PROJET AUTOBLOG


Paris-luttes.info

Site original : Paris-luttes.info

⇐ retour index

Vendredi 16 septembre : cantine de lancement du TRUCK, repas 100% bio, paysan ou autoproduit

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Ce vendredi 16 septembre midi, à la Cantine des Pyrénées, c'est la cantine de lancement du TRUCK, Transport et Ravitaillement Urbano-Campagnard Kollectif. Le repas sera 100% bio, paysan ou autoproduit.

Ce vendredi 16 septembre entre 12h et 14h, à la Cantine des Pyrénées aura lieu la cantine de lancement du TRUCK.

Le TRUCK, Transport et Ravitaillement Urbano-Campagnard Kollectif, est un réseau d'entraide contributif sans profit pour la mobilité des personnes et des biens entre la ville et la campagne.

C'est une possibilité concrète de solidarité campagne-campagne et ville-campagne.

C'est d'un coté, des livraisons de productions agricoles biologiques, paysannes ou populaires distribuées à des collectifs ou individus vivant en ville et de l'autre, de la collecte de matériaux et outils (ou autre) avec comme objectif le réemploi, par des collectifs et individus vivant à la campagne.

C'est aussi du covoiturage, un moyen de se déplacer à moindre coût et de sortir de la ville.

Ce repas à la cantine des Pyrénées sera à prix libre, végé ou vegan.

Les produits sont achetés à des paysannes et paysans à prix rémunérateur et sans intermédiaire.
Le reste est produit collectivement et de façon autogérée.
Les produits sont tous issus de l'agriculture biologique.

L'approvisionnement, le transport et la préparation du repas sont fait de façon bénévole.

Le repas est réalisé en se passant de la grande distribution, ses rayonnages et ses poubelles.

Le prix libre est nécessaire pour rentrer dans nos frais.

Contact : maildutruck@protonmail.com

Santé : le nouvel obscurantisme

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Santé, Covid et l'outil pratique de la psychologisation des problèmes

Il y a quelques mois, on a subi cet édito hallucinant de bêtise et de validisme de Denis Robert, qui se moquait ouvertement des personnes, fragiles ou non, qui portaient encore le masque (pour rappel : “Pour la première fois depuis plus de deux ans, je voyage sans masque et m'étonne cependant de voir, ça et là, quelques résistants le porter toujours, embrigadés qu'ils sont à craindre d'être contaminés par un sourire humain” voir vidéo [1]) . En entendant cela, on peut se poser une question, qui était déjà lancinante depuis Omicron : Comment vont être considérées les personnes qui veulent se protéger, dans la “nouvelle normalité” covid 2022-2023 ?

Une petite histoire lue dans la presse récemment m'a questionnée : le chanteur Mike Patton, suite au confinement, a annulé toute une tournée à cause d'une agoraphobie qu'il aurait depuis, mais qu'il semble avoir déjà plus ou moins ressentie (dans l'article on comprend surtout qu'il était plus solitaire que la moyenne). Il s'autoflagelle ici (https://www.metalzone.fr/news/174551-faith-no-more-mike-patton-annuler-concerts-reclus-asocial-peur-gens/), y raconte qu'il a blessé et énervé ses amis et collègues à cause de cela, et on comprend qu'il va tenter de se soigner pour pouvoir aller dans les foules à nouveau. Question : quelqu'un s'est-il inquiété des raisons pour lesquelles cette personne a peur du covid ? Est-ce que Mike Patton n'a pas ses raisons de ne pas vouloir aller dans les mégafoules en pleine pandémie ? Est-ce que ce n'est pas le monde qui est fou de laisser les gens, les enfants se contaminer en masse et à répétition au covid ? Et donc : le monde ne peut-il donc pas s'adapter, lui aussi, aux personnes soucieuses de leur santé pour leur permettre d'évoluer tranquillement ? La thérapie et la psychologisation tous azimuts est une manière outrageusement simpliste de donner raison à la situation présente pandémique. Et cela justifie l'inaction.
[Enfin, pourquoi cette tendance à insister sur ses problèmes psy préexistants : ne serait-ce pas une excellente excuse pour dire qu'il faut le rééduquer ? Est-ce que sa tendance solitaire est réellement un problème à la base ? Cela résonne désagréablement avec le fameux : “ce sont des gens qui avaient des comorbidités avant le covid qui meurent”, bonne excuse pour dire qu'il faut les laisser se faire contaminer et qu'il est logique qu'ils meurent. Je propose que toutes les phrases commençant par “il avait déjà ***BIP*** avant le covid" soient lourdement taxées]
De fait, n'assistons-nous pas aujourd'hui, au titre d'une « aide » qui se dit bienveillante, à la psychologisation des problèmes médicaux et sociaux ? et par là même, dans une tendance globale de renouveau New Age étrange (surenchère sur les pseudosciences et médecines parallèles,...), à l'instauration d'un nouvel obscurantisme ?

