Site original : Paris-luttes.info
Bref retour sur les émeutes des banlieues de 1990-91
Cinq nuits d'émeutes à Vaulx-en-Velin ont fait voler en éclats ces 10 dernières années de pacification sociale menée par la maison de commerce Mitterrand, Marchais & Co. La palme d'or en revient au trèèès distinguééé boutiquier Pierre Joxe qui nous déclara sans rire et sous le serment de la bonne foi que : « le renforcement de la police, c'est ce que j'ai fait de plus utile depuis que je suis au gouvernement ».
La fête a duré du 6 au 10 octobre 1990, d'abord pour venger Thomas Claudio, « pare-choqué » par des flics, ensuite pour se venger soi-même et se servir sans servir. Des centaines d'émeutiers et des milliers de « mains innocentes » se sont offerts les plus fabuleuses soldes de leur vie, écrasant mieux que Mammouth les prix de la marchandise. Le Centre Commercial et l'Intermarché sont intégralement pillés puis incendiés. Des groupes organisés affrontent sans relâche les CRS, qui sous la pression ne doivent, à certains moments, leur salut qu'à la fuite ou à l'intervention des pacificateurs et autres pompiers sociaux. Des voitures sont brûlées, d'autres tourbillonnent dans d'infernaux rodéos nocturnes. Ainsi donc, Vaulx-en-Velin, à la pointe de la réhabilitation sociale et citée comme exemple, n'a pas résisté au replâtrage et à la rénovation des empêcheurs de révolutionner en rond.
Et pourtant, tous les spécialistes du maintien de l'ordre bourgeois croyaient avoir accompli leur basse et méprisable besogne : des flics de tous poils quadrillant notre espace militarisé jusqu'au racket puant d'Harlem Désirant-la-paix-sociale qui n'ose plus montrer sa trogne de vautour dans nos ZUP de peur de se faire lyncher. Tout avait été prévu.
Mais, rien n'y fait !
Notre haine générée par ce système de merde est plus forte que tout. Partout, la bourgeoisie nous enferme dans son univers concentrationnaire. Des clapiers déshumanisés des banlieues où s'entasse le trop plein de bras inutiles, jusqu'aux hideux bagnes industriels où des millions de citoyens décervelés perdent leur vie à la gagner, ce système de mort nous condamne à végéter dans une misère sociale toujours plus pesante, toujours plus IN-humaine.
Enfermés comme des fauves dans nos murs de béton armé jusqu'aux dents, suintant l'ennui et la névrose. Rivés devant nos téléviseurs, étalant leur bêtise à la Sabatier, laveurs de cerveaux et anesthésieurs de nos révoltes. Spectateurs d'une vie irréelle, alors que notre propre existence n'a jamais cessé de nous échapper. Encadrés par une chiée d'éducateurs, de sociologues, de psychologues, d'assistants sociaux, d'urbanistes, d'architectes, de géomètres qui ont le trouillomètre à zéro devant nos accès de rage et notre refus viscéral de leur monde en carton-pâte. Cette vie est devenue IMPOSSIBLE !
Aux 4 points cardinaux de l'enfer capitaliste, la rage destructrice se répand comme une traînée de poudre. De Vaulx-en-Velin à la Réunion, d'Argenteuil à Sartrouville et aux manifs soi-disant lycéennes — raisonnables et responsables — qui dégénèrent en bastons si pas en pillages joyeux où tout le monde se sert allègrement, les enfants de la colère descendent de leurs banlieues pourries et menacent d'embraser Babylone, rayonnante d'éclats de lumières artificielles et regorgeant de ses marchandises putrides et faisandées.
Dans les semaines et les mois qui suivent l'explosion de Vaulx-en-Velin, on remet ça encore et toujours plus fort. Les lascars sortent de leurs trous à rats et de leurs caves pour déterrer la hache de guerre, pour reprendre les armes des jeunes Apaches du début du siècle, ces banlieusards relégués dans des dépotoirs aux portes de Paname-l'enfer. Quand le vin est tiré, il faut le boire. Et à force de bousiller cette société qui nous détruit, nous finirons ivres de joie. L'incendie social s'annonce gigantesque. Tous les spécialistes du maintien de l'ordre social en prennent pour leur grade. À l'initiative des lascars de Vaulx-en-Velin et des jeunes Apaches, un nouveau dialogue est inauguré avec les représentants du spectacle médiatique, qui à coups de photos et de vidéos balancent aux flics nos frères de luttes les plus acharnés : le cassage de gueule et de matériel de tout ce que la racaille journalistique dépêche sur le terrain. L'ennemi est repéré : le journaliste n'a jamais été l'écho de nos combats, le porte-voix de nos revendications que cette société ne pourra jamais satisfaire, puisqu'il s'agit de passer sur le corps en décomposition de ce vieux monde dont les journaleux sont parmi les plus ardents défenseurs. Leur liberté d'expression et de désinformation se résume à travestir nos besoins fondamentalement humains pour les encadrer dans une contestation négociable, digne et responsable, pour les résumer à un simple cri désespéré dans le désert de cette non-vie planifiée.
