PROJET AUTOBLOG


Paris-luttes.info

Site original : Paris-luttes.info

⇐ retour index

[A69] La ZAD est vivante face à une répression abjecte

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Retour sur un weekend à la ZAD contre l'A69 où la répression ne nous désarma pas de notre joie, notre rage et notre déter. Article publié sur IAATA

Samedi 20 janvier

13h : Il fait grand soleil, une nouvelle cuisine et un bar finissent de se construire à la Crém'arbre en prévision de la soirée prévue sur place le soir-même.

14h : Une petite foule carnavalesque se rassemble place Pierre Fabre (multinationale initiatrice du projet d'autoroute) à Castres pour démasquer la MAFIA69. Alors que cette dernière tente de museler l'opposition à coup d'arrêté préfectoraux, elle se prépare à une attaque abjecte.

14h15 : 200 flics se positionnent Route de la Crémade, profitant de l'absence d'une partie du camp pour prendre d'assaut et surprendre les écureuils au sol. Tous les arbres sont protégés. Les barricades sont enfoncées et le sol, dépourvu d'une bonne partie de ses habitant.es, est vite assailli.

15h : Un tractopelle entre sur zone, fracasse les installations au sol et retourne méthodiquement tout le pré, anéantissant deux mois et demi d'efforts. Les flics lacèrent les tentes, détruisent les cabanes à la masse, enterrent canapés, cuisinières, livres, pharmacie, vêtements et affaires personnelles sous des tonnes de terre. Tout ce qu'ils n'ont pas détruit ou enfoui a été saisi : téléphones portables, matériel de grimpe, outils éléctroportatifs, groupe éléctrogène... Des personnes présentes sont retenues pour des contrôles d'identité et convoquées en audition libre.

17h58 : Le tractopelle quitte la zone et la gendarmerie se replie après une descente aussi bien illégale que destructrice.

18h00 : Les habitant.es constatent les dégâts. Sombre vision que ce champs de ruines. Et pourtant... l'énergie collective reprend vite le dessus ! Une petite foule se réunit et s'affaire. Un grand feu de joie jaillit des décombres. Il brûle vivement, à l'image de la rage ambiante.

21h30 : Deux voitures de gendarmerie bloquent la route de la Crémade afin d'en couper l'accès. Ils déguerpissent enfin, poussés par une foule joyeusement persuasive.

Dimanche 21 janvier

Matin : Après avoir assuré une vigie tout au long de la nuit, les habitant.e.s sont de nouveau sur le qui-vive : des fourgons de gendarmes mobiles sont en route pour la Crém'arbre. Peu de temps après, une première lignée se déploie tandis que des barricades se montent avec entrain.

Quelques précipitations d'objets non-identifiés s'abattent de-ci de-là en direction des uniformes. Ils ripostent en lançant des lacrymos de façon hésitante. Charges, ripostes, ce balai dure un certain temps avant que les forces de l'ordre élargissent leur rang et prennent finalement possession de la route.

Midi : Résiliente, la foule se réunit sur un champ voisin. Un appel à rassemblement et chantier de construction avait été lancé pour 14h00. Les soutiens se réunissent, un grand repas se prépare.

Après-midi : Les gendarmes mobiles se trouvent toujours sur la route de la Crémade mais la foule retourne malgré tout sur le site. Une crépière s'installe entre les décombres et le repas est servi. Petit à petit les objets éparses sont triés, ce qui peut l'être est déterré et sauvegardé. La cabane dortoir, brisée la veille à coups de masse, est reconstruite. Malgrès la fatigue, une assemblée se réunit en fin de journée autour du feu.

Il semble qu'une entente ait été établie entre les propriétaires du terrain (bientôt expropriés) et les autorités afin que ceux-ci ne déposent pas plainte en cas d'intervention sur la zone. C'est ainsi que la préfecture aurait réalisé sans crainte cette intervention aussi bien illégale qu'humiliante.

Les autorités souhaitent abattre les esprits : une guerre de moral et d'usure comme ils l'ont eux-même nommée. Pourtant, la volonté n'est pas entachée et chaque coup porté semble réaffirmer la determination. Déjà, la ZAD se reconstruit et reprend vie. Les masques commencent à tomber et la chute n'en sera que plus grande pour la MAFIA69.

Ils pensaient nous fragiliser mais leurs attaques ont renforcé notre entraide. Nous n'avons pas peur des ruines, le printemps est bientôt là et nous repoussons plus vite.