Les paradoxes de l'été
Au début de l'été 2022, 71% des Français interrogés par l'IFOP pour le JDD se déclaraient favorables « au retour de l'obligation du port du masque dans les transports » [2], mais moins de 5% le portaient effectivement. La pression sociale sur le port du masque (seulement en lieux clos mal ventilés et bondés pourtant !) est tellement forte que la plupart des personnes abandonnent, et préfèrent se conformer à la norme officieuse ambiante du “moi même pas peur”. Un tel virilisme interroge quant au sort des personnes vulnérables au covid, sommées de se protéger, mais en même temps stigmatisées comme “trouillardes” (ce qui est assez fort de café quand on sait à quel point une maladie chronique demande du courage à celles qui en sont affectées). Idem pour toutes les personnes soucieuses de leur santé et souhaitant éviter au maximum les contaminations : on craint fort qu'elles ne soient pas tolérées dans l'espace public, sauf si elles calquent leur comportement sur celui des autres, la dissonance étant trop forte. Il est tellement visible aujourd'hui que les Français préfèrent que les autres crèvent, plutôt que de mettre spontanément un masque 10 minutes pendant leurs courses, dans les bus, les pharmacies. Comment la population pourra-t-elle concilier son comportement, qu'elle sait irresponsable, avec l'existence de ces rappels vivants de la réalité de l'épidémie que sont les personnes souhaitant se protéger ?

Les personnes responsables deviennent des rebelles
En effet, toute une partie des gens ne voudront pas accepter ce VIVA LA MUERTE [3] dangereux pour eux-mêmes et pour les autres. Elles vont donc, pour des raisons diverses et qui leur appartiennent, continuer à éviter les foules, mettre des masques FFP2 dans les lieux clos qu'elles sont forcées de fréquenter, ne pas aller au resto voire même s'isoler totalement pour certaines. Elles seront très minoritaires, mais toujours là, car on ne peut renier sa propre raison, la science et le désir de se protéger. Et c'est compréhensible : auparavant, tout le monde aurait compris ce choix. Je pense que peu de gens en janvier 2022 ont continué à acheter en masse les produits pizza Buitoni et Kinder lorsqu'il y avait le risque d'e-coli.
Sauf que, pour le COVID c'est différent, puisque les gens ne VEULENT PAS METTRE LEUR FUKING MASQUE, tout contents qu'ils sont du nouveau roman à l'eau de rose qui leur est conté. Ce qui fait que le glissement va certainement continuer à aller plus loin (si-si, c'est possible). Voir des gens masqués culpabilise et insupporte la majorité. Certains réclament des droits, mettent mal à l'aise en faisant réfléchir à la solidarité ou à la santé publique. Mince alors. Mettre les gens face à leurs incohérences ou leurs lâchetés, c'est pas cool quoi, pas sympa. Un peu comme parler du climat dans les années 2000.
Alors, que se passera-t-il ? On commence déjà à voir fleurir des témoignages de personnes masquées FFP2 qui se font moquer (“coin-coin !”), harceler par les fafs (voir cette édifiante video [4] ) dont les propos anti-science, validistes voir eugénistes commencent à “passer crème” dans le grand public. Vous me direz : oh mais c'est extrême, la plupart des personnes sont bienveillantes et veulent juste aider les gens à surmonter leurs névroses liées au covid… Et hop, ça y est, c'est sorti : continuer à se protéger du COVID, c'est un problème psychologique. J'ai bien peur que ce soit le nouveau credo de la population, qui le dira d'un ton sympa et compréhensif, au détour d'une conversation.

“Aider” les isolés ?
Ainsi la particularité française de psychologisation à l'extrême des problèmes va pouvoir s'exercer. Et je pense qu'il va falloir décortiquer et déconstruire soigneusement les mécanismes intellectuels qui vont se mettre en place. Décrypter et dénoncer le discours foireux de bienveillance teinté de chrétienté (on t'aime, on va t'aider à te soigner). L'évocation de la “nature” ou de l'immunité naturelle, qui elle, ferait toujours bien les choses ; on l'a tellement entendue pour les accouchements ! entendue également pour le covid, et sa “sélection naturelle”. (Alors, quand même, au cas où, on précise : la nature vous tuera sans aucun scrupule).
Tous ces amoureux de la nature (sauf quand il s'agit d'aller pour 50€ en avion dans une capitale européenne pour les vacances) pourraient bien se mettre à “conseiller” puis “pousser” leur proche à se rééduquer par le biais d'un psy par exemple, pour soigner son agoraphobie. Bah ouais, faudrait pas remettre en cause le modèle hein, même s'il tue en masse. On préfère garder son confort et punir les minorités, comme des connards. Alors, on va me rétorquer “oh mais non, on est ouverts et on accepte tout le monde, on n'est pas contre vous”. Sauf que non. L'ouverture, l'inclusion, ce n'est pas seulement “ne pas agresser les gens différents”, ou accepter qu'ils existent. ça ne suffit pas.

