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Attaque fasciste au rassemblement du 8 mai à Torcy (77)

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Communiqué de l'Association Antifasciste 77 au sujet de l'agression fasciste subit le 8 mai à Torcy (77) à la suite du rassemblement contre les centres de rétention.

Attaque fasciste au rassemblement du 8 mai.

Le 8 mai, 10 fascistes armés de béquilles, de gants coqués de bonbonnes de gaz (gaz à utilisation détournée pour ses propriétés euphorisantes) d'environ 50cm et d'objets en verre ont tendu un guet-apens vers 16h45 alors que 7 participants à notre rassemblement antifascistes rejoignaient leurs véhicules.

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Profitant de l'effet de surprise et de leur surnombre, les fascistes ont usé de leurs armes sur nos camarades dont un est tombé au sol, mais il n'aura heureusement que quelques blessures superficielles.

Nous nous interrogeons vivement sur l'objectif d'avoir tenté de poursuivre 2 de nos militantes du groupe à plusieurs, avec des armes. La cohésion de groupe et leurs incompétences à profiter efficacement du surnombre ont permis la mise en sécurité de nos camarades.

Les agresseurs ont rapidement revendiqué leur attaque dans la fachosphère.

Revendication qui ne précise pas les éléments cités plus haut, mais la lâcheté de l'extrême droite n'est plus à prouver.

Revenons sur les fascistes qui ont revendiqué, « les loutres ». Les « loutres » est un groupe hooligan raciste qui n'est qu'autre que la branche la plus violente du groupe d'extrême droite Auctorum basé dans les Yvelines (78). Proche de groupe dissous comme l'Alvarium à Angers ou encore comme les Zouaves Paris, ils font partie de la branche identitaire catholique comme leurs amis de Civitas.

Nous mettons en lien d'ailleurs un article qui explique très bien qui sont ces gens.

L'association antifasciste 77 ayant considérablement perturbé les activités de l'Action française et d'autres groupes racistes en Seine-et-Marne cette attaque sonne comme une tentative d'intimidation.

Mais il n'en est rien, car si l'extrême droite organise des attaques surprises en surnombre et surarmées, c'est qu'elle est dérangée dans ses activités. ... Surtout quand les fascistes sont contraints d'appeler des effectifs d'autres départements.

Cette attaque prouve en effet que dans le 77 (Seine-et-Marne) les fascistes reculent !

Et ce n'est que le début !

Pour finir, il est important pour tous de prendre conscience du danger des groupes violents fascistes. Car c'est maintenant presque chaque semaine qu'à travers toute la France l'extrême droite passe à l'acte. Combien de temps allons-nous laisser les nazillons propager leur haine, leur violence ? Il est temps d'éradiquer ce poison qu'est l'extrême droite et par tous les moyens nécessaires !

Merci à tous ceux qui ont pris des nouvelles suite à la rapide diffusion de cette attaque dans la presse. Votre soutien et solidarité comptent beaucoup pour nous.

Comptez sur nous pour continuer ou plutôt intensifier la lutte. D'autres projets, mobilisations sont sur les rails et rien n'y personne nous arrêtera ! 77 antifa

L'AFA 77

Article du média Street Press sur la mouvance fasciste dont font partie et où sont cités les agresseurs :
Cliquez ici

EIF en résistance : mobilisation générale

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rassemblement mercredi 18 mai contre l'expulsion de l'EIF, ancienne usine aux Murs à pêches à Montreuil, squattée depuis septembre 2020.

EIF en résistance, mobilisation générale

Comme vous ne le savez peut-être pas encore, EIF, ses habitant.es, 23 collectifs et une dizaine d'activités culturelles et artistiques sont menacés d'une expulsion imminente.
EIF c'est une ancienne usine, polluée, situé au 97 rue Pierre de Montreuil. Squattée depuis septembre 2020 et en construction résistance permanente.

Sans négociation ni propositions de relogement ; nos droits et notre qualité d'habitant.e.s du site ayant été niés par la justice jusqu'à présent.

Si la maîtrise foncière du terrain est assurée par l'EPFIF (établissement public foncier d'Ile-de-France), c'est « Est Ensemble » et la mairie de Montreuil qui sont les véritables donneurs d'ordre concernant l'avenir de la parcelle de l'EIF (l'usine mais aussi plus d'un hectare de murs à pêches menacés de destruction).
Jusqu'à présent, aucun élu ni aucune instance administrative n'a daigné ouvrir le dialogue avec nous au sujet de l'avenir d'EIF, de ses habitant.es actuels et de ses activités.

