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Take A Stand 2 ! Concert à la CNT

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

2e concert de notre campagne Take A Stand !
Le soutien ira à des camarades de Bologne subissant une répression qui les fait crouler sous les procès, les amendes et les peines de prison ! La raison ? Avoir occupé un bâtiment pour en faire un véritable lieu de luttes !

Prise de parole par des camarades de Bologne (Collectif Les Impliqué.es) et organisation d'une tombola !

🔥 2e concert de notre campagne Take A Stand ! 2 mois après avoir enflammé le nord-est parisien, on revient avec une nouvelle soirée de soutien. Cette-fois ci avec des groupes italiens et lyonnais (et pas des moindres !).

🔍 Le soutien ira à des camarades de Bologne subissant une répression qui les fait crouler sous les procès, les amendes et les peines de prison ! La raison ? Avoir occupé un bâtiment pour en faire un véritable lieu de luttes !

💡 Prise de parole par des camarades de Bologne (Collectif Les Impliqué.es) et organisation d'une tombola !

Groupes

🛠 AZIONE DIRETTA (Oi/streetpunk, It)
Le groupe de Pérouse mélange tous les bons ingrédients de la scène italienne : les mélodies du streetpunk, les gros choeurs de la oi et le sens du break issu du hardcore ! Leur musique est une vraie bande son pour nos luttes. Tube sur tube on vous dit !
Probablement un des meilleurs groupes de l'autre côté des Alpes !
Bandcamp
Clip
Live

🛠 PRESSA (streetpunk/oi, It)
Signés chez nos camarades de l'AIM Roma, une pochette dessiné par Zerocalcare et radicalement antifasciste, le trio de la banlieue de Rome a tout pour nous plaire. Leur streetpunk alterne entre couplets bien rapides, rentre-dedans et refrains à reprendre l'index pointant vers le plafond. De quoi retourner la salle une fois de plus !
Bandcamp
Clip

🛠 IRON DEFICIENCY (Punk-HxC, Lyon)
Groupe découvert lors du A World To Win organisé par Arak Asso ! Le gang lyonnais mené par la voix enragée et déchirante de Mathilde (qui vous attrape par les tripes sans jamais vous lâcher) combine un hardcore punk brutal et des paroles radicales.
Pousser les murs de la salle, ça va pas être des lol.
Bandcamp
Live

🛠 LOST YOUTH (reggae from outter space, Paris)
Derrière un nom qui peut faire penser qu'on a affaire à un groupe straight-edge, se cache un nouveau groupe de reggae de l'espace qui va vous faire shaker les booties. Profitez de les voir dans une petite salle car ça va percer très vite !

+ groupe surprise ! En mode guérilla oi : 3 titres bim bam boum !

Infos

Lieu : CNT – 33 rue des vignolles Paris (Métro Avron/Buzenval)
Prix libre mais respectueux,
Bouffe et Bar Solidaire (qui permet de défrayer les groupes et les camarades de Bologne !)
Tables d'infos de collectifs amis et de merch/distro

Campagne Take A Stand


"Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre signifie être partisans ». [...]
Je vis, je suis partisan. C'est pourquoi je hais qui ne prend pas parti. Je hais les indifférents"

Antonio Gramsci.

🔍 Au vu du climat politique actuel, où la répression fait rage envers toutes celles et ceux luttant contre la montée de l'extrême-droite et les politiques réactionnaires, nous souhaitons organiser une campagne de soutien national et internationale.

L'articulation entre lutte nationale et internationale est donc une réponse essentielle dans ce combat qui se joue à tous les niveaux.

Cette campagne intitulée "Take A Stand" exprime la nécessité pour nous que l'ensemble de notre camp social ainsi que le mouvement contre-culturel prennent position sur cette séquence historique.

Et ce à trois niveaux : local (la scène et le public parisien), national (se mobiliser lors de la campagne électorale de 2022 où l'extrême droite impose ses termes de campagne ainsi que son discours raciste, sexiste, islamophobe et réactionnaire), international (suite à la répression qui s'abat sur les mouvements révolutionnaires et antifascistes).

Nos scènes musicales punk/Oi !/hardcore/reggae décrites comme "alternatives" se doivent d'être de véritables contre-cultures servant de bande-son et d'étendards à nos luttes et non un simple produit de consommation marketé "rebelle" ou "underground". Nous voulons proposer à notre public des groupes reconnus et de la nouvelle scène, incarnant musicalement les combats menés dans les différents pays.

La politique ne se résume pas à des postures ou des sigles mais bien des pratiques en soutien aux luttes, c'est pourquoi les profits dégagés à ces évènements permettront de soutenir matériellement les différentes caisses anti-répression et camarades/collectifs en ayant besoin.

🤝 Ces événements seront un moment festif ou les militant.es pourront se rencontrer et échanger avec le public.

⚠️ Aucun comportement raciste, sexiste, LGBTQIphobe, ou autre comportement oppressif ne sera toléré, une équipe mixte sera mobilisée durant la durée des concerts pour y veiller

Soutien aux camarades de Bologne !

🔍 En octobre 2013 un groupe d'étudiant-e-s de l'université de Bologne décide d'occuper un ancien immeuble abandonné de propriété de l'église. Il est renommé « Taksim », en hommage à l'insurrection qui secoue dans la même période la Turquie, contre le régime fasciste d'Erdogan.

Taksim s'affirme rapidement comme un pôle d'attraction pour toutes et tous ceux qui souhaitent s'opposer à la dérive néolibérale et autoritaire de la ville de Bologne. L'université est investie par un procès de privatisation et de progressive exclusion des étudiant-e-s défavorisé-e-s. Des luttes contre l'augmentation des loyers, contre la privatisation des cantines universitaires (gérées par l'entreprise française Elior, qui « offre » des repas à 7,5 euros) et contre la présence de groupuscules néofascistes à l'université sont organisées entre les murs de Taksim, qui héberge une vingtaine d'étudiants qui n'ont pas les moyens de payer un loyer.

Après une première éviction, fin mai 2014, les habitant-e-s de Taksim sont définitivement expulsé-e-s violemment par la police à l'aube du 1er octobre. Les habitant-e-s et les solidaires résistent et les flics chargent à plusieurs reprises.

Plusieurs camarades seront poursuivis en justice pour cette journée de lutte dans une enquête qui se termine au printemps 2021. Certain-e-s parmi nous seront condamné-e-s à 6 mois de prison avec sursis pour le crime d'occupation (qui relève de la justice pénale dans le système judiciaire italien) et 3 autres camarades sont condamné-e-s à 9 mois avec sursis pour le crime de « résistance » et à payer un total de 10.000 euros pour dédommager les flics qui ont reporté des, prétendues « blessures » lors des opérations d'expulsions.

➡️ C'est en solidarité à ces dernier.es que nous organisons des collectes de fonds solidaires. Après une première soirée à Bologne, nous avons pensé de nous mobiliser également à Paris, où l'un des camarades visés par la répression italienne habite et travaille depuis quelques années.

Synthèse critique d'un fiasco.

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Les subjectivités occidentales se sont tant claquemurées sur des préoccupations nationales, qu'elles en sont venues à larmoyer sur le système « d'apartheid » dont elles seraient victimes, alors même qu'un apartheid vaccinal, historiquement et économiquement fondé sur une forme de ségrégation nord-sud, se perpétuait sous leurs yeux sans qu'ils puissent même en discerner les formes les plus flagrantes.

(Rédigé fin 2021, ce texte fut ajusté jusqu'au mois de Mars 2022)

Nous cherchions le bon moment pour poster cette série de textes, tentant au mieux d'éviter de participer au grand brouhaha politico-émotionnel qui nous submerge depuis deux ans. Le chapitre pandémique a soudainement quitté les écrans mais nous voilà aussitôt engouffrés dans celui de la guerre. Il n'y aura donc pas de bon moment, nous publierons entre deux feux, c'est peut-être ce qui caractérise le mieux l'époque.

Alors voilà, deux ans de pandémie plus tard, un récapitulatif s'impose.
...

Cette série de texte poursuit les réflexions avancées dans l'article « Synthèse critique d'une anamnèse. » :

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Synthèse critique d'un fiasco.

La lumière des écrans est venue amollir les crânes pour mieux les durcir d'opinions, et les réseaux sociaux ont permis à tous d'exprimer leur morgue, d'amplifier les dichotomies du oui et du non, du pour ou du contre, du like, du dislike, du bien, du mal, reclus, dans l'observation, le commentaire et l'indignation creuse.

Le Moi s'est davantage enorgueilli de ça, il aimait déjà s'écrire et s'entendre, il veut désormais qu'on le lise et l'écoute, quotidiennement.

Bulles de filtres et biais de confirmations se sont amalgamés en jugements stricts, en sévérités toujours plus tendancieuses, parfois péremptoires, souvent cruelles. Les intuitions sont devenues des croyances, les croyances des positions dogmatiques et les camps se sont renforcés de mépris.

Toute la trivialité dualiste à laquelle nous avons largement participé, « Anti-systèmes » Vs « Wokes », « Hommes » Vs « Femmes », « Nationaux » Vs « Étrangers », s'est temporairement cristallisée sur la question si cruciale des : « Vaccinés » Vs « Non-vaccinés ». Tous les pays dits « développés » ont eu ce souffre-douleur commun, ces indésirables ont remplacé les vieux ennemis de l'intérieur – diversion, toujours.

Les conversations concernant les pratiques individuelles se sont vite substituées à toutes formes d'analyses structurelles. Et au fond, ceux qui ont tant ironisé sur la « sacro-sainte liberté individuelle » de leurs contemporains non-vaccinés, souhaitaient seulement retrouver la leur par la vaccination. Parce qu'admettons-le, l'apologie du « bien commun », de la « responsabilité collective », n'ont été qu'une hypocrite préservation de liberté individuelle mise au profit d'une distinction sociale toute citoyenne, car c'est moins le bénéfice-risque que le bénéfice-contrainte qui a poussé les foules à l'inoculation.

D'un côté, la pression sociale, que le conformisme exerce entre des formes de citoyennetés scindées entre bonnes et mauvaises pratiques individuelles, et de l'autre, l'intimidation, la menace en nouvelle juridiction, et la restriction comme système pénal informel – entrave à la circulation, aux loisirs, à la culture, au voyage, à l'emploi – Récompense et Sanction.

