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Pourquoi défendre La Baudrière

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

POURQUOIFENDRE LA BAUDRIÈRE

La Baudrière, c'est un squat anarcha-féministe transpédégouine qui a ouvert en novembre 2021 à Montreuil. Plein de personnes y ont passé quelques heures ou quelques jours, y ont habité, appris des trucs, fait la fête, fait des réunions, amassé des souvenirs. Maintenant, l'expulsion approche ; et pour nous qui investissons cet espace de diverses manières, le temps de la défense commence. On appelle donc les non mecs 6.7 à venir défendre la Baudrière à partir du 21 août, début de la période d'expulsabilité.

POURQUOIFENDRE LA BAUDRIÈRE

La Baudrière, c'est un squat anarcha-féministe transpédégouine qui a ouvert en novembre 2021 à Montreuil. Plein de personnes y ont passé quelques heures ou quelques jours, y ont habité, appris des trucs, fait la fête, fait des réunions, amassé des souvenirs. Maintenant, l'expulsion approche ; et pour nous qui investissons cet espace de diverses manières, le temps de la défense commence. On appelle donc les non mecs 6.7 à venir défendre la Baudrière à partir du 21 août, début de la période d'expulsabilité.

Voici quelques raisons qui nous poussent à pas vouloir nous laisser faire. À bas les expulseurs et les gentrifieurs !

Défendre la Baudrière pour empêcher la concrétisation d'un énième projet immobilier gentrifieur et freiner la spéculation immobilière. Squatter, c'est une manière de lutter contre la propriété privée, qui produit précarité, mal-logement, isolement et ravage écologique. En ville, les loyers augmentent toujours plus, tout est toujours plus adaptés aux riches, tandis que les pauvres sont chassé-es dans des banlieues toujours plus excentrées. Le projet immobilier prévu à la place de la Baudrière s'inscrit parfaitement dans le processus de gentrification à l'oeuvre à Montreuil : une résidence privée, des appartements luxueux accompagnés de commerces hors de prix, pour que les nouveaux et nouvelles venu-es se sentent déjà chez elleux dès leur arrivée.

Défendre la Baudrière pour conserver des espaces gratuits et non-marchands en ville. Squatter, ça veut dire ne pas payer de loyer. Ça permet à des personnes précaires d'avoir un endroit où vivre, et d'habiter dans un espace décent, salubre et spacieux, en n'ayant pas besoin de se soumettre à la bonne volonté des agences immobilières et autres propriétaires classistes, racistes et queerphobes, pour avoir (peut-être) le droit de s'installer dans des appartements minuscules.
Ne pas devoir payer pour survivre, ça signifie ne pas avoir d'injonction à travailler pour survivre. Ça laisse du temps et de l'énergie pour faire de la récup pour manger, se meubler, décorer, pour s'investir dans des projets, pour partir, pour faire les choses qu'on a vraiment envie de faire sans contrainte de temps ni de productivité. Ne pas devoir payer pour survivre, c'est aussi avoir plus d'argent pour soutenir financièrement sa famille, ses copaines, des gens ou des collectifs qui en ont besoin, pour entretenir des formes de solidarité, pour acheter des trucs dont on a besoin ou envie, ou pour manger des goûters tous les jours.
Avoir des lieux collectifs où on ne paie ni loyer, ni charges, et avoir du temps pour faire de la récup ou construire soi-même au lieu de devoir acheter, ça contribue au fait d'entretenir des espaces non-marchands : toutes les soirées, cantines et événements sont à prix libre, on a un freeshop dans lequel on peut prendre des habits gratuitement, les bénéfices lors de soirées de soutien peuvent aller intégralement aux collectifs qui les organisent. Les cantines gratos ou à prix libres ont aussi été des moments incroyables de rencontres et de solidarité matérielle directe, où on a pu couper des oignons toustes ensemble, papoter, écouter de la musique, créer des liens et bien rigoler.