Nous vous appelons chaleureusement donc à nous rejoindre MERCREDI 18 MAI pour le rassemblement à la Mairie de Montreuil.
Venez avec nous afin de préparer cette mobilisation et les suivantes !

Collectif Garde la Pêche de Montreuil
Rassemblement 18 mai à 16h
Mairie de montreuil

https://gardelapechemontreuil.wordpress.com

Quand les flics prennent tes empreintes, ta photo et ton ADN de force

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le 22 avril, plusieurs personnes en garde à vue qui refusent de donner leurs empreintes digitales, photo et ADN se voient contraintes physiquement par les flics à les donner. Premiers retours sur l'application de la loi du 24 janvier 2022, dans le cadre de la loi relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure

Le 24 janvier 2022, dans le cadre de la loi relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure, un nouvel alinéa a fait discrètement son apparition dans l'article 55-1 [1] du code de procédure pénale, qui réglemente la prise d'empreintes et de photo en garde à vue.

Le nouvel alinéa en question :

« Sans préjudice de l'application du troisième alinéa, lorsque la prise d'empreintes digitales ou palmaires ou d'une photographie constitue l'unique moyen d'identifier une personne qui est entendue en application des articles 61-1 ou 62-2 pour un crime ou un délit puni d'au moins trois ans d'emprisonnement et qui refuse de justifier de son identité ou qui fournit des éléments d'identité manifestement inexacts, cette opération peut être effectuée sans le consentement de cette personne, sur autorisation écrite du procureur de la République saisi d'une demande motivée par l'officier de police judiciaire. L'officier de police judiciaire ou, sous son contrôle, un agent de police judiciaire recourt à la contrainte dans la mesure strictement nécessaire et de manière proportionnée. Il tient compte, s'il y a lieu, de la vulnérabilité de la personne. Cette opération fait l'objet d'un procès-verbal, qui mentionne les raisons pour lesquelles elle constitue l'unique moyen d'identifier la personne ainsi que le jour et l'heure auxquels il y est procédé. Le procès verbal est transmis au procureur de la République, copie en ayant été remise à l'intéressé. »

Cet article annonce tout simplement que désormais si les flics considèrent qu'ils n'ont pas ton identité, ils pourront te prendre ta signalisation de force dans le cas où tu la refuses (à savoir, un portrait photo et la prise de tes empreintes). Ce n'est pas nouveau en Europe, l'état français se rapproche des politiques de l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne ou encore la Belgique, mais on avait pu jusque là y échapper. Ce bout de loi n'a pas fait grand bruit, et il n'y a pas eu jusque là d'échos de son application. C'est aujourd'hui chose faite, avec ma dernière garde à vue, et celle d'autres compagnons.

Contexte de départ : Le vendredi 22 avril, des baqueux s'introduisent dans un squat, prétextant une tentative de cambriolage. Une des trois personnes présentes dans la maison est embarquée, poursuivie pour violence sur PDAP. Un rassemblement s'organise rapidement le soir même, depuis le squat du Marbré (il apparaît dans le dossier que nous étions pris en filature depuis le Marbré). On est une petite dizaine, mais impossible d'arriver devant le commissariat, de très nombreux flics nous barrent la route, et ne tardent pas à embarquer presque tout le monde. Je cours et me fait prendre en chasse jusqu'à mon interpellation.

Une fois au poste à Vincennes, la plupart des gens sortent après un simple contrôle d'identité (tous sous faux nom, à une exception près). trois d'entre nous finissent en garde à vue, deux pour les même faits que le pote arrêté plus tôt, et moi (sous faux nom ?) pour violence avec arme. Les flics tentent plusieurs fois de me prendre en photo pendant la vérif, ils profitent d'une nouvelle fouille pour me mettre dans une salle, me filmer et me prendre en photo. Ils foutent bien la pression mais ne m'empêchent pas de me tourner face au mur pour ne pas être pris. En tout cas leur "taj photo" [2] comme ils disent ne marche pas et ils ne retrouvent pas mon identité (à priori ils n'ont jamais eu de photo de moi, vu que j'ai toujours refusé la signalétique). Une caméra était posée sur le comptoir de l'accueil aussi, nous filmant en permanence pendant toute la vérif'. Je pense que j'ai échappé aux vidéos et photos des condés, mais pas celle de cette caméra.

