PROJET AUTOBLOG


Paris-luttes.info

Site original : Paris-luttes.info

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Soirée de soutien à Kai Terada

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Soirée de soutien à Kai Terada, enseignant et syndicaliste à Sud Education 92, muté de force sans motif valable de son lycée Joliot-Curie dans le 92.

Vendredi 7 octobre

  • 18h : temps d'échanges sur la répression
  • 20h : concerts : Allarach, La Fanfare Invisible et Sidi Wacho

Au local de la CNT : 33, rue des Vignoles Paris 20e

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Obtempérer... jusqu'à quand ? / Résistons Ensemble no 206

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Bulletin no 206 du 04 octobre 2022, du réseau Résistons Ensemble. Formé en 2002, Résistons Ensemble a pour but d'informer, de briser l'isolement des victimes des violences policières et sécuritaires et de contribuer à leur auto organisation.

Bonjour,
Le bulletin no 206 du 04 octobre 2022, du petit journal mobile recto-verso A4 « RESISTONS ENSEMBLE » du réseau contre les violences policières et sécuritaires est sorti. Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le journal vous plaît. Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa rédaction, à se joindre à l'équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions, propositions, critiques ...
À bientôt.
L'équipe de rédaction
Lire l'intégralité et télécharger ce bulletin mis en page au format pdf.





Obtempérer... jusqu'à quand ?

La Mafia a mauvaise réputation ? Ça dépend. Souvenons-nous, pendant la deuxième guerre mondiale, le débarquement des Alliés en Sicile a été arrangé par un accord conclu entre l'armée américaine et… la Mafia. Il en résulte la naissance d'un État italien démocratique mais profondément pénétré par la Mafia. Nous voyons aujourd'hui où cela mène.
Eh bien, nous, on le fait à la française, on a notre État mafieux bien de chez nous.
Sa première méthode consiste à utiliser l'élasticité de la loi. Par exemple, l'article 435-1 du Code de la sécurité intérieure instauré par la gôche de Hollande. Désormais, les policiers, comme les gendarmes, peuvent faire usage de leur arme pour immobiliser des véhicules dont les occupants refusent de s'arrêter et « sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d'autrui », y compris d'autres usagers de la route.
Ce qui veut dire que le policier a le droit de tirer même si sa propre sécurité n'est pas menacée, il suffit qu'il estime que la personne qui refuse d'obtempérer pourrait commettre dans l'avenir un crime. Les flics, dotés d'un pouvoir de télépathie, ont le droit d'interpréter la loi à la place des juges. C'est eux qui jugent et c'est eux qui exécutent, sans appel possible. C'est ainsi que dix personnes ont été mises à mort en France depuis le début de l'année 2022, alors que la peine de mort a été abolie en 1981. Le même arbitraire sévit quand la police inonde les quartiers populaires par des milliers d'amendes-punitions ou encore pour interdire préventivement de manifester les gilets jaunes ou autres récalcitrants.
Quand les lois les plus élastiques ne le sont pas suffisamment pour les besoins du pouvoir, la compagnie Macron-médéfienne passe carrément dans l'illégalité. Deux exemples parmi les plus flagrants. Le prof de maths Kai Terrada est suspendu puis vient d'être muté dans « l'intérêt du service ». Sans preuves, sans confrontation, sans même comparaître devant une commission de discipline.
Et le deuxième : cet été la même compagnie a déclenché une hystérie islamophobe autour de l'imam Iquioussen. Il est accusé d'avoir prononcé des prêches anti-femmes et antisémites ce qui auraient pu le conduire devant les tribunaux. Or, il n'y est pas comparu. Sur la base de ces accusations non vérifiées devant un tribunal, Darmarin a émis un arrêté d'expulsion à son encontre. Attention, Kafka arrive !!! Quand l'iman quitte lui-même la France, le pouvoir lance un mandat d'arrêt européen contre lui, en vue de l'arrêter et l'enfermer dans un centre de rétention pour pouvoir le faire quitter la France par la force.
Voilà le règne de l'illégalité. L'État de droit « classique » lui étant trop étroit, légalement ou illégalement, les tentacules de la pieuvre de l'État mafieux Macron-medefien, se déploient et nous étouffent. Pour survivre il va falloir toutes les trancher. Et on n'y arrivera qu'en désobéissant tous ensemble.




au sommaire

> Obtempérer... jusqu'à quand ?

