PROJET AUTOBLOG


Paris-luttes.info

Site original : Paris-luttes.info

⇐ retour index

« Russie hors d'Ukraine, solidarité partout ! » Rassemblements inter-associatifs ce jeudi

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Alors que l'inacceptable invasion russe se poursuit en Ukraine, réunissons-nous ce jeudi 17 mars 2022 sur les places de France pour montrer notre solidarité envers la population ukrainienne, les Russes et Bélarusses engagé·e·s contre la guerre, et toutes les personnes exilées. Ces rassemblements sont organisés à l'appel d'un large collectif inter-associatif, avec le soutien de syndicats, et de membres des différentes diasporas afin de porter collectivement les revendications suivantes.

Rassemblement à Paris le 17 mars à 18h, place de l'Hôtel de Ville.

Collectif Solidarité Ukraine

Appel à manifester contre la guerre en Ukraine

En solidarité avec la population d'Ukraine, et les Russes et Bélarusses engagé.es contre la guerre et avec toutes les personnes exilées

Les associations signataires appellent à venir manifester le jeudi 17 mars, dans toutes les villes de France, pour exprimer notre solidarité avec la population d'Ukraine victime du crime d'agression commis par le gouvernement russe contre leur pays.

Les associations organisatrices invitent tous les responsables politiques européens à mobiliser toute leur énergie pour :

  • obtenir un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes d'Ukraine,
  • obtenir la fin immédiate des attaques ciblées et indiscriminées contre les civils et infrastructures civiles en Ukraine,
  • fournir aux victimes de la guerre toute l'assistance humanitaire possible, et assurer un passage sûr pour les civils pris dans le conflit,
  • accueillir dans les différents pays toutes les personnes fuyant l'Ukraine à la recherche d'un refuge,
  • s'assurer qu'aucune personne, quelle que soit sa nationalité, ne soit bloquée aux frontières ukrainienne ou européenne (externes ou internes de l'UE), et que toutes puissent trouver une protection dans des conditions dignes et respectueuses de leurs droits, dans l'Union européenne,
  • mobiliser des moyens pour que les activistes ukrainien·nes pour la démocratie et les droits humains soient protégé·es, accueilli·es, et soutenu·es,
  • assurer par tous les moyens possibles un soutien et une protection aux acteurs de la société civile russe et bélarusse qui sont opposés à la guerre,
  • préserver les canaux d'information permettant aux populations ukrainienne, russe et bélarusse de recevoir des informations fiables, soient préservés.
  • lutter contre l'impunité des responsables de crime d'agression et de crimes de guerre.

À l'heure où une guerre aux graves conséquences sévit en Europe, il est impératif que vive la solidarité internationale pour la défense des libertés de toutes et tous.

Le jeudi 17 mars, soyons nombreuses et nombreux à manifester pour exprimer notre solidarité et notre soutien aux citoyen·ne·s et organisations ukrainien·nes, russes et belarusses engagé·es pour les droits humains et contre la guerre, et à toutes les victimes de ce conflit.

Appel lancé à l'initiative des associations suivantes

ACAT-France, Agir ensemble pour les droits humains, Alliance Internationale pour la défense des droits et des libertés, Alliance sciences société, Amnesty International France, Anafé, Article Premier, Assemblée européenne des citoyens, Association Abraham Mazel, Association des Travailleurs Maghrébins de France, Association Habitat-Cité, Attac France, Atelier des artistes en exil, Barreau de Paris, CartONG, la Chaîne de l'Espoir, CCFD-Terre Solidaire, CEDETIM, Centre Primo Levi, Cimade, Coalition française pour la Cour pénale internationale, Collectif Bienvenue (Bordeaux), Collectif Ivryen de Vigilance Contre le Racisme, Collectif Stand with Ukraine, Communauté des Belarusses à Paris, Communauté des Belarusses des Savoies, Coopératives européennes Longo Maï, Coordination SUD, CRID, Électriciens sans frontières, Elena, Emmaüs Europe, Emmaüs France, Emmaüs International, Ensemble contre la peine de mort, European Prison Litigation Network, Euro Créative, Femmes Solidaires (Marseille), FIDH, Fondation Copernic, Fondation Danielle Mitterrand, Forum Civique Européen France, Gisti, Groupe accueil et solidarité, Groupe Initiatives, Humatem, IPAM, La Maison Ouverte, LDH Gironde, Les Nouveaux Dissidents, Maison des Droits de l'Homme (Limoges), Médecins du Monde Caen, Memorial France, Mouvement de la Paix, Pax Christi Nice, Première Urgence Internationale, Russie-Libertés, Secours Catholique-Caritas France, SOS Africaines en danger, Terre des Hommes France, Utopia 56, YMCA France

