PROJET AUTOBLOG


Paris-luttes.info

Site original : Paris-luttes.info

⇐ retour index

Assemblée ouverte de la caisse « Kalimero » jeudi 6 avril

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Kaliméro est une caisse et une assemblée solidaire des prisonni-eres de la guerre sociale. En avril, elle aura lieu le jeudi 6 à 19h, elle se tiendra à la bibliothèque anarchiste Libertad, 19 rue Burnouf, à Paris.

La prison est un des rouages de ce système basé sur l'exploitation et la domination que nous voulons raser au sol, c'est pourquoi nous envoyons des mandats à celles et ceux accusé·e·s d'actes de révolte dont on est solidaires.

Une caisse de solidarité a besoin de continuité. Nous n'avons ni sponsor, ni mécène, aussi avons-nous convenu d'un rendez-vous par mois pour collecter des sous pour alimenter la caisse. Ces rencontres sont également l'occasion d'échanger sur nos pratiques face à la répression, d'assurer le suivi des différentes histoires et de discuter des situations qui se présentent. Elle est également un moment de discussion autour des possibles moyens d'esquive, de résistance et d'auto-organisation offensive contre la machine judiciaire et carcérale.

Dans un souci de régularité, ces rencarts ont été fixés le 2e jeudi de chaque mois à 19h. Ce mois-ci, exceptionnellement la prochaine réunion de Kaliméro aura lieu le 6 avril à la bibliothèque anarchiste Libertad au 19 rue Burnouf, à Paris.

Pour envoyer de l'argent, pour demander des informations, ou pour être tenu·e·s au courant des prochains rendez-vous de la caisse et être inscrit·e·s sur la mailing-list de Kaliméro, écrivez à kalimeroparis(at)riseup.net

Communiqué du Malaqueen, menacé d'expulsion !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Communiqué du centre social autogéré Le Malaqueen et de son collectif de soutien.

Contre toutes les expulsions, contre la loi Kasbarian-Bergé et contre toutes les lois anti-sociales. Pour le droit au logement et le droit à la ville pour toustes.

Le Malaqueen, centre social autogéré à Malakoff, est de nouveau menacé d'expulsion.
Le collectif, composé d'une quarantaine d'habitante·s, occupe depuis mai 2021 des bureaux laissés vacants, situés au 55 rue Étienne Dolet (entrée au 70 rue Gallieni).
Après un premier ordre d'expulsion tombé fin août 2022, une lutte victorieuse menée par les habitant.es et les soutiens (de Malakoff et d'ailleurs) a permis de gagner la trêve hivernale. Mais le 1er avril marque la fin de la trêve et le deuxième ordre d'expulsabilité est tombé : nous sommes expulsables à partir du 3 avril.

Le Malaqueen est un lieu de vie, d'accueil et d'habitation pour personnes précaires de tous horizons, que cela soit dû à une situation administrative, médicale, familiale, sociale ou politique (familles, exilé·es, étudiant·es, personnes queer en rupture familiale, travailleur.ses pauvres, chomeur.euses, etc.). Mais c'est aussi un lieu social, solidaire et culturel ouvert sur le quartier et au-delà.
Aujourd'hui, Le Malaqueen fait partie intégrante de la vie de son quartier. Il accueille des ateliers céramique, musique, écriture, photographie, couture, réparation d'objets ou encore installation de logiciels libres. Toutes ces activités ont été mises en place par les habitant·es du squat ou par des ami·es, collectifs et voisin·es. prêt·es à transmettre leurs compétences, outils et savoirs. Des cantines solidaires y sont organisées, des cours de français dispensés, ainsi que des consultations psychologiques professionnelles et des temps d'entraide administrative. On y trouve également une gratuiterie et une bibliothèque éphémère.
Le lieu accueille de nombreux événements artistiques (concerts, spectacles, scènes ouvertes, vernissages, résidences d'artistes, projection de film…). Nous ouvrons nos portes pour des rencontres, des discussions et des débats et nous mettons à disposition différents espaces (salle de répétition, salles de réunions, salles polyvalentes...). Enfin, le lieu s'insère dans un réseau francilien de collectes/redistributions (alimentaires, vestimentaires, meubles etc), qui bénéficie aux personnes précaires habitants dans et autour du Malaqueen.

