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Un CR des manifs sauvages du 18 mars à Paris. Quelques réflexions sur la forme du mouvement social nocturne, et sur les manières de nous renforcer.

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Où on raconte quelques manifs sauvages du 18, tout en se permettant quelques analyses issues de diverses discussions avant, pendant et après cette manif et les autres depuis jeudi 16, mais aussi de l'observation de l'évolution de celles-ci en quelques jours.

Salut, on se permet une petite contribution aux CR d'hier soir, samedi 18 mars 2023.

D'après nous il y aurait eu au moins 3 manifs successives à Place d'It.
Place d'It 1 massive avec les syndicats est partie en sauvage à porte de Choisy. On y était pas.
Place d'It 2, pendant que porte de Choisy brûlait, gros feux sur la place d'It. On arrive là. D'autres arrivent en même temps que nous « Il se passe quoi ? », on ne sait pas trop. Un gros feu commence à prendre sur la route au milieu de la place. Un premier camion de pompier arrive, les manifestant.es le repoussent. Ils partent sur le côté attendre les flics. De nombreuses passant.es se joignent à la foule. Les flics arrivent au bout de 20-30 minutes. Ça part en sauvage dans une rue adjacente, sans commerce et un peu trop calme. La BRAV charge à moto, à plusieurs reprises, créant quelques mouvements de paniques. On les entend crier entre eux « Tous ceux qui ont une capuche, tu leur enlève »… Pour les interpeller ou pour les tabasser ? « On y va et on décapite »… La manif ou les personnes ? La manif revient à Place d'Italie, repart dans la rue Blanqui. Entre temps, des flics sont arrivés. Quelques autres feux prennent. Les tonnelles du marché sont mises à terre au milieu de la route pour retarder la progression des flics. Ils finissent par nasser rue Blanqui. Une partie des gens esquive quand même la nasse. Font le tour, reviennent place d'Italie.
Place d'It 3. Pendant ce temps la foule afflue encore à Place d'It. C'est le bordel, les flics font des lignes pour empêcher les manifestants de revenir sur la route, les pressent contre l'entrée de métro. La Brav avance. On retrouve des gens de la manif 1, de la manif 2. « T'étais où, toi ? T'es arrivé à quelle heure ? ». On se raconte, « nous, on était à porte de Choisy, c'était le feu ! », « moi je viens d'arriver », « moi je suis resté à Place d'Italie tout le long, c'était le bordel ! ». Les tags qui appelaient à la « gilet jaunisation » du mouvement voyaient juste. Le mouvement, largement encadré et porté par l'intersyndicale pendant de longues semaines, déborde désormais ses cadres. Ce qui se passe les soirs rappelle l'ambiance du début des gilets jaunes, et ça, ça fait plaisir. Ce sont des groupes spontanés qui se forment, se recomposent, mobiles et inattendus, les flics sont débordés, font des allers-retours dans le quartier, ne savent pas où attendre un mouvement qui ne sait pas lui-même à l'avance où il va surgir.
Une partie de la foule prend alors le métro, c'est ce qui nous est suggéré de faire, non ? Ca part en sauvage dans le métro. Ça crie et ça chante, tout le monde se suit, on prend la 7. Plusieurs rames sont complètement remplies de manifestants. On se retrouve avec plein de personnes qui viennent manifester pour la première fois. Pas mal de jeunes de quartiers.

