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Organisons la riposte - Soirée antifa

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

AG et soirée dans le parc de la Villette par la Coordination Inter-Universitaire Antifasciste pour organiser la riposte.

Le processus de pourrissement fasciste de la société est déjà bien avancé, ce que les élections présidentielles n'ont fait que révéler : dissolutions de collectifs militants, répression policière et judiciaire croissante, racisme d'État sont autant de causes de la montée de l'extrême-droite. Dans ce cadre, les universités sont dans une situation paradoxale, elles n'en font pas moins face à des coups de butoir de plus en plus inquiétants : tentatives de mise au pas idéologique, colloques racistes, structuration d'organisations étudiantes d'extrême-droite sont autant d'éléments qui montrent que le fascisme infuse aussi dans nos lieux d'étude.

Comment faire dans un contexte étudiant pour se mobiliser ? Faut-il se limiter à la lutte contre les groupes d'extrême-droite identifiés, ou au contraire viser directement l'État ? Comment constituer un véritable mouvement social antifasciste dans les universités ? Celui-ci doit-il se tenir à l'intérieur de nos murs ou bien au contraire constituer des alliances avec des groupes eux aussi en lutte avec l'État ?

La séquence politique que nous venons de traverser a suscité un mouvement d'espoir chez nombre d'entre nous : alors que l'hégémonie idéologique de l'extrême-droite semblait aller de soi et décourager toute tentative de mobilisation, la jeunesse antifasciste s'est imposée, avec ses mots d'ordre, comme une force sociale capable de déstabiliser, même à son échelle, la machine si bien huilée des élections présidentielles. Mais que tirer de cet élan ? Quelles suites donner à ce mouvement ?

Mercredi 25 mai 2022 au Parc de la Villette à partir de 18h

Au programme :

  • 18h : interventions d'organisation et collectifs étudiants antifa
  • 19h : AG
  • 20h : Soirée

Arrêts Porte de Pantin (métro 5, tram 3b) ou Porte de la Villette (métro 7, tram 3b)

Contre la construction d'une extension du CRA au Mesnil-Amelot, organisons-nous !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

L'État prévoit l'ouverture d'un nouveau Centre de Rétention Administratif (CRA) de 64 places au Mesnil-Amelot. La première réunion publique entre collectifs et personnes opposés à ce nouveau projet et à l'enfermement des étranger.es, qui a eu lieu en mars dernier, a lancé une dynamique de mobilisation qu'il faut maintenant intensifier : ce sont des milliers de personnes en plus qui passeront en CRA tous les ans si ce projet est mené à bien. Nous appelons ainsi à une deuxième AG publique entre collectifs et personnes en lutte contre ce projet d'extension.

L'État prévoit l'ouverture d'un nouveau Centre de Rétention Administratif (CRA) de 64 places au Mesnil-Amelot. La première réunion publique entre collectifs et personnes opposés à ce nouveau projet et à l'enfermement des étranger.es, qui a eu lieu en mars dernier, a lancé une dynamique de mobilisation qu'il faut maintenant intensifier : ce sont des milliers de personnes en plus qui passeront en CRA tous les ans si ce projet est mené à bien. Nous appelons ainsi à une deuxième AG publique entre collectifs et personnes en lutte contre ce projet d'extension.
Nous appelons à nous réunir le 2 juin à 18h30, dans la salle « petit congrès » à l'annexe Varlin de la Bourse du Travail de Paris, au 85 rue charlot.

Les centres de rétention administrative (CRA) servent à enfermer des personnes qui n'ont pas les bons papiers, dans l'attente de leur expulsion. Les motifs d'enfermement sont divers : déboutés de l'asile ou ayant eu des refus de titres de séjour, personnes interpellées à la frontière, dans la rue ou au travail, sortant.e.s de prison … Toutes ces personnes partagent le fait de ne pas avoir eu les bons papiers au moment de croiser les services de la Préfecture. Ces centres de rétention se situent au croisement des logiques de privation de liberté et d'expulsion. En effet, ils sont pensés comme l'anti-chambre de l'expulsion mais sont avant tout des espaces d'enfermement et de tri, des personnes avec les bons ou les mauvais papiers.