Évoluer en dehors de la sphère marchande - choix permis par notre condition de squat - nous permet d'accueillir ces activités gratuitement ou à prix libre. La pression économique en Île-de-France qui pèse sur tout lieu culturel et de sociabilité (qu'ils soient institutionnels ou privés) rend par répercussion leur accès de plus en plus cher, excluant ainsi les plus précaires. Tout comme nous refusons le mal logement, nous refusons cet état de fait qui confisque le lien social aux plus pauvres et revendiquons une culture par et pour toustes, s'inscrivant dans les principes de l'Éducation Populaire.

Le bâtiment que nous occupons, vide depuis 2019, a été racheté par Lazard Group Real Estate en 2020, (PDG François Lazard, 148e fortune française), une société spécialisée dans l'immobilier d'entreprise. Cette entreprise prévoit de raser le bâtiment pour y construire un immeuble de bureaux de 7 étages. C'est un projet écocidaire, archaïque et anti-social.
Ecocidaire tout d'abord. Le secteur du BTP est responsable à lui-seul de 3/4 des déchets liés aux activités économiques et de 7% de l'émission des gaz à effet de serre en France. Le projet de destruction du Malaqueen, comme de trop nombreux grands projets inutiles, s'inscrit dans une guerre contre le vivant.
Archaïque ensuite. Acheter, démolir, reconstruire et revendre des bureaux, alors même que le nombre de mètres carrés de bureaux vides ne fait qu'augmenter en Île-de-France, démontre que la démarche relève davantage de la spéculation immobilière que de besoins concrets (selon l'analyste privé ImmoStat, 4 082 000 m² de bureaux restent vides en Île-de-France en 2021, en hausse de 8 % par rapport à son niveau un an auparavant).
Anti-social enfin. Cette spéculation immobilière rend inaccessible l'accès au logement pour un nombre croissant de résident·es en France. Le projet de Lazard Group se fait au mépris des habitant·es du quartier Etienne Dolet, dont une bonne partie est hostile à la création d'une énième tour de bureau.
Nous faisons face à une crise du logement sans précédent. Une crise totalement artificielle puisqu'on dénombrait 3,116 millions de logement vacants en France métropolitaine au 1er janvier 2020 (Insee). Malakoff, comme toute une partie de la petite ceinture parisienne, se transforme peu à peu en un grand parc de bureaux vides et sans vie, tandis que les classes populaires sont sans cesse repoussées plus loin en périphérie, suivies de près par les classes moyennes. Mais Lazard Group veut tout de même construire au 55 rue Étienne Dolet un nouvel immeuble pour accueillir des entreprises alors qu'il suffit de traverser la rue pour trouver des bureaux inoccupés !
Le Malaqueen n'est malheureusement pas le seul lieu solidaire et collectif menacé début avril ; la fin de la trêve hivernale entraînera l'expulsion de nombreux autres squats sans relogement pérennes. Sans compter les expulsions violentes advenues pendant l'hiver, souvent en toute illégalité, qui ont remis à la rue de nombreuses personnes dans des conditions plus que traumatisantes.

Nous dénonçons un discours hypocrite, en plus d'être mensonger, à l'encontre du mouvement squat.
Lors de notre jugement, la juge et l'avocate de Lazard Group, ont toutes deux reconnues l'utilité sociale voire "humanitaire" de notre démarche, mais ont invalidé sa légitimité en arguant que ce n'était pas aux particuliers de palier le manque de logements décents et d'espaces communs, mais à L'État et aux collectivités. Or, malgré cette obligation légale, le nombre de personnes sans logement ou mal-logées croît démesurément d'années en années. Cette rhétorique, souvent brandie pour expulser un squat, délégitime toute tentative d'organisation collective qui ne rentre pas dans les cases préétablies par les institutions. Par ailleurs, les relogements d'urgence dont les squatteur·ses bénéficieraient après leur expulsion correspondent rarement à des logements sociaux pérennes, mais plutôt à quelques nuits au 115 dans des espaces insalubres, exiguës et souvent violents, avant un retour quasi certain à la rue, plus violente encore. Enfin, l'État, toujours prompt à nous expulser à grand renfort de coûteuses forces de l'ordre, est le premier à rediriger vers les squats, directement ou via des associations, les personnes qu'il prétend ne pas pouvoir prendre en charge.