Deux copains rencontrés sur place qui viennent du fond de la banlieue et ont passé la journée à chercher des manifs, se sont fait contrôler 5 fois. Grosse convergence de la haine anti flic dans le métro, « nique la bac ! nique les schmitt ! » sont écrits partout au marqueur dans la rame.
Petite anecdote sympa aussi, d'une personne avec qui on a aussi passé un bon bout de la soirée : deux frangines se faisaient un resto tranquille dans le 13. Après leur repas vers 20h30, elles sortent du resto, mais en plein milieu d'une charge de la BRAV. Une des frangines est embarquée, l'autre trop véner rejoint les manifs et y reste jusqu'à la fin, beaucoup plus loin dans Paris.
Ces quelques bribes de discussions avec des manifestants rencontrés au détour d'une manif sauvage montrent bien comment la tournure que prend le mouvement permet de rassembler largement des personnes qui jusqu'ici ne participaient pas au mouvement. À la fois parce qu'on se rassemble aussi dans cette lutte contre la répression et la violence des flics, qui concerne les militants, mais aussi et d'abord des personnes racisées, qui vivent en banlieue, dans des cités, ou simplement qui, en se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment, veulent subitement en découdre avec les FDP.
Aussi, parce que le mode d'action « manif sauvage » et cramage de poubelles mobilise des personnes qui ne se bougeraient pas pour une manif plan-plan portée par l'intersyndicale. Des personnes qui ne peuvent pas faire grève. En se retrouvant, le soir, on croise des gens qui sortent du taff, bien sapés, qui venaient voir et ont été happés par l'énergie du mouvement. Ça permet de répondre à celles et ceux qui disent trop souvent qu'ils sont contre les actions plus déter, contre les manifs sauvages, contre les tags ou contre ceci, parce qu'il faudrait attendre que le mouvement massifie d'abord, pour, ensuite, pouvoir faire de telles actions. Ici, on voit bien que c'est au contraire parfois le fait de faire ces actions plus déters qui massifient elles-mêmes, qui font que ça ambiance des gens. Vive les manifs sauvages !

Bref, on descend à Place Monge. On chante encore dans les couloirs du métro, les publicités sont arrachées. Une grosse barricade enflammée est érigée à base de poubelles et vélib dans la rue Monge. Puis on part en courant dans les escaliers qui mènent rue Rollin. Il y a bien plus de poubelles que dans la rue Blanqui. Super !
Les poubelles sont renversées, enflammées. On remonte la rue Rollin qui est en feu, jusqu'à la rue Mouffetard. Ça y est, la BRAV arrive, à toute vitesse, en moto. D'autres barricades sont érigées avec les poubelles, les commerçants s'énervent, éteignent quelques feux avec des extincteurs. Ils nous prennent à partie avec véhémence.
On voit là se manifester les intérêts de classe contradictoire. Un certain nombre de commerçants et restaurateurs étaient déjà les premiers à râler contre les poubelles, ce sont eux qui réclament souvent des mesures répressives de lutte contre les incivilités. Aujourd'hui, ils ne se solidarisent pas du mouvement, dès lors que celui-ci leur fait perdre du chiffre d'affaires, nuit à l'image de marque de leur rue ou quartier, et sème la pagaille dans les rues alentour. Vraiment, on a vu ce soir comme ils n'étaient pas nos alliés, comme ils étaient prêts à balancer. Faites gaffe, donc.
Quelques interpells à ce moment, d'après les images visionnées a posteriori. La foule se disperse vers le Panthéon.
En parallèle manif sauvage à Châtelet.
En parallèle dispersions rapides de la Concorde, ça devient tendu là-bas.
En parallèle manif sauvage rue de Lappe à Bastille, moins importante il semble.

En termes de répression, les plus présents dans les manifs sauvages, c'est sans beauoup de surprise la BRAV. Comme quoi c'est vraiment l'arme ultime de la police dans ce mouvement éparpillé !
En débriefant avec des personnes, on a réfléchi à quelques moyens pour les gêner un maximum :

  • De quoi crever les pneus sur les routes par exemple. Mais attention à ce que ça ne soit pas trop dangereux pour les pieds des manifestant.es.
  • Ou de quoi les faire glisser, déraper ? Ca semble peu pratique de se trimballer des sacs de gravillons ou des bidons d'huile de vidange, des billes (?) mais c'est une piste.
  • L'utilisation de lasers dans leurs visières, comme dans celles des CRS d'ailleurs, peut être très utile. Dans le même genre, des frontales puissantes, avec un mode stroboscope c'est encore mieux, les paralyse en cas de manifs nocturnes. Ca marche aussi avec les camions de pompiers qui viennent éteindre les feux. Les blocages de raffineries sont évidemment l'arme ultime, et on espère que ça va durer pour que les flics soient en pénurie d'essence (ça s'était vus, dans certaines villes, lors de la précédentes pénuries).
  • Les barricades les gênent énormément. La plupart du temps ils sont obligés de s'arrêter pour retirer les barricades. On a vu des vidéos de la BRAV balancer violemment sur le trottoir des barrières utilisées pour des barricades, Ils avaient l'air énervés de devoir faire du rangement.
  • De même, les rues les plus bondées, où il y a le plus de commerces et de bars sont très dures à encadrer. Les quartiers gentrifiés de l'est les feraient galérer à mort. On se mêle à la foule et ils ont du mal à distinguer qui sont les manifestants ou non. C'est bien plus rassurant et drôle que sur les grandes places vides comme Concorde. Et en même temps ça visibilise la manif auprès des promeneurs, parfois choqués, parfois enthousiastes. Ça visibilise la bordélisation.