> Pap Ndiaye ministre macroniste et donc autoritaire

> Refus d'obtempérer : 3 morts cet été

> C H R O N I Q U E D E L ' A R B I T R A I R E
L'horreur des prisons mise à nu
Trois policiers reconnus coupables de la mort d'Amadou Koumé
La violence invisible
Gary, SDF tué par la police à Roissy
« Ils sont venus, m'ont massacré pour rien et sont repartis »
La guerre au rodéos urbains

> A G I R
« Faisons le procès de toute la Police »
Vincenzo Vecchi
Rassemblement international

Soirée à Saclay avec les déserteur.euses d'AgroParisTech - « Mais quelle vie voulons nous ? »

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Une soirée le lundi 10 Octobre pour se rencontrer et déserter/lutter sur le plateau de Saclay et ailleurs.

Soirée discussion - rencontre
Mais quelle vie voulons-nous ?
10 octobre 2022
18h - 20h sur le Plateau de Saclay : Centrale Supélec, salle du Grand Conseil (bâtiment Bréguet)

Soirée organisée par les agros du discours de la remise des diplômes 2022.

En mai dernier, nous avons appelé nos camarades de promotion à déserter l'ingénierie et la recherche actuelles, à cesser de nuire à l'heure où l'industrie ravage tout.

Dans notre discours, nous donnions quelques pistes à celles et ceux qui doutent : où aller, que faire, avec qui et comment ?

Lundi 10 octobre 2022, à 18 heures, nous organisons une rencontre pour vous qui voulez bifurquer sur le plateau de Saclay : venez écouter des histoires de désertion et des récits de luttes, questionner des modes de vie qui peuvent vous paraître encore lointains ou intimidants, ou que peut être vous traversez déjà. À nos témoignages s'ajouteront ceux d'autres personnes aux profils variés que nous avons invitées afin qu'elles répondent à vos questions.

Le but de cette rencontre est de vous aider à franchir le pas qui vous sépare de la vie que vous voulez.

Venez nous rencontrer, et vous rencontrer entre vous pour avancer ensemble par la suite.

Apportez à manger ou à boire et n'hésitez pas à inviter votre petit frère, votre tante qui déprime dans un bureau à Palaiseau ou votre voisine chez qui vous avez flairé le ras-le-bol !

Évènement facebook : https://fb.me/e/2iED4pBe1

En octobre, au café-librairie Michèle Firk

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Programme des événements du café librairie Michèle Firk à la Parole Errante, lieu autogéré de discussions, d'organisations, d'événements solidaires politiques, artistiques, sociaux, à l'avenir incertain depuis 2016 suspendu aux décisions du Conseil Départemental du 93, propriétaire des locaux.

L'automne arrive, les jours se raccourcissent, l'épidémie est de moins en moins rampante, l'inflation galope, le fascisme de plus en plus prégnant et la société spectaculaire-marchande n'a toujours pas été abolie. Pour pallier à la tristesse de l'époque et recommencer à s'organiser, venez nous voir à Montreuil ! Vous pouvez trouver des livres, un café, proposer des événements ou simplement passer nous dire bonjour et profiter du jardin de la Parole Errante.

Nous continuons de faire attention aux uns, aux unes et aux autres en préservant la présence de courants d'air contre la contagion par particules aérosol interposées et en tenant nos événements, autant que faire se peut, en extérieur, mais comme il fait froid, la Grande Salle de la Parole nous héberge quand elle est libre.

Pour égayer nos vies et armer nos esprits, en octobre , nous organisons notamment :

Vendredi 7 Octobre à 19h30 - dans la librairie présentation de Plein Soleil de Natol Bisq aux Editions du Sabot

Parce qu'on est des petits rigolos, c'est du roman « plein soleil », paru aux éditions du Sabot en avril dernier qu'on a choisi de vous parler, en ces débuts de soirées d'automne un peu arides et parfois bressom.

Une dizaine de narrateurs s'y partagent plus de cinq cent pages d'un récit aux ambiances tantôt moites, tantôt glaçantes, où la fièvre peut survenir sous le soleil de plomb d'une plage italienne, comme à la nuit noire dans une bagnole en pleine course poursuite sur des routes de campagne, ou lors d'une orgie sous guedro dans un appartement d'Istanbul.

