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Tour de France et insurrection communiste en Italie

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le 14 juillet 1948, une tentative d'assassinat dirigée contre le leader du Parti communiste italien plongeait le pays dans une situation insurrectionnelle. Selon la légende, c'est la victoire de Gino Bartali à Briançon qui ramènera le calme le 16 juillet.

Le 14 juillet 1948, alors qu'il quitte le Parlement avec la députée Nilde Iotti, le secrétaire général du Parti communiste italien (PCI) Palmiro Togliatti est victime d'une tentative d'assassinat. Antonio Pallante, catholique libéral et anticommuniste exalté, tire quatre balles de revolver sur Togliatti, dont trois atteignent leur cible. Le tireur avait déjà essayé d'approcher le dirigeant communiste à diverses occasions, notamment en demandant à le rencontrer dans le cadre de ses fonctions parlementaires. Cet événement plonge l'Italie dans une situation insurrectionnelle dont le traitement est inextricablement lié... à la 35e édition du Tour de France !

Soulèvement

L'annonce de l'attentat contre Togliatti provoque une série de manifestations violentes à travers le pays, qui font 14 morts (10 manifestants et 4 agents de police) et des centaines de blessés. À Rome, La Spezia, Abbadia San Salvatore, Naples, Gênes, Livourne, Taranto et Turin, la situation est insurrectionnelle. Des grèves sauvages, spontanées, se déclenchent dans la Péninsule. Giuseppe Di Vittorio, secrétaire général de la CGIL (Confédération Générale Italienne du Travail, équivalent de la CGT de l'autre côté des Alpes), décide d'accompagner le mouvement en rentrant prématurément de son voyage aux États-Unis et en appelant à la grève générale. Les lignes du téléphone public sont coupées et le trafic ferroviaire est à l'arrêt. Des sièges du parti démocrate-chrétien sont attaqués, des usines occupées. Des barricades sont dressées, et de nombreux ouvriers dépoussièrent leurs armes de partisans. À Turin, les ouvriers de la FIAT séquestrent le directeur général et président de l'entreprise, Vittorio Valletta. La conduite de l'action syndicale provoquera la scission de l'aile chrétienne-démocrate de CGIL dans la Confédération italienne des syndicats de travailleurs (CSIL). Togliatti est sur le billard, et les rumeurs de sa mort se répandent.

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Pacification

Du côté du gouvernement, c'est la panique : on craint que le moment de l'insurrection communiste soit venu et que le Parti applique son mystérieux « Plan K », complot bolchévique fantasmé par la droite italienne et dont les émeutes seraient la première étape. Le 15 juillet Mario Scelba, ministre de l'Intérieur démocrate-chrétien, interdit les manifestations pendant que Giuseppe Di Vittorio donne des garanties au gouvernement : les délégués syndicaux font tout leur possible pour apaiser les ouvriers, tandis que la centrale syndicale appelle à cesser la grève le lendemain, 16 juillet, à midi. Le secrétaire général de la CGIL a été averti que Togliatti avait survécu à son opération, et savait qu'il appellerait au calme dès qu'il en serait physiquement capable. En attendant, de nouvelles manifestations et émeutes font 16 morts et 600 blessés les 15 et 16 juillet. Quand Togilatti sort du coma et du silence, ses premiers mots sont pour les ouvriers, qui attendent l'autorisation du Parti pour matérialiser leurs menaces de guerre civile et accomplir leur révolution : « Non fare fesserie » (Ne faites pas de bêtises). À la résurrection succède la pacification, fonction-même du PCI au sortir de la guerre : en 1946, le PCI soutient la loi d'amnistie des fascistes (dite « Amnistie Togliatti ») ; en 1949, après avoir utilisé la Volante Rossa (groupe d'anciens partisans connu pour avoir poursuivi l'épuration antifasciste sauvage après l'amnistie) comme service d'ordre, le PCI renie ses membres et les abandonne à la justice démocrate-chrétienne ; face à la contestation des années 1960 et 1970, le PCI dénonce les éléments les plus offensifs du mouvement ouvrier et révolutionnaire comme des « agitateurs » ; en 1973, en réaction au coup d'État de Pinochet, le secrétaire général du PCI propose un « compromis historique » aux démocrates-chrétiens dans l'espoir de participer à un « gouvernement de solidarité nationale ».