De manière générale, il paraît pertinent d'organiser des manifs dans les quartiers où les poubelles ne sont pas ramassées, de nous renseigner à l'avance sur les arrondissements concernés, et de nous y diriger en priorité. Dans cette guérilla urbaine, amenons l'ennemi dans des zones où nous sommes en position de force (commerces, badauds, poubelles).
À très bientôt, dans les rues !

Quelques participant.es de la guerre sociale.

Récap du dimanche sur la grève des éboueurs !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Un récap de différentes infos glanées sur les garages et les incinérateurs bloqués en Île-de-France ce week-end. Toutes les mentions de « demain » parlent de lundi 20 !

Communiqué CGT TAM DPE

"Le Service Technique de la Propreté de Paris fonctionne grâce à environ 5000 éboueurs et 600 chauffeurs, qui nettoient et collecte les ordures ménagères et les emballages recyclable de la capitale dans la moitié des arrondissements. Suivant le mot d'ordre de l'intersyndicale de bloquer le pays à partir du 7 mars, et même avec un jour d'avance, les camarades de la « filière déchets » sont entrés massivement dans le mouvement. Pas un camion de la régie n'est sorti pendant 12 jours, les garages étant bloqués par des piquets de grève autogérés par les conducteurs ou par des éboueurs grévistes, assistés par des collectifs informels et interprofessionnels, et encouragés par le blocage des incinérateurs d'Ivry-sur-Seine et d'Issy-les-Moulineaux organisés par les fédérations CGT Energie & Services Publics.

Depuis le jeudi 16 mars et l'aveu de faiblesse constitutionnel du gouvernement, qui a dégainé l'article 49.3 pour faire passer en force le projet assassin de faire travailler 2 ans de plus les ouvriers les plus soumis à la pénibilité, la répression est devenue plus ferme et systématique, y compris chez les grévistes du privé comme sur le piquet de grève des éboueurs de la société Pizzorno à Vitry-sur-Seine. Dès le 17 mars la préfecture a procédé à des réquisitions, a priori illégales puisqu'aucun avis de l'ARS ne permet d'objectiver le risque d'insalubrité. Le samedi 18 mars, les grévistes de certains garages se sont mis en grève à 100% et ont quitté leur lieu de travail pour ne pas tomber sous le coup de Trafalgar du préfet. D'autres n'ont pas eu ce réflexe et ont dû sortir collecter sous peine de très lourdes amendes.

Dès lundi 20 mars commence donc une nouvelle étape de la grève, pendant laquelle les conducteurs devront tenir une grève très majoritaire, totale et illimitée pendant de longs jours voire de longues semaines jusqu'au retrait du projet de loi scélérat de la bourgeoisie, qui fait les poches des salariés pour continuer à se gaver d'une planète qui n'en peut plus et à servir de belles tranches de vie, quitte à raccourcir celle des autres. C'est pourquoi nous, organisés dans le syndicat CGT TAM DPE qui regroupe les travailleurs des métiers de l'automobile à la ville de Paris (conduite et maintenance), créons ce jour notre caisse de grève et de solidarité en vue de soutenir notre effort dans la durée et de porter le salariat vers une victoire historique."

Cette caisse de soutien est à retrouver avec toutes les autres dans l'article dédié !

