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6 au 12 août 1894 : le procès des 30 (ou les lois scélérates à l'oeuvre)

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Il y a 120 ans, le 6 août 1894, à Paris, débute le « Procès des Trente » devant la Cour d'Assises de la Seine. C'est un des moments importants de la répression contre le mouvement anarchiste grâce au vote des « lois scélérates » (bien avant les diverses « mesures anti-terroristes » actuelles).

Les « lois scélérates » sont une série de lois votées en France sous la Troisième République. Elles visaient à réprimer le mouvement anarchiste, responsable de nombreux attentats durant les années précédentes. L'expression fut notamment popularisée par Francis de Pressensé et Émile Pouget dans un pamphlet publié en 1899, Les Lois Scélérates de 1893-1894.

Les « lois scélérates » sont votées à la suite de nombreux attentats anarchistes sur le territoire français. Mis à part quelques faits isolés, c'est à partir de 1892 que commence la véritable période des attentats qui visent à déstabiliser le pouvoir en attaquant directement ses détenteurs. C'est une série d'attentats à la bombe perpétrés par Ravachol à partir du 11 mars 1892 qui déclenche la vague de terrorisme anarchiste. Le 9 décembre 1893, Auguste Vaillant lance une bombe de la tribune à la chambre des députés, puis le 24 juin 1894 le président de la République Marie François Sadi Carnot est assassiné à Lyon par un jeune anarchiste italien Sante Geronimo Caserio. Ces évènements suscitent l'inquiétude de la presse, des journaux républicains radicaux aux feuilles conservatrices, qui en appellent à des mesures d'exception.

Une série de trois lois est votée dans l'urgence afin de lutter contre ces actions anarchistes qui visaient à déstabiliser des pans de la société :

  • le 11 décembre 1893, soit deux jours après l'attentat d'Auguste Vaillant visant les députés, Jean Casimir-Perier soumet à la Chambre des députés un ensemble de mesures pour sauvegarder « la cause de l'ordre et celle des libertés publiques ». C'est une modification de la loi de 1881 qui ne punissait que la provocation directe ; désormais la provocation indirecte, l'apologie, est elle aussi punie et un juge peut ordonner la saisie et l'arrestation préventive.
  • la seconde loi est discutée le 15 décembre, à peine 4 jours après avoir été déposée. Elle concerne les associations de malfaiteurs et vise particulièrement les groupuscules anarchistes, alors nombreux et très actifs. C'est une loi qui vise à pouvoir inculper tout membre ou sympathisant sans faire de distinction. Elle encourage également à la délation : « Les personnes qui se seront rendues coupables du crime, mentionné dans le présent article seront exemptes de peine si, avant toute poursuite, elles ont révélé aux autorités constituées l'entente établie ou fait connaître l'existence de l'association ».
  • la troisième loi, votée le 28 juillet 1894, soit quelques jours avant le procès, est sans doute la plus marquante pour les anarchistes puisqu'elle les vise directement en les nommant et en leur interdisant tout type de propagande. C'est à la suite de cette loi que de nombreux journaux anarchistes comme Le Père Peinard, qui avaient déjà été saisi avant, sont interdits.

La police procède à de nombreuses arrestations dont celles de militants connus comme Paul Bernard, Charles Chatel, Ivan Agueli, Sébastien Faure, Félix Fénéon, Jean Grave, Louis Matha, etc. Trente personnes sont déférées, mais seulement vingt-cinq comparaissent ; Emile Pouget, Constant Martin, Louis Duprat, Alexandre Cohen et Paul Reclus ayant pu prendre la fuite. A ces militants connus, une dizaine de détenus de droit commun ayant un lien indirect avec l'anarchisme sont adjoints. Ils ont tous à répondre de l'accusation d'affiliation à une prétendue association de malfaiteurs. Dès l'ouverture, la cour décide qu'il sera interdit de reproduire les interrogatoires de Jean Grave et Sébastien Faure, attendu que cela pourrait être employé pour faire de la propagande anarchiste. L'interrogatoire de Fénéon est cependant passé à la postérité :