Nos révoltes, nos haines, nos luttes ne peuvent être réduites à ce pillage médiatique, à ce cloisonnement du spectacle de 20 Heure. Fais gaffe à toi, journaleux de mes deux, ton rôle de flic est mis à jour, tes jours sont comptés, comme cette société que tu sers ! La chasse aux flics déguisés en journalistes, en photographes, en caméramen est ouverte, à chacun son trophée de guerre. Partout où tu te permets de fouiner, tu risques ta peau. Partout dans nos ghettos de mort ou dans nos luttes, tes collègues se font proprement tabassés et faucher leur matos. Ça s'appelle les risques du métier, et ton boulot méprisable en comportera de plus en plus, sois-en sûr.
Une simple étincelle suffit à embraser les citadelles du luxe. Les tambours de notre guerre que nos maîtres croyaient à tout jamais enfouis sous la chape de plomb de leur paix sociale se mettent à nouveau à raisonner. Leurs échos s'amplifient au loin annonçant la tempête salvatrice. Tous les ingrédients, tous les matériaux de base générés par ce système de misère sont à portée de nos mains pour que détonne aux oreilles frilleuses des bourgeois abasourdis, la gigantesque explosion sociale des miséreux qui crient vengeance, qui hurlent leur haine sanguinaire. Nos ennemis ne savent plus où donner de la matraque. La tempête semble se calmer pour quelques temps ici, et c'est l'ouragan social qui balaye tout là-bas. Le Chaudron volcanique a fait exploser la Réunion les 24, 25 et 26 février, savourant une fête mille fois plus grandiose que Vaulx-en-Velin n'a pu en vivre. Des centres commerciaux, des super-hyper-marchés sont pillés puis incendiés dans cette banlieue pourrie où le luxe et la richesse côtoient des masses de « chômeurs et de déclassés », euphémisme socio-bourgeois pour dire les prolétaires. Des banques et des commissariats sont saccagés, des voitures et des barricades sont enflammées. A la Réunion, comme n'importe où, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Des jeunes prolos sont entassés dans des cloaques-ghettos, des dépotoirs de bout du monde, suspendus à quelques minables allocs de chômage et autre RMI de survie (une des grandes victoires socialistes !).
Agitez ce mélange explosif et rien d'étonnant (détonnant !) que le tout vous saute en pleine gueule. Car bien sûr, et Rocard le sinistre premier de classe l'a bien compris, la Réunion constitue un « problème social grave », d'autant plus qu'elle n'est pour les bourgeois pas assez rentable. Il n'est pas question de nous laisser embobiner par les conneries sur le « peuple créole » débitées par « le salaud lumineux » Vergès et sa maffia familiale. Ni d'ailleurs par le sous-spectacle de Télé Free-Dom dont le dirlo appelle au calme pendant les pillages et tente de canaliser les émeutiers avec son service d'ordre. Les bourgeois se reconnaissent partout dans ce monde, par leur manie de nous exploiter ou de nous laisser crever à petit feu dans la pire des misères. Notre problème, c'est notre survie dans cette jungle de richesse et nos moyens pour nous en sortir collectivement quand le pouvoir désire que chacun d'entre nous tire la couverture à soi de manière individuelle. Ne vous étonnez donc pas, Messieurs les bourgeois, que nous n'en ayons rien à foutre de vos stages de formation, d'insertion et d'intégration sociale. De vos TIC, de vos TUC, de vos TOC, toute cette camelote de bazar destinée à nous faire prendre la tangente et à étouffer nos révoltes contre votre économie marchande, contre le marchandage de nos vies. Votre économie, c'est notre mort. Sa destruction, c'est notre vie. Il est clair que nous assumons complètement par le pillage massif et collectif la « destruction de l'outil de travail et la détérioration du tissu économique » (dixit la CFDT/Réunion). Aucune solidarité ne peut exister entre nous, les éternels dindons de leurs magouilles, et ces messieurs de la haute. Encore une fois, l'addition sera très lourde, les 3 jours d'émeutes qui ont fait pour plus de 350 millions de francs de dégâts à la Réunion, c'est de la peccadille par rapport à ce qui est encore à venir !