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Cyclisme

Dans les rangs démocrates-chrétiens, plutôt que de remercier le PCI pour son rôle contre-révolutionnaire, qu'il continuera de remplir à merveille par la suite, on préfère trouver l'origine du retour au calme dans la performance exceptionnelle du cycliste Gino Bartali lors des 13e et 14e étapes du Tour de France (Cannes-Briançon le 15 juillet, Briançon-Aix-les-Bains le 16 juillet). Alcide De Gasperi, président du Conseil des Ministres, aurait appelé Bartali le 14 juillet pour lui ordonner de gagner le grand tour et sauver le pays de la division. Le cycliste italien confirmera plus tard que De Gasperi lui avait modestement demandé s'il se sentait capable de remporter la 13e étape, et niera toujours la moindre corrélation entre sa victoire et l'issue politique du soulèvement du 14 juillet. Pourtant, aujourd'hui encore, l'historiographie démocrate-chrétienne reproduit ce mythe du Tour de France. D'un côté, les communistes débattent du potentiel réel de la mobilisation insurrectionnelle ouvrière et de ses perspectives politiques, pour savoir si l'épisode représentait une occasion révolutionnaire ou se limitait à une simple explosion de colère spectaculaire. De l'autre, les démocrates-chrétiens élaborent le mythe d'une victoire sportive vertueuse, ayant permis de détourner le peuple du poison violent distillé par la démagogie soviétique du PCI, présenté par la même occasion comme un corps étranger à la société italienne. Une vile instrumentalisation de l'exploit sportif du Juste parmi les Nations.

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Sources

Groupe Révolutionnaire Charlatan

Mail : contact_grc@protonmail.com
Twitter : https://twitter.com/GRCpaname
Lire sur le site : https://lacharlatanerie.wordpress.com/togliatti-bartali/

Manifestations en soutien aux piquets des travailleurs sans papiers de RSI, DPD et Chronopost

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rendez-vous mardi 19 juillet à Créteil et jeudi 21 juillet à Nanterre pour soutenir les sans-papiers des entreprises RSI, DPD et Chronopost et exiger leur régularisation !

Régularisation des postiers et de tou.te.s les sans-papiers

Depuis plus de 8 mois des travailleurs de l'agence d'intérim RSI de Gennevilliers (92), de la plateforme colis DPD du Coudray-Montceaux (91) et de l'agence Chronopost d'Alfortville (94), ces deux dernières entreprises étant des filiales de La Poste, sont en grève pour leur régularisation. Pour continuer à mettre la pression sur la Poste (concernée par 2 des 3 piquets) et plus largement sur les employeurs et le gouvernement ainsi que pour soutenir financièrement la grève, Solidaires et Sud PTT lancent une campagne pour l'été.

2 novembre, 15 novembre et 2 décembre. Ce sont, respectivement, les dates de début de grève des travailleurs de l'agence d'intérim RSI de Gennevilliers (92), de la plateforme colis DPD du Coudray-Montceaux (91) et de l'agence Chronopost d'Alfortville (94), ces deux dernières entreprises étant des filiales de La Poste. Ces trois grèves ne forment en réalité qu'une lutte, les trois piquets participent ensemble à toutes les initiatives (rassemblements, manifestations…). Leur unité, leur détermination et leur courage face à l'adversité forcent le respect. Ils bravent des conditions climatiques allant du gel aux températures caniculaires, en passant par la pluie. Mais leurs adversaires principaux ne sont pas le soleil, le vent ou la pluie, mais l'État et le patronat.

L'État, rouage du système d'exploitation des travailleurs/euses sans-papiers…

En durcissant toujours plus les conditions de régularisation, en multipliant les contrôles policiers, en maintenant des centaines de milliers de personnes en situation de précarité et de fragilité, l'État les livre, en toute conscience, à l'exploitation la plus brutale. Or ces travailleuses et ces travailleurs fuient, au péril de leur vie, la misère et les guerres qui sont le fruit d'un système néo-colonial dont l'État français est un des piliers. La politique ultra-répressive en matière de séjour des étranger·e·s en France a des conséquences sur les conditions de travail et de salaires.

Concernant DPD et Chronopost, l'État se fait le complice actif de la surexploitation des travailleurs mise en place au sein du groupe La Poste, deuxième employeur de France. Il s'agit bien d'un véritable système, basé sur la sous-traitance en cascade, du donneur d'ordre aux agences d'intérim, en passant par des sous-traitants. La principale entreprise sous-traitante utilisée par La Poste est Derichebourg, une entreprise présente dans une multitude d'activités industrielles et de services et qui dégage plus de 3 millions d'euros de chiffre d'affaires. C'est cette entreprise qui emploie des travailleurs sans-papiers pour le compte de La Poste, au Coudray-Montceaux comme à Alfortville. Ou plutôt employait car, sous pression de la mobilisation, La Poste a résilié les contrats avec Derichebourg… mais uniquement dans les deux sites concernés par la grève, alors que nous savons fort bien que des cas similaires existent un peu partout ailleurs.

