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Après les peines, l'heure du châtiment ?

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Nouvelles de Libre Flot, point sur la situation juridique dans l'opération antiterro du 8/12, brèves internationales sur l'antiterrorisme.

APRÈS LES PEINES, L'HEURE DU CHÂTIMENT ?

« Le châtiment s'ancre dans l'histoire la plus archaïque de l'humanité, celle des terreurs suprêmes que les hommes ont traduites en dieux et déesses au cœur démoniaque. Pas une religion pour sauver l'autre lorsqu'il est question des supplices réservés aux damnés. »

« La Loi n'est pas l'expression d'une éthique quelconque : au service du pouvoir disposant des plus grandes forces de coercition, elle n'existe que par la sanction. »

« Le discours sécuritaire sème le vent.
Il récoltera des tempêtes sur des incendies. »

Pourquoi faudrait-il punir ? - Catherine Baker (2003)

Depuis plusieurs mois nous n'avons pas donné de nouvelles, profitant un tant soit peu d'un « répit » depuis la sortie de prison du dernier inculpé. Le temps de remettre un peu de sens dans nos vies, de continuer nos autres engagements militants, de souffler et de reprendre des forces pour différents projets. Reprendre pied, retrouver notre propre temporalité. Mais la répression revient toujours pour dicter sa marche : « toc toc, le procès, c'est pour bientôt ! ». Et là, de nouveau, tout s'accélère. Encore une étape atroce qu'il faudra passer, pour que « justice soit rendue », c'est à dire encore un déversement de violences judiciaires à l'horizon, dans lequel il faudra affronter la froideur robotique de magistrats désincarnés vivant dans leur réalité propre.

« L'idée d'une Justice qui rend le mal pour le mal ne peut mener qu'au mépris de toute justice » nous dit Catherine Baker, ajoutons que celle rendant le mal pour le bien mène à la nécessité de son abolition. La CEDH venant d'autoriser officiellement l'application d'une loi mussolinienne à l'encontre de Vincenzo Vecchi, condamné à 10 ans de prison ferme pour avoir participé à une manifestation de 300 000 personnes... il y a 21 ans. Il n'y a plus rien à sauver de ces institutions.

DES NOUVELLES DE LIBRE FLOT

Après le combat de Libre Flot contre ses conditions de détention inhumaines et injustifiées, ce dernier avait été libéré in extremis « pour raison médicale », alors au bord du coma après 36 jours de grève de la faim. Il y avait eu, le 4 avril 2022, une forte mobilisation internationale en faveur de sa libération.

Après avoir passé plus d'une semaine en service de renutrition, il s'est vu incarcéré à domicile, sous dispositif ARSE (Assignation à Résidence sous Surveillance Électronique), défini comme « une mesure de sûreté destinée aux personnes dont la dangerosité est attestée ». Cela fait environ 6 mois maintenant. Cette mesure s'accompagne de beaucoup de contraintes : obligation de travail après un court « arrêt maladie » suite à sa sortie, un suivi judiciaire intense avec des enquêtes psychologiques d' « évaluation de la radicalisation », interdiction de sortie hors temps de travail, et les jours non-travaillés, seulement deux pauvres heures autorisées. Cette pression temporelle constante, la tyrannie des horaires à respecter sous peine d'être renvoyé au placard, constitue une source d'oppression permanente, comme le décrit parfaitement Kamel Daoudi.

Vous l'aurez compris, tout le panel répressif de « la prison à la maison » prolonge évidemment l'oppression constante de l'incarcération et de la surveillance et a pour but d'empêcher la personne de se reconstruire pleinement et de soigner les séquelles que peuvent laisser plusieurs mois de Quartier d'Isolement (QI), dont 37 jours de grève de la faim.

Après ces 16 mois d'absolu vide sensoriel, on ne peut qu'imaginer la désorientation du ressentir et la saturation d'informations lorsqu'on se met à redécouvrir les visages, les goûts, les textures, les sensations corporelles, les lumières, etc. C'est là tout le secret de la torture blanche, elle est invisible mais profonde.

Les séquelles de l'isolement restent omniprésentes : perte totale de prise sur le temps, douleurs nerveuses, pertes de mémoire, épuisement chronique, etc. ; mais Libre Flot a quand même repris du poil de la bête et retrouvé le sourire et les petits plaisirs de la vie dans le sud-ouest.

Ce 28 septembre prochain, le talentueux Jean-Marc Herbaut l'a convoqué pour le renouvellement de son maintien sous bracelet électronique. Le laissera-t-il dans ces conditions, toujours largement inéquitables vis-à-vis des autres inculpé.es ? Ou pire encore, révoquera-il sa libération « pour raison médicale » afin de le renvoyer au placard ? Restons vigilant.es ces prochains jours.

DES NOUVELLES DU 8/12

« L'humanité, l'intégrité d'un magistrat, voyez-vous, ce n'est pas dans les livres, les études et les statistiques qu'on peut s'en faire une idée ; c'est en le pratiquant en tant qu'inculpé. Croyez-vous qu'un juge avouera dans ses notes annuelles qu'il s'adresse aux prévenus comme à des chiens ? Le seul moyen de s'en apercevoir, c'est d'être justiciable soi-même. Tout le reste n'est que littérature. »

De la prison à la révolte, Serge Livrozet (1999)

Le 26 août dernier, Jean-Marc Herbaut met fin à l'information judiciaire dans le dossier du 8/12, Ce dossier ouvert par la DGSI sous le nom d' « affaire punk à chien », puis renommé après les arrestations « contre [LIBRE FLOT] et autres », aura donc été alimenté par 932 jours d'une instruction très bornée.

Cette clôture est un soulagement, car cela met fin aux commissions rogatoires mandatées par le juge, qui permettaient à la DGSI d'user de « tous les moyens en sa disposition » pour harceler les mis.es en examen et leurs proches. C'est à dire que la surveillance ne sera désormais plus appuyée par la Justice.

Mais cela signifie aussi que le dossier est clos, laissant aux inculpé.es et leur Défense un délai de trois mois pour apporter les derniers éléments (demandes d'actes ou observations). Au bout de ce délai donc, le 26 novembre prochain, ce sera au tour du PNAT de faire ses « réquisitions », c'est à dire d'exiger quelle Cour devra juger nos ami.es et camarades.