Nous avons besoin de forces vives très nombreuses. Appel à toutes les personnes disponibles pour défendre le lieu, persister dans le bois, tenir les barricades, grimper dans les arbres, faire de la vigilance, du soin, construire, à manger, proposer et réinventer des moyens de lutte et de vie collective. La ZAD a besoin de toi, entre en résistance.

<style> .lire-ailleurs { text-align: center;font-weight: 800; } .lire-ailleurs a { background-color:#f5f5f5; color:black; display: block; padding: 0.5rem 0; margin-bottom: 0.5rem; text-decoration: none !important; } .lire-ailleurs a:hover { background-color: #a30005; transition-property: background-color; transition-duration: 0.3s; } .lire-ailleurs a:hover span { color: white; transition-property: color; transition-duration: 0.3s; } .lire-ailleurs a span { color:#a30005; }

Pas d'élève à la rue ! Rassemblement à l'appel du collectif « Jamais sans toit - Île-de-France »

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Depuis de trop longs mois, à Paris comme dans toute la France, de nombreuses écoles font face à des situations d'élèves dormant à la rue avec leur famille ou vivant dans une extrême précarité.

Des réseaux de solidarité citoyens ont vu le jour. Des actions allant de la lettre de soutien à l'occupation d'école en passant par l'aide aux démarches administratives, les pétitions, les demandes de soutien aux élu·e·s, l'hébergement dans les écoles et chez des voisin·e·s ou la grève ont été mises en place localement pour pallier l'urgence, mais le problème reste entier. Il s'aggrave même de semaine en semaine. À la rentrée de janvier, certaines chaises sont restées vides car les hôtels sociaux qui hébergeaient les enfants et leur famille avaient été évacués à la faveur des vacances. L'approche des Jeux olympiques et la pression immobilière qui l'accompagne nous font craindre une forte augmentation du nombre d'expulsions d'hôtels ou de logements.

Par ailleurs, la loi Darmanin prévoit de mettre fin à l'inconditionnalité de l'hébergement d'urgence. En effet, les personnes sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) ne pourront plus être hébergées dans les centres d'hébergement d'urgence. Or de nombreuses situations de familles à la rue concernent des personnes sans papiers.

Nous sommes des parents d'élèves attachés à l'école publique et au bien-être de tous les enfants.

Nous sommes des personnels et des enseignant·e·s conscient·e·s que les élèves, pour apprendre et s'épanouir ont besoin d'un toit, de stabilité et de sérénité. L'école ne peut fermer les yeux sur ces situations indignes de la capitale d'un des pays les plus riches du monde, dans laquelle on compte environ 20 000 logements vacants.

Nous demandons à la hiérarchie de l'Éducation Nationale de soutenir les équipes qui tentent de venir en aide à ces élèves et non de les ignorer ou de les menacer parfois. Nous soutenons l'enseignante de Toulouse qui a été convoquée pour un rappel à la loi et nous lutterons contre toute situation de ce type.

Tous les élèves, tous les enfants ont les mêmes droits, garantis par la Convention Internationale des Droits de l'Enfant signée par la France. Les collectivités locales, l'État et l'Éducation Nationale doivent en être les garants et offrir à ces enfants et leurs familles un logement pérenne.

Pour faire entendre notre voix et celle des enfants sans toit, et pour rappeler que cette question dramatique concerne directement l'Éducation Nationale, nous appelons à un rassemblement à l'occasion de la journée internationale de l'Éducation devant le rectorat de Paris :

Mercredi 24 janvier à 12h30
Devant le Rectorat de Paris
12 boulevard d'Indochine, 75019 Paris

— Le collectif « Jamais Sans Toit – Île de France » Avec le soutien de :

FCPE 75 et 91, collectifs de parents indépendants, CNT-STE 75, CGT éduc'action 75, SNES-FSU 75, SNUDI-FO 75, SNUEP-FSU 75, SNUIPP-FSU 75, SUD éducation 75, RESF 75, LDH 75, MRAP 75, Fédération des Acteurs de la Solidarité IDF
Contact : jamaissanstoit.idf@gmail.com

Contre les obsessions sécuritaires, attaquons les JO du contrôle !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Liste des entreprises qui se font de la maille avec le business du réarmement et de la surveillance.

Compte tenu de la longueur de cette liste, une version pdf est dispo en pièce jointe.