La vaccination rétrocède en conséquence une gamme d'activités et de services tout-à-fait ordinaires selon les principes du privilège et de l'exclusivité, elle est d'abord consentie en guise de lubrifiant social, pas en action « altruiste » au service des populations « défavorisées » ou « vulnérables ». Une validation du permis à points de la méritocratie sanitaire, qui promeut le devoir, pour l'obtention du droit.

Plus simplement, c'est par l'intermédiaire du chantage à la survie, à la consommation ou par les seules vertus de l'anathème que l'État a conçu sa corvée vaccinale. Un compromis sans ajustement possible, la condition d'une survie.

Paradoxalement, ce compromis – qui a pourtant tout du non-choix – une fois érigé en norme, est devenu le signe d'une forme de citoyenneté supérieure, engagée, savante et vertueuse.

Le selfie vaccinal permet d'exemplifier plus précisément ce glissement. Au-delà du simple outil de promotion sanitaire, il est la continuité de la promotion personnelle, de la réputation publique faite de likes, d'abonnés, la continuité de la participation au système de crédit – dans le sens de crédibilité sociale – par l'intermédiaire de l'évaluation en réseau propre à la citoyenneté 2.0. En plus d'être l'authentification d'un certificat de bonne conduite, le selfie vaccinal est l'expression d'une mobilisation individuelle et sociale spécifique, la revendication d'une contribution personnelle à la « lutte contre le Covid-19 ». Il est à la fois l'unification du mimétisme et du désir d'individuation, autant que le résultat de la valorisation de soi – à travers les valeurs entrepreneuriales, méritocrates et volontaristes – subordonnée aux logiques communicationnelles de la viralité.

C'est, en somme, « l'autogestion » de la propagande.

Aux systèmes de notation de certaines plateformes numériques, de réseaux sociaux et d'applications de rencontre, sont également venus se greffer des signes distinctifs de vaccination, à la façon d'insignes, de décorations, de mérites.

Dans ces conditions, la vaccination ne peut plus seulement être comprise comme une simple technique de protection et d'immunisation, elle devient aussi un outil social et politique, un instrument de distinction, de reconnaissance sociale, de mesure de la condition civique et morale de chacun. Par effet d'entraînement, la vaccination est devenue un des mécanismes de conformité et de lutte contre « l'égoïsme », elle a valorisé « le bien commun », le « dévouement » à la « reprise économique », a endossé une sorte de « fiabilité » sociale et a permis à l'individu de se distancer de « l'incivilité » et de « comportements à risque ».

Notons que les médias qui dès 2018 invectivaient à raison le « Contrôle totalitaire » du « système de crédit social chinois » – système numérique consistant à « évaluer, récompenser et pénaliser les citoyens selon leur comportement » – se sont peu émus de cet impressionnant dispositif coercitif et rhétorique ayant toutefois tout du paternalisme et de l'infantilisation. A contrario, nombre d'entre eux encouragèrent cette tendance, allant jusqu'à exhorter leurs États respectifs à instaurer des mesures toujours plus autoritaires. Rien non plus, sur le maillage digital et ses nouveaux usages, sur la gouvernance axée sur les données, sur la venue de l'État numérique. Par ailleurs, là où le « système de crédit social chinois » – assurément classiste et disciplinaire – mesure l'ensemble des acteurs de la société, ici, par le biais libéral, le système de récompenses et de sanctions se fonde uniquement sur l'existence de l'individu, et ne peut donc s'exercer que sur lui. Les acteurs dont il pourrait être prouvé qu'ils ont, d'une manière ou d'une autre, exploité la pandémie (hausse des prix des équipements de protection individuelle, des tests, des vaccins, etc.) ou pire, l'ont aggravé (refus de la levée temporaire des brevets, etc.), font exception au système de valeurs employé sur les populations, ne sont pénalisés d'aucune manière. La « responsabilité sociale » est, pour l'instant encore, une valeur unilatérale, initiée de haut en bas.

Les frais de test COVID, la fin de l'assurance chômage ou les amendes pour non-vaccination signent avec force égalitarisme le mode de conscience classiste qui s'ajoute à cette individualisation. Il est clair que les tentatives de pression financière, lorsqu'elles ne sont pas indexées sur le revenu, affectent seulement les budgets les plus amaigris. Le tarif des tests et le montant des amendes sont - comme les excès de vitesse déjà compris dans les coûts d'un trajet - calculés dans les dépenses de ceux à même de pouvoir les régler. Le chantage à la contravention n'est qu'une mesure anti-pauvre additionnelle à la prolétarisation montante, à l'inflation, à l'appauvrissement généralisé et à la destruction de valeurs annoncée par la transition énergétique ; le marqueur de classe de politiques toujours plus ostensibles, iniques.

Toute la stratégie de la société BP qui, à partir de 2004 a popularisé par une grande campagne publicitaire l'idée d'une « empreinte carbone individuelle », s'est depuis développée en tropisme.

Cette stratégie, qui a permis à l'une des principales entreprises émettrices de gaz à effet de serre dans le secteur des hydrocarbures de détourner l'attention des conséquences négatives de l'industrie des combustibles fossiles vers les choix individuels de consommation des particuliers, a été reproduite par les institutions publiques, les États. La manœuvre a savamment contribué à éluder la question capitaliste, accouchant d'une orthopraxie citoyenniste absolument insignifiante.

En résumé, tout dépend systématiquement de la contribution de chacun. Tout repose sur les frêles épaules d'un libre arbitre fantomatique. Les conversations concernant les pratiques individuelles se sont vite substituées à toutes formes d'analyses structurelles car dans de telles dispositions : tout est toujours de notre fait, de notre faute.

La confusion entre non-vaccinés et anti-vaccination a fait se polariser l'attention sur des disputes d'un niveau de bêtise rarement égalé. C'est qu'il nous a été donné d'entendre d'audacieuses comparaisons, la prudence pourrait en effet constituer une bêtise, le doute une paranoïa, l'indécision une trahison, la peur un égoïsme et finalement, la non-vaccination un homicide involontaire. Les corrélations entre « respect du confinement » et « réanimation » se sont ainsi logiquement poursuivies jusqu'à faire s'accorder « non-vaccination » et « meurtre ». En plus d'être parfaitement répugnant, ce raisonnement déductif n'a fait qu'intensifier les principes de différenciation selon des considérations somme toute dérisoires. C'est le jeu du stigmate – distinguer, séparer, diviser – aboutir à un système de dénonciations réciproques, dommageable à tous, et sur le fond parfaitement stérile.

La honte des uns pour l'honneur des autres, et vice versa.

Il n'est pas plus rationnel de se précipiter vers un produit dont la marchandisation a considérablement été accéléré que de penser intuitivement qu'il a été confectionné afin de nuire à l'humanité toute entière.

Dans des sociétés où l'automutilation, les troubles alimentaires ou dysmorphiques font conventions, où la santé, la diététique, la beauté, le culturisme sont vécus comme des territoires majeurs de l'identité personnelle, le libertarisme a moins à voir avec la situation qu'une véritable sociologie du corps. La modification corporelle, l'avortement ou le suicide médicalement assisté, en bref la libre disposition de soi, est loin d'être une tendance négligeable de nos sociétés. Si ce corps-là – instrument de libertés conquises mais aussi pierre angulaire de la consommation – cesse soudainement d'appartenir à l'individu qu'il représente, si le « consentement préalable » donne l'impression de progressivement glisser vers le facultatif, l'anxieuse dépossession du Moi peut en effet se tourner vers des systèmes de revalorisation alternatifs. Pseudo-sciences, déni de réalité, grégarisme sectaire, permettent entre autres choses, de contrevenir à cette impression de perte ou de confiscation.

Le scandale de l'amiante ou du chlordécone, la crise de la vache folle ou celle des opioïdes, les affaires de l'industrie chimique, pharmaceutique, alimentaire, ajoutées a celles du personnel politique, à répétition, n'ont pas non plus permis de créer un incroyable climat de confiance. Rien d'invraisemblable, ni d'inattendu.

Que des représentants de l'État, et ce sur tous les continents aient à ce point pu maudire les individus qu'ils ont tant daigné protéger, n'a fait qu'ajouter au sentiment de défiance, la dissonance, et avec elle l'hostilité. Ironique, aussi, de les avoir vu conspuer une « épidémie de non-vaccinés », quand on sait que la grande majorité des non-vaccinés de la planète leur sont imputables de fait.

Alors non, il ne s'agit pas de nous plaindre en électeurs chagrinés au service après-vente planétaire, ni de quémander le remboursement de la dîme citoyenne, mais de faire remarquer que même les plus modestes tentatives de refus ou de compréhension semblent désormais toutes devoir tomber sous le poids des peines infamantes. Voilà donc le retour de la réprobation publique, de la dégradation civique, du blâme et du bannissement.

Tout ce déploiement d'exclusion symbolique, toute cette ingénierie sociale basée sur l'exaltation du civisme, du dévouement à la cause commune, par le biais de la stigmatisation d'une énième minorité, quelle qu'elle soit, et ce afin de discipliner le plus grand nombre, reste un enfermement rhétorique dont on devrait pouvoir largement se donner le droit de débattre.

Les « vaccinés » et les « non-vaccinés » sont brutalement devenus des catégories sociales dont on disserte avec grand sérieux. Des groupes sociaux, sans sociologie de groupe, des notions, floues, malléables, commodes.

En sélectionnant « le bon choix », les premiers deviennent socialement et politiquement exemplaires, s'extirpent des démarcations sanitaires, de la question pandémique – en tant qu'objet politique et de ses corollaires quand, les « autres », ne peuvent plus que s'y confronter, réduits à ça.

C'est que l'expérience soudaine de la minorité, même choisie et provisoire, implique un certain nombre de mécanismes de défense. Pire, repousse dans les angles de la désocialisation et de la honte, mais aussi vers ceux de la clandestinité et de toutes les radicalités qui fleurissent en elle, celles et ceux qui, même maladroitement, se sont figés un temps dans la circonspection.

Celui qui concilie n'a plus à justifier ses choix, il fait partie du groupe, il ne devient pas « l'autre ». Celle ou celui qui, au contraire, n'y parvient pas ou s'en empêche, est vite réduit à cette seule différence.

