PROJET AUTOBLOG


Paris-luttes.info

Site original : Paris-luttes.info

⇐ retour index

Rencontre-discussion autour du livre « À la rue » de Juliette Keating - Médiathèque Matéo Maximoff

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

La Fnasat-Gens du voyage et le Collectif Romeurope vous invitent à la médiathèque Matéo Maximoff (59, rue de l'Ourcq – 75019 Paris), le mardi 12 mars 2024 à 19h, pour une rencontre-discussion autour du livre de Juliette Keating et de Gilles Walusinski « À la rue ».

Cette rencontre sera aussi l'occasion de partager les expériences d'actions collectives, associatives et citoyennes, pour venir en aide aux personnes vivant en lieux de vie informels.
En présence de l'autrice Juliette Keating, du photographe Gilles Walusinski, de Célia Mougel, de l'Observatoire des expulsions de lieux de vie informels et de Clément Etienne, de Médecins du Monde et du Collectif Bidonvilles 93.

Été 2016, treize familles roms sont expulsées de leur lieu de vie et se retrouvent dehors dans la ville de Montreuil en Seine-Saint-Denis. Une cinquantaine de personnes sans abri, dont une vingtaine d'enfants, parmi les dix mille expulsées par les autorités cette année-là en France. L'autrice Juliette Keating et le photographe Gilles Walusinski participent à la mobilisation citoyenne qui s'organise autour des familles et demande leur relogement. Ensemble, ils documentent les faits au jour le jour…

Huit ans plus tard, on constate que les expulsions sont toujours trop nombreuses et majoritairement mises en œuvre sans que les droits fondamentaux des personnes ne soient respectés.

Les photographies de Gilles Walusinski, qui retracent le parcours de ces familles depuis leur expulsion en 2016 jusqu'en 2018, seront exposées à la médiathèque Matéo Maximoff du 8 mars au 21 mars 2024.

Réservation sur ce lien : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSeYVDTVkC24UKRJ6gOI1H3KeE7HOfEaRaceQukNijaFzmEzWw/viewform?pli=1

Leny Mauduit
Médiathèque Matéo Maximoff
Fnasat-Gens du voyage
59 rue de l'Ourcq
75019 Paris
Tél. : 01 40 35 12 17
Mail : documentation@fnasat.asso.fr

Vive les jeux du zbeul 2024 !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Bientôt c'est les JO, et on compte bien perturber la messe sans attendre la cérémonie d'ouverture ! Alors on appelle tous-tes celle-ux qui sont plus partisan-nes du feu de joie que de la flamme olympique à prendre part aux jeux du zbeul 2024. Un blog (zbeul2024.noblogs.org) et un compte twitter (@Zbeul2024) serviront à relayer des initiatives de zbeul antiJO, que ce soit là où se dérouleront les épreuves comme n'importe où ailleurs !

Bientôt c'est les JO, et on compte bien perturber la messe sans attendre la cérémonie d'ouverture ! Alors on appelle tous-tes celle-ux qui sont plus partisan-nes du feu de joie que de la flamme olympique à prendre part aux jeux du zbeul 2024. Des jeux sans médailles ni podiums, sans gagnants ni perdants, sans drapeaux ni logos d'entreprises, des jeux gratuits, inventifs et revanchards, auxquels peuvent participer dès maintenant tous-tes celle-ux qui souhaitent envoyer valser le monde qu'incarnent les JO. Le principe est simple : d'où qu'il provienne, peu importe l'art et la manière, chaque geste compte ! Que ce soit par des arrachés de drapeau national partout où il se trouve, le chapardage des mascottes présentes dans toutes les grandes surfaces, la traque des sponsors des JO présents en France ou à l'étranger, l'envahissement des boutiques des JO présentes dans de nombreuses grandes villes de France, la perturbation du passage de la flamme olympique par les professionnel-les de la flemme olympique, tous les coups sont permis !

Tant que certains auront des intérêts à la guerre ici et ailleurs, nous seront ravis de venir casser la vitrine consensuelle et pacifiste de l'unité des JO. Parce qu'on rêve d'un monde sans frontières et de mettre à bas le racisme et toute forme de discrimination, la compétition qui renforce le nationalisme nous inspire plus de rage que de fierté. Parce que nous souhaitons mettre à mal l'autorité sous toutes ses formes et reprendre le contrôle de nos vies hors du chemin de l'optimisation technologique des corps, l'entraînement à la compétition sportive tel que pratiqué pour les JO nous dégoûte. Parce que, de Paris à Rio et d'Athènes à Tokyo, il y a déjà bien trop de flics dans nos quartiers, de caméras à nos coins de rues, de QRcodes et de portails sécurisés, donnons-nous les moyens d'agir contre les jeux olympiques, de nuit ou de jour, à 3, 300, 3000, ou qui sait, à des millions !