Sur les réquisitions :

Comment cela se passe ?
Un préfet ou sous préfet avec la police nationale rentrent dans les garages. La hiérarchie vous expliquent ce qu'est la réquisition. Ensuite, elle demande quels agents sont en grève et lesquels sont au travail.
Ceux qui sont en grève sont obligés de signer la réquisition
Ensuite, les flics débloquent le garage.
La réquisition est pour la journée pour le moment.
Pour éviter la réquisition dans les garages, le mieux c'est d'être gréviste et ne pas se pointer au boulot.
Les bennes sans éboueurs les collectes ne peuvent être faites. Aujourd'hui, il y plus de 10000 tonnes de déchets dans les rues.
Si tous ceux qui n'ont presque pas fait grève s'y mettent, c'est près de 20000 tonnes en fin de semaine.

A Romainville :

Ce matin, il y a une trentaine de bennes qui sont sorties au compte-goutte sous l'action de 3 camarades qui faisaient de l'info et du filtrage. Ces bennes n'ont pas trouvé de rippers sur les ateliers qui sont en grève, coordination parfaite ! Certaines bennes prennent 2/3 sacs et se déclarent en grève. C'est organisé et ça fonctionne bien.
Le chef de la section des moyens mécaniques (SMM) de la régie était là. A priori il fait le tour de tous les garages. Il demande à la maîtrise d'appeler tous les chauffeurs pour des retour sur repos demain. Initiative politique ou initiative direction ?
Il faut mettre la pression sur l'équipe d'Hidalgo pour annuler ces consignes, et se préparer à bloquer demain.
Le dépôt de Romainville est assez stratégique : certaines versions disent qu'il serait plein, et donc inutile à bloquer, mais il sert en fait de lieu de transit à flux tendu : ça sort au fur et à mesure pour être redispatché plus loin de Paris, c'est donc un maillon crucial ! Mais les syndicats sont crispés sur le sujet et préfèraient le garder en dernier recours... Ce qui semble être arrivé !

A Ivry :

Les réquisitions sont tombées pour les garages de IVH (garage rue Victor Hugo) IVB (TIRU rue Bruneseau) et Clichy. on s'attend donc a ce qu'elles tombent demain pour Aubervilliers et Romainville.
Les réquisitions sont à la journée donc demain rebelote. Le blocage de la TIRU d'Ivry tient toujours. Avec les éboueurs et le syndicats on continue à bloquer dès demain, 5h à IVB et IVH, puis aussi 12h à IVH et 16h à IVB. on verra comment et combien de temps on tient, faut essayer de ralentir la sortie des bennes autant qu'on peut !
Grève du zèle en complément de la part des chauffeurs qui sortiront et des rippers, éboueurs au balai et sur les marchés.
Toute idée est bonne à prendre pour ralentir le travail des boueux et laisser Paris sale !

À Issy-les-Moulineaux :

Le site est effectivement bloqué en alternance avec le site jumeau de Saint-Ouen selon le fonctionnement suivant :

  • 2 jours de fonctionnement réduit sur le site A (20% de l'activité habituelle).
  • 2 jours de blocage total du site B.

Et ce jusqu'à l'AG de Mardi 21/03 ou seront rediscutées les modalités de la grève selon l'actualité politique.
Les grévistes disent qu'ils sont tout à fait en mesure d'assurer les blocages et les filtrages touts seuls mais que les soutiens sont indispensables pour assurer le haut niveau de moral des troupes (excellent d'après ce que nous avons pu juger !).
Demain le site d'Issy est complètement bloqué et celui de Saint-Ouen est rouvert à 20%.
La seule raison pour laquelle ils ne sont pas réquisitionnés c'est parce que les sites de délestages de Romainville et de Claye-Souilly ne sont pas encore à saturation. Mais la quantité d'ordures risque de recommencer à augmenter dès que ces sites seront pleins.
C'est la fédération nationale mines-énergie (FNME) qui est à la manœuvre et qui annonce que son organisation grippe la collecte, le stockage et l'incinération des déchets.
Pour l'instant c'est tranquille niveau flics.