La préfecture de l'Essonne, depuis le début de la mobilisation a préféré discuter avec ces patrons voyous, leur déléguant même une partie de ses prérogatives (l'établissement de dossiers), plutôt que d'échanger avec les grévistes victimes de leurs combines. Dans le Val-de-Marne, la porte est close à double tour depuis des mois. Il n'est pas étonnant que cette complicité étatique bénéficie également au donneur d'ordre qu'est le groupe La Poste.

Le vrai visage du groupe La Poste

La Poste bénéficie (encore) d'une image d'entreprise de service public proche de la population, avec l'image d'Épinal du facteur ou de la factrice rendant de multiples services, notamment en milieu rural. Certes, l'image s'est écornée ces dernières années avec les suppressions d'emplois et de bureaux de poste qui s'enchaînent, dégradant à la fois le service public et les conditions de travail des agent·e·s. Les suicides et tentatives de suicide de postier·e·s depuis dix ans témoignent, de la manière la plus brutale qui soit, de cette dégradation.

Mais, plus on descend dans la chaîne de sous-traitance, plus le tableau se noircit. Philippe Wahl, le PDG de La Poste, ne s'en cache pas. Il déclarait ainsi, en février 2021 devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale : « La cohabitation dans une structure de salariés du groupe et de sous-traitants est une façon de tenir la concurrence. Tel est le cas de Chronopost ou DPD. Si les conditions sociales des facteurs étaient transposées sur tous les salariés de Chronopost, cette société disparaîtrait. ». On pourrait aussi discuter du « modèle social » de La Poste maison-mère, mais, sous couvert d'une lutte contre la concurrence (encouragée par les patrons successifs de La Poste), c'est l'existence de conditions sociales au rabais qui est assumée. Or, au bout de cette chaîne, il y a l'exploitation sans vergogne de travailleurs/euses sans-papiers obligé·e·s de bosser avec des horaires de dingues, incompatibles avec l'usage des transports en commun, dont les heures supplémentaires (voire même une partie des heures tout court) ne sont pas payées et dont les missions sont interrompues dès qu'ils réclament leurs droits. Et ça, en revanche, la direction La Poste, ne l'assume pas publiquement. Elle n'a de cesse de nier tout lien entre ces travailleurs et le groupe. L'honnêteté patronale a des limites, le cynisme non.

Une lutte qui concerne tou·te·s les travailleurs/euses
Dernièrement, sur un chantier des Jeux Olympiques, un scandale sur l'exploitation des Sans-papiers a éclaté et a conduit à leur régularisation. Les grands groupes, Bouygues, Eiffage, Vinci ne sont jamais mis en cause. C'est toujours au bout d'une cascade de sous-traitance qu'on trouve les Sans-papiers… et, si ce n'est pas en travail au noir, c'est en intérim. Les grévistes de RSI à Gennevilliers sont ainsi tous intérimaires avec des contrats à la semaine et travaillaient sur des chantiers dans des conditions indignes.

L'enjeu de la lutte des travailleurs des trois piquets est très important !

  • ll est important pour leur dignité, l'égalité des droits et pour que justice leur soit rendue.
  • Il est important pour l'ensemble des travailleuses et travailleurs sans-papiers dans le pays, dans un contexte où le poids grandissant de l'extrême-droite et son influence sur une large partie du spectre politique fragilisent encore plus leur situation.
  • Il est important pour l'ensemble du monde du travail, car quand les droits des plus précarisé·e·s progressent, ce sont les conditions de toutes et tous qui s'améliorent. Dans le cas inverse, tout le monde paie l'addition. Pour s'en convaincre, il suffit, en prenant l'exemple de La Poste, de noter par exemple que l'intérim explose littéralement (+ 132 % en deux ans !).

À La Poste et ailleurs, la solidarité doit s'exprimer le plus massivement possible, par tous les moyens nécessaires (militants, financiers, politiques…).

Défi de l'été : diffusons ce tract, collons des autocollants, soutenons cette lutte pour la régularisation des Postiers et de tou·te·s les sans-papiers devant tous les bureaux de Poste !