Défendre la Baudrière pour conserver un espace d'organisation politique. L'organisation politique, c'est galère quand on a pas de lieu pour se retrouver, croiser d'autres collectifs, organiser des événements, se donner rendez-vous pour aller ensemble en manif ou à des rassemblements. Les squats d'activité politique sont des espaces qui permettent d'accueillir des collectifs pour qu'ils aient un endroit pratique dans lequel évoluer, monter des projets ou préparer des ouvertures pour faire émerger de nouveaux lieux. On a des sleepings pour accueillir les personnes qui viennent de loin, on a de quoi faire des cantines, on a de quoi faire des réunions, on a de quoi faire des soirées de soutien qui dégagent des milliers d'euros pour financer les collectifs qui ont besoin de thunes. On a envie que la Baudrière dure encore longtemps, parce que ça permettrait de garder un lieu où c'est matériellement pratique de pouvoir s'organiser, mais aussi pour avoir de la continuité dans nos luttes, entretenir des réseaux de solidarité, développer des liens solides et durables, et pour faire mieux, parce que tout ce qui a été fait est évidemment loin d'être parfait.

Défendre la Baudrière parce que c'est un lieu autogéré de rencontres, d‘apprentissage et d'expérimentation. Un espace qui accueille plein de personnes, ça permet de se rencontrer, de nouer de nouveaux liens, de partager des connaissances et savoirs-faires parfois perçus comme sans valeur -cuisine, coiffure, faux ongles...-, ou au contraire qui nous sont souvent inaccessibles - bricolage, réparation, formations médic, transitions hormonales, réduction des risques...-. Tout ça en se sentant davantage légitimes, davantage capables, et sans que des mecs cis het nous expliquent la vie.
À la Baudrière, il y a eu tout ça mais aussi du jardinage, plein de constructions, de la sérigraphie, des ateliers et des discussions sur des thèmes très divers... C'est aussi un endroit d'expérimentation dans lequel on peut construire des espaces qui nous ressemblent : on peut essayer des trucs et c'est pas grave si ça marche pas ; on peut casser des murs ; on peut peindre partout juste pour le plaisir, sans perdre de caution. Investir un lieu autogéré, c'est entretenir des espaces mouvants, modulables, changeants ; ça permet de se tromper, de se remettre en question, de se renouveler.

Défendre la Baudrière parce que c'est un lieu TPG. On a fait que le répéter pendant tout ce texte, mais avoir des espaces transpédégouines, c'est ultra important, parce qu'on peut s'y retrouver entre nous, partager nos vécus, faire des fêtes ultra stylées, pas flipper et devenir collectivement plus solides, construire une forme d'autonomie transpédégouine ensemble. Ça a fait émerger un travail énorme sur les mémoires TPG, avec des expositions d'archives un peu partout dans les bâtiments, et plusieurs événements consacrés à ce thème.
On a toujours tenu, comme des copines nous l'ont appris, à ce que les mixités choisies soient « sans mecs cis het » et pas « sans mecs cis », mais la majorité des moments publics étaient en mixité, tout en étant de fait investis d'une majorité de personnes TPG. Avoir ces moments de mixité en majorité TPG a été précieux, et nous a permis de faire plein d'alliances inattendues, notamment en étant un espace d'organisation dans le cadre de luttes de quartier, avec des personnes de plein d'horizons différents, dans un lieu qui assumait dans le même temps son identité anarcha-féministe.