Une fois les réquisitions du Parquet déposées, il restera enfin un mois de délai à la Défense pour émettre ses dernières observations. Et enfin : l'illustre magistrat Jean-Marc Herbaut, qui a démontré, par son acharnement personnel contre Libre Flot, être devenu trop sénile pour exercer son travail, décidera qui aura l'honneur de châtier les inculpé.es au nom du peuple français.

Car les accusations n'ont pas changé, au contraire elles n'ont eu de cesse d'être martelées par le juge d'instruction, la DGSI et le PNAT, ne tenant aucunement compte de la paroles des mis.es en examen, de leurs proches et de leur défense. Toujours les même névroses policières, répétées sans discernement. Un « groupe » qui n'en est pas un (les expertises numériques et témoignages le confirment), « destiné à commettre des actions violentes à l'encontre notamment de membres des forces de l'ordre et de militaires » (nié par les mis.es en examen et des témoins), « en se concertant dans ce but avec des membres de divers groupuscules ayant les mêmes objectifs en France et à l'étranger » (hallucinant, on ne sait même pas lesquels), qui organiserait des « entraînements para-militaires » (deux après-midi de Airsof, pas avec les même personnes, dans des spots différents) et qui fabriquerait des « engins explosifs » (quantités infimes de produits ménagers, pour s'amuser et par curiosité).

Qu'il ait été impossible de prouver « l'entente établie », « la concertation dans le but de », « l'intention de » et donc en fait un quelconque « projet », ne semble pas déranger l'ajustice. Tous ces vides sont automatiquement comblés par la présomption de culpabilité. Si par exemple l'analyse des téléphones montrent que la plupart des protagonistes du groupe n'étaient pas en lien, c'est qu'ils devaient forcément communiquer par des applications sécurisées. Et par conséquent, c'est qu'ils avaient bien un projet commun. Ou si une brochure sur la guérilla a été retrouvée parmi des milliers d'autres fichiers, eux mêmes répartis parmi des dizaines de clés usb, disques durs, ordinateurs (etc.), c'est qu'elle a bien été lue par le mis en examen, et s'il l'a lu, c'est qu'il doit bien adhérer à l'action violente, et s'il y adhère, c'est la preuve que tous ces agissements dans sa vie convergent vers ce but ! Les abîmes infinies de la police d'anticipation, mais dans la tête d'un juge d'instruction.

C'est donc aussi la perspective d'une réincarcération dans quelques mois qui refait surface, pour la plupart des inculpé.es, puisque la volonté de punir a depuis longtemps pris le dessus sur la rationalité, comme le constate l'anthropologue Didier Fassin dans son dernier ouvrage, Punir, une passion contemporaine (2020). Il n'y a rien à attendre d'autre qu'un naufrage éthique d'une justice militarisée. L'antiterrorisme est une guerre qui n'a pas fini de produire ses « ennemis ».
Dans tous les cas, ce procès continuera de n'être rien de moins qu'un élément du délire sécuritaire actuel et du virage militaire de tous les appareils d'État. De la vengeance en pâture pour cochons patriotes. Mais nous ne sommes pas vaincu.es, nous apporterons la Vérité dans leurs simulacres.

LE TERRORISME EST UNE MATIÈRE ÉLASTIQUE

« La notion de terrorisme est si largement définie dans le règlement qu'elle pourra servir à justifier la censure de discours radicaux ou de toute expression favorable à des actions politiques offensives ou violentes – tels que le sabotage ou le blocage d'infrastructures. »

La Quadrature du Net

Il semble que la notion de « terrorisme », soit devenu le mot-valise des réactionnaires pour criminaliser et déshumaniser leurs opposant.es. Dans un contexte de désastre climatique imminent, le mouvement écologiste est particulièrement visé par cette assimilation au terrorisme.
Pendant la sécheresse de cet été, le président de la Chambre d'Agriculture de la Haute-Vienne, Bertrand Venteau affirmait impunément au micro de France 3 : « c'est pas des écologistes, c'est des terroristes » au sujet des opposant.es à la construction sauvage de barrages sur les cours d'eau.
C'est aussi la rhétorique employée par le Conseil de l'Agriculture Finistérienne, qui a qualifié de « terrorisme vert » l'action du Collectif contre les Fermes-Usines, militant contre l'élevage industriel (responsable de plus de 23 % des émissions de CO2 à l'échelle mondiale).

Outre l'évident conflit entre les partisan.es d'un changement radical dans les modes de production agricole et les défenseur.euses de l'agro-industrie, c'est aussi le signe d'une militarisation latente du monde de l'agriculture qui s'exprime. Le collectif Ni Guerre Ni état de Guerre analysait en mai 2021 les nouvelles stratégies de Défense ainsi :

« La théorie développée depuis plusieurs années est la suivante : l'Armée ne sera pas capable de faire face seule aux crises qui s'annoncent. Il faut organiser la capacité de mobilisation de la nation tout entière, pour qu'elle réponde par son action aux objectifs stratégiques fixées.

Une telle orientation suppose une coopération de l'Armée avec les institutions civiles. Celle avec le Ministère de l'Éducation nationale (ainsi que celui de l'Agriculture) est déjà engagée depuis plusieurs années, avec cinq protocoles organisant la collaboration avec le ministère de la Défense. »

Il ne fait aucun doute que dans la « collaboration avec la Défense » du monde agro-industriel, la désignation des « écolos » comme ennemis a pour objectif de légitimer l'émergence de milices anti-zadistes comme on a pu l'observer à la ZAD du Carnet par exemple.

Mais l'élasticité du concept ne s'arrête pas à l'usage maladif du terme, il s'étend en fait à la diversité de réalités visées par les dispositifs antiterroristes. De l'individu commettant un massacre de civils à l'opposant au déploiement de la 5G qui brûle une antenne. Outre les arrestations du 8/12, on a vu ces derniers mois les moyens de l'antiterrorisme être déployés contre des camarades soupçonné.es de sabotages.