— Êtes vous un anarchiste, M. Fénéon ?
— Je suis un Bourguignon né à Turin.
— Vous étiez aussi l'ami intime d'un autre anarchiste étranger, Kampfmeyer ?
— Oh, intime, ces mots sont trop forts. Du reste, Kampfmeyer ne parlant qu'allemand, et moi le français, nos conversations ne pouvaient pas être bien dangereuses. (Rires.)
— À l'instruction, vous avez refusé de donner des renseignements sur Matha et sur Ortiz.
— Je me souciais de ne rien dire qui pût les compromettre. J'agirais de même à votre égard, monsieur le président, si le cas se présentait.
— Il est établi que vous vous entouriez de Cohen et d'Ortiz.
— Pour entourer quelqu'un, il faut au moins trois personnes. (Explosion de rires.)
— On vous a vu causer avec des anarchistes derrière un réverbère.
— Pouvez-vous me dire, monsieur le président, où ça se trouve derrière un réverbère ? (Rires forts et prolongés. Le président fait un rappel à l'ordre.)
— On a trouvé dans votre bureau, au ministère de la Guerre, onze détonateurs et un flacon de mercure. D'où venaient-ils ?
— Mon père était mort depuis peu de temps. C'est dans un seau à charbon qu'au moment du déménagement j'ai trouvé ces tubes que je ne savais pas être des détonateurs.
— Interrogée pendant l'instruction, votre mère a déclaré que votre père les avait trouvés dans la rue.
— Cela se peut bien.
— Cela ne se peut pas. On ne trouve pas de détonateurs dans la rue.
— Le juge d'instruction m'a demandé comment il se faisait qu'au lieu de les emporter au ministère, je n'eusse pas jeté ces tubes par la fenêtre. Cela démontre bien qu'on pouvait les trouver sur la voie publique. (Rires.)
— Votre père n'aurait pas gardé ces objets. Il était employé à la Banque de France et l'on ne voit pas ce qu'il pouvait en faire.
— Je ne pense pas en effet qu'il dût s'en servir, pas plus que son fils, qui était employé au ministère de la Guerre.
— Voici un flacon de mercure que l'on a trouvé également dans votre bureau. Le reconnaissez-vous ?
— C'est un flacon semblable, en effet. Je n'y attache pas l'ombre d'une importance.
— Vous savez que le mercure sert à confectionner un dangereux explosif, le fulminate de mercure.
— Il sert également à confectionner des thermomètres, baromètres, et autres instruments. (Rires)

Destiné à justifier les mesures de répression contre les anarchistes et à rassurer l'opinion publique après les récents attentats, le réquisitoire de l'avocat général Bulot s'emploiera sans succès à prouver une entente et une prétendue association de malfaiteurs entre les divers prévenus qu'ils soient théoriciens, militants, où simples voleurs. Prévenus qui (certains ne se connaissant même pas) n'eurent aucun mal à réfuter l'accusation. Cela n'empêcha pas l'avocat général de demander une peine sévère pour les théoriciens du mouvement comme Jean Grave, Sébastien Faure, Louis Matha, etc. La tentative de machination judiciaire n'échappa pas aux jurés qui prononcèrent un acquittement général sauf à l'encontre des trois prévenus coupables de vols qui écoperont de plusieurs années de bagne. Les contumas quant à eux (Paul Reclus, Alexandre Cohen, Constant Martin, Louis Duprat et Emile Pouget) seront condamnés par défaut le 31 octobre, à 20 ans de travaux forcés, mais seront presque tous acquittés (sauf Paul Reclus) à leur retour en France.

Il a fallu près d'un siècle pour que les lois scélérates soient abrogées, en 1992. Mais leur esprit continue d'inspirer les mesures actuelles, dites « antiterroristes ». Dans son préambule, le projet de loi de juillet 2014 évoque de manière bien floue la diffusion de « messages appelant au terrorisme ou le glorifiant ». De fait, son article 4 rappelle étrangement la troisième loi scélérate. Ainsi les « lois scélérates » n'ont pas totalement cessé d'imprégner les pratiques de l'État policier, en particulier vis-à-vis des actes et militant-e-s anarchistes : recours à des procédures expéditives, sanctions lourdes uniquement conçues pour dissuader, répression disproportionnée par rapport aux actes commis.