Se débattre, riposter, s'épuiser pour se rabattre enfin sur des espaces où l'explication, le reproche, l'anathème et l'affrontement ne sont plus d'indispensables préambules à la civilité, là non plus, rien d'inattendu ni d'invraisemblable. C'est la recherche du groupe, de la validation, du camp, du parti, de la secte. Le terreau propice à tous les endoctrinements – agressivité, isolement, régression, délire. L'antagonisme exacerbe le sentiment d'appartenance et d'identité, bulles de filtres et biais de confirmations, encore...

Car ne nous y trompons pas, « l'anti-vaccination » militante décalque à l'identique la binarité qui caractérise si bien l'époque, retourne la honte de l'antagonisme pour en faire un honneur. La pauvre s'imagine en persécutée, en martyre de l'histoire dont elle sera bientôt l'héroïne. La pauvre visualise du fond du crâne les antagonismes passés et, avec une autosatisfaction follement narcissique rejoue l'histoire à son avantage, s'imagine déjà composer le camp de la libération.

« Résistants » Vs « Collabos », « Rebelles » Vs « Moutons ».

Ceux-là abordent le vaccin comme ils ont abordé les OGM ou la 5G, ne s'inquiètent généralement plus que de leur intériorité, de l'oxyde de graphène, de nanoparticules, de leurs propriétés magnétiques. Ceux-là ne parleront pas de la privatisation des semences, de l'endettement et du suicide paysan, ceux-là parleront empoisonnement, bien-être, « nature ». Ceux-là causeront peu de l'Internet des objets, des « safe cities », d'automation, en deux mots, de la restructuration internationale, ceux-là causeront d'ondes électromagnétiques, de lésions de l'ADN, de toxicité. En réalité, tous ceux-là empêchent de débattre du fond, et donnent à la bourgeoisie de quoi nourrir le tabou.

À n'en pas douter, les activistes du dénialisme se sont perdus en fabulations. Monologueurs tricolores et militants new age ont, comme l'UPR et les gentils virus Chouardiens du temps des gilets jaunes, occupé tous les étalages de l'opposition virtuelle. Ceux qui savent plus, s'en sont finalement remis aux grands secrets disponibles sur Facebook, sur Telegram, sur RT. Ceux qui savent mieux, aux représentants de l'ésotérisme sur Odyssee. Vedettes des pseudo-sciences et gourous patriotes se sont tant rapprochés qu'ils ne restent de l'impact qu'une abominable bouillie à s'injecter en ligne.

Cependant, nous ne pouvons nous contenter d'imputer aux seuls réactionnaires toute la foutaise de notre temps. La bêtise est prodigue et reconnaît ses légataires. Car nous aurons au moins assisté à ça, à la conclusion divine de nos clercs en comité, voir un ancien Tiqqun vendre dans un jargon lunaire des thèses d'antisémites notoires, suivi des restes du parti qui ont par défi conformiste appuyé toute la confusion dont se repaît l'autorité. Comme quoi, la tradition Heideggerienne retombe toujours sur ses pas.

Les subjectivités occidentales se sont tant claquemurées sur des préoccupations nationales, qu'elles en sont venues à larmoyer sur le système « d'apartheid » dont elles seraient victimes, alors même qu'un apartheid vaccinal, historiquement et économiquement fondé sur une forme de ségrégation nord-sud, se perpétuait sous leurs yeux sans qu'ils puissent même en discerner les formes les plus flagrantes.

Entre ceux qui ont vu dans le port du masque une muselière, et ceux qui ont fondé sur le tabou les limites de la discussion, cernés.

En deux ans, toutes les forces militantes se sont subitement découvertes des compétences et des talents insoupçonnés, ont érigé des tableaux statistiques entremêlés de noms propres issus de coupures de presse, reposant elles-mêmes sur un des 540 000 articles scientifiques en langue étrangère [1] dont la légitimité fait encore débat, bref, se sont contentées de soigneusement sélectionner les données capables de justifier leur conviction personnelle, contentées de narrer un présent selon leur disposition subjective, le camp qu'elles ont ardemment choisi de défendre.

La modestie ? Une grande rivale. Ne pas savoir est une angoisse qu'il leur faut rationaliser. Sophistiquer une ignorance, enrobée d'un patois sectaire et sentimentaliste, la tâche de ces paumés de missionnaires.

Un jour, épidémiologiste autodidacte, un autre, expert géopolitique de la région du Donbass.

On ne lit pas une partition sans la maîtrise du solfège, mais l'on s'improvise virologue en lisant des articles de 20 minutes, du Figaro, de BFMTV, de Marianne ou du Monde, c'est là le miracle révolutionnaire.

Quant aux autres ? S'en sont lâchement tenus à rédiger de longs textes de contradiction, de désaccord, de distinction, de réponse ou de mise au point – théâtre de la contribution, offrande au microcosme.

À défaut d'avoir des choses à dire, ceux-là jouent les miroirs brisés. Ils sont l'ombre du débat, n'ont pour eux que le contraste, se réduisent à l'antithèse de thèses qui n'intéressent personne et dont ils sont les seuls lecteurs. Ils pourraient bien laisser mourir dans un dernier recroquevillement ce petit milieu orphelin, mais justement, ils n'ont que lui. Si tout ce temps, cette énergie dilapidée à objecter dans l'entre-soi était vouée à l'horizon, à un semblant de croquis plutôt qu'à l'éternelle discorde. Si ceux-là parvenaient à perdre leurs espoirs d'avant-gardisme, groupusculaires ou égotistes, alors ce temps, cette énergie pourrait sans doute être précieuse. Pour l'heure, l'adversité est par chez nous une tradition que l'on respecte, la dispute y est élémentaire, un maniérisme, que l'on préfère à l'entendement.

Même la petite classe théoricienne, toujours si prompte à narguer de sa noble culture les illettrés du vieux monde, est parvenue à décevoir ceux qui n'espéraient plus rien d'elle. Toute cette radicalité de manuscrit, toute cette exégèse de textes historiques et d'approfondissements toujours plus minutieux, toujours plus hermétiques, ont enfin rendu là leurs propriétés incroyables, c'est dire leur décisive nullité. En dehors des bavardages, des concours d'éloquence d'hominiens diplômés, en dehors de l'exhibition intellectualiste, ces fétichistes n'ont plus rien. Cette gauche ne répond plus depuis longtemps aux préoccupations du quidam, elle les moque, les rejette, les discrédite, cette gauche s'est repoudrée de snobisme, cette gauche est une aristocrate.

Et puis, il y a eu les nouveaux centristes, ceux qui en quelques mois sont passés de l'éloge du grand soir à la défense de la sociale démocratie. Ils ont cru défendre « la science », ils ont défendu son « autorité », ils pensaient défendre la « rigueur », ils ont défendu « l'expertise », ils pensaient combattre la confusion, ils n'ont fait que la reconnaître. Ils ne se sont pas simplement convertis au principe de réalité, non, ils s'en sont accommodés. Au fond, ils se sont abandonnés à la facilité avec une complaisance, une mansuétude envers les puissants difficilement compréhensible, et pour le moins déroutante. Quand on sait quel sadisme et quel acharnement ils convoquent d'ordinaire au chevet de leurs guerres de chapelles, cette clémence adressée aux puissants, ce « ils font du mieux qu'ils peuvent » entendu ci et là, est tout bonnement insupportable, pour ne pas dire rédhibitoire.

Voilà, l'anticapitalisme en temps de paix s'aligne en rang par deux au premier hiver un peu rude. Le gentil hobby révolutionnaire s'est ainsi manifesté. Le pragmatisme et la convenance ont révélé le visage de ceux qui désormais, seront souvenus pour leur dilettantisme, leur manque de courage et de conviction.

Peu de mises à jour, tant de mises à nu.

La gauche historique est tombée si bas qu'il lui sera bien difficile de retrouver le jour sans finir déshydratée.

En substance, nous avons vu plus de finesse dans le pressentiment profane que dans des textes d'érudits bornés à penser de mémoire. Historiquement, c'est une défaite immense, et il n'est même pas certain que le temps puisse soulager cette défection.

La pandémie aura été un fantastique révélateur de l'insignifiance, de la faiblesse et de l'imbécillité de notre camp, qui n'a pas seulement été médiocre, non, qui a aussi été contre-productif. Elle aura au moins servi à cela, à faire de la rancœur un adieu irrévocable.

Et que les procès en « seum » puissent advenir importe peu, c'est bien la seule chose qui nous reste, la passion du commentaire autant que celle du commérage. Car comment ne pas être décomposé par si peu de contenu ? Par si peu de sérieux ?

Que les classes laborieuses ou précaires puissent ponctuellement avoir des intérêts communs à ceux du capital et de l'État, une certitude. Que ces intérêts communs puissent justifier une telle mollesse d'esprit de la part de ceux qui, bien prétentieusement, se revendiquent d'un héritage révolutionnaire, certainement pas. Comment cette gauche, pourtant si instruite, a-t-elle pu si bien ignorer les relations irrécusables qui lient les enjeux de santé à ceux de l'économie capitaliste mondiale ? Comment a-t-elle pu se suffire de tant d'évitement ? Comment a-t-elle pu se livrer à tant de campagnes de dénigrement de préoccupations si souvent justifiées ? Comment a-t-elle pu se contenter d'attribuer aux seuls « conspirationnistes » le simple fait que d'autres motivations que le seul « bien public » puissent être considérés ? Analysés ? Historicisés ? Comment a-t-elle pu ne pas protester contre l'ostracisation sociale ou la répression ? La responsabilité individuelle et le blâme en tout lieu ? Comment a-t-elle pu s'accommoder de tant de bêtise ? Se retrancher dans tant de sarcasmes ? De dérision et de dédain ? Il ne tardera pas, le moment où penser statuera pour ceux-là un nouvel interdit.

Criminalisation, surveillance, détention provisoire, couvre-feu. Combien de similarités entre la lutte anti-terroriste et celle contre la pandémie ? L'instrument policier n'est plus seulement multifonctionnel, il est avec l'armée le dernier à disposition. Il n'y a plus aucune stratégie qui diffère de la contrainte et de la sujétion, et en dernier recours, du tabassage en règle de n'importe quelle contestation.