On a tous-tes une raison de détester les JO. Ici ou ailleurs, l'événement olympique aux grands airs de fête nationale n'est qu'un prétexte pour prolonger les logiques sécuritaires pendant que chaque État représenté s'attache à réprimer salement toute révolte sociale. Ici ou ailleurs, les JO sont un moyen pour de grandes entreprises qui débordent déjà de pognon de s'engraisser encore plus pendant qu'on galère au quotidien sous le poids du travail, de l'inflation, de la crise du logement, des violences systémiques patriarcales, racistes, classistes et validistes. Chaque geste de révolte contre l'ordre établi est significatif. Pubs, chantiers, entreprises sponsors, les JO sont partout, nous aussi. Contre les JO et le monde qui les rend possible, laissons éclater nos rages, faisons fleurir les sabotages !

Beaucoup n'ont pas attendu 2024 pour s'opposer aux JO, et plusieurs autres propositions de zbeulage ont fleurit ces derniers temps, l'idée c'est de continuer de tenter ensemble de gâcher leur fête avant même qu'elle commence ! Un blog (zbeul2024.noblogs.org) et un compte twitter (@Zbeul2024) serviront à relayer des initiatives de zbeul antiJO, que ce soit là où se dérouleront les épreuves (Paris, Tahiti, Chateauroux, Marseille, Lille) comme n'importe où ailleurs, alors n'hésitez pas à transmettre textes et images de vos oeuvres via Twitter ou à l'adresse zbeul2024@riseup.net !

4 affaires, 7 relaxes. Retour sur les défenses du mouvement des retraites

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Dans ce texte, nous détaillons nos positionnements politiques pour une défense collective au tribunal à partir du cas de huit camarades inculpés pendant le dernier mouvement social.

Un mouvement social se traduit, comme on le sait, entre autres par de la répression et des poursuites judiciaires. Pour les autorités, chaque camarade inculpée est une occasion de comprendre le mouvement social et de générer de la jurisprudence pour mieux nous réprimer. Le travail coordonné de la police et de la justice cherche à nous isoler. Nous pensons donc qu'en plus d'intervenir dans la rue, nous devons répondre collectivement dans les tribunaux, en organisant le suivi juridique de nos camarades.

Nous pensons qu'il faut traiter tous les procès avec sérieux. Pour maximiser les chances de relaxe, il est nécessaire de préparer une défense solide sur la forme - les nullités et vices de procédure - et sur le fond - les faits reprochés. Cette préparation nécessite du temps, nous insistons donc sur la nécessité de refuser d'être jugée en comparution immédiate et de toujours demander un délai.

Pour réfléchir à une défense sur la “forme”, il est nécessaire de vulgariser le langage très codifié qu'est le droit, d'étudier sérieusement le dossier et de nous renseigner sur les jurisprudences existantes. Cette démarche permet de nous appuyer sur les garanties que nous apporte le droit. Ce savoir juridique nous apporte l'assurance et le pouvoir d'inciter les avocats à être plus combatifs, lorsqu'on pense qu'il le faut.

À partir des éléments du dossier, les flics et les juges ne cherchent pas à établir la vérité, mais à construire un récit, celui de leur vérité. Le travail de défense sur le "fond" consiste, entre autres, à exploiter le décalage entre leur récit et les preuves - matérielles ou prétendues - compilées dans dossier et à proposer un autre récit de vérité. Au récit de l'accusation, l'accusée oppose celui de sa défense.

À la suite du mouvement social contre la réforme des retraites de 2023, nous avons participé à construire la défense juridique dans quatre affaires. Sept camarades ont été totalement relaxées, un huitième a été relaxé du chef d'accusation le plus grave retenu contre lui. Les différentes défenses que nous décrivons dans ce texte ont été victorieuses du fait d'un travail collectif et méticuleux. Ainsi, nous insistons sur l'importance des lectures et réflexions collectives autour des dossiers, de la vulgarisation collective des textes de loi, et de la préparation des accusées à l'audience : échange, accompagnement par des camarades aux rendez-vous avec l'avocat. Ce processus permet de se saisir collectivement du droit, et permet à l'accusée de reprendre confiance, d'être à l'aise, pour ne pas se faire humilier ni marcher dessus par la justice moralisatrice et normalisatrice.