Défendre la Baudrière parce que c'est un espace de soin et de soutien communautaire. Un lieu TPG, c'est un lieu dans lequel le soin et le soutien deviennent plutôt centraux. C'est chouette d'avoir des espaces d'entraide qui soient horizontaux, qui offrent la possibilité d'obtenir et de donner du soutien pour des démarches administratives ou médicales, sans avoir besoin d'être confronté à des services médicaux ou sociaux. Ça s'est matérialisé par des moments autour des transitions de genre, surtout lors des Instant T du FLIRT et parfois de l'apéro transmasc, mais aussi de manière plus informelle, avec des partages de connaissances, d'hormones, de services, d'idées. Le sleeping a aussi permis de faire de l'accueil d'urgence pour dépanner des personnes qui avaient besoin temporairement d'un hébergement. Tout ça, ça aide à s'émanciper des structures d'aide institutionnelles, rigides, violentes et infantilisantes -tant bien que mal, comme on peut. On a pu essayer d'apprendre à construire autrement des liens forts, de mettre en commun nos savoirs et nos compétences, de pas rester trop isolé-e et de trouver un peu des solutions quand on a pas de famille, pas de thunes, pas de logement ou qu'on trouve pas de soutien.

Défendre la Baudrière parce que c'est un espace de vie. La Baudrière, c'est là où une quinzaine de personnes habitent actuellement. C'est une maison qui permet de (sur)vivre au quotidien, de dormir, de manger gratuitement ou presque, d'habiter dans un espace agréable, spacieux et avec un jardin, de stocker des affaires, de faire des goûters, des barbecues véganes, de regarder des films dans une salle de cinéma, d'être triste ou pas bien sans être tout-e seul-e, d'avoir des moments festifs et collectifs, d'étudier sans être contraint-e de travailler en même temps, de discuter, d'être tranquille.
C'est un espace collectif dans lequel plein de personnes ont habité, et où on peut vivre à plein. Il y a toujours quelqu'un-e à qui parler ou avec qui faire des trucs, et ça change des studios où on habite seul-e, sans possibilité de construire aisément des liens ou d'habiter avec les personnes avec qui on a envie de vivre.
La Baudrière est un espace de vie, pour les humain-es comme pour les non-humain-es. Deux chats, des souris, deux immenses marronniers, les oiseaux qui y nichent, des cloportes, des scarabées, des fourmis et des escargots, les plantes, les fleurs et les légumes de la cour et du toit-jardin : tout cela est voué à disparaître sous le béton. La fin de la Baudrière, c'est la fin d'un écosystème complexe où cohabitent des formes de vie sous plein d'aspects différents.

Défendre la Baudrière parce que c'est un bâtiment swag. Le bâtiment est grand, pratique, proche du métro et bien placé dans Montreuil. Plein de gens ont mis de leur énergie pour le rendre agréable et joli, pour décorer et aménager les espaces pour qu'on s'y sente bien ; ça fout le seum de perdre un bâtiment qui est déjà utilisable. Les espaces sont remplis de souvenirs et c'est super triste de les laisser eux aussi s'enfouir sous le béton.

Défendre la Baudrière pour continuer à pouvoir squatter. Cette année, la loi Kasbarian, une loi anti-squat, a été votée. Elle va compliquer les prochaines occupations, en plus de faciliter les expulsions locatives des personnes les plus précaires. On a donc intérêt à garder précieusement et le plus longtemps possible les lieux déjà ouverts. Défendre la Baudrière, c'est montrer qu'on veut pas se laisser faire et que nos revendications ne se résument pas qu'à limiter la casse de nos droits : on veut plus de droits, mais surtout on s'octroie le droit de faire ce qu'on veut.

La Baudrière a été ouverte quasi-exclusivement par des personnes très jeunes et TPG, parce qu'elles avaient besoin d'espaces de vie et d'organisation, mais aussi en réaction à un milieu parfois queerphobe, et souvent peu accessible. Tout au long de l'existence de la Baudrière, il y a eu de précieuses manifestations de solidarités, matérielles, affectives, festives, de la part de plein de collectifs et de plein d'individus, des réseaux et groupes inter-squat d'Ile-de-France, et d'autres lieux autogérés et/ou squattés à Montreuil et en Ile-de-France. C'est aussi grâce à tout ça qu'elle a pu ouvrir et vivre aussi longtemps. Merci <3