Le 10 avril 2020, une antenne-relais prend feu dans le Jura, sur le Mont Poupet. Le jour même, le Groupe Anti-Terroriste de la Brigade Criminelle de Dijon sera sur l'affaire, et le procureur demandera l'appui du Bureau de Lutte Anti-Terroriste (BLAT) de la Gendarmerie, ce qui aboutira à l'arrestation et l'emprisonnement de Boris.

Le 15 juin 2021, la Sous Direction Anti-Terroriste (SDAT) effectue une grosse opération antiterroriste débouchant sur l'arrestation de 7 personnes dans le Limousin pour l'incendie d'antennes et de cars, résultant sur 3 mises en examen pour « destructions matérielles en bande organisée portant atteinte aux intérêts de la Nation ».

Le 11 juin 2022, les moyens de la Sous Direction Anti-Terroriste (SDAT) sont encore mobilisés pour arrêter un autre camarade anarchiste, Ivan. Il sera finalement mis en examen et incarcéré pour six incendies de véhicules.

Cette tendance à élargir la répression antiterroriste se confirme dans la loi de censure automatisée votée cet été, permettant la suppression en une heure d'un contenu jugé « à caractère terroriste » par la police. La Quadrature du Net met elle aussi en garde : « la notion de terrorisme est si largement définie dans le règlement qu'elle pourra servir à justifier la censure de discours radicaux ou de toute expression favorable à des actions politiques offensives ou violentes – tels que le sabotage ou le blocage d'infrastructures. » Le conseil constitutionnel doit encore évaluer la loi pour qu'elle soit appliquée.

La meilleure réponse restera toujours de multiplier les gestes que l'État souhaite réprimer. Le collectif Écran Total a lancé un appel à soutenir les personnes en lutte contre la numérisation des territoires.

Dans ce contexte de déploiement de l'antiterrorisme, il n'est absolument pas anodin que Laurent Nunez (ancien directeur de la DGSI et Coordinateur National du Renseignement et de la Lutte contre le Terrorisme) ait été placé à la tête de la Préfecture de Paris. Spécialiste du Renseignement et surtout de l'Anticipation, nous allons voir ses talents antiterroristes à l'œuvre, à n'en pas douter, pour expérimenter massivement des techniques de répression préventives. Sa mission médiatique étant la sécurisation des JO 2024, on peut être sûr.es que le Renseignement est déjà entrain de tisser sa toile contre les opposant.es à ce saccage, promettant gentrification forcée, bétonisation, et déploiement de technologies de surveillance dans l'espace public.

Dans une conférence récente donnée au CNAM, intitulée « Information, anticipation, renseignement », Laurent Nunez déclarait à propos des Gilets Jaunes :

« Le Renseignement territorial avait su détecter et documenter une montée des mécontentements autour de thématiques revendicatives. Mais le mouvement en tant que tel fut imprévisible car il s'est cristallisé spontanément, sans organisateur, ni direction précise. »

La frontière devient très ténue, entre la surveillance antiterroriste et la volonté de tuer dans l'œuf toute contestation de l'ordre dominant. Mais c'est là le cœur de la fonction de Police, l'« administration veillant au bon ordre ». Le Renseignement politique a donc de beaux jours devant lui, avec une Délégation parlementaire au Renseignement dirigée par Renaissance et le Rassemblement National en prime.

QUELQUES BRÈVES ANTITERRORISTES A L'INTERNATIONAL

On ne le répétera jamais assez : en temps de guerre, toute opposition devient « ennemi intérieur » et doit être neutralisée. Là réside le but final de l'antiterrorisme.

Turquie.
Nous avions déjà souligné dans des articles précédents l'instrumentalisation par la Turquie (deuxième armée de l'OTAN) du « terrorisme » à des fins génocidaire et l'impact que cela avait sur les politiques antiterroristes françaises.

Cette dynamique s'accentue encore actuellement. Malgré la campagne européenne pour dé-lister le PKK des organisations terroristes, Erdogan a tiré profit de la guerre en Ukraine pour déclencher de nouvelles attaques meurtrières sur le kurdistan. Il a aussi imposé à la Suède et la Finlande, qualifiées « d'auberge aux terroristes du PKK », qu'elles déportent des réfugié.es kurdes vers la Turquie pour qu'iels y soient torturé.es et emprisonné.es, sans quoi il menace de bloquer leur adhésion à l'OTAN. L'Organisation a également réaffirmé que la guerre mondiale contre « le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations » était une priorité, mais aussi que « l'immigration clandestine » serait une « menace » à la « souveraineté et à l'intégrité territoriale » de ses États membres, justifiant directement la militarisation des frontières et indirectement les massacres d'exilé.es comme celui de Melilla en juin dernier.
Or s'il y a un État pour lequel le « terrorisme » a de nombreuses manifestations, c'est bien la Turquie. En témoigne la nouvelle condamnation, par la Cour Suprême de Turquie, de la sociologue féministe et antimilitariste Pinar Selek à la prison à perpétuité, après avoir été totalement acquittée 4 fois car il a été démontré par plusieurs experts que l'« attentat » dont on l'accuse était une fuite de gaz.

Mais la justice antiterroriste française collabore avec le régime fasciste turc depuis des décennies. Nous avons pu constater à plusieurs reprises dans le dossier du 8/12 la tentative - tantôt de la DGSI, tantôt du juge d'instruction – d'agiter le spectre du PKK pour enfoncer encore la présomption de culpabilité. Jean-Marc Herbaut lui-même, fort de son endoctrinement, décrivait la journaliste et artiste kurde Zehra Dogan, reconnue internationalement, comme « militante du PKK » ?! Hallucinant et consternant à la fois. L'élément à charge ? Une brochure intitulée « Un jour nous vaincrons » (à retrouver sur notre blog). Si le PKK n'était pas inscrit sur la liste des organisations terroristes de l'UE, cela prêterait à rire, mais dans le langage judiciaire français, affirmer cela équivaut à dire « c'est une terroriste ».