Surveillance des espaces en ligne, traçage, collecte de données, technologies de reconnaissance faciale, de détection de température infrarouge, laissez-passer numériques, déploiement de drones, de QR codes, de caméras de vidéosurveillance équipées d'Intelligence Artificielle... Nous pourrions faire, aussi, un compte rendu des formes de vigilances qui se sont imposées en formes de contrôle et ont transmué la serveuse, le guichetier, les secrétaires, en agents de la biosurveillance – bénévolement.

Mais non, la centralité de la vaccination, autant sur le plan sanitaire que sur le plan discursif, a transformé tous les corollaires de cette pandémie en sujets périphériques, secondaires, asphyxiés. Les questions de digitalisation, de conflits d'intérêts, d'entrisme technologique, de capitalisme partenaire, prohibées ou seulement traitées par des crétins, par l'ennemi. La question des aînés, des femmes, des enfants, subalternes, évidemment. L'augmentation des violences sexuelles, des grossesses non-désirées, des mariages forcés, du travail des enfants, rien.

Que les médias sautent à pieds joints sur la complexité, passe encore, que cette centralité ait pu être prolongée dans ce milieu sans une remise en cause, déconcertant. Cette incapacité à produire son propre agenda, selon ses propres analyses, ses propres intérêts, l'ont une fois encore réduit au suivisme ou à l'opposition, toujours moins initiateur, toujours plus disciple, jamais dans l'enquête, toujours dans la réfutation, le racontar, la glose. Cela lui permettra au moins de poursuivre son antifascisme, de se reconstituer une fois encore sur la défensive, jamais sur la proposition. Il a laissé l'ennemi s'étendre, ainsi, il pourra mieux s'en plaindre.

La gauche révolutionnaire, d'habitude fière comme un porteur de mégaphone, a fini la gorge nouée. Les grandes causes qui en temps de paix lui servaient de bain de bouche, ravalées à la première perturbation.

Soit, la vaccination est vite devenue le thème central de la pandémie, il demeure toutefois étonnant de constater que ni sa fabrication, ni sa distribution, ni même son attribution, ne soient devenues elles aussi des centralités spécifiques à ce point – au moins dans le camp anticapitaliste.

Il y a bien eu quelques exceptions, quelques craquages de fumigènes, quelques timides tentatives de mises en perspectives, mais dans l'ensemble, dire que nous avons été à chier relève encore de l'euphémisme.

Où sont passées ces voix qui scandaient « Black lives matter » lors des grandes vacances militantes de l'année 2020 ? Où ? Ceux qui, téléguidés par l'industrie musicale postaient plein d'enthousiasme des petits carrés noirs en signe d'autopromotion antiraciste ? Où étaient-ils ? Où étaient-elles ? Lorsqu'un continent s'est vu reléguer en pleine période de pandémie, à l'oubli, au rebut.

Plus incongru encore, s'être vu rétorquer les « faibles taux de mortalité en Afrique », à l'exemple de gauchistes venus relativiser leur chance, minorer le favoritisme dont nous avons tant bénéficié, jusqu'à déterminer les besoins, à la sauvegarde de déséquilibres objectivement indéfendables.

Depuis quand soupesons-nous le poids des dépouilles ? Depuis quand ajustons-nous la solidarité au niveau de saturation des morgues ? Depuis quand avons-nous choisi de dénombrer les cadavres ? De les classer par ordre décroissant ? Et d'en jauger la gravité selon des bilans PowerPoint ?

Nous n'envisagerons jamais l'individu comme une unité statistique, dont la mort pourrait être agrégée à une représentation quantitative d'une situation humaine si déplorable, surtout lorsque nous avons les moyens matériels de l'améliorer.

Quel rôle pourrait bien avoir l'anticapitalisme ? Si même dans ces conditions, il se rend incapable de défier l'absurdité de conventions marchandes injustes, arbitraires et néfastes, qui font toutes obstacle à la camaraderie humaine, à l'entraide et à la fraternité la plus élémentaire ? Quand l'anticapitalisme trouvera meilleure occasion de mettre en évidence l'obscénité de principes qui tiennent toujours de la propriété, jamais de la mise en commun ?

Nous nous sommes donc surpris à signer des pétitions, c'est dire l'étendue du désastre, tant la communauté révolutionnaire et internationaliste a été, une fois n'est pas coutume, d'une lamentable inutilité.

Combien de mouvement de Boycott internationaliste en faveur de la levée de tous les droits de propriété intellectuelle ? Combien d'appels internationaux ? D'actions devant les institutions opposées à la suppression temporaire des brevets ? Combien de tentatives de pression populaire significative ? De grèves ? De manifestations ? De blocages ? De gestes ? De refus ? Combien de soutiens au projet Corbevax ? Où ? Les recherches ? Les nuances ? Les apports de notre camp ?

Non, vraiment, rien.

Pourtant, dès le mois de décembre 2020, les pays les plus riches – qui ne représentent que 14 % de la population mondiale – avaient déjà précommandé 53 % des vaccins de premier plan encore en phase d'essai [2]. Selon un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé datant d'avril 2021, une personne sur quatre avait déjà reçu une dose de vaccin dans des pays à revenu élevé, contre une personne sur plus de cinq cents dans les pays à faible revenu. Pour le dire autrement, 87% des vaccins sont allés dans des pays à revenu élevé, tandis que seulement 0,2% sont allés dans des pays à faible revenu [3]. Fin 2021, les nations les plus riches du monde avaient prodigué autant de boosters en quelques mois, que l'ensemble d'injections faites dans les nations les plus pauvres au cours de l'année toute entière [4]. Entre novembre 2021 et mars 2022, on estime qu'un total de 241 millions de doses pourrait avoir été gaspillées par les seuls membres du G7 [5].

L'exemple du Canada illustre parfaitement cette logistique :

En Décembre 2020, le pays précommande cinq doses de vaccin par habitants. Un mois plus tard, sa commande s'élève au chiffre considérable de 9,6 doses par tête [6]. Critiqué par l'OMS et par plusieurs associations humanitaires, le gouvernement justifie son action en s'engageant publiquement à faire don de ses excédents. Le Canada tiendra peu ou prou sa promesse. D'une part, en se débarrassant généreusement de 17 millions de doses AstraZeneca dont l'utilisation a fortement été limitée sur son territoire, jusqu'à être stoppée dans certaines de ses provinces [7]. D'autre part, en faisant comme la majorité des nations de premier plan, à savoir en optant pour « le tout vaccinal » sur le plan intérieur, se contentant par la suite de mettre en commun son rab sur le point d'expirer.

Avril 2021, la République démocratique du Congo s'est vue renvoyer 1,3 million de doses reçues [8], trop proches de leur date de péremption d'origine quand, en décembre 2021, le Nigeria a dû en détruire plus de 1,06 million pour ces seules raisons [9]. Ce mois-là encore, plus de 100 millions de doses de vaccins envoyées aux pays les plus pauvres, sont en grande partie refusées pour leur trop courte durée de vie [10]. Dans des pays aux infrastructures modiques ou extrêmement limitées, ni l'urgence ni la spontanéité ne permettent d'orchestrer des campagnes de vaccination de façon optimale.

Outre le fait de considérer le reste du monde en décharge sanitaire peuplée de mendiants, la stratégie du tout vaccinal va à l'encontre des recommandations de l'OMS qui, en vain, appelle à vacciner en priorité les personnes les plus vulnérables et les groupes à risque [11], mondialement.

Pour des raisons rigoureusement économiques, l'équité vaccinale est aussi promue par L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) [12], là encore, que les classes laborieuses ou précaires puissent ponctuellement avoir des intérêts communs à ceux du capital et de l'État, évidemment, pour autant, la logique internationaliste est tout sauf une logique de compétitivité, elle est en réalité tout le contraire.

Dans un contexte où le vaccin reste une marchandise en nombre limité, la mainmise de ces États n'est pas seulement répugnante, elle est injustifiable. Car la stratégie du tout vaccinal produit des préjudices majeurs. Là où de jeunes individus en parfaite santé ont déjà été vaccinés par trois fois, ailleurs, le personnel soignant n'a toujours pas accès à la vaccination. Cet accaparement nationaliste aboutit à deux types de procédures conciliées en un seul et même raisonnement : des millions de doses vieillissantes finissent au rebut quand, dans le même temps, d'autres viennent fraîchement réapprovisionner les chambres froides des nations les plus prospères. C'est le cycle de l'accumulation et de la pénurie É surplus pour les uns, rareté pour les autres.

En plaçant la technologie vaccinale au centre de sa stratégie, le tout vaccinal a épousé une philosophie d'urgence privilégiant les résultats mesurables sur le court terme plutôt que sur les systèmes de santé eux-mêmes. Ce technosolutionnisme, en plus d'être absolument caduc [13], reflète l'idéologie toute commerciale de l'innovation que célèbre à toute heure le capitalisme 4.0.

Tandis que les pays les plus riches abandonnent à tour de rôle leurs politiques sanitaires, par manque de partage technologique et pour de simples raisons budgétaires, le COVID, suivant l'exemple de la Tuberculose, de la Malaria ou du Sida, risque de se maintenir en fardeau des plus pauvres.

Dans des pays où l'auto-confinement et la distanciation physique sont quasiment impossibles, où l'économie informelle est majoritaire, où le domicile est un lieu intergénérationnel, où les tests, les masques, le gel hydroalcoolique et où le savon et l'eau claire peuvent manquer, il est clair que la vaccination reste un fantastique outil de protection. La couverture vaccinale des plus fragiles, des plus vulnérables, pour sauver des vies, mondialement, aurait dû en effet être la grande priorité sanitaire, pas la vaccination des pays riches au service de leur relance, autrement dit, pas la vaccination au service de la guerre économique.

Nous avons vu, dans un incroyable élan de cynisme, le PDG du géant pharmaceutique Pfizer déclarer que l'hésitation des populations du continent Africain pourrait être « beaucoup plus élevée » qu'en Europe ou États-Unis [14]. Le scandale du Trovan, les souvenirs de la Lomidine ou du Tenofovir, écartés du sentiment historique. L'hésitation, voilà sans doute la raison pour laquelle la marchandise a été en priorité vendue aux plus offrants. Le continent, rentable lors des périodes d'essai clinique, moins lorsqu'il s'agit de le soigner.