Le 17 mars, Rocard vient prendre le pouls de ce foyer de tensions et de troubles. Il ne peut que constater ce que n'importe quel gestionnaire du capital ferait à sa place : « si l'économie mondiale ralentit sa croissance, qu'est-ce que j'y peux ? » « Tout n'est pas forcément plus beau en métropole ». « Le problème du sous-développement se rencontre aussi dans les Yvelines, dans la ZUP du Val-Fouré à Mantes-la-Jolie ». « La Réunion ressemble fort à un phénomène de banlieue » (sic !). Alors que sa visite se veut un signe d'apaisement et de retour au calme, c'est tout le contraire qui se passe. Les émeutes et les pillages reprennent de plus belle. Rocard est obligé de cavaler à toute vitesse et sous la haute surveillance de centaines de CRS et de véhicules blindés. Le Chaudron se réveille et explose toutes les nuits pendant plus d'une semaine de véritable guérilla sociale. Centres des impôts incendiés et déclarations de revenus brûlées, brigades de gendarmerie attaquées, voitures carbonisées, armurerie dévalisée. Plusieurs fusillades éclatent en divers endroits de l'île, des flics sont blessés par balles dans des embuscades. Les émeutes finissent par s'essouffler, bien que nos frères soient de plus en plus déterminés à en découdre. D'abord, par manque de combustible : il ne reste plus beaucoup de commerces à piller. Ensuite par la force de la répression qui s'accélère au fil des jours. Les CRS et les paras interviennent avec leurs blindés et lâchent leurs grenades offensives. Quant à leur justice, elle applique au mieux les sanctions pour que règne l'ordre et la sécurité des bonnes affaires.
Les affrontements durant cette dizaine de jours seront d'une telle ampleur, que même la bonne sœur des pauvres, Danielle Mitterrand, viendra égrener son chapelet d'appel au dialogue et de leçon de pacification puante.
La guerre sociale reste toujours notre mot d'ordre, là comme partout ailleurs. Il y a en France, 400 points sensibles, 400 raisons pour que les bourgeois ne dorment plus la nuit en tremblant de peur.
À Sartrouville, le meurtre d'un jeune par un vigile d'Euromarché enflamme la ZUP qui se fait aussi son Vaulx-en-Velin. À Mantes-la-Jolie, des lycéens font grève et foutent le feu à leur collège. À Vaulx-en-Velin, la terreur continue de régner pour les forces de l'ordre mercantile. Toutes les nuits, des voitures sont incendiées, et les rodéos se terminent souvent par des percutages de cages à poulets. Ce ne sont pas leur ministre de la ville, cet honorable poubelle publique Mr. Delebarre, leur Banlieues 89 et leurs gauchistes à la Roland Castro, pas même leur Bernard Tapie, leur Forum des Citoyens, leur Développement Social des Quartiers (DSQ), leurs plans d'aménagement foireux qui élimineront définitivement les contradictions existantes entre leurs intérêts et les nôtres. Les fissures apparaissent de plus en plus nombreuses dans le fragile équilibre du consensus social tant nécessaire au sous-spectacle démocratique. Demain, ce seront des crevasses avant de devenir des gouffres. Leur société est malade, qu'elle crève ! Non, décidément, RIEN ne va plus pour eux. « La question sociale » réémerge enfin tous avec toujours plus de fureur et de véhémence. Tous leurs architectes, tous leurs urbanistes, tous les ravaleurs de façades de leur vieux monde en déglingue peuvent toujours repeindre en vert la grisaille de nos ghettos douloureux et planter quelques arbres plastifiés, quelques murs d'escalade en guise d'ersatz de vie, c'est le vert-de-gris de l'encasernement qui domine notre non-existence quotidienne que nous éclabousserons du rouge vif du sang des bourgeois !
Extrait de « Le Musicien Exécute le Requiem au 38 Spécial », N°24, 1 juin 1991.
