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Les étoiles nous guident dans la nuit - Mobilisation antifasciste à Milan en mars 2023 pour les 20 ans du meurtre de Dax

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

16 mars 2003 - 16 mars 2023
Avec Dax, Fausto et Iaio, la Résistance continue !
Appel à la mobilisation antifasciste à Milan du 16 au 19 mars 2023 à l'occasion des 20 ans du meurtre de Dax par les fascistes. Aperçu du contexte et du programme.

L'arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir a été suffisamment commentée. Et elle commence son mandat avec un décret anti-rave punissant de prison ferme les occupations d'espaces, criminalisant aussi les blocages de lycées, les piquets de grèves et autres pratiques de lutte du même genre, en plus de pénaliser la rave et le squat.
Face à cela, une résistance s'organise : lycées occupés, université la Sapienza occupée pendant près d'un mois, cortèges, manifestives, ouvertures de squats ... nos camarades transalpin.e.s tentent tant bien que mal de dégager des espaces et d'ouvrir des brèches dans un présent étouffant.
C'est dans ce contexte que se tiendra en mars 2023 un programme de 4 jours de mobilisation antifasciste à Milan à l'occasion des 20 ans de l'assassinat de Dax (Davide Cesare, militant antifasciste et des squats de Milan). Les évènements du 16 mars 2003 restent d'une gravité absolue, Sa mémoire doit être perpétuée et le contexte actuel ne rend que plus d'actualité ses combats.
Ses camarades et ami.e.s préparent donc une mobilisation d'ampleur en mars 2023 et voici la traduction en français de leur premier texte d'appel.

16 mars 2003 - 16 mars 2023 
Avec Dax, Fausto et Iaio la Résistance continue 

Un cycle d'assemblées itinérantes dans les squats militants de Milan et de ses environs a donné vie au processus politique de construction du vingtième anniversaire de la Nuit noire à Milan, de la tuerie de Dax (Davide Cesare) et des évènements du San Paolo. Dans la continuité des journées de lutte du dixième anniversaire (2013), la volonté d'inscrire la mémoire de Dax dans le lien indissoluble entre antifascisme et anticapitalisme a été soulignée. Le résultat est un calendrier de quatre jours qui aura lieu au point culminant de nombreux autres rendez-vous à venir répartis dans toute la région métropolitaine. Certains détails sont évidemment encore en cours de définition, mais nous pensons qu'il est urgent de commencer à diffuser les premières indications sur le programme de mobilisation.

==> Jeudi 16 mars 2023 / via Brioschi 
RASSEMBLEMENT AVEC PRÉSENTATION D'UN FILM DOCUMENTAIRE 

Comme chaque année, le soir du 16 mars, nous serons via Brioschi pour rappeler les événements de la Nuit noire à Milan, le meurtre de Dax et les coups à San Paolo : au cours de la soirée, une avant-première du film documentaire réalisé sur ces vingt ans de mémoire et de lutte dans la ville de Milan et au-delà. > Suivi d'un cortège dans le quartier avec arrivée via Gola (rue du squat fondé par Dax et ses amis, le Cuore in Gola)

==> Vendredi 17 mars
ASSEMBLÉE INTERNATIONALE ANTI-FASCISTE

L'histoire de Dax s'est mêlée au fil du temps à de nombreux autres événements proches et lointains : Renato, Carlos, Clément, Pavlos... Nous avons noué des relations avec des communautés politiques antifascistes disséminées dans toute l'Europe et pour ce vingtième anniversaire, nous avons fortement souhaité faire partager ces histoires ensemble dans un moment de comparaison et convergence commune sur l'actualité des pratiques antifascistes. 

=> Samedi 18 mars 
CORTÈGE NATIONAL - L'ANTI-FASCISME EST ANTI-CAPITALISTE 

Comme en 2013, nous avons l'intention de traverser Milan avec un grand cortège antifasciste et anticapitaliste capable de représenter les instances de lutte vivantes dans la métropole. De plus, la coïncidence de ce jour avec l'anniversaire de l'assassinat de Fausto et Iaio associe la mémoire de Dax à un autre morceau important de l'histoire militante de la ville dans un discours commun.
> Suivi d'un concert autofinancé pour le vingtième anniversaire et en soutien à la campagne 130 000 

==> Dimanche 19 mars
JOURNÉE DU SPORT POPULAIRE 

Ces 20 dernières années, le sport populaire s'est affirmé comme un outil efficace d'intervention sociale pour promouvoir l'antifascisme, l'antiracisme et l'antisexisme : football, rugby, disciplines de combat et bien d'autres se croiseront à nouveau au nom de Dax. 