Rendez-vous

  • Mardi 19 juillet à 13h à Créteil devant la Poste, 3 Place Salvador Allende. Manifestation jusqu'à la préfecture du 94.
  • Jeudi 21 juillet à 13h à Nanterre à l'Arche de la Défense. Manifestation jusqu'à la préfecture du 92.

Pour les Chronopost : https://www.cotizup.com/sans-papiers-chrono-alfortvill,
ou envoi de chèques à Solidaires 94 ou Sud Poste 94
(Maison des syndicats 11/13 rue des Archives 94010 Créteil Cedex)
Cagnotte en ligne pour les DPD : https://www.cotizup.com/sanspapiersdpd
Pour les RSI : https://lydia-app.com/collect/48135-caisse-de-grave/fr

Notre antifascisme

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Remettre les pendules à l'heure et le monopole institutionnel de la lutte en cause. Sortir de la mythologie réformiste et renouer avec la perspective de l'abolition de l'État.

« Dans la domination réelle totale, il n'y a plus aucun endroit où l'ouvrier puisse entamer sa propre vie, parce que ce qu'il y a partout, c'est la vie du capital. »

Renato Curcio & Alberto Franceschini, Gouttes de soleil dans la cité des spectres, 1983

I. Reconnaître nos lacunes

Le texte qui suit ne cherche pas nécessairement à produire une définition théorique de l'antifascisme révolutionnaire. À ce sujet, nous nous contenterons de dire que la lutte antifasciste, au même titre que les autres, n'a rien de révolutionnaire si elle se contente de rester sectorielle : un antifascisme révolutionnaire doit embrasser la totalité de la vie, c'est-à-dire combattre partout et en tout temps la barbarisation des rapports humains dans l'économie capitaliste. Les personnes visées par nos critiques se reconnaîtront et seront reconnues.

Un antifascisme révolutionnaire reconnaît dans l'État la matérialisation politique du pouvoir économique, l'institutionnalisation de sa logique d'exploitation et d'accumulation du capital. L'État, quelle que soit sa forme, est le garant collectif de la société de classe. Le fascisme n'est jamais autre chose que le prolongement de la forme politique du capital par d'autres moyens en temps de crise. La crise est un moment de déclin de l'hégémonie de la bourgeoisie et de son appareil d'État, qui voit les catégories de base de la société capitaliste se radicaliser. L'extrême-droitisation du champ médiatique traduit cette radicalisation, qui se présente à nous dans les délires sur l'immigration et les frontières, le « laxisme » de la justice et la « délinquance », le « communautarisme » et l'islam, la souffrance des policiers et la présomption d'innocence des dominants, l'émancipation par le travail et la fainéantise des chômeurs, etc. Cette radicalisation accompagne le durcissement de l'exploitation, du tri aux frontières, de la répression policière quotidienne, etc.

Tous ces phénomènes pointent le caractère lacunaire de l'antifascisme cantonné à la lutte contre l'expression des groupes fascistes : la lutte antifasciste n'est véritablement féconde que dans le prolongement de la critique de l'économie politique. C'est là qu'elle permet d'anticiper la menace, de la confronter sur le terrain sur lequel elle s'avance, de déconstruire les mensonges sur lesquels elle s'appuie et d'identifier le fascisme tel qu'il est : le « visage dévoilé » d'un système nécessitant déjà d'importantes doses de massacres et d'injustices, fonctionnant bien avant la volonté subjective de nuire et de dominer de quelques autocrates ou généraux ; bien avant que les logiques économiques mutilantes ne deviennent incontrôlables et obligent à recourir aux forces d'exception du système pour garantir sa sauvegarde.

Évidemment, le travail d'information sur les groupes fascistes, de harcèlement sur leurs militants et d'autodéfense face à leurs violences, est légitime et indispensable. Mais ce travail ne doit pas nous dédouaner du reste. L'agitation culturelle, l'intervention dans les luttes sociales et la participation aux initiatives d'auto-organisation sur nos lieux de vie et de travail, font partie intégrante du combat antifasciste. Les délaisser au profit unique de la violence de rue, c'est ouvrir la porte aux comportements claniques et aux logiques de bandes armées ; c'est neutraliser les perspectives du mouvement antifasciste en l'enfermant dans un combat d'arrière-garde et dans des logiques à la limite du féodal ; c'est, enfin, saper notre capacité collective à identifier concrètement les catégories de base de l'État-nation moderne structurantes, et avec elle notre capacité de réaction face à leur radicalisation.

