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Conspirer et surgir

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Adresse aux révolutionnaires de France

La révolution est une affaire de rupture.

Faut-il faire gagner le mouvement social ? Non. Les forces se reconnaissant comme révolutionnaires doivent cesser de se comporter comme les sous-traitants de la Gauche en matière de stratégie. Elles n'ont pas à penser les modalités d'un combat dont elles ne partagent ni l'éthique, ni les moyens, ni la fin. Nihil ex nihilo : si aucun nous effectif n'émerge de la Gauche, c'est qu'aucune existence collective révolutionnaire n'est possible dans son désert. Elle est une force conservatrice par nature. Son progressisme n'est qu'une facette de l'évolution de la domination politique. Les révolutionnaires n'aspirent pas à la modernisation de l'état actuel des choses, mais à son abolition. Quiconque prétend devoir et pouvoir gérer la misère totale qui règne sur nos vies avant de lui en venir à bout est un ennemi mortel ne demandant qu'à se découvrir ou à être découvert. À commencer par le florissant personnel politique et syndical, toujours prêt à prolonger d'un millénaire le calvaire de l'exploité à la seule fin de lui conserver un défenseur.

Des cadavres plein la bouche. Le surgissement des Gilets Jaunes a matérialisé la possibilité d'une existence et d'une pratique politiques autonomes. L'intervention tardive de la Gauche au sein du mouvement, sa volonté d'abord de le structurer puis de lui offrir une direction, s'est avérée mortifère puis nécrophage. Mortifère car soumettant la libre association à un formalisme démocratique dont l'effet le plus notable fut de domestiquer la volonté collective d'autogouvernement. Nécrophage ensuite, en déglutissant les éléments opportunistes pour les déféquer sous forme de candidats aux élections européennes et de militants associatifs médiocres. Le retour aux sources annoncé au mois de juin ne suffit pas à conjurer le pourrissement. La police ayant repris la plupart des ronds-points et la Gauche ayant remis la main sur l'agenda – c'est-à-dire retrouvé sa légitimité à fixer la temporalité du conflit –, il ne restait aux gilets jaunes qu'à s'enterrer dans le cortège de tête pendant les manifestations de décembre contre la réforme des retraites. En dernière analyse, les militants de gauche n'ont rien trouvé de mieux à faire que déposséder les gilets jaunes pour tenter de conjurer leur propre impuissance. Porter la conflictualité où elle était historiquement nécessaire, sans interférer avec le processus de subjectivation radicale à l'œuvre : voilà le sens que nous, révolutionnaires dans la métropole, avons donné à notre intervention dans le mouvement. Le malaise initial vis-à-vis du recours à la violence s'est rapidement résorbé face à l'expérience sensible de la révolte et de la répression. La couverture médiatique terrorisée, l'hélicoptère présidentiel prêt à décoller et les concessions initiales ont immédiatement donné raison à la violence. Les thèses complotistes désignant les émeutiers comme des provocateurs, des infiltrés, ont pour un temps perdu de leur audibilité. La Gauche, elle, n'a pu exister que par la dissociation.

En finir avec le syndicalisme. Nous avons eu tort d'attendre des syndicats un appel à la grève générale reconductible. Ils n'en ont ni l'ambition ni les moyens. Leurs tentatives de récupération manquent systématiquement de panache. Le seul objectif à la hauteur de leur acéphalie tient dans la reproduction des rituels d'invocation de leur Échec, et du marasme métaphysique qui fait office de constitution mentale aux exploités de la civilisation métropolitaine. Le second mouvement contre la réforme des retraites n'y échappe pas : l'œcuménisme affiché par les directions réunies en intersyndicale n'aspirait à aucune victoire, mais répondait directement à cette nécessité de reprise en main de la contestation, dont on ne peut plus vraiment dire qu'elle tient seulement du mouvement social. Tout comme les efforts des parlementaires, qui s'agitent bruyamment pour tenter de faire oublier leur impuissance fonctionnelle, les efforts des centrales ont surtout visé à juguler et normaliser une situation qui menaçait de devenir incontrôlable. Notre opposition n'a rien de tactique. Toutes celles et ceux qui ont investi les espaces de délibération autonomes pour y défendre comme seule perspective celle du renforcement de la grève, ont fait fausse route. L'hypothèse selon laquelle les révolutionnaires pouvaient y imposer leurs mots d'ordre a échoué deux fois. Le refus du travail ne s'est pas imposé comme le plus faible dénominateur commun, et aucun camp révolutionnaire n'a existé en dehors de l'agenda et des initiatives de l'intersyndicale. On ne fera pas rentrer au forceps le refus du travail dans une contestation qui vise désormais la personnalisation présidentielle du pouvoir. Arrivera-t-on seulement à porter la critique du pouvoir dans sa totalité, et poser la question de l'exercice de tout le pouvoir sur nos vies ? Rien n'est moins sûr. La voie semble libre pour les hypothèses citoyennistes.