Il y a ici un biais courant, dans lequel s'engouffrent beaucoup de discours culpabilisant les personnes recluses. La balance entre la pression extérieure du monde et les ressources psychologiques personnelles, penche à chaque fois du côté d'un manque ou d'une défaillance chez l'individu, sans remettre en cause le modèle dominant dans lequel évoluent ces personnes. C'est un classique que connaissent bien les gens chez qui ont été diagnostiqués des troubles du comportement ( cf troubles du spectre autistique, TDAH etc…). Plutôt que de changer le regard, les comportements collectifs ou le modèle, modeler le monde pour laisser la place à tous, on fait reposer le problème sur la personne déjà en souffrance, lui sommant de s'adapter, de “guérir” ou de se “conformer”, avec parfois des recours médicamenteux qui augmentent davantage son mal-être. Dans le cas de la pandémie, ce biais peut tout à fait s'exercer à l'encontre des personnes en “isolement partiel” ou total : on va tenter de les forcer à se conformer à la norme de sociabilité pandémique Yolo, car le fragile, on ne l'aime que lorsqu'il est inspirant, courageux voire téméraire, qu'il donne des leçons de vie : pas lorsqu'il demande des droits (d'ailleurs celui qui est en santé et souhaite se protéger sera encore plus mal vu : de quel droit décide-t-il de conserver sa santé alors que le reste de la population l'a jetée aux oubliettes ?). Pour éviter cela, il existe une méthode simplissime : créer de toutes pièces ou accentuer une supposée fragilité psychologique chez ces personnes.