Sources utilisées et compléments : Wikipédia, Ephéméride anarchiste. La brochure de Sébastien Faure, Le procès des Trente a récemment été republiée par les éditions antisociales.

Publico en fête, de Rentrée : Grande Braderie de livres et disques et Musique

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Samedi 9 et Dimanche 10 Septembre de 11H à 19H : Publico en fête, de Rentrée : Grande Braderie de livres et disques et Musique
Publico-Librairie du Monde Libertaire lance symboliquement sa saison d'animations par un moment festif.

Publico-Librairie du Monde Libertaire lance symboliquement sa saison d'animations par un moment festif .

Il y aura ainsi sur ces deux jours, pour la cinquième fois, une Grande Braderie, symbole de notre volonté de diffuser les idées anarchistes et la culture au sens large, musique compris, au plus grand monde. Une partie de la salle d'animation située à l'arrière de la la librairie y est d'ailleurs consacrée toute l'année.
Ces deux journées seront ponctuées de prestations musicales témoignant de la place de la musique à Publico où plus d'une quinzaine d'animations musicales ont eu lieu cette saison que ce soient des concerts engagées de chanson française, de rock militant, de chants et musiques populaires du monde entier… sans oublier trois DJ SET thématiques.

Samedi 09 Septembre à 14h
NOREP
Ce trio de keupons qui emmerde le monde s'est formé dans un garage. Inspirés par la scène punk underground parisienne, ils font retentir du street punk bien revendicateur. Avec une carrière florissante de 0 album, 0 EP, et quelques concerts par ci par là, ils ont déjà des compositions à proposer. De la musique avec des amplis qui crachent, une batterie qui se fait fracasser et un chanteur qui dégueule ce qu'il pense.
Mais pour ce concert, ils sentiront peut-être le tabac froid et la bière bon marché. Mais leurs morceaux seront revisités en acoustique. Et joueront des reprises que vous reconnaîtrez sûrement.

Samedi 09 Septembre à 16h
Paco Muñoz, un flamenco de Almeria à Paris
L'art flamenco, autant dans le chant que dans la guitare ou la danse, contient un panel d'émotions qui va de la joie la plus intense à la peine la plus profonde. Toutefois, selon Fédérico Garcia Lorca, il n'y a ni nostalgie ni mélancolie.
Paco, fils de cénétiste espagnol est bercé depuis l'enfance par les émotions du flamenco et les exprime lui même depuis plus de 40 ans dans un chant passionné.
Il se produit accompagné d'un guitariste sans en avoir un d'attitré au gré des rencontres.

Dimanche 10 Septembre à 14h
Collectif "Les Pétroleuses" : Musiciennes et chants de La Commune
Les Pétroleuses, ce sont les femmes de la Commune de Paris. De mars à mai 1871, elles se sont engagées comme cantinières, journalistes, institutrices, combattantes. Elles ont chanté, elles ont construit des barricades, elles ont espéré établir l'égalité sociale.
Le collectif " Les Pétroleuses" leur rend hommage en reprenant des chansons et des textes de l'époque, qu'elles ont arrangés pour leurs quatre voix, le violoncelle et la contrebasse. Leurs paroles résonnent aujourd'hui bien trop fort à nos oreilles et elles tiennent à faire connaître le destin exceptionnel de ces femmes du peuple.
Le collectif des Pétroleuses a été créé en 2021 à l'occasion des 150 ans de la Commune de Paris et se produit régulièrement depuis.
À l'occasion de la Braderie de la Librairie Publico, elles vous proposeront des extraits musicaux de leur spectacle “les Pétroleuses : Vive(nt) la Commune !” monté en mars 2023.

L'affiche en pdf

En savoir plus sur le site de la librairie

L'anarchisme est individualiste

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Ras-le-bol que l'individalisme soit connoté de « droite » alors que c'est profondément surbversif que de l'être. L'individu fait tâche et il est plus docile dans un groupe. Tu veux prendre la pilule rouge et sortir de la Matrix ? Allez, dis oui !

J'avertis que je fais parfois de l'ironie dans les parenthèses et pas uniquement ...

Ce texte s'adresse à toute personne curieuse de ce que peut bien signfier le concept politique d'individualisme et surtout pour celles qui l'utilisent à tort.

