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[Montreuil] Manif 9/04 : « Flics, Hors de nos vies ! »

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Manifestation Dimanche 9 avril à 18h à Montreuil, métro Croix de Chavaux.

Voilà plus de 10 jours que S. est dans le coma, entre la vie et la mort. Plus de 10 jours que des centaines d'opposant.e.s aux méga-bassines ont été blessé.e.s et mutilé.e.s par les flics à Sainte-Soline. Des blessures qui s'ajoutent à celles des nombreuses personnes qui ont pris la rue ces derniers mois pour ne pas crever au boulot. Les flics mutilent et assassinent, que ce soient celles et ceux qui se révoltent, ou celles et ceux qui par leur compte en banque, leur couleur de peau, leur anormalité sont négligeables pour le pouvoir.


Même avec toute la violence dont ils peuvent faire preuve, ils n'arrêteront pas notre rage ni nos luttes.

Manifestation dimanche 9 avril à 18h à Montreuil, métro Croix de Chavaux.

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Appel à redécorer les boîtes d'interim : l'exploitation y en a marre ! Loi Darmanin y en a marre !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

La simultanéité des attaques contre les droits sociaux (retraite, assurance-chômage) et le droit de circulation et d'installation (Lois répressives sur l'asile et l'immigration) n'est pas anodine ! Contre la Loi Darmanin, contre la casse des droits du travail et pour la liberté de circulation et d'installation.

Appel à redécorer les boîtes d'interim : l'exploitation y en a marre ! Loi Darmanin y en a marre !

L'intérim se fait un pognon de dingue sur le dos des travailleur.euses précaires. Y'a plus de 11 000 agences en France, alors fais-toi plaiz' !!!

L'intérim participe à casser le droit du travail, à isoler les travailleur.euses, à briser les solidarités et les liens qui nous permettent de tenir face aux patrons.

Pour les boîtes qui font appel à des intérimaires, sur des missions courtes (allant de quelques heures à quelques semaines), c'est tout bénéf !

Elles profitent d'une main-d'œuvre dont les droits sont dégradés par rapport à ceux des autres salarié.es (ancienneté, mutuelle, primes, droits syndicaux, ...), produisant des situations d'isolement au travail, sans aucune contrainte d'intégration pérenne dans les effectifs de l'entreprise. En cas d'accident ou de maladie professionnelle, ces boîtes s'en foutent et rejettent la responsabilité sur la société d'intérim. En somme, ces boîtes garantissent une main d'oeuvre disponible, adaptable et jetable pour les grandes entreprises.

Le système intérim permet aussi aux patrons de mettre la pression sur les salarié.es de leurs entreprises, pour leur faire accepter des conditions de travail toujours plus dégradées ou pour remplacer les grévistes par des intérimaires, comme nous pouvons le voir dans le mouvement social actuel. Le système interim c'est la casse de la grève et des luttes pour tout le monde !

L'intérim est devenue la modalité d'embauche n°1 des travailleur.euses précaires : plus de 3 millions de personnes en France.

En particulier, elles emploient massivement des travailleur.euses étranger.es, ayant un accès limité à l'emploi stable (discriminations a l'embauche, carrières hachées, études au pays peu valorisées en France, etc). Bien souvent, ces personnes sont envoyées sur les postes les plus risqués et ont des conditions de travail encore plus dures : heures supplémentaires non payées, manque d'équipement de sécurité...

Pour ces travailleur.euses, avec ou sans papiers, il est très difficile de refuser une mission, même en cas de blessure ou de maladie, ou de contester leurs conditions de travail sous peine de ne plus être appelé.es et donc ne plus taffer. A la pression de l'emploi et de l'argent, s'ajoute la pression du titre de séjour : est-ce que je pourrai obtenir une autorisation de travail si je ne réponds pas à une mission ? est-ce que je pourrai renouveler mon titre de séjour si je n'ai pas fait assez d'heures ?