La Baudrière on l'aime, on la kiffe de ouf, et c'est aussi pour ça qu'on veut la défendre.
Viens défendre la Baudrière, ses barricades, ses cabanes dans les arbres et ses scarabées !
  • On a besoin de monde pour venir dormir dès le 20 au soir (en mixité choisie sans mecs cis hétéros), ramène ton duvet et ton tapis de sol :) (attention cependant, il y a des risques juridiques : venez en parler, on vous fournira des explications précises et détaillées, on a tout bien préparé l'anti-répression !)
  • Rendez-vous le 21 août à 10H pour un petit déjeuner du premier jour d'expulsabilité.
  • S'il y a une tentative d'expulsion de la Baudrière ou qu'elle est expulsée, manifestation le soir même. RDV à 18h30 sur le place de la République à Montreuil. (infos en temps réel sur labaudriere.noblogs.org)
  • Rejoins-nous pour la 3e édition du festival des Digitales (https://labaudriere.noblogs.org/post/2023/08/14/847/) : si la Baudrière n'est pas encore expulsée, ce sera un bon moyen de rejoindre d'une manière ou d'une autre la défense du lieu.

contact : la-baudriere@riseup.net
blog : labaudriere.noblogs.org

Kermesse antifasciste 19 août place de la République (Montreuil)

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Kermese antifasciste sur la place de la République à Montreuil, le samedi 19 août de 15h à 21h

Face au fascisme et au racisme : opposons la solidarité de nos quartiers

Montreuil n'est pas immunisée face à l'offensive fasciste qui s'étend depuis plusieurs années en France et en Europe. Les organisations d'extrême droite ne cessent d'agir dans les quartiers de Montreuil. Ne nous y trompons pas, lorsque les fascistes « font de la politique », c'est de la haine qui est diffusée, c'est nos solidarités qui sont menacées.

Lorsque les fascistes « font de la politique » à Montreuil…

• Le 09 février 2022, Eric Zemmour s'était imaginé pouvoir venir sur un plateau télé à Montreuil, et sans notre mobilisation à tous·tes, cela aurait eu lieu.
• Le 19 mars 2022, des fachos affiliés au groupe néonazis Civitas tentent de s'en prendre à une prière commune appelée par le prêtre de l'Église Saint-Andrée et par des fidèles d'une mosquée du quartier République. Les banderoles d'un squat anarchiste sont arrachées, des croix celtiques sont dessinées sur les murs d'un local politique.
• Le 24 avril 2022, Marine Le Pen et sa campagne basée sur la théorie du « Grand Remplacement » recueillent 6035 voix sur la ville, lors du second tour des élections présidentielles. Depuis, le RN ne cesse de tenter de recruter localement autour de ses idées racistes.
• Le 18 avril 2023, un comité de « voisins vigilants » est reçu par la municipalité et l'adjointe de la commissaire de Police de Montreuil pour obtenir l'expulsion d'un squat féministe du quartier République et de jeunes mineurs, hébergés par une association rue de la République. Leur campagne mensongère est profondément raciste et agressive envers la communauté LGBTQIA+ (Lesbienne, Gay, Bisexuelle, Trans, Queer, Intersexe, Asexuelle, ou autres).
• Le 12 mai, des membres du parti de Florian Philippot s'incrustent dans une casserolade avec discours complotistes et nationalistes. Durant cette même période de mobilisation contre la réforme des retraites, le RN multiplie les tentatives de diffusion de tracts à Montreuil et dans les villes voisines.
• Régulièrement, des tags, des stickers voire des affiches fascistes viennent salir les murs de nos quartiers en ciblant parfois des lieux militants.

Le fascisme n'est pas un adversaire politique comme les autres.

