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La revanche du rêve

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

« Il y a signe de vitalité - donc raison d'être du rêve - dans toute lutte de rupture » L.Laugier

Peut on monter d'un cran le mouvement en cours ? Quelques idées.

La revanche du rêve.

"Il y a signe de vitalité - donc raison d'être du rêve - dans toute lutte de rupture" L.Laugier

Depuis l'usage de l'article 49.3, des centaines de rassemblements spontanés ont eu lieu en France ces derniers jours. Jeudi dernier, avec un nombre record de manifestants, un grand nombre d'entre eux sont restés dans les rues de la capitale jusqu'à minuit, voire au-delà, défiant la police et brûlant des tas d'immondices. Les syndicats cherchent à avoir la main sur le mouvement : de peur qu'il leur échappe, ils ont donné rapidement une nouvelle date, ne pas attendre plus d'une semaine. Même s'ils sont unis, on sent déjà poindre une fêlure. Berger évoque la possibilité de parler avec Macron si une pause est faite sur l'application de la réforme, Macron évoque la possibilité de parler avec les syndicalistes sur tout ce qui concerne le travail même s'il ne veut pas parler de sa réforme. Un dialogue de sourd, pour l'instant.

Une question demeure donc : comment monter d'un cran ? Car ne pas monter c'est risquer une défaite dont on peinerait à se remettre. Nous sommes à un moment crucial, sur un plateau, qui peut tantôt être l'apogée du mouvement annonçant sa chute, tantôt être une étape parmi d'autres. À court terme, le prochain chantier du gouvernement a été annoncé : ce sera une nouvelle loi travail, avec dans le viseur les plus précaires, ceci assorti d'une répression toujours plus grande. À moyen terme, ce que risque de provoquer la défaite ce n'est plus de la colère et de la révolte, mais ce ressentiment banal qui mène au fascisme. La réussite du gouvernement a de grande chance d'aboutir à celle du rassemblement national aux prochaines élections.

Les médias ont actuellement un étrange rapport à la police et aux manifestants. Disons qu'ils jouent un double jeu : ils relaient avec peu de critiques les paroles du gouvernement et participent à distinguer le bon du mauvais manifestant, mais aussi celle des syndicats et des divers groupes de gauches qui dénoncent la violence policière, sans jamais prôner officiellement sa réappropriation par les corps asservis. Chacun de ceux dont ils rapportent la parole se complaisent dans le rôle d'une victime qui n'espère qu'une reconnaissance sur l'écran social où elle pourra désormais exister pleinement. Policiers, députés, journalistes, syndicalistes, étudiants, retraités, tous victimes bataillant à l'être plus que l'autre. Chacun est à sa place, il serait bien absurde de s'en offusquer. Toutefois, au détour d'un flash info se laisse parfois entendre, dans certaines interviews hasardeuses, un refus, un désir de faire autrement, offensif, qui détonne avec le ton cloîtré des communicants.

À défaut de coordination, le nombre est la force qui rend difficile le maintien de l'ordre. Y aura-t-il plus de monde dans les prochaines manifestations ? Difficile à croire, les révoltés qui se sont rajoutés à la masse des ennuyés après l'usage du 49.3 risquent de ne pas s'accroître. Espérons être surpris. Certains partisans de l'ennui transformeront peut être leur marche en quelque chose de plus énergique. Le rapport de force établi ce week end entre manifestants et policiers à Sainte Solline peut peut-être peser dans la balance et montrer un exemple à suivre. Et, la potentielle mort d'un jeune sous les feux d'une grenade de police ce week-end sera-t-elle utilisée à des fins politiciennes ou sera-t-elle le catalyseur d'une juste colère ?

Certains veulent des lieux ; on sait ce que cela donne : les occupations sont généralement des espaces de glauquerie malgré la joyeuse effervescence qui peut s'y jouer dans les premiers jours. On souhaite rencontrer des gens, alors que nous sommes nous mêmes incapable de toutes rencontres. Normal : pas de confiance aveugle, la répression nous l'a appris. Et puis avons-nous réellement le temps de prendre le temps ? Nous n'avons pas la maîtrise de l'agenda politique, arrêtons de croire une telle fable.

D'autres veulent rester dans la rue : comment ne pas imaginer un épuisement ? Déjà au bout d'une semaine l'énergie dans les manifestations sauvages diminue (hormis un rebond jeudi dernier).