En effet, le droit des étranger.es renforce la précarité des intérimaires en rendant leur accès à la régularisation encore plus difficile que pour les salarié.es. Il est prévu qu'il faut 5 ans de présence en France et 951 heures de travail dans l'année pour déposer un dossier en préfecture. Il faut aussi que la boîte d'intérim accepte de fournir les papiers nécessaires à la demande d'autorisation de travail. Autant dire que la plupart du temps, les boîtes d'intérim ne se compliquent pas trop la tâche avec de la paperasse et décident juste de ne plus faire appel à la personne qui sollicite leur appui. Tout ça permet aux patrons de rendre les intérimaires toujours plus dociles et exploitables, CQFD.

Non à l'exploitation des intérimaires et des étranger.es précaires sur les grands projets urbains !

Tous les grands projets démesurés et inutiles, comme les Jeux Olympiques ou le Grand Paris en Ile-de-France, sont des machines à fric pour les grands groupes de BTP (Bouygues, Vinci, Eiffage et compagnie). Si ce sont les grandes boîtes qui signent les contrats avec l'État, tous ces marchés sont ensuite en partie délégués à des plus petites boîtes, qui elles-mêmes sous-traitent à des boites d'intérim, qui embauchent massivement des personnes étrangèr.es, avec ou sans papiers.

Sur les chantiers, on recense un mort par jour travaillé, et on ne compte plus les blessé.es. Chaque année, 1200 personnes meurent au travail ou en y allant. Deux tiers d'entre elles sont des ouvrier.ères. Et un intérimaire a 2 fois plus de risque qu'une personne en CDI d'avoir un accident de travail. Sur les chantiers des JO et du Grand Paris, il y a eu depuis le début des travaux 4 morts et plus de 90 accidents du travail, dont une large partie concernent des intérimaires qui sont encore plus mis sous pression pour travailler toujours plus, à des cadences toujours plus élevées et avec peu d'équipements de protection.

Les grandes entreprises, via le système de l'intérim, exploitent ces travailleur.euses pour finir ces chantiers dans les délais et à moindre coût. Sans les boites d'intérim qui fournissent de la main d'oeuvre précarisée, ce sont des secteurs entiers (BTP, industrie, logistique...) qui ne pourraient plus suivre le rythme du capitalisme moderne : exploiter plus pour produire plus.

Ces boîtes tournent grâce aux travailleur.euses étranger.ères, avec ou sans-papiers, qu'elles exploitent puis jettent quand ça les arrange.

Lutter pour la régularisation inconditionnelle de tous.tes les sans papiers, c'est permettre à tous.tes d'accéder aux mêmes droits et de reprendre le pouvoir sur les patrons.

Loi Darmanin

La loi Darmanin (qui va surement se décomposer en plusieurs lois), visant à criminaliser encore plus les personnes étrangèr.es avec ou sans papiers, s'inscrit dans cette logique : par des menaces d'expulsions et d'enfermement toujours plus importantes pour les étrangèr.es qui refuseraient l'exploitation ou s'organiseraient pour obtenir de meilleures conditions de vies. C'est aussi une logique coloniale qui est à l'oeuvre : le.la bon étranger.ère seraient celui ou celle qui travaille là où l'État et les patrons l'ont assigné. Bref la volonté affichée est claire : plus de pouvoir aux patrons pour exploiter toujours plus.

FACE À ÇA, FAIS TOI PLAISIR, REDÉCORE LES BOÎTES D'INTÉRIM PRÈS DE CHEZ TOI !

GULARISATION DE TOUS.TES LES SANS-PAPIERS ! VIVE LA GRÈVE ! À BAS L'INTÉRIM !

Image de la vignette : edfrapimamo

Dissolution du « mouvement DefCo » : communiqué de la défense collective suite aux annonces du ministre de l'intérieur

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

« Nous avons appris par voie de presse la volonté du Ministre de l'Intérieur de dissoudre le »mouvement DefCo« , à la demande notamment du Front National, et ce au motif d'appels au »soulèvement«  : » Communiqué de la DefCo suite à ces annonces.

Nous avons appris par voie de presse la volonté du Ministre de l'Intérieur de dissoudre le « mouvement DefCo », à la demande notamment du Front National, et ce au motif d'appels au « soulèvement ».