Dans ce texte, nous revenons sur ces quatre affaires et expliquons nos positionnements politiques pour une défense collective. Les récits ne sont pas des récits exhaustifs des plaidoiries, ils se concentrent sur les éléments, de la forme et du fond, qui ont amené à la relaxe.

4 affaires, 7 relaxes

Affaire de l'EHESS

Fin janvier 2023, au début du mouvement, des camarades se retrouvent en AG et décident d'occuper une salle du campus Condorcet. Alors que l'occupation commence à peine, une trentaine de flics débarquent et procèdent à une trentaine d'arrestations. Ils pensent faire un gros coup de filet, mais le président du campus s'engage à ne pas les poursuivre. Un seul camarade sera finalement poursuivi. Il sera accusé de violences sur personne dépositaire de l'autorité publique (PDAP) lors d'un transfert entre comico et de port d'arme de catégorie D (couteau).

Le keuf (PDAP) qui accuse le camarade porte plainte contre lui sans pour autant avoir fait de visite médicale. Sur le fond, il a été expliqué que la scène était confuse, violente et que le camarade a seulement tenté de se dégager du policier. Dans la construction du récit de la défense, les mots sont importants. Pour appuyer ce récit, la défense a fourni les témoignages de plusieurs autres interpellées qui étaient présentes lors de l'arrestation, au comico, ou dans le camion.

Il a été relaxé sur les violences !

Concernant le port d'arme, la photo jointe au dossier était celle d'un opinel 13 : un couteau de 30 cm. Les keufs ne l'auraient “découvert" que lors de sa troisième fouille. Lors de la garde à vue (GAV), les flics ont montré au camarade une photo d'un autre couteau, un petit couteau de camping. Le camarade a reconnu que ce couteau était le sien. Il est presque d'usage pour les flics de produire des procès verbaux, aussi peu rigoureux que malhonnêtes. Du fait de cette audition, la défense ne pouvait pas plaider l'absence de couteau. Il a donc été décidé de fournir la facture du vrai couteau et de plaider la légitimité de son port - le camarade était menacé. Cela a mené à une condamnation : amende avec sursis et interdiction de port d'arme pendant 3 ans.

Malgré la pression que les keufs peuvent mettre, ne rien déclarer en garde à vue est primordial afin que le dossier soit le plus vide possible. Dans la plupart des dossiers, les keufs n'ont pas de preuve tangible (même s'ils disent l'inverse) et la fonction de la GAV est d'en produire : par des déclarations voire des aveux. On ne se défend pas en GAV, on se défend au tribunal. Après avoir eu le temps, à tête reposée, de lire le dossier et réfléchir à la façon dont on veut se défendre.

Vide et mouvant

Lors d'une manif de janvier 2023, un camarade est interpellé. Il finit par sortir libre, avec une convocation pour une audition libre au comico. Il s'y rend et se voit donner une date de procès. Il est accusé de violences sur PDAP avec plus de 8 jours d'ITT. Nous conseillons de ne jamais se rendre à une convocation au commissariat, pour ne pas faciliter le travail de la justice. S'ils ont vraiment quelque chose contre nous et veulent nous poursuivre, ils emploieront de plus grands moyens (mandat d'amener). On y gagne toujours du temps, et souvent, le dossier se perd, sans procès.

Le dossier est vide, le camarade a tenu le "Rien à déclarer" pendant toute la durée de sa GAV : aucun élément supplémentaire n'est versé au dossier. En plus d'être vide, ce dossier est construit n'importe comment. L'accusation évolue toutes les deux pages : “violence sur PDAP” sans ou avec ITT, plus ou moins longue, aucune victime, puis “groupement en vue de” apparaissant uniquement sur la convocation au procès.

Parmi plusieurs grossièretés du dossier, un procès verbal (PV) fait débat : le document attestant de la compatibilité de l'état de santé avec la garde-à-vue. Ce dernier a été modifié par le médecin afin de l'autoriser malgré la blessure constatée du camarade. D'autres accusées de la même manif ont un document similaire dans leur dossier. Cette bizarrerie, abusive mais loin d'être un cas isolé, est plaidée par l'avocate et appuyée par le récit du camarade. Lors de cette manif, les keufs ont chargé et fait pleuvoir les coups de matraque avant d'interpeller à l'œil, sans aucun motif. C'est ce que retranscrit le dossier et le récit du camarade.