1er outil : Dolto et la psychologisation des problèmes
Et ça tombe bien, car en France on a des outils pour cela. Parlons donc de cette tradition en psychanalyse qui consiste à aduler les personnalités nationales, et de passer sous silence leurs dérives pour pouvoir continuer à les invoquer à mauvais escient. Une pédiatre et psychanalyste française (alliance ultime !) est bien utile pour cela : c'est bien sûr Françoise Dolto. Dans un monde décent, on aurait tenté de l'oublier vite, ou du moins, on aurait amendé les parties délirantes de son discours. Nous ne reviendrons pas sur les fameux extraits d'interview qui ont amené cette dame, avec son package médical qui la rendait respectable, à qualifier les enfants victimes de pédophilie de “complices” puisqu'ils n'ont pas dit “non” [5], ou à dire qu'il fallait aider les hommes violents plutôt que les femmes battues. Ces propos figurent toujours dans les manuels et livres de bibliothèque sans aucune correction ou note de bas de page. Le sexisme de Dolto, son homophobie ( Lire “En finir avec la psychanalyse” de Didier Eribon), et globalement l'incapacité totale des psychanalystes français à se renouveler et à s'amender par la suite, ont fait un mal fou en France. Et le générateur à interprétations psychanalytiques foireuses semble bugger et donne toujours grosso modo la même réponse quelle que soit la situation, réponse culpabilisante, que ce soit à l'égard des mères ou même parfois à l'encontre des victimes (Et on réentend ici la phrase culte d'Irène Grosjean : “les femmes sont battues parce qu'elles sont battables”. L'horreur).
La gravité de la banalisation de ces phénomènes me semble suffisante pour discréditer, ou du moins traiter avec des pincettes Mme Dolto. Mais elle est Française. Comme Lacan. Alors on en fait des totems, on baptise des collèges à son nom, et on continue à l'enseigner à fond dans les écoles supérieures de formation des travailleurs sociaux (au secours !).
D'autant que cette psychanalyse est bien pratique, en fait : notamment lorsqu'il s'agit de nier les vécus et les droits des minorités opprimées. Et dans le cas du covid, la sauce psychanalytique pourrait bien être la vaseline qui fait accepter aux gens le validisme et la non-gestion des problèmes sociaux. Le problème n'est pas la santé, les inégalités d'accès à celle-ci, la vulnérabilité et les risques accrus pour les fragiles : le problème, c'est que tous ces gens pensent et se sentent opprimés. Le problème (même 3 ans après) c'est le confinement, qui créerait des soucis psychologiques aux enfants.
Bien entendu, il ne faut pas nier certaines conséquences du confinement. J'enseignais à des élèves de filière techno à ce moment-là, j'ai échangé avec eux, je sais ce qu'ils ont vécu. Le souci, par contre, est sans doute plus lié au fait qu'ils étaient coincés à 8 dans leur petit appartement HLM de cité, qu'ils n'avaient qu'un ordi pour toute la famille, qu'ils ne pouvaient pas sortir dans un jardin. Il faut réaliser que ces enfants n'auraient pas été mieux psychologiquement, s'ils avaient perdu un membre de leur famille faute de mesures. Alors, le confinement difficile, la faute au fait de vouloir contenir le covid, ou la faute à la ségrégation immobilière des classes populaires ? Vous le voyez le brouillard de fumée ?
(Ce déplacement fonctionne pour pas mal de sujets. L'éco-anxiété est individualisée, ce sera décrit comme étant de la faute aux articles qui alertent la population, et non un état normal, un réflexe de survie pour des personnes qui sont conscientes qu'elles vont vivre un effondrement, etc…).
Mais de toutes façons, le confinement n'est plus réclamé par personne. Mettre cet élément en avant est révélateur : encore un paravent pour l'acceptation d'un état de fait. Cet argument est d'ailleurs encore et toujours utilisé pour éviter de protéger les enfants du covid : quel rapport ? Pourquoi évoquer "l'enfermisme" quand les collectifs réclament vaccination, masques sur seuils épidémiques, aération, purificateurs pour les mômes ? Idem pour les masques et les enfants : contre toute logique (le masque est porté par les enfants en Asie depuis longtemps sans que cela pose de souci) on continue à dire que cela crée des problèmes de développement, sans aucune donnée. Il est inquiétant de voir que ce discours est souvent véhiculé par des personnes qui travaillent dans le social ou l'éducation, rapportant parfois sans analyse des impressions ou avis de tiers. Il faut dire qu'elles ont été, pour certaines, formatées pour cela. Et ne réalisent pas que ce faisant, elles propagent un discours encourageant l'inaction sur les problèmes de fond.
Il faut noter que cette tendance n'est pas que française : en Angleterre un psychologue dénonçait cette manière simpliste d'accepter des modèles inadaptés en individualisant des problèmes sociaux [6].

2e outil : les “médecines douces”
Ainsi l'adoption de normes virilistes face au covid et la psychologisation des personnes souhaitant se protéger permet de ne pas prendre de mesures collectives -présentées comme restrictives, telles que le port du masque en lieux clos. De l'autre côté, on a la face “inverse”, qui elle permet de relativiser la maladie en général, quelle qu'elle soit : la multiplication des “médecines douces” (qui en fait ne sont pas des médecines, mais une sorte de “soin”). Les ostéopathes, naturopathes, pratiquants du reiki etc prolifèrent, investissent doctolib, font l'objet de plaquettes distribuées dans les CHU, sont invoqués pour soigner les covid long faute de traitement. Laissons de côté les gravissimes dérives de certains de ces praticiens. Ce qu'on peut noter c'est qu'ici, les destinataires sont particulièrement les femmes : ces pratiques sont largement conseillées pour l'endométriose et les maladies auto-immunes par exemple (ou pendant la grossesse, où les injonctions à la nature sont de plus en plus présentes), affections où les femmes sont très largement majoritaires. D'ailleurs plus c'est ésotérique, plus les praticiens sont souvent des praticiennes. Ces pratiques prolifèrent et remplacent la santé publique, dans le sens où elles servent de paravent à l'inaction des pouvoirs publics, dans les domaines de la santé où ils ne souhaitent pas investir. En effet, pour le cas de l'endométriose, si l'on dispose de jolies plaquettes roses sur comment gérer “naturellement” ses douleurs, rien au niveau de la recherche de traitement, qui se limite à la pilule (donc utilisation d'un médicament utilisé pour une autre raison, et non utilisable pour certaines). Les “maladies de bonne femme” sont ainsi traitées : “souffrez, mais en posture de yoga” - et avec le sourire SVP.
Malheureusement, celles-ci s'y investissent massivement et sont globalement les plus consommatrices et pourvoyeuses de ces “médecines” (faute de mieux ?). Que se passe-t-il donc ? Les “vraies” maladies, celles qui touchent aussi les hommes quoi, on ne fait rien car on n'est pas des chochottes, et celles qui touchent les femmes (ces hystériques) on ne fait rien non plus, et on les enrobe d'huiles essentielles ? C'est bien pratique ma foi, pour encore et toujours, justifier l'inaction.