Je ne reste pas à Vincennes. Je suis transféré d'abord à Joinville-le-Pont pour quelques heures, puis à Fontenay-sous-Bois. Là-bas, je fais plusieurs auditions qui tournent rapidement court puisque je ne dis rien y compris sur l'identité (nb : on me demande tout particulièrement ma filiation). J'exaspère l'OPJ, une petite dame avec un air toujours pincé, affublée d'une écharpe. genre bureaucrate peu patiente. Un grand type brun vient me chercher pour les empreintes, je lui dit que je vais pas venir, il repart, fâché. On m'ajoute en supplétives "refus de signalisation", "refus d'empreinte biologique" et "refus de remise de la convention secrète de chiffrement d'un moyen de cryptologie" (j'ai refusé de donner le mot de passe de mon téléphone). Après 36h de gav, on vient me chercher pour mon entretien avocat. Et juste après cet entretien, tout s'enchaîne en quelques heures. (NB, je pense que c'est un concours de circonstances et qu'ils n'ont pas attendu l'entretien avocat, puisqu'ils ne s'attendaient pas à ce qu'un avocat vienne).

Après plus de 36h de gav, une nouvelle réquisition du procureur tombe : une meuf se pointe dans ma cellule en me disant qu'elle est de la scientifique et qu'elle est chargée de prendre ma signalisation. Elle a son smartphone à la main. Moi je suis sous ma couverture et je lui dit de se casser en glissant ma tête dessous. Elle tente vaguement de tirer la couverture mais n'insiste pas. Elle part en disant que je viendrai plus tard de force chez son collègue dans ce cas. 

Juste après, c'est le shift chez les geôliers. Les nouveaux sont des gros cons (ah ! je me disais bien qu'ils manquaient à l'appel) qui viennent demander aux gardés à vue pourquoi ils sont là au début de leur service. Ils décident de m'emmerder, de rentrer dans ma cellule pour se foutre de ma gueule. Pour eux je suis un GJ. Ils finissent par partir mais chaque fois qu'ils viennent ouvrir une cellule, ils passent me voir, rigolards. 

Un peu plus tard ces mêmes keufs m'emmènent à l'hôpital militaire de Bégin, avec le lot de menaces, provocs, petits coups mesquins et humiliations qui vont avec. Dans la salle d'attente de l'hôpital, à un moment je les entends dire que juste après ils m'emmèneront pour la signalisation. Et merde... À ce moment là j'ai vraiment le seum parce que je m'étais préparé à résister depuis ma cellule, alors que ce qui se profilait c'était plutôt que j'allais me retrouver direct et déjà menotté dans la salle. Après un temps d'attente digne des urgences d'hôpital, c'est mon tour. Les flics rentrent, fiérots comme jamais, et commencent "On vous amène un type qui est là pour violence avec arme. J'imagine que vous voulez qu'on reste ?". "Déjà, vous n'avez rien à faire dans cet hôpital" rétorque l'infirmière, ulcérée. Et là les condés se font aligner par l'infirmière et le médecin, qui disent qu'il ne veulent plus voir les flics de Fontenay amener leurs gardés à vue dans leur hôpital, sans les prévenir autrement qu'avec un coup de téléphone. Qu'ils ne font ça que pour se permettre des passe-droits, etc. Les flics ne font plus les crâneurs, on dirait des enfants pris en faute. Je demande au médecin à ce que les flics ne soient pas là et il leurs demande de partir. Je lui demande de la codéine, il me la donne, je lui demande de m'en prescrire, et il me fait une ordonnance en me prévenant que les flics risquent de ne pas m'en donner. On retourne dans la salle d'attente le temps qu'il fasse l'ordonnance, jusqu'à ce qu'il revienne avec le papier. "L'ordonnance, c'est pas pour vous, c'est dans sa poche, et vous n'avez pas le droit de la lire !". Coup de grâce pour les chtars, qui se font réprimander devant les autres gens qui attendent d'être soignés. Ils vont me laisser tranquille pendant le retour, ils préfèrent insulter ce « médecin de merde qui n'est même pas un médecin militaire, en plus ! »

Autres bons points, ils me ramènent dans ma cellule, et oublient de récupérer le masque covid qu'ils m'ont posé sur la gueule pour aller à l'hôpital. Je me prépare au moment le plus chiant de la garde à vue. Je fait des échauffements : bras, poignets, cou, jambes, chevilles, puis je m'assois. Bon en fait ça prend un peu de temps. Bon en fait je vais me coucher en attendant... quelques heures plus tard, j'entends des conversations dans le couloir. Je me doute que c'est pour moi. Je me rassois sur le banc. J'attends. 