Il est relaxé !

L'affaire des sandwichs

Un camarade est interpellé à la fin d'une des premières manifs du mouvement des retraites. Il est accusé d'avoir désarrêté une personne avant de s'être lui-même opposé à son arrestation.

Il sera poursuivi en justice pour : 1- groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations et 2- rébellion, ainsi que pour deux délits qui s'ajoutent lors de la GAV : 3- refus de prélèvement ADN, 4- refus de donner la clé de chiffrement d'un moyen de cryptologie (code de son smartphone).

Les éléments matériels qui appuient ces accusations sont le contenu de la fouille et un appel téléphonique à l'agent interpellateur. La fouille contient un cache-cou, des lunettes de piscine et une photo floue, mal cadrée d'objets pyrotechniques. (L'appel à l'agent arrive presque 2 jours après les faits présumés. Ce délai de réflexion lui permet d'enjoliver sa première version et de parler de coups de pied donnés par le prévenu.)

Le camarade se voit notifier ses droits deux heures après le début de sa GAV. Pour justifier de cette notification tardive, un procès verbal (PV) de circonstances insurmontables est joint au dossier. Ce PV doit témoigner des circonstances insurmontables 1) sur le terrain et 2) propres à une interpellation précise. Ici, ce PV a été rempli par un flic de bureau, bien au chaud, bien loin de la manif. De plus, la manif s'était déroulée plutôt calmement, en ont témoigné des articles de journaux, il n'y avait donc aucune circonstance insurmontable. Ces deux points, plaidés à l'audience, démontrent la nullité juridique du PV. Il annule donc le PV de notification tardive des droits et tous les actes qui en découlent : l'entièreté de la GAV, dont les accusations de refus d'ADN et de crypto.

Sur les éléments matériels : de par les objets imputés lors de la fouille, l'accusation tente de lui attribuer un profil de "casseur", "black bloc". Il explique que le port du cache-cou sert à se protéger du froid en janvier. Les lunettes de piscine (nous recommandons plutôt des masques qui englobent l'arcade sourcilière) servent à se protéger des gaz. Les objets pyrotechniques ayant été détruits, aucune précision ne peut être ajoutée sur leur nature, il est plaidé qu'il s'agissait de fumigènes festifs.

Au manque de preuves matérielles pour accuser le camarade de rébellion et groupement, il répond une défense claire. Il explique qu'à la fin de la manifestation, il quitte le parcours avec le cortège de SUD-rail qui distribue des sandwichs. Alors qu'il mange son sandwich, il voit une dame par terre et s'empresse de lui demander comment elle va, avant d'être poussé par terre par un policier.

La preuve est à la charge de l'accusation. Ce récit cohérent allant à l'encontre de celui des keufs permet de montrer que les preuves pour l'incriminer sont manquantes.

Après 11 heures passées au tribunal un jour d'été, il est relaxé des quatre faits !

Affaire des 5 de Clichy

Après le 49.3, dans un contexte de manifs sauvages nocturnes à Paris, 5 camarades se font arrêter dans la rue, aux abords d'une permanence LREM. Ils sont repérés et interpellés par la BAC puis placés en garde à vue. Deux poignées de fer sont trouvées à côté d'eux.

Ces deux poignées, nommées "barres" de fer sont jointes au dossier sans être dans la fouille d'une personne précise. Hormis cet élément matériel fragile, le dossier sera rempli par les réponses données lors des différentes auditions et par les informations présentes dans leur téléphone. Pour éviter ce genre de problème, nous recommandons de ne pas prendre son téléphone en action, ou le cas échéant, de refuser de donner son code de téléphone.

Les 5 sont accusées de groupement en vue de commettre des violences ou dégradations, en l'espèce, avec deux barres de fer.

Une camarade refuse de donner son ADN. Un autre refuse de donner son code de téléphone. Lui aura gardé le silence durant toute la durée de sa gav, y compris quand on lui demande son code de téléphone. Tenir le "rien à déclarer" lorsque ces questions sont posées peut permettre, au procès, de jouer sur le flou du refus et d'adapter la défense.

Pour prouver la participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations, il y a besoin d'une caractérisation morale et matérielle de ce groupement, pour chaque prévenue. C'est-à-dire que l'accusation doit, d'une part, prouver que la prévenue y participe sciemment, dans le but conscient de commettre des violences ou dégradations. Elle doit également prouver que la participation est caractérisée par un fait matériel.