Le nouvel obscurantisme en Santé Publique
Tous ces outils participent à l'avènement d'une ère obscurantiste insupportable vu le niveau de connaissances que l'on possède en 2022. Les personnes raisonnables, les fragiles connaissant leurs risques face au covid et/ou souhaitant être soignées par la science commencent à réaliser que la psychanalyse ou la prescription de médecines alternatives va être la seule chose qui leur sera proposée face à leurs problèmes de santé, ou leur volonté de se protéger face au covid. Essayer d'argumenter avec des études scientifiques est quasi inutile : la majorité des gens, globalement, veulent tellement croire que tout peut disparaître d'un claquement de doigts, sans effort : les douleurs chroniques, l'épidémie de covid et ses risques, le réchauffement climatique… l'essentiel étant de pouvoir vivre exactement comme avant. L'aveuglement doit donc être total, d'où le retour en arrière. Comment casser cette tendance, et éviter de se retrouver dans une situation moyenâgeuse ? L'éducation bien sûr. Mais on voit déjà les mamans louves et papas loups tenter de mettre un pied dans les écoles… [7]

Les médecins généralistes eux-mêmes commencent à dire aux personnes vulnérables ou refusant ce “vivre avec” mortifère qu'elles sont excessives, qu'il faut accepter le risque, qu'un antidépresseur peut les aider. Ces personnes se verront socialement forcées de prendre des risques non souhaités : c'est déjà le cas, avec l'école, dans les pharmacies, dans certains cabinets de médecins. La liste restrictive des personnes à haut risque covid [8] ne permet pas à bien des vulnérables de se protéger au travail. La plupart auront donc le covid, certains s'en sortiront très bien, d'autres non. Les premiers serviront de faire valoir, de justification de l'abandon total des mesures anticovid : “regardez ! sa santé était fragile, au final il n'a eu qu'un rhume, CQFD !
Les seconds seront totalement invisibilisés.

J'ai bien peur que ce glissement soit déjà partiellement réalisé, et qu'au cours de cette année 2022, ou 2023, le stigmate soit officiellement posé sur les personnes déjà contraintes à un isolement forcé. Imaginons donc le “monde d'après”, petite dystopie où les personnes masquées/recluses ne seraient pas tolérées : y aura-t-il des cliniques psy spécialisées ? Petit à petit, on pourrait glisser de “les personnes fragiles doivent s'auto-isoler” à “ce sont des hypocondriaques",
puis “elles sont en train de gâcher leurs vies en s'isolant alors qu'il vaut mieux vivre une vie courte et bien remplie, chacun le sait” (et là ils mettent une chanson de Brassens ou Brel en fond sonore), jusqu'à “expliquons-leur comment retrouver leur liberté perdue” (qu'on leur a pourtant enlevée, en supprimant toute mesure de protection !) et enfin “aidons-les à faire face à leurs peurs” car nous sommes bienveillants. POUAH. Ensuite, il restera : “vous avez un covid long, allez faire un stage de reiki”

D'ailleurs, ces covid long complètement niés ici en France, et mis sur le compte du stress ou des angoisses en disent long sur la tendance à ne pas accepter les corps faibles (sur ces covid longs, combien ont été hospitalisés en psychiatrie faute de trouver leur pathologie ?).

Soyons donc attentifs aux silences, puis aux changements de langage : ils annoncent souvent les retournements. Nous avions eu ce processus lors du début de campagne des élections présidentielles : on ne parle plus du virus, on fait comme s'il n'était plus là, tout le monde suit cette “injonction au silence”. Puis, plus tard, hop-laaaa, on parle d'ère post pandémique. Les changements de comportements de la majorité de la population ont suivi.
La même chose risque fort d'arriver pour le dernier problème posé par la pandémie : les morts, les fragiles, les séquelles à long terme. Cela fait bien longtemps qu'on a invisibilisé les 100 morts par jour. Bientôt, on n'entendra plus parler des fragiles ni des covid long. Par quel terme les désignera-t-on lorsqu'ils demanderont des droits ? Les marginaux ? Les enfermés, les fous du covid ? On verra. Pour l'instant on est dans le silence, ça ne devrait plus tarder.


