Ah, l’Antergos… Le projet qui rend obèse la moindre installation d’une distribution GNU/Linux basée sur Archlinux. Non pas uniquement obèse, mais d’une mochitude jamais atteinte auparavant. Pour appuyer tout cela, j’ai récupéré la dernière ISO de test en date, celle datée du 19 décembre 2014, depuis le site qui permet de suivre l’évolution des ISOs d’installation de cette Archlinux avec un installateur « sociable », j’ai nommé Cnchi, devenu Thus pour la Manjaro Linux.
Il faut dire que cela fait 7 mois, au moment où je rédige cet article, qu’aucune nouvelle ISO officielle n’est disponible pour l’Antergos.
[fred@fredo-arch ISO à tester]$ wget -c http://repo.antergos.info/iso/testing/antergos-2014.12.19-x86_64.iso
–2014-12-27 20:41:09– http://repo.antergos.info/iso/testing/antergos-2014.12.19-x86_64.iso
Résolution de repo.antergos.info (repo.antergos.info)… 173.230.141.187
Connexion à repo.antergos.info (repo.antergos.info)|173.230.141.187|:80… connecté.
requête HTTP transmise, en attente de la réponse… 200 OK
Taille : 858783744 (819M) [application/octet-stream]
Sauvegarde en : « antergos-2014.12.19-x86_64.iso »
antergos-2014.12.19 100%[=====================>] 819,00M 2,39MB/s ds 2h 39m s
2014-12-27 23:21:01 (87,4 KB/s) — « antergos-2014.12.19-x86_64.iso » sauvegardé [858783744/858783744]
Vous avez bien lu… Près de 3 heures pour récupérer une ISO de 819 Mo… J’adore la vitesse à laquelle le serveur en face envoyait les données.
J’ai donc lancé une machine virtuelle VirtualBox en utilisant le modèle « Archlinux » avec 2 Go de mémoire vive et 128 Go de disque.
On se retrouve alors dans une session Gnome Shell avec le thème Numix… Je ne dirai rien par simple charité sur l’effet émétique que produit ce thème d’icones à chaque fois que je le vois. Et dire que j’en avais marre de voir le thème Faenza partout… J’aurai mieux fait de fermer mon clapet à l’époque !
Après que l’installateur se soit mis à jour tout seul, on peut lancer Cnchi 0.6.30, qui nous dit que c’est un logiciel qui est encore en béta, qu’il est encore assez limité, mais cela on le savait déjà, non ?
L’installateur nous annonce qu’il lui faut 4 Go pour être tranquille. On passe ensuite à la localisation, au fuseau horaire, au clavier, et au choix du bureau. J’ai gardé Gnome par défaut, même si on peut avoir Cinnamon, KDE SC, Mate Desktop, Xfce ou une base minimale installée.
On arrive à l’ajout des options. Par défaut, seul le pare-feu et le support de l’impression sont activés.
J’ai tout coché pour avoir l’installation la plus complète possible. Si on coche le dépot AUR, un message nous prévient que c’est à nos risques et périls… Pire que celui d’utiliser un installateur en version béta ?!
Pour le schéma de partitionnement, j’ai pris l’option d’avoir une partition /home séparée.
On passe ensuite à la création du compte utilisateur sans activation du mot de passe root. Donc, pour les actions nécessitant des droits root, sudo sera notre ami, apparemment.
Les paquets sont récupérés et installés. Il y en a plus de 760, donc des paquets lib32… Dommage pour un système 64 bits… Une fois l’installation terminée, on peut redémarrer.
Au premier démarrage de l’Antergos installée, on a droit à un message nous demandant si on veut modifier l’appellation des répertoires utilisateurs. C’est toujours sympa d’avoir une version traduite de l’environnement.
C’est par la suite que les choses se gâtent. Le thème Numix est toujours aussi moche , que ce soit avec des icones circulaire ou carrée, ça change quoi ?
La logithèque à moitié complète (le groupe gnome-extra ne semble pas avoir été récupéré par l’installateur), on a droit au bazardesque pacmanXG pour gérer les paquets en mode graphique, ce qui explique l’installation des paquets lib32. Autant utiliser un logiciel comme Pamac qui fait le même travail sans importer des bibliothèques qui surchargent inutilement le système. Enfin, je dis cela, hein…
Une autre horreur : la version proposé de LightDM. On se croirait dans un film de la série des « Mission Impossible ». C’est lourdingue au possible. Les personnes qui considèrent que GDM est lourd, je leur conseille de tester cette version revampée de LightDM qui est pourtant connu pour être assez rapide, sans tomber dans le superfétatoire.
Mais le mieux est de vous montrer l’ensemble du massacre en action.
Maintenant, attaquons la liste des doléances :
- Antergos prend 5 Go dès le départ (avant tout nettoyage qui fait gagner au moins 1 Go) pour une logithèque plus que maigre, même si j’ai poussé le vice à installer LibreOffice.
- Un gestionnaire de connexion qui se la pète sans apporter un quelconque bénéfice à l’utilisateur
- Le thème d’icones qui règle facilement les problèmes d’indigestion
- Un gestionnaire de paquets qui oblige à l’installation de bibliothèques 32 bits
- Des problèmes techniques liées à des clés PGP qui sont non reproductibles dans une Archlinux installée de manière classique.
De plus, il est très difficile de justifier cette surcharge pondérale dès le départ. Mon système installé (avec les traductions inutiles enlevées), qui contient un Gnome complet, avec LibreOffice, VirtualBox, Qemu, Handbrake, des compilations maisons de Mozilla Firefox et Mozilla Thunderbird arrive à peine à 5 Go… Soit la taille demandée par une Antergos avec son Gnome plus que castré et toutes les options activées par défaut, et toutes les traductions.
Pourtant, qemu-git (version de développement de Qemu) et VirtualBox sont des logiciels assez lourds. J’ai oublié de rajouter les dépendances, cependant.
[fred@fredo-arch log]$ pacman -Qi virtualbox | grep Taille
Taille installée : 79,80 MiB
[fred@fredo-arch log]$ pacman -Qi qemu-git | grep Taille
Taille installée : 189,59 MiB
J’avoue que je suis de plus en plus déçu par le projet Antergos qui devient un peu plus obèse et moche à chaque nouvelle publication. Je comprends maintenant mieux pourquoi un projet comme Calamares a été mis en chantier. D’ailleurs une première distribution proposant Calamares est disponible, c’est l’ISO de début décembre 2014 du projet KaOS.
Maintenant c’est à vous de voir. Mais je ne serai pas étonné outre mesure si courant 2015, on apprend que le projet Antergos a rejoint le cimetière de distributions GNU/Linux, bien chargé en 23 années d’existence.