Au fil des pages se déploie tout un réseau où se rencontrent auteurs homonymes, anonymes, sabotages, conspirations, messages et substances mystérieuses.

Parce qu'il est toujours plus confortable de conspirer à la tombée de la nuit et en bonne compagnie, on vous propose donc de venir ce vendredi 07 Octobre à partir de 19h30 au café Librairie Michèle Firk. Au programme : présentation et lecture d'extraits du roman (en présence de l'auteur), discussions, et de quoi boire un petit coup.

PS : vous êtes chanceux, ce soir là, à 18h et 20h30 auront lieu les deux dernières séances de la pièce sonore multiphonique « So Phare Away », réalisée par Audrey Olivetti et Théophane Bertuit à partir de la nouvelle d'Alain Damasio.
https://laparoleerrantedemain.org/....

Ce 7 octobre, c'est donc l'occasion de se raccrocher à la pluralité de nos rapports au monde, à la technologie, à la littérature et à la révolution !

Samedi 8 octobre à 18h30 : - dans la Grande Salle - Table de livres pour la meilleure soirée de la rentrée, la Soirée de soutien Paris Luttes Info et à la Coordination Antirepression !

Pour cet automne qui s'annonce offensif, la coordination antirépression et Paris-luttes info seront des outils essentiels pour construire et promouvoir les solidarités et l'offensive, comme ils l'ont été pendant la loi travail, les gilets jaunes, le mouvement des retraites, les marches des solidarités... Ces deux collectifs ont besoin de votre aide, et organisent une soirée de soutien le 8 octobre à la Parole Errante.

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Vendredi 14 octobre à 19h30 - dans la Grande Salle - Lancement de MARAUDES, de Sabrina Calvo et Dilem

PROMENADES DANS LA COMMUNE IMAGINAIRE DE BELLEVILLE

Les forces de l'ordre sont aux portes du quartier, mais les habitant·e·s s'organisent. Deux membres de la Commune libre de Belleville arpentent les différents secteurs du territoire.
À travers les pérégrinations de Bri et dilem, c'est l'autonomie d'un quartier assiégé - acquise à la fois en puisant dans ses racines historiques et en se projetant dans les pratiques alternatives d'une logistique humaine un peu folle - dont il est question. Non pas seulement une utopie mais un terrain surréaliste ancré dans un contemporain urbain aux questions bien réelles : comment nourrir une population, comment composer les amitiés, comment interroger les structures de domination liées au genre et à la classe, aussi bien dans la société qu'au sein des espaces de militance. Comment vivre au quotidien l'enfer d'un futur répressif ?

En écho au monde de Melmoth furieux de Sabrina Calvo, une plongée semi-documentaire dans un Belleville à peine réinventé, où luttes solidaires et espoirs poétiques se mêlent aux enjeux du vivant.

De Belleville à Montreuil, c'est nous le grand Paris !

Mardi 18 Octobre de 10h à 19h - dans la Grande Salle - journée d'études sur Guattari

Dans le cadre du mois Guattari, Michele Firk et la Parole Errante accueillent des analystes et philosophes pour parler de la postérité clinique de Guattari.

A l'occasion des trente ans du décès de Félix Guattari, de la parution de Chaosmose et des cinquante ans de l'Anti-Œdipe, il nous a semblé opportun d'évoquer la figure importante de ce penseur original de l'inconscient. Il a contribué à partir de 1954, aux côtés de Jean Oury, à l'organisation soignante singulière de la clinique de La Borde. Théoricien avec Gilles Deleuze, ils ont livré une série d'ouvrages (L'Anti Œdipe et Mille Plateaux, Qu'est-ce que la philosophie…) qui ont fait date. Militant infatigable d'une écologie qui soit à la fois environnementale, sociale ET mentale, sa pensée aujourd'hui reste d'une extrême actualité. Soucieux des modes de Production de Subjectivité, il s'est toujours inscrit dans une volonté pragmatique d'articuler la pensée philosophique, le champ thérapeutique et l'action politique militante.

Nous avions envie, dans le cadre de ces anniversaires, de réparer ce que nous appellerions un malentendu, pour ne pas dire une injustice, et de mettre en valeur ce qu'il a, de manière souvent prémonitoire, proposé comme concepts, comme outils d'analyse, qui nous paraissent aujourd'hui d'une pertinence bienvenue.