[3] Voir ce texte de yorgos mitralias relayé par Cabrioles https://twitter.com/CabriolesDouze/status/1559199713303429120

[4] comme ici en suède où une personne se fait insulter car elle porte un FFP2 https://twitter.com/PeteUK7/status/1559167049913573377

[5] notamment dans L'ENFANT, LE JUGE ET LA PSYCHANALYSTE, Françoise Dolto et Andrée Ruffo, Gallimard, 1999
Extraits au sujet d'enfants abusés et violés
p.81 Dolto : … peut être que sans l'avoir cherché, l'enfant en était complice. Parce que je crois que ces enfants sont plus ou moins complices de ce qu'il se passe.
et p.52
La juge : Mais on sait très bien que cet enfant est battue, qu'elle a été violée.
Dolto : Oui, et d'ailleurs qu'elle le provoque.

Signé : un membre du Collectif Winslow pour la Santé Publique

L'anarchie pour les nuls

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Une réunion-débat pour en savoir plus sur les idées et les propositions libertaires aujourd'hui le vendredi 7 octobre à partir de 19h30 à la bibliothèque La Rue.

Si l'anarchisme vous intrigue ou vous fait peur, si pour vous anarchiste rime avec terroriste ou utopiste et anarchie est synonyme de chaos, ou tout simplement si vous souhaitez savoir ce que peut bien être aujourd'hui un projet de société anarchiste... Venez nous rencontrer !

Méconnu, dénigré, minimisé, l'anarchisme est un courant politique toujours vivace, à contre-courant, qui propose une vision du monde organisée autour des valeurs de liberté, d'égalité et de solidarité, radicalement différente de celle que proposent les partis politiques.

Nous vous invitons à découvrir et débattre avec nous des principes fondateurs de l'anarchisme et des proposition des militants libertaires aujourd'hui, afin que nos idées de fédéralisme, d'autogestion ou encore de décroissance prennent un sens plus concret.

L'ANARCHIE POUR LES NULS
Vendredi 07 octobre 2022 - 19h30
Bibliothèque La Rue, 10 rue Robert Planquette ,
Paris 18e - M° Blanche

« Good for nothing » traduction d'un texte de Mark Fisher sur la dépression

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Traduction d'un texte de Mark fisher (aka k-punk) sur la dépression, cherchant à convertir « un malêtre privatisé » en « une colère politisée »

 !
Ce texte parle de dépression, et nous savons bien que parfois ce n'est pas le moment de lire à propos de souffrance psy.

Je souffre de dépression par intermittence depuis mon adolescence. Certains de ces épisodes ont été très affaiblissant, entraînant des automutilations, des moments de renfermement (où je passais des mois entiers dans ma chambre, ne m'aventurant dehors que pour pointer au chômage ou acheter les quantités minimales de nourriture que je consommais) et des séjours dans des services psychiatriques. Je ne dirais pas que j'ai guéri de cette maladie, mais je suis heureux de dire que l'incidence et la gravité des épisodes dépressifs ont considérablement diminué ces dernières années. C'est en partie dû à des changements intervenus dans ma vie, mais c'est aussi dû au fait que je suis parvenu à une compréhension différente de ma dépression et de ses causes. J'évoque mes propres expériences de détresse mentale non pas parce que je pense qu'elles ont quelque chose de spécial ou d'unique, mais pour soutenir l'idée que de nombreuses formes de dépression sont mieux comprises - et mieux combattues - dans des cadres impersonnels et politiques plutôt qu'individuels et « psychologiques ».

Il est difficile d'écrire sur sa propre dépression. La dépression est en partie constituée d'une voix "intérieure" et narquoise qui vous accuse de complaisance - vous n'êtes pas déprimé, vous vous apitoyez sur votre sort, ressaisissez-vous - et cette voix risque d'être déclenchée si vous parlez publiquement de votre état. Bien sûr, cette voix n'est pas du tout une voix « intérieure » - c'est l'expression intériorisée de forces sociales réelles, dont certaines ont tout intérêt à nier tout lien entre dépression et politique.

Ma dépression a toujours été liée à la conviction que j'étais littéralement bon à rien. J'ai passé la majeure partie de ma vie, jusqu'à l'âge de trente ans, à croire que je ne travaillerais jamais. Dans ma vingtaine, j'ai dérivé entre des études de troisième cycle, des périodes de chômage et des emplois temporaires. Dans chacun de ces rôles, j'avais l'impression de ne pas être à ma place - dans les études de troisième cycle, parce que j'étais un dilettante qui avait en quelque sorte fait semblant de réussir, pas un vrai universitaire ; dans le chômage, parce que je n'étais pas vraiment au chômage, comme celleux qui cherchaient honnêtement du travail, mais un tire-au-flanc ; et dans des emplois temporaires, parce que j'avais l'impression d'être incompétent et que, de toute façon, je n'avais pas vraiment ma place dans ces emplois de bureau ou d'usine, non pas parce que j'étais "trop bon" pour eux, mais - bien au contraire - parce que j'étais trop instruit et inutile, prenant le travail de quelqu'un.e qui en avait besoin et le méritait plus que moi. Même lorsque j'étais dans un service psychiatrique, j'avais l'impression de ne pas être réellement déprimé - je simulais seulement cet état pour éviter de travailler, ou, dans la logique infernalement paradoxale de la dépression, je simulais pour dissimuler le fait que je n'étais pas capable de travailler, et qu'il n'y avait aucune place pour moi dans la société.