Nous détestons la gauche et la démocratie. Nous conspirons contre elles. Nous réfutons l'idée selon laquelle la voie révolutionnaire devrait croiser la voie réformiste. L'hypothèse selon laquelle la possibilité d'une révolution dépendrait de notre capacité à combiner une stratégie insurrectionnelle et une stratégie légaliste est une ineptie sans nom. Représentativité, monopole institutionnel de la politique et de la violence, soumission de l'activité humaine à une logique productive, réduction des rapports sociaux à des actes de consommation, légitimité exclusive de l'appareil d'État à se porter garant de notre survie : les bonnes intentions de la Gauche cachent mal l'enfer qu'elle nous pave. Il faut être aveugle pour ne pas voir. Aucune stratégie commune ne saurait émerger d'un éventuel rapprochement avec cette force conservatrice par nature, qui ne connaît de perspective que la compromission et le renoncement. Nous disons que le Progrès et la Réaction sont les deux faces d'une même médaille. Inversez une proposition réactionnaire, et vous obtiendrez une proposition progressiste. Quand la droite attaque les services publics, c'est toujours au nom d'une certaine vision de l'État et de l'Économie. C'est-à-dire, au nom d'une certaine conception de la forme idéale de la domination. Quand la Gauche revendique une meilleure répartition des richesses produites, c'est toujours au nom d'une certaine conception du rôle de l'État et de la positivité potentielle de l'Économie. C'est-à-dire, au nom d'une certaine conception de la forme idéale de la domination. La démocratie s'est imposée, en France et ailleurs, comme le moyen le plus efficient de réaliser la domination politique. Loin de consacrer le droit du peuple à se gouverner lui-même, elle consacre la suprématie de l'État dans la gestion de tous les aspects de la vie. Les révolutionnaires prônent la mort de la démocratie car la révolution doit, plutôt que faire passer le pouvoir en de meilleures mains, l'abolir. Nous sommes le parti de l'Insurrection ; la Gauche, celui de la Paix. Ce qu'elle désigne comme « notre camp social » n'aspire jamais qu'au renouveau institutionnel. Il préfèrera toujours conserver et faire évoluer la forme de la domination politique, en lui donnant l'armature et les cadres qu'il s'imagine les plus à même d'assurer notre bon gouvernement, plutôt qu'assumer le basculement et mettre sa survie en péril. Pour cause, toute son existence sociale et politique dépend de l'existence d'un monstre froid à conquérir et s'approprier. L'ennemi ne périra pas de lui-même.


Révolution politique ou révolution sociale ? Plus nous permettons la modernisation de l'État, plus il est difficile de s'extraire de ses filets. Nous répétons, comme d'autres avant nous, que l'État moderne n'a pas toujours existé. Nous lui survivrons. Nous avons tout à construire, donc nous devons tout ruiner ; faire table rase et mettre l'État au musée des antiquités, à côté du rouet et des députés de gauche. Cliver, prendre parti et rompre avec les mystifications de la gauche et de la démocratie, constitue la condition première à la formulation de tout horizon révolutionnaire intelligible. Pour y parvenir, nous devons arrêter de nous poser les problèmes à l'envers. En premier lieu, nous devons réfuter la primauté de la révolution politique et son inévitable cortège de confiscation et d'opportunisme. Nous voulons une révolution sociale. C'est-à-dire, un mouvement fondé sur l'élaboration et la multiplication de formes sociales inédites, offrant à chacun la liberté de jouir pleinement de sa vie. Là doit commencer le clivage. Il doit d'abord s'opérer entre nous, entre camarades, pour qu'un nous puisse exister.

Hic Rhodus, hic salta. Il est temps de rompre avec les conceptions de la victoire héritées de la Gauche. Il est temps de penser par et pour nous-mêmes. La restauration de l'État-Providence n'est pas une victoire. Pas plus que l'évolution de la forme politique vers une République représentative davantage proportionnelle, disposant de plus d'outils référendaires, donnant plus de pouvoir aux régions et nationalisant les secteurs « stratégiques » de l'économie, n'est une révolution. N'en déplaise aux fétichistes de l'organisation, la révolution n'est pas une campagne d'alphabétisation. Elle ne nous rendra pas dépendant de l'État pour subvenir à nos besoins, nous loger, nous déplacer, nous retrouver. La révolution ne se contentera pas du plus petit dénominateur commun. Elle ne bradera pas l'autonomie contre la sécurité. The revolution will put you in the driver's seat. Pas de limitation de vitesse.

