft pue sur le plan de la confidentialité, c’est certain. Sur certains points, Windows 10 est une sombre daube. Mais au moins, il y a une grosse partie de l’applicatif professionnel dessus qui manque cruellement au monde libre : quand aura-t-on un Gimp aussi puissant qu’un Adobe Photoshop ? Un logiciel qui sera à la cheville d’un Adobe InDesign ?

Sauf erreur de ma part, il n’y a pas de querelle de clocher comme celles qui ont empoisonnées la vie des libristes sur le choix du système d’init, de l’environnement de bureau, du toolkit à utiliser, du cycle de publication.

Avec le choix pléthorique qui finit par enrayer le processus de décision, avoir 50 projets qui se battent pour la même niche technique à un endroit où seuls 4 ou 5 pourraient survivre et être de meilleure qualité, est-il possible de rester sérieux quand on parle de logiciel libre ? J’ai un énorme doute.

Que des personnes continuent de sauter sur leurs chaises en criant « le choix, le choix, le choix », cela ne fera pas avancer le schmilblick. Bien au contraire.

Pour reprendre un titre de Francis Cabrel sorti en 1994, je me permets de poser la question : « Est-ce que ce monde est sérieux ? » J’ai envie de répondre par la négative.