Face à nous, le système judiciaire étatique resserre son étau. De manière générale, pour les squats, les procédures juridiques s'accélèrent et les indemnités journalières d'occupation augmentent de façon exponentielle (au Malaqueen, le délai d'expulsion après jugement a été de 2 mois, et seule la lutte nous a permis de rester plus longtemps). Il y a encore quelques décennies, des squats comparables au notre pouvaient tenir jusqu'à plus de 10 ans ! Ce changement de temporalité rend presque impossible les tentatives d'organisation collective. Aujourd'hui, dès qu'un lieu commence à s'implanter sur un territoire, à proposer d'autres pratiques sociales, à s'extraire de l'urgence et de la survie, à peine a-t-il le temps de créer du lien entre habitant·es du squat et du quartier, qu'il est déjà menacé d'expulsion.

Alors que la situation est déjà catastrophique, le gouvernement s'apprête à faire voter une énième loi anti-pauvre dans la droite ligne des lois liberticides et anti-sociales dont il est coutumier ; une attaque de plus faite au droit au logement : la Loi Kasbarian-Bergé.
Cette loi pénalise aussi bien les squateureuses que les locataires précaires (qui pourront être expulsés de leur logement dès le premier mois de retard de paiement). En plus des loyers impayés pour les uns et des indemnités journalières d'occupation pour les autres, cette loi condamne à payer des amendes automatiquement prélevées de 15000 euros pour les locataires à 45000 euros pour les squateureuses et jusqu'à trois ans de prison pour ces dernièr.es.
Présentée dans les médias comme une loi protégeant « les logements contre les occupations illicites » et les « petits propriétaires », cette loi protège en réalité les rentes de la minorité des grands propriétaires (3,5%) qui possèdent plus de la moitié des biens en location. De plus, elle s'étend aux biens « à but économique », c'est à dire aux bureaux et aux entreprises (même abandonnées depuis longtemps). Par conséquent, cette loi pourra aussi être appliquée aux ouvrièr.es occupant leurs usines, qui seront ainsi considéré.es comme squateureuses et traité.es en tant que tel !

Contrairement à ce qu'avance la propagande bourgeoise à grand coup de faits divers isolés et souvent tronqués, l'immense majorité des lieux squattés est constituée « d'immeubles à but économique » très souvent propriété de multipropriétaires richissimes et de grandes sociétés spéculatives et non de domiciles de « petits propriétaires ». Le mythe du squatteur, couteau entre les dents, squattant et ravageant méthodiquement les pavillons des particuliers est un mythe qui ne repose sur aucune réalité tangible. Elle rappelle étrangement le mythe que les Versaillais, en 1871, racontaient à propos de La Communes de Paris. Les Communards étaient dépeints dans la presse bourgeoise comme des barbares risquant à tout moment de venir dépouiller les terres des malheureux paysans. Tout cela dans le but de monter à peu de frais la fameuse armées des Versaillais qui massacra la Commune pendant la semaine sanglante, armée composée en grande partie de paysans, souvent pauvres, mais manipulés par la classe dominante et terrorisés à l'idée d'être volés par plus pauvres qu'eux !
Ne laissons pas la bourgeoisie nous diviser une fois de plus et unissons-nous !

De plus, cette loi ne résoudra en aucun cas la crise du logement et ses conséquences. En effet, il serait naïf de croire que les milliers de personnes, y compris les familles, mises à la rue par la loi Kasbarian-Bergé, resteront dehors dans le froid ou les fortes chaleurs, prostré.es sagement devant des bâtiments vides, sans chercher à se mettre à l'abri, ne serait-ce que pour quelques nuits ! Ironiquement, alors qu'elle empêchera les squats autogérés d'exister en réduisant toujours plus les procédures, cette loi, en multipliant les expulsions risque aussi de multiplier les squats ! Des squats de misère, rapidement expulsés dans la violence et l'indifférence, et dont les occupant.es criminalisé.es n'auront d'autre choix que de squatter de nouveaux, dans l'urgence et l'extrême précarité. L'ère du chacun.e pour soi et de la survie pour toustes, sans aucune alternative possible ! Le monde rêvé par les capitalistes qui nous gouvernent !