C'est le peuple qui s'asservit, qui se coupe la gorge, qui, ayant le choix d'être serf ou d'être libre, abandonne sa liberté et prend le joug, et, pouvant vivre sous les bonnes lois et sous la protection des États, veut vivre sous l'iniquité, sous l'oppression et l'injustice, au seul plaisir [du] tyran. C'est le peuple qui consent à son mal ou plutôt le recherche

De la servitude Volontaire, Etienne de La Boétie, 1576.

Pourquoi avoir choisi ce sujet ? En discutant dans des cercles militants anarchistes ou d'extrême gauche, j'ai remarqué que lorsque je mentionnais mon individualisme, une confusion émergeait voire un rejet. C'est d'autant plus surprenant puisque être anarchiste est en fait être individualiste sans même le savoir. Daniel Guérin dans son livre L'anarchisme assume que l'anarchiste est avant-tout un être révolté et « qu'il refuse en bloc la société et ses gardes-chiourmes » (gardiens de prison). Cellui-ci est donc dans son essence un individu marginal, un déviant social, un troubleur de bonnes mœurs, qui refuse ou du moins questionne ce qui est communément admis. Cependant lorsque j'évoque le concept d'individualisme, l'image néo-libérale voire libertarienne (capitalisme absolu ?) vient à l'esprit de la plupart des gens. Il est vrai qu'aux États-Unis, un courant dit « anarco-capitaliste » s'est directement inspiré de théoriciens anarchistes individualistes dont l'idée de lutte des classes n'était pas aussi imprégnée qu'en France par exemple (voir la vidéo de Politikon dans les ressources). Mais détrompez-vous, les intérêts personnels de la classe bourgeoise ou d'autres classes dominantes qui perdurent par l'exploitation d'autres individus issus d'une classe dite « inférieure » ou d'une ou plusieurs minorités sont tout-à-fait contraires à l'individualisme subversif.

Définissons les termes pour comprendre véritablement de quoi l'on parle et quels sont les enjeux. Selon La Toupie : « Le terme individualisme sert à désigner toute théorie, doctrine ou attitude qui consiste à privilégier les intérêts, les droits et les valeurs de l'individu par rapport à tous les groupes sociaux que ce soit la famille, (...) la communauté ». Ainsi, la volonté de l'individu prime sur la volonté générale. Par conséquent, il aspire à une autonomie et une indépendance vis-à-vis des autres. Quoi de plus anarchiste, que de refuser de se soumettre à une autorité, contraignant sa volonté individuelle ? Mais on peut se demander, une personne souhaitant conserver un privilège qu'elle possède contre la soumission d'une autre, n'est-ce pas individualiste ? Dans un sens peut-être. C'est pourquoi il faut préciser de quel individualisme l'on parle même si je pense que le terme même d'individualisme s'inscrit dans un idéal contestataire, anticonformiste et émancipateur.

Je suis tombé sur une vidéo, qui abordait la théorie de Emile Durkheim (considéré comme un des fondateurs de la sociologie moderne, attaché au courant holiste) concernant l'évolution de la solidarité de la société traditionnelle à la société moderne et l'émergence de l'individualisme, en tapant « individualisme » sur internet afin de voir ce que les médias ou les contenus pédagogiques en disait. Il décrit l'individualisme comme une acquisition de nouveaux droits individuels mais il le décrit aussi comme une opposition à la solidarité. Une citation de Edgar Morin (je ne le connais pas) du Dialogue sur la connaissance apparaît sur la vidéo : « Le côté positif de l'individualisme moderne est de donner à chacun plus de responsabilité et d'autonomie ; son côté négatif est de dégrader les solidarités et d'accroître les solitudes ». Honnêtement, je suis en désaccord avec cette vision. Celle-ci est possible si l'on part du postulat que « ma liberté s'arrête là où commence celle des autres ». Au contraire, comme le dit Bakounine : « Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes et femmes, sont également libres » ou encore « La liberté des autres étend la mienne à l'infini ». En effet, les intérêts individuels et les libertés ne s'opposent pas entre elles. Plus il y a d'émancipation personnelle, plus il y a de solidarité, dans un sens et dans l'autre.