Lorsque j'ai fini par obtenir un poste de professeur dans un établissement d'enseignement complémentaire, j'ai été exalté pendant un certain temps - pourtant, de par sa nature même, cette exaltation montrait que je ne m'étais pas débarrassé des sentiments de dévalorisation qui allaient bientôt conduire à de nouvelles périodes de dépression. Je n'avais pas cette confiance en soi d'une personne née pour ce rôle. En apparence, je ne croyais manifestement pas encore que j'étais le genre de personne capable d'enseigner. Mais d'où venait cette croyance ? L'école de pensée dominante en psychiatrie situe l'origine de ces "croyances" dans un dysfonctionnement de la chimie du cerveau, qui doit être corrigé par des médicaments ; la psychanalyse et les formes de thérapie influencées par elle recherchent les racines de la détresse mentale dans le contexte familial, tandis que la thérapie cognitivo-comportementale s'intéresse moins à la localisation de la source des croyances négatives qu'au simple remplacement de celles-ci par un ensemble d'histoires positives. Ce n'est pas que ces modèles soient entièrement faux, c'est qu'ils passent - et doivent passer - à côté de la cause la plus probable de ces sentiments d'infériorité : le pouvoir social. La forme de pouvoir social qui a eu le plus d'effet sur moi était le pouvoir de classe, même si, bien sûr, le genre, la race et d'autres formes d'oppressions fonctionnent en produisant le même sentiment d'infériorité ontologique, qui s'exprime le mieux par la pensée que j'ai formulée plus haut : que l'on n'est pas le genre de personne qui peut remplir les rôles réservés au groupe dominant.

Les remarques d'un des lecteurs de mon livre Réalisme capitaliste m'ont poussé à étudier le travail de David Smail. Smail - un thérapeute, mais qui place la question du pouvoir au centre de sa pratique - a confirmé les hypothèses à propos de la dépression sur lesquelles j'avais buté. Dans son livre crucial The Origins of Unhappiness, Smail décrit comment les marques de classe sont conçues pour être indélébiles. Pour celleux à qui l'on apprend dès la naissance à se considérer comme inférieur.e.s, l'acquisition de qualifications ou de richesses sera rarement suffisante pour effacer - que ce soit dans leur propre esprit ou dans celui des autres - le sentiment primordial d'inutilité qui les marque si tôt dans la vie. Une personne qui sort de la sphère sociale qu'elle est "censée" occuper risque toujours d'être envahie par des sentiments de vertige, de panique et d'horreur : « ... isolé, coupé, entouré d'un espace hostile, vous êtes soudain sans liens, sans stabilité, sans rien qui vous tienne debout ou en place ; une irréalité vertigineuse et écœurante prend possession de vous ; vous êtes menacé par une perte totale d'identité, un sentiment de fraude totale ; vous n'avez aucun droit d'être ici, maintenant, d'habiter ce corps, d'être habillé de cette façon ; vous n'êtes rien, et "rien" est littéralement ce que vous sentez que vous êtes sur le point de devenir. »

Depuis quelques temps, l'une des tactiques les plus réussies de la classe dominante est la responsabilisation. Chaque membre individuel de la classe subordonnée est encouragé à penser que sa pauvreté, son manque d'opportunités ou son chômage sont de sa faute et de sa seule faute. Les individus se blâmeront eux-mêmes plutôt que les structures sociales, dont ils ont de toute façon été induits à croire qu'elles n'existent pas vraiment (elles ne sont que des excuses, invoquées par les faibles). Ce que Smail appelle le "volontarisme magique" - la croyance selon laquelle chaque individu a le pouvoir de devenir ce qu'iel veut - est l'idéologie dominante et la religion officieuse de la société capitaliste contemporaine, poussée par les "experts" de la télé-réalité et les gourous du monde des affaires autant que par les politiciens. Le volontarisme magique est à la fois un effet et une cause du niveau historiquement bas de la conscience de classe. C'est le revers de la médaille de la dépression - dont la conviction sous-jacente est que nous sommes toustes uniquement responsables de notre propre misère et que nous la méritons donc. Une double contrainte particulièrement vicieuse est imposée aux chômeur.se.s de longue durée au Royaume-Uni aujourd'hui : une population qui a reçu toute sa vie le message qu'elle n'est bonne à rien se voit simultanément dire qu'elle peut faire tout ce qu'elle veut.