Ce n'est pas que le squat que cette loi et ce gouvernement veulent anéantir, c'est bien la solidarité et l'auto-organisation des classes populaires.
L'expulsion du Malaqueen, l'expulsion de tous les squats et de tous les locataires précaires, la Loi Kasbarian-Bergé comme la réforme des retraites, la loi Darmanin (loi de disciplinarisation et marchandisation absolue de la force de travail du prolétariat international) ou la loi Olympique (loi sécuritaire), tout cela résulte du même projet de société ultra-libérale, réactionnaire et autoritaire porté par le gouvernement. Rester impuissant·es face à la destruction de nos cadres et conditions de vie par la spéculation, la gentrification, les grands projets urbanistiques hors sol et les lois scélérates n'est pas une fatalité ! Nous pouvons et nous devons nous réapproprier la ville et nos vies ! Nous pouvons et nous devons renverser ce rapport de force !
Pour toutes ces raisons, Le Malaqueen résistera aussi longtemps que possible et d'autres squats ouvrent et ouvriront aussi souvent que nécessaire.
La réquisition de bâtiments vides est non seulement légitime mais aussi indispensable à l'émergence d'une société basée sur d'autres principes que celle de l'ultralibéralisme. Nous revendiquons notre droit à agir sur notre environnement immédiat, nous revendiquons le droit à la ville. Nous sommes solidaires de toutes les luttes actuelles dont nombre d'entre elles s'organisent justement à partir des squats, derniers espaces non-marchand dans nos villes aseptisées.

Pour s'informer et s'organiser pour la lutte au Malaqueen et contre la loi Kasbarian : deux rendez-vous toutes les semaines.
Tous les mardis à 19h : AG publique d'information et d'organisation contre la Loi Kasbarian
Tous les jeudis à 19h : AG publique autour de l'avenir du Malaqueen.

Le communiqué en pdf
En français

En anglais

En allemand

Informations pratiques :
Pétition en ligne contre l'expulsion : tinyurl.com/MALAQN
Contact : soutien_malaqueen@riseup.net
Facebook : Au Malaqueen
Adresse : 70 rue Gallieni, 92240 Malakoff

Tout est normal

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Samedi, à Sainte-Soline, pour défendre leurs solutions industrielles optimisant la production capitaliste dans un monde où l'eau commence à manquer, l'État a tenté d'assassiner.
Normal.

Samedi, à Sainte-Soline, pour défendre leurs solutions industrielles optimisant la production capitaliste dans un monde où l'eau commence à manquer, l'État a tenté d'assassiner.
Normal.

Lorsque des milliers de personnes se retrouvent pour exprimer un refus offensif, d'une bassine, d'une réforme, d'un état de fait qui opprime, les flics les attendent et canardent.
Normal.

Les personnes visées auraient pu l'être pour avoir défendu une hypothétique retraite, parce qu'elles n'ont pas souhaité s'arrêter lors d'un contrôle routier, ou parce qu'elles ont osé défier la propriété privée.
Normal.

La répression déploie ses armes, de la construction d'un ennemi intérieur à la tentative de meurtre, de la mutilation à la prison. Elle fait peur pour nous empêcher d'agir.
Normal.

Le pouvoir médical et ses laquais serviles, accepte sans broncher les ordres des autorités, n'allant pas secourir à temps les blessé-es, ou les livrant aux flics lorsqu'ielles sont soigné-es à l'hôpital.
Normal.

Les politiques, les journalistes, les charognes dont le sale travail est de parler à la place des autres, appellent à être raisonnables, à s'en tenir à des marches inoffensives, à s'en remettre à la justice et à faire des compromis avec le pouvoir.
Normal.

