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« En finir avec les longues peines qui ne sont rien d'autre qu'un substitut à la peine de mort »

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Ils vont encore nous bassiner avec l'anniversaire de la soi-disant abolition de la peine de mort le 9 octobre 1981. Alors que les peines n'ont depuis cessé de s'allonger et de se multiplier : la peine de mort a été remplacée par des peines jusqu'à la mort. Ce sont évidemment les prisonniers qui en parlent le mieux. Rappelons-nous de ce communiqué sorti clandestinement de la Centrale d'Arles en octobre 2001, réponse cinglante aux dégoutantes célébrations de l'époque. Le texte, hélas, n'a pas pris une ride.

« Enfin, nous souhaitons adresser un message à tous les jeunes des cités, à tous les enfants du prolétariat et du sous-prolétariat, à tous ceux et celles appartenant à la classe des sacrifiés du système. Hier, vos parents et grands-parents, nos parents et grands-parents, étaient transformés en « chair à canon », envoyés au front pour y crever en défendant des intérêts qui n'étaient pas les leurs. Aujourd'hui, c'est le destin de « chair à prison » qui nous est offert, qui vous est offert. Refusez cette tragédie ! refusez cette logique ! »

9 octobre 2001
Arles,

Avant de lire le communiqué qui suit, il nous faut préciser que si nous nous présentons à vous encagoulés c'est pour éviter la personnalisation de l'action en cours. Nous ne sommes que des détenus longues peines parmi d'autres. Le message que nous portons est celui de milliers d'hommes et de femmes « sans voix », enfermés dans les prisons de France.

Par ailleurs, nous tenons à indiquer que c'est pour des raisons de sécurité que nous portons des cagoules. Inutile de préciser que les autorités pénitentiaires n'apprécieront pas notre initiative, que la répression qui s'abattra suite à la diffusion publique de ce document sera importante. Les mesures de sécurité que nous avons prise risquent d'ailleurs de ne pas nous épargner les sanctions, c'est pourquoi nous demandons par avance aux associations et citoyens soucieux de la défense des droits de l'homme de veiller sur la centrale d'Arles dans les jours et semaines à venir. Cela évitera que ne se produisent des violences et des abus divers, commis par des tenants de la répression.

Bien, évidemment, si le monde carcéral n'était pas ce lieu de non droit où le droit d'expression, d'association, étaient interdits aux détenus, nous n'aurions pas été obligés de mener pareille action. C'est la nature anti démocratique de la prison qui nous amène à agir de la sorte !

Enfin, nous tenons ici à préciser que le matériel utilisé pour effectuer ce reportage a été pris sans le consentement de quiconque, pour être plus précis, nous avons détourné le matériel en question sans que le détenu en charge de l'atelier vidéo de la maison centrale ne le sache.

L'année 2000 aura été, entre autres, l'année de la révélation au grand public de l'horreur carcérale en France. Une « honte pour la République » a t'il été dit par beaucoup. Nombre de problèmes ont été soulevés, dénoncés. Des parlementaires à l'Église, en passant par diverses associations, tous ont eu l'occasion de s'exprimer sur le sujet dans une certaine unanimité.
Nous en prenons acte.

Mais comme toujours, la parole n'a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l'infamie carcérale, c'est à dire les détenu(e)s eux-mêmes !
La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C'est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.

C'est particulièrement au nom des détenu(e)s « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l'horizon n'est que désespoir et haine.
Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n'avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu'un substitut à la peine de mort.
Nous sommes là pour dire haut et fort que nul n'a intérêt à ce que nous nous transformions en « bombes humaines », car viendra le jour où nous serons libérés, où nous réintégrerons le corps social.

Qu'en sera t-il si des années durant, le système carcéral nous meurtrie, nous avilie, nous blesse jusqu'au plus profond de notre être ? Il est temps que cette réalité cesse, il est grandement temps que cette prison mangeuse d'hommes soit l'objet d'une révolution culturelle qui lui permette d'entrer dans ce 3e millénaire de façon plus digne.