De quoi ce mouvement est-il alors le nom ? Certes, il est porté par de nombreuses manifs ou rassemblements sauvages, mais ce n'est pas tout car elles ne se contentent pas de déambuler tranquillement dans les rues : saccage de permanence de députés et menaces de mort, commissariat et portes des mairies brûlées, plein affrontement avec les forces de l'ordre. Voilà peut être la ligne de conduite à prendre. Plus que l'explosion de violence sociale qui contraste avec ces cinq années de résignation conformiste ; plus que l'insolent défi au sinistre socialisme reconditionné d'une France Insoumise et plus même que la prétention à obtenir tout tout de suite, le signe essentiel de ces actes fut la légitimation, et donc la résurrection des aspirations jusque-là refoulées au nom de la rationalité politicienne. La revanche du rêve.
Non pas la rue pour la rue, mais la rue comme une direction vers des buts précis et désormais possibles. Mairies, assemblée nationale, ministères, hôtel de police, siège social d'entreprises, de banques ou de médias, Sénat, Élysée, palais de justice… voilà des cibles évidentes, diverses, présentes aux alentours de chaque manifestations, dans chaque ville.

Ne plus accepter le chantage de l'humanisme « républicain ». Ne plus s'y reconnaître. Car nous ne le comprenons plus. Détruire les lieux d'exercice du pouvoir d'une démocratie qui masque toujours le capital. Ne plus se contenter des vitrines, mais attaquer ce qui et ceux qui protègent – avec fierté – les marchandises et qui se moquent de nos vies, les aplatissent.

Il ne s'agit donc plus de se donner poliment rendez vous sur le parvis de la mairie la plus proche, pour espérer se faire entendre, mais bien de se demander : comment cramer ce lieu sans me faire prendre, puis, le faire.

Si la démocratie a bel et bien tué le communisme, alors vengeons-le.

Coco de Colchyde

Communiqué des internationalistes du Rojava pour la libération d'Alfredo Cospito

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Nos camarades internationnalistes présentexs au Rojava envoient leur soutien au prisonnier politique Alfredo Cospito, soumis au régime inhumain 41-bis le plaçant dans un isolement total. Le camarade a débuté une grève de la faim en octobre dernier qui se poursuit à ce jour afin de dénoncer les traitements qu'il subit.

La résistance qu'il déploit contre la répression du régime Italien inspire nos camarades internationnalistes, il est un exemple de lutte militante pour elleux. Alfredo Cospito représente la lutte pour laquelle elleux se battent : une lutte pour la liberté, pour la vie libre, contre les prisons, les dominations et l'état-nation.

Vous pouvez lire le communiqué complet de nos camarades en anglais et en italien.

Fuori Alfredo dal 41-bis !
Solidarité internationnale avec les prisonnier-ère-x-s politiques !
Contre toutes les cages et le système qui les créées !

Le texte :

La résistance d'Alfredo Cospito contre l'article inhumain 41bis, le système d'isolement des prisons italiennes, font échos dans le monde entier. Nous sommes des internationalistes actuellement au Rojava - Kurdistan, réuni-es pour montrer notre solidarité et envoyer notre amour et notre force au camarade Alfredo. Sa résistance contre la répression de l'État italien nous inspire, nous la considérons comme un exemple de lutte militante et nous la voyons comme faisant partie de la lutte pour laquelle nous combattons. La lutte pour la liberté, pour une vie libre, contre les prisons, contre la domination, contre l'État-nation.

La prison incarne le vrai visage de l'État-nation, qui, même lorsqu'il se dit « démocratique », s'allie à la répression, à la punition et à l'isolement afin de perpétuer le même système d'oppression et de domination. Beaucoup de camarades ont enduré ces méthodes brutales, contraires à la vie, et continuent de résister. La non-vie du système carcéral doit être opposée par tous les moyens possible, et la grève de la faim constitue à cet égard une action désespérée pour défier le pouvoir, pour reconquérir l'autonomie dans un environnement qui cherche à imposer une soumission totale. Refuser de s'alimenter, un besoin fondamental de la vie, est une action de résistance qui envoie un message clair : « ne me soumettez pas à votre autorité. Je n'accepte pas votre brutalité et je suis prêt à sacrifier ma vie pour résister ». Les anarchistes le savent bien, et les kurdes aussi. La résistance des militants kurdes dans la prison d'Amed dans les années 80 en est un exemple. Au Rojava, nous le savons aussi, et les mots de Kemal Pir sont un magnifique exemple de cette résistance : « Nous aimons tant la vie que nous sommes prêts à sacrifier la notre pour celle-là ».