Politiques ultra répressives et racistes. Mort·es par milliers aux frontières. Racisme colonial de l'État français. Avènement d'un pouvoir autoritaire à l'encontre de toute contestation.
Ces politiques comptent sur notre passivité.
Et les organisations fascistes, elles, ne restent pas passives. En brûlant la résidence du maire de Saint-Brévin suite à un projet d'accueil de migrant.es ou en s'attaquant à des Centres de la communauté LGBTQIA+, en paradant dans les rues, en jouant les supplétifs de la police pendant les révoltes urbaines, ou en menaçant de sédition comme le font les organisations professionnelles des flics, les fachos font état de ce qu'ils sont par l'action. Leur but : briser nos solidarités et avancer vers le pouvoir.
Organisons la solidarité de nos quartiers !
Pour contrer ces dynamiques, il faut du monde, nous regrouper, nous rencontrer, échanger et nous organiser pour apporter une réponse collective et solidaire à la menace qui se dresse contre nous.

Apprenons à l'identifier, le reconnaître, le combattre.

Le 19 août, retrouvons-nous place de la République à Montreuil, entre 15h et 21h, pour participer à la Kermesse Antifasciste et Antiraciste.
Au programme :

  • Porteur de parole : une façon conviviale de réfléchir ensemble à la question « Qu'est-ce que le fascisme ? »
  • Atelier « Apprendre à reconnaître l'extrême droite » (Stickers, tags, partis...) et autocollants antifa à prix libre pour les recouvrir !
  • Activités ludiques

Message de solidarité pour des pétards contre la flamme olympique

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le 16 juillet 2021, Daisuke Kuroiwa a lancé quelques pétards pendant une cérémonie de la flamme olympique, devant le stade de Musashino à Tokyo, pour exprimer sa colère contre cette fête toxique. Suite à son interpellation, il est incarcéré 139 jours au centre de détention de Tachikawa dans l'attente de son procès. Un an plus tard, il est condamné à un an de prison avec sursis. Il a fait appel le jour du verdict et le procès d'appel aura lieu ce septembre. Pour le soutenir, le collectif Saccage 2024 a rédigé un message de solidarité. Il a été envoyé en japonais et voici sa traduction française.

Comme beaucoup de soutiens à Daisuke Kuroiwa l'ont pointé avant nous, les Jeux Olympiques souffrent “du manque de légitimité” (l'amicus brief par Takashi Sakai). Le tribunal du district de Tokyo a ordonné une peine extrêmement sévère, un an de prison avec sursis, pour des pétards pendant une cérémonie de la flamme olympique à Tokyo. Il va de soi qu'il s'agissait d'un acte contestataire appartenant à la tradition de la non-violence. Face à cette réaction disproportionnée, on peut se demander si ce verdict n'est qu'une expression déplacée de la conscience de l'illégitimité.

Dans le dossier d'appel par l'avocat de la défense, on peut lire : "Dans la candidature aux Jeux Olympiques, le référendum n'est pas obligatoire. (...) En général, les citoyens n'ont qu'un moyen indirect de manifester leur avis par l'élection des députés ou maires". C'est tellement vrai. Les derniers Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) approuvés par les habitant·e·s via référendum remontent aux JOP d'hiver 2010 de Vancouver. Depuis, chaque référendum olympique s'est soldé par un "NON". La seule exception a été Oslo en 2013, ville dont les élu·e·s ont retiré la candidature ultérieurement. Peut-être pour cette raison, il n'y a plus eu de référendum autour de la candidature aux JOP depuis 2020. Cracovie (Pologne), Hamburg (Allemagne), Calgary (Canada), Sion (Suisse) toutes ces villes ont retiré leurs candidatures parce que le vote du "NON" l'a remporté au référendum. Si les Jeux Olympiques et Paralympiques sont prévus à Paris, à Milan-Cortina, à Los Angeles et à Brisbane, c'est parce qu'il n'y avait pas de référendum dans toutes ces villes. À date, le Comité international olympique (CIO) n'arrive toujours pas à désigner l'hôte des Jeux d'hiver 2030. On peut parier que ce ne sera pas par référendum qu'une ville hôte sera désignée. La ville de Sapporo (Japon), qui était la plus grande favorite jusqu'à l'éclatement de l'affaire de corruption des JOP de Tokyo, refuse obstinément le référendum en ignorant les lettres, les pétitions et les voix dans la rue qui le réclament. Cette obstination montre clairement de quoi ils ont peur.

