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Journées de solidarité avec la Palestine dans le 94

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Week end de soutien pour la Palestine à Vitry-sur-Seine (94). Parce que la solidarité est une arme, retrouvons-nous pour affirmer notre soutien à la lutte palestinienne le weekend du 16, 17 et 18 février. Les bénéfices seront reversés à des organisations qui apportent leur soutien aux civils palestinien.nes de Gaza et de Cisjordanie, mais aussi à des familles palestiniennes réfugiées en France, et notamment à Ivry.

Programme weekend de soutien a la palestine

(Vitry-sur-Seine/ Ivry)

Investi.es dans divers lieux et collectifs et habitant.es de la kunda, nous voulons proposer des espaces de rencontre et d'échange avec les personnes et organisations qui luttent pour la libération de la Palestine et leur affirmer notre soutien. De plus, il nous semble important d'imaginer des façons de s'unir contre les formes actuelles d'impérialisme, de colonialisme et de racisme en France dont la loi Darmanin est l'une des dernières expressions. Nous constatons que des convergences se créent et voyons ce week-end comme la possibilité de nous rassembler autour de ces différentes luttes.

Le week end se déroulera dans un premier temps dans la maison de quartier Monmousseau à Ivry puis à la Kunda a Vitry-sur-Seine, squat ouvert en mars 2020. Face aux dynamiques actuelles d'expulsions massives impulsées par la loi Kasbarian mise en application depuis cet été, nous avons conscience de l'importance d'ouvrir nos espaces de vie et d'organisation afin de créer les possibilités de tisser des liens de solidarité durables entre nous.

On propose de se retrouver le week-end du 16, 17 et 18 février pour des discussions, des ateliers, des émissions de radio des projections et des concerts. L'argent collecté sera reversé a un collectif de soutien pour être envoyé en Palestine. 🇵🇸

Au programme :

Vendredi (19h-23h) : Maison de Quartier (17 rue Gaston Monmousseau, Ivry-sur-Seine)

  • Cantine (couscous)
  • Film : Les 18 fugitives - Amel Shomali et Paul Cowan (a partir de 7 ans)

Samedi (14h-minuit) : la Kunda (51 Bd Stalingrad, Vitry-sur-Seine)

  • Discussions :
    • ☀️L'industrie de l'armement Française et son implication dans le génocide à Gaza - introduction et perspectives d'actions. (14h-16h)
    • ☀️ Résonnances anti impérialistes (17h-19h)
  • Espace enfants : activités et contes palestiniens (toute l'après midi).
  • Ateliers
  • Cantine (19h)
  • Concerts (20h-minuit)

Dimanche (14h-19h) :

  • Projection de films et discussions (14h-18h)
  • Goûter
  • Chorale révolutionnaire (18h)

Tout le long du weekend :

  • 📻 Radio camion avec appel a témoignage sur ce que représente la Palestine pour chacun.e
  • 📖 Infokiosque

Attaque de la librairie Vincent contre Fouché et ses amis fascistes

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Une explication des raisons pour lesquelles la librairie d'extrême-droite Vincent a été prise pour cible à la veille d'une conférence du covidonégationniste Louis Fouché co-organisée par celle-ci.

Depuis plusieurs semaines, la librairie Vincent se vantait de co-organiser, pour le samedi 10 février, une conférence du covidonégationniste Louis Fouché intitulée « Agonie et renouveau du système de santé ». La riposte antifasciste ne s'est pas faite attendre : quelques camarades sont passé-es dans la nuit précédente repeindre la devanture de la librairie et en détruire la serrure. Louis Fouché n'est pas particulièrement connu à l'extrême-gauche, et la librairie Vincent l'est sans doute encore moins. Les raisons de notre action méritent donc quelques éclaircissements.