On ne combat pas l'aliénation par des moyens aliénés. Si les slogans sonnent si creux, c'est que le langage de la conflictualité appartient à l'ennemi. Les appels à la « grève générale » appellent en réalité des grèves reconductibles. Nos « émeutes » tiennent souvent d'avantage du trouble à l'ordre public. Les « barricades » sont, au pire des abandons de déchets sur la voie public, au mieux des blocages de la circulation. La détestation de la police est stérile tant qu'elle ne formule pas clairement la volonté de son abolition. Le refus du retour à la normale traduit simplement une augmentation de la demande pour l'agenda des directions syndicales. Cet écart entre signifiant et signifié, entre la puissance symbolique de nos catégories et l'impuissance des réalités qu'elles recouvrent, interroge. Nous avons un siècle de retard. On ne le rattrapera en consacrant, encore et toujours, les formes politiques surannées dont on attend, mouvement après mouvement, la résurrection miraculeuse. Actualiser nos représentations ne résoudra pas le problème : nous devons penser, en actes, les moyens de notre conflictualité et les perspectives de notre victoire. Faire tache d'huile, nous diffuser comme une trainée de poudre ; hors des écrans et des plateaux. C'est curieux, chez les militants, ce besoin de passer à la télévision.

Nous sommes l'Autre. Les « armes » des esclaves modernes sont émoussées. Elles ne les défendent même plus. En dépendre, c'est avoir perdu d'avance. La majorité des révolutionnaires ont observé une stratégie que l'on pourrait qualifier d'accompagnement du mouvement social, cherchant à déborder de ses cadres pour le rendre plus incisif, dans l'espoir que le gouvernement renonce à sa réforme des retraites et que la population soit gonflée à bloc pour partir à l'offensive. Dès le départ, l'offensive était remise à plus tard. Cette attitude mouvementiste cache mal une impuissance collective dont la première conséquence est la subordination des révolutionnaires au personnel politique et syndical de la Gauche. Elle reconnaît leur hégémonie. En consacrant les formes défaites du syndicalisme et de la démonstration politique, on devient malgré soi un rouage du dialogue social. En s'attelant presque exclusivement à renforcer l'existant, on échoue à élaborer l'inédit. Nous refusons d'errer de piquet en manifestation, car nous refusons de devenir les pièces rapportées de la Gauche. Nous ne nions pas qu'on puisse y ressentir et s'y rencontrer. Nous disons simplement que s'en satisfaire, c'est se résigner. Nous sommes en guerre. Tout le monde le sait. Plus que des lieutenants, il faut des armes. Des nouvelles, des chouettes, des brillantes. Nous les forgerons en nous dotant de lieux et de temps de discussion et de délibération, en apprenant à décider par nous-mêmes et à réaliser nos volontés directement, sans intermédiaires. Nous devons devenir une force consciente d'elle-même.

Répandre l'anarchie, vivre le communisme. Un mouvement profond porte des secteurs toujours grandissants de la population à vouloir un changement de la vie dans sa totalité. Il ne lui manque que la conscience de ce qu'il a déjà accompli, et de ce qu'il lui reste à faire, pour posséder réellement sa révolution.

Ce texte a été rédigé sous la forme d'un tract au début du mois de juin 2023, et diffusé dans le cadre de discussions politiques.

Il est disponible au format PDF et en format tract imprimable au lien suivant : https://lacharlatanerie.wordpress.com/conspirer-et-surgir/

Nouvel appel à présence dans les tribunaux d'Île de France, en soutien aux inculpé.es des émeutes de juin

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Parce que malheureusement la répression de s'arrête pas durant l'été, quelques dates de reports de comparution immédiates, en lien avec les émeutes du mois dernier.

Dans les semaines qui ont suivi le meurtre de Nahel et les révoltes qu'il a déclenché, on a pu voir la machine répressive tourner à plein régime pour mater le mouvement social et intimider les révolté.es et leurs proches. Des dizaines de personnes sont passées en comparution immédiate dans les différents tribunaux d'Île-de-France, et des peines d'une sévérité ahurissante ont été délivrées à la chaîne, assorties de mandats de dépôts en masse. Aux interpellation lors des révoltes ont suivi les perquisitions au domicile des gens, et de nouvelles comparution immédiates. Début juillet, on dénombrait 1278 jugements, et 1056 personnes avaient été condamnées à une peine d'emprisonnement dont 742 à une peine ferme. 600 personnes ont été incarcérées.