Infos : daxresiste@inventati.org
Fb : Dax resiste 
Ig : dax_resiste

Appel à lire en italien ici sur le facebook Dax Resiste.

Infos : daxresiste@inventati.org
Fb : Dax resiste 
Ig : dax_resiste

Trier, exploiter, jeter. Le titre de séjour « métier en tension » est un papier « pour laver les mains des patrons »

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Intervention d'un membre des Gilets Noirs à la marche des Solidarités du 18 décembre 2022 sur le nouveau titre de séjour introduit par le projet de loi immigration.

Il faut savoir pourquoi le gouvernement a décidé de faciliter les papiers alors qu'on est dans un pays qui est un des plus dur pour les papiers. On sait comme c'est difficile d'avoir un papier ici, alors pourquoi aujourd'hui il serait facilité ?

Parce que ce nouveau papier est jetable.

Un papier qui ne sera bon que pour certain d'entre nous, ceux qui bossent dans les métier les plus durs et si le patron décide de te jeter tu perds ton papier, on ne sera pas libre et ce ne sera pas facile de rentrer au pays avec.

Nous voulons un papier durable, ça c'est un papier qu'on te donne quand ils ont besoin de toi, le jour où ils ont plus besoin ils peuvent te l'arracher et te renvoyer au bled. C'est un papier pour te mettre sous surveillance.

Il y a beaucoup de contraintes, de contrôle et de répression pour accompagner ce papier. Les OQTF plus faciles, mettre tout ceux qui ne rentrent pas dans les cases sur un fichier de personnes recherchées. Les sans papiers vont devenir des personnes recherchées.

Ils ne vont pas arrêter de nous chasser, au contraire, c'est une nouvelles forme d'esclavage, le jour où on n'a plus besoin de toi on te reprend ce qu'on t'a donné et on te prive de tes droits. Darmanin a déclaré « il ne faut pas qu'ils aient le temps d'ouvrir de nouveau droit ici ».

C'est un papier pour les patrons c'est tout, un papier qui couvre les patrons. Ils n'auront plus aucune responsabilité sur la régularisation, il n'y aura plus de cerfa ni de concordance, ça veut dire que tu ne pourras plus négocier avec le patron, tu ne pourras plus l'obliger à te respecter.
Si tu as le papier un an, deux ans, tu bosses sans discuter avec les patrons qui ont besoin et quand c'est fini on peu te jeter et en prendre un autre.
C'est un papier pour laver les mains des patrons !

Ça concerne aussi ceux qui ont déjà un papier travail. Avec le nouveau papier si tu ne parles pas le français, si tu n'écris pas le français tu ne pourras pas avoir un papier de 3, 5, 10 ans, c'est fini. Le jour où tu peux plus bosser, où tu n'as plus la force, tu es expulsé, tu n'as plus de droits ici.

Tu penses que c'est fini de se cacher et que tu vas enfin pouvoir travailler à visage découvert, mais à tout moment tu peux perdre ton papier : c'est un papier pour te faire taire.

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29 décembre 1939, mort de Madeleine Pelletier, enfermée à l'asile pour « crime d'avortement »

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Retour sur une féministe convaincue, méconnue, engagée dès les années 1900 pour l'émancipation des femmes dans tous les domaines : cantonnement des femmes à ce qu'on appellera plus tard le « Care », droit de vote et intégration politique, avortement, etc.

Madeleine Pelletier est née le 18 mai 1874 à Paris, elle est morte le 29 décembre 1939 à l'Asile de Perray-Vaucluse à Épinay-sur-Orge (Seine-et-Oise)

Elle fut docteur en médecine, militante néo-malthusienne ; féministe et pacifiste ; franc-maçonne, socialiste puis communiste ; collaboratrice de la presse libertaire.