Louis Fouché est la figure principale du site ReinfoCovid, qui propage de la désinformation au sujet du Covid-19, minimisant sa gravité et proposant des remèdes alternatifs qui n'en sont pas du tout. Depuis son apparition dans l'espace public à la mi-2020, il a montré encore et encore sa proximité avec l'extrême-droite la plus rance : outre ses interventions fréquentes sur CNews, Sud Radio, Radio Courtoisie, FranceSoir etc., il a collaboré à de nombreuses reprises avec des fascistes tels que Jean Robin, proche d'Égalité et Réconciliation, devant lequel il a clamé son opposition à l'IVG, à la libération sexuelle, et au féminisme en général, ou encore Marc Gabriel Draghi, un autre antisémite forcené. Il a également affirmé que les antifas devaient être « trainés dans la boue ». Cette conférence n'est qu'un énième exemple de sa sympathie pour les fascistes : la librairie Vincent est une librairie soralienne installée dans le 7e arrondissement, qui vend par exemple la lettre d'« information » Faits et documents, à l'origine de la théorie du complot transphobe selon laquelle Brigitte Macron est une femme trans.

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Malgré ses positionnements politiques, il est traité avec complaisance par une partie de celleux qui devraient être ses ennemis, parce qu'il mobilise des références prisées à l'extrême-gauche telles qu'Alain Damasio ou Murray Bookchin dans le cadre d'une stratégie confusionniste, et parce que le mouvement antifasciste n'a pas entièrement pris la mesure de la menace continue que constitue le covidonégationnisme. Louis Fouché, comme tous ceux qui nient la gravité du Covid-19, l'efficacité du vaccin et des masques, est un eugéniste, prêt à sacrifier les personnes les plus vulnérables à la maladie. Il est également clair que lui et ses amis sont des fascistes, et doivent désormais être traités comme tel par tou-tes les révolutionnaires. L'objectif de cette expédition nocturne était de faire passer ce message, et de montrer à Fouché et ses collaborateurs qu'ils ne sont pas en sécurité, même au cœur des quartiers bourgeois.

Refuser les agressions, prendre soin les un.es des autres : retour sur la Soirée de la Coord antirep du 13 Janvier à La Parole Errante

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le 13 janvier dernier avait lieu à la Parole errante une aprèm-soirée de soutien à la coord antirep de Paris - IDF et la legal team. La journée a été un succès.
Tout le monde s'en félicitait, mais...
Quelques jours après, ce sentiment de fête réussie a été gâché lorsque nous avons appris que plusieurs personnes ont vu leur soirée tourner au cauchemar à cause de substances versées à leur insu dans leurs boissons.

Le 13 janvier dernier avait lieu à la Parole errante une aprèm-soirée de soutien à la coord antirep de Paris - IDF et la legal team. La journée a été un succès, a réuni et réjoui un très grand nombre de personnes.
Tout le monde s'en félicitait, MAIS...
Quelques jours après cette belle soirée ce sentiment de fête réussie a été gâché lorsque nous avons appris que plusieurs personnes ont vu leur soirée tourner au cauchemar à cause de substances versées à leur insu dans leurs boissons. Elles ont été prises de malaises, vomissements, maux de tête, et globalement de blackout/trous de mémoire sur la fin de soirée/nuit pour les témoignages qui nous sont parvenus, et pour l'une d'elles, les pompiers sont intervenus.
Cela nous met toustes dans une profonde colère.

Partager les récits
Tu ne te souviens pas trop de la soirée ou tu t'es senti.e mal de manière inexpliquée ? Tu n'avais jamais eu de trous noirs ou pas comme celui-ci, et là, ça t'est arrivé ?
Tu n'as pas bu d'alcool / ou pas au point de / ou pas tant que cela, et tu as pourtant fait un malaise, ressenti une fatigue intense ou tu ne te souviens pas de toute ou une partie de ta soirée ou de la nuit ?
Tu as pensé qu'un-e de tes proches avait un comportement anormal mais parce qu'iel avait un peu trop bu, ou pris volontairement une drogue, sans s'inquiéter plus que ça ? Demande-lui si cela a été par la suite.
Chaque personne réagit différemment à la prise de drogue, donc si tu ne te reconnais pas dans ces symptômes mais que tu t'es senti.e dans un état étrange, différent de tes habitudes, n'hésite pas à nous écrire : stoprepression@riseup.net
Ce type de mauvaise expérience s'accompagne souvent de honte et de culpabilité, prenons soin de nous toustes et ne nous laissons pas silencier.
Les témoignages nous seront utiles pour améliorer la prise en compte de ces risques, la prévention (comment cela se fait, quels sont les effets), et aider les personnes concernées si elles en ressentent le besoin.