Forts de notre expérience et au nom du respect de la dignité humaine et des droits fondamentaux de la personne humaine, nous exigeons que le gouvernement français prenne les mesures suivantes :

  • Premièrement : refonte de l'échelle des peines et alignement sur les pays aux conceptions pénales les moins répressives. En clair, nous revendiquons l'abolition des « longues peines », la fin des cumuls de peines qui font que des hommes et femmes aient des décennies de prison à purger, mais également abolition de l'insupportable peine de perpétuité. Il est reconnu par tous les spécialistes en la matière que passé un certain temps, la durée de la peine n'a plus aucun sens, qu'elle n'est qu'acharnement, vengeance, destruction de l'individu.
    L'an 2001 verra commémorer le vingtième anniversaire de l'abolition de la peine de mort. Voici l'occasion d'en finir avec les longues peines qui ne sont rien d'autre qu'un substitut à la peine de mort.
  • Deuxièmement : libération immédiate de tous les détenu(e)s atteints de maladies incurables. Mourir en prison est le sort le plus infâme que puisse vivre un être humain. Nous demandons que soit respecté le droit à mourir dignement, parmi les siens, hors du contexte carcéral.
  • Troisièmement : abolition des quartiers d'isolement et des mitards.
    C'est la fermeture pure et simple de ces outils ultra répressifs que nous exigeons. Ces lieux où bien trop souvent le droit est celui du plus fort, où le fonctionnaire devient bourreau, les morts suspectes trop nombreuses. Il faut en finir !

Voilà pour les mesures à prendre qui tiennent de l'urgence, car chaque jour qui passe est un jour que nous vivons comme une vengeance sociale qui nous serait appliquée et non pas comme une mesure de justice.

Mais la réalité carcérale présente est composée de bien d'autres mesures que nous tenons à dénoncer et voir changer dans les délais les plus brefs.
Il s'agit par exemple de l'impossibilité d'avoir des relations sexuelles, d'avoir des enfants, ou tout simplement d'avoir le droit à la tendresse. Autant d'éléments qui sont constitutifs des droits élémentaires de la personne humaine. Le projet extrêmement limité des Unité de Vie Familiale (UVF) qui toucherait 3 établissements sur les 187 actuels est une insulte qui nous est faite.
Sachant que nombre de pays ont déjà doté leurs établissements pénitentiaires de lieux de rencontres spécifiques pour les rapports intimes, pourquoi la France ne se lance dans pareil projet qu'à titre expérimental et donc limité ? Combien de décennies nous faudra t-il encore attendre pour que ces droits élémentaires nous soient reconnus ? Combien de familles, de couples, devront-ils se disloquer encore, avant que les décideurs politiques et autres fonctionnaires agissent de façon responsable, ou tout simplement humaine ?

Autre souci majeur ; la transformation des maisons centrales en annexes d'asiles psychiatriques.
De plus en plus de détenus n'ont rien à faire en prison. Leur état psychologique est incompatible avec la prison. Nous demandons qu'ils soient soignés dans des lieux adaptés. Nous tenons également à dénoncer le scandale des usages de produits de substitution dans le monde carcéral. Bien trop souvent, la tranquillité en détention a pour prix le maintien de détenus en état de dépendance à des drogues de substitution. Certains détenus se transforment même durant leur détention en drogués alors qu'ils ne l'étaient pas lors de leur incarcération.
Que penser d'une institution qui maintient et encourage des hommes et des femmes à la toxicomanie, avec les deniers de la nation ?

Nous exigeons également que l'on en finisse avec les mesures de censure. La violation permanente de notre courrier, de nos rencontres avec nos proches, nos familles, n'ont qu'un objectif ; nous imposer une autocensure qui aboutie à l'aliénation de la pensée et l'anesthésie des sentiments, mais également à terme à la disparition des liens familiaux. A qui fera-t-on croire que l'on veut nous réinsérer alors que l'administration pénitentiaire n'a de cesse que de nous couper de la famille en nous incarcérant à des centaines de kilomètres du lieu d'habitation de nos proches et que tout le fonctionnement de l'institution ne mène qu'à l'infantilisation et à la déresponsabilisation du détenu.

Dans la rubrique des réalités scandaleuses, comment ne pas évoquer le travail pénal ?
Pourquoi le droit du travail n'est-il pas appliqué aux personnes détenues ? Pourquoi le patronat français trouve t-il parfois plus d'intérêt à donner du travail aux prisons françaises plutôt que de délocaliser vers un pays du tiers monde ? La réponse est simple ; parce que le détenu est corvéable à merci et que les conditions offertes par l'administration pénitentiaire sont celles dont rêvent tous les esclavagistes modernes. Est-ce dans de telles conditions que l'on voudrait nous inciter à nous réinsérer dans la société par le travail ? Et que dire de ces salaires misérables qui ne nous permettent pas de rembourser décemment les dites parties civiles. Les décisions de justice en la matière sont sacrifiées sur l'hôtel du profit.