Plus d'infos là : https://laparoleerrantedemain.org/i...

21-23 Octobre : Les Peuples veulent 4e Éditions. 3Jours-3Lieux : Parole Errante, Maison Ouverte et AERI.

Impulsé par la Cantine Syrienne de Montreuil dans le sillage des soulèvements de 2018 et 2019 au Chili, au Soudan, en Irak, au Liban ou en France, le festival des Peuples Veulent est un événement de rencontres unique et un réseau d'entraide entre activistes du monde entier.
Sont invité.es plus de cinquante militant·es et collectifs, venus d'Europe de l'Est, d'Amérique Latine, du sous-continent indien, des Caraïbes, des États-Unis, d'Afrique et du Moyen-Orient. Ils.elles partageront leurs expériences et contribueront à construire une véritable plateforme de solidarité internationale.
Cette année, Les Peuples Veulent s'organise autour de quatre thèmes principaux :

  • La révolution internationale féministe
  • Formes d'organisations révolutionnaires
  • Les libération(s) décoloniale(s)
  • S'organiser en temps d'effondrement

Plus d'infos ici : https://cantinesyrienne.fr/ressourc...

Samedi 29 Octobre 19h - dans la grande salle, soirée de poésie entre ami-es avec l'Oie de Cravan & le Sabot

Lectures et discussions autour des textes Courbures de la terre de Jonas Fortier, toute raison de m'aimer est forcement bonne, de Orane Thibaud et Grammaire pour cesser d'exister de Amélie Durand. Bières, chill et extases.

Le Sabot : Né en 2017, Le Sabot est une amicale qui s'est construite autour d'une revue éponyme dédiée au sabotage littéraire et artistique : intervenir sur le monde et le dire sans passivité. https://le-sabot.fr/

L'Oie de Cravan : un livre de l'Oie, aimons-nous penser, est une fenêtre différente sur les possibles poétiques ; une fenêtre petite, certes, mais bien présente. Une invitation à jouer avec le monde et avec la phrase. L'ennemi de la poésie, c'est l'institué, l'institution, la mort dans l'âme et dans le mot. La voix du poème reste à chacun·e.
https://www.oiedecravan.com/

Dimanche 30 Octobre à 15h - dans la grande salle, début du cycle Opéraïsme avec les Éditions Entremonde. Acte 1 : Vers une histoire critique de l'opéraîsme, Discussion autour du livre de Steve Wright A l'Assaut du ciel

L'opé­raïsme est un cou­rant marxiste radi­cal qui s'est déve­loppé dans l'Italie des années 1960 et 1970 comme ten­ta­tive de confron­ter la théo­rie géné­rale du capi­tal avec « l'étude réelle de l'usine réelle ». En rap­por­tant le com­por­te­ment de lutte actuel de la classe ouvrière à sa struc­ture maté­rielle actuelle dans le rap­port d'exploi­ta­tion, le but des théo­ri­ciens opé­raïs­tes était de com­pren­dre « les nou­vel­les formes d'action indé­pen­dante de la classe ouvrière ». Le livre fort bien docu­menté de Steve Wright raconte l'his­toire de ce cou­rant, nourri de toutes les luttes de l'époque, et s'efforce d'appré­cier son apport dans le contexte des récen­tes mobi­li­sa­tions « contre le capi­tal global ».

Steve Wright est pro­fes­seur titu­laire à la Faculté de Technologie d'infor­ma­tions à l'uni­ver­sité de Monash. Ses recher­ches por­tent sur les mou­ve­ments contes­ta­tai­res en Australie et dans le reste du monde.

Le café librairie Michèle Firk est une librairie et un café.
Au 9 rue François Debergue à Montreuil, métro croix de Chavaux, il est ouvert du mercredi au samedi, de 14h à 19h (Attention les horaires ont changé !)
On y trouve des romans, des tracts, des revues, des essais et des bandes dessinées. L'occasion se mélange au neuf et les petits éditeurs y ont une bonne place. On n'y trouve pas tout ce qui sort, mais un peu de tout ce qui nous intéresse. « Nous », c'est la dizaine de cafetiers-libraires organisée en association pour créer un lieu hybride ouvert sur la ville. On y vient pour farfouiller, bouquiner, boire un café ou une bière, participer à une discussion autour d'un livre ou d'une lutte.
On est aussi sur Facebook, Twitter et Insta.