À notre connaissance, aucun courrier en vue d'une réelle procédure ne nous a été envoyé, nous n'avons donc aucune idée des motivations de cette éventuelle dissolution ni de l'entité qui serait visée. En effet, l'appellation « DefCo », employée par le ministre est à Rennes un terme que l'on retrouve régulièrement dans les dossiers judiciaires, les PV de la préfecture et les articles de presse pour désigner toute pratique dite « contestataire ». Impossible donc pour le moment de connaître l'étendue des personnes et groupes qui pourraient être concernés par la dissolution. En l'état ces annonces pourraient viser la DC ainsi que des tas d'autres acteurs et actrices du mouvement social, voire des espaces d'organisation comme les assemblées de lutte.

Ceci étant dit, si c'est bien la DC qui est visée, alors le timing de cette annonce nous semble loin d'être anodin  : dans cette séquence de conflit social où la répression policière et judiciaire atteint de nouveaux sommets, et où la gestion du mouvement social par l'État subit une vague de critiques sans précédent, le pouvoir semble désormais exprimer sa volonté de s'attaquer aux collectifs de soutien juridique et d'aide aux manifestants et manifestantes visés par la répression. Si la Défense Collective venait à être dissoute, c'est potentiellement toutes les structures anti-répression et legal teams du pays qui pourraient subir le même sort. Que l'État s'attaque aussi frontalement et publiquement au droit à la défense en plein milieu d'un mouvement social est inédit et grave, qu'il le fasse à la demande et avec la complicité du Front National est encore plus inquiétant.

Le Ministre de l'Intérieur et ses amis du FN semblent tenir leur « DefCo » chimérique pour responsable de la contestation sociale et de la lutte antifasciste rennaise. Tandis qu'une simple visite dans les nombreuses et foisonnantes assemblées de lutte rennaises aurait suffi à dissiper ce fantasme, un rapide coup d'œil sur notre blog ou nos réseaux sociaux aurait quant à lui suffi à rendre compte de la réalité de notre travail : la Défense Collective a pour but de rassembler et soutenir les personnes confrontées à la répression et aux ennemis du mouvement social, mais aussi d'agir en amont par son action dans la rue et par l'expérience tirée de la répression.
Nous sommes un groupe entièrement ouvert et public, autonome des organisations politiques, indépendant des commissions et des assemblées. Espace de composition dont la participation aux réunions concerne des centaines de personnes aux sensibilités politiques diverses, nous assumons et nourrissons des discours critiques sur la police et la justice.

Depuis notre fondation en 2016 et le mouvement contre la Loi El Khomri, nous avons travaillé avec plusieurs centaines d'inculpés et inculpées des mouvements sociaux afin d'élaborer collectivement les meilleures défenses possibles. Nous avons de cette façon obtenu de très nombreuses victoires et jurisprudences utiles à tous les justiciables et à l'ensemble du mouvement social.

Au-delà de notre travail crucial dans les tribunaux, nous revendiquons une présence active dans la rue et assumons des pratiques de défense des cortèges face à la répression, parmi lesquelles l'organisation de la protection du cortège face au gazage généralisé, aux tirs de LBD, de grenades et autres armes de dispersion. Dans une période où le pouvoir et sa police ont maintes et maintes fois montré que tous les manifestants et manifestantes étaient une cible potentielle, nous croyons que la réponse la plus adaptée est la diffusion massive de pratiques de défense communes dans l'ensemble du mouvement social, de la rue aux tribunaux. Nous sommes fiers et fières de défendre une vision émancipatrice de la lutte grâce à nos ateliers juridiques et stratégiques, à la distribution de matériel de protection et de conseils en manifestation et en assemblées, ou encore à la diffusion d'une culture de la défense et de la solidarité à travers les cortèges et bien au-delà de notre petite ville.

Nous pensons que l'emploi généralisé des procédures de dissolution aujourd'hui constitue une nouvelle étape dans la frénésie répressive d'un pouvoir aux abois. Nous tenons à rappeler ici notre opposition formelle à toute procédure de dissolution, qu'elle s'attaque aux camarades ou aux ennemis, car nous nous refusons à soutenir un dispositif répressif qui finit inéluctablement par se retourner contre le mouvement social, comme c'est le cas actuellement.