Quelques minutes plus tard, l'OPJ pincée apparaît à la porte de ma boite, entourée de quatre gorilles suréquipés et aux bras trois fois plus épais que les miens, terminés par des gants coqués. Elle me demande de la suivre pour une nouvelle notification. Je lui demande de quoi il s'agit. Elle me dit que c'est une nouvelle notification du magistrat. Je réponds que je veux savoir ce que c'est (alors qu'un des bleus commence à s'engouffrer dans ma cellule), et que je sortirai pas tant que je ne sais pas. Elle répond encore à côté, alors j'y vais franchement : "Si c'est pour les empreintes, je ne sortirais pas de la cellule". Le flic y va franchement aussi. Il me saisit, bras dans le dos, poignets en l'air, et me soulève de terre. Ouille, ça tire un peu sur les épaules, quand même. Ils m'amènent comme ça, à l'étage, dans un bureau où je retrouve le premier connard de la scientifique qui se la joue pro mais je sens qu'il jubile intérieurement, ce sale type. À partir de là, ça devient un peu flou. Je vais raconter le maximum de ce dont je me souviens, mais tout est allé très vite, dans tous les sens, et il y a des trucs dont je ne me souviens pas, genre à quel moment je me suis retrouvé menotté, ni les échanges verbaux qu'on a avant que ça parte en vrille. Mais bon, je me souviens vaguement que c'était un truc du genre elle m'explique, je refuse, et c'est parti, quoi.

Je glisse rapidement mon masque sur la tête, je me pose sur le banc juste à côté de la porte d'entrée. Les flics tentent de m'attraper, mais je me débats vraiment. Ils me foutent des claques, m'attrapent, me plaquent contre le mur, mais rien n'y fait. Ils me donnent deux coups de poing dans le ventre. J'ai le souffle coupé, je suis plié en deux. Je reste dans cette position. Ils veulent me remettre droit, je relève les jambes aussi pour rester en position tortue. Ils rebaissent mes jambes, je descends mon buste aussi. Ils m'attrapent la tête pour essayer de la rendre immobile, mais même à quatre habitués des salles de muscu, c'est chaud de maintenir immobile quelqu'un qui a une envie irrépressible de se dandiner. Je vois un point rouge sur moi, et je me rappelle me faire la remarque "tiens, ils ont des viseurs, les appareils photo de la scientifique ?". Je comprends 10 secondes plus tard que ce n'était pas l'appareil photo, mais un taser dont je sens la décharge dans ma cuisse gauche. Je crie, ça me paralyse. Le mec en profite pour prendre en photo un visage tout crispé entouré de plusieurs bras et mains. Un des flics qui avait la main sur ma mâchoire me répète rapidement "tu me mords je te défonce !". Les brutes lui demandent si c'est bon, pour lui c'est bon. Ils enchaînent. Ils me replient en deux, et tirent mes bras menottés en l'air, dans mon dos. Un peu comme les positions d'étirement, là. Mes mains se resserrent en deux poings solides. Il va falloir y aller pour les... je prends une deuxième décharge. Beaucoup plus longue et plus vénère. Je crie de douleur (mais genre je m'entends faire un cri que je n'ai jamais fait). Mon corps est parcouru de spasmes et mes mains s'ouvrent d'elles-même. Le keuf encre ma main gauche et l'imprime sur son papier. D'abord les doigts, puis le pouce, puis la paume. Je reprends le contrôle de mes mains, et je résiste mollement de la main droite. Les flics me parlent, mais je ne les entends pas. Ils veulent me tourner ma main, mais elle peut pas plus, prise dans la menotte. Je gueule qu'elle peut pas bouger plus que ça, qu'ils vont la casser s'ils forcent. Ils m'enlèvent la menotte. Je résiste très mollement à la prise d'empreintes de ma main droite. Je flippe juste de me prendre un nouveau coup de taser. Une fois qu'il l'a prise les flics me relâchent. Je reprends mes esprits pendant qu'ils discutent de l'ADN. Je dis que ça ne fait pas partie de la nouvelle loi. Ils répondent que si, qu'on m'a déjà lu le texte, qu'ils connaissent mieux la loi que moi, tout ça tout ça. Je ne fais pas trop attention à ce qu'il me disent. Je me tourne vers l'OPJ, qui a assisté à toute la scène avec toujours la même petite gueule tellement pincée que moi aussi j'ai envie de la pincer. Très fort. Je lui dis que je sais que ça ne fait pas partie du texte de loi, que si ça en fait partie elle n'a qu'à le lire. Elle continue de me regarder mais ne me répond pas, elle parle aux gorilles. "De toute façon, ça ne change rien, il va être poursuivi pour ce délit. Vous pouvez y aller, messieurs". Ça prend trente secondes. Ils me replaquent sur le mur, le chef me bouche le nez et le scientifique brandit un coton tige grand comme une langue de chat (le gâteau). J'ai beau serrer ma bouche de toute mes forces, le coton tige passe par la commissure de mes lèvres comme dans du beurre. Je veux le mordre de toute mes forces, mais il est déjà parti. C'est fini. Ils m'ont tout pris. Je me sens hyper sali.