Nous sommes venus au Rojava de différentes parties du monde pour nous allier à cette révolution, pour lutter ici en solidarité avec les habitants de cette région et avec les valeurs révolutionnaires et la société que nous construisons ici. Nous reconnaissons que toutes les luttes contre l'oppression sont reliées entre elles, que nous devenons plus forts en nous reconnaissant et en nous soutenant dans nos luttes, parce que nous avons tous un but commun : la vie libre. Alfredo a combattu l'État italien, a attaqué ses institutions et défié sont autorité. Il n'a pas hésité à agir contre un système de domination qui opprime les personnes, en sachant la répression qu'aurait entraîné ses actions. Et face à cette répression il n'a pas plié. Aujourd'hui Alfredo est un exemple de résistance, et pour cela nous rendons hommage à sa détermination et à sa lutte.

En Italien :

En anglais :

Rassemblements dans toute les villes en soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessé.es de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières.

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Alors que nous continuons à manifester contre la réforme des retraites, alors que nous continuerons à converger pour arrêter les méga-bassines, nous appelons à nous rassembler :
jeudi à 19h devant toutes les (sous)-préfectures. En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessées de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières, pour la dissolution de la brav-m et l'interdiction des grenades GM2L.

Rassemblements à 19h :

  • Paris - Hôtel de ville
  • Palaiseau (91) - Devant la sous-préfecture, avenue du général de Gaulle
  • Évry (91) - à 17h30 - Manif intersyndicale 91 (Rdv place des terrasses de l'Agora) qui ira jusqu'à la préfecture
  • Bobigny (93) - Devant la préfecture
  • Saint-Denis (93) - Devant la sous-préfecture
  • Montreuil (93) - Mairie de Montreuil
  • Créteil (94) - Devant la préfecture, 21-29 Av. du Général de Gaulle
  • Cergy (95) - Devant la préfecture
  • Nanterre (92) - Devant la préfecture
  • Antony (92) - Devant la sous-préfecture
  • Melun (77) - Devant la préfecture
  • Torcy (77 - Devant la sous-préfecture
  • Versailles (78)
  • Mantes (78) - Devant la sous-préfecture de Mantes-la-Jolie

Plus d'infos à venir

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Appel à se rassembler jeudi 30 mars à 19h devant les préfectures du pays

La brutalité concomitante de la réponse d'État à la poursuite du mouvement des retraites et à la mobilisation de Sainte-Soline est en train de marquer au fer rouge l'histoire du pays. Elle appelle aujourd'hui à faire front ensemble.

Face à l'inaction climatique du gouvernement, à son soutien intangible à des lobbys industriels écocidaires et à l'aggravation flagrante de la crise écologique, le mouvement contre les méga-bassines a, ces derniers mois, offert une prise. Si le peuple de l'eau, plus nombreux que jamais à braver les interdictions préfectorales, est allé de nouveau jusqu'au chantier de la bassine de Sainte-Soline le 25 mars ce n'était pas par goût inconsidéré du risque. Tout ce qui a été dit sur les soi-disantes motivations obscures des manifestant·es par Darmanin et consorts avant et après la mobilisation est à cet égard une profonde insulte à l'engagement des 30 000 personnes qui se sont rassemblées samedi. Si depuis un an et demi, ces foules grandissantes ne se contentent plus de défiler mais recherchent des gestes ad hoc pour freiner concrètement certains chantiers, pour empêcher le pillage de l'eau ou des terres, c'est bien parce qu'il y a une urgence vitale à agir. Et ce sentiment d'urgence ne fera qu'augmenter tant que l'on continuera à construire dans ce pays des infrastructures dont les conséquences sont telles qu'elles incarnent une violence écologique et sociale qui n'est plus aujourd'hui tolérable.