Russie.
L'usage intensif de l'outil antiterroriste par la Russie n'est pas récent, il s'applique tout particulièrement depuis des décennies contre les minorités Ouzbek et les anarchistes. Cependant depuis l'intensification de la guerre inter-impérialiste entre la Russie et l'OTAN, se matérialisant dans la guerre en Ukraine, la répression s'est abattue de manière très féroce sur les activistes anti-guerre et anti-fascistes, se matérialisant en centaines d'années de prison.

Vladimir Sergeev a été arrêté lors d'une action anti-guerre le 6 mars 2022. Des cocktails Molotov ont été découverts dans son sac à dos. Lors de son arrestation, Vladimir a fait une tentative de suicide. Il s'est rétabli après avoir passé plusieurs jours dans le coma. Il est été accusé de « préparation au terrorisme » et pourrait être condamné à une peine de 10 ans de prison. Il se trouve actuellement dans la tristement célèbre prison de Butyrka, à Moscou.

Anton Zhuchkov est un ami de Vladimir Sergeev, ils ont été arrêtés ensemble lors de l'action anti-guerre du 6 mars. Lors de son arrestation, Anton a fait aussi fait une tentative de suicide et s'est rétabli après avoir passé plusieurs jours dans le coma. Il est aussi accusé de « préparation au terrorisme » et pourrait être condamné à une peine de 10 ans de prison. Anton n'a pas de famille, et il a grandi dans des institutions.

Suivez les actualités de l'Anarchist Black Cross Moscow pour savoir comment les soutenir.

Biélorussie.
La Biélorussie a introduit la peine de mort pour « tentative d'acte de terrorisme », selon un décret publié mercredi 18 mai. Jusqu'à présent seuls ceux qui avaient commis un tel acte étaient passibles d'exécution. La cible exacte de cette mesure reste peu claire (à moins qu'elle ne vise les oppositions tous azimuts). Depuis le vaste mouvement de contestation de 2020 contre la réélection de Loukachenko, de nombreux opposants ont été inculpés et arrêtés pour tentative ou préparation d'acte de terrorisme. En mars 2021, le parquet biélorusse avait annoncé que la cheffe de l'opposition pro-occidentale, Svetlana Tikhanovskaïa, en exil depuis 2020, faisait l'objet d'une enquête pour « préparation d'acte de terrorisme en bande organisée ». La scène anarchiste a aussi été ciblée à de nombreuses reprises par les forces de sécurité biélorusses (voir ici ou ici). Enfin, plusieurs actes de sabotages ont ciblé le trafic militaire russe passant par la Biélorussie et se dirigeant l'Ukraine : la nouvelle loi pourraient en viser les auteurs de ces sabotages, dont plusieurs ont déjà été capturés.

Secours Rouge a effectué un bilan de la répression suite au soulèvement populaire.

L'Anarchist Black Cross Belarus organise l'information et le soutien aux prisonniers anti-fascistes et anarchistes. De nombreuses campagnes internationales de soutien ont été organisées.

Israël.
Sept ONG palestiniennes ont été qualifiées d'organisations terroristes par le régime d'apartheid israélien ; et subi une vague de répression intense : arrestation de leurs membres, fermeture des locaux, saisies du matériel, etc.

Alors qu'Israël intensifie les attaques ciblant leur travail, un groupe de plus de 150 organisations palestiniennes, régionales et internationales exprime sa solidarité complète avec les sept grandes organisations désignées de la société civile palestinienne : l'association Addameer pour le soutien aux prisonniers et les droits humains, Al-Haq (Le Droit au service de l'homme), le Centre Bisan pour la recherche et le développement, Defense for Children International – Palestine (Défense des enfants International – Palestine, DCI-P), les Health Work Committees (HWC), l'Union des comités de travailleurs agricoles (UAWC) et l'Union des comités de femmes palestiniennes (UPWC).

Le matin du 18 août 2022, les forces d'occupation israéliennes (IOF) ont mené une descente dans les bureaux de ces sept organisations palestiniennes et en ont bouclé les entrées. Elles ont confisqué des documents et du matériel et ont détruit des objets. Des ordonnances militaires ont été fixées sur les portes des organisations, imposant la fermeture des bureaux en application de l'article 319 du Règlement d'Urgence de 1945. Cet évènement survient à la suite de la désignation par Benny Gantz, ministre israélien de la défense, le 19 octobre 2021, de six importantes organisations de la société civile palestinienne comme organisations terroristes aux termes de la Loi israélienne antiterroriste (2016), étendue à la Cisjordanie le 3 novembre 2021 par une ordonnance militaire qui mettait hors la loi ces mêmes organisations.

Myanmar.
Après le coup d'État militaire de la junte birmane le 1er février 2022, de nombreux membres de la Ligue Nationale pour la Démocratie ont participé à la fondation d'un « gouvernement d'unité nationale ». En mai 2022, ce dernier annonce la création d'une « force de défense » pour lutter contre la dictature militaire. Le régime a immédiatement annoncé à la télévision que cette « force de défense du peuple » ainsi qu'un groupe intitulé Comité représentatif Pyidaungsu Hluttaw (CRPH), le terme birman signifiant parlement, faisaient désormais partie de la liste des « organisations terroristes ». Cette nouvelle classification en « organisation terroriste » signifie que quiconque communiquerait avec ses membres, y compris les journalistes, pourrait être poursuivi dans le cadre des lois antiterroristes.

Philippines.
Le 3 juillet 2020, le gouvernement des Philippines a introduit la « Anti-Terrorism Act ». La loi prévoit l'incarcération à vie pour la commission ou l'intention de commettre - des actes qui provoquent ou créent « l'intimidation du public, la promotion de messages de peur, l'intimidation du gouvernement, la destruction ou la déstabilisation de l'économie, de la politique et de la société, pour créer une urgence publique et nuire à la sécurité publique ». Selon cette définition, les grèves/piquets de grève des travailleurs ou les actions de protestation publique pourraient être interprétés comme du « terrorisme ». Vous pouvez également commettre du terrorisme « au moyen de discours, de proclamations, d'écrits, d'emblèmes, de bannières ou d'autres représentations de ceux-ci ». Cela signifie-t-il parler lors d'un rassemblement ou donner une présentation à une classe ou tenir une pancarte ou afficher un mème ou une vidéo ? Qui sait, parce qu'en vertu de ce nouveau projet de loi, le gouvernement a le pouvoir discrétionnaire d'interpréter lui-même le « terrorisme ».