Depuis 2018, le ministère de l'Intérieur, le/la premièr.e ministre et le Comité Stratégique de Filière des Industries de Sécurité (CSF-IS) mènent de larges expérimentations en matière de sécurité. L'encadrement des évènements sportifs (coupe du Monde de Rugby, JOP) est un argument parfait pour développer rapidement des outils de surveillance à la pointe de la technologie. 89 entreprises, très majoritairement françaises (90%), ont participé à ce programme à différentes échelles. Elles forment le fleuron de « la souveraineté et de l'autonomie stratégique » de la France et font la fierté de l'État, tant dans le civil que dans le militaire. Il nous a semblé important de partager les informations qu'on a pu recueillir, libre à chacun.e de s'en saisir de la manière qui lui semblerait appropriée.

Voici donc une liste non exhaustive de boîtes ayant participé à ce programme d'expérimentations sur la sécurité des grands événements, et en particulier sur la sécurité en vue des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Ce programme est dirigé par Daniel LE COGUIC, président de l'ACN (Alliance pour la Confiance Numérique). Elles œuvrent dans plusieurs domaines : la cybersécurité, la surveillance et le contrôle des foules, la lutte anti-drone, le renseignement, etc. Parmi elles, des chefs de file technologiques déjà bien connus, dont Thalès, Orange et Airbus...

Notre anti-colonialisme est anti-carcéral

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Un texte de positionnement du RISI (Réseau insurrectionnel de solidarité internationaliste) sur la situation en Palestine et au génocide en cours. Versions française, arabe et anglaise dans le texte.

Notre anti-colonialisme est anti-carcéral

Si la prison est bel et bien obsolète, elle existe pour maintenir un ordre social, capitaliste, sexiste et colonial. L'exécution de condamnations pénales mises en place par l'administration pénitentiaire vise toujours les même personnes : les pauvres et les personnes racisé.e.s. Dans le cas du colonialisme, la prison joue alors un rôle très important pour punir toute une population qui refuserait de se laisser faire.

Depuis 1967, les Palestinien.ne.s sont incarcéré.e.s massivement dans les prisons coloniales israéliennes. Le nombre de palestinien.nes détenu.e.s en prisons coloniales jusqu'à fin décembre 2023 a atteint les 8,800 prisonnier.es, dont plus de 4,000 ont été arrêté.es depuis le début de l'offensive génocidaire lancée sur Gaza en octobre. L'Autorité Palestinienne collabore aussi à cette incarcération de masse en lien étroit avec l'État d'Israël. En 2022, sous les ordres du président palestinien Mahmoud Abbas, 94 palestinien.ne.s ont été incarcéré.e.s .

Les palestinien.ne.s peuvent être interpellé.e.s à tout moment par l'armée et la police sans aucun mandat d'arrêt, et déféré.e.s la plupart du temps devant la justice militaire, par exemple dans les territoires occupés en Cisjordanie, alors que les colons israéliens eux sont traduits devant la justice civile, même lorsqu'ils sont accusés des mêmes choses au même endroit. Il s'agit là d'un des aspects les plus flagrants et brutaux du système d'apartheid colonial.

Plus globalement, toute forme d'engagement politique, militant, associatif et civil est criminalisée. Les conditions de détention sont particulièrement violentes, les prisonnier.e.s subissent de la torture ainsi qu'un usage de l'isolement dans des formes particulièrement cruelles. Tous les ans, plusieurs centaines d'enfants et d'adolescent·es mineur·es sont incarcéré·es et subissent les mêmes sévices que les adultes. Beaucoup de prisonnier·es sont considéré·es en « rétention administrative » sans aucune forme de procès. On ne ressort pas de ces taules sans avoir été marqué à vie physiquement et psychiquement, sans avoir développé des traumas lourds.

Pourtant, ce qu'il se passe en prison n'est que la continuité de ce que la population palestinienne vit hors des murs, par le contrôle du territoire (murs, checkpoints, contournements routiers, etc.). L'objectif est de réduire au silence et isoler à tout prix les voix palestiniennes, grâce à une surveillance omniprésente.

Si Israël obtient tant de soutien de la part des États occidentaux, c'est parce que le système répressif israëlien constitue un modèle pour ces États. Des programmes d'échange existent déjà, parmi lesquels le Georgia International Law Enforcement Exchange (GILEE), un programme de la police de l'État de Géorgie aux États-Unis, qui a pour but d'entraîner la police israëlienne aux techniques répressives et létales. Ils feront tout pour défendre cette démocratie coloniale, soyons déterminé·es pour la détruire.