Depuis la Loi Asile et Immigration de 2018, la durée maximale de rétention a été doublée, à 90 jours, soit 3 mois, dans des conditions particulièrement horribles, afin que les préfectures aient plus de temps pour tenter d'expulser les personnes détenues en CRA. L'État enferme donc plus et plus longtemps.

Pour mener à bien cette politique raciste, le gouvernement a besoin de nouveaux lieux d'enfermement. Alors il construit toujours plus de CRA.
Deux nouveaux Centres de Rétention sont actuellement en construction : à Bordeaux et à Olivet (près d'Orléans), et deux extensions vont être réalisée à Coquelles (près de Calais) et Lesquin (près de Lille). A Lyon, un nouveau CRA vient d'ouvrir en Janvier 2022. Sous Macron, le nombre de places dans les CRA de métropole est ainsi passé de 1 490 en 2017 à 1 946 fin juin 2021. Soit une hausse de 30 % en cinq ans. Et l'objectif du gouvernement est d'atteindre 2 200 places d'ici décembre 2025.

Le CRA du Mesnil-Amelot, au nord de Paris, proche de l'aéroport de Roissy, est le plus grand CRA de France : les préfectures peuvent y enfermer au maximum 240 personnes. En 2020, près de 2000 personnes y ont été détenues et parmi elles, 40 % ont été expulsées. Il s'agit aussi du seul CRA où se trouve un bâtiment pour femmes et familles, et régulièrement des enfants en très bas âge y sont enfermés avec leurs parents.

Au Mesnil-Amelot, ce sont soixante-quatre nouvelles places qui seront créées sur un autre site, à quelques minutes en voiture du CRA existant, juste en face des pistes de l'aéroport.

Le contexte politique ambiant ne laisse présager qu'une dégradation de la situation, particulièrement pour les personnes sans titre de séjour et leur proches. La mobilisation contre l'extension du CRA de Menil-Amelot est aussi une mobilisation qui s'inscrit dans une histoire de luttes contre les frontières, et contre les centres de rétention légalisés en 1991. Elle est donc une lutte concrète qui permet de s'organiser collectivement contre la monté du fascisme, pour les droits des personnes sans papiers et contre la perte de nos libertés individuelles.

Cet appel s'inscrit dans la continuité d'une mobilisation initiée au printemps dernier par plusieurs collectifs luttant contre les lieux d'enfermement et pour la liberté de circulation et de séjour. Une manifestation a été organisée le 19 juin 2021 jusqu'au Mesnil-Amelot pour visibiliser le projet d'agrandissement et démontrer notre solidarité avec toutes les personnes retenues.

Nous sommes déjà plusieurs collectifs, associations et individus à réfléchir à cette mobilisation depuis quelques mois et nous souhaitons qu'elle puisse être la plus large possible. Cette assemblée est donc pensée comme un lieu de rencontre afin de nous coordonner, de partager nos idées et nos initiatives. Il ne s'agira pas d'être en accord sur tout, ni nécessairement d'organiser une action unitaire, mais plutôt de créer un espace de mobilisation au sein duquel plusieurs formes de lutte peuvent coexister et se coordonner.

Contre les frontières et les centres de rétention, mobilions-nous !

Des collectifs et des personnes en lutte

Affiche

Notre émancipation nous appartient : Crise du capital, capitale de la crise (2/3)

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le texte qui suit est extrait d'une brochure non encore publiée et intitulée « Notre émancipation nous appartient ». Nous proposons de publier son contenu progressivement afin d'en faciliter la lecture.