Autre motif d'exaspération, le désintérêt que porte l'administration pénitentiaire à la culture, à l'art, à ces aliments de l'esprit et des sens. Comment peut-on se construire ou se reconstruire si nous est niée cette part vitale de notre être, notre pouvoir de création, notre sensibilité, si la culture et l'art ne nous sont pas accessibles ?

Nous tenons à dénoncer ici, avec force, I'activité nocive d'une minorité extrêmement agissante du personnel surveillant pour qui le détenu est l'ennemi à abattre. Ces fonctionnaires refusant de respecter l'esprit des Lois, voire même souvent leur simple application, représentent un danger permanent pour l'institution en général, mais plus prosaïquement, pour la population pénale et pour leurs propres collègues. Il est temps que ces gens soient neutralisés par ceux dont la mission est la mise en application des textes et le suivi du bon fonctionnement des établissements pénitentiaires.

Par ailleurs, nous tenons à attirer l'attention sur la mise en application de la nouvelle loi dite de la présomption d'innocence. Nous craignons que là encore le corps des magistrats chargés de l'application des peines ne continue dans sa grosse majorité à appliquer les textes de façon on ne peut plus restrictive. Voilà des années que la politique menée en matière d'application des peines est un désastre. Il faut que cela cesse. Il faut que cesse l'acharnement dont les longues peines sont victimes de la part du secteur ultra répressif de la magistrature française. Nous refusons d'être plus longtemps les victimes de ces bourreaux assermentés.

Pour conclure cette liste non exhaustive, nous souhaitons dire combien il nous semble nécessaire, vital, que les autorités pénitentiaires s'attachent à remplir leur mission d'aide à la réinsertion des détenu(e)s. Force est de constater que nous, détenu-e-s des maison centrales de France, ne bénéficions pas de mesures allant en ce sens. Manifestement, la volonté politique n'existe pas, et les moyens mis en place sont quasi inexistants. Il nous paraît clair que l'on nous sacrifie, que l'on nous destine à la récidive systématique. Nous refusons de servir de matière première à la politique sécuritaire de l'État.

Bien évidemment, nous saluons tous nos camarades qui se trouvent présentement emmurés vivants dans les quartiers d'isolement, ainsi que ceux et celles qui subissent l'insupportable sanction du Mitard. Force, courage et détermination à toutes et à tous.
Un salut empreint de solidarité également pour tous les détenus se trouvant en maison d'arrêt. Les détestables conditions de vie en maison d'arrêt sont aujourd'hui connues de tous. Les changements s'imposent et vite !

Enfin, nous souhaitons adresser un message à tous les jeunes des cités, à tous les enfants du prolétariat et du sous prolétariat, à tous ceux et celles appartenant à la classe des sacrifiés du système. Hier, vos parents et grands parents, nos parents et grands parents, étaient transformés en « chair à canon », envoyés au front pour y crever en défendant des intérêts qui n'étaient pas les leurs. Aujourd'hui, c'est le destin de « chair à prison » qui nous est offert, qui vous est offert. Refusez cette tragédie, refusez cette logique. Prenez conscience de tout cela avant qu'il ne soit trop tard. Car les portes de prison se referment de plus en plus sur vous et de plus en plus longtemps, alors que les véritables délinquants, ceux qui vivent sur le dos de la misère, de notre misère, de toute leur arrogance, se goinfrent en rigolant de nos malheurs, de nos vies sacrifiées.

Site du journal : L'envolée, pour en finir avec toute les prisons : https://lenvolee.net/

Repas de soutien à Cadran - Atelier sur la Sécurité sociale de l'alimentation et discussion sur les dernières agitations agricoles

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Revenus pour les paysan-nes, urgences écologiques, droit à l'alimentation pour toustes, jonction ville-campagne, normes et flicage, pertinence de la lutte... L'actualité agricole récente a mis en lumière de nombreux enjeux. Cadran s'invite en ville pour nourrir les réflexions et les estomacs. Rendez-vous samedi 17 février à la Pagaille (17 rue Ernest Renan à Ivry)

Programme

12h30 : Repas de soutien à Cadran par la cantine du Chaud bouillon
2 menus : végétarien et végétalien.

Les appros sont achetées par Cadran à prix rémunérateur aux paysan·ne·s, et le repas de la cantine est à prix libre.

Cadran est l'acronyme de Collectif d'Aide à la Distribution, la Recherche et l'Approvisionnement en Nourriture. On peut aussi dire « collectif de ravitaillement ». Nous sommes sympathisant·e·s de la paysannerie et nous répondons à sa demande de lui trouver en ville des débouchés pour sa production.