Pendant ces premières semaines de répression, de nombreuses personnes étaient présentes dans les tribunaux pour se montrer solidaires et en soutien des interpellé.es et de leurs proches.

Dans les semaines qui viennent, les procès des personnes qui ont demandé un report de comparution immédiate vont avoir lieu : c'est l'été, beaucoup de gens sont partis de Paris, mais il est important d'être présent.es aussi maintenant, pour ne pas laisser les personnes seules face à la machine répressive.

Voici quelques dates de renvoi qui ont été relevées dans les différents tribunaux d'Île de France. Cette liste n'est sans doute pas exhaustive, les dates ont été glanées lors des audiences publiques début juillet, et des changements peuvent aussi avoir eu lieu sans que l'on en ait été informé.es. Si des personnes sont proches de ces différents tribunaux, ou de collectifs locaux, faites circuler largement cet appel à occuper les chambres de comparutions immédiates en soutien aux interpellé.e.s.

  • 31/07 : Bobigny 13h
  • 02/08 : Créteil 13h30 (au moins 1 majeur et deux mineurs)
  • 03/08 : Bobigny 13h
  • 04/08 :
    • Bobigny 13h (au moins 2 personnes)
    • Paris 13h (au moins un mineur)
  • 08/08 : Versailles 14h Chambre 5
  • 10/08 :
    • Versailles 14h Chambre 5
    • Paris 13h30 chambre 23 section 2
  • 11/08 :
    • Paris 13h
    • Evry 13h (au moins 2 personnes)
  • 30/08 : Nanterre
  • 20/09 : Nanterre (3 personnes)
  • 02/10 : Bobigny 14h
  • 04/10 : Versailles 14h
  • 11/10 : Créteil
  • 08/01/2024 : Pontoise
  • 11/01/2024 : Evry


Rappel des adresses des différents tribunaux :

  • TJ de Bobigny métro Bobigny Pablo Picasso - Comparutions immédiates à 13h, chambres 17 et 18
  • TJ de Nanterre RER A Nanterre préfecture / métro Les Fauvettes - Comparutions immédiates à 13H30
  • TJ de Créteil métro Créteil université - Comparutions immédiates à 13h, 12e chambre
  • TJ de Paris métro Porte de Clichy - Comparutions immédiates à 13h30, 23e chambre (différentes sections, se renseigner sur place)
  • TJ de Evry RER D Evry-Courcouronnes - pas d'infos sur les horaires et chambres des CI
  • TJ de Pontoise train H ou J Pontoise - pas d'infos sur les horaires et chambres des CI
  • TJ de Versailles - TER Versailles Chantiers - pas d'infos sur les horaires et chambres des CI

Soutenir AERI : espace de vie de quartier et d'organisation politique

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

« campagne de dons » pour aider l'espace AERI à se pérenniser

AERI qu'est ce que c'est ?

AERI cherche à devenir une « utopie » réelle. C'est un espace d'entraide, de rencontre, de création, de lutte et de mise en commun. Un espace où nous inventons et cherchons à mettre en forme un rêve collectif, où se mènent, se croisent et se frottent des actions politiques, culturelles, sociales, artistiques, éducatives et sportives. Un lieu où l'on veut inventer des nouvelles façons de faire, d'autres rapports aux autres et à soi : un espace d'émancipation en construction permanente.

Historique

AERI est une association créée en 1989 qui a proposé pendant 30 ans des stages d'art thérapie à des malades du SIDA et des personnes usagères de drogues, puis progressivement à des personnes au parcours de vie précaire dans un lieu de 1000 m² dont elle est propriétaire. En 2019, les membres du conseil d'administration prennent la décision de clôturer l'activité de l'association. C'est à ce moment qu'est né le nouveau projet AERI en expérimentation depuis septembre 2019 : construire un espace commun au cœur de Montreuil.

Nouveau projet AERI

Dans la continuité des valeurs fondatrices de l'association, nous avons proposé au conseil d'administration un nouveau projet, une « utopie » concrète qui prendrait racine dans ce lieu : Construire un espace de vie collective en rupture avec le modèle de société actuelle et qui démontre que d'autres manières de vivre ensemble sont possibles. Construire du commun et de la solidarité dans un milieu urbain qui nous divise et nous isole, développer des formes de relations et de rapports aux autres et à soi qui cherchent à être en rupture avec les systèmes de dominations qui prévalent aujourd'hui.