La Défense Collective étant un espace large, s'organisant sur le modèle d'assemblées publiques hebdomadaires, il nous tarde de voir quel « groupuscule » le Ministre de l'Intérieur va constituer artificiellement dans le but de le dissoudre. Il nous apparaît clair qu'une telle procédure n'a pas pour but de viser la Défense Collective en tant que groupe, mais bien en tant que pratique. Car ce n'est pas une idéologie mais bien nos pratiques de défense face à la répression qui nous réunissent au sein de la DC. La question se pose donc : quelles conséquences sur nos pratiques pourrait avoir une procédure de dissolution ? Le pouvoir compte-il inculper pour « reconstitution de ligue dissoute » tout rennais ou rennaise qui déciderait de ne pas se défendre seul au tribunal ? de ne pas se défendre seul dans la rue ? de proposer des formations juridiques en assemblées de lutte ?

Une chose est certaine : peu importe la suite des évènements, le combat continuera. Il va sans dire que nous avons l'intention de nous défendre farouchement contre cette procédure si elle venait à se concrétiser. Nous tenons d'ailleurs à remercier tous les collectifs et organisations qui nous ont d'ores et déjà apporté leur soutien, et tous ceux qui continuerons de le faire en partageant ce communiqué.

En attendant d'en savoir plus sur ce qui semble de prime abord être un grossier effet d'annonce, nous voulons ici réaffirmer notre engagement auprès des nombreuses personnes arrêtées dans le mouvement contre la réforme des retraites, envers la quelque trentaine d'inculpés et inculpées que nous suivons actuellement, ainsi qu'envers toutes et tous les camarades qui subissent la répression policière et judiciaire. L'appareil répressif, lui, semble encore loin d'être dissout, alors comme toujours nous vous invitons à aider à financer les frais de justice des nombreuses affaires que nous suivons en faisant un don à la Caisse de Soutien aux Inculpé-es du Mouvement Social : https://www.helloasso.com/associations/association-etudiante-de-soutien-juridique-et-administratif/formulaires/1 .

En accord avec notre fonctionnement habituel, nous organisons ce vendredi 7 avril à 17h30 un atelier public, ouvert à toutes celles et ceux qui souhaitent s'organiser contre la répression, dans lequel nous reviendrons sur l'histoire des dissolutions de groupes politiques et l'évolution du droit depuis la loi dite "séparatismes", suivi d'une réflexion collective autour des stratégies de défense que nous ou n'importe quel autre groupe pourrait adopter en cas de dissolution. Rendez-vous comme d'habitude sur le parvis de la Bibliothèque Universitaire du campus de Beaulieu (accessible via le métro ligne B, arrêt « Beaulieu Université »)

À bientôt dans la rue et dans les tribunaux !

  • LAFENSE COLLECTIVE

Luttes anarchistes au Brésil | Rencontre-Débat avec des camarades anarchistes Brésiliens à la Librairie Publico

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00
Jeudi 13 Avril 19H Luttes anarchistes au Brésil Rencontre-Débat avec des camarades anarchistes Brésiliens

Deux camarades anarchistes brésiliens, membre de la Liga Anarquista de Rio de Janeiro groupe fédéré au sein de L'IFA Brasil ( Iniciativa Federalista Anarquista-Brasil ) viennent faire connaître les luttes actuelles de l'IFA-Br au Brésil et s'informer sur les luttes dans l'hexagone.

| Jeudi 13 Avril | 19H | Luttes anarchistes au Brésil | Rencontre-Débat avec des camarades anarchistes Brésiliens | Librairie Publico |

Gustavo et Linguiça deux compagnons de l'IFA-Br ( Iniciativa Federalista Anarquista-Brasil ) , viennent à Publico-Librairie du Monde Libertaire dans le cadre d'une tournée européenne, après leur participation au Congrès de l'IFA ( Internationale des Fédérations Anarchistes) en Italie, pour nous faire connaître les luttes actuelles de l'IFA-Br au Brésil et s'informer sur nos luttes dans l'hexagone.

Gustavo est un militant anarchiste issu du Mouvement AnarchoPunk de Río de Janeiro du milieu des années 90, aujourd'hui membre actif de la Liga Anarquista-RJ.