Le concept : livrer en ville des produits bio ou label au prix de la ferme. En contrepartie, chacun·e est invité·e à donner un prix libre en plus du montant de sa commande. Avec le prix libre, nous retournons voir les paysan·ne·s et nous leur achetons à prix rémunérateur leurs surplus ponctuels, que nous redistribuons en ville à prix libre, aux cantines de quartier, aux collectifs d'habitant·e·s, aux femmes seules avec enfants, bref aux exclu·e·s des réseaux d'alimentation de qualité.
Contact : cadran@riseup.net

14h : Animation - Comment élaborer collectivement un projet de Sécurité Sociale de l'Alimentation de gauche ?

Un nouveau concept émerge d'organisations agricoles : la Sécurité sociale de l'alimentation. Au départ, une interrogation : comment assurer un droit à l'alimentation pour toustes ? Comment dépasser les limites de l'aide alimentaire actuelle ? L'occasion de s'interroger ensemble sur comment mettre en place un droit à l'alimentation effectif en s'inspirant de la Sécurité sociale de 1945 et des luttes sociales du XXe siècle.
On discutera notamment la pertinence de certains passages de ce texte :

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15h : Discussion - Comment concilier production alimentaire de qualité pour toustes et enjeux environnementaux ?

Retour sur les dernières agitations du monde agricole. On a vu fleurir ici ou là des appels à rejoindre la colère des agriculteurs et leurs actions échappant à la FNSEA, ainsi que des articles faisant l'amalgame entre agriculture anticapitaliste et Confédération paysanne. Au final, la FNSEA a été l'interlocutrice unique du gouvernement et a obtenu des reculs sociaux et environnementaux ; la Confédération paysanne a réaffirmé sa vision d'une agriculture lucrative pour une paysannerie nombreuse et bien rémunérée.
Discutons des possibilités de sortir l'agriculture et l'alimentation de leur statut de marchandise. Quelles luttes agricoles soutenir ? Où investir son énergie militante ? Quand jeter toutes ses forces dans la bataille ?

Coup dur pour la préfecture, récit de l'occupation de l'académie du Climat, le 6 février 2024

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Contre les expulsions, la loi Darmanin, et le fascisme d'État.

Le 6 février 2024, une cinquantaine de camarades sans papiers à la rue, principalement du collectifs des mineurs de Belleville et leurs soutiens notamment le collectif Paris XXe solidaire avec tou.te.s les migrant.es, s'étaient réunis Place Baudoyer, à proximité de l'hôtel de Ville, pour demander des solutions de logement alors que se tenait le conseil municipal de Paris. Avec la sournoiserie et l'opportunisme de caniveau qui la caractérise, la préfecture de police de Paris a envoyé ses agents, par 10 degrés, des souffles de vents à 30 km/h et alors que la nuit s'annonçait pluvieuse, pour détruire le campement situé au niveau du Pont Neuf où dormaient la majorité des camarades sans papiers présents au rassemblement. Les camarades d'Utopia 56 arrivés du rassemblement sur les lieux furent intimidé.es par la police, mais se débrouilleront plus tard dans l'après-midi pour récupérer une bonne partie des affaires. Voyant l'opération de police se dérouler en live sur le compte de cerveaux non disponibles, les camarades sont clairs : on reste là, on ne bougera pas, une solution d'hébergement maintenant !
L'après-midi avançant, des soutiens convergeant vers la place Baudoyer, et la détermination des camarades sans papiers ne flanchant pas d'un pouce, malgré les petits passages provocateurs de quelques agents d'une compagnie de Brav-M déployée sur la Place de l'Hôtel de Ville et la présence d'une vingtaine d'agents municipaux déployé.es sur la place Baudoyer, des dispositions sont prises pour permettre l'envahissement de l'Académie du Climat, donnant sur la place Baudoyer. La nouvelle se propageant dans d'autres campements des Quais de Seine, dont certains (Pont au Change, Pont Sully) étaient attaqués dans la continuité de l'opération débutée à Pont Neuf, nous ne sommes plus 50, mais 90, puis 110, puis 130, à l'intérieur du lieu. Celui-ci est beau, avec une cour intérieure spacieuse dans laquelle sont disposées des chaises et des tables de terrasses, la température est agréable dans l'ensemble du bâtiment, et quelques soutiens jeunes et déter se foutent de la gueule des bourgeois de l'académie qui nous assurent être intersectionnels, pour l'accueil de tous et très sensible à la question des sans papiers en même temps qu'il nous demande de partir. Des repas sont distribués, et de plus en plus de camarades des divers réseaux de soutien sont arrivés : une délégation se forme et part négocier avec la mairie.
L'occupation s'impose, la mairie n'envisageant pas de faire intervenir la préfecture, et ne pouvant de toute façon pas faire dormir les gens ailleurs qu'ici pour ce soir. 149 camarades sans-papiers dorment au chaud, et il paraît que l'affaire remonte au plus haut niveau (Attal'Seum !), car la mairie pète un cable contre la préfecture, dont les agissements qui consistent concrètement dans le fait de retourner les campements et de virer les gens, ne sont tolérables qu'à condition qu'elle ait donné son accord au préalable. 149 camarades sans-papiers dorment au chaud, mais les agents de la mairie les réveilleront à 6 heures du matin le lendemain pour qu'ils ne songent pas à y prendre goût. 149 camarades sans papiers dorment au chaud, mais ce ne sera pas un de plus, car on leur colle à tous un bracelet avec un QR Code pour être bien sûr de qui est qui. Le lendemain après-midi, des bus sont affrêtés et un gymnase est ouvert par la mairie de Paris, qui allume la préfecture par voie de presse. À ce moment-là, elle résiste encore à héberger les camarades sans papiers qui n'ont pas eu l'info à temps hier, et n'ont pas pu être mis sur les listes. Mais les soutiens, principalement jeunes et déters, restent mobilisés jusqu'au bout, et obtiennent finalement l'hébergement de toutes les personnes présentes, indépendamment des QRCodes.