D'accord, mais concrètement il se passe quoi à AERI ?

Depuis 2019, se réunissent et s'organisent une trentaine d'ateliers, collectifs, associations qui font vivre le lieu, participent à son organisation collective, et animent des ateliers à prix libre/gratuits :

Les bons petits légumes  : collectif d'habitant.e.s montreuillois.e.s luttant contre le gaspillage alimentaire, distribuant une fois par semaine à nos cantines.

Le Boxon : association sportive de boxe autogérée par les pratiquant.es, qui promeut une pratique égalitaire du sport, en dehors des circuits marchands et de la compétition virile.

Les gilets jaunes de Montreuil  : Collectif en lutte qui se réunit en assemblée hebdomadaire ouverte et qui mène plusieurs actions sur la ville et au-delà dont une cantine populaire solidaire le mercredi.

Le Dupli  : Collectif qui gère (achat, réparation, entretien) des machines d'imprimeries et forme à leur utilisation. Les machines sont en libre accès et les impressions sont à prix coûtant.

Capoeira Angola : Jeu ritualisé qui conbine éléments de danse, d'acrobatie, de combat et de musique.

KALI  : Accompagnement sociolinguistique, juridique, psychocorporel et socioéducatif de femmes étrangères subissant, ou ayant subi, une situation de violence et/ou de vulnérabilité en raison de leur sexe.

Robert Johnson  : atelier d'arts plastiques politiques (artivisme), de lutte contre la propagande publicitaire.

FUZ  : collectif de codeur.euses, développeur.euses, et d'artistes visant à sensibiliser et à s'approprier l'outil informatique et électronique.

Chorale El'Hane Bladi  : chorale initiée par des femmes issues de Maghreb et de Montreuil. Chants d'amour et engagés en arabe et kabyle.

La Fanfare Invisible  : collectif ouvert de musique à disposition du mouvement social et des associations de lutte

Le collectif des sans-papiers de Montreuil : collectif de travailleurs immigrés sans-papiers en lutte pour la régularisation, le droit au travail et au logement et la fermeture des centres de rétention administrative (qui participe à la Marche des Solidarités), et propose de l'accompagnement juridique.

YOGA  : cours de hatha yoga traditionnel intégrant théorie et pratique. Aucun niveau exigé.

Arts plastiques  : atelier partagé de dessin, sculpture, peinture et modelage libre. Destiné à tout public.

Féminisme Enjeu : théâtre de l'opprimé, système d'exercices physiques, de jeux esthétiques, de techniques d'images et d'improvisations spéciales, dont le but est la recherche de solutions à des problèmes sociaux et personnels.

Les Chaussettes Jaunes Sauvages : groupe de punk gilet jaune

Collective 98 : collectif indépendant et de solidarité internationaliste qui s'oppose au système capitaliste dans son ensemble et à toutes les formes de domination et d'exploitation

Repair Café : atelier de réparation partagé d'appareils électroménagers portatifs

Bal aérien : comité de fêtes en soutien au lieu

AERIciné : cinéma autogéré à tous.tes et pour tous.tes, projections de films et documentaires en tout genre, dont la réalisation n'est pas assurée par des hommes cis.

Les printemps de la psychiatrie  : réseau de patients, familles et professionnels mobilisés pour sauver le soin psychique, revaloriser et repenser le travail soignant.

Pain libre : la boulangerie comme dénominateur commun

Le Collectif Féministe de Montreuil  : Le collectif, né en 2023 et basé à Montreuil, regroupe des personnes en mixité choisie sans mec cis actives dans la lutte féministe, anticapitaliste, antiraciste, antifasciste. Le collectif propose des activités militantes et culturelles sur le territoire montreuillois, en région parisienne, et au niveau national.

La Cantine mexicaine  : cantine de cuisine mexicaine et en solidarité avec les luttes au Mexique

La Cantine des mamans ivoiriennes  : cantine de cuisine ivoirienne

Théatre : atelier théâtre d'improvisation ouvert à tous.tes

Atelier lactofermentation : atelier de mise en bocal par la lactofermentation des invendus et restes alimentaires

APPUII  : association qui accompagne les habitant.es des quartiers populaires sur des questions d'urbanisme.