Médecin et féministe française, pionnière du droit à l'avortement, elle sera condamné en 1939 pour avoir pratiqué des avortements, mais elle fut déclarée irresponsable de ses actes, et internée. Elle mourra à l'asile, alors qu'elle avait commencé sa carrière comme psychiatre.

Tout cela me décourage, l'émancipation de la femme ne viendra donc jamais.
Autrefois, mes allures d'affranchie ne me valaient que des lazzi des voyous, maintenant, on m'arrête parce que je n'ai pas l'air d'une asservie, comme les autres femmes, évidemment, je suis née plusieurs siècles trop tôt.
(16 septembre 1914).

Une jeunesse en pantalon

Madeleine Pelletier passa son enfance dans la misère.
Livrée à elle-même, ayant le goût de l'étude, elle fréquenta la bibliothèque de son quartier et acquit, en autodidacte, une solide culture.
Dès l'âge de treize ans, s'échappant le soir du domicile familial, elle fréquente un groupe féministe où elle découvre “toute une voie lumineuse d'affranchissement” et un groupe anarchiste où elle rencontra Louise Michel.

Sa fréquentation d'un groupe féministe entraîna des discussions sans fin avec les anarchistes : elle prit peu à peu ses distances avec les libertaires.
Elle commence à porter le pantalon sans en demander l'autorisation au préfet [1].
D'après Wilkipedia, les archives de la préfecture de police de Paris possèdent un dossier censé conserver les demandes introduites et les permissions de travestissement accordées en vertu de l'ordonnance de 1800.
Ce dossier en mauvais état ne contient que quelques documents originaux, accompagnés de coupures de presse. La plus ancienne demande de permission de "travestissement" conservée est datée de 1806 : elle autorise la dénommée Catherine-Marguerite Mayer à s'habiller en homme pour monter à cheval. En 1862, Adèle Sidonie Loüis se voit accorder cette permission « pour cause de santé ».
Les coupures de presse nous apprennent qu'entre 1850 et 1860, seules douze femmes bénéficièrent d'une autorisation et qu'en 1890, on dénombrait une dizaine de femmes titulaires de la permission.

Première femme médecin de Paris

Désirant réussir, pensant y arriver par la culture intellectuelle, Madeleine Pelletier passe son baccalauréat de philosophie en 1897 en candidate libre et l'obtient, avec la mention très bien.
Elle choisit de suivre des études médicales et d'anthropologie, ayant obtenu une bourse d'études de la ville de Paris : “C'est le pain assuré mais trempé dans une sauce bien amère.
Entrée à l'École de médecine en 1899, à l'âge de vingt-cinq ans, elle est la première femme à passer le concours de l'assistance médicale à Paris et est nommée médecin des bureaux de bienfaisance.
Elle veut concourir pour l'internat des asiles d'aliénés mais l'entrée lui est refusée, un règlement exigeant que le candidat ait ses droits politiques.
En 1904, une campagne de presse organisée en sa faveur par quelques journaux dont la Fronde de Marguerite Durand lui permit de devenir la première femme interne des asiles et de surcroît célèbre.

La pratique de la médecine ne lui fut pas aisée pour autant : à l'asile les internes lui firent une guerre incessante, les infirmières regardèrent “ahuries, cette bête étrange qu'était une femme interne en médecine comme les hommes” et dans son cabinet, elle attendit en vain les clients.

« Elle fut persécutée pour son apparence jugée scandaleuse : cheveux courts et vêtements masculins qu'elle porta toute sa vie en théorisant sa masculinisation : “Mon costume dit à l'homme : je suis ton égale.” »

L'expérience de la franc-maçonnerie

En 1904, Madeleine Pelletier demande son admission à la “Philosophie sociale”, loge de la Franc-maçonnerie ouverte aux femmes après celle du “Droit humain”, fondée par Maria Deraismes.
Pour elle, il s'agissait d'une école d'initiation politique où, encadrées par des intellectuels et des libres penseurs, les femmes pourraient faire leur éducation idéologique.
Dès qu'elle fut initiée, elle organisa une campagne dans les milieux maçonniques en vue d'ouvrir aux femmes les loges régulières. Elle rencontra de très vives oppositions, les femmes étant suspectées d'attachement à la religion et à la réaction.
Elle fut obligée de quitter la maçonnerie, et son départ fut utilisé par le Grand Orient pour justifier sa politique d'exclusion des femmes.