Un gouvernement qui, au nom de la lutte contre la drogue, a lancé une vaste opération de purge sociale ayant fait plus de 30 000 exécutions extra-judiciaires. Des assassinats ont également été perpétrés contre des gauchistes, des dissidents, des leaders paysans, des leaders sociaux et d'autres militants. En 2018 des anarchistes de Food Not Bombs ont été abattus et incarcérés.

La France ne fait aucunement exception dans ce tableau mondial glauque. Avec un des complexes militaro-industriels des plus puissant du monde et une des polices les plus armées, l'État français effectue un lobbying sécuritaire au niveau mondial et représente une menace pour grand nombre de peuples. Le 22 janvier 2021, le Traité Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) a été ratifié par un 50e État et est donc entré en vigueur. Il a été signé par 122 pays, et évidemment, aucun des pays détenant cette arme (dont la France), maintenant illégale, ne l'a signé.

Cet État inique dans lequel nous vivons est une menace pour l'humanité entière. Elle fait partie de cette petite clique d'État terroristes, surfant sur les génocides et dictatures pour assurer ses « intérêts », qui ne sont pas les nôtres. Un État qui rase des villes entières au nom de « l'antiterrorisme », qui maintient des dictatures au pouvoir au nom de « l'antiterrorisme », qui introduit la surveillance de masse et la censure algorithmique au nom de « l'antiterrorisme ». Si la Justice existait dans ce pays, nous aurions déjà mi hors d'état de nuire ce business de la mort, fleuron de l'industrie française. Mais ces terroristes là se pavanent dans les salons Milipol et font des courbettes aux dictatures du monde entier.

Les Lois ne sont pas faites pour lutter contre la violence réelle, mais au contraire pour les renforcer. Le système pénal français est peut-être le premier employeur de néo-nazis : la police aux frontières, l'administration pénitentiaire et la police nationale oppriment chaque jour des centaines de milliers de corps racisés, et chaque année en tuent des centaines. Là réside la terreur réelle.

L'essor d'un mouvement antimilitariste large et puissant est une urgence. Du traitement colonial des « quartiers » aux « lois sécuritaires », de la vente d'arme à l'OTAN, de la chasse à « l'assistanat » aux constructions de prisons, le spectre de la guerre est omniprésent.

Vous souhaitez soutenir les inculpé.es du 8/12 ?
Rendez-vous sur le blog : https://soutien812.net !

Le 25 septembre 1886 : comparution pour « provocation au meurtre et au pillage »

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Decazeville... En 1886 ce nom ne dit rien à personne.
Et pourtant !
Bien rapidement, il va délivrer le mouvement ouvrier du poids de la démocratie parlementaire.
Paul Lafargue, Jules Guesde et le docteur Susini tous poursuivis pour « provocation au meurtre et au pillage » ont fait appel de leur condamnation à 4 mois de prison ferme pour avoir soutenu une grève de mineurs avec Louise Michel.

Les faits

Decazeville est une ville minière de l'Aveyron, spécialisée dans l'extraction de la houille depuis le début du XIXe s.
C'est une mine éloignée des infrastructures de transport, ce qui a un coût, et la désavantage par rapport aux mines du Nord et à la concurrence de l'industrie anglaise.
Le maintien de salaires bas est donc une nécessité pour maintenir les profits de l'entreprise.

Malgré de nombreuses grèves et une féroce répression (une quinzaine de morts en 1869 et 350 licenciés en 1878), à la fin de l'année 1885, le directeur Watrin décide de baisser de 34% le coût de la main d'oeuvre. Diminution sur laquelle il s'octroie lui-même 10%, le gros malin.

Le 26 janvier 1886, quatre mineurs refusent d'aller travailler : la grève commence, s'étend très vite, exigeant la hausse des salaires et la démission du directeur.
Les mots d'ordre ? « Nous voulons vivre ! Nous n'avons plus de pain pour nos enfants ! »
Les mineurs sont rejoints également par les commerçants : car Watrin en bon paternaliste vient de mettre en place une « Société coopérative de consommation » qui les concurrence directement.

L'après-midi, le directeur Watrin rencontre une délégation mais refuse toute discussion. Plus de 1200 personnes le huent : il s'échappe, mais quelques uns le pourchassent, le traquent, posent une échelle, pètent une vitre, le tabassent et finissent par le jeter par la fenêtre du premier étage où il s'était barricadé en vain.
Piétiné, molesté par la foule, il mourra quelques heures plus tard.
Au passage de son enterrement, les ouvriers refusent de se découvrir.

Le 29 janvier, des promesses sont faites par la compagie minière : les grévistes reprennent le travail le lundi suivant.
Entre temps, le général Boulanger, ministre de la Guerre, envoie l'armée : plus de 1000 soldats envahissent le bassin minier. Ils seront 2000 fin mars.

Et pire : la compagnie continue ses réductions de salaire.
Une nouvelle grève commence le 25 février.
Elle sera totale un mois après : 2500 mineurs et leurs familles sont prêts à tenir.

La « question sociale » en suspens

Le mouvement ouvrier se déchire : faut-il ou non soutenir les grévistes alors qu'ils ont assassiné leur patron ?
Les radicaux qui forment l'essentiel du nouveau gouvernement Freyssinet vont-ils soutenir la classe laborieuse redevenue dangereuse ?
La réponse est : non.
Mais c'est la première fois, près de 15 ans après la Commune, qu'émerge de nouveau une expression politique révolutionnaire, qui fait tomber les masques.

Les républicains jouent le jeu de la division et mettent en accusation les « mauvais grévistes » comme le Courrier Républicain :

Il convient de ne faire remonter la responsabilité de ce lugubre évènement qu'à un petit nombre de meneurs, ces faux ouvriers que nous avons vu récemment à l'oeuvre dans les grèves d'Anzin et qui ne poursuivent qu'un but : exciter les ouvriers contre le patronat et le capital pour conquérir une popularité malsaine... (...)
La République a donné aux ouvriers la plus grande somme de liberté. Ils ont pour eux l'organisation professionnelle et la Fédération des syndicats. Qu'ils en profitent pour discuter pacifiquement leurs intérêts mais qu'ils repoussent la colère et la violence. Nous les en adjurons. Autrement ils laisseraient croire qu'ils sont indignes de la liberté.