Nous avons néanmoins tous été sommés de louer la puissance novatrice de ces marchands, ceux qui ont vendu 2,5 fois plus cher leur vaccin à l'Afrique du sud qu'à l'Union européenne [15], ceux qui ont livré moins de 2% de leur approvisionnement total en vaccins aux pays à faible revenu [16], ceux qui se sont érigés contre le transfert de technologie [17], et qui ont donc artificiellement restreint l'approvisionnement de vaccins et enfin, ceux qui ont eu le génie de convertir « l'argent du contribuable » en milliards de profits [18]. Il faudrait aussi rendre grâce à ces membres du G20 qui nous ont si bien protégés, en se faisant livrer 15 fois plus de doses par habitant que dans les pays à faible revenu [19], qui se sont opposés à la dérogation sur les ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce) [20] ou ont cherché à la saboter [21], qui ont largement contribué à l'essor de la recherche privée sans demande de contreparties, qui ont laisser faire l'enrichissement des monopoles, et qui s'en sont finalement arrangés.

Que le secteur privé puisse à lui seul trier les accords bilatéraux, aggraver les disparités mondiales, fixer arbitrairement ses prix malgré les aides publiques, choisir quelle population pourra circuler de nouveau, quel pays, quel continent pourra le premier relancer son économie ou, par défaut, se ruiner davantage = des non-sujets, du détail.

Irons-nous jusqu'à dire sans provocation, que cette impressionnante politique vaccinale a été pensée par ceux qui quantifiaient les décès et les pertes financières d'une équivalente gravité ? Toutefois plus inclinée à se soucier de la seconde ? Irons-nous jusqu'à dire, que ces doses auraient été sensiblement plus utiles aux populations mondiales fragilisées, incapables de se protéger autrement et finalement, plus vulnérables que bien des jeunes adultes triplement vaccinés en ces lieux ? Irons-nous jusqu'à mimer le jeu odieux de la caricature ? Retourner l'argument comme un index accusateur sur une pratique individuelle que l'on ne conçoit pas ?

« Ceux-là même qui ont volontairement choisi de s'octroyer un luxe au détriment des nécessiteux, sont au regard du reste du monde d'égoïstes assassins. Leur supériorité morale, n'est en fait plus qu'un conformisme et paradoxalement, une nouvelle amoralité. »

On peut toujours pétrir les faits selon les conclusions qu'on veut leur mettre en bouche.

Bien heureusement, nous savons que la morale est tout sauf un instrument d'analyse politique et que l'éthique personnelle, non plus. Pourtant, les conversations concernant les pratiques individuelles se sont vite substituées à toutes formes d'analyses structurelles. Et au fond, ceux qui ont tant ironisé sur la « sacro-sainte liberté individuelle » de leurs contemporains non-vaccinés, souhaitaient seulement retrouver la leur par la vaccination...

Tous les espoirs naïfs de « changements », de « retour à la simplicité », de désertion et de « rupture » qui avaient accompagné les bonnes âmes gâtées du premier confinement, se sont finalement heurtés aux ambitions de terrasses, au tarif plein des salles obscures, au restant de vie sociale tenue par la consommation. La défense du « bien commun » n'a été en fin de compte que celle de la remise en marche de la grande machine à produire et à consommer.

La grande démission a d'abord été politique.

Battre sa coulpe, un genou à terre, une larme à l'œil le poing levé, pourquoi faire ? Il n'est plus question de culpabilité, de sacrifice, de repentance, mais de cohérence, de bonne foi, de pratique et de lucidité.

Que les États se soient pour la plupart figés sur des considérations domestiques n'est pas surprenant, que les gauches révolutionnaires leur aient emboîté le pas, prêchant la solidarité nationale et s'écartant des fondements de l'internationalisme est toutefois plus préoccupant.

 ? Les articles concernant l'augmentation de l'extrême pauvreté en Afrique de l'Ouest ? Où ? La conséquence de 22 mois de fermeture des écoles Ougandaises ? Où ? Les articles relatant les impacts de la sévérité des confinements Sud-Africains ? Ou ceux relatifs à la situation Péruvienne ?

Qui a donc « checké ses privilèges » ? Où sont passés les déconstructeurs qui en temps de paix se refusent à la « blanchité » et à tous ces avantages que leur fournit « l'empire » ? Et où sont passés les moines soldats de l'universalisme ?

Des discours, sans tenue, performatifs et formalistes, presque protocolaires. Rien de substantiel, rien de primordial, c'est dire le désintérêt profond, pour ne pas dire le mépris de ces groupes qui n'en ont plus que pour eux-mêmes, plus que pour leurs niches, leurs marottes, leurs atypismes, leur propre situation.

La monopolisation des doses par les nations de premier plan n'insulta guère l'intelligence de ceux qui en ont voulu aux non-vaccinés de leurs provinces. Si les non-vaccinés ont été partout traités d'irresponsables, disons que les vedettes politiques qui ont délibérément choisi d'entasser la majorité des doses disponibles dans des chambre froides sont de véritables psychopathes. Quant à ceux qui ont joué avec eux le jeu navrant du civisme, dans « leur pays », pour « leur population », ceux-là ont indiscutablement perdu la raison. Car ceux qui défendent ce « bien commun » n'ont de commun que leur patrie. La mathématique est pourtant simple. Pour vacciner 100% de « sa population » éligible, il faut en contraindre d'autres aux excès de patience.


Manifestation unitaire du 1er mai

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Appel unitaire à la manifestation du 1er mai ce dimanche, à partir de Porte Saint Denis (métro Strasbourg-Saint-Denis).

Plus que jamais mobilisé-es pour nos revendications

Quel que soit le résultat de l'élection présidentielle, la mobilisation sera nécessaire.
La situation économique et sociale est en effet marquée par l'aggravation des inégalités, de la précarité et par la crise écologique qui s'accélère dangereusement. Les questions des salaires, des services publics, de protection sociale et de transition écologique devraient être au cœur des débats et amener des réponses concrètes.

Enfin, l'exigence de paix est aussi une revendication syndicale dans le contexte terrible des guerres notamment en Ukraine. C'est pourquoi les organisations syndicales CGT, UNSA, Solidaires, FSU, UNEF, VL, MNL et FIDL appellent d'ores et déjà à préparer un 1er mai revendicatif pour faire de cette journée un temps fort de la mobilisation pour les salaires, les pensions, la protection sociale, les emplois, les services publics, l'engagement de la rupture écologique, la paix.

Pour une rupture profonde en matière salariale et pour les pensions. Avec un taux d'inflation qui s'emballe, la situation faite aux agent-es du public comme aux salarié-es, aux retraité-es, aux privé-es d'emploi comme aux étudiant-es n'est plus tolérable tandis que les milliardaires en France ont accumulé 236 milliards supplémentaires lors de la pandémie. Dans le public comme dans le privé, le travail des salarié-es doit être reconnu à la hauteur de sa valeur, des richesses qu'il crée, et garantir l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. Les étudiant-es doivent pouvoir faire leurs études sereinement sans subir la précarité. Les pensions de retraites doivent être également revalorisées. Le 1er mai, exigeons des mesures fortes et générales d'augmentation des salaires et des pensions, des bourses étudiantes et un plan de rattrapage des pertes accumulées.

Pour arrêter de malmener les services publics. Alors que les services publics contribuent à répondre aux besoins de la population et à réduire les inégalités, pour les organisations syndicales, il est aujourd'hui temps de reconnaitre la valeur et l'engagement de leurs agent-es en améliorant leurs conditions de travail et en revalorisant d'urgence le point d'indice. L'urgence est en effet au renforcement et à la consolidation des statuts, à l'embauche massive et à la juste rémunération de tous les fonctionnaires.

Pour défendre et conforter notre modèle social. Les organisations syndicales continuent d'exiger la suppression de la réforme de l'assurance chômage, comme elles s'opposeront à tout projet visant à reporter l'âge légal de départ en retraite. La préservation de notre modèle social et de son financement passe par la lutte contre le chômage, par les augmentations de salaires, par la lutte contre l'évasion fiscale ou encore par la fin des exonérations de cotisations sociales non compensées par l'État.

Pour la transition écologique. Ce 1er mai doit être l'occasion d'exprimer la nécessité de mesures fortes et immédiates pour éviter les conséquences dramatiques du dérèglement climatique pour les écosystèmes et les populations. Cette question concerne au tout premier chef le monde du travail.

Pour lutter contre les semeurs de haine. Les organisations s'indignent de la montée des discours d'extrême droite qui propagent la xénophobie, le racisme et l'antisémitisme et qui rejettent les luttes sociales, féministes, humanistes, ou encore d'identités sexuelles et de genre. Les organisations appellent à faire de ce 1er mai un moment fort de réaffirmation des valeurs de solidarité et d'égalité et d'opposition à toutes les formes de discriminations.

Pour la paix et la solidarité internationale. Fidèle à sa tradition internationaliste, le mouvement syndical placera aussi ce 1er mai sous le signe de sa solidarité avec le peuple ukrainien, et tous les peuples victimes des guerres. Les réfugié-es, d'où qu'elles et ils viennent doivent être accueilli-es dignement et sans discrimination, les citoyen-nes russes et biélorusses qui expriment leur opposition à la guerre doivent être soutenu-es. Nos organisations dénoncent l'agression de la Russie et militent pour la paix. Celle-ci passe par un retrait immédiat des troupes russes du sol ukrainien et par le retour à la diplomatie afin de dégager une solution respectueuse des droits des peuples et du droit international. Les crimes de guerre doivent être dénoncés et punis quel que soit le pays où ils sont commis. Enfin, les organisations syndicales exigent une politique d'accueil humaniste qui soit la même pour toutes et tous les réfugié-es quels que soient leurs pays d'origine.

Pour toutes ces raisons, la CGT, l'UNSA, Solidaires, la FSU, l'UNEF, la VL, le MNL et la FIDL appellent salarié-es, agent-es public-ques, jeunes, retraité-es ou encore les privé-es d'emploi à participer aux rassemblements et aux manifestations le plus massivement possible le 1er mai.

Témoignage de la répression étatique subie et des besoins pour m'en réparer.

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

On vous partage ce témoignage reçu par email. Une lecture instructive, libératrice, représentative de la répression subie par bien des militant·es.