Des sufragettes au Parti socialiste : l'engagement féministe

En 1906, elle accepte de diriger le groupe féministe “La solidarité des femmes” à la suite de Caroline Kauffmann, et se distingue dans la bataille pour le suffrage des femmes.
Au moment des élections de 1906, le groupe se manifeste : défilés en fiacres, banderoles, collage d'affiches, diffusion de tracts.
Elle invente le slogan : “La femme doit voter, elle subit les lois et paie les impôts.”
Doutant de l'efficacité des manifestations qui dégénéraient souvent, la police traînant les féministes au poste sous les quolibets d'une foule hostile, elle décide de rencontrer les membres du groupe parlementaire socialiste.
Ceux-ci lui promettent de nommer, dans les plus brefs délais, une sous-commission chargée de rédiger un projet de loi sur l'électorat et l'éligibilité des femmes.
Elle adhère alors au Parti socialiste, écrivant : “Le féminisme n'est plus isolé ; il a un appui.
Le parti socialiste bénéficiait alors d'une aura non négligeable auprès des féministes pour avoir, le premier, reconnu l'égalité des sexes au congrès ouvrier de Marseille en 1879, sous l'impulsion d'Hubertine Auclert.

Sensibilisée à la misère sociale par ses origines, Madeleine Pelletier partage les idéaux du socialisme : il s'agit de pouvoir lier l'émancipation des femmes à l'émancipation générale.
La “tactique féministe” était alors d'entrer dans les partis politiques de gauche afin de faire entendre leurs revendications.
Elle rejoint d'abord le courant guesdiste, le jugeant plus révolutionnaire que la tendance jauressiste, et s'inscrit dans la 14e section de Paris.
En 1906, elle propose une résolution sur le suffrage des femmes au IIIe Congrès National qui a lieu à Limoges.
Son projet fut voté à l'unanimité, mais on lui fait comprendre que si sa motion a été votée, c'est parce qu'elle n'a aucune importance :

“Si le vote des femmes était prêt de se réaliser, vous verriez les objections.

Le 21 décembre 1906, elle pose la candidature des 70 adhérentes de la Solidarité des femmes à la Chambre en demandant l'admission dans les réunions du groupe socialiste et en exigeant la nomination d'une sous-commission pour le suffrage des femmes.

En août 1907, elle représente à nouveau le texte de la motion de Limoges au congrès de Nancy.
Madeleine Pelletier fait partie de la délégation des sept femmes envoyées par la SFIO à la 1e Conférence internationale des femmes socialistes, sous la direction de Clara Zetkine, à l'occasion du congrès international socialiste.
Elle est la seule à ne pas voter la résolution dénonçant un texte qui nie l'oppression spécifique des femmes et établit une séparation nécessaire entre les femmes socialistes et les féministes bourgeoises.
Elle rejoint alors la fraction hervéiste et devient rédactrice à la Guerre sociale.

Accusée de “collaboration de classe” pour son attachement à la Solidarité des femmes, elle fonde au cours de l'hiver 1907-1908 le mensuel féministe La Suffragiste et dirige la société « La Solidarité des Femmes » fondée par une autre féministe, Eugénie Potonié-Pierre, et qui soutenait toutes les candidatures des « suffragettes » sans distinction de parti.
En 1908, lors des élections municipales, elle brise avec Hubertine Auclert les vitres d'une salle de vote, ce qui leur vaut une comparution en correctionnelle.

« En même temps qu'elles doivent s'affranchir en tant que classe, il est absolument indispensable [que les femmes] s'affranchissent en tant que sexe. […]
Parce qu'on ne veut pas faire sortir la femme du cercle étroit de la famille, elle devient un organe inconscient de sa réaction. »

Tentant de résoudre les contradictions entre féminisme et socialisme, elle mène de front des luttes dans le mouvement des femmes et dans le groupe hervéiste.
Malgré l'hostilité des hervéistes, elle défend la motion insurrectionnelle aux congrès de Saint-Étienne en 1909 et de Nîmes en 1910.
Hervé ayant été emprisonné pour des articles parus dans la Guerre sociale, Madeleine Pelletier est proposée sur la liste de la commission administrative permanente pour le remplacer, élue en 1909 et réélue en 1910.
Elle y définit les positions insurrectionnalistes et souleva quelques remous en déclarant : « Le Parti socialiste n'est pas un parti républicain ; il se désintéresse de la forme républicaine, attendu que certaines nations monarchiques ont réalisé dans l'intérêt de la classe ouvrière des réformes que la République n'a pas su réaliser » (compte rendu, p. 469).