L'État use de sa violence légitime pour mater quiconque ne désire pas participer à ce meilleur des mondes démocrate, lui qui exploite jusqu'à plus soif les humains comme la terre, qui détruit l'ensemble du vivant et qui se pose en médiateur entre les individus et les conséquences de leur actes.
Normal.

Parce que personne ne sera libre tant que perdureront l'État, le capitalisme, et les rapports autoritaires qui les nourrissent.
Attaquons sans attendre cette normalité insupportable.

Soyons partout, et surtout là où ils ne nous attendent pas.
Exprimons notre colère pour Sainte-Soline, les blessé-es, les enfermé-es.

Une seule solution, la révolution sociale !

le texte en pdf

Comment fanent les fleurs transphobes

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Lettre ouverte au podcast Floraisons à propos de leur entrée dans la spirale réactionnaire : Paternalisme moralisateur envers les travailleureuses du sexe et transphobie de plus en plus débridée.

À leurs débuts, les Podcasts Floraisons nous ont réjouis ; enfin un podcast à perspective anarchiste, bien fait et couvrant plein de thèmes passionnants avec une approche radicale. Comme beaucoup d'autres, on s'est rapidement rendu à l'évidence. Derrière un paravent pseudo-anarchiste-écologiste, l'équipe de floraisons est entrée dans la spirale réactionnaire : Paternalisme moralisateur envers les travailleureuses du sexe et transphobie de plus en plus débridée.

Version brochure disponible ici

Au podcast floraisons,

Votre projet de podcast a débuté rempli d'une forte potentialité subversive et vous avez dû en réjouir beaucoup. Vous sembliez portez en vous l'espoir de renouer avec l'écologie radicale et d'ouvrir de vastes horizons de luttes.
Pourtant, qui vous écoute depuis le début a pu faire comme nous le triste constat de votre déclin et des possibilités révolutionnaires gaspillées. En cause : votre transphobie – pardon, votre refus de reconnaître à chaque personne la liberté à l'autodétermination en terme de genre. Votre transphobie donc, est venue se ficher dans votre pied telle une balle de revolver. Car une position réactionnaire ne vient jamais seule et entrouvre la fenêtre à l'extrême droite, sous ses formes les plus diverses. Elle dégouline comme une tache de peinture sur tous vos contenus, jusqu'à finalement recouvrir tout le tableau de la terne couleur grise de la réaction.

Vous êtes un cas d'étude intéressant nous permettant de comprendre pourquoi un groupe émanant d'un milieu émancipateur mais endossant une position réactionnaire finit toujours plus ou moins par sombrer dans un gouffre réactionnaire, avec la droite conservatrice et la fachosphère, tout en s'éloignant des luttes sociales. Cette dynamique est un chemin qui possède une logique toute simple… et vous affecte déjà. Voyons cela de plus près.

Premier pas : l'étendard dans le vent

Plus vous quittez votre timidité du début et endossez ouvertement les positions transphobes qui sont les vôtres, plus votre aura grandit dans les milieux transphobes. En premier lieu les milieux TERFs bien sûr, mais votre contenu devient aussi une ressource potentielle pour tout groupe social historiquement transphobe et antiféministe, allant des cathos intégristes à la fachosphère.

Dans un environnement militant majoritairement queer-friendly, vos prises de position détonnent. Rapidement vous devenez comme un étendard dans le vent, signe de ralliement pour toutes les personnes effrayées par le « lobby queer-féministe » ou choquées de la perte de repères que représente une remise en question de la conception binaire et patriarcale du monde.
L'étiquette « transphobe » a émergé, s'est collée sur votre visage et devient perceptible autant pour les personnes soutenant vos positions transphobes que par les personnes les critiquant. Par un mouvement logique, plus votre aura grandit dans les sphères transphobes, plus elle diminue dans les mouvements émancipateurs intersectionnels. Ce mouvement est déjà perceptible et plus il s'accentue, plus l'étiquette « transphobe » vient vous recouvrir l'entier du visage et submerger toute autre thématique. De culture de résistance vous êtes réduits à une culture de la transphobie.