Aussi paru sur basse-chaine.info

Puisque le savoir est une arme, à chaque fois que nous témoignons autour de nous de ce que nous avons subi et de ce que nous subissons, nous nous armons mieux et faisons un pas de plus vers d'avantage de liberté, d'égalité et de solidarité. En effet, en nous confiant sur les traumatismes qui nous ont traversé et qui nous traversent, nous les extériorisons et ainsi nous nous en soignons. Car en répartissant collectivement les peines qu'ils nous causent, celles-ci réduisent en intensité pour celleux qui les subissent directement. Illes sont alors moins désorientée.s par la douleur et peuvent par conséquent mieux se sentir donc mieux savoir ce dont illes ont besoin pour se réparer des traumatismes subis. De plus, la connaissance collective de ces douleurs empuissante l'entraide en accentuant la justesse de notre empathie.

Depuis plusieurs années je milite pour notre émancipation ainsi que pour la santé de la planète et de nous toute.s (bactéries, végétaux et animaux) qui l'habitons. Et ce de multiples façons dont certaines sont plus réprimées que d'autres par l'État, ce système autoritaire au service de celleux qui sont riches de privilèges, les dominante.s. Malgré beaucoup de précautions et de solidarités j'ai subi des violences de la part de proviseure.s d'établissements scolaires, de policière.s et de gendarmes : intimidations, convocations, menaces, contrôles, insultes, gaz lacrymogène, matraques, grenades... J'ai subi des blessures physiques passagères, un acouphène causé par une grenade a failli être une séquelle physique mais il a finalement disparu. Le reste ne se voit pas mais les blessures sont quand même présentes, que ce soit mes poumons endommagés par le gaz lacrymogène ou ma psyché endommagée par les traumatismes.

Je n'avais pas encore été arrêté. Mais le 24 août 2019, au Mans, lors d'une manifestation de gilets jaunes pour un monde meilleur et pour dénoncer le meurtre policier récent de Steve Maia Caniço ainsi que lui faire hommage, j'ai été arrêté. Je filmais des policiers en train d'arrêter un individu en le tabassant, de frapper d'autres individue.s autour et de nous gazer alors que nous étions dans des escaliers, ce qui est particulièrement dangereux. Continuant à filmer les policiers après leurs violences, je leur ai dit « vous n'avez pas honte de frapper des innocente.s ? » et c'est là qu'ils m'ont arrêté : « *prénom* *nom* contre le mur ! On sait qui t'es ! Connard ! Alors tu l'ouvres plus ta grande gueule ! Regarde moi si t'as des couilles ! Ton téléphone j'vais le détruire, j'suis officier de police judiciaire et je connais la procureure, j'vais te défoncer ! » Clé de bras, visage écrasé contre le mur, menottes serrées (qui n'ont pas été enlevées quand j'ai été conduit au commissariat, alors que j'avais un sac à dos donc j'avais la tête proche de l'appui tête ce qui m'a mis en danger). 48h d'emprisonnement en garde à vue, soit le maximum, durant lesquelles les 3 policiers m'ayant arrêté m'ont intimidé, l'un d'eux m'a dit « t'façon tu vas prendre interdiction de manifester et des travaux d'intérêt général, comme ça tu vas arrêter de faire chier et vivre une vie normale », des policiers m'ont incité à balancer d'autres manifestante.s, m'ont incité à ne pas porter plainte contre eux, m'ont menti en disant que l'avocate commise d'office n'était pas disponible et lui ont aussi menti pour allonger ma garde à vue, m'ont refusé deux fois illégalement une douche, ma mère a été intimidée lorsqu'elle est venue prendre de mes nouvelles (« c'est très grave ce qu'a fait votre fils, il a frappé des policiers ! »), mon père a été insulté d'ivrogne lorsqu'il a appelé pour prendre de mes nouvelles, l'avocate commise d'office (choisie par la police) m'a ment
i en me disant qu'il était obligatoire de donner le code de déverrouillage du téléphone, que de toute façon ils réussiraient à le déverrouiller, et m'a incité à parler (alors qu'il vaut mieux ne pas le faire pour que rien ne soit retenu contre soi, ni contre d'autres que soi).

D'abord accusé d' « outrage » (j'aurais dit « bande d'enculés »), de « rébellion » et de « groupement en vue de commettre des violences/dégradations », puis aussi (pour me charger d'avantage) de « violence sur personne dépositaire de l'autorité publique » et de « complicité de violence sur personne dépositaire de l'autorité publique » (parce qu'au milieu de la vidéo un manifestant frappe un policier d'un coup de poing, l'ayant filmé ça m'en rendrait complice). Passage devant une vice-procureure de la Ripoublique qui demande une comparution immédiate ou la détention provisoire, puis devant un juge des libertés et de la détention qui choisit la « liberté » conditionnelle au vu de mon casier vierge. Jusqu'à mon procès le 6 décembre 2019, soit pendant plus de 3 mois, je suis obligé toutes les deux semaines de signer au commissariat et de me rendre à une enquête « sociale », et interdit de manifester en Sarthe, en Maine-et-Loire et à Paris, sous peine de détention provisoire.

Mon téléphone m'est rendu mais la vidéo que j'ai filmée y a été supprimée. N'ayant pas l'assurance que la vidéo m'innocentant soit visionnée au procès, je garde l'avocate commise d'office car elle a vu la vidéo en audition et pourra en témoigner. Même si je crains qu'elle ne plaide pas totalement mon innocence puisqu'elle a du mépris à l'égard des gilets jaunes. Pas d'accès au dossier avant le procès alors qu'une demande a été faite 1 mois et demi avant, donc pas de préparation possible de ma défense. Nous sommes plusieurs à être jugée.s ce jour mais je passe en premier donc l'avocate a à peine le temps de consulter le dossier avant, elle objecte quand même un vice de procédure concernant la « complicité de violence » mais la juge présidente lui répond que son objection n'est pas valable car il fallait la faire minimum 10 jours avant le procès (encore aurait-il fallu que le dossier nous soit fourni !). Pour le reste l'avocate commise d'office ne me défend pas sur tout, allant jusqu'à me faire des reproches, comme si les juges et l'avocat des flics ne me démolissaient pas assez en me posant des questions n'ayant rien à voir, en se moquant quand je dis lutter contre le langage oppressif (dont fait partie l'insulte « enculé ») à l'appui d'un dossier de preuves qui le démontrent... La vidéo est fournie au dossier mais n'est pas visionnée, je dis que c'est une obstruction à la manifestation de la vérité puisque mon avocate ne le dit pas, l'avocat des policiers se moque, les juges ignorent…

Un procès particulièrement politique alors que la salle est pleine, en plein mouvement de convergence de luttes émancipatrices contre la réforme des retraites et son monde dominateur. Les juges sont obligée.s de me relaxer pour « violence sur personne dépositaire de l'autorité publique » car le policier ayant porté plainte pour ça ne mentionne pas dans sa déposition que je l'ai violenté. Pour les autres chefs d'accusation illes me condamnent à 4 mois de prison avec sursis sur 5 ans, 70h de travaux d'intérêt général, obligation d'exercer une activité professionnelle ou de suivre une formation, 2 ans d'interdiction de manifester en Sarthe, 2 ans d'interdiction de porter ou détenir une arme (pour me criminaliser), 150€ de dédommagement pour chacun des 3 flics m'ayant arrêté, 450€ pour leur avocat, 127€ de frais de procédure, confiscation maintenue de la vidéo. Des journalistes du Ouest-France et du Maine Libre étaient présente.s, leurs articles reprennent la version policière-judiciaire. Le journaliste du Maine Libre cite mon prénom et mon âge, je lui demande par mail de les enlever pour respecter mon anonymat ce qu'il refuse en écrivant que « la justice est rendue »au nom du peuple français« » et que « les audiences sont publiques »...

Je fais appel du jugement dans le délai pressant de 10 jours, sans l'avocate commise d'office que je ne veux plus solliciter, la greffière me demande sur quoi, je réponds sur tout, elle me conseille alors de ne pas faire appel sur la « relaxe de violence », ce que j'apprécie donc je la remercie et signe le document, confiant. Mais face au système dominateur il est nécessaire d'être méfiant.e en toutes circonstances, j'apprends plus tard qu'elle n'a fait appel que sur le pénal (prison, travaux d'intérêt général, interdictions) et pas sur le civil (dédommagement flics, payer leur avocat) donc je pourrais être relaxé de tout et avoir quand même à payer les flics et leur avocat, c'est fantastique... je suis alors allé la voir pour en parler et que ça ne se reproduise pas, elle m'a assuré que c'est ce que je lui avais demandé, bah oui c'est logique je revendique ma totale innocence mais je veux quand même donner de l'argent aux flics qui m'ont violenté et à l'avocat qui a voulu m'humilier !

Procès en appel le 26 janvier 2021 à Angers (pas de cour d'appel en Sarthe), à part deux membres de ma famille proche la salle est vide car d'autres individue.s venue.s en soutien sont interdite.s d'y entrer et les journalistes sont absente.s. Mais j'ai changé d'avocate sur les conseils du Réseau d'Autodéfense Juridique collective (RAJCOL), j'ai confiance en elle et elle est mieux puisqu'elle ne plaide que mon innocence, nous avons eu le temps de consulter le dossier donc de préparer ma défense, je présente de multiples attestations familiales et associatives de bonne conduite et de bénévolat solidaire, la vidéo m'innocentant est visionnée, il n'y a pas l'avocat des flics (à cause de la greffière), les juges ne sont pas agressive.fs, à la sortie l'avocate pense que la relaxe totale est probable même si elle n'écarte pas le risque d'un procès particulièrement politique car le procureur de la Ripoublique a demandé machinalement aux juges les mêmes peines que le premier jugement (la stratégie de l'État visant à nous dissuader de faire appel).