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Crise du Capital

Par définition, si l'on abolit la division internationale du travail qui implique cet esclavage (le capitalisme global), il n'y aura plus d'industrie au sens strict, et on ne pourra donc plus se « réapproprier » ces forces productives. [...] L'abolition de la division internationale du travail, néocoloniale, signifie que la relation existant entre l'extraction des matières premières et leur transformation industrielle ne peut plus être maintenue, ce qui affecte le mode de production industriel en son essence (il ne peut plus exister comme tel). »

(Benoît Bohy-Bunel, La forme-sujet occidentale-raciste, 2019)

Cette crise de la démocratie découle directement de la crise généralisée du capitalisme. L'expression « crise du capitalisme » a un sens précis : elle désigne la crise du capitalisme à son stade actuel de développement, l'impérialisme. L'impérialisme se caractérise par la domination du capital financier et des monopoles, par la primauté de l'exportation des capitaux, et par une logique de partage du monde entre les pays « avancés » et les trusts internationaux. Cette logique voit des régions et des pays entiers réduits au rôle de producteurs d'un type de ressource (céréales, minerais rares, hydrocarbures, etc.), d'autres au rôle d'usine mondiale de certains types de biens manufacturés, et les moins chanceux au rôle de poubelle du monde. Les États qui subsistent sont placés sous tutelle économique occidentale par le biais de dettes coloniales et de programmes d'ajustement structurel ordonnés par les instances financières internationales (FMI, Banque mondiale). Les entrepreneurs occidentaux y ont pignon sur rue, y surexploitent les sols et les corps et y organisent la corruption, toujours avec le soutien des État coloniaux dont ils représentent le « fleuron ». Et le complexe militaro-industriel n'en finit pas de se développer, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières nationales.

Quand cela est nécessaire ou opportun, les puissances impérialistes plongent des États entiers dans le chaos, balkanisent des régions, suppriment des formes institutionnelles et interviennent directement pour empêcher la construction de nouvelles : des pays se trouvent ainsi en proie à l'exploitation sauvage sur fond de guerre civile interminable. Cette balkanisation par la guerre, souvent préventive et toujours liée à la présence de ressources stratégiques (ressources primaires, mais aussi emplacements stratégiques sur les routes commerciales), a pu être observée en Afghanistan, en Somalie, en Irak, au Soudan, en Libye. La situation en Syrie et au Yémen gagnerait également à être étudiée sous cet angle. Le règne et la concurrence des puissances impérialistes s'accompagne toujours d'une recrudescence des formes de travail forcé, c'est-à-dire d'esclavage des adultes et des enfants : dans les raffineries artisanales de pétrole en Syrie, dans les mines artisanales de cobalt et de coltan en République Démocratique du Congo (près d'un quart de la production dans le premier pays producteur mondial), dans les mines d'or du Ghana, du Mali, du Burkina Faso (l'Afrique de l'Ouest est la troisième zone la plus riche en terrains aurifères dans le monde), dans les champs de coton au Pakistan, au Brésil, en Ouzbékistan (respectivement 4e, 5e et 8e pays producteurs de coton en 2019), etc. En Libye, les migrant·es enfermé·es dans les centres de rétention administrative sont embauchés de force par des patrons locaux et vendu·es comme esclaves sexuel·les, avec la complicité des autorités.