Deuxième pas : exclusions des luttes sociales & perte de diversité

Vous aviez commencé vos podcasts avec une diversité de contenu assez chouette, qui laissait promettre une certaine intersectionnalité et une résonance large : violences policières, écologie radicale, féminisme, lutte contre les sectes, etc.
Mais cette époque semble déjà loin derrière vous. Les positions réactionnaires que vous défendez vous enferment, vous isolent et vous marginalisent. Grandir dans les milieux réactionnaires a pour conséquence de vous faire disparaître des luttes sociales émancipatrices et cela se ressent sur la diversité de votre contenu et des personnes intervenant dans vos podcasts. Moins de personnes souhaitent prendre part à vos podcasts pour y diffuser leur contenu ou répondre à des interviews. Beaucoup de personnes ne souhaitent tout simplement pas être mises en lien avec vous, à cause de vos positions oppressives. Et c'est cela qui raréfie la diversité des thématiques abordées.

La transphobie et le paternalisme dont vous faites preuve à l'encontre des travailleureuses du sexe ne sont pas des positions politiques amenant à des débats « généraux » comme le sens de l'action directe ou la stratégie des gestes eco-citoyens. Ce sont des positions qui s'attaquent directement à des individu[ex]s, niant leurs existences, leurs choix et prenant pour cible une catégorie sociale plutôt que des idées politiques.
En cela, vous créez un fossé avec toutes les personnes trans et non-binaires, mais également avec leurs amixes et complices de luttes, ainsi qu'avec toutes les personnes alliées ou soutenant les luttes queers. Il se trouve que les luttes portées par des personnes queers grandissent et que des liens solides se créent avec d'autres courants de lutte comme l'anarchisme, l'antiracisme décolonial, les luttes des personnes migrantes et bien d'autres. Là aussi se cache une logique tout simple : les personnes queers sont également (souvent) des personnes touchxées simultanément par plusieurs oppressions, ce qui crée automatiquement des ponts entre ces thématiques.
Pas facile dans ce mouvement de repli sur soi-même de continuer à amener un contenu diversifié. Auriez-vous, par exemple, fait une recension du livre de Peter Gelderloss sur le mythe de la non-violence après que ce dernier aie critiqué publiquement la transphobie de l'un de ses traducteurs français ?

C'est l'avantage de l'intersectionnalité que d'ouvrir des marges aux intersections et ainsi créer des complicités en étendant le terrain de nos luttes. Mais l'intersectionnalité est aussi possible à droite et c'est ce qu'on va voir dans le prochain chapitre.

Troisième pas : Retrouvez des alliés & étendre les positions oppressives

Comment alors continuer vos activités tout en perdant petit à petit pied dans les mouvements de lutte sociale ? Tout simplement en cherchant des complices chez d'autres réactionnaires. C'est une dynamique que l'on peut déjà constater chez d'autres personnalités transphobes dont vous vous revendiquez proches, comme Dora Moutot et Marguerite Stern, dont les liens avec l'extrême droite et les mouvements complotistes grandissent au fur et à mesure qu'elles aussi se voient exclues des milieux féministes et émancipateurs.
C'est une pente que vous aussi vous empruntez. En invitant le groupe Pièce et Main d'œuvre à parler d'écologie anti-industrielle, vous donnez une plateforme à un groupe transphobe en accord avec votre propre position, mais également masculiniste et homophobe. C'est évocateur de la logique citée plus haut. La transphobie devient le fil rouge de votre monde de plus en plus exigû. Ce n'est plus possible pour vous de trouver des collectifs et individus qui viennent parler d'anti-industrialisation et qui ne serait pas eux aussi transphobes. Manque de pot, le collectif en question (PMO) a déjà franchi quelques étapes supplémentaires sur le chemin de la réaction et défend également des positions homophobes, masculinistes mais aussi validistes. Vous avez pourtant décidé de les inviter en fermant les yeux là-dessus. Comment sinon remplir vos podcasts de contenu ? Le prix à payer pour ne pas se retrouver seul semble être de flirter avec d'autres positions réactionnaires, même si elles peuvent être contradictoires avec les positionnements politiques de vos débuts.