Ces travers nous enferment dans des protestations domestiquées et sans lendemain, auprès d'acteurs politiques choisis par l'État et son dialogue social. Notre positionnement vis-à-vis de ces acteurs politiques est sans doute le dernier marqueur significatif permettant d'évaluer, en surface du moins, le degré de radicalité – ou a contrario de bêtise politique – des militantes et des militants se revendiquant de l'antifascisme. Mais la radicalité, c'est-à-dire la volonté de prendre le mal à la racine et de fonder sa pratique sur une critique totalisante de l'état actuel des choses, n'est pas toujours sincère. Elle ne peut pas non plus se mesurer à la radicalité de la violence assumée dans la rue face aux fascistes. Du reste, on trouve toujours des groupes antifascistes pour « tenir la rue » d'une main et interpeller la Préfecture de l'autre. Notre première tâche devrait être de rompre avec cette conception de l'antifascisme – et donc avec les groupes qui s'en réclament.

Seulement, les groupes autour desquels le mouvement antifasciste se polarise depuis plusieurs années ont eu tendance à cacher la merde sous le tapis et à instaurer un statu quo nocif aux dynamiques qui leur échappaient. Le problème de la représentation et de la spécialisation, tel qu'il est posé aujourd'hui dans le mouvement antifasciste, doit être résolu. La lutte hégémonique que se livrent les tenants de l'antifascisme dit « autonome » et de l'antifascisme que nous dirons « para-syndical » ne mènera à rien sinon à la multiplication des tensions, des accrochages et des règlements de comptes. La rupture doit être politique avant d'être « militaire », et doit permettre de rendre leur voix à toutes les forces antifascistes dépossédées de leur capacité d'expression par le statu quo qui mine le mouvement. Alors nous pourrons choisir notre camp ; un camp qui ne soit pas celui d'un supérieur hiérarchique en compétition avec son voisin, mais bien le camp de toutes celles et ceux qui le composent.

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Pour toute réclamation, écrire au Groupe Révolutionnaire Charlatan
Twitter : https://twitter.com/GRC
WordPress : https://lacharlatanerie.wordpress.com/
Mail : contact_grc@protonmail.com

Pour télécharger la brochure : https://lacharlatanerie.wordpress.com/notre-antifascisme/

Manifeste antifasciste - Coordination des luttes locales Idf

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

La coordination des luttes locales Idf est née après les Marches des Terres d'Octobre 2021 du désir des collectifs organisateurs de continuer à échanger, à coordonner et à renforcer leurs actions dans un collectif de collectifs horizontal et auto-gérée. Voici son premier manifeste en réaction aux dernières élections législatives et contre le fascisme.

Le dérèglement climatique est désormais perceptible par tous·tes, et le consensus scientifique sur le fait qu'il trouve son origine dans les activités humaines ne fait plus débat. La question écologique est devenue un sujet politique qui ne peut plus être ignoré, et par là même, un enjeu de pouvoir.

Les dernières élections ont confirmé l'existence d'un vaste mouvement pour une refondation radicale, démocratique, écologique et sociale. Elles ont aussi donné lieu à un score historique des forces fascistes, patriarcales et racistes, avec l'élection de 89 députés d'extrême-droite. La pénétration dans les esprits de ces idées nauséabondes, aujourd'hui reprises sans honte par certaines personnalités de « l'extrême-centre » macronien, voire se réclamant de l'écologie et de la social-démocratie dite « de gauche », doit nous interpeller tous.tes. Le racisme environnemental et la guerre sociale contre les quartiers populaires évoluent de façon inquiétante.

Nous, collectifs des luttes locales d'Île-de-France, réunis en Coordination, considérons comme indispensable de dissiper toute ambiguïté quant aux valeurs que nous défendons à travers les luttes que nous menons localement pour la préservation des terres agricoles, des zones non-urbanisées, des espaces naturels et de leurs habitant·e·s, et contre la métropolisation.

Nous ne tolérerons aucune récupération de nos mobilisations.

Nous affirmons donc solidairement ici, face à la raréfaction des ressources entraînée par la destruction en cours des écosystèmes dont nous dépendons, notre refus de toute idéologie réactionnaire, xénophobe et autoritaire qui prétendrait préserver les conditions de vie terrestre au bénéfice d'un groupe humain au détriment d'un autre par l'accaparement des ressources.
Autant que pour la préservation de ces ressources, nous luttons pour leur répartition équitable entre les êtres vivants par l'écoute, le respect et la lutte contre les rapports de domination.