Ils me remenottent et m'amènent à ma cellule. Superflic continue de me pointer avec son pistolet électrique, tandis que ses collègues me tiennent de la même manière qu'à l'aller. Ils me font rentrer dans la cellule comme un forcené. Un reste à la porte, trois rentrent avec moi. Ils me plaquent face au mur en criant "tête sur le mur !". Ils m'enlèvent une menotte, plaquent la main, enlèvent l'autre menotte. Un flic quitte la cellule, un deuxième, et enfin celui au taser en dernier.

Quelques heures plus tard, je sors avec une convocation pour un rappel à la loi, et une inscription au TAJ sous un nom qui n'est pas le mien. Pour ce qui est de l'ADN, j'imagine qu'il est à présent au FNAEG [3], quand bien même il m'est impossible de le vérifier, puisque également sous un nom qui n'est pas le mien (je ne peux donc pas faire de demande d'accès au fichier).

Les autres sont passé.e.s en comparution immédiate après deux jours en prison, à Fresnes et à Fleury Mérogis. Ielles sont poursuivi.e.s pour violence en réunion sur PDAP avec moins de 8 jours d'ITT, refus de signalétique et refus d'ADN. Leur procès a été renvoyé et aura lieu début juin. Une personne a tenté de résister à la signalisation de force et est parvenue à saboter la prise d'empreintes digitales. Elle en a fait un petit récit :

« Arrêtée au même moment, je reviendrais seulement sur la prise forcée d'empreintes. La première fois où un keuf vient pour prendre ma signalétique, c'est facile de refuser. Il ouvre ma cellule et me demande de sortir. Je réponds que je veux savoir pourquoi avant de sortir. Il me dit que c'est pour les empreintes. Puisque je ne compte pas les donner il referme la cellule. Plus tard (le samedi en fin de soirée) juste après mon entretien avec l'avocate, des keufs nous annoncent (à moi et à l'avocate) qu'ils ont une réquisition pour nous prendre la signalétique de force. Ils me redemandent si je veux les donner ("ce sera plus simple sinon on va utiliser la force"), je refuse à nouveau.
La suite des événements est à la fois très nette et flou. Flou parce que tout s'est passé dans une micro pièce du style placard (pas beaucoup plus de 2 mètres par 2 mètres) avec 4 keufs et le flics de la police scientifique. Très vite ils comprennent que je vais résister et me font une clef de bras et se mettent à trois sur mon autre bras pour me mettre l'encre et me mettre la main sur la feuille. À chaque fois ils me tordent les doigts pour les poser sur la feuille comme je résiste à l'approche de la feuille le moment où je pose la main et que je cède, il y a un effet de relâche de leur emprise ce qui me permet d'étaler mes empreintes, de glisser sur les cotés pour qu'elles ne soient pas lisibles. De la même manière pour les empreintes palmaires, j'en profite à chaque fois pour prendre toute la feuille dans ma main et la froisser en essayant au mieux d'étaler l'encre. Après quoi je comprends qu'il vont prendre ma photo. J'utilise donc toute l'encre que j'ai sur les mains pour me la mettre sur le visage. Je suis pas sûre mais en voyant l'appareil photo qui semble vieux et pourri j'ai l'impression que ce sont des appareils qui nécessitent une mise au point. Je secoue la tête rapidement et en continu pendant qu'ils essayent de prendre la photo. À ce moment deux mains se serrent autour de mon cou pour m'étrangler et m'empêcher de bouger et une keuf qui met son doigt près de mon oreille pour que j'arrête de bouger. En réalité ça fonctionne pas parce que des des mouvements courts et rapides de tête c'est pas évident de les empêcher. Finalement il prennent aussi mon ADN avec un coton-tige, à ce moment je sais pas trop quoi faire pour l'empêcher. Je crache quand il me le mettent près de la bouche... Bon ils me disent un truc du genre "c'est malin, comme ça on a ce qui nous faut". J'ai eu mal au cou un moment et c'est seulement deux jours plus tard en ayant un miroir que j'ai constaté que j'avais des bleus autour du cou. C'était à Fresnes et trop tard pour prendre des photos. Résultat de toute cette merde, ils n'ont pas ma signalétique parce qu'elle était pas exploitable et le temps qu'ils essaient de la rentrer dans les fichiers et qu'ils constatent qu'elle n'était pas exploitable j'étais déjà en route pour le tribunal. Ils ont donc pas pu me la reprendre. »