En 1910 et 1912, le Parti socialiste présente aux élections des candidatures féminines illégales et la propose dans le 7e arrondissement. Elle remporte un nombre de voix plus élevé que le précédent candidat socialiste.
Durant toute cette période, elle écrit de nombreuses brochures mettant en cause la famille, fondement de la domination matérielle et idéologique des hommes sur les femmes ; dénonçant le mariage qui conçoit la femme comme “la chose” d'un homme, prônant la liberté sexuelle vue comme la liberté de consentir ou de refuser une relation, plaidant pour le droit à l'avortement et à la contraception.
Se définissant comme une féministe intégrale, elle revendiqua toutes les émancipations : politiques, économiques, sociales, intellectuelles, sexuelles.

Elle est la première candidate aux élections législatives de 1910, dans le 18e arrondissement de Paris.
Leadeuse féministe des plus actives de son époque, avec Hélène Brion, Louise Saumoneau et Hubertine Auclert, elle critique amèrement le conformisme des femmes, y compris les féministes de son temps, au rôle de genre qui leur est assigné :

« Les femmes, même après la réalisation du féminisme, tel que nous le concevons, resteront donc des femmes, comme les hommes resteront des hommes.
Ce que nous voulons supprimer, ce n'est pas le sexe féminin, mais la servitude féministe, servitude que perpétuent la coquetterie, la retenue, la pudeur exagérée, les mièvreries de l'esprit et du langage ; toutes choses qui ne sont en aucune façon des caractères sexuels secondaires, mais simplement les résultats de l'état de dépendance physique et morale dans laquelle les femmes sont tenues. »

« Les femmes, même après la réalisation du féminisme, tel que nous le concevons, resteront donc des femmes, comme les hommes resteront des hommes.
Ce que nous voulons supprimer, ce n'est pas le sexe féminin, mais la servitude féminine, servitude que perpétuent la coquetterie, la retenue, la pudeur exagérée, les mièvreries de l'esprit et du langage ; toutes choses qui ne sont en aucune façon des caractères sexuels secondaires, mais simplement les résultats de l'état de dépendance physique et morale dans laquelle les femmes sont tenues. »

La manière dont elle s'habille reflète également ses idées : elle a coupé ses cheveux et s'habille comme un homme : "Je montrerai [mes seins] dès que les hommes commenceront à s'habiller avec une sorte de pantalon qui montre leur…"
Elle a également décidé de ne pas avoir de rapports sexuels. Ces actions ont été perçues comme un attentat porté contre l'identité sexuelle.

L'avant-guerre ; la guerre

En 1912, elle milite dans le Comité féminin contre les iniquités sociales créé par des militants et militantes des Jeunesses syndicalistes de la Seine, de tendance anarchiste, dans le but de faire échec à la loi Berry-Millerand qui instituait le service militaire de trois ans.
En 1913, elle fait de la propagande antimilitariste auprès des femmes et participe à de nombreuses manifestations. Le revirement d'Hervé, la trahison de la plupart de ses amis socialistes, leur adhésion à l'Union sacrée, l'effondrement du grand rêve de la grève générale révoltent Madeleine Pelletier.

Avec la guerre, comme de nombreuses féministes, elle s'engage à la Croix-rouge et elle part sur le front, affirmant vouloir soigner Français et Allemands sans distinction.
Le seul aspect positif de cette guerre, qu'elle analyse comme “impérialiste” fut, dit-elle, de faire accéder des femmes à de nouvelles professions.
Après la guerre, elle collabore au journal Le Libertaire, écrivant des articles sur l'antimilitarisme, le néo-malthusianisme, l'éducation du prolétariat, l'affranchissement de la femme sans que, pour autant, elle se soit ralliée au mouvement : « Notre collaboratrice n'est pas anarchiste, elle s'en défend elle-même d'ailleurs. » (Le Libertaire n° 8 du 18 novembre 1921).
Elle écrit aussi pour L'Idée libre, revue mensuelle d'éducation sociale fondée par André Lorulot.