25 mai 2021 délibéré confirmant le procès particulièrement politique, je suis condamné à 6 mois de prison avec sursis sur 5 ans, 2 ans d'interdiction de manifester en Sarthe, 2 ans d'interdiction de porter ou détenir une arme (pour me criminaliser), 169€ de frais de procédure, confiscation maintenue de la vidéo. Vidéo qui prend fin lorsque je suis arrêté contre le mur et qui constitue pourtant une preuve matérielle valant plus que la parole assermentée des flics. Vidéo qui démontre que leurs déclarations sont mensongères et que les miennes sont vraies, je ne les insulte pas, je ne résiste pas à mon arrestation, mais les juges l'ayant vue me condamnent quand même pour « outrage » et « rébellion ». Illes me condamnent aussi pour « groupement en vue de commettre des violences/dégradations », alors que je n'ai commis ni violence ni dégradation, à un moment j'ai même ramassé une bouteille en verre pour la mettre à la poubelle, ce qui a été filmé par les innombrables caméras de surveillance mais les policiers ont évidemment écrit que l'exploitation de la vidéo-surveillance n'apportait rien au dossier et les juges les ont évidemment cru sur parole. Illes me condamnent aussi pour « complicité de violence sur personne dépositaire de l'autorité publique » parce qu'au milieu de la vidéo que j'ai filmée un manifestant frappe un policier, ce qui est quasiment une première comme condamnation de militant.e puisqu'à la connaissance de nombreux collectifs anti-répression il n'y a qu'un seul autre militant qui a été condamné pour ce chef d'accusation en 2020, l'État ajoutant une arme à sa répression judiciaire en utilisant une loi de 2004 contre la vidéo-agression. Il ne sert à rien d'aller en cassation car ça ne concerne que les vices de procédure et celui sur la « complicité de violence » ne peut pas être pris en compte puisqu'il a été dénoncé tardivement au premier procès…

Les policiers, et l'État derrière eux, s'en sortent officiellement victimes et victorieux, et moi comme coupable et défait. En marche sur la tête, c'est douloureux et de plus en plus, jusqu'à quand le supporterons-nous ? Quand désobéirons-nous massivement à ce système dominateur ? En comptant le contrôle judiciaire jusqu'au premier procès, je subis plus de 2 ans et 3 mois d'interdiction de manifester en Sarthe, 1069€ de frais d'injustice, ce à quoi s'ajoutent 468€ de frais de déplacement de mon avocate notamment à cause du centralisme étatique. Police partout, justice nulle part, telle est la dictature, tel est l'autoritarisme, que son caractère totalitaire soit exacerbé ou pas. Un palais est synonyme d'injustice et les tribunaux sont appelés des palais, ce qui est révélateur de leur injustice. C'est donc dans un palais d'injustice que des rouages du système de domination, fonctions appelées « juges », m'ont condamné après avoir vu une vidéo qui m'innocente, rouleau-compressant ma vie. C'est pas nouveau, tout le système de domination est rouleau-compressant, alors c'est pas étonnant, encore moins quand le procès est celui d'un.e militant.e pour l'émancipation ou/et la santé planétaire. Ça n'en est pas moins douloureux. Gilet jaune, ni employeur ni employé, anarchiste communiste. Je ne suis pas le premier mais je vais faire au mieux pour être le dernier ou du moins l'un des dernière.s. Même si en réalité nous sommes toute.s impactée.s à chaque fois que l'un.e d'entre nous est réprimé.e, car lorsque les dominante.s font d'un.e individu.e dominé.e un exemple, illes répriment toute.s les autres dominée.s à travers ellui.

Le terrorisme d'État réprime pour contenir la subversion dans l'immédiat, mais aussi et surtout pour provoquer à long terme l'auto-censure des diverses manifestations de notre soif de liberté, d'égalité, de solidarité et de justice. Les individue.s constituant l'autoritarisme violentent par la punition tout.e dominé.e qui déborde d'amour des rangs qu'illes nous dictent de suivre à mort. Pour préserver et amplifier leurs privilèges, illes s'échinent à essayer de tuer toute étincelle d'amour émancipateur émergeant d'un.e individu.e dominé.e, pour ne pas qu'une telle étincelle ne se propage, ni ne devienne flamme. Mais l'individu.e dominé.e, ayant goûté à la liberté de déborder d'amour, ne peut plus que s'émanciper à vie. C'est pour quoi je continue à militer pour notre émancipation et la santé planétaire. Je manifeste toujours mon amour, les plus de 2 ans et 3 mois d'interdiction de le faire dans la rue en Sarthe n'empêche pas les autres manières de me manifester, les dominante.s ne pouvant pas taire l'amour que je me porte et que je porte à autrui. Nous disons souvent que l'espoir fait vivre et la source de l'espoir c'est l'amour, qui fait espérer le meilleur pour qui il est porté, donc en réalité c'est l'amour qui fait vivre. Et même rouleau-compressé, l'amour subsiste ; les dominante.s pourront toujours s'échiner à aplatir l'amour de chaque dominé.e, ces amours dominés ne courbent jamais réellement l'échine et se relèvent pour se reconnecter entre eux, s'évertuant à briser les frontières qui tentent de les isoler.

Je suis conscient des risques que j'encours à militer pour ces causes salvatrices, et loin de moi l'envie d'être un martyr (« un mal pour un bien » -> faux) alors je fais de mon mieux pour les éviter. Mais ces risques ne m'arrêtent pas pour autant car je suis aussi conscient des risques que nous encourons à ne pas militer pour ces causes salvatrices : autoritarisme de plus en plus totalitaire, aggravation de l'exploitation et de la pollution de notre environnement et de nos vies, croissance de la misère et des oppressions, conséquences climatiques dévastatrices. Nous n'imaginons pas à quel point le chaos que nous vivons serait plus horrible si nous ne luttions pas déjà pour notre émancipation et notre santé en faisant preuve d'entraide, de désobéissance, d'auto-organisation, de résistance, de créativité, d'autonomie, d'opposition et d'entrave au système de domination. À quel point la planète et nous, ses habitante.s, serions d'autant plus chaotiquement dominée.s, exploitée.s, tuée.s. Bravo à nous !

Je suis aussi conscient du fait que la lutte pour ces causes salvatrices transforme ! Que cette lutte émancipe du conditionnement subi, que lutter ainsi c'est s'en libérer. Qu'en agissant, que ce soit par la discussion, l'organisation, la solidarité, l'action physique, etc, se crée en nous une prise de conscience de la possibilité de dépasser les frontières que les dominante.s imposent à nos existences, de là un sentiment de puissances individuelle et collective se développe et le monde des possibles s'ouvre en grand.

Je suis aussi conscient de la puissante joie que je trouve en militant pour notre émancipation et la santé planétaire, en partageant émotions, pensées, savoirs et actions avec des inconnue.s qui deviennent des connaissances et des amie.s. Quelles puissances cette généreuse solidarité et ce sentiment de faire famille vivante, même si elle n'est pas complète. Je suis aussi conscient du puissant espoir que je gagne en réalisant que je ne suis pas seul lorsque nous nous serrons les coudes. De la puissante dignité que je gagne à chaque fois que nous désobéissons pour ne pas que les dominante.s nous marchent dessus et à chaque fois que nous gueulons lorsqu'illes nous marchent dessus. De la puissante joie qui me traverse lorsque je me sens humblement utile à mon émancipation et ma santé ainsi qu'à celles des autres. Tout autant qu'à me sentir humblement utile à la convivialité amoureuse qui nous lie et qui nous émeut(e). Puissantes joie et convivialité qui remplacent la tristesse/névrose et la solitude du sentiment d'impuissance que j'avais quasi-totalement et que j'ai de moins en moins.

De ces points de vue les victoires militantes pour ces causes salvatrices sont nombreuses ! Elles résident à la fois dans le fait que les actions pour ces causes émancipent celleux qui y participent. Et dans les graines que ces actions militantes représentent comme inventivité et apprentissage. Il y a donc des victoires individuelles et collectives : la critique se radicalise autant que son efficacité, les illusions sont démasquées, le langage devient moins oppressif, la solidarité s'enracine, la désobéissance et l'auto-organisation s'activent. Pourtant il y a une tendance majoritaire à considérer que les mouvements sociaux émancipateurs ne sont souvent que défaites : une réforme non-annulée ou une occupation expulsée ou une offensive n'obtenant pas ses objectifs. Car cette considération est réductrice, ne prenant en compte ni les victoires individuelles et collectives qui ont lieu durant ces mouvements, ni les victoires à long terme du fait de l'inspiration et de la réutilisation d'outils dont l'efficacité a été démontrée. Si je lutte contre telle bataille ET SON MONDE DOMINATEUR, c'est parce que de base je lutte pour notre émancipation et notre santé. La victoire de telle bataille n'est donc pas la seule possible, il y a plein d'autres victoires à gagner au cours de la lutte contre cette bataille car c'est aussi une lutte contre le système dominateur. Officiellement ce ne sont pas des victoires, à cause du mythe du grand soir et du bombardement médiatique, qui invisibilise nos victoires en détournant notre attention sur celles des dominante.s, pour asphyxier nos espoirs et nous immobiliser. Comment donc prendre conscience de nos victoires pour continuer à lutter pour ces causes salvatrices ? A l'inverse de ce que nous avons tendance à faire, il nous est nécessaire d'ignorer l'officiel mensonger et d'accorder de l'importance à nos vérités officieuses ! Et aussi de faire preuve d'humilité en considérant que notre lutte s'insc
rit dans le long terme de la guerre des classes que nous mènent les dominante.s. Nous remportons de nombreuses victoires plus ou moins importantes, certes pas autant que nous l'aimerions parce que nous sommes légitimement exigeante.s face aux horreurs et urgences que nous subissons, mais nos efforts portent des fruits. À nous de prendre le recul nécessaire pour être humbles avec nous-mêmes, pour reconnaître la pertinence et la puissance de ce que nous avons fait et de ce que nous faisons.

Bref : basta la vision simpliste et officielle de soit nous perdons soit nous gagnons, rien ne sera jamais ni parfait ni total. Nous sommes effectivement en train de perdre individuellement et collectivement sur de nombreux plans, rien de nouveau puisque nous sommes dominée.s, mais nous ferions mieux de conscientiser et clamer que nous sommes aussi victorieuses.eux sur plein d'autres plans ! Même si nous ne discernons pas toutes nos victoires ici et maintenant. La dictature de l'immédiateté et l'impatientisme légitime ont tendance à nuire à l'efficacité de nos militantismes en nous incitant à agir en réaction pour obtenir rapidement un résultat. Car lorsqu'il n'est pas rapide ou n'est pas décelé, nous avons tendance à ne pas privilégier ce qu'il est nécessaire de faire pour essayer de produire ce résultat, voire à ne plus le faire du tout. Or la lutte émancipatrice et sanitaire (dans un sens opposé à celui du passeport « sanitaire » !) s'inscrit dans un temps long et dans une réalité complexe, où la désobéissance individuelle d'ici et maintenant participe à produire une auto-gestion collective là-bas dans trois ans. Tout évolue, donc tout a de l'effet. L'humilité permet de mieux apprécier l'efficacité de nos efforts salvateurs, de mieux critiquer nos stratégies pour les améliorer et en changer, de mieux embrasser l'espoir que porte notre amour. L'humilité et l'indulgence avec nous-mêmes, que certaine.s appellent « bienveillance », sont des forces empathiques qui font radicalement évoluer les rapports de force en faveur de notre émancipation et de la santé planétaire.