Énergie :

La FNME est également en pointe sur les coupures de gaz et d'électricité. Selon les camarades grévistes, la production électrique est en baisse, les coupures et opérations « robin des bois » fonctionnent à plein régime : la France importe de plus en plus d'électricité mais dans des conditions dégradées car les liaisons avec l'Italie et l'Espagne sont partiellement coupées.
A cette occasion, on a pu interroger un camarade de GRDF qui était au TIRU en soutien qui a pu nous faire un petit rapport sur la situation du gaz :
Tous les accès méthaniers du territoire sont bloqués par les camarades sur place et les niveaux de stocks ont baissé à 30 %. Il y a travail commun entre les électriciens et les gaziers sur tout le territoire notamment en IDF : les camarades électriciens-gaziers ont bloqué le principal site de stockage de gaz francilien qui s'est mis en grève reconductible depuis déjà deux semaines et l'impact va être dévastateur si le gouvernement ne recule pas.
Toutes les raffineries sont à l'arrêt. Ça monte en puissance de fou !
Les camarades qui bloquent les sites stratégiques insistent sur le fait que c'est utile de faire courir la volaille un peu partout avec des manifs sauvages

Dans le privé :

Le directeur a expliqué que l'entreprise Polyreva a été réquisitionné par la préfecture afin de mettre des camions sur le terrain.
Il a expliqué qu'il a refusé toute la matinée de répondre aux demandes de la villes de Paris mais la réquisition est arrivée ce soir. Elle court pour l'instant jusqu'à lundi inclus. Il n'a pas le droit de refuser sous peine de prison ou d'une forte amende. Il a rajouté que les salariés ne sont pas réquisitionnés et cela reste sur la base du volontariat

Les caisses de grève sont à retrouver ici

Rencontre : Solidarité en Méditerranée : du sauvetage à la liberté de circulation

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Solidarité en Méditerranée : du sauvetage à la liberté de circulation
Rencontre avec le collectif Migreurop et Antonin Richard, marin sauveteur

MARDI 21 MARS - 19H30

La notion de « liberté de circulation » est polysémique. Pour mieux la cerner, ce 4e atlas du réseau euro-africain Migreurop propose une analyse critique des politiques développées par les États pour faciliter les mobilités de manière générale. Il donne également à voir la manière dont les exilé·e·s (et leurs soutiens) affrontent et détournent quotidiennement les politiques d'immigration restrictives pour mettre en œuvre leur propre liberté de circulation.

Ce 21 mars sera l'occasion d'échanger avec les auteur·rice·s Sophie-Anne Bisiaux et Filippo Furri pour penser ensemble la solidarité en Méditerranée et mettre le cap vers la liberté de circulation et d'installation pour toutes et tous.
En présence de :
Filippo Furri : activiste et chercheur en anthropologie, il travaille notamment sur l'accueil local des exilé·e·s et les réseaux de villes solidaires.
Sophie-Anne Bisiaux : juriste et chercheuse spécialiste des politiques migratoires, militante associative engagée dans la défense des droits des personnes exilées.
Eva Ottavy (modératrice) : responsable Solidarités Internationales à La Cimade
ATLAS DES MIGRATIONS DANS LE MONDE
Migreurop
Albin Michel

Par le récit de ses expériences du sauvetage en Méditerranée, entre 2015 et 2020, Antonin Richard nous embarque là où la démagogie des politiques européennes a fusionné avec la police des régimes dictatoriaux. Dans ce récit, le sauveteur partage le quotidien et l'engagement de celles et ceux qui font vivre la camaraderie marine et s'activent pour laisser aux personnes qui migrent le droit de se donner un présent et un avenir. Depuis la publication de Ce matin la mer est calme, en novembre 2020, Antonin Richard est reparti plusieurs fois en mer Méditerranée.
Ce 21 mars, l'occasion est belle de poser le pied à terre.
CE MATIN LA MER EST CALME
Antonin Richard
Les Etaques

à la librairie le Pied à terre
9 rue custine 75018 Paris

Quelques nouvelles de la transformation du Bas-Montreuil

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Dans le Bas-Montreuil, quatre squats sont expulsables à la fin de la trêve hivernale, c'est-à-dire le 1er avril 2023. Il nous a semblé important de faire exister les récits des personnes qui habitent ces lieux et qui voient leur espace de vie se faire menacer.
Ces récits se retrouvent à la fois sous la forme d'une brochure mais aussi sous la forme d'une carte !