Cet élan vital, E. Macron l'a accueilli samedi avec une pluie de grenades létales, 4000 en 2h. Alors que 30 000 personnes s'approchaient d'un trou grillagé que l'État avait transformé en symbole de son autorité, 200 personnes ont été percées d'éclats dans leurs chairs, 40 gravement. L'une a perdu l'oeil, d'autres se sont faits arracher la mâchoire ou risquent de perdre le pied. Deux sont toujours aujourd'hui dans le coma, entre la vie et la mort. Comme à Malville face à la déferlante anti-nucléaire en 77 ou à Sivens en 2014 face à l'éclosion des zads en divers endroits du pays, l'État français a choisi délibérément le 25 mars de se donner sciemment la possibilité de tuer.

Ce 25 mars, le gouvernement Macron a tenté de faire taire un espoir politique par la mutilation de masse.

Il a ainsi affirmé brutalement que la montée en puissance du mouvement de défense de l'eau ne pouvait qu'être considérée comme un affront intolérable à son égard. Depuis des années, ce mouvement réitère pourtant les demandes d'ouverture d'un réel dialogue avec les habitant·es des territoires, les paysan·nes, les associations environnementales. La seule réponse gouvernementale à ces issues au conflit aura été est la terreur. Cette violence sourde face au mouvement écologiste est la même que le gouvernement Macron a déployé pour mater les gilets jaunes en 2019 et aujourd'hui contre le peuple qui persiste à refuser sa réforme injuste des retraites. C'est aujourd'hui cette réduction du champ politique à la grenade, ces cowboys en roue libre en quad ou en moto qui vont jusqu'à inquiéter les institutions internationales. A cette violence de rue, Darmanin ajoute aujourd'hui la persécution légale des mouvements organisateurs avec l'engagement d'une procédure de dissolution à l'encontre des Soulèvements de la terre.

De Sainte-Soline, ce week-end nous retenons heureusement aussi les tracteurs paysans qui déjouent les escortes de police, le camp qui surgit des champs au milieu du dispositif, les camarades des 4 continents, les animaux géants et les danses, la foule de tout âge qui serpente les champs à l'infini, son courage, sa solidarité inouïe face à l'adversité. Toute cette force est encore en nous et nous la retrouverons. Mais elle est aujourd'hui profondément entachée par les chairs mutilées, par ces vies encore en suspens. C'est pour nos blessé·es, pour leur rendre hommage, appui, pour que cela cesse qu'il y a un impératif à se retrouver de nouveau dans la rue. Non pas concentrés sur une même prairie cette fois. Mais partout dans le pays, devant les préfectures. Bien plus nombreux et nombreuses encore.

Alors que nous continuons à manifester contre la réforme des retraites, alors que nous continuerons à converger pour arrêter les méga-bassines, nous appelons à nous rassembler :
jeudi à 19h devant toutes les (sous)-préfectures. En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessées de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières, pour la dissolution de la brav-m et l'interdiction des grenades GM2L.

Pour que celles et ceux qui étaient là de toute la France puissent dire et témoigner. Parce que le gouvernement est triplement coupable : d'avoir lancé des grenades létales, de l'avoir prémédité, et d'avoir ensuite obstrué l'arrivée des secours. Montrons leur massivement jeudi que nous ne les laisserons pas étouffer l'espoir à coup de grenades. Que nous sommes là. Toujours.

Confédération Paysanne - Bassines Non Merci - Les Soulèvements de la terre, les organisateurs de la mobilisation du 25 mars à Sainte-soline et toutes les organisations sociales, syndicales, et associations qui souhaiterons s'y associer. (liste complète sur le site)

https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/appel-a-se-rassembler-jeudi-30-mars-a-19h-devant-les-prefectures-du-pays

Rage et soutien de Thessalonique

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Mardi 28 Mars 2023, à Thessalonique, 500 personnes manifestaient en soutien au mouvement social en France. Le communiqué des camarades de S., personne dans le coma suite à la répression à Sainte-Soline, a été lu en anglais et en grec. Sur notre banderole, était repris le slogan utilisé suite au meurtre raciste du jeune Kostas Fragoulis, abattu par la police en décembre dernier : le sang coule, il appelle le soulèvement !

En France comme en Grèce, la bourgeoisie utilise la violence comme mécanisme de défense. Pour y faire face, construisons nos solidarités au-delà de leurs frontières.