Face à la guerre et à l'esclavage, les gens essaient de sauver leur peau. Celles et ceux qui ne peuvent pas entreprendre le voyage jusqu'en Europe émigrent dans les pays voisins. Les travailleuses et les travailleurs itinérants représentaient au moins 169 millions de personnes en 2017, soit près de 5% de la force de travail mondiale. Le phénomène ne s'est pas résorbé avec la multiplication des guerres civiles et impérialistes, la répression des derniers mouvements contestataires par les régimes néocoloniaux, les crises économiques et les nouveaux programmes d'ajustement structurel, l'épuisement des ressources et la destruction des écosystèmes. Et nous pouvons affirmer sans grand risque de nous tromper que la modernisation des moyens de production participe également à rendre des franges toujours plus importantes de la population obsolètes du point de vue de la division internationale du travail et de l'accumulation du capital. Les récents événements au Kazakhstan ont mis en lumière la capacité bien réelle des États et de leurs capitalistes à en prendre acte, avec un cynisme glaçant : l'accumulation et l'approfondissement de la misère, qui a poussé le peuple à l'insurrection à l'aube de 2022, résulte directement du modèle capitaliste kazakh construit sur l'exploitation et l'exportation de pétrole (55% des ressources nationales), qui ne requiert « que » 5 millions d'âme pour fonctionner, rendant le bien-être des 13 millions restantes relativement superflu. Sans doute faisons-nous face ici au principal défi posé par le capitalisme à son stade impérialiste : la surtension de la division internationale du travail, caractérisée par « un chômage de masse global et un sous-emploi croissant de cycle en cycle ». (Robert Kurz, Vies et mort du capitalisme. Chroniques de la crise, 2011, p.95)

Capitale de la crise

Les classes dominantes se servent aujourd'hui de l'espace comme d'un instrument. Instrument à plusieurs fins : disperser la classe ouvrière, la répartir dans des lieux assignés, organiser les flux divers en les subordonnant à des règles institutionnelles – subordonner donc l'espace au pouvoir – contrôler l'espace et régir technocratiquement la société entière, en conservant les rapports de production capitalistes. »

(Lefebvre, Espace et politique, 1972)

Si nous vivons une crise généralisée du capitalisme impérialiste, la première observation qui s'impose est celle de notre place dans cette crise. Nous vivons, travaillons et militons au cœur de la bête, dans une métropole impérialiste. Le capitalisme et son État nous maintiennent dans un environnement que l'on pourrait qualifier d'usine totale, dans le sens où la segmentation de l'espace obéit entièrement à une logique de maximisation des profits et de séparation des différents types activités. Avant de savoir quelle peut être notre action, il importe d'en saisir le cadre imposé. Construction des premières voies ferrées, développement des villes industrielles, grands travaux et relégation des masses ouvrières aux périphéries des villes, embourgeoisement des centres, extension des réseaux de transports en commun et du temps de trajet de millions de personnes entre leur lieu d'habitation et leur lieu de travail : la fabrique de la ville et l'atomisation de l'espace est une constante du développement capitaliste. Avec le taylorisme et le fordisme, les standards et les modes de production ont changé, et l'espace a évolué : face à la confusion des villes, qui s'étalent pour constituer de l'urbain aux limites floues, la réorganisation s'est articulée autour de fonctions précises : habiter, travailler, se divertir et circuler. Cette réorganisation fonctionnelle de la ville manifeste la « faculté du capitalisme de comprimer la lutte des classes par le biais d'une division géographique visant sa domination ». (David Harvey, Géographie et capital, 2010, p.245) Les profits de chaque zone-fonction sont optimisés, et la fonction de circulation tient un rôle indispensable de chaîne de montage en assurant la transition entre les trois autres fonctions (habiter, travailler et se divertir). On observe aussi une délocalisation massive d'activités hors des villes, à commencer par celles industrielles, qui participe à l'atomisation ouvrière dans l'espace. Ce phénomène est accéléré par une triple restructuration de la ville : gentrification du centre, relégation des classes populaires dans les grands ensembles, départ des classes moyennes en grande périphérie.

Il n'existe aujourd'hui qu'un péril au monde, du point de vue de la défense de notre société, et c'est que les travailleurs parviennent à se parler de leur condition et de leurs aspirations sans intermédiaires ; tous les autres périls sont annexes, ou bien procèdent directement de la situation précaire dans laquelle nous place, à de multiples égards, ce premier problème, tu et inavoué. »

(Censor, Véridique Rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie, p.11-12, 1976)