Qui sommes nous

On est un collectif plus ou moins formel composé de personnes vivant en squat, hébergé.es chez des potes, partageant des grandes collocs... On se réunit depuis presque deux ans pour s'organiser autour des questions de mal logement à Montreuil. Pendant plus d'un an, on a organisé des assemblées devant chaque conseil municipal avec notamment l'envie de faire pression sur la Mairie pour qu'elle adopte un arrêté municipal contre les expulsions. C'est un arrêté qui a été adopté dans différentes communes d'Île-de-France, mais toujours pas à Montreuil, commune historiquement communiste... L'année dernière, avec la fin de la trêve hivernale, on a monté un campement sur la place de la Mairie. On voulait visibiliser le fait que la fin de la trêve hivernale, c'est le retour des expulsions et donc des personnes qui sont jetées à la rue. On a campé pendant trois jours, fin mars 2022 et tout ça sous la neige, cocasse pour soi-disant la fin de la trêve hivernale ! la Mairie nous a coupé la seule source d'électricité qu'on avait sur le campement et en a profité pour mettre une amende au camion qu'on a utilisé pour transporter le matos. A la fin des trois jours du campement, on a eu aucune nouvelle du Maire ou de ses adjoints, on a donc décidé de lui rendre visite. On est rentré dans la Mairie à une vingtaine, couverture sous le bras et slogans à la bouche. Au bout d'une heure, on a obtenu un rendez-vous avez un adjoint du Maire pour parler de certaines situations à Montreuil, notamment le squat EIF (qui a finalement été expulsé en août 2022). Le jour d'après (le 2 avril) on a organisé un grand carnaval festif et revendicatif. Plus de deux cents personnes hautes en couleurs se sont réunies et ont déambulé dans la ville, entrainées par le rythme des batucadas et n'hésitant pas à redécorer les agences immobilières croisées en chemin. Arrivé à la mairie, on a été accueilli par des dizaines de CRS et la BRAV (unité de police à moto), une personne a été arrêté sur le moment, et plusieurs autres ont été arrêté des mois après suite à une enquête menée par la police judiciaire pour des faits de dégradation (on parle de quelques tags sur des vitrines !) .

Aujourd'hui, on est un an plus tard et on se retrouve encore pour le Grand Carnaval contre les expulsions ! En un an, la ville a bien changé, de nouveaux squats ont ouvert, d'autres ont été expulsé ou vont bientôt l'être. Malgré le manque d'eau sur le territoire, les résidences pour riches, elles, n'ont pas de mal à pousser. Partout on voit s'afficher des permis de construire et de démolir. On nous parle de grands projets de restructuration urbaine, de plans de rénovation, de lutte contre l'insalubrité, du 21e arrondissement Paris, de l'arrivée de la ligne 11 et du tram, du Grand Paris... On a quelques infos par ci par là, des concertations sont organisées, mais nous, les habitant.es qui galérons à nous loger dans de bonnes conditions à Montreuil, on sent bien que la ville elle n'est pas pensé pour nous, on sent bien qu'on dérange. Qu'à la place de nos squats et de nos grandes collocs bricolées, les « aménageurs » du territoire rêvent de grands ensembles lisses. Qu'à la place de nos cantines populaires, ils espèrent voir fleurir des snacks bio et végan. Que les petites enseignes, taxiphones et épiceries font taches quand elles se trouvent entre un barber-shop et une boutique de CBD. Que les personnes qui persistent à trainer sur la place de la République, qui posent leurs tentes et allument des braseros en partageant une bière, que ces personnes-là sont perçues comme des indésirables. Les promoteurs rêvent d'individus qui traversent les espaces, surtout pas qu'ils s'y ancrent, qu'ils s'y attachent, qu'ils y revendiquent un droit d'usage. L'espace doit être lieu de consommation et non pas de vies et de résistances.