La législation évolue, et avec elle les pratiques des flics. Si on peut continuer de conseiller de refuser de donner des empreintes et son ADN en garde à vue, la question devient plus compliquée si on choisit de ne pas non plus donner sa véritable identité. C'est une mesure qui vise explicitement à identifier les personnes qui se trouvent en garde à vue, et à briser ce moyen d'échapper aux griffes de l'État en cachant son identité, que ce soit pour éviter d'avoir un casier judiciaire long comme le bras ou, pour les personnes sans-papier, échapper au centre de rétention et à l'expulsion. Si elle se limite aux délits de plus de trois ans de prison, il est en réalité assez facile pour les flics de poursuivre des personnes sous un chef d'inculpation de cet ordre. Il est à noter qu'elle se limite aux personnes qui « refusent manifestement de donner leur identité », et qu'un simple refus de donner ses empreintes et son ADN ne permettent en théorie pas d'appliquer cet alinéa. De la même manière, le texte de loi n'autorise pas les prélèvements ADN, contrairement à ce qui a été pratiqué par les flics dans ces deux exemples. On manque encore de retours sur la mise en place de cette loi, pour se rendre compte de l'impact qu'elle peut avoir. Si ces pratiques vont devenir systématiques, ou si un cadre moins flou et permettant moins de violence de la part des condés va s'instituer.


[1] L'article de loi complet :

1- L'officier de police judiciaire peut procéder, ou faire procéder sous son contrôle, sur toute personne susceptible de fournir des renseignements sur les faits en cause ou sur toute personne à l'encontre de laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis ou tenté de commettre l'infraction, aux opérations de prélèvements externes nécessaires à la réalisation d'examens techniques et scientifiques de comparaison avec les traces et indices prélevés pour les nécessités de l'enquête.

2- Il procède, ou fait procéder sous son contrôle, aux opérations de relevés signalétiques et notamment de prise d'empreintes digitales, palmaires ou de photographies nécessaires à l'alimentation et à la consultation des fichiers de police selon les règles propres à chacun de ces fichiers.

3- Le refus, par une personne à l'encontre de laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis ou tenté de commettre une infraction, de se soumettre aux opérations de prélèvement, mentionnées aux premier et deuxième alinéas ordonnées par l'officier de police judiciaire est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

4- Sans préjudice de l'application du troisième alinéa, lorsque la prise d'empreintes digitales ou palmaires ou d'une photographie constitue l'unique moyen d'identifier une personne qui est entendue en application des articles 61-1 ou 62-2 pour un crime ou un délit puni d'au moins trois ans d'emprisonnement et qui refuse de justifier de son identité ou qui fournit des éléments d'identité manifestement inexacts, cette opération peut être effectuée sans le consentement de cette personne, sur autorisation écrite du procureur de la République saisi d'une demande motivée par l'officier de police judiciaire. L'officier de police judiciaire ou, sous son contrôle, un agent de police judiciaire recourt à la contrainte dans la mesure strictement nécessaire et de manière proportionnée. Il tient compte, s'il y a lieu, de la vulnérabilité de la personne. Cette opération fait l'objet d'un procès-verbal, qui mentionne les raisons pour lesquelles elle constitue l'unique moyen d'identifier la personne ainsi que le jour et l'heure auxquels il y est procédé. Le procès-verbal est transmis au procureur de la République, copie en ayant été remise à l'intéressé.

[2] Le Traitement des Antécédents Judiciaires est le fichier qui recense tes passages en Garde à vue, ainsi que ta photo se signalétique s'ils ont pu la prendre. C'est par le biais de ces photos que depuis récemment les flics se sont mis à pratiquer la reconnaissance faciale.

[3] Le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques. C'est là que sont stocké les ADN pris en gav

C'est la guerre... Position internationaliste contre la guerre en Ukraine

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Guerre aux palais, paix aux chaumières : une position internationaliste contre la guerre en Ukraine, par le Collectif prolétarien pour la grève générale illimitée

Les chiens sont lâchés, la guerre est déclarée. La xénophobie et le nationalisme se déchaînent. « Sus à l'ennemi ! », cette clameur guerrière envahit tout. Là-bas l'ennemi c'est l'Ukrainien, ce prétendu nazi ; ici c'est le Russe, qu'on assimile à Poutine, et dont on prétend éradiquer la culture, effacer les traces, interdire les œuvres : à la dénazification répond la dérussification. La bêtise épaisse et haineuse envahit les médias, le chauvinisme est à l'honneur et chacun vante son camp et diabolise le camp d'en face. La grande Russie contre l'Otan, nous sommes sommés de choisir : comme si on pouvait guérir la peste par le choléra et comme si l'Otan ne faisait justement pas partie du problème et non de la solution ! Comme si la course aux armements, bien loin de prévenir la guerre, n'en renforçait pas encore la probabilité !