La vie du citadin est entièrement structurée et encadrée par un ensemble de forces qu'il convient de désigner pour ce qu'elles sont : des moyens de domination. Sociologues, architectes, urbanistes, designers et philosophes peuvent noircir des milliers de pages sur le sujet en contournant ce fait fondamental, mais ne parviendront jamais à l'effacer : tout ce qui détermine les moyens mis en œuvre par l'État dans la construction et la gestion des villes est lié à une question de pouvoir. Ce qui ressort de l'agencement des rues, des transports, de l'infrastructure économique et commerciale, des grilles dans les jardins, des cours d'immeuble, du mobilier urbain anti-SDF, des noms de voiries jusqu'à l'éclairage publique et les espaces d'affichage (publicitaire ou non), c'est que rien de ce qui nous entoure n'est anodin ; que notre vie quotidienne se déroule dans le cadre et les cadences d'un environnement entièrement produit, construit et choisi suivant des impératifs de gestion des masses. L'organisation des villes n'est jamais autre chose que celle de flux économiques, de masses qui circulent sans se parler ou se croiser, qui n'interagissent avec leur environnement que par le travail ou la consommation. La taille de la chaussée, la quantité de commerces, la dimension des places, le prix des transports : tout cela n'a rien de naturel ou de spontané, mais est entièrement déterminé par les impératifs de l'économie et de la police. La différence fondamentale entre la ville moderne et ses formes antiques, c'est la disparition des espaces de sociabilité où les diverses couches composites de la cité peuvent se rencontrer. Les voitures et les loisirs payants ont remplacé l'Agora, le Forum, la Foire, le Temple, etc. Une démarche politique consciencieuse dans l'espace urbain doit avoir pour objectif de dévoiler par l'exemple et la discussion toutes les formes de domination qui, bien qu'elles nous paraissant familières, forment un environnement tout sauf naturel, qu'il sera nécessaire d'interroger et de transformer.

Les formes intuitives les plus exemplaires du mouvement ouvrier et de ses variantes contemporaines ou archaïques ont toujours exprimé et expérimenté ce besoin de se réapproprier un espace que l'on n'aurait jamais songé à investir auparavant. Les conseils ouvriers, les banquets de la Commune comme les assemblées des ronds-points sont des moments hauts de la lutte entre l'État et la société : des individus salariés, atomisés et qu'on pensait incapables de diriger eux-mêmes leur vie, entrevoient la possibilité de discuter ensemble de leur condition, sans intermédiaire, d'une manière qu'aucun intellectuel n'avait anticipé jusque-là, et sans qu'aucun professionnel de la politique n'en décide à leur place. C'est dans ces espaces, par ces pratiques collectives de l'espace urbain, que s'est jouée la véritable menace pour l'État : le moment où l'environnement familier se transforme en lieu de lutte, en dehors de tout principe choisi par un expert ou un gouvernant, et sans l'intermédiaire des militants et de leur formatage des luttes. Il faut encourager le développement de ces espaces sans les diriger, y reconnaître le potentiel révolutionnaire de la société, mais ne jamais en ériger les formes en principes absolus, les laisser évoluer, changer, se remplacer ou se transformer à leur propre rythme.

À suivre

Sommaire :
Crise de la démocratie et gauche de la crise (1/3)
Crise du capital, capitale de la crise (2/3)
Fascisme, modernité et encadrement (3/3)

À propos des arrestations suite à l'occupation de l'ENS

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Dans la nuit du 13 au 14 mai 2022, l'amphi Dussane de l'Ecole Normale Supérieure a été occupé.

Si nous avons occupé Normale Sup dans la suite de ce mouvement d'occupations initié dans l'entre deux tours, c'est parce que cette institution est un des nombreux lieux où se produit et se reproduit une bourgeoisie étudiante et dont la mission est de sélectionner et de former l'élite des futurs serviteurs de l'État (la plupart des énarques sont d'abord passés par Normale Sup). C'est un des maillons qui construit cet élitisme qui empêche le brassage des histoires, des opinions, des représentations du monde, et qui devient de fait le meilleur terreau de la répression dans les facs, favorisant des lois spécifiquement répressives de gestion préventive des mouvements, comme celle que le gouvernement grec tente d'imposer depuis des mois, à savoir des casernes de police au sein même des universités.