Jules Guesde, rédacteur du Cri du peuple et co-fondateur du Parti Ouvrier, prend parti pour les mineurs :

Mardi matin, la grève éclatait. Et le même jour le sang avait coulé. Par extraordinaire, pour la première fois peut-être, ce n'est pas du sang ouvrier.
La victime, pour parler le langage officiel, est le directeur de la mine, un nommé Watrin qui jouait depuis trop longtemps avec les colères prolétariennes.
Nous ne sommes pas, nos lecteurs le savent, de ceux qui crient aux exploités : “Mort un exploiteur, morte l'exploitation !” Si le travail et les travailleurs pouvaient être affranchis à ce titre, il y a longtemps que la chose ne serait plus à faire.
Mais devant ce cadavre d'employeur, de tortureur, qui va tirer des larmes de tous les yeux bourgeois et des condamnations d'une justice également bourgeoise, il nous est impossible de penser à autre chose qu'aux souffrances, aux injures et aux provocations dont une pareille mort n'est que le couronnement pour ne pas dire le châtiment. »

« Les classes et leur lutte fatale ont fait leur entrée au Palais-Bourbon »

Le 11 février, Basly, ancien mineur du Nord élu député de Paris [1], défend les grévistes dans l'hémicycle.

Ces mineurs, sont tués, eux aussi, assassinés, non directement, mais longuement, et personne ne proteste. Je sais bien qu'on va m'objecter qu'on n'a pas le droit de se faire justice. Non, on ne doit pas se faire justice soi-même, mais à condition que la justice soit...(...) Où est la différence avec [la prise de la Bastille] et ce qui s'est passé à Decazeville ?"

Seuls Camélinat, un des membres fondateurs de l'Association Internationale des Travailleurs, Hugues et Boyer se lèveront pour l'applaudir.
Le reste de l'hémicycle reste froid comme du marbre, Clémenceau en tête qui s'oppose fermement au salaire minimum (idée trop « communiste »à son goût).

C'est la fin de l'alliance avec les radicaux : tous les républicains, tous les radicaux, y compris Jean Jaurès, font bloc avec la droite royaliste pour la défense de l'ordre et de la propriété.

Jaurès dénonce la

«  choquante et inutile violence du discours de Basly sur les événements de Decazeville (...) dans un commencement d'apologie anarchiste du meurtre, bien plus que la revendication du droit ouvrier et l'affirmation de la pensée socialiste ».

Autour de Basly et Camélinat, 9 députés, puis une vingtaine, forment un « groupe ouvrier » réclamant la nationalisation de la propriété.

Le Parti Ouvrier et le groupe ouvrier multiplient les meetings de soutien partout en France et sur place à Decazeville, pendant qu'une incroyable solidarité avec les grévistes s'organise : de Millau, des conseils municipaux de Béziers, Paris, Lyon, Marseille, Anzin, Oullins, Perpignan, Gentilly, Asnières, Montreuil, Bagnolet, Vierzon... Un wagon de nourriture arrive même depuis Perpignan... Le journal local, l'Aveyron Républicain, entreprend de publier en feuilleton Germinal, d'Emile Zola, en soutien.
Des souscriptions sont organisées en Belgique, en Suisse, par les syndicats britanniques, mises en place en partie par Engels, qui y voit :

(...) le grand événement de l'année.
La chape est maintenant rompue sous laquelle les radicaux avaient réussi jusqu'à présent à étouffer les masses laborieuses en France.

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Le 2 mai, une manifestation de soutien à Paris mobilise des dizaines de milliers de personnes.

Louise Michel se distingue par un discours prononcé à la salle du Château d'Eau le 3 juin :

La grève de Decazeville est la veille de la révolution sociale. (...) Nous étions endormis, le coup de canon de Decazeville nous a réveillés... La Marseillaise souffle dans l'air. Le peuple se prépare, une fois encore, à sauver le monde... Honneur aux mineurs de Decazeville.

La grève est totale et durera 108 jours, jusqu'au 12 juin où les patrons devront plier et accepter l'augmentation des salaires.

Réponses juridiques de l'État

Le 27 février, tous les grévistes sont licenciés et soumis à diverses intimidations, perquisitions, procès pour « entrave à la liberté du travail » : la plupart écopent de prison ferme.

En juin, six des 10 grévistes qui ont maltraité Watrin sont acquittés, mais quatre lourdement condamnés : 8 ans de travaux forcés, 5, 6 et 7 ans de réclusion.

La répression se poursuit ensuite chez leurs soutiens, attaqués pour « provocation au meurtre et au pillage », délit qu'on appellerait aujourd'hui « apologie de la violence » ou « incitation à l'émeute ».

Ce sont d'abord des journalistes, comme Antoine Duc-Quercy, Ernest Roche (15 mois de prison ferme), puis carrément Jules Guesde, Paul Lafargue, le docteur Susini et Louise Michel qui sont emprisonnés et condamnés à 4 mois de prison ferme en août.

Le prétexte ?

D'avoir, par des discours lus ou menaces proférées dans une réunion publique tenue dans la salle du théâtre du Château d'Eau, directement provoqué à commettre :

  • Louise Michel le crime de meurtre en disant notoirement « Il faut se débarrasser des assassins. Ces gens-là sont des voleurs et des assassins. On arrête les voleurs et on tue les assassins. A l'eau ! A l'eau ! »
  • Bazile dit Guesde, (...) insinué le crime de meurtre en disant notoirement : « (..) Le jour où nous aurons la Révolution, il en sortira le recours au fusil libérateur. (...) Il faut faire de la propagande, que les misérables s'insurgent. »
  • Lafargue, le crime de pillage, en disant notoirement : « Ce n'est pas le gouvernement qu'il faut changer, il faut mettre la main sur la propriété, dépouiller Rotschild et le mettre à Mazas [2]. »
    Lesdites provocations n'ont pas été suivies d'effet.
    Délits prévus par les articles 23, 24, 45 de la loi du 29 juillet 1881. [3]

Extraits de la scène racontée par Louise Michel dans A travers la mort : Mémoires inédits :

-D. Le 3 juin dernier avait lieu, au Château d'Eau, une réunion en faveur des ouvriers de Decazeville. Reconnaissez-vous avoir dit, en parlant des hommes qui nous gouvernent : « Ces gens-là sont des voleurs et des assassins. On arrête les voleurs et on tue les assassins. A l'eau ! A l'eau ! » ?