En tant que collectif engagé depuis une décennie contre les violences d'État, Désarmons-les ! tenait à publier une réaction en soutien aux révoltes qui ont suivi le meurtre de Nahel.
Nous étions présent.es lors des émeutes de 2005. Solidaires des émeutier.es.
Déjà à l'époque, nous avons crié : « Zyed et Bouna, on n'oublie pas, on ne pardonne pas ! ».
Entre temps, nous avons créé un collectif pour le désarmement de l'État.
Nous avons passé dix ans à soutenir les victimes de violences policières partout où nous parvenions à entrer en lien avec elles et à faire du plaidoyer sur l'ensemble du territoire français ainsi qu'à l'étranger.
Durant toutes ces années, nous avons aussi crié « Pas de Justice, pas de Paix ! ». Nous n'avions pas confiance dans la Justice, mais nous avons joué son jeu malgré tout. Pour apprendre, pour comprendre, pour essayer, pour savoir. Nous avons fait toutes les procédures légales, nous sommes allés dans toutes les juridictions. Nous connaissons parfaitement la machine, ses rouages et ses vices cachés. En parallèle, nous avons décrypté le maintien de l'ordre, l'histoire coloniale de la police et les mécanismes de la violence, mais aussi le système d'impunité dont bénéficient les forces de l'ordre.
En France, un policier qui tue n'est pas jugé. Incriminés parfois, disculpé toujours.
Combien de policiers condamnés à plus de 18 mois de prison avec sursis, plus de 3000 euros d'amende ? Combien de policiers démis de leurs fonctions et interdits d'exercer ? Combien de policiers interdits de port d'arme ? Nous connaissons la réponse, que la population le plus souvent ignore et que même la plupart des journalistes ignorent. Vous pouvez chercher, vous n'en trouverez pas un seul. L'impunité est totale.
À ce stade, ce n'est plus de l'impunité, c'est une immunité.
En 40 ans, la police a tué plus de 800 personnes. Sous la présidence Sarkozy, nous étions à 15 morts par an, sous Hollande à 22, et sous Macron nous sommes passés à 30 par an, avec un pic à 52 morts en 2021.
Depuis la loi de 2017 qui définit les situations dans lesquelles les forces de l'ordre peuvent ouvrir le feu sans craindre d'être inquiétés par la justice, le nombre de morts par balle a explosé.
Avant, la légitime défense n'avait qu'une définition, qui était la même pour tout.es. Depuis, les policiers bénéficient d'un régime spécial, leur accordant une présomption de légitime défense.
L'article L.435 du Code de la Sécurité Intérieure a ainsi considérablement allégé le poids de détente. En ce sens, c'est un permis de tuer. La peine de mort n'a pas été abolie, son application a juste été confiée aux seules forces de l'ordre. C'est comme si l'on donnait au « crétin du village » la liberté d'apprécier la pertinence d'exécuter une personne pour un moindre délit. Sans intervention d'arbitres ou de juges.
Les syndicats de police sont un État dans l'État. Leurs discours sont autant d'incitations à l'émeute policière et aux exactions, tout cela au nom de la raison d'État et d'une République qui n'a de républicaine (en latin : « chose » ou « affaire publique ») que le nom.
Et l'État, dirigé par des pyromanes néo-libéraux entièrement inféodés à des patrons libertariens, ne tient plus que par sa police. L'État réduit à son seul rôle de gendarme, c'était le rêve des théoriciens ultra-libéraux et minarchistes. Sarkozy, Hollande et Macron l'ont réalisé, pas-à-pas et de manière implacable.
L'impérialisme occidental a d'abord engendré l'esclavage et la colonisation, puis leur sous-produit, le terrorisme islamiste. Le terrorisme islamiste n'est que l'une des têtes de l'hydre fasciste, dont le berceau est bien en occident, et en France en particulier. L'islamophobie et la résurgence du fascisme le plus violent en sont la conséquence directe, fruit de l'ignorance et des discours essentialistes et autoritaires d'un Pouvoir dirigé par les enfants de la bourgeoisie coloniale pétainiste et gaulliste. Une élite bercée d'une mythologie chauviniste dont les idoles sont bien souvent des seigneurs et des guerriers sanglants, plutôt que des philanthropes ou des artistes inspirants.
Plus de 60% des policiers et gendarmes votent pour des partis d'extrême-droite fascistes. Soyons plus précis : néo-pétainistes.