Dès 6h du matin, pour éviter toute possibilité que l'occupation se pérennise et s'amplifie et empêcher la tenue de l'AG prévue à midi, les flics sont rentrés dans la salle occupée en défonçant la porte barricadée donnant sur les couloirs du bâtiment. Nous nous sommes donc regroupés dans la rotonde en nous accrochant les uns aux autres pour ne laisser personne seul à la merci des flics. L'un d'entre eux avait lâché un coup de gazeuse pour leur faciliter l'accès à la rotonde, ce qui lui a valu de se faire détester par ses collègues toussotants et pleurants.

Ils nous ont tous fait nous allonger, brandissant leurs matraques pour bien nous faire comprendre les conséquences d'un potentiel refus de nous plier à leurs ordres, et nous ont alors sorti un par un dans le couloir le plus proche pour procéder à la prise de nos identités et nous fouiller.

Parmi nous se trouvait une personne trans qu'ils ont particulièrement brutalisée parce qu'il ne correspondait pas au schéma normatif de ces abrutis, le faisant tomber au sol, le frappant et le faisant fouiller par une fliquette malgré ses protestations énoncées clairement sur le fait qu'il n'était pas une fille. Ce « traitement spécial » a duré jusqu'à la garde à vue où il a été placé dans une cellule de meufs et où il s'est pris multiples insultes – « Eh madame ! », « Ta gueule, t'es pas opéré » – et plusieurs coups. Et tout ça dans un comico tapissé d'affiches incitant à « dire NON aux violences faites aux LGBTQI+ » : quelles que soient les déclaration d'intention abstraites, la réalité de la répression obéit toujours aux mêmes logiques dégueulasses.

Les 22 personnes présentes ont toutes été interpellées et placées en garde à vue, et pour cela, ils ont eu besoin de déployer toute une armée de flics, de bacqueux, et même la brigade canine (pourquoi faire, à part l'exercice d'une menace et le besoin d'impressionner ?). On peut résumer cela ainsi : il y avait un chien policier, mais tous les autres étaient des porcs. Malgré ce déséquilibre numérique certain, nous étions quand même assez nombreux pour les emmerder : ils n'avaient d'autre choix que de nous dispatcher dans trois commissariats différents (Ve, XIIIe et XVe) et d'en relâcher la majeure partie le soir même – pour être précis, ils en ont gardé 4, relâchés 24h plus tard – pour faire de la place dans leurs geôles. Alors soyons toujours plus nombreux !

Quasiment tout le monde a gardé le silence durant les auditions, sous le regard blasé des OPJ – « vous aussi vous faite parti de la team rien à déclarer ? ». Les basses tentatives de mettre des noms sur les actes ont été a priori empêchées par le silence maintenu du début à la fin de l'interrogatoire. Les flics raconteront n'importe quoi pour faire craquer les gens, du mensonge pur et simple à l'énonciation des peines maximales encourues pour le délit duquel on se retrouve accusé, peines qui ne sont évidemment jamais appliquées. De toutes manières, quoi qu'ils en disent, la décision de ce qui nous arrive ne leur appartient pas.
N'oublions jamais que se taire face au flics protège tout le monde, alors ne cédons pas à leurs chantages.

Une grande partie d'entre nous a refusé la prise d'empreinte et d'ADN. Malgré cela, et pour cause, la nouvelle loi permettant de prendre les empreintes et des photos par la force si l'on encoure plus de trois ans d'emprisonnement (https://paris-luttes.info/quand-les-flics-prennent-tes-15982#nb1), certains se les sont faites prendre pas la force. Les niveaux de contraintes ont été divers selon les cas : l'un d'entre nous s'est fait frapper et Taser, 4 se sont fait menacer par des flics qui étaient visiblement dans des dispositions d'esprit de tortionnaires, leur pressant le Taser contre le flanc et prêts à leur écraser la tête sur le sol tout en les frappant. Il est à noter que certains sont néanmoins sortis sans les avoir données. Contrairement à l'histoire de Vincennes dont l'article est relayé plus haut, dans notre cas, aucun ADN n'a été pris de force. Cette pratique de refus est relativement large et diffuse, on a pu voir que d'autres gardés à vue refuser également de manière virulente la prise d'empreintes, y compris face aux menaces, coups et Tasers.