Le type de pratiques qui consiste à droguer à son insu une personne, pour pouvoir ensuite profiter de sa détresse, de sa difficulté à se défendre, la manipuler ou l'agresser, est inacceptable et continue pourtant à être bien trop répandu dans les soirées, les lieux de fête, ici et ailleurs.
Et s'il faut le rappeler, faire prendre sans son consentement explicite de la drogue à une personne, quel que soit le but, et quel que soit le genre et les habitudes de consommation de cette personne, est une agression.
Ce n'est pas un comportement festif, ce n'est pas drôle.
Cela met en danger les personnes, les rend vulnérables et même si ce n'est pas suivi d'une violence, sexuelle ou autre, cela peut aussi avoir des conséquences physiques et psychologiques graves. C'est traumatisant de ne pas savoir ce qui nous arrive et pourquoi.

Prendre soin les un.es des autres, refuser les agressions

Faisons attention, partout, aux personnes autour de nous. Si on a l'impression que quelqu'un.e ne se sent pas bien, a trop bu, n'hésitons pas à aller la voir, lui parler, voir si elle est entourée et pourra bien rentrer chez elle. Faisons attention à nos verres, à ceux des autres. Prenons connaissance des comportements entraînés par les drogues, pour savoir les identifier. Communiquons sur les malaises, les trous noirs, les moyens de savoir si on a ingéré de la drogue. Prenons en compte tout ceci dans toutes les soirées où nous nous rendons.

Nous savons très bien qu'aucune « safe place » n'existe, et notre milieu n'en est pas exempt.
Même quand nous nous retrouvons dans des soirées militantes, dans des lieux connus, entouré.es de personnes avec qui nous partageons des idées, des causes, qui à première vue exclueraient ces comportements malveillants, force est de constater que des agressions ont lieu.
La domination patriarcale est une oppression systémique et structure tous les espaces.
Alors oui, nous attendons mieux de nos compagnon.ne.s de route et nous redoublerons d'efforts pour empêcher ces agressions et les traquer partout.

À défaut d'avoir les yeux grands ouverts sur les agresseurs pour les clouer au pilori, nous ouvrons grand notre gueule pour hurler que non, ces agissements ne passeront pas, jamais ! Que nous aurons toujours la solidarité pour prendre en charge les personnes qui ont subi ces comportements malveillants mais aussi que nous les dénoncerons sans relâche, alors qu'ils viennent ternir nos mémoires festives et nos idéaux.

Dans notre lutte contre la répression, le fascisme et toutes ces pensées mortifères, nous n'oublions jamais que le patriarcat est une des facettes essentielle au fonctionnement du pouvoir capitaliste qui nous oppresse et nous ne lui céderons rien.
Les luttes se mènent conjointement ou ce ne sont pas les nôtres.
Alors faisons le ménage dans les comportements virilistes, mascu et agresseurs qui continuent de nous entourer et de pourrir nos vies et nos combats.

Et merci à toustes celleux qui, au contraire, ont su faire de cette journée, un moment heureux.
Merci aux proches des personnes qui ont su les entourer et en prendre soin.
Vive l'autodéfense et l'adelphité [1], mort au patriarcat et à toutes ses formes.
Révolté.es à jamais contre les agresseurs.

La coordination antirépression Paris-IDF, La Parole errante demain, le Barcredi


[1] l'adelphité englobe la fraternité et la sororité, sans distinction de genre

La mutilation de Théo – l'État en roue libre / Résistons Ensemble n°215

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Bulletin n°215 – du 1er février 2024, du réseau Résistons Ensemble. Formé en 2002, Résistons Ensemble a pour but d'informer, de briser l'isolement des victimes des violences policières et sécuritaires et de contribuer à leur auto organisation.

Le petit journal mobile recto-verso A4 "RESISTONS ENSEMBLE" du réseau contre les violences policières et sécuritaires est sorti. Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le journal vous plaît. Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa rédaction, à se joindre à l'équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions, propositions, critiques...
Lire l'intégralité et télécharger ce bulletin mis en page au format pdf.