Choeurs de Veners : chorale militante internationaliste ouverte à tous.tes

TaiShi : pratique du Tai Shi Shuan, et éveil musculaire

Coiffure : petite coupe à prix libre par Marc

Piano : atelier à prix libre par Kazz

Labo Photo : apprentissage au tirage par Jérémy

De plus, de temps en temps, nous mettons à disposition l'espace à différents collectifs ou associations extérieures au lieu, pour y organiser des évènements de soutien, ou des ateliers éphémères ouvert à toustes, gratuits ou à prix libre.

Et Aeri c'est ouvert ?

Plus que ouvert ! C'est le principe central du projet. Ouverture et rencontre : tout le monde peut passer à AERI entre 10h à 20h et sera accueilli par un membre de la communauté AERI qui se fera un plaisir d'offrir un café et de faire visiter le lieu aux nouveaux.lles venu.e.s. De plus toutes les activités qu'on y trouve sont ouverte à tous à toutes et gratuites ou à prix libre (c'est à dire que chacun peut mettre la somme qu'il veut ou peut.)

Enfin et surtout, l'assemblée de la communauté AERI, ouverte à tous et à toutes, a lieu une fois par mois (le dernier vendredi de chaque mois à 19h) . Elle est toujours suivie d'un apéro ou d'un repas ! S'y retrouvent des usagers.ères de l'espace mais aussi ceux et celles qui souhaitent découvrir le projet.

Si un collectif de permanent.e.s et bénévoles assure les tâches techniques, administratives, financières et de cohérence du projet, AERI appartient avant tout aux habitant.e.s du quartier qui l'entourent et à toutes les personnes qui souhaitent s'y investir et qui le font vivre.

L'ANNÉE À VENIR

à quoi servira l'argent collecté ?

Tous les dons servent à la fois au fonctionnement général du lieu mais aussi à mettre en place certaines initiatives :

Les jardins suspendus de AERI : un projet de potager urbain pour le voisinage sur les toits de l'espace, et des travaux de sécurisation des toits pour la construction de garde-corps afin d'y installer les potagers.

Le café solidaire AERI : un café social ouvert toute la journée à prix libre

La ludothèque AERI : tout plein de jeux pour penser un atelier jeux de société

Des travaux de remise en état du lieu : circuits d'électricité, sols de différentes salles, rafraîchissement des murs

Amélioration de la cuisine pour les cantines collectives : achat d'une plonge, et confection d'une chambre froide

Des travaux d'isolation : pour une meilleure isolation sonore et énergétique dans plusieurs salles (notamment salle rouge et grande salle)

Pour pérénniser le fonctionnement du lieu, et pour lancer ces chantiers, nous avons besoin de votre aide !

Jusqu'à maintenant, nous nous auto-finançons entièrement. Nous avons la chance immense d'être propriétaire de nos murs et tout le monde est « bénévole ». Pour autant, permettre l'ouverture d'un tel lieu avec nos principes de gratuité et de prix libre comporte un coût. Celui des charges (électricité, gaz, eau, assurance…), de l'achat de matériel et bien sûr des travaux d'entretiens, de réaménagement et surtout de mise au norme.

Habitué.e.s de AERI ou simplement séduit.es par le lieu et les valeurs que cet espace incarne, nous sollicitons votre solidarité pour pouvoir appréhender l'avenir avec sérénité et continuer à construire un bel espace de vie pour tous.tes !

AERI, 57 rue Etienne Marcel, 93100 MONTREUIL
nous écrire, nous proposer un évènement, une rencontre : espace (.) aeri (@) gmail (.) com

7 août 1927 : immense manifestation pour Sacco et Vanzetti

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le 7 août 1927, alors que les menaces d'exécution de Sacco et Vanzetti se font plus précises, un cortège auquel s'était joint Luigia Vanzetti rassemble plus de 100 000 personnes à Paris.

Here's to you Nicola and Bart
Rest forever here in our hearts
The last and final moment is yours
That agony is your triumph.

Joan Baez, sur une musique de Ennio Morricone

7 août 1927 : la manifestation parisienne pour Sacco et Vanzetti avec Luigia Vanzetti