Depuis Berlin 1936, les JOP sont avant tout un événement médiatique. Les journaux, les chaînes de télévision et de radio du pays hôte relaient la propagande du "mouvement olympique", parce que l'édition des JOP dans leur pays représente une grande opportunité pour leur business. Certaines chaînes paient des millions, voire des milliards dans le cas extrême de la NBC (chaîne états-unienne), pour le droit de diffusion. Quand la propagande du CIO est aussi hégémonique, pour ses opposant·e·s c'est l'action directe qui s'impose.

Même si les JOP 2024 de Paris ne semblent pas menacés par le Covid-19, ils souffrent également d'un manque de légitimité. Le chef du comité d'organisation, Tony Estanguet, n'a pas peur de manquer de respect pour les organisateurices brésilien·ne·s ou japonais·e·s et il aime persister à dire que les JOP de Paris sont "inédits, uniques et différents". A-t-il raison ? Pour le village olympique, des travailleurs immigrés ont été chassés de leur logement. Des sans-abris sont déjà transféré·e·s de la capitale vers d'autres régions. Pôle emploi n'offre que des formations liées à la sécurité des événements sportifs en Île-de-France. Le CROUS a annoncé la réquisition de quelques milliers de logements étudiants dans la région parisienne pendant l'été 2024. Les accidents, dont un mortel, s'enchaînent sur les chantiers olympiques. Enfin et surtout, le parquet national financier a perquisitionné un cabinet de conseil spécialisé dans le sport, fondé par deux cadres du Comité d'organisation de Paris. Le cabinet en question, Keneo, appartenait, jusqu'à 2020, au géant japonais Dentsu, qui se trouve au centre de l'affaire de corruption des JOP de Tokyo.

Si le CIO souffre de la rarification des villes hôtes potentielles, c'est parce que les saccages commencent à être connus, ne serait-ce que vaguement. Cela amène à une situation où des villes candidates, de plus en plus rares, ne font pas de référendum par peur de l'opinion négative de leurs habitant·e·s, et fait naître un cercle vicieux dans lequel la démocratie est négligée.

Est-ce que ce cercle vicieux sera brisé bientôt ? Ou est-ce que les Jeux Olympiques et Paralympiques feront toujours rage dans les années 2030 et saccageront encore tout ce qui est autour d'eux ? Dans un monde sans neige à cause du réchauffement climatique, les JOP d'hiver continueront-ils avec de la neige artificielle ?

Une chose est certaine. Ce n'est pas le CIO qui dira : "Bon, on arrête un spectacle has been comme ça". La tâche d'enterrer les JOP sera menée par celles et ceux qui luttent contre le capitalisme de fête. Pour cela, il nous faudra deux, trois, plusieurs Daisuke Kuroiwa. Il nous faudra plus de pétards qui rappellent tous les favelas détruits, tous les sans-abris chassés, tous les morts sur les chantiers olympiques et tous les anciens membres du CIO condamnés de corruption.

Fuck the Olympics, vive les pétards.

En savoir plus sur le procès de Kuroiwa (en japonais uniquement) : https://kyuenmusasino.hatenablog.com/

Contre les frontières et l'exploitation de tous·tes, avec ou sans papiers

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

En ce début d'été, on a pu voir fleurir à travers l'île de france et à proximité de chantiers, des banderoles contre l'exploitation des travailleur·euses étranger·ères, avec ou sans-papiers, et contre la loi Darmanin qui vise à les criminaliser encore plus.