Au sommaire

  • La mutilation de Théo – l'État en roue libre
  • Chronique de l'arbitraire : Tous jeunes, tous à scooter, tous poursuivis par la police, tous morts • Une colonne de motards des BRAV M ont percuté et tué • Un mort suite à son interpellation à Montfermeil • JO 2024 : la chasse aux pauvres s'amplifie • L'adoption de la loi Darmanin, Macron patauge dans la boue • Sans papiers, des victoires minuscules... • A Marseille Le RAID de nouveau impliqué • Refus d'obtempérer • Un procès politique nouveau point de bascule • « Il faut les défoncer ! » ordonna le commissaire • la France poursuivie pour « acte de torture »
  • Agir : Le 17, un guide pour les victimes de violences policières

L'édito

La mutilation de Théo – l'État en roue libre
Ça s'est passé il y a 7 ans. Le jeune footballeur Théo a été violé par la matraque télescopique d'une patrouille de police.
Lors du procès à la Cour d'assises de Bobigny qui vient d'avoir lieu, le viol de Théo, un crime, a été requalifié de simple délit. Son infirmité à vie, pourtant incontestable, a été discutée. L'auteur de l'estocade qui l'a déchiré de l'intérieur, risquait 15 ans de prison et s'en est tiré avec 1 an de sursis, ses complices avec 3 mois de sursis et tous, avec l'obligation de passer de 2 à 5 ans sur un fauteuil dans un bureau…
La légèreté de la peine qui leur a été infligée est d'autant plus scandaleuse, quand on apprend qu'un jeune manifestant a écopé en appel de 4 mois avec sursis pour avoir refusé de communiquer à la police le code de son téléphone !
Le réquisitoire du procureur, la voix du gouvernement, apporte un éclairage cruel sur l'orientation du régime Macron. Étonnamment sévère vis-à-vis de l'enquête, il a évoqué « la faiblesse » de l'institution. Peut-on avoir le recul nécessaire quand tous les experts d'armement et les enquêteurs de l'IGPN appartiennent à l'institution policière ? s'interrogeait-il (cité par Médiapart).
Mais nous chuchoter dans l'oreille que l'enquête de la « police de la police » et des « experts » flics c'est du bidon, permet en réalité de nous délivrer un message terrifiant de la part du pouvoir : « Toute cette comédie judiciaire n'est qu'un rideau de fumée pour masquer mes crocs de rapaces ». Méfions- nous. Le régime en voie de fascisation s'embarrasse de moins en moins de fioritures judiciaires. Plus des cérémonies inutiles. La répression roulera en roue libre, en direct, à coup de fusil.
C'est dans ce cadre qu'il faut entendre que Macron veut « réarmer » le pays, en commençant par la jeunesse qui s'est révoltée cet été suite au meurtre de Nahel et a bloqué cet hiver des lycées contre la loi immigration et son monde : uniforme dans les écoles, généralisation du SNU à tous les lycéens…
Mutilé à vie, Théo reste enfermé entre les quatre murs de sa chambre. Personne ne pourra lui redonner la vie à laquelle il a droit.
Démasquer les glauques cheminements de l'appareil répressif reste une tâche accessible et nécessaire. Et ne pas abandonner le terrain de la lutte.

Lire l'intégralité et télécharger ce bulletin mis en page au format pdf.)

Covid-19 : un traitement de classe de la prévention ?

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Alors que la crise sanitaire est officiellement terminée, les mesures de prévention du Covid-19 sont devenues un privilège de plus des riches. Pour nous autres, les gueux, des infections à répétition accroissent le risque de Covid long et les mesures de précaution sont inexistantes. Au nom de quoi devrions-nous subir un traitement de classe de la maladie ?

Un luxe de précautions pour les riches

L'année dernière, les chefs d'État et les grands patrons réunis à Davos avaient pris un luxe de précautions pour ne pas transformer la fête du capital en cluster géant : tests systématiques, masques pour les larbins, purification hyper efficace de l'air. Comme si le Covid, ça existait encore, alors qu'à nous autres on répète que la crise sanitaire est derrière nous. La différence de traitement avait dérangé, jusque dans les rangs de la presse financière. Cette année, les mesures ont donc été plus discrètes mais on a pu repérer dans les coins des purificateurs d'air.