Voilà ce que nous apprend votre cas d'étude. À force de d'(auto)-exclusion des mouvements émancipateurs, à force de positions réactionnaires et oppressives, il ne vous reste plus qu'à vous tourner vers les groupes sociaux qui surfent eux-aussi sur des positions réactionnaires. Ce mouvement va s'accentuer encore et encore, vous éloignant des positions émancipatrices sur tous les sujets de lutte. L'entre-soi réactionnaire est devenu votre horizon.

Quelques fleurs dégenrées du Projet-Evasions

Quelques lectures conseillées

Pour appronfondir le sujet de l'utilisation de l'extrême droite des positions TERF
• Comment l'extrême droit transforme les féministes en facistes

Pour une analyse plus profonde de la dynamique de glissement d'une position emancipatrice vers le fascisme
• écologie, transphobe et proto-fasciste

Pour une cartographie des réseaux transphobes et de l'extrême droite
C-A-R-T-E

Pour explorer une position anarchiste sur les thématiques de genre
• Pour l'autodétérmination de genre

Retrouvez toutes nos productions sur projet-evasions.org

Ne pas rester au milieu du gué

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Nous sommes passé·es en force. Face au défaitisme, face à un gouvernement qui mise sur le pourrissement, face à une intersyndicale qui cherche à reprendre en mains les explosions de colères qui peinent à se coordonner, le « mouvement social » a prouvé sa force, son expressivité, sa créativité ; mais il lui manque encore un nom et une image qui dépasse les vieilles représentations.

Nous sommes passé·es en force. Face au défaitisme, face à un gouvernement qui mise sur le pourrissement, face à une intersyndicale qui cherche à reprendre en mains les explosions de colères qui peinent à se coordonner, le « mouvement social » a prouvé sa force, son expressivité, sa créativité ; mais il lui manque encore un nom et une image qui dépasse les vieilles représentations.

Avec 79% des ouvrier·es et une majorité de français·es souhaitant le durcissement du mouvement, il est scandaleux que nous peinions encore à nommer ce qui se passe. Le risque est grand de voir cette force s'essouffler avant de se déployer complètement. Le battage médiatique ne vise pas tant à nous discréditer qu'à donner un vocabulaire et une légitimité morale à ceux qui souhaitent rétablir l'ordre et réhabiliter le vieux cadre syndical qu'il nous a fallu dépasser. Tous les adversaires du conflit social ne se sont pas encore dévoilés.

L'intersyndicale comme la gauche parlementaire préféreront toujours le pourrissement et la défaite négociée à une victoire sauvage qui les priverait de leur rôle d'interlocuteur légaliste. C'est pour cela qu'elles sont plus pressées de parler de violences policières que de victoires émeutières, et qu'elles épuisent les voies légales contre le texte en sachant pertinemment que cette étape de la bataille est perdue depuis longtemps : il leur faut temporiser pour calmer l'émeute avant qu'elle ne se structure, que la rue se donne forme, nom et idées.

Il s'agit peut-être de notre dernière chance de construire une réelle opposition au régime et aux crises qu'il va connaître : crise climatique grave qui ne fera qu'accentuer la conflictualité sociale, menace remuante de l'extrême droite qui ne tardera pas à engager une stratégie de la tension si le pourrissement persiste, et fascisation de l'appareil d'État. Il serait naïf de croire que celui-ci peut revenir en arrière : son tournant libéral-autoritaire – par la soumission du judiciaire et du législatif à l'exécutif, par les éléments de langage de sa classe politique issue désormais du privé, par le blindage et l'autonomisation de son système répressif – l'a engagé dans une fuite en avant qu'il ne pourra désamorcer sans risquer son pouvoir.

Macron a trois semaines de retard sur le mouvement, mais il commence à prendre conscience de la gravité de la situation et de l'état d'esprit nouveau qui habite la population ; que seule la force brute écrasera ce début d'insurrection. Dans son vocabulaire, dans sa répression guerrière, il prépare le bain de sang.

Nous sommes au bord du carnage et du fascisme, et nous continuons de parler comme s'il s'agissait de manifestations pacifistes, de parcours bien réglés entre Bastille et République, d'opposition institutionnelle et de président arrogant. Nous n'en sommes plus là. Le vrai sujet, c'est : soit un modèle de société libre, soit l'autocratisme. Toute discussion qui ne se place pas à ce degré de sérieux nous fait perdre un temps précieux.