Nous devons comprendre la soumission fataliste de la population britannique à l'austérité comme la conséquence d'une dépression délibérément cultivée. Cette dépression se manifeste par l'acceptation que les choses vont empirer (pour toustes, sauf une petite élite), que nous avons de la chance d'avoir un emploi (nous ne devons donc pas nous attendre à ce que les salaires suivent le rythme de l'inflation), que nous ne méritons pas les prestations collectives de l'État-providence. La dépression collective est le résultat du projet de re-subordination de la classe dirigeante. Depuis quelques temps, nous acceptons de plus en plus l'idée que nous ne sommes pas le genre de personnes capables d'agir. Il ne s'agit pas d'un manque de volonté, pas plus qu'une personne dépressive individuelle ne peut "s'en sortir" en "se retroussant les manches". La reconstruction de la conscience de classe est en effet une tâche difficile, qui ne peut être réalisée en faisant appel à des solutions toutes faites - mais, malgré ce que nous dit notre dépression collective, c'est possible. Inventer de nouvelles formes d'engagement politique, faire revivre des institutions devenues décadentes, convertir un malêtre privatisé en une colère politisée : tout cela peut arriver, et quand cela arrive, qui sait ce qui est possible ?

Traduction
d'ana
ëlle
et de
Oizow
Depuis l'abrisje (77)

Article original : https://theoccupiedtimes.org/?p=12841 (19 mars 2014)

D'autres textes de K-punk : http://k-punk.abstractdynamics.org

La seringue dans le cul : perspective trans'antispéciste

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Voici le PDF d'une brochure faisant le lien entre transitude et idéologie antispéciste. Ce lien met en avant la nécessité de penser l'autodétermination et l'autonomie des corps en rapport avec la critique d'un capitalisme patriarcal spéciste.

Cette brochure se propose de renier l'héritage purement moraliste des fondements militants de l'antispécisme. L'auteure cherche à montrer, comme l'ont fait les théoricienNEs de l'afroveganisme, la nécessité de repenser un rapport social depuis un corps spécifique. On part cette fois-ci d'un corps trans', c'est-à-dire un corps qui expérimente la transitude (l'expérience matérielle de la transition comme transgression à l'ordre hétéronormatif).
Le point central qui est soulevé par l'auteure et quelque unEs de ses interviewéEs est celui de l'autodétermination des corps. En effet, le système capitaliste patriarcal et spéciste a historiquement eu la main mise sur le modelage des corps trans' et des corps animaux. Pour les personnes trans', le but était la reproduction des normes hétéronormatives sur des corps trans' afin que ceux-ci ne représentent pas une menace pour le système hétéro-patriarcal. Pour les animaux, c'était sélectionner par des verrouillages génétiques et la sélection de séquences d'ADN les composantes biologiques rentables afin de servir les ambitions capitalistes de l'élevage.
La brochure croise deux histoires : celle sur la relation entre la médecine et les personnes trans', et celle sur la sélection forcée des animaux d'élevage pour créer des corps totalement en accord avec la productivité capitaliste. En visibilisant la perte d'autonomie des deux populations étudiées, cette brochure revendique la pleine autodétermination de chaque être vivant, et l'éradication de toute volonté paternaliste à modeler des corps sans le consentement des individuEs.
Cependant, elle est idéologiquement en désaccord avec le courant antihumaniste de l'antispécisme qui, selon l'auteure, a une vision trop réductrice des rapports sociaux qui structurent la société, obscurcissant par la même occasion le vécu des personnes trans' et autres catégories sociales discriminées.
L'auteure espère apporter des éléments concluants pour que le mouvement antispéciste repense ses fondations théoriques avec les outils matérialistes, les seuls à même de penser nos vécus en fonctions des structures matérielles et idéologiques qui permettent la reproduction de nos oppressions.
La perspective purement moraliste de l'antispécisme est quelque chose qu'elle rejette totalement. Cette brochure est donc en rupture avec les théories antispécistes passées, sans pour autant abandonner les ambitions d'un antispécisme matérialiste et révolutionnaire.

La seringue dans le cul

Un grand merci à mes sœurs, frères et adelphes qui ont participé ! Merci aux personnes qui m'ont aidé à la mise en page et pour les illustrations.

PS : n'hésitez pas à l'imprimer. C'est comme ça qu'on transsexualise les masses.