Nous apportons notre soutien à toutes les victimes de la répression en France.

Nous partageons votre rage. Vive la révolution !

ThessaloNiqueLaPolice

La France, premier pays d'Europe à légaliser la surveillance biométrique

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

L'article 7 de la loi sur les Jeux olympiques a été adopté ce jeudi (23 mars) par l'Assemblée, actant l'entrée formelle de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans le droit français, jusqu'en décembre 2024. Article de La quadrature du Net

À l'ombre du tumulte de la réforme des retraites, et grâce à une procédure comme d'habitude extrêmement rapide, le gouvernement a réussi à faire accepter une des technologies les plus dangereuses jamais déployées. Pour cela, il a usé de stratégies, de mensonges et de récits fictifs, pour que jamais ne soient sérieusement et concrètement discutés le fonctionnement technique de ces outils et leurs conséquences politiques et juridiques en termes de surveillance de masse. Grâce à une majorité totalement désinvestie et au soutien total de l'extrême droite, la VSA a donc pu être légalisée sur la base de mensonges sapant toujours un peu plus le jeu démocratique.

Le mensonge de la biométrie : le gouvernement a répété et inscrit dans la loi que la VSA ne relevait pas de la surveillance biométrique. C'est totalement faux. Cette technologie identifie, analyse, classe en permanence les corps, les attributs physiques, les gestes, les silhouettes, les démarches, qui sont incontestablement des données biométriques. Nous n'avons cessé de l'expliquer (voir notre note et notre video), de le rabâcher aux rapporteurs du Sénat et de l'Assemblée ainsi qu'aux députés, comme l'ont également fait 38 organisations internationales et une quarantaine d'eurodéputés qui ont récemment interpellé le gouvernement. Mais celui-ci a continué de s'enfoncer dans ce mensonge à la fois technique et juridique. Ainsi la France viole à nouveau le droit de l'Union européenne et consacre sa place de championne européenne de la surveillance.
Le mensonge de l'utilité : le gouvernement a utilisé les Jeux olympiques comme prétexte pour atteindre plus vite l'objectif, fixé depuis des années, de légaliser ces technologies, s'inscrivant par là dans la « tradition », observée partout ailleurs et consistant à instrumentaliser de façon très opportuniste les méga-évènements internationaux. Le gouvernement a réussi à faire croire à une nécessité, fabriquée de toute pièce, pour « repérer les colis suspects » ou « prévenir les mouvements de foule ». Ces évènements sont soudainement devenus la nouvelle priorité du ministère de l'Intérieur et des députés zélés, qui n'ont cessé de résumer la sécurité des JO à ces situations, rarement identifiées comme prioritaires en temps normal, et dont nous démontrions ici que la résolution dépend davantage de maîtrise humaine que de technologie. Ainsi, la VSA a été acceptée sur le seul fondement d'un mythe bien ancré selon lequel la technologie permettrait d'assurer magiquement la sécurité, sans qu'aucune évaluation ni démonstration de l'utilité ou de la proportionnalité de ces technologies très opaques n'ait jamais été honnêtement réalisée.
Le mensonge technique : l'application principale de la VSA consiste à identifier des comportements que la police aura préalablement définis comme « suspects ». Arbitraire et dangereux par essence, le fonctionnement de ces algorithmes n'a jamais été expliqué par le gouvernement : et pour cause, il n'est sans doute pas compris par la majorité des décideurs… Incompétence inexcusable ou volonté assumée de noyer le poisson, dans tous les cas, cela a ramené les débats parlementaires à un niveau extrêmement bas, qui n'est pas à la hauteur des enjeux gravissimes soulevés par ces technologies biométriques. Grâce à l'aide des rapporteurs Renaissance Guillaume Vuilletet et Sacha Houlié (le remplaçant) et de quelques députés, ce sont les rhétoriques de minimisation tirées des arguments de vente des entreprises de la VSA, les mensonges et les inepties techniques qui ont prédominé. Ce qui en ressort, c'est l'incapacité patente du Parlement à discuter de questions techniques, mais surtout la crainte légitime que la société doit avoir pour le futur, au vu de l'incompétence des représentants à appréhender les contours et les dangers des prochaines technologies qui émergeront.

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Seule en Europe, la France macronienne adopte la vidéosurveillance biométrique sur Le Numéro Zéro