Ici, l'élément matériel que constituent les barres de fer est plus que fragile : elles sont trouvées à proximité de l'interpellation, chaque personne affirme ne pas savoir de quoi il s'agit. Et, elles ont été détruites : une quelconque enquête pour établir leur appartenance n'est plus possible. Elles ne sont attribuables à personne. La caractérisation morale est également compliquée à prouver. Si la permanence LREM a pu être évoquée dans les informations récupérées par les flics, aucun plan précis n'est évoqué, tout est assez flou.

L'avocate plaide ce double manque concret de caractérisation. Les prévenus, eux, racontent leur soirée et leur déambulation. Les concernés, eux, expliquent les messages présents dans le dossier. Le fait d'être à proximité d'une permanence, même dans un contexte où certaines se font attaquer, ne prouve rien.

Tous sont relaxés !

Principes et positionnements politiques pour une défense collective

Nous pensons qu'une défense collective, profitable au mouvement et à tous les camarades, doit combattre les logiques de dissociation, d'innocentisme, et de défense de profil.

Cela implique une stratégie dite « de rupture » avec le tribunal. Par cela, nous entendons le fait de refuser de répondre aux attentes de la justice qui nous voudrait dociles : qui attend de nous que l'on se plie à ses règles morales, que l'on s'excuse de choses qu'on aurait faites ou non. C'est adopter cette posture, qui dépasse le débat moral et la justification personnelle, qui permet d'amener la lutte sur le terrain du droit et vise à reprendre l'offensive.

Toutefois, nous ne prônons pas une offensive frontale, claire et énoncée. Nous pensons, à l'heure actuelle, que les débats politiques doivent avoir lieu entre camarades et non au tribunal. Notre but est de rester dans la matérialité des procès et de gagner, pour un mouvement social plus fort. Pour ce faire, nous pensons qu'une connaissance des procédures, des jurisprudences, des lois et de leurs failles ne peut que nous être bénéfique : le droit nous apporte des garanties, utilisons-les.

Refuser l'innocentisme, c'est refuser de s'intéresser à l'innocence ou la culpabilité des camarades dont on fait le suivi. En dépit des désaccords stratégiques et politiques qui peuvent exister, ce qui nous intéresse est de nous défendre collectivement de notre ennemi commun : la justice. Cela passe, lors de l'audience, par le fait de se défendre sur le plan matériel et non moral : se défendre de l'absence de preuve suffisante, ne se concentrer que sur ce qui nous est explicitement reproché, refuser de tenir un discours larmoyant sur sa prétendue innocence, etc.

Le refus de la dissociation en découle. La dissociation, c'est le principe de dissocier les "bonnes" des "mauvaises" manifestantes, catégories créées par les keufs et les juges, et de se placer du "bon" côté. Dire qu'on est une bonne manifestante, c'est, de fait, discréditer des pratiques et insinuer qu'il y en a des mauvaises. La dissociation va toujours dans le sens de la répression et joue contre notre camp. Toutes les manières de manifester et de se révolter existent et peuvent être pertinentes. Si elles peuvent être discutées, nous pensons que cela doit se faire entre camarades et certainement pas auprès de nos ennemis.

La justice cherche souvent davantage à punir des individus et leurs opinions que des faits. Elle cherche à adapter, individualiser la peine. Matériellement, cela se traduit par le fait que les personnes qui ne répondent pas aux attentes de l'ordre établi (avoir un travail, une famille, un logement, une conduite "exemplaire") se retrouvent de facto en position défavorable face à la justice et écopent de peines plus lourdes.

Refuser la défense de profil, c'est refuser cette individualisation. C'est d'abord, quand on est déférée (quand on va au tribunal après la GAV) refuser de répondre à l'enquête sociale. Cette étape est vicieuse car l'enquêteur social est présenté comme une sorte de psy sympa, à qui on a envie de parler, mais c'est un keuf, il ne faut rien lui dire. C'est ensuite refuser, lors du procès, de répondre aux questions sur sa personnalité. C'est affirmer, verbalement, qu'on ne souhaite être jugée que sur les faits dont on est accusée. Cela permet de niveler les différences de jugement, c'est une façon concrète d'être solidaire des marginaux en tout genre. Mais c'est aussi refuser de laisser les juges et les procs s'immiscer dans notre vie privée, juger notre intimité. Nous ne leur devons rien.