L'engagement communiste et les sympathies libertaires

En décembre 1920, elle assiste au congrès de Tours.
Lors de la scission, elle reprend son activité politique au Parti communiste (SFIC).
D'emblée, elle s'inscrit dans la minorité ultra-gauche.
Le tout jeune Parti communiste avait mis l'égalité des sexes à son programme, ce qui paraît compatible avec son engagement féministe.
Elle devient rédactrice à la revue la Voix des femmes, et s'applique à être la porte-parole du parti auprès des femmes.
Elle rédige de nombreux articles sur la doctrine communiste, la révolution et la Russie.
Pressentie par la revue pour participer à la IIe conférence internationale des femmes communistes à Moscou, elle ne parvient pas à obtenir de passeport, ce qui entraîne en juillet 1921, son départ clandestin pour la Russie.
Elle raconte ces expériences dans la Voix des femmes à la fin de l'année 1921, puis en 1922, dans un livre intitulé Mon voyage aventureux en Russie communiste.

Propagandiste zélée mais lucide, elle critique la terreur, la bureaucratie, la misère de la population et son mysticisme, et surtout la place accordée aux femmes par la révolution dans la nouvelle URSS.
Elle reconnaît une certaine libération économique et sexuelle mais dénonce le cantonnement des femmes hors du politique, aux problèmes liés à la maternité, aux enfants, au ravitaillement, aux soins.

Elle reste néanmoins au Parti communiste, défendant le bolchevisme et le féminisme au Club du Faubourg, participant à de nombreuses conférences à Paris et en province.

Par ailleurs, elle fréquente de nouveau la mouvance libertaire.
Elle écrit dans plusieurs journaux et participe à des débats sur le féminisme, le communisme, etc.
Elle prend position, dès 1925, contre le fascisme de l'Italie mussolinienne mais aussi celui promu par des groupuscules nationalistes français. Ainsi, elle dénonce en janvier 1928 lors d'une conférence, le Parti socialiste national fondé par Gustave Hervé, son ancien camarade de la SFIO.

En 1927, elle collabore au journal de gauche Plus loin, qu'elle quitte en 1930, avec de nombreux autres auteurs. Elle rejoint alors le projet de Sébastien Faure d'Encyclopédie anarchiste, publiée en 1934, pour laquelle elle rédige l'article Internement où elle dénonce les internements abusifs.
C'est aussi la "Doctoresse Pelletier" qui rédige les articles : famille, maternité, enseignement, féminisme, infanticide (c'est-à-dire : avortement), laïcisation, marxisme et Parti communiste.

Bien qu'elle n'appartienne plus au parti, elle reste communiste et en 1932, elle adhère au Parti d'unité prolétarienne, fondé par Paul Louis et dont les membres sont surtout des exclus ou des déçus du parti communiste.
Elle y devient secrétaire de la Commission des femmes, rôle qu'elle avait toujours refusé dans les autres partis.
En 1933, sur invitation d'Henri Barbusse, elle adhère au Mouvement Amsterdam-Pleyel contre le fascisme et la guerre.

L'engagement pour l'avortement

Reconnaissant que toutes ses tentatives pour allier féminisme, socialisme et communisme ont échoué, elle prend ses distances avec les partis politiques.

Son militantisme malthusien lui vaut de sérieuses inimitiés et en 1933, elle est accusée d'avoir pratiqué un avortement. Cependant, les charges sont finalement abandonnées et elle n'est pas poursuivie.
Malgré cela, elle ne cesse de militer pour ses idées et c'est finalement son corps qui va l'obliger à interrompre un temps ses combats. Devenue hémiplégique fin 1937, elle doit recourir aux dons de ses amis du club du Faubourg pour survivre.