La Liga Anarquista-R J ( la Ligue Anarchiste de Rio de Janeiro ) participe actuellement à la lutte anarchiste et antifasciste au niveau local ainsi qu'à la construction au niveau national de l'IFA-Br (Iniciativa Federalista Anarquista-Brasil : Initiative Fédéraliste Anarchiste du Brésil ) notamment par l'organisation en 2023 du 6° Forum Général Anarchiste.

l'IFA Brasil est adhérente , comme la FA francophone, à l'Internationale des Fédérations Anarchistes, l'IFA qui tiendra son 12e congrès à Massenzatico en Italie du 07 au 10 Avril 2023 et s'est en revenant de ce congrès anarchiste international que nos camarades nous rencontrerons à Paris.

Un échange d'expériences solidaire exceptionnel auquel vous convient la librairie Publico et des groupes et militants de la Fédération Anarchiste.

Accès libre

4 avril 2009, Otan en emportent les black blocs

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

En 2009 aussi les médias et les partis politiques avaient tout dit sur ces « gentils manifestants » pris en otage par des « casseurs manipulés ».

Otan en emportent les black blocs

Notes sur la journée strasbourgeoise du 4 avril 2009

« L'insurrection désoriente les partis politiques. Leur doctrine, en effet, a toujours affirmé l'inefficacité de toute épreuve de force et leur existence même est une constante condamnation de toute insurrection. »

Frantz Fanon, Les Damnés de la terre, 1961.

1

Ce qui s'est passé à Strasbourg était relativement prévisible, et relativement inévitable. Pourtant, comme après chaque contre-sommet qui donne lieu à de belles émeutes, de gauche à droite on hurle au scandale, on accuse les uns et les autres d'avoir laissé faire les émeutier·e·s, de les avoir incité·e·s, ou, encore plus fort, d'avoir machiavéliquement organisé tout ça, dans l'ombre.
Tous les partis politiques, y compris à l'extrême gauche, se font les porte-voix de discours sécuritaires tous plus puants les uns que les autres, déplorant explicitement ou implicitement l'impuissance policière face aux actes émeutiers (voir plus bas, le florilège de citations bien pensantes).

Au final, c'est toujours le même cinéma, avec dans le fond une idée commune à l'UMP et au Parti socialiste, d'Attac jusqu'au Front national : il est impossible que des gens soient révoltés au point de se lancer d'eux-mêmes dans des pratiques émeutières. Il faut forcément, pour cela, que ces gens soient d'une manière ou d'une autre manipulés.

2

Comme cela a pu être fait en juillet 2001 suite aux grandes émeutes de Gênes lors du sommet du G8, nous le répétons : nous n'avons besoin de personne pour nous révolter et pour lutter. Ce samedi 4 avril 2009, à Strasbourg, si nous avons cassé des vitrines ou mis le feu à des bâtiments qui sont au service de l'État et du capitalisme (douane, banques, station essence, office de tourisme, hôtel Ibis, etc.), si nous avons saccagé des caméras de vidéosurveillance et des panneaux publicitaires, si nous nous sommes attaqué·e·s à la police, ce n'est pas parce qu'une organisation occulte nous y a poussé·e·s, mais parce que nous l'avons choisi délibérément.

3

Si nous avons eu autant de facilité à agir, c'est que nous étions plusieurs centaines à le faire, peut-être même plusieurs milliers (les fameux black blocs internationaux !).

C'est aussi parce que les flics ne sont pas totalement des robots. Ce sont des humains, eux aussi peuvent ressentir la peur, par exemple.
Et dans une « démocratie », aussi sarkozyste soit-elle, ça ferait mauvais genre de tuer des manifestant·e·s. Parce qu'une des possibilités pour la police de faire taire les émeutes plus rapidement aurait été de tirer à vue. Et autre chose que des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des tirs de flashball... Le 8 avril 2009, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a déclaré que « la priorité du gouvernement était qu'il n'y ait pas de mort ». Parce que leur « démocratie » ne se sent pas encore trop en danger.

4

Si nous n'avons pas pu agir ailleurs que dans les quartiers pauvres du port autonome de Strasbourg, c'est parce que nous n'avons eu ni la force ni la finesse de parvenir jusqu'au centre-ville. La police et l'armée ont protégé la fameuse « zone rouge », autrement dit le centre-ville et les quartiers bourgeois de Strasbourg. Mais personne n'est dupe : nous aurions été bien plus redoutables dans ces quartiers riches...
Par ailleurs, personne n'est dupe non plus sur le fait que seuls des bâtiments institutionnels ou commerciaux ont été attaqués. Les biens de la population locale n'ont pas été touchés.