4 octobre 1936, Londres : la bataille de Cable Street

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le 4 octobre 1936, des centaines de milliers d'antifascistes se rassemblent dans un quartier de l'Est de Londres afin de contrer une marche du parti fasciste anglais. Cette journée combattive et victorieuse restera connue dans les annales comme la bataille de Cable Street.

Introduction

La foule est dense ce 4 octobre 1936 aux environs de la station de métro Aldgate à Londres. Régulièrement des « They Shall Not Pass » [1], ou des « Down with Fascism » [2] retentissent, et des clameurs s'élèvent de la foule. Elles viennent notamment de Cable Street, où la police charge violemment les barricades dressées par les antifascistes. On estime qu'entre 100 000 et 500 000 personnes sont rassemblées dans le East End de Londres en ce dimanche après-midi pour bloquer la marche du BUF [3], le parti fasciste anglais. Le parti de Mosley, violemment antisémite, a prévu de réaliser un défilé fasciste ce jour-là à travers le East End de Londres, quartier où vivent la majorité des juif·ve·s de Londres. Mais la foule compacte réunie face à eux empêche tout départ de la place Royal Mint, où 2000 à 3000 partisans du BUF sont rassemblés.

Initialement, ils voulaient emprunter Leman Street, arriver à Aldgate, puis traverser le East End par Commercial Road ou Whitechapel Road. Le chef de la police de Londres propose alors aux Mosleyites un parcours alternatif dans le East End, passant par Cable Street.

Carte (approximative) résumant la situation du 4 octobre 1936

En bons supplétifs des fascistes, les quelques 6000 agents de la police et de la police montée tentent de leur frayer un chemin sur l'étroite Cable Street à coup de violentes charges qui laissent de nombreux·se·s blessé·e·s au sol du côté des antifascistes. Déjà le matin, ils avaient chargé une marche de l'EMAF [4] — le mouvement des vétérans de la 1re guerre mondiale contre le fascisme — sur Whitechapel road, donnant le ton pour la journée.

La police tentant de frayer un chemin pour une voiture remplie de fascistes
Jewish Museum, London

Mais c'est sans compter sur la détermination de la foule, présente depuis le matin : plusieurs barricades ont été dressées sur Cable Street, pour l'une d'entre elles un camion a été mis en travers de la rue et renversé, du matériel d'un chantier de construction — de la tôle, des échelles, des briques — à proximité ainsi que des meubles et des matelas apportés par les habitant·e·s sont entassés, si bien que l'avancée de la police devient vraiment difficile. Le sol est dépavé à la pioche, comme quoi les bonnes habitudes ne se perdent pas. À cela s'ajoute qu'à chaque charge, les policiers doivent faire face à des pluies de briques, de bouteilles de limonade sous pression, ainsi que des poubelles, des légumes pourris et le contenu des pots de chambre versé depuis les fenêtres par les habitant·e·s. Pour contrer la police montée, des billes sont jetées au sol. La foule est diverse, bien sûr énormément de juif·ve·s du quartier, premières personnes concernées par la haine du BUF, sont présent·e·s, mais il y aussi des dockers irlandais catholiques, des travailleur·euse·s ou des militant·e·s communistes. L'appel à l'autodéfense populaire lancé par les organisations juives (notamment le JPC [5] — le conseil des personnes juives — et l'EMAF) a été largement suivi.

Barricade avec un camion renversé sur Cable Street
La police tentant d'enlever une barricade de Cable Street

Par crainte des dégâts matériels, les fascistes arrivent dans des voitures dont ils ont remplacé les fenêtres par des filets. Mosley arrive une demi-heure en retard dans une voiture escortée par des motards fascistes. Finalement, toute marche dans le East End est clairement impossible pour le BUF. Aussi, la police leur propose d'aller plutôt faire un tour vers Hyde Park et Victoria, à l'ouest donc, dans la direction opposée à la marche planifiée. Ils se dispersent donc vers l'ouest, déconfis et humiliés par la pression populaire. Une manifestation victorieuse de centaines d'antifascistes les suit sur Tower Hill. Ce jour-là à Cable Street, les fascistes ne passèrent pas.