La girouette du gouvernement sur ce « projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration » semble tourner au moindre vent de révolte et on ne sait pas encore comment il compte faire son entrée en vigueur. Pendant ce temps, en mer comme sur les chantiers ou en CRA, le travail, la flicaille et les frontières continuent à tuer celleux qui n'ont pas les soi-disant bons papiers. 5 morts et 18 blessés grave sont comptés à ce jour sur les chantiers du Grand Paris depuis son lancement en 2020. En juin dernier, c'est sur un des chantiers des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, à Paris, qu'un ouvrier est décédé. Ces projets pharamineux ne sont possibles qu'au détriment d'une main d'œuvre précaire, peu coûteuse et débauchable rapidement, soumise à des cadences délirantes. Stop aux profits morbides sur le dos des ouvrier·es étranger·es sans papiers !

On espère que les actions de solidarités se multiplieront !

Après cinq semaines de prison, la version policière anéantie

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Compte-rendu d'une comparution au tribunal de Bobigny suite aux émeutes de juin.

Tribunal de Bobigny, vendredi 4 août, chambre 17.

H., agent de police, s'avance à la barre :

Je confirme à Chénay-Gagny la présence des trois prévenus le 1er juillet. Je les connais bien.

Les trois jeunes de 19 à 20 ans, ainsi désignés, viennent de passer cinq semaines en détention provisoire. Leur procès pour participation aux émeutes, violences aggravées, feux de poubelles et lancers de mortiers sur les forces de l'ordre vient de commencer avec la lecture, par le président du tribunal, du récit policier rédigé par H. et ses collègues ; une version policière notant à la minute près leur longue surveillance de cette nuit de révolte suite à l'assassinat de Nahel par un policier à Nanterre le 27 juin.

Les trois prévenus ne reconnaissent pas les faits et déjà lors de leur défèrement, début juillet, ils voulaient passer en Comparution Immédiate mais le juge avait refusé, au motif que la plaidoirie serait trop longue. "On n'a pas le temps" avait-il asséné sans honte aux trois avocat.es qui les représentaient. Et d'envoyer les trois jeunes en prison préventive malgré les garanties de représentation ; une justice expéditive qui ressemblait fort à la réponse judiciaire « rapide, ferme et systématique » préconisée par la circulaire Dupont-Moretti du 30 juin.
Pour le tribunal, ce 4 août, l'affaire est entendue et la culpabilité des jeunes probante. La lecture par le président, du dossier à charge, enchante la procureure : "Il y a eu énormément de procédures sans suite. Là, c'est particulier : la situation est claire du fait d'une surveillance d'une heure ; les actions sont décrites ; les tenues vestimentaires identifiées (…) Là, il se trouve que les agents interpellateurs connaissent les prévenus, notamment leurs casiers". La vigilance des policiers a même pu confondre un "coordinateur" qui est sur "toutes les scènes" et qui donne "des instructions" pour les lancers de mortiers. "Ces messieurs ne sont pas les représentants du maximum qu'on ait pu voir (…) mais son coordinateur a déjà été condamné.", ajoute la procureure qui peut donc entrer en voie de condamnation : "12 mois aménageables" et "10 mois de sursis probatoire" pour le plus jeune des trois. "Quand on est reconnu par trois fonctionnaires, il n'y a aucun doute" sur la culpabilité avait claironné l'avocate de la partie civile du flic qui demandait plusieurs centaines d'euros pour préjudice moral.

Dans ce quartier du Chénay-Gagny, là où les flics repèrent plusieurs groupes très mobiles « d'émeutiers », dans une obscurité totale, eux-mêmes en cache pour surveiller voire se protéger, H. et ses collègues ne vont appréhender que ceux qu'ils contrôlent en permanence et connaissent par leur prénom.

Il a fallu deux longues plaidoiries des avocates de la défense pour déconstruire le récit policier. "Sur les 90 pages de la procédure, deux phrases seulement d'éléments à charge" contredites par l'expertise d'une vidéosurveillance et l'énoncé quelque peu imprécis du PV d'interpellation : "Ils (les flics) observent des individus qui préparent des cocktails (…) on peut reconnaître dans l'obscurité un insigne", un logo sur une veste.