À voir ces précautions, on dirait que le Covid-19 est un virus aéroporté qui provoque une maladie grave, ce qui est cohérent avec l'état des savoirs. Pour nous autres, ce sera une maladie anodine qui se transmet par les mains sales. Un peu de gel hydroalcoolique suffira et les investissements pour adapter l'aération des lieux publics ou des lieux de travail seront inutiles.

C'est un traitement de classe de la crise sanitaire. Les riches mettent les moyens pour se protéger contre le virus, délaissent les avions de ligne pour les jets privés, investissent dans les procédés d'aération des établissements scolaires pour les enfants de la grande bourgeoisie. L'École alsacienne à Paris s'est dotée de « purificateurs d'air dans les lieux de restauration » et d'un « capteur de CO2 dans toutes les salles de classe et de réunion », « mesures spécifiques » qui étaient encore en place à la rentrée 2022. Le lycée parisien Stanislas reçoit en 2023 un demi-million de subventions pour « la réfection de deux ascenseurs et d'une centrale d'air ».

Dans l'enseignement public également, des crédits ont été mis sur la table mais la fin de la crise sanitaire semble avoir été sifflée plus vite que dans les établissements de la bourgeoisie. En Auvergne-Rhône-Alpes, 10 millions ont été consacrés en 2021 à l'équipement des lycées et des écoles. On peine à savoir si ou quand leur maintenance a été abandonnée. En décembre 2023 est décrété le « remboursement à Santé publique France (SPF) de crédits [20,9 millions d'euros] rendus sans objet par la fin de la crise sanitaire, initialement à destination d'achat de masques, matériels et capteurs CO2 pour les établissements scolaires et les personnels de l'éducation nationale ». Entre le déni de la possibilité d'infection des adultes par les enfants et l'annonce de la fin de crise, ces millions n'ont pas été affectés.

La crise sanitaire se serait achevée depuis la prééminence fin 2021 des variants Omicron, lesquels seraient inoffensifs et autoriseraient des infections de masse successives. Une situation à laquelle appelait la déclaration de Great Barrington, issue des milieux d'affaires libertariens, depuis 2020. En France, le masque est tombé dans les transports en commun juste avant la farce électorale de 2022 et aujourd'hui c'est dans les lieux de soins (y compris de soins Covid-19) qu'il est devenu dispensable. Aux États-Unis, Joe Biden prouvait en 2022 que la crise sanitaire, c'était fini en montrant que plus personne ne portait de masque. Plus personne ne porte de masque car les chefs d'État ont imposé le récit selon lequel la crise sanitaire était finie. Et pourtant…

Et pourtant la pandémie est encore en cours. La surmortalité ne baisse pas depuis 2020, ses causes deviennent seulement plus diffuses. Quelle est la part de l'infection de masse au Covid-19 dans le mauvais état sanitaire des populations ? S'agit-il d'une « dette immunitaire » à rembourser indéfiniment ou des conséquences d'une maladie qui ne cesse de nous surprendre ?

Le Covid long, du déni à la prise de conscience

Depuis un premier rapport publié par Santé publique France en 2022, l'état des connaissance s'affine sur le syndrome post-Covid (SPC) ou Covid long. Le Covars, Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires, a publié à l'automne 2023 une étude importante qui décrit la maladie, estime sa prévalence et ses conséquences sociales et économiques.

Le Covid long est une « persistance virale sanctuarisée, une inflammation chronique, une dérégulation immunitaire, une atteinte du système nerveux central, un déséquilibre de la flore intestinale, une atteinte microvasculaire ou encore une modification du métabolisme énergétique ». Les symptômes les plus courants sont la fatigabilité, des troubles neurologiques (maux de tête, troubles du sommeil et de l'humeur, troubles cognitifs dont le « brouillard cérébral »), des difficultés respiratoires, des douleurs thoraciques, des troubles digestifs, de la vision, des troubles anxieux et dépressifs. Il n'y a pas de rétablissement linéaire, « les signes, symptômes et affections peuvent être multi-systémiques et peuvent présenter un schéma cyclique et une progression ou une aggravation avec le temps » (selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies états-unien). Il peut persister pendant des mois, voire des années.