Il est donc plus qu'important de soutenir les luttes des prisonnier-es partout dans le monde, y compris les prisonnier·es palestinien·nes ! Depuis le CRA de Vincennes à la prison de Gilboa, vive la belle et feu aux prisons !

حركتنا المناهضة للاستعمار هي أيضا مناهضة للسّجون،

إذا كان نظام السجون قد ولّى عليه الزمن، فهو موجود للحفاظ على نظام اجتماعي رأسمالي، ذكوري واستعماريّ. إن الإدانات الجنائية التي تقوم بها إدارات السجون تستهدف دائمًا نفس الأشخاص : الفقراء والأجانب. وفي ظل الاستعمار، يلعب السجن دورا هاما جدا في معاقبة الأشخاص الذين يرفضون الخضوع والاستسلام للمستعمر.

منذ العام ١٩٦٧، يقوم الاحتلال الإسرائيلي باعتقال الفلسطينيين على نطاق واسع في السجون الاستعمارية الإسرائيلية. وبلغ عدد الفلسطينيين المحتجزين في السجون الاستعمارية حتى نهاية كانون الأول/ديسمبر ٢٠٢٣ ٨,٨٠٠ سجينا، تم اعتقال أكثر من ٤٠٠٠ منهم منذ بداية الإبادة الجماعية التي يقوم بها الاحتلال في غزة. وتتعاون السلطة الفلسطينية مع الاحتلال في هذه الاعتقالات الجماعية بحيث أن في عام ٢٠٢٢ مثلا و بأوامر من الرئيس الفلسطيني محمود عباس تم سجن ٩٤ فلسطينيا

وبصورة عامة، إن الفلسطينيين معرضون للسجن في أي وقت من قبل جيش وشرطة الاحتلال دون أي أمر بالقبض عليهم، وفي معظم الأحيان يتم إحالتهم إلى القضاء العسكري. ويُجرَّم أي شكل من أشكال . مشاركتهم في العمل السياسي، النضالي، المؤسساتي، والمدني. وفي كل عام، يُسجن مئات من الأطفال والقاصرين ويعملون بنفس الطرق ويتعرضون لنفس الإساءات التي يتعرض لها البالغون. ويعتبر العديد من السجناء رهن "الاعتقال الإداري" دون أي شكل من أشكال المحاكمة. وتتسم ظروف السجن بالعنف بوجه خاص، ويعاني السجناء من التعذيب وكذلك من العزل بأشكال قاسية بحيث يغادر المعتقلين السجون مع صدمات واضطرابات خطيرة.
.

إن ما يحدث في السجون الاستعمارية ليس سوى امتداداً لما يعيشه الفلسطينيون خارج الجدران من احتلال وعزل، ومراقبة وسيطرة على تحركاتهم وتنقلاتهم والهدف من ذلك هو إخضاع وإسكات الأصوات الفلسطينية بأي ثمن ومحاولة عابثة لنشر فكرة أن المقاومة لا تجدي نفعا.

إذا كان لدى إسرائيل الكثير من الدعم من قبل الدول الغربية، فذلك لأن النظام القمعي الإسرائيلي هو نموذج لهذه الدول. وتوجد بالفعل برامج تبادل خبرات مثل برنامج جورجيا لتبادل الخبرات حول تطبيق القانون الدولي (GILEE) بين شرطة ولاية جورجيا في الولايات المتحدة والشرطة الإسرائيلية لتدريب عناصرها على التقنيات القمعية والقاتلة. وهم سيفعلون أي شيء للدفاع عن هذه "الديمقراطيات" الاستعمارية، فدعونا نكون مصممين على تدميرها.

ولذلك، فإن دعم نضال المعتقلين في السجون في جميع أنحاء العالم له أهمية بالغة، بما في ذلك نضال المعتقلين والمعتقلات الفلسطينيين ! من مركز الاحتجاز الإداري (CRA) في Vincennes إلى سجن جلبوع يحيا الهروب من السجن، ولتشتعل السجون بالنيران !

Our anti-colonialism is abolitionist

If prison is indeed obsolete, it exists to maintain a social, capitalist, sexist and colonial order. The execution of criminal convictions set up by the prison administration always targets the same people : the poor and racialized people. In the case of colonialism, prison plays a very important role in punishing a whole population who is refusing to let themselves be wiped out.