Tandis que le risque d'exécution de Sacco et Vanzetti se rapproche, un cortège auquel s'était joint Luigia Vanzetti (soeur du condamné) rassemble plus de 100 000 personnes à Paris, le 7 août 1927. Il est fortement encadré par d'imposantes forces de police. Un appel est lancé pour une grève de 24 heures le lendemain. Le 8, 9 et 10 août 1927, l'exécution de Sacco et Vanzetti prévue à la date du 10 août [1] suscite à travers le monde de nombreuses manifestations de colère : à Chicago la grève générale est suivie par 16 000 ouvriers. A la sortie du meeting, une jeune anarchiste italienne de 16 ans nommée Aurora d'Angelo, prend la tête d'un cortège de quatre mille personnes. La police utilise des gaz lacrymogènes et procède à 76 arrestations dont Aurora (qui refusera lors de son procès l'aide d'un avocat). A New York la grève est suivie par 150 000 personnes (selon la police). De même à Montevideo (Uruguay), à Asuncion (Paraguay), à Bruxelles, Londres ou Paris. Des bombes explosent à Bâle (Suisse), à Sofia (Bulgarie) le 11 août, ou sont découvertes à Chicago et Londres. C'est un immense vent de contestation qui se lève contre l'arbitraire de la répression.

Contexte
L'affaire Sacco et Vanzetti est un symbole de la répression aux États-Unis. Elle frappe deux anarchistes d'origine italienne, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti. Dans les années 1920, la crise économique touche aussi bien l'Europe que les États-Unis : il faut reconvertir l'économie de guerre et faire face à l'inflation. La fin du dirigisme étatique mis en place en 1917 et la montée du syndicalisme provoquent de nombreuses grèves dans tout le pays. En 1919, on recense 4,1 millions de grévistes qui réclament de meilleurs salaires et une réduction du temps de travail. Ces grèves donnent lieu à des affrontements dans plusieurs grandes villes, comme à Boston.

L'année 1925 est marquée par de nombreux attentats anarchistes : les responsables politiques sont touchés, comme le maire de Seattle ou celui de Cleveland, chez lequel une bombe explose. Les bureaux de la banque Morgan à Wall Street sont soufflés par un attentat qui fait 38 morts et 200 blessés. Les autorités prennent des mesures de répression contre les anarchistes mais aussi contre les communistes et les socialistes américains. Certains sont emprisonnés, d'autres contraints de s'exiler. La presse bourgeoise amalgame les grévistes, les étrangers et « les Rouges ». Elle craint la progression du bolchévisme en Europe, le terrorisme de gauche et se méfie des immigrés récemment arrivés qui parlent à peine l'anglais. Cette période est connue sous le terme de « Peur rouge ».

Le premier procès
Le premier procès débute le 22 juin 1920. Sacco et Vanzetti sont accusés de deux braquages ayant eu lieu dans le Massachusetts : le premier est un hold-up manqué contre une fabrique de chaussures par un gang motorisé le 24 décembre 1919 à Bridgewater, l'autre le 15 avril 1920 à South Braintree, dans la banlieue de Boston. Durant ce dernier braquage, deux hommes, Frederic Parmenter caissier de la manufacture de chaussures "Slater and Morril" et son garde du corps Alessandro Berardelli, sont abattus à coups de revolver par deux hommes dans la rue principale. 15 000 $ sont volés.

Un certain nombre de témoins à charge qui n'ont vu le braquage que de loin affirment avoir « reconnu » des Italiens, notamment l'un portant une moustache comme celle de Vanzetti, le débat portant sur la longueur de cette moustache. Les témoins à décharge, des immigrés italiens soupçonnés d'accointance avec les milieux anarchistes, sont ignorés bien qu'ils fournissent un alibi à Vanzetti. Le 16 août 1920, Vanzetti seul est condamné pour le premier braquage de 12 à 15 ans de prison, Nicola Sacco ayant pu prouver qu'il avait pointé à l'usine le jour de ce premier braquage.

Le second procès
Le second procès qui a lieu à Dedham du 31 mai au 14 juillet 1921 met surtout en scène l'expertise en balistique, encore balbutiante à cette époque, Vanzetti portant selon l'accusation un pistolet de calibre 38 qui aurait appartenu à l'une des victimes et Sacco un Colt automatique de calibre 32 (les quatre balles trouvées sur les lieux du braquage avaient été tirées par un pistolet de même calibre). Ce second procès les condamne tous les deux à la peine capitale pour les crimes de South Braintree, malgré le manque de preuves formelles. Carlo Tresca et Aldino Felicani (vieil ami de Vanzetti), deux militants de l'Industrial Workers of the World [2] et quelques représentants de la bourgeoisie libérale bostonienne lancent une campagne médiatique nationale et internationale en leur faveur, montant dès le 9 mai un comité de défense qui parviendra à lever pendant 7 ans un fonds de 300 000 dollars, fonds dans lequel puisera leur avocat californien Fred Moore, spécialisé dans les procès politiques, pour effectuer ses propres enquêtes.