  • L'accusée : Je ne démens aucune violence de discours, mais je démens formellement la forme dans laquelle on m'a fait parler. Je suis anarchiste. Vous pouvez me condamner pour tous les délits de pensée et de violence relatifs à mon opinion. Mais je veux être condamnée pour mon opinion et non pour des insanités qui n'ont pas le sens commun.

Le 25 septembre, Jules Guesde, Susini et Lafargue font appel aux assises de la Seine, accusés d'avoir, « appelé au meurtre et à la suppression de la propriété privée », soit les mêmes termes que précédemment.
Leur défense, qu'ils assurent seuls, est construite sur l'accusation de la société capitaliste : Lafargue attaque la finance, la « haute banque ». Guesde joue finement en rappelant au procureur des points essentiels de droit (ne pas rejuger le fond d'une affaire déjà jugée) et l'accuse de procès politique. Ils sont finalement acquittés tous les trois par le jury, sous les applaudissements de l'auditoire.

Louise Michel a refusé l'appel ; elle est libérée en novembre suite à une remise de peine, le gouvernement ne pouvant la garder incarcérée alors que ses co-accusés ont été acquittés pour la même affaire.

Vous me demandez ce que je pense, c'est bien simple, je suis enchantée de cet acquittement. Pour une fois, c'est bien. (...)
Il y a longtemps que ceux qui produisent sont las d'élever leurs petits pour les corbeaux et de voir crever leurs vieux au coin des bornes.
Cette lassitude se traduira un jour autrement que par des plaintes aussi inutiles que le mugissement des bêtes à l'abattoir ! (...)
Soyez tranquilles, camarades, ce n'est pas moi que gêne l'arrêt qui m'a condamnée. Que ceux qui l'ont rendu s'en arrangent !

Decazeville marque une vraie victoire : tant au niveau de l'expression dans le jeu politique bourgeois de la tension des intérêts de classe, qu'au niveau d'une des premières expériences réussies de solidarité nationale et internationale.
Il est évident que toute ressemblance avec des procès actuels serait purement fortuite...


[1] Basly est le modèle du personnage d'Etienne Lantier dans Germinal d'Émile Zola. Pour l'anecdote, son nom ainsi que celui de Camélinat sont restés célèbres dans une chanson de Mac Nab, Le Métingue du Métropolitain, qui évoque les grèves d'Anzin et de Vierzon en 1886.

[2] Prison parisienne située en face de la gare de Lyon, sur l'actuel boulevard Diderot/rue Traversière, démolie à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900 afin que les visiteurs ne tombent pas directement sur une taule en sortant du train (véridique).

[3] À noter : nous sommes cinq ans avant les fameuses lois scélérates, mais les procès sont déjà chauds.

Première Assises des Luttes Locales d'Ile de France

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le samedi 1er octobre, pour la première fois, les collectifs en lutte contre des Projets Inutiles et Imposés en Île-de-France se retrouvent pour vous proposer un espace de rencontre et de partage à la Parole Errante à Montreuil !

Alors que l'Île-de-France est déjà la région la plus artificialisée, les bétonneurs continuent de détruire les terres agricoles et naturelles de la région. Grand Paris, Jeux Olympiques, aviation, rénovation de quartier, expulsion de squat … autant de projets qui se font en total déni de l'urgence climatique et de la justice sociale.

Au Salon de l'immobilier bas carbone (Sibca), le 22 septembre 2022, la Société du Grand Paris révèle avoir acquis une importante quantité de foncier en Ile-de-France. « Les 68 quartiers de gare représentent 32 millions de m² aménageables à l'échelle du Grand Paris », explique Antoine Bourguignon, directeur des projets immobiliers. Plus de 100 projets seraient à développer par la Société du Grand Paris à horizon 2032 sur ses propres emprises foncières, soit 1 million de m² de surface de plancher dont 8 000 logements diversifiés, 43 000 m² de commerces et services et 380 000 m² d'activités. Soit une centaine de projets immobiliers en copromotion. « Nous avons décidé de porter un certain nombre d'ambitions aux côtés des promoteurs et allons définir les programmes de chacun de ces fonciers sur la base d'un référentiel environnemental et sociétal », déclare Antoine Bourguignon (directeur exécutif des gares et de la ville de la Société du Grand Paris).
« 30 % des logements seront sociaux ou intermédiaires, et 10 % des commerces dédiés à l'économie" sociale et solidaire », conclut Audrey Avias (responsable du pôle prospective et développement de la Société du Grand Paris.

Une nouvelle preuve que les gares du Grand Paris comme celle du Plateau de Saclay et Gonesse ne sont que des chevaux de Troie pour une bétonisation grandissante de l'Île-de-France !

Ces projets de soit disant "éco quartier" ne sont là que pour remplacer une population précaire par une plus riche. La Société du Grand Paris n'hésite pas assumer publiquement que ces projets créent de la gentrification. Cela s'ajoute aux rénovations des quartiers populaires en cours ou à venir comme à la Maladrerie à Aubervilliers. Ces transformations ne bénéficient en réalité que très peu aux habitants.es actuelles. Ceux-ci étant relogé, par obligation, plus loin des transports, de l'emploie... Sans oublier les expulsions de squat pour des projets de bureau ou de nouveaux tiers lieux marchands, les proprets "disneyland en pallette".