Nous luttons contre le pouvoir, pas contre celles et ceux qui le subissent.

5

Le discours médiatico-politicien cherche à donner une image de « casseurs nihilistes et sanguinaires » aux black blocs. Pourtant, les pratiques des black blocs ne se limitent pas à des actes de destruction (tout comme nos existences ne se limitent pas aux black blocs, qui ne sont que des modes ponctuels et contextuels de manifestation). Les black blocs pratiquent l'entraide et la complicité avec tou·te·s les manifestant·e·s, dans l'affrontement, l'autodéfense et la fuite face à l'ennemi policier.

Dans l'émeute se crée une solidarité spontanée et anonyme, authentique au sens où chaque geste n'attend rien en retour.
Il y a là deux mondes qui s'opposent dans leurs démarches mêmes : d'un côté, des manifestant·e·s déterminé·e·s qui sont là pour leurs convictions, leurs désirs, leur rage de vivre, gratuitement et pleinement. De l'autre côté, des flics assermentés qui sont là par contrainte et obéissance, pour l'ordre et pour l'argent, ils sont payés pour réprimer et doivent réfléchir le moins possible à ce qu'ils font (le risque de démission serait trop important).

6

Ce qui se discutait lors du sommet de l'Otan à Strasbourg nous concerne tou·te·s. Les guerres post-colonialistes menées par les puissances occidentales nous font gerber et la guerre aux « ennemis intérieurs » nous révulse également. Contrôle des populations, gestion des flux migratoires, renforcement des polices, perfectionnement du renseignement et du fichage, c'est contre tout cela que nous nous sommes soulevé·e·s.

7

L'enjeu principal, pour le pouvoir, est de continuer à imposer à tou·te·s la démocratie capitaliste comme unique organisation sociale possible. Et malgré les vies de merde qui sont les nôtres, malgré l'aspect chancelant du capitalisme ces derniers temps, force est de constater que les perspectives révolutionnaires semblent tellement lointaines qu'on ne les imagine qu'avec difficulté. Pourtant, la résignation profondément contre-révolutionnaire de notre époque n'est pas une fatalité. C'est un bel enjeu que celui de réussir à s'émanciper du capitalisme, par la lutte et l'entraide. Et de fait, cette émancipation ne peut coexister avec le pouvoir capitaliste et étatique.

8

Sachant qu'un autre monde ne peut être possible sans l'anéantissement de la démocratie capitaliste mondialisée, sachant que « toutes les classes dominantes ont toujours défendu leurs privilèges jusqu'au bout avec l'énergie la plus acharnée » (Rosa Luxembourg, Que veut Spartacus ?, 1918), semer le chaos et la destruction (pour reprendre les termes spectaculaires des médias) au sein de ce monde d'oppression et de contrôle social ne nous pose pas de problème. Cela nous semble même insuffisant.

Toute possibilité de transformation révolutionnaire de ce monde ne peut avoir lieu sans rapport de force tangible. C'est aux dominé·e·s de poser de nouvelles bases de vie sociale, sans attendre l'assentiment des dominant·e·s.

9

Ces dernières années ont été traversées par des soulèvements qui inquiètent le pouvoir : émeutes des quartiers pauvres en novembre 2005, mouvement anti-CPE au printemps 2006, émeutes anti-Sarko lors des élections présidentielles de 2007, mouvements étudiants et lycéens de 2007-2008, et dernièrement la quasi-insurrection grecque.

Pour ces mouvements comme pour les black blocs qui ont agi à Strasbourg, les médias focalisent sur la jeunesse de ces mouvements, comme pour enfermer la révolte dans un phénomène générationnel (avec toutes les remarques condescendantes qui vont avec : « vous verrez, dans dix ans, vous aurez oublié tout ça et vous serez résigné·e·s comme tout le monde »).

Nous pensons qu'il y a là un danger à dépasser absolument. Une insurrection ne peut être uniquement le fait de la jeunesse (une révolution encore moins) mais, comme la lutte des classes, elle doit être traversée et vécue par tou·te·s, au-delà des différences d'âge, de couleur de peau, de genre, de corporation, etc. Avec une conscience pleine des dominations et des exploitations.