Pour cela, il nous paraît souhaitable de persévérer dans l'émeute, mais pas sans la lier à d'autres formes plus durables de la contestation. Notamment à la grève, qui reste le souffle du mouvement, sa respiration constante et son pivot logistique et médiatique.

Une des forces du mouvement, sinon sa principale, est d'avoir dépassé les clivages artificiels du « mouvement social ». Adieu le purisme anarchisant, l'ouvriérisme borné, les polémiques ridicules autour de la violence. Tout le monde partage un goût de l'action coup de poing, qui paraît être devenue la seule solution, le recours ultime d'une colère trop longtemps contenue. Et sur tous les lieux de mobilisation, la fraternité et la sincérité sont immédiates.

Mais cette coordination des colères n'est pas une unité entre composantes politiques. Les étiquettes et les catégories n'ont pas été abolies : nous les avons dépassées temporairement. Nommer ce qui se passe, trouver des lieux pour le prolonger dans l'action et le dialogue, c'est assurer que cette situation explosive devienne force sociale. C'est assurer que nous ne reviendrons pas à des clivages inutiles, et que les prochains prendront tout le sens d'une situation pré-révolutionnaire.

Nous proposons quatre axes que chacun·e peut adopter individuellement, en incluant ses ami·es et connaissances, qui peuvent se transformer en mots d'ordre ou plus simplement inspirer chacun·e dans sa vision :

TRANSFÉRER. Susciter plus de rencontres et de lieux collectifs. Échanger les techniques, les idées et les moyens. Que les émeutier·es aillent sur les piquets, les syndicalistes dans les émeutes, et tout le monde sur les rondspoints. Chacun·e arrive désormais à se parler sans préjugé : l'échange ne peut qu'ajouter en endurance, en solidarité et en radicalité à nos forces. L'apport réciproque ancrera dans le futur une solidarité de guerre sociale.

BORDER. Déborder le vieux syndicalisme jusque dans les euphémismes. Ce n'est pas une mobilisation, c'est une révolte. Ce n'est pas une manifestation, c'est une émeute. Il n'y a ni maintien de l'ordre ni violences policières, mais du terrorisme d'État. Ce n'est pas un mouvement d'opposition à une réforme injuste, c'est une nouvelle étape de la guerre sociale. Déborder signifie aussi décentraliser : l'initiative et l'inventivité n'appartiennent pas à Paris mais aux nombreuses villes et petites villes de « province » qui ont été les plus déterminantes pour signifier l'importance du conflit. Le rôle moteur doit échoir à ces villes, et Paris les imiter et le dire, pour larguer d'autant plus les médias centrés sur la capitale.

FORMALISER. Donner un nom aux événements, dépasser le simple enjeu des retraites pour poser celui des conditions de vie. Formuler nos propres mots d'ordre et slogans, diffuser la colère et la présenter non pas comme un éclat temporaire mais comme la base de tout ce qui va suivre. Construire des lieux symboliques et physiques, exprimer de nouvelles idées politiques et incarner une autre vision de la société : voilà ce qui a fait la force des Gilets Jaunes.

SOLIDIFIER. Ancrer cela dans la durée signifie passer d'un débordement à une reprise en main. Assumer le rôle directeur des lieux de grève et d'occupation, des différents centres d'où la masse se voit obligée d'inventer ses propres modes d'actions pour faire vivre la conflictualité nécessaire à la victoire. Pour continuer à diversifier les méthodes par du symbolique, du sabotage, du blocage, du débrayage, bref ces actions coup de poing qui sont le succès du mouvement, il faut donner prépondérance aux différents comités de grève et de coordination qui ont pris l'initiative de durcir la lutte.

Aucun de ces quatre points ne s'accomplira sans débordement formel hors du cadre syndical traditionnel : il faut l'abolir officiellement, assumer que les lieux où se décident aujourd'hui les actions sont amenés à être seuls décisionnaires, plénipotentiaires, et aptes à se coordonner par leurs propres moyens si nécessaire.

N'hésitez pas à télécharger, imprimer et diffuser ce texte autour de vous !