Ce texte a pour but d'expliciter et diffuser nos pratiques et les idées qui y sont liées. Nous espérons qu'il donnera de la force à toute personne qui devrait un jour faire face à la justice, qu'il donnera la force de se mobiliser et de ne pas se laisser abattre. Dans un contexte où le gouvernement annonce vouloir dissoudre un groupe qui prône et applique ces mêmes pratiques, il nous parait plus qu'important de réaffirmer leur pertinence, ainsi que notre soutien à la Défense collective Rennes.

N'hésitez pas à nous contacter si vous avez besoin d'un suivi juridique, à suivre nos formations pour faire face à la justice, à vous doter et à diffuser nos tracts "Que faire en cas d'arrestation ?".

De la rue au tribunal, Riposte collective !

Point de situation sur la ZAD contre l'A69 au 29 Février 2024

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Appel à soutenir la ZAD contre la contruction de la A69 entre Toulouse et Castres !

La ZAD s'installe et se pérennise : nous occupons deux sites sur le tracé (Crém'arbre et Cal'arbre) dont un est assiégé, et avons trois lieux légaux safe (Bacamp, Hangar et Labo).

N'hésitez pas à venir passer quelques jours, semaines, mois, toutes les énergies, idées et perspectives sont les bienvenues pour créer ensemble des nouveaux mondes.

Vous pouvez aussi aider de loin, en organisant des réunions d'informations, faisant de l'affichage, collectant des fonds et du matériel. Écrivez à lacremarbre@proton.me pour obtenir des supports d'information ou organiser avec nous une réunion d'information dans vos lieux préférés : cafés assos, bars militants, facs, parcs, squats d'activités, usines désaffectées ou hangars paysans !

<style type="text/css"> .balise-article-modele article { padding-top: 0.5rem; padding-right: 0.5rem; background-color: #f6f6f6; border-width: 2px 0px 2px 0px; border-style: solid; border-color: #a30006; margin-bottom: 1rem; } .balise-article-modele a { display: inline-block; text-decoration: none !important; } .balise-article-modele h4 { display: inline; margin: 0; font-size: 1.1rem; line-height: 1.6rem; font-weight: 400; color:#a30006; } .balise-article-modele h4 span { color: #696969; } .balise-article-modele p { font-size: 0.889rem; line-height: 1.5rem; margin-top: 0.4rem; color:black; } .balise-article-modele time { font-size: .8rem; color: #696969; font-style: normal; }

Une première affiche est disponible ci-dessous, on vous invite à l'imprimer en masse et la coller partout.

Nos dernières infos, automédia et listes de besoin passent sur le canal Telegram, tandis que le forum Signal est un espace de discussion et d'échange entre habitant.es et soutiens. Le lien de la cagnotte est ci-dessous.

Canal Telegram InfoZAD  : t.me/InfoZAD_A69

Forum Signal Public ZAD (attention à ne pas divulguer d'informations utiles à la police) :
https://signal.group/#CjQKIBS4WxrNANgcBh8o7vZW67F-hGFSUuzUQ5BjHVFgFo0iEhBoHtlo9blm-pZKfeiMaYAc

Cagnotte :
https://opencollective.com/xr-toulouse-et-alentours/projects/soutiens-a-la-cremarbre

Tous incompétents ! - Tract contre France Travail et l'insertion professionnelle

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Tract écrit contre France Travail, au sujet des pressions et de l'incitation à l'insertion professionnelle, notamment par le biais de l'acquisition de pseudo-compétences que France Travail cherche à ajouter à notre dossier pour nous forcer à aller au boulot !
Pour se faire réformer : Devenons tous incompétents !

TOUS INCOMPÉTENTS !

Pôle Emploi est devenu France Travail ! Beau cadeau de nouvelle année de la part de l'État, le service qui vise à instaurer le « plein emploi » dans ce pays change de nom mais pas d'esprit : il va surtout aller encore plus loin dans le contrôle permanent des chômeurs, des RSAstes et des précaires pour instaurer un dilemme clair et limpide à tout ce petit monde : le travail ou la radiation ! Mais vu que le plein emploi n'existe plus depuis longtemps (Dieu merci !) – bien que tous les travaillistes, du gouvernement à la CGT, fassent semblant de ne pas le savoir – on a plutôt affaire ici avec la forme du travail, avec le temps qu'il prend à nos vies qu'il s'agit de ne pas laisser « s'éloigner de l'emploi », sous des formes dont l'absurdité ne fait que s'accroître : travailler à sa propre insertion pour en faire travailler d'autres à nous insérer.