10

Si nous sommes parti·e·s du constat que pour renverser le pouvoir, il ne sert pas à grand-chose de se contenter de manifester calmement, aussi nombreux soit-on, même à plusieurs millions de personnes, nous sommes également conscient·e·s que s'attaquer à la police et vandaliser des propriétés de l'État et/ou du capital à quelques milliers ne suffit pas non plus.
À quelques millions, ça aurait déjà plus de gueule. Toutes les technologies de contrôle et de répression pourraient s'avérer insuffisantes à maintenir la colère généralisée.

Mettons en place et répandons des pratiques communes de résistance, des solidarités concrètes, des moyens de lutte hors la loi et des perspectives révolutionnaires... Tout un programme pour en finir avec le vieux monde et ses technologies d'un futur déjà bien moisi !

Quelque part en France, le 8 avril 2009, quelques « casseurs » d'un groupe affinitaire actif parmi les black blocs du 4 avril 2009 à Strasbourg

Publié sur Infokiosques.net


Florilège de citations bien pensantes :

« Ils viennent exclusivement pour casser et sont au stade ultime de la bêtise (...). Ils n'ont pas d'autre idéologie que la violence. Ce sont des voyous qui auraient même pu devenir des criminels quand on voit certaines images. »
Robert Herrmann, premier adjoint au maire (PS) de Strasbourg, cité par Philippe Wendling dans un article de 20 Minutes, 3 avril 2009

« Mais surtout, j'ai de la colère, parce que des gens qui seront présentés comme des militants anti-Otan alors qu'ils ne méritent que le nom d'imbéciles, ont commis des actes très graves qui méritent une condamnation claire et sans ambiguïté. Ces gens ne sont pas des nôtres, ce ne sont pas des militants pacifistes et nous refusons que leurs actes soient rapprochés d'une manière ou d'une autre de la manifestation pour la paix à laquelle les communistes ont participé. »
Marie-George Buffet, communiqué du Parti communiste français, 4 avril 2009

« Le PCF du Bas-Rhin condamne avec la plus grande fermeté les violences gratuites des groupes venus au nom de prétextes fallacieux pour casser. Ces gens-là n'ont rien à voir avec les mouvements démocratiques qui organisaient le Contre-sommet de l'Otan. Ces groupes font le jeu des Sarkozy, Merkel, Berlusconi, Brown etc… qui dominent l'Europe et qui l'ont conduite dans l'ornière de la crise économique et sociale d'aujourd'hui… »
Communiqué de la fédération du Bas-Rhin du Parti communiste français, 4 avril 2009

« L'objectif du gouvernement était clair, faire passer pour des casseurs tous ceux et celles qui souhaitaient manifester leur opposition à l'OTAN. »
Communiqué du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste), 4 avril 2009

« On voit bien aujourd'hui de quel côté se situent l'extrémisme et la violence : à gauche ! Le Front national dénonce le saccage de Strasbourg par des bandes de voyous venus principalement d'Allemagne. »
Bruno Gollnisch, vice-président exécutif du Front national, 4 avril 2009

« Avant même le début de la manifestation, et pendant de longs moments, des casseurs venus de toute l'Europe se sont livrés à des actes criminels dont les premières victimes sont les habitants du quartier du port du Rhin. Ces actes intolérables ont durement touché des Strasbourgeois parmi les plus modestes, et contribué à empêcher l'expression pacifique de nombreux Européens à la politique de l'Otan.
Poste de douane, pharmacie, hôtel ont été incendiés, une église investie, le mobilier urbain complètement saccagé, et l'école du quartier elle-même n'a pu être préservée que par la mobilisation spontanée des habitants du quartier. Nous condamnons ces actes sans ambiguïté. Leurs auteurs méritent d'être poursuivis et jugés conformément à la Loi.
Ces événements tragiques ont pu se produire en dépit de l'important déploiement policier et nous ne pouvons pas ne pas nous interroger sur la responsabilité de l'État et la stratégie qui a été la sienne durant ces heures éprouvantes. »
Communiqué du Groupe des élu-e-s Verts de Strasbourg, 5 avril 2009