Pour en revenir à l'aspect péjoratif du concept d'individualisme omniprésent dans les discours dominants actuels, on l'associe à ne penser qu'à soi au détriment des autres. J'ai également vu une vidéo intitulée « Une montée en puissance de l'individualisme » au sujet de l'augmentation des accidents de la route. Si j'ai bien compris ce serait mettre en danger les autres en conduisant de façon irraisonable. Dire cela ce serait déjà affirmer que les personnes sont responsables de leurs accidents ce qui est déjà problématique car ce serait volontaire de leur part. Ce serait peut-être un manque d'empathie (envers soi aussi) ou d'anticipation ? « Je devrais pas boire de l'alcool au volant sinon je me mettrai en danger moi et les autres ». Ou ce serait un comportement qui ne se conforme pas à une loi extérieure à la sienne, ici le code de la route ? En ce sens oui, un comportement individualiste dérange et dérangera toujours la majorité (c'est fun). Bref, utiliser ce terme est absurde dans ce contexte.

Mais les anarchistes individualistes c'est pas des asociaux ou des misanthropes ? Iels proposent quoi pour vivre ensemble ? Tout d'abord, avant de chercher à s'associer ensemble, selon Max Stirner (considéré comme le précurseur du courant anarchiste individualiste), il faut s'affranchir de son éducation et devenir son propre juge : « que chacun de vous soit un moi tout-puissant ». C'est ce qu'on pourrait qualifier de « déconstruction » de nos jours, d'introspection ou de crise existentielle (quoi t'es pas en dépression toi ?). Je dirais toutefois que la déconstruction demeure normative et collective. Tout le monde est à peu près d'accord sur ce qui est transphobe, raciste, etc. et on nous donne des clés pour être plus safe (youpi plus d'oppression maintenant (ironique)). Bien sûr, la société, y compris les milieux militants, qui ont leurs propres normes, n'inciteront jamais les individus à se poser activement des questions et à acquérir une autonomie de pensée et d'action (dédicace à l'Education Nationale qui aliène dès le plus jeune âge). C'est un processus qui ne s'arrête jamais et c'est difficile de sortir de son confort et de ses habitudes au début (mais bon si t'es anarchiste t'as déjà fait le choix de l'inconfort). Vigilance, ceci n'est pas une invitation au développement personnel qui vise un peuso-épanouissement dans une société capitaliste !

En recherchant à répondre à ses besoins personnels, l'individu aura besoin d'autres individus réciproquement (mauvaise nouvelle, l'humain est un être social qui dépend des autres humains pour vivre...). C'est l'association libre, volontaire et résiliable d'individus. Certes, elle peut demander des sacrifices individuels mais cette contrainte n'est pas publique, elle est nullement imposée par autre que soi-même. Stirner précise bien que : « seul » l'homme « qui a compris son unicité (le fait qu'iel soit unique) peut avoir des rapports avec ses semblables ». C'est pas mieux qu'être membre d'un parti politique ou autre organisation verticale ?

Par ailleurs, le concept d'association libre, remet en question les relations sociales hiérarchiques et structurées de la société. Comment ça tu veux changer de parents ? Tu as trois ans et tu ne les supportes déjà plus ? Tu veux pas t'enfermer dans des relations amicales ou amoureuses et les gens ne comprennent pas pourquoi tu les quittes ? Pourquoi ce désir de se lier absolument à des gens ? Tu ne trouveras pas de réponse en allant consulter un psychologue. Va plutôt explorer l'individualisme et tu comprendras que c'est pas toi le problème, c'est ELLEUX (les esclaves volontaires).

Feu aux familles, aux assignations de genre, à la psychiatrisation, au conformisme (c'est non exaustif), vive le MOI, MOI, MOI MOI, MOI, MOI, MOI, MOI, MOI, MOI, MOI, MOI !!! (référence au livre L'unique et sa propriété de Stirner où le mot « moi » est omniprésent).

  • « MOI n'est pas un gros mot, c'est la condition de notre émancipation ! » (je m'autocite pour information, oui j'ai cette prétention)

Soyez en fierx et emmerdez les gens qui vous traitent d'égoistes ! (je m'aime donc je suis)

À mon humble avis, je pense qu'il est plus que nécessaire actuellement de se réintéresser à l'individualisme afin de renouer avec la radicalité de l'anarchisme et que ce dernier ne prenne pas une tournure autoritaire !