Les prolo blancs racistes gangrènent la police, suppléés par des prolos racisés qui ont oublié leur histoire ou qui obéissent aveuglément aux logiques racistes et masculinistes dominant leur corporation. Dans la rue, ils reçoivent désormais le soutien actif de bandes armées néo-pétainistes constituées par les petits-enfants de la grande bourgeoisie, excités à l'idée de reproduire les croisades et les pogroms du passé.
Chaque semaine désormais, à Lyon, Paris, Nantes, Bordeaux, Montpellier, Angers ou encore Annecy, des groupuscules fascistes sortent frapper des gens avec des barres de fer et des bâtons. Leur projet de société, c'est des murs, des barbelés, des milices et des pendus. Comme l'État islamique ou Wagner, pas mieux.
Et la police les protège, la Justice les couvre, les partis politiques de droite les recrutent. Parce que ce sont les enfants de ceux qui siègent à l'Assemblée et au Gouvernement.
Le Gouvernement lui, poursuit sa destruction de la protection sociale, de l'éducation et de ce qui fait société, tout en accélérant la destruction du vivant et de l'environnement, écrasant et humiliant toujours davantage le peuple qui travaille contre son gré pour que cette absurde machine tourne. Macron, avec sa tête de banquier ahuri, détruit tout frénétiquement pour satisfaire son microcosme de super riches libertariens et de premier·e·s de cordée, avec la croyance crétine que l'économie se régulera d'elle-même, apportant paix et prospérité dans un monde où chacun serait son propre maître. Le néant de la pensée philosophique, terreau de l'individualisme le plus méprisant.
Et quand le peuple se révolte, quand les jeunes issus de l'immigration post coloniale se révoltent, quand les antifascistes, les écologistes et les féministes résistent, alors la police et les fascistes les répriment avec violence, en parfait larbins d'un système capitaliste et individualiste qui court à sa ruine.
La France se pensait comme le phare de la civilisation. Elle se pensait comme le pays des Lumières, de la Révolution, des Droits de l'Homme et de la démocratie sociale. Elle n'en aura été que la négation coloniale. Sa mégalomanie et son suprémacisme l'auront amené à coloniser un tiers de la planète, imposant son modèle par la force et par la violence, pillant le Sud pour permettre au Nord de bénéficier d'un État Providence et à sa population de se nourrir d'illusions. Tant qu'il y avait des sous…
Mais l'État Providence n'était qu'une illusion de courte durée.
Le capitalisme ne s'embarrasse pas avec le fait d'aider les pauvres à survivre.
Les valeurs universelles que la France croyait promouvoir n'étaient qu'une illusion.
La sociale-démocratie n'était qu'une illusion.
Plus encore, c'était un mensonge.
La réalité, c'est l'autoritarisme, la prédation et la violence des mercenaires de la Bourse.
Aujourd'hui enfin les masques tombent. Après la révolte des Gilets Jaunes, il n'en restait déjà plus beaucoup.
Et s'il faut que l'illusion s'évapore dans les flammes des émeutes, alors nous l'acceptons.
Ce n'est qu'un juste retour de bâton. “Nous brisons vos vitrines parce que vous brisez nos vies”.
Et si c'est de la racaille, alors nous en sommes, toujours solidaires des émeutes populaires.
Pour honorer Nahel et toutes les victimes de la violence d'État, le seul apaisement qui vaille, c'est une transformation sociale totale et radicale ! Sans État, sans flics, sans prisons, sans patrons et sans fachos !
Le Collectif Désarmons-les !