Car, en réalité, quel est le tableau qui s'offre à nous ?

*

À l'Est, un régime russe affaibli, en retrait, qui, après la chute d'une URSS sortie vaincue et dépecée de la guerre froide, tente de se refaire une santé au détriment de ses voisins et en envoyant ses troupes ou ses supplétifs participer à des affrontements impérialistes dans des pays comme la Syrie, la Libye, le Mali ou la Centrafrique. Une puissance militaire à bout de souffle, qui n'a pas les moyens matériels pour maintenir une occupation à long terme dans un pays comme l'Ukraine, et dont les ressources sont de plus rongées par la corruption endémique qui frappe l'ensemble de l'économie de ce pays, comme de la plupart des pays issus du bloc soviétique, y compris l'Ukraine.

Car ceux qui ont fait la révolution de 1917, les paysans et les ouvriers russes et ukrainiens, se sont vus volés deux fois : une première fois par la dictature bolchévique qui leur a arraché leurs terres et leurs usines et les a privés de tout pouvoir politique et une seconde fois, après la chute du mur, par des oligarques issus de l'ancienne classe dirigeante soviétique qui, avec l'aide de rapaces européens ou américains, les ont dépouillés de leurs biens et de leurs salaires. Aux millions de morts du stalinisme sont venus s'ajouter les millions d'années de vies perdues de tous ceux qui ont subi de plein fouet la « thérapie de choc » des années 90. Au nom des lois de fer de l'histoire ou de l'économie, de la « nécessaire » industrialisation et des réformes « inéluctables », c'est à une dépossession continue et à une exploitation permanente qu'ont été soumis les travailleurs. C'est ainsi qu'en Russie l'ultra-libéralisme est le fils chéri du stalinisme et que Poutine est son produit.

En effet, celui qui est arrivé au pouvoir à la fin des années 90 et qui a prétendu redonner le pouvoir au peuple en l'arrachant aux oligarques et en redressant son pays, n'est en réalité que l'oligarque en chef de la grande Russie, n'ayant mis au pas les oligarques de l'ère Eltsine que pour mieux s'approprier leurs richesses et les partager avec ses hommes liges, et non pas pour les redistribuer. Le régime kleptocratique russe, incapable de faire revivre la puissance industrielle de son pays, cherche depuis lors à dissimuler ses échecs derrière une rhétorique nationaliste qui lui est commune avec tous les pays issus de l'ancien bloc de l'Est. En Russie c'est la nostalgie de l'URSS et du tsarisme qui est censée faire oublier les misères du présent, comme si l'on pouvait faire tourner en arrière la roue de l'histoire. La vérité est que l'URSS et l'empire des tsars sont morts à jamais : on ne fera pas revivre ce qui est détruit.

Car, en réalité, l'empire soviétique, prison des peuples et des classes, a été remplacé par une myriade de nationalismes, la mafia a remplacé le parti unique et les oligarques se partagent le gâteau partout, en Russie comme en Ukraine, au Kazakhstan comme en Géorgie. C'est ainsi qu'en Ukraine, comme en Russie, le nationalisme est le moyen qu'ont trouvé les oligarques pour conserver le pouvoir et pour perpétuer la corruption et le pillage de leur pays. Les soulèvements de 2013-2014, dirigés notamment contre la corruption et la misère, ont été détournés par des milices néo-fascistes qui, s'érigeant en protectrices de la nation, dominent depuis lors la politique extraparlementaire et contrôlent la rue, entretenant la guerre de tous contre tous tout en laissant le pouvoir des oligarques intact. Ici, ou en tout cas dans l'Ouest du pays, ce n'est pas le « rêve » soviétique qui sert à bercer les pauvres (l'Ukraine est le pays le plus pauvre de l'Europe) et à leur faire oublier leur exploitation, c'est le mirage européen et l'OTAN qui sont censés apporter paix et prospérité à un pays ravagé par le capitalisme.

Les illusions des populations issues de l'ancien bloc de l'Est sont évidemment savamment entretenues par les instances européennes et atlantistes. Car, à l'Ouest justement, le désarroi et le malheur de ces peuples ravagés par les guerres et les conflits nationalistes font les affaires de beaucoup de monde. Dans sa banale réalité l'Europe ultralibérale, l'Europe du Capital, celle du pillage de la Grèce ou des réformes « structurelles », ne fait plus rêver grand monde, du moins parmi ceux qui y vivent : à trop s'approcher du mirage il finit par s'évanouir. Seuls les fantasmes de ceux qui aspirent à y rentrer permettent de lui redonner quelque consistance.