Signé : une personne qui mord sans distinction (avec tendresse comme toujours)

J'ai mis dans les ressources deux vidéos pédagogiques youtube de moins de 10 minutes sur le courant anarcho-individualiste, le livre de Daniel Guérin qui l'aborde un peu, celui de Rancière est sur l'éducation émancipatrice, je ne l'ai pas encore lu par contre, oups et deux textes en ligne datant du début du XXe siècle.

Bien sûr je n'ai parlé que de ce que je connais personnellement sur le sujet donc je vous invite à faire vos recherches si vous souhaitez l'approfondir.

J'ai aussi choisi Joker dans les images car c'est un crimminel et un fou appréciable. Il a raison les gens se prennent trop au sérieux ; ) ( + bonus pour la voiture et l'argent brûlés )

Ressources :

https://youtu.be/GVxJfZDcZcA Anarchisme individualiste Minutes Rouge Episode 50
https://youtu.be/FG42gogWdCM L'anarchisme individualiste Politikon #9

https://fr.theanarchistlibrary.org/library/emile-armand-petit-manuel-anarchiste-individualiste Petit manuel anarchiste individualiste, Emile Armand 1911
https://attaque.noblogs.org/post/2018/01/16/lindividualisme-anarchiste-dans-la-revolution-sociale/ Mario Ferrento (alias de Renzo Novatore), Extrait de Il Libertario, n°738, 739 du 6 et 13 novembre 1919

Jascques Rancière : Le maitre ignorant, Cinq leçons sur l'émancipation intellectuelle, 1987

Daniel Guérin, L'anarchisme, 1965

Revue de textes sur les révoltes suite au meurtre de Nahel

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Des échos d'ailleurs, des nouvelles, des analyses, et des tracts qui tranchent. Suite à l'assassinat de Nahel par les keufs, tentative de compilation (non exhaustive) sur des révoltes en fRance.

Communiqués et analyses

Actualité et réaction

Ile de fRance

Lyon

Bourgogne-Franche-Comté

Saint-Etienne

Marseille

Ailleurs

Violences physiques

Un mort à Marseille

Dans la nuit du 1er au 2 juillet : Mohamed, livreur de 27 ans, père d'un fils de deux ans et qui attendait un autre enfant, a été tué par un tir de LBD. Alors qu'il circulait à scooter ce soir là, il est retrouvé mort, avec le choc d'une balle en caoutchouc dans le thorax. Les dernières images retrouvées dans son téléphone sont une vidéo de policiers arrêtant un homme, filmées quelques minutes avant qu'il ne soit retrouvé. Un policier a donc abattu Mohammed avant de le laisser agoniser sur le bitume.

Deux personnes dans le coma

À Mont Saint-Martin, en Lorraine, le 30 juin. Aimène, agent de sécurité de 25 ans, rentrait du travail et venait de rejoindre ses amis. Alors qu'ils sont en voiture, le jeune homme reçoit un tir en pleine tête : un « bean bag », une cartouche contenant du plomb, tirée par le RAID. Il est plongé dans le coma. Les habitants de la ville racontent une nuit « terrifiante » durant laquelle le RAID « tirait à tout va », dissimulé dans les buissons. Un habitant a filmé une scène dans laquelle on voit trois voitures roulant à faible allure, puis le RAID tirer en leur direction.

À Marseille, le 1er juillet, Hedi est laissé pour mort. Il sort de son travail en hôtellerie vers 1h30 et rejoint un ami. Coincé dans une ruelle par des policiers en civil, il reçoit un tir de LBD dans la tempe avant d'être passé à tabac. Il fait une rupture d'anévrisme, puis sombre dans le coma. Miraculeusement, il se réveillera après une prise en charge en urgence absolue. « Selon les médecins, j'aurais dû être un légume » dit-il à la presse. Il garde de lourdes séquelles et devra être réopéré.