Malgré cette nouvelle loi, refuser la signalétique peut fonctionner, d'autant plus si tout le monde le fait, et résister à cela peut aussi permettre de leur faire perdre espoir pour prendre les photos et l'ADN, d'autant plus que la loi en question est censé ne concerner que la signalétique – empreintes digitales et palmaire et photos. D'autre part cette loi implique la menace de la coercition systématique mais n'implique pas nécessairement qu'ils aillent jusqu'au bout, ni que la contrainte soit d'une brutalité extrême, même si elle peut l'être dans certains cas. Elle implique à coup sûr de passer un mauvais moment, mais, comme ça a été le cas pour certains d'entre nous dont celui sur lequel ils se sont acharnés à coup de Taser, si nous restons déterminés à refuser, il se peut qu'ils n'arrivent à les prendre que très partiellement, ce qui n'est pas rien. Il nous paraît donc essentiel d'appeler tout un chacun à continuer de refuser ce fichage.

Le soir suivant les arrestations, un rassemblement a eu lieu devant le commissariat du Ve, ce qui a permis de recouper toutes les informations sur les personnes arrêtées et de ne laisser personne seul, isolé, dont on ignorerait la situation. Une fois de plus, l'individualisation et les tentatives d'isolement se sont trouvées enrayées par la prise en charge collective des première étapes de la défense.

Tout le monde est sorti sans convocation, mais restons sur nos gardes puisque l'enquête préliminaire pour « dégradation de bien classé en réunion » a été maintenue ouverte, des convocations pourrait être envoyées par courrier. Restons solidaires et n'allons pas aux convocations si elles nous invitent à nous faire auditionner par les flics, ils ne feront que chercher des éléments incriminants contre nous. Une convocation reçue par lettre postale, si elle n'est pas recommandée, ne constitue pas une obligation, ne pas nous y rendre ne constitue pas un délit.

La lutte continue !

Les gavés de l'ENS

Urgent : Appel à aller soutenir monsieur M.D. ce 23 mai

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Appel à aller soutenir monsieur M.D., détenu au centre de rétention de Vincennes, lundi 23 mai à 10h au TGI de Paris, métro porte de Clichy. (Salle à préciser)

Appel à aller soutenir monsieur M.D. au tribunal lundi 23 mai à 10h

Nous, Collectif LEP* du 20è, appelons à aller soutenir monsieur M. D. détenu au Centre de Rétention Administrative de Vincennes depuis samedi 21 mai 2022.

Monsieur M.D. passera en effet devant le/la Juge des Libertés et de la Détention ce lundi matin pour statuer sur sa libération ou son maintien en rétention.

Nous communiquerons l'adresse et la salle de l'audience dès que nous les connaîtrons. N'hésitez pas à consulter aussi notre site https://liberte-egalite-papiers.org/ où nous les indiquerons au plus vite.

Le collectif LEP du 20è, qui lutte pour l'égalité des droits, réaffirme sa solidarité avec tout.e.s.

Nous sommes tou.te.s des citoyen.ne.s, peu importe le lieu ou le pays de naissance !

Paris, le 22 mai 2022.

Le Collectif LEP du 20è
https://liberte-egalite-papiers.org/

*LEP-Liberté, Egalité, Papiers- regroupe plus d'une quarantaine de collectifs, associations, syndicats et organisations politiques du 20è, avec le soutien de la mairie du 20è. Notre site ici https://liberte-egalite-papiers.org/ pour plus d'infos.