Pour comprendre d'où on parle et qui nous sommes :
– https://desarmons.net/qui-sommes-nous/
Pour comprendre d'où proviennent nos informations et analyses :
– https://desarmons.net/ressources/livres-rapports/
– https://basta.media/webdocs/police/
– https://lahorde.samizdat.net/Combattre-l-extreme-droite-partout-elle-s-implante
Pour lire notre analyse du système d'impunité :
– https://desarmons.net/ressources-investigations/
…et notamment sur les mécanismes de la violence policière :
– Quelques éléments de réponse sur la dangerosité du métier de gendarme/policier-e / https://desarmons.net/2022/11/24/quelques-elements-de-reponse-sur-la-dangerosite-du-metier-de-gendarme-policier-e-2/
– Toujours plus de flingues et de bagnoles : le “si vis pacem, para bellum” de l'État français / https://desarmons.net/2022/01/06/flingues_bagnoles_si_vis_pacem_etat_francais/
– Culte de l'Ordre, culture du viol : état des lieux / https://desarmons.net/2021/03/08/culte-de-lordre-culture-du-viol-etat-des-lieux/
– La Police, cette chanson douce que me chantait ma maman… / https://desarmons.net/2020/12/13/la-police-cette-chanson-douce-que-me-chantait-ma-maman/
– 1791 à 1914 : les racines du maintien républicain de l'ordre / https://desarmons.net/2019/11/04/1791-a-1914-les-racines-du-maintien-republicain-de-lordre/
– Comment la République s'est muée en dictature. / https://desarmons.net/2019/10/09/comment-la-republique-sest-muee-en-dictature/
– De 1945 à nos jours : Comment l'État moderne s'est réalisé dans une violence sans limites / https://desarmons.net/2019/02/08/de-1945-a-nos-jours-comment-letat-francais-sest-realise-dans-une-violence-sans-limites/
– Maintien de l'ordre : ultra-violence institutionnelle, ce qu'ils n'avoueront pas / https://desarmons.net/2018/12/18/maintien-de-lordre-ultra-violence-institutionnelle-ce-quils-navoueront-pas/
– Après Sainte-Soline : il n'y a pas d'armes de paix ! / https://desarmons.net/2023/03/30/apres-sainte-soline-il-ny-a-pas-darmes-de-paix/
– Quand on comprend que les grenades sont un enjeu stratégique pour la doctrine du maintien de l'ordre… / https://desarmons.net/2019/06/20/quand-on-comprend-que-les-grenades-sont-un-enjeu-strategique-pour-la-doctrine-du-maintien-de-lordre/
ENGLISH VERSION
STATEMENT OF THE “DESARMONS-LES !” COLLECTIVE AFTER THE RIOTS FOLLOWING NAHEL'S DEATH
We were present during the 2005 riots. In solidarity with the rioters.
Even back then, we shouted : “Zyed et Bouna, we don't forget, we don't forgive !
In the meantime, we created a collective for the disarmament of the state.
We spent ten years supporting victims of police violence wherever we could make contact with them, and doing advocacy work throughout France and abroad.
During all these years, we also shouted “No Justice, No Peace”. We didn't trust Justice, but we played its game anyway. To learn, to understand, to try, to know. We went through all the legal procedures, we went to all the courts. We know the machine perfectly, its workings and its hidden defects. At the same time, we decoded policing, the colonial history of the police and the mechanisms of violence, but also the system of impunity enjoyed by the law enforcement officers.
In France, a policeman who kills is not tried. Sometimes accused, always exonerated.
How many police officers have been sentenced to more than 18 months suspended prison sentences and to fines of over 3,000 euros ? How many police officers have been dismissed and banned from their duties ? How many police officers have been banned from carrying weapons ? We know the answer, which the public mostly ignores, and which even most journalists ignore. You can search, but you won't find a single one. Impunity is total.
At this point, it's no longer impunity, it's immunity.
Over the last 40 years, the police have killed over 800 people. Under President Sarkozy, we were at 15 deaths a year, under Hollande at 22, and under Macron we've risen to 30 a year, with a peak of 52 deaths in 2021.
Since the 2017 law defining the situations in which law enforcement officers can open fire without fear of legal proceedings, the number of gunshot deaths has exploded.
Before, self-defense had only one definition, which was the same for everyone. Since then, police officers have benefited from a special regime, granting them a presumption of self-defence.
Article L.435 of the French Homeland Security Code has eased the weight of the trigger considerably. In this sense, it's a license to kill. The death penalty has not been abolished, its application has simply been entrusted to the police officers alone. It's as if the “village idiot” were given the freedom to decide whether or not to execute a person for the slightest offence. Without the intervention of arbitrators or judges.
Police unions are a state within the State. Their speeches incite police riots and violence, all in the name of the State and of the Republic that is republican (from Latin : “public affair”) in name only.
And the State, run by neo-liberal pyromaniacs wholly subservient to libertarian bosses, is only as strong as its police force. The State reduced to the role of “gendarme state” was the dream of ultra-liberal and minarchist theorists. Sarkozy, Hollande and Macron have made it a reality, step by step and relentlessly.