Cinq éborgnés

Virgil éborgné par LBD à Nanterre, le 29 juin. Après la marche blanche pour Nahel appelée par la mère du défunt, cet ancien militaire part s'acheter à manger. « Hé toi, casse-toi ! » lui crie un policier. Virgil relève la tête en direction des agents. « La dernière image enregistrée par mon œil gauche est celle du point lumineux du LBD avec lequel le policier me visait ». Il perd un œil sur le coup.
Le 27 juin, un autre jeune homme est éborgné à Nanterre. Une vidéo montre un très jeune garçon évacué sur un fauteuil avec une blessure saignante à l'œil, dès le premier jour de révolte suite à la mort de Nahel. Son nom n'est pas connu.
Mehdi a été éborgné par LBD à Saint-Denis. C'était le mercredi 28 juin au soir. L'impact du tir l'a gravement blessé à l'œil et à la tempe droite. Il est laissé au sol, se réfugie dans une école et appelle les secours seul.
À Angers le 3 juillet, un homme de 32 ans est éborgné par un tir de LBD dans le centre-ville, alors que la police protégeait un local d'extrême droite. Au même moment, un autre homme est gravement blessé par un autre tir de LBD qui lui fracture le visage.
Aux Ulis, en région parisienne, une femme qui rentrait du travail a reçu un tir du RAID dans sa voiture en pleine tête.

Une main arrachée

Le 30 juin à Villejuif, des morceaux de main sont retrouvés dans la rue. Un journaliste de Cnews, informé par la police, parle d'un « morceau de phalange et les restes de grenade » qui « ont été prélevés » par la police pour retrouver la victime, qui ne s'est pas manifestée.

D'autres cas nous ont été signalés, mais préfèrent rester secrets pour le moment, notamment un hématome intra-crânien par un tir de LBD. Des dizaines d'autres personnes ont subi des passages à tabac au moment de leur arrestation. Lors de nombreux procès, les personnes arrêtées arrivaient avec des hématomes et des plaies dans la salle du tribunal.

Violences judiciaires

La police a procédé à 3400 arrestations en 4 nuits.

En 2 semaines, 1278 jugements ont été prononcés, avec un taux record de 95% de condamnations. 63% ont été condamnés à de la prison ferme, avec une moyenne des peines de 8,2 mois. Il s'agit très souvent de simples vols en marge des émeutes. Par exemple des personnes qui ont été interpellées après avoir récupéré de la nourriture ou des vêtements dans des magasins.

Pour le moment, près de 600 personnes ont été incarcérées.

Et ce ne sont que les interpellations immédiates. Les enquêtes, perquisitions et arrestations a posteriori vont continuer pendant des mois.

PS : Le recensement des violences est copié de cet article : Une répression d'une violence inédite (Contre Attaque)

Publié précédemment dans IAATA

Manifestation de soutien aux résidents du Foyer Branly de Montreuil

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Manifestation de soutien aux résidents du Foyer Branly de Montreuil
Vendredi 11 août 2023, départ devant la Mairie de Montreuil à 16h

MANIFESTATION DE SOUTIEN AUX RESIDENTS DU FOYER ADOMA EDOUARD BRANLY DE MONTREUIL

Vendredi 11 août 2023, départ devant la Mairie de Montreuil à 16h en direction du Foyer Branly

Considérant le mépris avec lequel sont traités les habitants du foyer Branly ;
Considérant la menace d'expulsion de centaines de personnes ;
Les signataires appellent à un rassemblement solidaire pour que leur voix soit entendue.

La parole aux personnes qui vivent au foyer Branly, Montreuillois, pour certains, depuis plus de 40 ans :

“Nous, résidents du foyer Branly, appelons à toutes solidarités, citoyennes, associatives, politiques, syndicales.

Sans votre présence, sans votre soutien, rien ne changera.

Il est temps d'agir.

Nous, résidents du foyer, exigeons que les travaux soient suspendus tant qu'un accord n'est pas dûment établi entre toutes les parties prenantes du projet de restructuration du foyer, c'est-à-dire l'État, ADOMA, Est Ensemble, la municipalité de Montreuil et les représentants des résidents.

Nous, résidents et leurs soutiens,

  • Refusons la mise en place d'une nouvelle catastrophe sociale et écologique,
  • Refusons que des centaines de personnes, parfois très âgées, soient jetées à la rue dans le cadre du « Plan de traitement des foyers »,
  • Refusons que les arbres du foyer Branly soient abattus,
  • Refusons de n'être pas consultés en ce qui concerne l'aménagement de nos futurs lieux de vie.