Et puis l'important, ce n'est pas nos utopies, c'est nos luttes qui visent à nous en approcher. La lutte pour l'émancipation et la santé est permanente et insatiable, depuis toujours. Lutter en ce sens est en soi une victoire, et plus encore que ce que nous le pensons. C'est par des pas plus ou moins petits que nous avançons vers l'émancipation, l'anarchie, les communs et la diversité. Plus nous sommes à en faire et plus notre progression en ce sens est importante, car plein de peu font énormément ! À tout instant il y a l'opportunité de transformer le réel en mieux, de sourire à l'avenir en faisant du présent un meilleur passé au lieu d'un pire, en imaginant et en agissant pour concrétiser nos rêves individuels et collectifs, du mieux possible. De la plus petite échelle à la plus grande, chaque matin, midi, soir, nuit, avec l'humilité réaliste qui fait défaut au mythe du grand soir et qui permet que les soirs soient de plus en plus « grands ».

Tout cela me fait penser qu'il est particulièrement sain de militer pour ces causes salvatrices, chacun.e selon ses énergies, envies et manières. Lutter pour notre émancipation et notre santé c'est assurément en gagner ! Cellui qui participe au combat de ces causes salvatrices en partage directement les victoires individuelles et collectives ! Si j'écris tout ça en plus de mon témoignage de la répression étatique subie, c'est parce que j'en ai besoin pour me réparer de ces violences répressives traumatisantes. Je n'ai pas besoin que les agente.s étatiques m'ayant violenté soient spectaculairement condamnée.s pour avoir obéi à des ordres et à une doctrine répressive, mais qu'illes démissionnent et se repentissent en réparant les dommages qu'illes ont participé à causer. Je n'ai pas besoin de punir mais que nous partagions et acceptions nos vérités pour que nos confusions se dissipent et qu'ainsi nous agissions le plus justement, en réparant les torts causés et en nous transformant pour ne pas les reproduire. Je n'ai pas non plus besoin de solliciter l'État, ses institutions et ses agente.s, au contraire car je suis en rupture avec le système dominateur donc je les boycotte et m'y oppose. J'ai besoin de ne pas alimenter les causes de mes/nos souffrances. J'ai besoin de remplacer les tristes contraintes imposées par de joyeuses contraintes désirées. J'ai besoin que la légitimité de la colère des dominée.s et de ses expressions ne soit pas questionnée, mais qu'elle soit considérée et soutenue. Et surtout j'ai besoin que nous construisions et partagions ensemble cette culture conviviale de la solidarité, de la dignité, de l'émancipation, de l'autonomie et de la joie.

Je remercie toute.s celleux qui m'ont soutenu et me soutiennent, ainsi que le collectif anti-répression de la Sarthe et le Réseau d'Autodéfense Juridique collective pour leur aide particulière. Une constante pensée solidaire pour toute.s les réprimée.s de la planète, que j'encourage à témoigner elleux aussi de la répression subie et de la solidarité reçue, ou leurs proches pour les réprimée.s morte.s ou ne pouvant pas témoigner, de n'importe quelle manière. Exprimons-nous, soutenons-nous, (é)levons-nous ! La solidarité et le savoir de nos vérités sont nos meilleures armes. Aimons-nous, croyons en nous, agissons seule.s et ensemble, de sorte de détruire chaque jour un peu plus ce qui nous tue et de construire chaque jour un peu plus ce qui nous fait vivre. Nous sommes le vivant qui se défend et qui attaque ce qui lui nuit ! Chacun.e d'entre nous est plus puissant.e que ce les dominante.s nous conditionnent à croire, et ensemble nous sommes surpuissante.s ! Ne nous laissons plus marcher sur les rêves, ce sont nos boussoles, nos réalités à venir ! Alors ne les abandonnons pas et ne les étriquons pas pour qu'ils rentrent dans de funestes urnes. Désobéissons à la misère du dystopisme/cauchemardisme qui va de moins pire en moins pire, embrassons l'utopisme et suivons nos rêves pour aller de mieux en mieux ! Pour ne plus subir le cauchemar que les dominante.s nous infligent, imaginons nos utopies et construisons-les ! Mort aux institutions policière-gendarmière, judiciaire et carcérale, vive la justice réparatrice et transformatrice ! Mort à la répression, vive la solidarité ! Mort à la domination, vive l'émancipation ! Mort au mépris, vive l'empathie !

Nous menant une guerre des classes, les dominante.s essaient de nous enterrer. Le mépris égarant leur lucidité, illes oublient que nous sommes des graines. Les Communes refleu-riront jusqu'à ce que les fleurs en devenir que nous sommes éclosent joyeusement partout dans la société humaine.

Dernière soirée du Marbré : concert de soutien à l'assemblée contre les CRA IDF et à Kaliméro

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Afin de fêter la fin du Marbré, nous organisons donc une dernière soirée concert en ce lieu, dont les bénéfices seront distribués à part égales entre le collectif Kaliméro et l'assemblée contre les CRA d'IDF. Les concerts seront précédés d'une présentation par l'assemblée Anti- Cra IDF de la situation dans les centres de rétention en Île-de-France.

Après presque deux ans de vie, de joie, de doutes, de remises en question mais surtout de nombreux moments partagés, forts et intenses comme lorsque nous avons réoccupé le lieu suite à son expulsion manu militari en février 2021 , le Marbré est expulsable à partir du 29 avril et va bientôt tirer sa révérence...
Au Marbré nous y avions expérimenté tous un tas de choses, en touchant certaines limites, nous y avions organisé divers événement et nous avons surtout tenter de lutter contre tout ce qui nous dégoûte dans ce monde : l'état, la police, les prisons, le capitalisme et toutes les formes d'oppressions et de dominations.
Afin de fêter la fin du Marbré, nous organisons donc une dernière soirée concert en ce lieu, dont les bénéfices seront distribués à part égales entre le collectif Kaliméro et l'assemblée contre les CRA d'IDF. Les concerts seront précédés d'une présentation par l'assemblée Anti- Cra IDF de la situation dans les centres de rétention en Île-de-France.

On vous attend nombreu.x.ses le samedi 7 mai à partir de 18h au Marbré, 39 rue des 2 communes à Montreuil

Vive l'Autonomie, Squat Partout !

L'assemblée contre les CRA (Centres de Rétention Administrative) d'île-de-france s'est créée en 2018 afin de visibiliser les révoltes des personnes enfermées dans ces lieux de privation de liberté, où, depuis la loi asile et immigration de 2018, l'État peut enfermer des étranger·es sans papiers pour 90 jours, en vue de leur expulsion. Le CRA est une taule qui ne dit pas son nom, où les matons sont remplacés par les flics de la PAF. À la violence liée à l'enfermement et à une probable expulsion, s'ajoutent les sévices psychologiques, physiques, médicaux et sexuels orchestrés par les flics et le corps hospitalier (UMCRA - unité médicale des CRA) sur les retenu·es. Et à ces diverses violences, les retenu·es répondent par différentes formes de révolte quotidiennes : grèves de la faim, tentatives d'évasion, émeutes, incendie...
Par l'intermédiaire d'un blog et d'émissions de radios, l'assemblée relaye les paroles, les révoltes et les revendications des prisonner·es des CRA, publie des conseils juridiques à destination des personnes qui n'ont pas les « bons papiers », des personnes enfermées et de leurs proches, et apporte également un éclairage sur le fonctionnement des CRA et les acteurs qui les créent et les font tourner. L'assemblée, solidaire des personnes enfermées, réfléchit aussi des formes d'actions en coordination avec l'intérieur.

La lutte contre les CRA se construit de part et d'autre des murs et des barbelés. Que brûlent les CRA, les frontières, et la PAF avec !

Pour info : les thunes récoltées lors d'événements servent avant tout à soutenir les prisonnier·es de quelques trucs matériels (tabac, téléphones, etc.), à participer au fonctionnement de l'AG (impressions de tracts et stickers, mégaphones, acheter dès bigots/ petits téléphones pour nous, etc.), et parfois pour soutenir l'anti-répression (notamment quand on prend des amendes lors de parloirs sauvages).

Kaliméro est une caisse locale de solidarité avec les prisonnier·es de la guerre sociale en cours. Elle soutient, notamment par l'envoi de mandats, celles et ceux qui sont enfermé·es dans les taules de l'état pour des actes de révolte. Il y a une assemblée publique tous les deuxièmes jeudis du mois (le lieu est annoncé chaque mois sur Paris Luttes) pour discuter de l'envoi de ces mandats mais aussi pour pouvoir partager ce que l'on apprend et comprend de la machine répressive et pour se donner des moyens de la combattre et de l'esquiver.
Au programme :

18h : Point sur la situation dans les CRA d'Île-de-France : ces derniers mois ot été marqués par de nombreuses révoltes, au CRA du Mesil-Amelot comme celui de Vincennes, et de nombreuses mutineries qu'on a tenté de relayer et soutenir depuis l'extérieur. On diffusera quelques témoignages de personnes enfermées. On fera aussi un point sur l'avancement des projets de construction de CRA et des envies de s'organiser contre !
20 h  : Auberge espagnole, ramène ton casse-dalle !
21 h Début des concerts :

  • SHLAGATTACK
  • THEA
  • DJ SM6 : DJ SM6 concocte des sets engagés au son SansMecCisn féministe, déter, sexy, international, irrésistible, du hip-hop, pop, reggaeton à l'électroclash
  • TECHNOMUNISME : De l'acid house à la ghettotech en passant par le break, Bakou, Claudio et Zilly partagent les platines pour un foutoir populaire et démocratique. Danseurs de tous les pays, unissez-vous !

Solidarité avec les enfermé·es ! Liberté pour tous·tes !