Since 1967, Palestinians have been massively incarcerated in Israeli colonial prisons. The number of Palestinians detained in colonial prisons as of the end of December 2023 reached 8,800, more than 4,000 of whom have been detained since the beginning of the occupation's genocidal offense launched on Gaza in October. The Palestinian Authority also collaborates in this mass incarceration in close connection with the settler colonial state of Israel. In 2022, under the orders of Palestinian President Mahmoud Abbas, 94 Palestinians were incarcerated. The Palestinians can be arrested at any time by the army and the police without any arrest warrant, and referred to the civil or military justice. Any form of political, militant, associative or civil engagement is criminalized. The conditions of detention are particularly violent, prisoners suffer torture as well as the use of isolation in particularly cruel forms. Some people leave prisons with serious sequels and trauma.

What happens in prison, however, is only a continuum of what the Palestinian population experiences outside the walls via a control of the territory (walls, checkpoint, road bypass etc.). The goal is to silence and isolate Palestinian voices at all costs through ubiquitous surveillance.

If Israel has so much support from Western states, it is because the Israeli repressive system is a model for these states. Exchange programs such as the Georgia International Law Enforcement Exchange (GILEE) already exist between the police of the State of Georgia in the United States and the Israeli police to train them on repressive and lethal techniques. They will do anything to defend this colonial democracy, let us be determined to destroy it.
It is therefore more than important to support the struggles of prisoners around the world, including those of Palestinian prisoners ! From the detention center of Vincennes to the prison of Gilboa, long live the escapes and fire to the prisons !

Réseau insurrectionnel de solidarité internationaliste
risi-1967@protonmail.com

Contre le sionisme, contre l'antisémitisme. Pour l'humanité !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

« Notre camarade Claudio Albertani, auteur de nombreux articles sur la situation au Mexique dans Courant Alternatif ainsi que du livre A quel moment le Mexique a-t-il été foutu ? nous fait parvenir ce texte "contre le sionisme et l'antisémitisme » qui rappelle avec force et de manière synthétique des faits souvent méconnus ou déformés et qui montre que de l'autre côté de l'Atlantique aussi se lèvent des voix dissidentes des médias mainstream au service du sionisme contre la résistance palestinienne." Article de l'OCL

Il y a quelques jours [à Mexico], lors d'une manifestation devant l'ambassade d'Israël, un individu a crié des slogans antisémites. Il s'agissait d'un provocateur qui a été rapidement isolé. Mais la question est sensible car l'État sioniste exploite la montée indéniable de l'antisémitisme après l'invasion de Gaza pour justifier ses crimes. Ce récit est légitimé par un fait historique : les juifs ont été victimes d'un des plus grands massacres de l'histoire, l'holocauste (Shoah en hébreu), perpétré par les nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Cela justifierait que les survivants se réfugient en Palestine, une région qui leur appartiendrait pour des raisons historiques et théologiques.

C'est là que le bât blesse car le problème d'Israël est double : non seulement son gouvernement actuel n'est pas présentable, mais sa légitimité historique est également contestable. Selon Nétanyahou, les Palestiniens seraient une bande de gens sans histoire qui persécutent les juifs comme l'ont fait les nazis. Dans ces conditions, Israël n'aurait d'autre choix que de se défendre, au besoin avec une force disproportionnée. Et, bien sûr, tous ceux qui s'y opposeraient seraient antisémites ou, pour être plus précis, antijuifs.

Il s'avère cependant qu'il y a de nombreux juifs parmi les antisionistes. En Israël même, la nouvelle école d'historiens a démantelé les mythes fondateurs du sionisme. L'un d'eux est la prétendue diaspora, l'exil supposé des juifs après la destruction du second temple à Jérusalem (70 après J.-C.), lorsqu'ils auraient été dispersés dans toute la Méditerranée. Dans Comment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2008) et Comment la terre d'Israël fut inventée (Flammarion, 2012), Shlomo Sand, de l'université de Tel-Aviv, démontre que cette dispersion n'a jamais eu lieu et que les Romains ne les ont jamais expulsés.
Documents à l'appui, l'historien israélien prouve que les communautés juives qui ont existé et existent encore dans de nombreuses régions du monde sont le produit des différentes vagues de conversion qui ont eu lieu à partir du IVe siècle de l'ère chrétienne, et non de flux migratoires en provenance de Palestine. Bien sûr, il y a eu et il y a des juifs dispersés dans le monde entier ; bien sûr, ils ont été victimes de l'antisémitisme, qui est une terrible tache dans l'histoire de l'humanité, mais prétendre que le peuple juif a des droits ancestraux sur la Palestine est aussi absurde que de prétendre que les bouddhistes ont des droits ancestraux sur la terre de Siddhartha Gautama.

