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FredericBezies

source: FredericBezies

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Peut-on prendre au sérieux le monde du logiciel libre en ce moment ? Pas vraiment avec deux exemples à l’appui.

dimanche 12 mai 2019 à 10:50

En ce début du mois de mai 2019, j’avoue que je me pose de plus en plus la question. Je suis actuellement dans une période où je ne peux passer qu’une heure le matin et trois heures le soir entre ma chaise et mon clavier. Oui, je me socialise, étrange pour un vieux geek de 45 balais !

Mais cela ne m’empêche pas de prendre un peu de temps pour quelques libreries qui me permettent de me changer les idées… Cependant, ce que je récolte en ce moment, c’est une énorme désillusion par rapport à certains projets du monde du logiciel libre.

La première grosse déception récente, c’est la GuixSD qui a fait les bonnes feuilles virtuelles des magazines spécialisés informatique début mai 2019.

C’est un projet assez vieux – sept années si on en croit l’article qui parle de la version 1.0 du projet – mais qui souffre d’un bug qui fait penser aux déboires de la version 18.09 de MS-Windows 10 sur lequel je vais revenir.

Si on lit l’article on peut voir ceci :

For Guix, 1.0 is the result of seven years of development, with code, packaging, and documentation contributions made by 260 people, translation work carried out by a dozen of people, and artwork and web site development by a couple of individuals, to name some of the activities that have been happening.

Une traduction rapide ?

Pour Guix, la version 1.0 est le résultat de sept années de développement, avec des contributions de code, de packaging et de documentation de 260 personnes, des travaux de traduction effectués par une douzaine de personnes, et des illustrations et le développement de sites web par quelques personnes, pour ne citer que quelques-unes des activités qui ont été menées.

260 personnes ont travaillés sur le projet… En laissant passer un bug grossier – qui n’a fait l’objet d’aucun errata sauf erreur de ma part – et qui rend la distribution purement et simplement inutilisable… Outre le fait que cela rend inutilisable la session Xfce et que cela fait exploser en vol l’installation de la session Mate-Desktop, il est impossible de faire les opérations de base en ligne de commande : copier, déplacer ou renommer un fichier, créer un lien symbolique, etc…

Je n’aime pas casser des projets, mais tendre ainsi le bâton et se plaindre qu’on est roué de coups… Si vous pensez que j’étais content d’enregistrer une telle vidéo, c’est tout l’opposé…

Le deuxième exemple, c’est la RebornOS anciennement AntergosDeepin. Cette distribution plus ou moins dérivée d’Antergos – ça commence déjà pas très bien – outre le fait qu’elle s’est fait sucré son site sur weebly.com et qu’il ne reste plus qu’un vieux blog sur WordPress officiellement disponible propose des images ISO inutilisables.

En effet, si on va sur sourceforge pour récupérer une image ISO récente – celle du 25 avril 2019 au moment où je rédige cet article – on a une surprise à toute tentative d’installation.

Outre le fait que CnChi est un installateur qui est en bêta depuis bientôt 6 ans – à moins que ce ne soit que 5 ? – on a droit à une hurlante comme quoi des paquets sont introuvables… Superbe !

Heureusement que RebornOS n’est pas indexé sur Distrowatch 🙂

Bien entendu, il serait complètement malhonnête de réduire le monde du libre à ces deux produits qui sont plus ou moins foireux. Mais est-ce la faute à pas de chance si je tombe dessus ? Ou simplement que pour l’un des deux projets, il a eu un tel battage médiatique – dans le monde qui le concerne – qu’il était difficile de lui pardonner le moins gaz intestinal de travers ?

Il y a un principe de base qui semble être oublié : on ne peut faire bonne impression qu’une seule fois. Autant dire que pour GuixSD, c’est mal barré pour remonter le niveau en terme de crédibilité.

Même si je n’apprécie pas parfois la prose de Cyrille Borne, j’avoue que je commence à comprendre pourquoi il s’est tiré du monde du logiciel libre. Microsoft pue sur le plan de la confidentialité, c’est certain. Sur certains points, Windows 10 est une sombre daube. Mais au moins, il y a une grosse partie de l’applicatif professionnel dessus qui manque cruellement au monde libre : quand aura-t-on un Gimp aussi puissant qu’un Adobe Photoshop ? Un logiciel qui sera à la cheville d’un Adobe InDesign ?

Sauf erreur de ma part, il n’y a pas de querelle de clocher comme celles qui ont empoisonnées la vie des libristes sur le choix du système d’init, de l’environnement de bureau, du toolkit à utiliser, du cycle de publication.

Avec le choix pléthorique qui finit par enrayer le processus de décision, avoir 50 projets qui se battent pour la même niche technique à un endroit où seuls 4 ou 5 pourraient survivre et être de meilleure qualité, est-il possible de rester sérieux quand on parle de logiciel libre ? J’ai un énorme doute.

Que des personnes continuent de sauter sur leurs chaises en criant « le choix, le choix, le choix », cela ne fera pas avancer le schmilblick. Bien au contraire.

Pour reprendre un titre de Francis Cabrel sorti en 1994, je me permets de poser la question : « Est-ce que ce monde est sérieux ? » J’ai envie de répondre par la négative.