Western imperialism gave rise first to slavery and colonization, then to their by-product, Islamist terrorism. Islamist terrorism is just one of the heads of the fascist hydra, whose cradle is in the West, and in France in particular. Islamophobia and the resurgence of the most violent fascism are their direct consequence, the fruit of ignorance and essentialism, authoritarian rhetoric of a Power led by the children of the colonial bourgeoisie, both Petainist and Gaullist. An elite lulled by a chauvinist mythology whose idols are often landlords and bloody warriors, rather than philanthropists or inspiring artists.
Over 60% of policemen and gendarmes vote for fascist far-right parties. Let's be more precise : neo-Pétainist parties.
White racist commoners gangrenes the police force, supplemented by racialized (POC) commoners who have forgotten their history or who blindly obey the racist and masculinist logics dominating their corporation. In the streets, they now receive the active support of neo-Pétainist armed gangs formed by the grandchildren of the upper middle classes, excited by the idea of reproducing the crusades and pogroms of the past.
Every week now, in Lyon, Paris, Nantes, Bordeaux, Montpellier, Angers and Annecy, fascist groups are out beating people with iron bars and sticks. Their vision of society is one of walls, barbed wires, militias and hanging people. Like the Islamic State or Wagner, no better.
And the police protect them, the justice system covers them up, right-wing political parties recruit them. Because they are the children of those who sit in the Parliament and the Government.
As for the government, it is continuing to destroy social welfare, education and everything that makes up society, while accelerating the destruction of life and environment, crushing and humiliating ever more the people who work against their will to keep this absurd machine running. Macron, with his bewildered banker's face, is frantically destroying everything to satisfy his microcosm of libertarian super-rich and “lead climbers”, with the cretinous belief that the economy will regulate itself, bringing peace and prosperity in a world where everyone is its own master. A void of philosophical thought, a breeding ground for the most contemptuous individualism.
And when the people rise up, when young people from post-colonial immigrant families rise up, when antifascists, environmentalists and feminists resist, then the police and fascists violently repress them, like perfect stooges of a capitalist and individualist system that is heading for ruin.
France thought of itself as the beacon of civilization. It thought of itself as the land of the Enlightenment, the Revolution, of Human Rights and social democracy. It was nothing more than a colonial negation. Its megalomania and supremacism led it to colonize a third of the planet, imposing its model by force and violence, plundering the South to allow the North to benefit from a welfare state and its population to feed on illusions. As long as there was money…
But the Welfare State was a short-lived illusion.
Capitalism doesn't bother with helping the poor to survive.
The universal values France thought it was promoting were just an illusion.
Social democracy was an illusion.
More, it was all a lie.
The reality is the authoritarianism, predation and violence of the mercenaries of the stock market.
Today, at last, the masks are coming off. After the Gilets Jaunes uprising, there weren't many left.
And if the illusion has to fade away in the flames of the riots, then we accept it.
It's only fair. “We smash your windows because you smash our lives”.
And if they are scum, then we're in, always in solidarity with popular riots.
To honor Nahel and all the victims of state violence, the only thing that will bring relief is total and radical social transformation ! No state, no cops, no prisons, no bosses and no fascists !
The “Désarmons-les !” collective.
On voudrait réagir à des prises de position qu'on a pu voir ces derniers jours de la part de nos camarades, des écueils assez récurrents quand il s'agit d'analyser les révoltes qui sortent du cadre bien classique de la gauche.
Déjà, on a du mal à comprendre ce réflexe de vouloir juger de la pertinence d'une révolte, des limites de ce qui est acceptable ou non. On voit pas quel intérêt a une telle prise de parole : ça change quoi de dire ce qui est légitime et ce qui l'est moins ? On n'est pas des juges, on n'a aucun bon point à distribuer, surtout quand on a accepté de soutenir sans réserve un mouvement social dont les objectifs et les modes d'action étaient aussi creux que celui du mouvement des retraites (nous compris).
Parfois aussi, la reconnaissance de la spécificité antiraciste de la lutte actuelle pousse la gauche à n'apporter aux insurgé•es qu'un soutien moral ou extérieur. Cette position d'extériorité est au fond une forme de désolidarisation, elle ne fait que reconduire l'isolement politique. La situation exige bien plus qu'une approbation du bout des lèvres...
Autre écueil : conseiller aux révolté•es d'adopter un objectif précis. Il faudrait aux insurgé•es des bonnes vieilles revendications, il faudrait, comme il a fallu le faire pour les gilets jaunes, faire rentrer tout ce beau monde dans le champ de la réclamation politique.