D'autre part, deux archéologues, Israël Finkelstein, également de l'université de Tel-Aviv, et Neil Asher Silberman, de Belgique, remettant en question la fiabilité de la Bible, ont montré qu'il s'agit d'un récit littéraire fascinant, mais en aucun cas d'une source historique crédible. Après des décennies de fouilles en Israël, au Liban, en Syrie et en Égypte, les deux scientifiques ont découvert qu'il n'existe aucune preuve de l'existence des patriarches, ni de la fuite des juifs d'Égypte, ni de la conquête de Canaan. Il est encore moins prouvé que David et Salomon ont régné sur un vaste empire (La Bible dévoilée, réédition Gallimard, 2004).

Quant à l'histoire du sionisme, un historien américain d'origine juive, Lenni Brenner (Zionism in the Age of the Dictators, 1983), a montré que, dans les années 1920 et 1930, les principaux dirigeants de l'Agence juive ont même négocié avec Hitler et Mussolini pour atteindre leurs objectifs. Et il est toujours utile de rappeler que les premiers adeptes du terrorisme en Palestine étaient des membres de groupes paramilitaires juifs, les précurseurs des actuelles Forces de défense israéliennes. Il faut cependant reconnaître que seule une minorité de juifs dispersés dans le monde étaient sionistes. Brenner évoque l'expérience de l'Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie, connue sous le nom de Bund [1], qui, au début du siècle dernier, s'opposait à l'émigration vers la Palestine et appelait à la lutte contre l'antisémitisme et pour le socialisme dans les pays d'origine. Plus récemment, le Matzpen, petit parti communiste antisioniste et antistalinien composé de travailleurs palestiniens et juifs, a lutté contre l'occupation des territoires palestiniens par Israël.

Y a-t-il jamais eu un sionisme de gauche ? L'esprit humaniste et utopique de Martin Buber, par exemple, et d'autres qui aspiraient à créer un socialisme libertaire en Palestine est indéniable. Contre le slogan sioniste « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre », Buber pensait à une terre pour deux peuples et il critiquait la politique coloniale des dirigeants sionistes. En 1947, à la veille de la partition, il a souligné que la solution n'était pas de construire deux États, mais une entité sociopolitique binationale commune. Il avait raison.

Cependant, la position de Buber a toujours été minoritaire, même au sein de la prétendue gauche sioniste. C'est sous la direction du Mapai, le parti travailliste, que l'État juif a été proclamé en 1948. Des dizaines de milliers de Palestiniens ont alors été massacrés, tandis qu'entre 700 000 et 800 000 d'entre eux étaient contraints de fuir leurs maisons. C'est ce qu'on appelle dans le monde arabe la Nabka [2], ou « catastrophe », qui est très bien expliquée par le Palestinien Edward Saïd dans La Question de Palestine (Actes-Sud, 2010), mais aussi par le juif Ilan Pappé dans Le Nettoyage ethnique de la Palestine (Fayard, 2008). Un nettoyage ethnique, précise Pappé, qui se poursuit encore aujourd'hui. Il y a quelques jours, Avi Dichter, membre du cabinet de sécurité du gouvernement israélien, a déclaré sans ambages que l'État juif – celui-là même qui a nié la Nabka durant soixante-quinze ans – avait maintenant lancé la Nabka 2023. En effet, 80 % de la population de Gaza (2,26 millions d'habitants) ont déjà été contraints de fuir leurs maisons dans la pire catastrophe humanitaire depuis 1948.

Pourtant, comme l'a écrit le journaliste Gideon Levy, il est impossible de maintenir 2 millions de personnes en prison sans en payer le prix cruel. Cette prison doit être démantelée dès maintenant et, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, à long terme, seule la réconciliation entre Juifs et Palestiniens que préconisait l'« utopiste » Buber peut changer le destin des deux peuples. En 2009, la CIA américaine prédisait l'effondrement d'Israël dans une vingtaine d'années et, aujourd'hui, le Pentagone affirme que l'État juif pourrait subir une défaite stratégique dans sa guerre contre Gaza. Le compte à rebours a commencé.

par Claudio Albertani
décembre 2023

https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4012


[1] Lire « Non nous ne sommes pas un peuple élu - La doctrine du Bund polonais dans les textes », éditions Acratie, 2016.

[2] Lire « La Nakba ne sera jamais légitime », Pierre Stambul, Sarah Katz, éditions Acratie, 2018.