De même l'OTAN, cette alliance militaire dominée par les États-Unis, laisse derrière elle une longue traînée de sang, de massacres et de guerres. C'est en effet cette même alliance, prétendument pacifique et défensive, qui, au nom de la lutte contre le péril communiste, a soutenu des dictatures sanguinaires en Grèce ou en Turquie, et qui a participé à la campagne de terreur contre l'Italie dans les années 70, sans parler de sa participation à la guerre en Yougoslavie. C'est l'OTAN qui est le principal vecteur de la course aux armements en Europe et dont l'expansion permanente en direction de l'Est après la chute du mur a alimenté le nationalisme russe et contribué à dresser les uns contre les autres les peuples issus de l'ancien bloc soviétique.

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La vérité c'est qu'à l'Est comme à l'Ouest cette guerre arrange tout le monde ou plutôt toute l'immonde cohue des exploiteurs, des marchands d'armes et des vendeurs de morts. Le soleil brille en effet sur les affaires, sur le nucléaire, sur la guerre. La course aux armements est relancée, les budgets militaires explosent et le nucléaire, y compris militaire, est de nouveau au goût du jour. Alors même que l'invasion russe de l'Ukraine nous a clairement démontré que la présence de centrales nucléaire sur le sol de pays en guerre constituait une menace pour la vie et la survie de millions de personnes, certains, comme en Allemagne, n'ont rien trouvé de mieux que de relancer le nucléaire et d'exposer ainsi toujours plus lourdement des peuples entiers à la menace de l'holocauste atomique. Hier comme aujourd'hui, l'ennemi, décidément, est dans nos propres pays.

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Pour guérir du poison autocratique et de la peste nationaliste, en finir avec la corruption, la soumission et la dépendance, avec les oligarques comme avec l'exploitation, le prolétariat mondial, à commencer par les prolétariats russe et ukrainien, doit réapprendre à lutter et sortir de sa passivité. Il n'est, plus que jamais, pas de sauveur suprême, ni dieu ni tsar ni Otan. Travailleurs, prolétaires, sauvons-nous nous-mêmes, n'attendons plus rien, ni de l'État, ni de l'armée, ni de personne !

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Nationalistes de tous les pays, suicidez-vous ! (on vous y aidera au besoin)

L'Humanité en révolte / rencontre avec Aboubakar Soumahoro, Rachel Kéké et Anzoumane Sissoko

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Jeudi 19 mai à 19h30 à la librairie le Pied à terre - 9 rue Custine Paris 18e

Rencontre et discussion avec avec Aboubakar Soumahoro, Rachel Kéké et Anzoumane Sissoko autour du livre « L'humanité en révolte, notre lutte pour le travail et le droit au bonheur »

Jeudi 19 mai à 19h30
Rencontre autour de « L'humanité en révolte, notre lutte pour le travail et le doit au bonheur »
Librairie le Pied à terre - 9 rue Custine Paris 18e

Dans cet essai mêlant réflexion politique et récit biographique, Aboubakar Soumahoro analyse son époque depuis son expérience de travailleur agricole immigré.
Alors que l'emploi est de plus en plus précaire, les travailleurs migrants apparaissent comme les plus vulnérables. Souvent invisibilisées, leurs luttes se déroulent dans l'indifférence générale.

L'auteur nous invite à les voir avec leurs spécificités, mais surtout à les envisager comme faisant partie d'un combat global contre toutes les formes d'oppression, à la croisée des questions de classe, de race et de genre.

Arrivé de Côte d'Ivoire à 19 ans, Aboubakar Soumahoro est devenu un acteur de premier plan du paysage politique Italien. Il compte parmi les fondateurs de la coalition internationale des sans papiers et des migrants.

La présentation du livre sera suivie d'une discussion avec Rachel Kéké, porte-parole des femmes de chambre de l'hôtel Ibis-Batignolles lors de leur grève finalement victorieuse de 22 mois ; et Anzoumane Sissoko, porte-parole de la Coordination des sans-papiers de Paris. L'occasion de revenir sur les constats et propositions soulevés par le livre ainsi que sur l'actualité des luttes pour la dignité et le droit au bonheur.

L'HUMANITE EN REVOLTE
Aboubakar Soumahoro
Traduit de l'italien par Marie Causse
éditions Les Etaques
12 euros

Librairie le Pied à terre
9 rue Custine
75018