Quelques éléments de contexte

En 1936, cela fait quelques années que le fascisme s'est implanté en Europe, et que l'antisémitisme gagne toujours plus de terrain. En Italie et en Allemagne, Mussolini et Hitler sont désormais au pouvoir ; tandis qu'en France, les ligues d'extrême droite se portent bien et que la guerre civile espagnole qui verra la victoire de Franco débute juste. La Grande-Bretagne ne fait pas exception à cette dynamique fascisante, notamment avec Sir Oswald Mosley. Ce dernier est issu de l'establishment anglais : c'est un lord, il a été parlementaire et a appartenu successivement au parti conservateur et au parti travailliste. Il fonde un premier parti d'extrême droite, le « New Parti », qui ne rencontre pas un grand succès grâce aux antifascistes qui perturbent régulièrment les réunions. Après avoir rencontré Mussolini, il préfère changer de nom et fonde le British Union of Fascists (BUF) — l'union britannique des fascistes — en 1932. Comme les autres partis fascistes d'Europe, le terreau de ce parti est l'antisémitisme. Au cours des années 1930, les meetings et défilés fascistes se multiplient en Angleterre, et la rhétorique du parti trouve un bon relai médiatique, notamment par le journal le Daily Mail.

Mosley inspecte ses troupes avant la marche
Jewish Museum, London

Dès 1933, de nombreux·ses juif·ve·s d'Angleterre se mobilisent et s'organisent pour contrer l'ascension du BUF. À Londres, où on estime que 180 000 juif·ve·s résident, c'est dans le quartier populaire du East End, et plus particulièrement le quartier Stepney que ces dernier·e·s vivent. C'est ainsi que nombre des organisations d'autodéfense voient le jour dans ce quartier afin d'attaquer les fascistes qui distribuent leur propagande. On compte ainsi la Zionist League of Jewish Youth [6], la Jewish United Defense Association [7], l'EMAF, ou bien la Legion of the Blue and White Shirts, cette dernière terrorisant littéralement les mosleyites.

Article de The Jewish Chronicle de 1936 appelant à la constitution de comités d'autodéfense
Jewish Chronicle

Étant donné que légalement à l'époque, il n'est possible de faire annuler un événement — quand bien même des discours de haine y sont prononcés — que si celui-ci est la cause d'un trouble à l'ordre public, la stratégie des antifascistes afin de faire reculer le BUF est donc de perturber les meetings et les défilés. Une fois que c'est le zbeul, en général l'événement est interdit. Ainsi, sur l'année 1936, pas moins de 57 rassemblements de fascistes sur 117 ont été perturbés par les antifas. La mobilisation populaire est observée partout, de Londres jusqu'aux petites villes. Elle peut atteindre des proportions gigantesques, comme en septembre 1934 où 120 000 antifascistes se sont rassemblé·e·s à Hyde Park à Londres.

La police contient a foule le 9 septembre 1934 à Hyde Park
National Media Museum / SSPL

Dans l'ensemble de la population, le principal parti considéré comme activement antifasciste à l'époque est le CPGB [8], parti communiste de Grande-Bretagne. Suite à une volte-face stratégique de l'Internationale Communiste en 1935, la stratégie du CPGB à partir de cette année-là est d'appeler à un Front Populaire antifasciste, qui brasse donc assez large. C'est ainsi que beaucoup d'antifascistes s'y retrouvent, sans forcément partager les idées du parti. Sur un plan tactique, les modes d'action du CPGB s'adoucissent en vue de gagner une certaine « respectabilité » compatible avec la social démocratie anglaise. Le CPGB soutient donc avec des pincettes la confrontation directe avec les fascistes.

La semaine précédant la manifestation

Début octobre 1936, le BUF planifie une marche à travers le East End de Londres. Très vite, les habitant·e·s du quartier s'organisent et font circuler une pétition pour demander l'annulation de cette marche. Grâce à une forte mobilisation, iels récoltent près de 100 000 signatures en deux jours, et le 2 octobres, iels transmettent cette demande d'interdiction de la marche aux autorités.