Nous, comme beaucoup d'autres, on essaye de faire face à ces processus qui rendent tout marchand. On organise des banquets, des déambulations, on participe à des ouvertures de squats...Mais tout va tellement vite qu'on sait plus trop où donner de la tête. Les flics sont toujours plus nombreux et équipés pour écraser les résistances, les proprios se sentent toujours plus en confiance pour faire appel à des gros bras et expulser des squatteur.euses par la force, la législation anti squatteur.euses et « mauvais » locataire se renforce à l'image du nouveau projet de loi Kasbarian qui est débattu en ce moment à l'assemblée. La mobilisation contre la réforme des retraites concentre beaucoup de forces et d'énergies. Alors nous dans tout ça, on a voulu écrire cette petite brochure. On a voulu faire exister les récits de celles et ceux autour de nous qui persistent à Habiter Montreuil, qui persistent à faire exister d'autres rapports aux autres et au monde. Ces récits ne sont bien sûr pas exhaustifs, n'hésitez pas à nous écrire pour ajouter votre contribution ! (assemblee-mal-logee@riseup.net)

AG Education 93 lundi 18h Bobigny

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Appel de l'intersyndicale 93 de l'éducation : ne lâchons rien jusqu'au retrait ! AG le 20 mars à 18h (Bobigny) !

Dans l'éducation, avec les autres secteurs en lutte :
Ne lâchons rien jusqu'au retrait !

Depuis le 19 janvier, la très forte mobilisation des travailleur·ses des secteurs public comme privé, de la jeunesse, des chômeur·ses, soutenu·es par une écrasante majorité de la population, a confirmé la très forte détermination en faveur du retrait total du projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement. La journée de grève et de manifestation du 7 mars contre la réforme des retraites à l'appel de l'intersyndicale interprofessionnelle et éducation a été une nouvelle démonstration de force.
Les succès de la grève féministe et des manifestations du 8 mars ont été historiques et ont marqué notre refus de cette réforme qui marque aussi, spécifiquement, des régressions pour les droits des femmes.
Le pays a bien été mis à l'arrêt, et des grèves reconductibles ont été lancées par les salarié·es et leurs syndicats dans de nombreux secteurs stratégiques et se poursuivent notamment à la SNCF, les transports urbain dont la RATP, les mines-énergie, les ports et dock, la chimie,les éboueurs et les égoutiers...
Les personnels des écoles, établissements et services de l'Éducation nationale ont été fortement mobilisé·es ces dernières semaines avec des journées de grève majoritaire. Les personnels ont fait la démonstration d'un rejet massif du projet de réforme et de leur force collective.
Dans le même temps, le gouvernement multiplie les provocations à l'égard des personnels de l'éducation : revalorisations insuffisantes dans le cadre du « socle », missions supplémentaires inacceptables dans le cadre du « pacte », de nouvelles suppressions de postes qui auront des conséquences scandaleuses. Nous rappelons également que cette mobilisation s'ancre dans un contexte plus large de destruction du service public d'éducation (réforme du collège, lycées pro, suppression de la technologie en 6e, DHG toujours trop basses, 200 fermetures de classes dans les écoles du département, manque d'AESH...). Dans un contexte d'inflation galopante, nous exigeons une revalorisation générale et sans contreparties des salaires de l'ensemble des personnels de l'Éducation nationale, en particulier les personnels les plus précaires (AESH, AED). Nous exigeons également le retour des épreuves de baccalauréat en juin.
Chacun.e le sait, la période est décisive, il n'y aura pas de grève par procuration. Pour pouvoir gagner, l'éducation aussi doit rejoindre plus massivement les secteurs en lutte.
L'heure est à l'organisation du blocage du pays, partout et à tous les niveaux. La lutte peut être victorieuse même après une éventuelle adoption de la loi par l'assemblée, comme ce fut le cas en 2006 sur le CPE. A l'unanimité des 37 présent·es, travailleur·ses dans 35 établissements et écoles du département, l'AG appelle :

• à se mettre massivement en grève et à manifester le 15 mars ;

• à poursuivre la grève le 16 mars, jour probable de vote à l'AN ou d'usage du 49.3, pour exprimer notre détermination
et à participer à toutes les actions de blocage ou manifestations organisées ce jour-là ;

• à participer aux initiatives de soutien à la grève (soirées, caisses,...) ;

• à la grève lors des épreuves de spécialité du 20 au 22 mars et à rejoindre les piquets de grève devant les lycées ;

• à voter la reconduction de la grève dans les AG d'établissement et de ville à partir du 20 mars ;

• à une nouvelle AG éducation 93 le lundi 20 mars à 18h (Bobigny).

https://creteil.snes.edu/Appel-de-l-intersyndicale-93-de-l-education-ne-lachons-rien-jusqu-au-retrait-AG.html