Comment on respire dans tout ce béton ? Lors de cet été caniculaire, les catastrophes climatiques ont rythmé le quotidien. Or, nous ne pouvons pas nous habituer ! Lorsque le GIEC nous rappelle que chaque dixième de degré compte, c'est chaque dixième d'hectare qui doit être protégé des bétonneurs et des mains des puissants.

Pour faire face, les luttes locales d'Île-de-France résistent en portant des recours en justice, en organisant des mobilisations, des occupations, en bloquant, en s'opposant… Et iels obtiennent des victoires ! Cette année, ce sont les Jardins ouvriers d'Aubervilliers qui ont gagné en justice. Malheureusement ces victoires arrivent parfois trop tard, et sont encore trop rares.

Pour continuer et amplifier la lutte contre tous ces projets, nous faisons le constat que nous manquons d'espace de rencontre. Si vous souhaitez vous impliquer sur le terrain, vous informer, apprendre où partager des savoirs, aider mais sans savoir comment faire et qui contacter... Les premières assises de la coordination des luttes locales IDF ont été organisée pour ça !

Au Programme
11h - 12h30 : table ronde sur la bétonnisation en Île-de-France
12h30 - 14h : déjeuner participatif
14h - 18h : ateliers thématiques

Infos pratiques
Quand ? le samedi 1er octobre, de 11h à 18h
 ? 9 Rue François Debergue, 93100 Montreuil (métro Croix de Chavaux)

24 septembre : journée de deuil pour le peuple Kanak

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le 24 septembre 1853, un colon Français pose le pied à Balade, un village sur une île du Pacifique Sud, la Kanaky. Il prend possession de l'île au nom de la France. Cette date symbolise aujourd'hui le jour de la prise de possession et le début du colonialisme en Kanaky.

Depuis 1853, les kanak ont été relégués géographiquement, économiquement et politiquement dans leur propre pays. Ils ont été dépossédés de leurs terres, ce qui revient pour eux à la perte de leur identité. Ils ont vu aussi leurs moyens de subsistance s'amoindrir et leurs sites sacrés confisqués.
De 1888 à 1946, ils furent confinés dans des réserves et régis par le Code de l'indigénat qui les maintenait en dehors du droit commun.
Les Kanak ont toujours manifesté leur opposition à cette colonisation, mais les incessants soulèvements furent tous réprimés brutalement par l'administration française.
Parmi les plus mémorables résistances, il y a le soulèvement de 1878 conduits par Ataï et d'autres chefs kanak visant la prise de la capitale, Nouméa, à la date anniversaire du 24 septembre.
Le 24 septembre est devenu une date anniversaire, symbolisant la prise de possession du pays par la France, marquant le début de la colonisation. C'est une journée de deuil pour le peuple kanak.
A de nombreuses reprises, la date anniversaire a été symboliquement reprise :

Kanaky indépendante !


[1] Union Calédonienne, parti politique indépendantiste

[2] Les milices loyalistes sont fidèles à la France et opposées à l'indépendance

Actualités sociales (de la Kanaky) et rendez vous de soutien : Solidarité kanaky

8 octobre : Soirée de soutien Paris Luttes Info / coordination antirepression

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Pour cet automne qui s'annonce offensif, la coordination antirépression et Paris-luttes info seront des outils essentiels pour construire et promouvoir les solidarités et l'offensive, comme ils l'ont été pendant la loi travail, les gilets jaunes, le mouvement des retraites, les marches des solidarités... Ces deux collectifs ont besoin de votre aide, et organisent une soirée de soutien le 8 octobre à la Parole Errante.

Si t'as prévu de passer l'automne à battre le pavé, mieux vaut investir dans l'antirep que dans la cryptomonnaie !

La Coordination contre la répression et les violences policières s'est créée en 2016 au sein du mouvement contre la loi Travail et s'est donnée pour but de combattre la répression face aux mobilisations sociales, dans les quartiers ou contre les migrant.es. Pour cela, elle propose de bâtir une défense politique et collective et tente de construire une chaîne de soutien de l'avant-interpellation jusqu'à la sortie de prison ou du CRA le cas échéant. Depuis 2016, la Coordination s'est retrouvée engagée auprès des Gilets Jaunes, du mouvement contre la réforme des retraites, des contestations des lois Sécurité Globale et Séparatisme, des manifs contre le pass sanitaire, des occupations de facs ou de lycées et à contester collectivement les amendes en manif ou dans les quartiers. L'argent récolté servira à payer les frais d'avocat-e-s des personnes arrêté-e-s.

Le site Paris Luttes Info, lui, est aussi bien un relais qu'une caisse de résonance des luttes, résistances et conflictualités en cours, dans Paris et ses banlieues. Il s'inscrit dans une perspective anticapitaliste, antiautoritaire et révolutionnaire et cherche à diffuser infos, récits, réflexions, témoignages et appels à agir. Il appartient au réseau Mutu dont les sites sont hébergés sur un serveur qui lui est propre, géré entièrement par des militant.e.s pour assurer son autonomie et sa sécurité.
C'est un coût en matériel mais aussi en électricité et en bande passante. À cela s'ajoutent des dépenses pour faire connaître le site (affiches, flyers, cartes).

Au programme :

  • Des concerts bien sûr :
  • la fanfare de Paris 8
  • Lynx (rap)
  • Barbara ? not dead (punk accoustique)
  • Emancipating Pit Fighting Fish (punk)
  • Bécane - Technommunism (Tech-house populaire et démocratique)

mais aussi :

  • de la bouffe vegan à prix libre (pizzas...)
  • Une tombolanar où tout le monde sera gagnant – tente ta chance pour les lots black bloc, gilet jaune, squatteur, syndicaliste, etc ;
  • une expo photo ;
  • une bourse aux livres ;
  • des tables de collectifs à soutenir.
    Le tout dans ce beau lieu qu'est la Parole Errante, qui accueille toute l'année des rendez-vous autour de différentes luttes et expressions militantes grâce au travail du collectif La Parole Errante Demain.

Venez fêter la fin de l'abondance à la Parole Errante, et dansons dans le froid avant que tout chauffe !

Rendez-vous le 8 octobre à partir de 18h à la Parole Errante (9 rue François Debergue à Montreuil).

Le port du masque en intérieur est recommandé !