Pétition du JPC adressée aux autorités le 2 octobre 1936
de The National Archives, London

Cependant, ces dernières leur rétorquent qu'il n'est pas possible d'annuler la marche du BUF, au nom de la liberté d'expression. La marche aura donc bien lieu le 4 octobre. Face à cette réponse, les quartiers populaires du East End s'organisent et appellent à bloquer physiquement la marche. Pendant deux jours, iels feront du porte-à-porte, distribueront des tracts, écriront des tribunes afin de mobiliser un maximum de monde le dimanche.

Appel dans The Jewish Chronicle du 2 octobre 1936 à bloquer la marche du BUF
Jewish Chronicle

Pendant ce temps au CPGB, c'est un peu confus. Les instances dirigeantes du Parti Communiste ont peur des possibles débordements en cas de blocage physique de la manifestation du BUF. Ainsi, le parti communiste de Londres préfère d'abord appeler à déserter le East End et à plutôt aller à Trafalgar Square (très loin donc du East End), où un Rally de soutien aux républicains espagnols est organisé le 4 octobre. Voici un de leurs tracts :

Tract distribué par le Parti Communiste appelant à déserter le East End pour se rendre à Trafalgar Square

Cette décision de déserter est vécue comme un outrage par un certain nombre de militant·e·s de terrain, et particulièrement les juif·ve·s du parti. Iels feront donc pression pour appeler à la marche, et finalement le Parti Communiste cèdera à la pression et appellera à se rassembler à 14h à la station Aldgate.

Finalement, le jour J, la manifestation antifasciste est le succès décrit plus haut.

Quelques enseignements

En vrac quelques enseignements qu'on peut tirer de cet événement, et quelques parallèles qu'on peut dresser avec des événements actuels :

  • Le rôle des policiers comme supplétifs et protecteurs des fascistes a été très clair ce jour-là. En réalité, les affrontements n'ont pas eu lieu entre les antifascistes et les mosleyites, mais entre les antifascistes et la police.
  • La marche des fascistes a été autorisée par les autorités de l'époque au nom de la sacro-sainte liberté d'expression. Quitte à nier l'humanité d'une partie de la population, la priorité du gouvernement d'alors a été de garantir la liberté des fascistes.
  • Les instances dirigeantes du parti communiste londonien étaient prêtes à trahir le combat antifasciste, et n'ont cédé que grâce à la pression des militant·e·s de base, pour la majorité juif·ve·s.
  • Les fascistes du BUF ont bénéficié du soutien de certains médias, notamment le Daily Mail, par une propagande antisémite quotidienne et une (extrême)-droitisation des sujets traités.
  • La stratégie de l'extrême droite a été de se montrer, pour étendre ses idées, avec l'idée que même une mauvaise publicité reste une publicité. Ainsi, malgré l'humiliation complète des fascistes du BUF ce jour-là, ils clameront avoir gagné 2000 adhérents dans les jours qui suivirent, (c'est aussi une preuve que le traitement médiatique de l'événement a été plutôt en leur faveur).
  • Bien sûr, les médias ont ensuite glosé sur la violence des antifascistes lors de la bataille. Ils ont rendu hommage aux familles des vitrines brisées pendant les affrontement, allant même jusqu'à accuser les manifestant·e·s d'avoir lancé un enfant dans une vitrine, voyez plutôt :
Vitrine après la bataille de Cable street
Jewish Museum, London
Le mythe de l'antifasciste lanceur·se d'enfant n'a heureusement pas perduré.

[1] « Ils ne passeront pas », repris du slogan antifasciste espagnol « ¡No pasarán ! »

[2] « À bas le fascisme »

[3] British Union of Fascists, parti créé et dirigé par Sir Oswald Mosley

[4] Ex-Servicemen's Movement Against Fascism

[5] Jewish People Council Against Fascism and Antisemitism

[6] Ligue Sioniste de la Jeunesse Juive

[7] L'association de Défense Juive

[8] Communist Party of Great Britain

Pour cet article, les sources sont essentiellement en anglais.
La majeure partie provient du chapitre 1 du livre Antifa : the antifascist handbook de Mark Bray, accessible gratuitement ici
Les images proviennent du site http://www.cablestreet.uk/
Un récit de la journée par un militant communiste présent à la station Aldgate ce jour-là : http://libcom.org/library/fascists-and-police-routed-battle-cable-street
La page wikipedia donne quelques éléments également : https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Cable_Street