France Travail, Pôle Emploi en pire

Avec la création du « Réseau pour l'Emploi » dont France Travail est maintenant la seule porte d'entrée (tous les sans-emploi auront l'obligation de s'y inscrire), l'État rassemble tous les organismes, publics et privés, chargés de l'emploi et de l'insertion, dont les agences d'intérims par exemple, dans un seul et même réseau, pour optimiser leur mainmise sur les allocataires.

Les chômeurs, les RSAstes (et leur ménage éventuel), les personnes accompagnées par les missions locales et les personnes handicapées en insertion auront toutes et tous l'obligation de s'inscrire sur les listes de demandeurs d'emplois, et seront liés à France Travail par le Contrat d'Engagement. Ce Contrat d'Engagement oblige “tous les inscrits en tant que demandeurs d'emplois à France Travail” (donc RSAstes, chômeurs, Contrat Engagement Jeune mais aussi potentiellement les bénéficiaires de l'allocation adulte handicapée) à 15 à 20h d'activité hebdomadaire en contrepartie de leurs allocations : ateliers, formations, « mises en situation professionnelle » (est-ce jouer à mimer le travail ? pour rester habitué ?), et ce, sans maximum d'horaires. Pour les employeurs, c'est bien pratique : aucun salaire ni cotisation à verser et une main d'œuvre en plus pour faire les sales besognes, à flux tendu, 3 jours ici, 2 jours-là, sans aucune garantie de poste dans le contrat.

Si le Contrat d'Engagement n'est pas respecté, France Travail pourra mobiliser une nouvelle mesure : la « suspension-remobilisation » : les allocations seront suspendues et versées rétroactivement si l'allocataire suspendu se remet à respecter le Contrat (avec peut-être la mise en place d'un maigre reste à vivre, ce qui n'a pas encore été décidé) : travail ou suspension ! Mais une fois suspendu, remobilisation, donc retravail mais en plus martial ! Une sorte de rééducation au travail par le chantage au revenu, en somme.
Outre ces mesures, depuis un certain moment, l'État durcit l'accès à l'assurance chômage en incitant les entreprises à signaler les travailleurs refusant des CDI, en mettant en place une présomption de démission en cas d'abandon de poste, en prévoyant des mesures pour limiter le nombre de ruptures conventionnelles ou en annonçant la suppression de l'ASS, dans le but de réduire drastiquement le nombre d'allocataires de l'assurance chômage. Le changement de l'âge plancher et l'allongement des années de cotisations pour l'accès à la pension-retraite relève de la même logique.

Le Réseau pour l'Emploi est aussi le moyen pour l'État d'avoir à disposition des données importantes sur tous ceux et celles qui zigzaguent entre chômage, RSA, un peu d'emploi puis re-chômage, afin d'adapter sa manière de les remettre au boulot : les données dont disposait Pole Emploi, les données sociales (situation familiale, hébergement) et les données médicales notamment pour les gens en situation de handicap, seront normalement disponibles pour les acteurs, privés et publics, du Réseau pour l'Emploi. En termes de santé par exemple, on se retrouve avec des Parcours Emploi Santé, composés d'entretiens réguliers avec des psys et des professionnels du monde de la santé, dont l'exercice du métier est maintenant uniquement orienté vers la reprise du travail du patient-allocataire. Ces professionnels sont employés afin par exemple de vous aider à identifier quels sont les gestes que vous ne pouvez pas faire pour raisons de santé et, par voie de conséquence, ceux que vous pouvez faire sans être gêné, histoire de bien établir quels emplois il serait possible de vous proposer afin de vous remettre au travail. D'ailleurs, les professionnels qui vous accompagnent sont tenus à un respect de la confidentialité, SAUF envers votre conseiller Pole Emploi/France Travail, celui-là même qui veut vous envoyer au turbin ! Finie la santé au travail, concept qui était déjà bien douteux tant le travail participe à l'esquinter, maintenant c'est la santé POUR le Travail !

Ne nous insérons jamais !