Pendant leur garde à vue, les trois jeunes n'auront été auditionnés qu'une seule fois. Pour chacun, "une audition courte " ; comprendre ils nient la version policière donc ils mentent.

La commission rogatoire qui est venue justifier le renvoi et donc la mise en détention préventive a été significative des intentions du tribunal : "pas d'investigation, pas d'audition". Deux témoignages à décharge n'auront pas été pris en compte car taxés de "subjectifs". Les éléments à décharge ne sont pas présentés comme tels. A. est interpellé au pied de son immeuble accroupi, il est en train d'envoyer un texto. N. est interpellé dans une voiture, endormi, très loin des feux de poubelle et des lancers de mortiers. L. le "coordinateur" n'est pas du tout habillé comme le montrent les photos ou la vidéo-surveillance. Tant pis, la narration policière inventera une histoire : "L. est rentré chez lui. Il a changé de vêtements et il a pris une douche (…) Il sent très fort le gel douche". Une des avocates détaille avec snapchat le fait qu'il ne s'est pas changé et qu'il habite à Champs-Sur-Marne… Elle en profite pour énoncer la longue liste des faux en écriture publique produits par des policiers : Aulnay en 2010, Marseille en 2017, Clamart en 2018, Paris 17è en 2020, Suresnes en 2021…

Les deux avocates citent également la circulaire Dupont-Moretti. Elles dénoncent ainsi l'attitude du Ministère public et cette procédure où "les paroles des prévenus ne sont pas entendues" et "leur vie réduite à leur casier judiciaire". L'une d'elle cite l'article 6 de la CDEH et enjoint la cour d'être courageuse en prononçant la relaxe !

Les deux avocates osent préciser, de surcroît, "qu'un policier peut se tromper ou même mentir... qu'en l'occurrence leur subjectivité n'est pas moins en cause que celle des témoins à décharge" dont il n'a pas été fait grand cas, que les magistrats ne sauraient se contenter d'une procédure rapide ou se plier à la politique du chiffre.

Il est évident que les trois prévenus, contrôlés en permanence, sont dans le viseur du comico de Gagny... H. et ses collègues avaient une occasion toute trouvée de les incriminer.

A. N. et L. n'ont jamais admis les faits. Ce qui d'ailleurs a le don d'agacer le tribunal et la procureure qui le reprend dans ses réquisitions : "ils nient tout".
Leur attitude face à la police et au tribunal est constante : refus de collaborer. Pas des "militants", peut-être, mais aguerris aux rencontres quasi quotidiennes avec la police ou la justice. Ils n'essaient même pas de contenter le juge qui aimerait bien un petit début de collaboration, un petit début d'acceptation des faits, un signe qu'ils pourraient regretter. Non, rien. Après les interpellations, les comparutions, les interrogatoires, les cinq semaines d'incarcération, rien, ils ne collaborent pas. Et sans aucun doute cette attitude ferme de leur part énerve. C'est aussi la possibilité de plaider la relaxe tant ils n'ont reconnu aucun des éléments évoqués pour les inculper. Une belle leçon de courage et de noble comportement face à la justice : ne rien reconnaître, ne pas mettre un doigt dans l'engrenage de la collaboration. De toutes façons, ce n'est pas le fond de la question. Eux trois l'ont parfaitement compris et le mettent en pratique, déstabilisant la machine judiciaire. Merci à eux de cette leçon magistrale.

Immense soulagement dans la salle à l'énoncé du verdict : RELAXE GÉNÉRALE ! Mais A., N. et L. auront cependant passé cinq semaines à Fleury, en détention préventive.

Parce qu'une révolte se mate aussi dans les tribunaux. Pas de justice, pas de paix !

Des participant.es à la Coordination contre la répression et les violences policières Paris-IDF