Avec quatre ans de recul et malgré les récits des autorités de santé qui ont d'abord mis le Covid long sur le compte de troubles psychiques, le sujet est aujourd'hui mieux connu et mieux évalué. On estime à « plus de 17 millions [le nombre] de personnes qui ont souffert d'un SPC en Europe entre 2020 et 2021 », 10 % des personnes infectées sont touchées, particulièrement après une forme grave mais pas seulement. « Les personnes les plus à risque de développer des troubles persistants de la Covid-19 sont les femmes actives sans comorbidités dont la médiane d'âge est de 45 ans », ce biais genré pouvant être attribué au manque de repos lors de l'infection, qui est un facteur de risque. « La littérature scientifique semble suggérer que le SPC est davantage répandu chez les personnes ayant contracté plusieurs infections que chez celles n'ayant été malades qu'une seule fois. »

Le ministère de la santé prend enfin au sérieux le Covid long et travaille à l'amélioration de sa prise en charge, ce qui est heureux, mais sans envisager des mesures de prévention. Or depuis le variant Omicron, le nombre d'infections est multiplié d'une part par les propriétés propres du virus mais également par la disparition des mesures de protection, jusque dans les établissements de santé. Avec quelles conséquences sur notre état de santé global ?

Prévention du Covid pour toutes et tous !

Aujourd'hui, en France, « plusieurs centaines de milliers de personnes souffrent actuellement de SPC avec un retentissement au quotidien nécessitant une prise en charge spécifique ». « Les conséquences en termes de décrochage scolaire, perte de productivité, arrêt maladie prolongé, adaptation au travail, perte de travail, démission sont réelles », les « retentissements multiformes sur la vie quotidienne : difficultés financières, familiales, professionnelles, et difficultés d'accès à une protection sociale efficace ». Voilà qui mériterait quelques efforts pour protéger les populations. Masques FFP2 ou FFP3, détecteurs de CO2 associés à une aération régulière via l'ouverture des fenêtres et, surtout, purificateurs d'air, les outils pour « vivre avec le virus » sans se le refiler à tour de bras existent et devraient en toute logique être répandus dans tous les lieux où se concentre la population mais, étonnamment, on constate la présence de purificateurs d'air et de dispositifs virucides plutôt en haut de l'échelle sociale.

Le Covid-19 n'a pas disparu, il impacte toujours notre santé collective et brise toujours des vies. L'absence de mesure de prévention collective exclut de la société des personnes qui doivent se protéger des contaminations à tout prix et reste un risque pour celles qui s'imaginent invulnérables. Si l'État ne mène aucune politique de prévention, nous devons lutter pour les imposer à tous les niveaux, contre les autorités, contre nos patrons, y compris contre nos camarades qui acceptent la stratégie du déni. Nous ne sommes pas dupes de discours comme la fin de la lutte des classes et le ruissellement des fortunes des plus riches sur le petit peuple, au nom de quoi faudrait-il accepter les appels à l'immunité de groupe, le déni de la gravité du Covid et le récit d'une crise sanitaire achevée ?

Ces questions doivent engager le monde du travail et les syndicats. Nous nous mobilisons déjà contre les jours de carence qui empêchent une part significative de personnes infectées de se reposer, dans un contexte où tout arrêt maladie est devenu suspicieux. Nous devons également nous battre pour faire reconnaître le Covid long en affection longue durée et pour le maintien du revenu en cas d'arrêt de plus de trois mois. Enfin, alors que les autorités ont fait le choix de laisser filer la diffusion du virus et de tester sur nos corps une illusoire recherche de l'immunité collective, nos syndicats doivent imposer la prévention et la protection des salarié·es sur le lieu de travail et en premier lieu dans nos locaux syndicaux : information sur le Covid-19 pour lutter contre les idées fausses et mise en place de mesures de protection adaptées. Nous attendons l'exemplarité de nos syndicats sur ces questions pour permettre à chacun·e de participer sans crainte pour sa santé à la vie syndicale. Et, au-delà, nous appelons le camp des luttes à ne pas accepter un traitement de classe de la maladie et de la prévention.

Des syndicalistes