Nous rejetons également la foi aveugle dans des solutions technologiques qui prétendraient repousser à plus tard la prise en compte des limites de ces ressources, considérons la décroissance comme unique solution viable, et affirmons qu'il est de notre responsabilité d'agir pour qu'elle soit non plus subie, dévastatrice et fatale aux plus vulnérables, mais accompagnée et désirée comme un processus de nécessaire rupture avec toutes les idéologies prédatrices de nos sociétés humaines.

Face aux autoritarismes et contre les fascistes, organisons-nous !

Résister, malgré tout

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Face à la force d'État, ne pas fléchir.

« Unheimlichkeit » (L'inquiétante étrangeté)
PS : « Du Pouvoir en place ! »

Il n'est pas toujours simple de déterminer les modes d'actions idéaux pour abattre un système inégalitaire.
Le monde où nous vivons est lui-même constitué de disparités économiques qui entravent nos propres rapports à la lutte sociale.
Parmi tout(es) les camarades, certain(es) travaillent, d'autres, plus éprouvé(es) trouvent leur victuailles dans les poubelles, d'autres ont tout perdu jusqu'à ce point d'effondrement qui fait le désespoir, celui qui décourage toute possibilité d'action.
Ce n'est ni affaire de décret subjectif, ni affaire de volonté (ne revenons pas à la psychologie simpliste de Ribot).
Quelque chose néanmoins nous unit : le sentiment de vivre dans un monde infâme.
Le temps n'a pas à être tordu ainsi, contraint à la vitesse des algorithmes.
Là, gît une source de vulgarité. Le capitalisme (nommons-le trivialement ainsi) s'est fait une spécialité de dénaturaliser la Vie.
Or, la lenteur est digne aussi, elle mérite notre respect, la lenteur fait signe vers une aube sans "Usine à bagnards".
Il nous faut réinventer de nouveaux rythmes, discontinus, insaisissables.
Un jour peut-être, les tours de la Défense, celles consacrées à démolir le genre humain, s'effondreront dans un bruit de cristal.
Ce jour attendu, sera fête pour celles et ceux condamné(es) à l'errance.
Certes, les forces contre lesquelles nous luttons sont démesurées, mais il y a en nous, une autre force que celle, impulsive, qui fait nos identifications aux figures légendaires de la pensée libertaire. Sans doute existe-t-il dans nos tréfonds, un mystère qui nous fait avancer. Une puissance de rêve, un indicible élan vers la liberté, si fort, si indestructible que jamais nous ne cesserons de combattre (la mort elle même nous saisirait-elle), peut-être est-ce là ce qui se nomme profondément anarchisme : une envie de ne pas en finir. De ne pas laisser aux monstres du système la joie de l'emporter sur nos fragilités.
Par-delà les tremblements qui nous saisissent meurtris devant les escouades de flics, nous ne lâcherons rien. Mon article n'est d'aucune aide, j'en ai conscience, je constate simplement que quelque chose, en nous, ne meurt pas, quelque chose qui n'est ni témérité, ni lâcheté.
Un noyau de courage, malgré toutes nos blessures, tous nos sacrifices et notre brûlante lucidité.
Alors continuons la lutte, en ce temps présent tellement infect, et si misérable qu'il pourrait nous pousser au suicide.
Mais jamais, jamais nous ne tomberons dans la voie du nihilisme, fût-ce à armes inégales, affrontons les Monarques, jusqu'à nos dernières forces.

Swing

"J'adore servir à table. C'est là qu'on surprend ses maîtres dans toute la saleté, dans toute la bassesse de leur nature intime. Prudents, d'abord, et se surveillant l'un l'autre, ils en arrivent, peu à peu, à se révéler, à s'étaler tels qu'ils sont, sans fard et sans voiles, oubliant qu'il y a autour d'eux quelqu'un qui rôde et qui écoute et qui note leurs tares, leurs bosses morales, les plaies secrètes de leur existence, tout ce que peut contenir d'infamies et de rêves ignobles le cerveau respectable des honnêtes gens. Ramasser ces aveux, les classer, les étiqueter dans notre mémoire, en attendant de s'en faire une arme terrible, au jour des comptes à rendre, c'est une des grandes et fortes joies du métier, et c'est la revanche la plus précieuse de nos humiliations…“

Octave Mirbeau, Journal d'une femme de chambre (juillet 1900)

Cominciamo con Giove (« Commencer par Jupiter ! » ou « Commençons par Jupiter ! »)