En 1939, dans un climat de chasse aux faiseuses d'anges, elle est arrêtée pour avoir participé à l'avortement d'une fille de 13 ans violée par son frère.
Jugée au nom de la “loi scélérate” de 1920, elle fut convaincue de “crime d'avortement”.
Elle est jugée comme « un danger pour elle-même, pour autrui et pour l'ordre public » et condamnée à être internée d'office d'abord à Sainte-Anne puis à Épinay-sur-Orge.
Le 29 décembre, elle meurt d'un accident vasculaire cérébral.

Œuvres choisies et disponibles en ligne

Si l'écriture d'articles est une constante pour défendre ses idées, elle présente aussi celles-ci dans des œuvres de fiction comme un récit utopique, La Vie nouvelle, qui lui sert à décrire son idéal communiste. : son roman autobiographique, La Femme vierge.

La prétendue infériorité psychologique des femmes, 1904.
La femme en lutte pour ses droits, Giard et Brière, 1908.
La question du vote des femmes, 1909.
L'émancipation sexuelle de la femme, Giard et Brière, 1911.
Justice sociale Giard et Brière, 1913.
Le droit à l'avortement, Éd. du Malthusien, 1913.
L'Éducation féministe des filles, Giard et Brière, 1914.
Dieu, la morale, la patrie, Giard, 1916.
Mon voyage aventureux en Russie communiste, Giard, 1922.
Les femmes et la guerre L'éveil de la femme, 1932.
La rationalisation sexuelle, Paris, 1935.


[1] Porter un pantalon pour une femme nécessitait une autorisation spécifique à l'époque selon l'ordonnance du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800), ou “ordonnance concernant le travestissement des femmes”, abrogée le 31 janvier 2013.

sources : Le Maitron, Ephémanar, et autres sites moins engagés : 8mars ; wikipedia, france-culture

Faites monter l'antifachosphère, aller voir Contre Sens.

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Autopromotion pour une vidéo qui répond à la récupération par les fafs de l'affaire Lola.

Le 14 octobre 2022, Lola a été tuée par Dahbia B., une étrangère résidant illégalement sur le territoire Français. Immédiatement, une offensive a été lancée sur Twitter par les comptes type Damien Rieu and co, appelant à la déportation des étrangers résidant en France et à faire « Justice Pour Lola ».

L'assaut a été prolongé dans les jours qui suivent par Eric Zemmour en particulier et la sphère Bolloré en général dans l'espace médiatique mainstream, avec pour effet la publicisation du concept de francocide, mis en avant pour la première fois au cours de son meeting de rentrée par Eric Zemmour le 12 septembre 2022. Tout ceci au moyen d'une récupération décomplexée de la mort de Lola, contre la volonté exprimée par la famille.

C'est pour répondre à cette offensive que nous avons produit cette vidéo qui revient en 24 minutes sur les différents procédés employés par l'ED pour imposer ce thème dans le débat, en montrant en même temps en quoi est ce que le concept de francocide, qui imite le concept de féminicide (c'est revendiqué explicitement par Zemmour) ; est à la fois une coquille vide intellectuelle et un appel à la haine. Elle vise en effet à renforcer la thèse du Grand Remplacement, qui en fantasmant une prétendue mise en « danger de mort » du peuple Français par les Français issus de l'immigration coloniale, prépare l'opinion public à des propositions plus mortifères encore (ce n'est pas difficile d'imaginer lesquelles, on a quelques référentiels dans l'histoire récente de l'Occident).

Publier cette vidéo sur youtube est une décision qui coulait de source pour nous : sur cette plateforme, des youtubeurs très influents (Valek, 400k abonnés ; Bruno Le Salé, 285k abonnés) affirment l'existence d'un complot judéo-trans ; un ancien du Kop Of Boulogne, groupe hooligan raciste à partir duquel s'est constitué le groupe de combat fasciste Les Zouaves de Paris (Baptiste Marchais, 278k abonnés) feate avec le daron du youtube faf Français (Le Raptor Dissident, 735k abonnés), et on a trouvé tout une ribambelle de sciences pistes pour se faire le relai du récit médiatique dominant (HugoDécrypte, 1,7 m abonnés, Gaspard G, 372k abonnés), celui la même qui structure l'infusion des idées fascistes en France, en contrepoint desquelles on trouve le fascisme bien réel de l'état Français qui chasse et déporte les exilés.
A ces youtubeurs ce sont rajoutés à partir de 2021 des acteurs plus conventionnels se présentant comme des médias indépendants (Livre Noir, 314k abonnés), voir des médias carrément mainstream (VA Plus, 357k abonnés), qui ont bien senti que youtube était une plateforme accueillante pour se faire le relai sur internet des merdes islamophobes, négrophobes et antiféministes qu'on entend quotidiennement sur les médias mainstream.