177 camarades sans-papiers ont été mis à l'abris suite à la réaction spontanée et déterminée de 50 camarades sans papiers principalement mineurs et isolés et de leurs soutiens suite à une descente de police opportuniste. Du début à la fin, nous avons obtenu plus, puis plus, puis plus. Mais si nous devons affirmer une chose ici, c'est qu'il n'y a pas de victoire en politique. La rue bouffe la vie de milliers d'immigrés dans ce pays, mineurs ou majeurs. Il n'y a pas de victoire en politique, il y a seulement des dynamiques de victoires qui se construisent.
La lutte paye, la lutte continue.

Pas de Papiers Pas de JO !
Meublé pour tous, rue pour personne !
Nique les QRCodes !

Paname Anti-impérialiste.

Illu @crayondeluttes

Prison de la Santé, y'en a ras le bol des voisins vigilants

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

C'est un marronnier, un sujet qui revient chaque saison. On ne parle pas que des soldes et de la rentrée des classes, des chiffres du chômage, de la délinquance et de la surpopulation carcérale. On parle de ce que des voisin-es de la prison arisienne de la Santé appellent des « nuisances » qu'iels « subissent ».

C'est un marronnier, un sujet qui revient chaque saison. On ne parle pas que des soldes et de la rentrée des classes, des chiffres du chômage, de la délinquance et de la surpopulation carcérale. On parle de ce que des voisin-es de la prison parisienne de la Santé appellent des « nuisances » qu'iels « subissent ».
Pour ces habitants du chic 14e arrondissement, entendre les prisonnier.e.s, les voir depuis leurs fenêtres, torse nu à 40°C en été derrière leurs barreaux, et même que des proches leur rendent visite, c'est trop. Constitués en association, ces auxiliaires de l'administration pénitentiaire demandent l'installation de bâches sur l'école maternelle, voudraient des rideaux homogènes et que les objets accrochés aux barreaux soient interdits. Il faudrait cacher joliment les prisonnier.e.s quitte à ce que ces dernier.e.s n'aient comme horizon que les quatre murs de leur cellule.

Heureusement, presque chaque jour, chaque soir, des gens viennent saluer leurs potes enfermé.e.s, crier ou faire un feu d'artifice. Mais aussi discuter, s'embrouiller avec les matons pour un regard ou un retard après leur journée en semi-« liberté » avant de retourner au placard.

Keufs, matons et voisins, unis contre les « projections »...

Des colis sont envoyés par dessus les murs, souvent des téléphones pour communiquer avec l'extérieur, du haschich, de la bouffe, de l'alcool. Tout cela coûte cher, est difficile à se procurer ou interdit, les prisonnier.e.s se les font donc envoyer. Ça fait bien chier l'administration pénitentiaire et les matons qui voudraient avoir le monopole sur tout ce qui rentre et sort, pour protéger leur business et leur sécurité.