Même si on obtient jamais rien, il faut quand même le demander : la démission du président, la retraite a 60 ans, n'importe quelle connerie tant qu'il nous reste quelque chose à dire.
Selon cette même logique, il faudrait essayer de faire comprendre aux « jeunes », à « ces gamins » que le véritable ennemi est le capitalisme, c'est-à-dire, dans la plupart des esprits à gauche, en fait, une notion assez floue, relative aux inégalités. Là aussi, c'est une manière de se payer de mots. Mieux vaut des pratiques claires et fortes que des mots d'ordre flous ou creux.
En fait un mouvement n'a pas besoin d'avoir des revendications pour avoir des effets, il doit juste avoir des objectifs, et que ces derniers soient précis. Or, la révolte ne manque pas d'objectifs : comicos, mairies, prisons, casernes, boutiques, écoles. Tout ça, on aimerait suggérer à celles et ceux qui qualifient cette révolte de « nihiliste », que ça dessine une cohérence...
Souvent, une telle posture s'accompagne de la prédiction selon laquelle tout ça ne ferait que renforcer l'extrême droite. Les conséquences d'un tel raisonnement conduisent donc a dire qu'un mouvement social ne peut exister que s'il est inoffensif (c'est vrai qu'à cet égard la gauche est passée maîtresse dans cet art). On remarque quand-même que cet argument est plus souvent utilisé quand c'est les arabes et les noirs qui se bougent.
Ce n'est plaquer aucun fantasme que de dire que nous nous reconnaissons dans les objectifs de ce mouvement, que le sens de cette révolte est explicite et que son ambition dépasse de loin tout ce qui a pu émerger dans le cadre traditionnel de la gauche. Avant de juger, donc, commençons par tâcher d'être à la hauteur de ce qui se joue.
Texte de positionnement écrit par la coordination antifasciste inter—universitaire (CAIU) en réaction aux révoltes ayant suivi la mort de Nahel.
Quand on veut squatter des bâtiments vides c'est parfois pratique de savoir à qui les bâtiments appartiennent. En France, pour répondre à des questions telles que « Qui possède ce bâtiment ? » ou « Quels sont tous les terrains appartenant à la mairie dans ce village ? », la solution officielle est d'aller demander un extrait de cadastre à la mairie locale, ce qui n'est pas toujours très pratique (ni très discret).
C'est là qu'intervient cadastre.squat.net, le nouveau cadastre en ligne pour squatteur·euse·s ! Cette carte interactive affiche toutes les parcelles cadastrales appartenant à des personnes morales (entreprises, associations, État...) à l'échelle de la France (métropolitaine et outre-mer). Elle permet de filtrer les parcelles par département, commune, propriétaire ou référence cadastrale, ou simplement de zoomer sur le coin qui vous intéresse pour voir qui y possède quoi.
Notez donc que les parcelles appartenant à des particuliers ne sont pas affichées - pour ça, il faut toujours aller en mairie. De plus, les données sont actuellement à jour du 1er janvier 2022 - on les mettra à jour dès qu'on pourra mais la carte aura toujours entre un et deux ans de retard sur la situation réelle. On a fait de notre mieux pour nous assurer de la fiabilité des données affichées par la carte mais il se peut que des erreurs se soient glissées, on est pas des pros ;)
Pour contacter les cartographes à l'origine de cette carte, envoyez un mail à hm123@riseup.net.
Vive le squat !
Récit de la longue journée de comparutions immédiates de mardi au tribunal de Créteil, pour des personnes chopées depuis jeudi soir
Aujourd'hui à Créteil les familles et ami.e.s étaient présent.e.s en masse ! C'est toujours cool et on rappelle au cas où qu'il faut leur laisser la priorité dans ces petites salles : 12 types passaient, chacun méritait une chance de voir ses proches si possible !
On n'a du coup pas pu assister à tout mais on vient d'abord en soutien !
Pas comme cet abruti de prof d'éco en goguette avec ses élèves, qui n'a eu aucun scrupule à squatter tout un banc et s'est permis en plus de taper un scandale quand on le lui a fait remarquer...
On comprend bien pourquoi les tribunaux ressemblent à des forteresses dégueulasses : on peut regarder les gueux du haut des remparts mais faudrait pas qu'il puissent entrer sans invitation ça pourrait piquer !
Pour les nombreuses personnes qui se sont fait envoyer au trou, rassemblement dimanche à 15h !