Plus que jamais, on a besoin de contenu antifasciste sur le Youtube Fr. Pour cette raison on vous invite à faire un tour, à vous abonner et à partager sur vos RS si la vidéo vous a plu.

Lien de la vidéo : https://youtu.be/4H78kVw44cQ

Insta : Contre__sens
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Youtube : Contre Sens

🎅 Le père noël est une ordure : attaque sans précédent contre le droit au chômage

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Par décret, et sans concertation, le gouvernement Macron a fait passer en urgence le 23 décembre une attaque sans précédent contre le droit au chômage. alors qu'un premier projet présenté aux syndicats cet automne prévoyait de réduire la durée d'indemnisation de 25%, le nouveau projet ira beaucoup plus loin : jusqu'à 40% de réduction en cas de taux de chômage à 6%.

Le gouvernement crée donc des indemnités à taux variable, indexées sur le taux de chômage, comme si cette conquête sociale n'était pas un droit, pour lequel les travailleurs cotisent, mais une sorte de bonus. Comme en Bourse, une indemnité qui change selon les lois du marché. Ce qui va mettre en insécurité totale les personnes privées d'emploi, qui peuvent voir la durée de leur indemnité changer selon le contexte et selon les statistiques opaques du Ministère du Travail.

Le décret du gouvernement prévoit une baisse de 40% de la durée d'indemnisation quand le taux de chômage français aura atteint 6% en moyenne sur le territoire. Pour forcer les chômeurs restants à aller trimer. « On est en train de pousser des chômeurs vers le RSA, vers la très grande pauvreté » estime la CGT. « Ce gouvernement est en train de casser l'assurance-chômage et quand il a tous les syndicats en face, que ce soit sur l'assurance-chômage ou les retraites, il n'en tient absolument pas compte ».

En plus, cette mesure est un cercle vicieux. Les pauvres seront obligés d'accepter des boulots sous-payés, précaires ou à temps partiel pour ne pas perdre leurs droits. Ce ne sera pas de vrais contrats, des emplois qui permettent de vivre, mais des jobs contraints qui feront baisser les statistiques du chômage. Et donc réduiront mécaniquement les droits de tous les chômeurs. Baisse des salaires, baisse des droits, augmentation du halo du chômage : le cocktail explosif des politiques néo-libérales.

« Dans les faits, on raccourcit les fins de droits pour ceux qui en ont le plus besoin, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas pu retrouver du boulot avant l'épuisement de leurs droits au chômage. Ils vont perdre plusieurs mois et ils pourraient encore perdre avec cette nouvelle disposition » explique la CGT. C'est une machine à créer des personnes en ultra-précarité.

Pourquoi attaquer, encore plus fort, sans vote et au moment de Noël les droits des chômeurs ? Pour détruire les derniers parachutes sociaux. Macron veut conditionner le RSA à 20 heures de travaux gratuits par semaine et détruit les indemnités de chômage. Il n'y aura plus aucun moyen d'échapper à l'exploitation patronale. Travaux forcés pour tout le monde, sauf les rentiers, les spéculateurs et les patrons. Soit vous possédez, soit vous trimez.

C'est aussi pour faire des économies. Au moins 4 milliards d'euros. Il faut dire que Macron a d'autre priorités avec l'argent public. Le gouvernement vient de débloquer 15 milliards de plus pour la police, qui est déjà suréquipée, surarmée et surpayée. Il dépense des milliards en cabinets de conseils et encore plus en cadeaux aux entreprises, avec la suppression de l'ISF et les exonérations diverses pour les patrons. Quant à la fraude fiscale, elle continue d'atteindre des sommes astronomiques.

Tout cela coûte infiniment plus cher que le droit au chômage ou le système de retraite. Mais le gouvernement est en guerre. En guerre de classe. Macron veut la gagner au prix de nos vies.

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