Les collectivités territoriales doivent s'engager résolument à nos côtés et nous soutenir :
La ville de Montreuil, le Département, Est-Ensemble et la Région doivent mener une politique d'accompagnement et de relogement digne des valeurs de la République.

Stop au logements indignes à Montreuil,
Respect aux travailleurs migrants,
Solidarité aux résidents des Foyers.”

A l'appel de l'Union Nationale des Sans Papiers (UNSP) et de la Coalition Internationale des Sans Papiers et des Migrants(CISPM) ; Le Collectif des Sans Papiers de Montreuil(CSPM) et la Coordination des Sans Papiers de Paris (CSP75) ; des résidents du foyer Branly ; de l'association des Maliens de Montreuil ; du Conseil de Quartier Branly Boissière (CQBB) ; du COllectif Pour l' Avenir des Foyer (COPAF) ; de la Fédération des Travailleurs Africains (FETAF) ; de Droit Au Logement (DAL) ; de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) ; de la Brigade de Solidarité Populaire de Montreuil ; de l'Union syndicale Solidaires Montreuil ; de nombreu.x.ses Montreuillois.e.s , voisins et voisines ; ...

Les résidents du foyer Édouard Branly sont en lutte depuis plusieurs mois contre leur gestionnaire ADOMA qui veut imposer un projet de reconstruction non concerté condamnant 70 des 193 résidents titulaires à l'éparpillement hors de la ville de Montreuil, ne tenant aucun compte des nombreux habitants non titulaires, et offrant 2000 m² de terrain à la Ville pour en faire ce qu'elle veut.

Jusqu'à présent, la mairie de Montreuil qui soutient le projet a bien voulu jouer l'intermédiaire pour obtenir un « comité de pilotage » de la reconstruction incluant des représentants des résidents.

Mais l'équipe municipale s'est toujours abstenu de soutenir explicitement les revendications des résidents.

Or ces revendications sont centrées autour du refus de l'imposition d'un projet et d'une méthode de travail anti-démocratique et néo-coloniale, caractéristiques du « plan de traitement des foyers de travailleurs immigrés » depuis ses débuts en 1997. Le mot « traitement » doit bien être compris comme « liquidation ».

Les résidents et leurs soutiens vont manifester ce vendredi 11 août 2023 pour affirmer que les temps des comportements coloniaux sont finis et bien finis, qu'il est temps que la mairie sorte de son soutien au projet initial pour, au contraire, affirmer son appui à la demande de la co-conception démocratique qui est celle des résidents.

Au début de septembre, on peut s'attendre à voir ADOMA revenir avec ses équipes du chantier pour tenter d'imposer sa vision de la transformation. En attendant ce qui s'annonce comme un inévitable bras de fer, manifestons notre solidarité avec les résidents et avec leurs exigences d'une participation démocratique.

Rappel des revendications des résidents :

  1. L'arrêt de tous travaux sur le site en attendant la tenue d'un Comité de Pilotage du projet incluant les représentants des résidents et la signature d'un accord entre le comité de résidents et Adoma ;
  2. Le maintien sur place du maximum des résidents actuels : la possibilité que deux personnes puissent signer un bail pour les T1 bis et T1 prime (logements au-dessus de 21m²) ;
  3. Le transfert des contrats de résidence aux jeunes de leurs familles par les résidents âgés qui le souhaitent ;
  4. L'aménagement d'une entrée au bâtiment adaptée aux personnes à mobilité réduite et aux personnes âgées pendant les travaux ;
  5. L'exécution des réparations et la fourniture de toutes les prestations qui continuent d'être payées par les résidents dans leurs « redevances » ; réparations de la plomberie, remplacement quinzomadaire de tous les draps et taies d'oreille ;
  6. La réouverture de la grille du parking jusqu'à la signature d'un accord écrit ;
  7. Une solution de relogement pour les surnuméraires qui habitent le foyer depuis longtemps ;
  8. Un accord écrit signé par ADOMA et par le comité de résidents concernant toutes ces revendications et sur les conditions d'usage des salles collectives dans la nouvelle résidence.