Dès lors, des comités de défense se mettent en place dans le monde entier pour sensibiliser l'opinion sur cette injustice. Comme Sacco en 1923, Vanzetti est placé début 1925 en hôpital psychiatrique. Le 12 mai 1926, leur condamnation à mort est confirmée. En novembre 1926, un bandit dénommé Celestino Madeiros, cependant déjà condamné à mort dans une autre affaire, avoue de sa prison être l'auteur, avec des membres du gang de Joe Morelli, du braquage de South Braintree, mais le juge Webster Thayer, qui n'aimait ni les Italiens, ni les anarchistes, refuse de rouvrir le dossier. Malgré une mobilisation internationale intense et le report à plusieurs reprises de l'exécution, Nicola Sacco, Bartolomeo Vanzetti et Celestino Madeiros sont exécutés par chaise électrique dans la nuit du 22 au 23 août 1927, à la Prison de Charlestown dans la banlieue de Boston, par le célèbre bourreau Robert G. Elliott, suscitant une immense réprobation. Plus de 80 ans après, les États-Unis continuent toujours d'exécuter des détenus, innocents ou coupables ; le plus souvent pauvres ou révoltés.

Vanzetti (à gauche) et Sacco (à droite)

A la mémoire de Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, deux anarchistes, deux immigrants tués par l'État. No Nation ! No Border ! Fight Law and Order !


[1] Elle se déroulera finalement le 23 août.

[2] Industrial Workers of the World ou IWW (les adhérents sont aussi appelés plus familièrement les Wobblies) est un syndicat international fondé aux États-Unis en 1905 dont le siège actuel se trouve à Cincinnati, dans l'Ohio. À son apogée, en 1923, l'organisation comptait environ 100 000 membres actifs.

Sources utilisées : Ephéméride anarchiste, Wikipédia
Pour approfondir :
Ronald Creagh, L'affaire Sacco et Vanzetti, Lyon, Atelier de création libertaire, 2004.
John Dos Passos, Devant la chaise électrique, Sacco et vanzetti : histoire de l'américanisation de deux travailleurs étrangers, Arcades Gallimard, 2009
Pierre Duchesne, Sacco et Vanzetti, Paris, Presses de la Cité, 1971.
Francis Russell, L'affaire Sacco-Vanzetti, Paris, Robert Laffont, 1964.

Françoise d'Eaubonne : Pas un jour sans une ligne

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Françoise d'Eaubonne, née Françoise Marie-Thérèse Piston d'Eaubonne le 12 mars 1920 à Paris et morte dans la même ville le 3 août 2005, est une femme de lettres française, romancière, philosophe, essayiste et biographe, militante féministe libertaire et écoféministe. (Wikipédia)

Françoise Marie-Thérèse Piston d'Eaubonne naît à Paris le 12 mars 1920, troisième des cinq enfants d'Étienne Piston d'Eaubonne et de Rosita Mariquita Martinez Franco son épouse.
Élève de l'institution catholique Notre-Dame de Saint-Maur de Toulouse, elle poursuivra ses études supérieures à la faculté des Lettres et des Beaux-Arts de Haute-Garonne.
Elle s'engage en faveur de la Résistance dès 1940, publie ses premiers poèmes en 1942 et son premier roman en 1944. Elle entre au Parti communiste en 1946. Lorsque Simone de Beauvoir publie Le Deuxième Sexe, Françoise lui écrit :  Vous êtes un génie ! Vous nous avez toutes vengées ! Julliard publiera en 1951 son premier essai féministe : Le Complexe de Diane, dans lequel elle défend Beauvoir.
Françoise quittera en 1956 le PC parce qu'il n'est pas assez anticolonialiste, d'où le désaccord sur les événements d'Algérie... En 1960 elle signe, avec Simone de Beauvoir, le manifeste des 121 pour le droit à l'insoumission, contre la guerre en Algérie.
Cofondatrice du Mouvement de libération des femmes à la fin des années 1960, elle est signataire du Manifeste des 343 salopes revendiquant le droit à l'avortement.
En 1971, Françoise participe au lancement du Front homosexuel d'action révolutionnaire.
Inventrice des termes « phallocrate » et « écoféminisme » dans les années 1970, elle fonde l'association Écologie- Féminisme en 1978.
Libertaire, elle devient animatrice au début de Radio-Libertaire.
En 1985, elle publie Louise Michel la Canaque.
Le 3 août 2005 elle meurt à Paris. Après sa mort on découvrira qu'elle avait revendiqué dans ses écrits intimes sa participation au plasticage de la centrale nucléaire de Fessenheim de 1975.
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