« L'UNSA-POLICE – Le Syndicat unique condamne les émeutes d'une rare violence commises par des groupes de casseurs en marge de la manifestation organisée à Strasbourg à l'occasion du sommet de l'Otan (...).
L'UNSA-POLICE – Le Syndicat unique rappelle la difficulté d'exercer le métier de policier dans un climat de plus en plus tendu et une nouvelle fois réclame l'abandon des suppressions d'effectifs prévues jusqu'en 2012.
L'UNSA-POLICE – Le Syndicat unique apporte son soutien aux agents blessés et félicite l'ensemble des policiers pour l'exemplarité de leur conduite et du professionnalisme dont ils ont fait preuve. »
Communiqué de l'UNSA-Police, 5 avril 2009

« Les élus du Mouvement populaire ne peuvent comprendre que des responsables politiques participent à l'incitation à la violence à des fins politiciennes. Inciter à la révolte ou à la rébellion ne peut constituer un programme politique crédible et n'est pas digne des grands partis républicains.
L'UMP veut par ailleurs rendre hommage au professionnalisme des forces de l'ordre qui font un travail remarquable et ne doivent pas être la cible de quelques délinquants.
Il faut donc adopter la plus grande fermeté avec ces individus, comme avec les casseurs qui cherchent coûte que coûte à troubler l'ordre public. »
Eric Ciotti (UMP), Secrétaire national à la sécurité, 6 avril 2009

« Ce que je souhaite, c'est que les casseurs soient punis avec une extrême sévérité. »
Nicolas Sarkozy, président de la République, cité par Arnaud Leparmentier dans un article du Monde, 6 avril 2009

« Tous les partis politiques condamnent cette violence, ces casseurs, ces voyous. »
Bernard Accoyer (UMP), président de l'Assemblée nationale, cité par Arnaud Leparmentier dans un article du Monde, 6 avril 2009

« Des groupes ultraminoritaires et ultraviolents qu'il faut sanctionner sans aucune faiblesse. »
Laurent Fabius (PS), cité par Arnaud Leparmentier dans un article du Monde, 6 avril 2009

« Le pouvoir instrumentalise les violences qu'il a lui-même orchestrées pour tenter d'occulter le caractère massif de la protestation contre le sommet de l'Otan qu'il n'a pu qu'entraver, mais pas empêcher. »
Communiqué du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste), 6 avril 2009

« Des grenades lacrymogènes ont été tirées pendant les prises de parole sans la moindre justification, contraignant la manifestation à se former dans la confusion et l'urgence, permettant à des groupes violents de s'infiltrer dans le cortège ;
Ces éléments violents ont pu passer les frontières alors que le dispositif Schengen avait été levé (...)
Les forces de l'ordre ont laissé ces mêmes éléments violents, au demeurant peu nombreux (dont le ministère de l'Intérieur se targue pourtant de connaître les identités) détruire l'ancien poste de douane sans intervenir (...) ; comment interpréter les autres destructions que les forces de l'ordre, pourtant en surnombre dans Strasbourg, n'ont pas su (?) empêcher ? Incompétence ou volonté de laisser-faire ?
Les forces de l'ordre, comme c'est leur mission lors d'une manifestation autorisée, n'ont pas assuré la sécurité des manifestants, mais l'ont, au contraire, délibérément compromise en laissant les éléments violents agir à leur guise. »
Communiqué d'Attac France, Attac Strasbourg et Attac Vosges du Nord, 6 avril 2009

« Le dispositif policier était au point, de l'aveu même d'Alliot-Marie, et le maire de Strasbourg, qui adopte une posture de dénonciation, était dans la confidence depuis le début, il s'agit donc purement et simplement d'une combinaison cynique dont les habitants d'un quartier défavorisé, plus faciles à punir et à surveiller que les flux de capitaux, ont fait les frais. »
Communiqué de la Fédération anarchiste, 6 avril 2009

« La lumière doit être faite sur les raisons qui expliquent que les casseurs ont pu avoir le terrain libre pendant près d'une heure, leur permettant d'incendier le bâtiment des douanes, un bâtiment abritant une pharmacie et l'office de tourisme et l'hôtel Ibis. »
Roland Ries, maire (PS) de Strasbourg, cité dans un article de nouvelobs.com, 7 avril 2009