Les voisins viennent aider les matons en demandant depuis des années l'installation d'un filet pour bloquer les colis (projet rejeté pour l'instant, cheh ! ). Ils vont aussi demander dans la presse qu'il y ait plus de patrouilles de police qui passent pour arrêter les lanceurs. D'ailleurs la préfecture de police se targue d'avoir arrêté 141 personnes en 2023. On souhaite bonne chance aux prochain-es et bon vent à tou-tes celleux qui se sont pas fait-es toper !l

+ de prisons, + éloignées, + de prisonnier-es...

Pour pouvoir continuer à enfermer encore plus, alors qu'il y a de plus en plus de personnes entassées dans les taules, l'État ne cesse de proposer de nouveaux plans de constructions de prisons. Afin de les éloigner de la vue des « bons citoyens » l'administration pénitentiaire choisit de construire les nouvelles prisons en dehors des villes.

Pour les proches de prisonnier.e.s, cet éloignement des prisons de la ville et donc de ses transports en commun rend encore plus difficile l'accès au parloir. Dans certaines situations, les proches doivent même trouver un hébergement sur place car un aller-retour dans la journée n'est pas envisageable. En plus, un retard au parloir signifie pas de parloir ! Heureusement des solidarités existent et des proches s'auto-organisent.

Le but de la prison étant d'isoler les prisonnier.e.s du reste de la société, moins il y a de contacts possibles avec l'extérieur, moins les gens sont au courant de comment ça se passe à l'intérieur et mieux le système se porte. D'ailleurs samedi 20 janvier 2024 un détenu a été retrouvé pendu dans sa cellule de la Santé. Ça fout la rage pour lui et pour tout-es les autres. Briser cet isolement, c'est attaquer le système violent et mortifère de la prison.

Ugo Boscain y'a pas pire comme voisin

Si comme Ugo Boscain, président de l'association des riverains de la Santé, ou sa prédécesseuse Anne-Laure Peugeot, vous voulez un quartier sans encombres dans lequel la prison est cachée derrière des arbres ou des jeux pour enfants ; vous acceptez la prison si elle estsilencieuse, sans échanges avec l'extérieur ;
Sachez que ça n'arrivera jamais !

Tant qu'il existera des lieux d'enfermement, il y aura du bruit, des liens qui dépassent les quatres murs et des gens qui se révoltent !
Solidarité avec les luttes de prisonnier-e-s et des proches.

Vive la révolte contre l'enfermement
LIBERTE POUR TOU-TE-S

1e affiche :

2de affiche :

Tract a5 :

[Radio] La combativité syndicale en procès

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

L'émission Vive la sociale - FPP 106.3 FM - invite Tiziri Kandi et Claude Lévy, animateurs de la CGT-HPE (hôtels de prestige et économiques) à raconter les raisons du procès qu'ils ont essuyé et la défense qu'ils envisagent de mettre en œuvre. Dans ce cadre, une cagnotte est constituée pour les aider à faire face à leurs frais de justice : https://www.papayoux.com/fr/cagnotte/non-a-la-criminalisation-de-l-action-syndicale-1. Bonne écoute !

La combativité syndicale en procès

Claude Lévy et Tiziri Kandi, animateurs de la CGT-HPE (hôtels de prestige et économiques), ont, pendant plus d'une décennie, animé de nombreuses grèves de salariés du nettoyage dans l'hôtellerie parisienne, relevant pour la plupart de la sous-traitance*. Si ces grèves ont été gagnantes, c'est surtout grâce aux caisses de grève statutaires mises en place par le syndicat, alimentées par les dons des salariés qu'ils défendaient victorieusement devant les prud'hommes. Or Claude et Tiziri sont aujourd'hui très lourdement condamnés pour « escroquerie », un jugement clairement destiné à criminaliser un tel système. L'appel n'étant pas suspensif, une cagnotte est constituée pour les aider à faire face à leurs frais de justice :
https://www.papayoux.com/fr/cagnotte/non-a-la-criminalisation-de-l-action-syndicale-1
Le syndicalisme de lutte que Claude et Tiziri avaient ainsi su faire vivre a aussi trouvé des adversaires au sein même de la CGT. C'est ce que Claude et Tiziri nous expliquent, revenant sur les modes de financement et les conflits internes de la CGT.
* Pour un retour sur les grèves en question, vous pouvez vous reporter à nos émissions du 5 mai 2022, du juin 2021 et du 5 mars 2020.