Face au refus des tire-aux-flancs qui ne veulent pas aller au charbon, France Travail va bien évidemment continuer la fameuse « mission d'insertion professionnelle » qu'avait Pole Emploi. Et cette insertion, qui est un business à part entière avec ses acteurs, son marché, son économie, passe de manière assez centrale par l'acquisition progressive d'une multitude de compétences, qui n'en sont d'ailleurs pas vraiment, et qui peuvent être résumées par le réflexe pavlovien de tout bon conseiller en réinsertion : le savoir-être professionnel. Tout un arsenal de concepts évanescents établis par des chercheurs en sciences de l'éducation (qui trouvent là un débouché formidable pour leurs recherches) est mis en œuvre pour rendre soi-disant transparent le cadre dans lequel se retrouve pris l'allocataire en insertion. Des cohortes d'agents d'insertions travaillent à expliquer à des petits groupes de futurs insérés, à coups de stabilo sur des tableaux veleda, la différence fondamentale entre savoir, savoir-être et savoir-faire, savoir transversal et savoir relationnel, catégories nébuleuses qui ne servent qu'à faire croire que tout ça est pour le mieux dans le meilleur des mondes bien pensé et bien rangé... et faire avaler la couleuvre qui est : aucune qualification n'est nécessaire ni prise en compte pour travailler, la seule vertu, le seul apprentissage, la seule formation, c'est l'obéissance.

Dans les chantiers d'insertion par exemple, sorte de contrat précaire de 4 mois renouvelables 5 fois, on vous fait signer un contrat de « salarié polyvalent » à disposition de votre employeur (bien souvent la communauté de communes ou une autre entité administrative, qui peut vous envoyer faire ce qu'il veut). En quelques mois, il est possible d'enchaîner un bon nombre de tâches différentes, surtout dans les secteurs les plus difficiles (BTP, aide à la personne, secteur du nettoyage industriel, manutention…) où vous êtes la plupart du temps en aucun cas qualifié et dans des conditions de travail difficiles ou dangereuses. Peu importe, on apprend en faisant pour Pôle Emploi, et vous ressortez de ces quelques mois ou années avec un CV bien rempli, bardé de plein de nouveaux « savoir-être » et perclu de nouveaux « savoir-faire » transversaux et relationnels que vous, et surtout votre conseiller, pourrez mobiliser pour vous trouver un emploi ! Et vous voilà chair à canon de la remobilisation, nouvel Ouvrier Spécialisé de la restructuration actuelle du capital, la chaîne se diversifie, vous êtes prêt à tout accepter, votre contrat le stipule : vous êtes POLYVALENT.

Cette obsession pour les compétences et les savoirs-êtres est un leitmotiv pour les patrons et l'État, qui se voit de manière criarde dans le système scolaire. Dès le plus jeune âge, les élèves sont jugés en fonction de compétences qu'ils ont acquises ou pas, et qui peuvent dépasser les disciplines strictement scolaires pour déborder sur les fameuses « compétences psycho-sociales ». Plus de mauvais élèves : tout le monde acquiert les compétences en question puisqu'elles sont pour l'État la clé de votre employabilité polyvalente : le système se veut formidablement inclusif et intégrateur. Couronnement du parcours d'acquisition de compétences « de la maternelle au marché de l'emploi » que se veut maintenant l'école, le SNU viendra apporter aux adolescents son surplus d'apprentissage de l'obéissance, du respect des institutions et du sacrifice de la vie pour la Nation, avec sa dose de caserne et sa dose de service civil pour fabriquer les petits soldats bardés de compétences de la remobilisation. L'objectif est bien de conformer tout un chacun à ce que les patrons et l'État veulent de nous : arriver à l'heure, bien bosser, bien respecter, bien fermer sa gueule face à la hiérarchie et repartir chez soi, heureux d'avoir contribué au « plein-emploi » et au « réarmement économique de la nation » si possible !

Alors que ces dispositifs ont déjà été expérimentés dans plusieurs départements et qu'ils sont voués à être généralisés le 1er janvier 2025, il est urgent de commencer à se mobiliser contre ces mesures qui visent à généraliser l'exploitation et forcer les récalcitrants !

Ils veulent nous insérer dans le marché du travail, en nous rendant compétents, pétris de « savoir-être » et perclus de « savoir-faire » ! Continuons à trouver les moyens de tirer au flanc !
Esquivons autant que nous pouvons leurs chantiers de réinsertion où nous sommes une main d'œuvre larbinisée idéale à peu de frais pour l'État et les patrons, fuyons leurs formations visant à l'acquisition de compétences et de savoirs, qui sont des arguments en plus pour qu'ils nous trouvent un emploi.

Refusons cette vie au travail qui ne ressemble qu'à une longue punition.
À la guerre comme à la guerre, trouvons les moyens de se faire réformer
Devenons tous incompétents !

Contact et récits d'incompétences : tousincompetents@proton.me

Février 2024
Des Chiens d'la casse