Avec le soutien de

Syndicats : Confédération Générale du Travail (CGT), Fédération Syndicale Unitaire (FSU), SUD-PTT, Syndicat de la Magistrature, Syndicat des Avocats de France, Union syndicale Solidaires

Retour sur la manifestation en soutien à la grève de la faim et aux révoltes au CRA de Vincennes

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Faire du lien avec l'intérieur, briser l'isolement des personnes enfermées, résister collectivement à la répression policière : un retour sur la manifestation du 12 mars devant le CRA de Vincennes

Samedi 12 mars, nous étions entre 70 et 80 personnes à manifester au CRA de Vincennes : depuis le 17 mars 2022, une grève de la faim est en cours dans les différents bâtiments. Les prisonniers dénoncent l'enfermement, les mauvais traitements, les peines de prison ferme prononcées après des refus de test et les allers retours prison-CRA qui s'enchaînent sans fin, les expulsions forcées et cachées.
Nous avons déjà relayé plusieurs de leurs témoignages expliquant les raisons de la grève, ici et ici, et plusieurs prisonniers ont participé aux émissions de radio de l'Envolée, écoutables ici et dans l'émission du vendredi 11 mars 2022 (à venir sur le site de l'Envolée) .
A l'intérieur, les flics mettent la pression aux personnes qui font la grève en notant les noms, en tapant dans les portes, en déclenchant l'alarme incendie au milieu de la nuit, etc. Les prisonniers avec qui nous sommes en contact, ceux qui passent à la radio et à qui nous rendons visite sont également particulièrement ciblés, les flics tentant d'individualiser la grève en désignant des gens censés être les « leaders ». 

Face à cela, nous avons décidé d'appeler publiquement à une manifestation au CRA pour réaffirmer notre soutien aux prisonniers dans la construction d'un rapport de force avec la police  : être nombreux.euses à manifester, c'est dire aux flics que nous sommes au courant de ce qu'ils font à l'intérieur et que les prisonniers ne sont pas seuls.
Nous avons décidé de ne pas déclarer la manifestation car nous savons d'expérience que lorsque c'est le cas la préfecture interdit la manifestation et nous impose un trajet complètement différent, généralement très loin du CRA, là où les prisonniers ne pourront pas nous entendre et où nous serons totalement inoffensifs.ves. 

Samedi à 17h nous sommes donc parti.es en cortège vers le CRA, en bloquant la circulation depuis la gare RER de Joinville jusqu'au CRA. On a trouvé ça puissant de pouvoir former un vrai cortège sur tout ce début de manif ! Certaines personnes sont arrivées après le départ et n'ont pas réussi à retrouver la manif : on est désolé.es pour ça, comme c'était pas déclaré on avait prévu de partir assez à l'heure pour éviter de se faire bloquer au RER.

Nous avons ensuite atteint l'arrière du CRA où nous avons pu nous faire entendre des prisonniers des CRA 2A et 2B qui nous répondaient depuis l'intérieur. Les flics du CRA sont sortis mais n'étaient pas assez nombreux pour nous empêcher de continuer notre trajet vers le bâtiment 1. C'était la première fois depuis longtemps qu'on a réussi à aller jusque là, c'était super fort de pouvoir se faire entendre du bâtiment 1 car les gens sont sortis aux fenêtres. Nous avons d'ailleurs pu observer que la pref a installé des caillebotis (grillage très serré) aux fenêtres des chambres, comme en taule, qui nous empêchait de voir les prisonniers depuis la rue, mais on a quand même pu bien communiquer vu la proximité.

On relaie ici ce qu'ils nous ont dit : « Aidez-nous à sortir », « Ils nous traitent comme des chiens » « C'est des bâtards » « On mange pas, on dort pas » « On a faim », « Y en a qui ont leurs enfants dehors » « Liberté ». On a tous.tes la rage d'entendre ça, ça fout le seum que dans ce pays raciste les gens soient enfermés pendant des mois, ça fout le seum de voir les flics du CRA nous faire coucou en souriant quand on sait qu'à l'intérieur ils humilient et tabassent les gens, ça fout la rage de savoir que des gens sont expulsés comme des marchandises, scotchés et sous cachetons.

Dans ces moments là on pense à tous ceux avec qui on est en contact, on pense à Y., à A. et à D. qui sont enfermés depuis maintenant plus de 8 mois dans cette boucle infernale CRA-prison ; on pense à M. qui n'a pas vu sa fille depuis qu'elle est née, il y a 7 mois  ; à B. avec qui on était en contact depuis le début de la grève et qui a été expulsé de force juste avant la manif, on aurait aimé que tu sois là ; à S., la sœur d'une personne enfermée depuis des mois qui galère à l'extérieur avec les parloirs et les avocats à payer ; à tous.tes celles et ceux, enfermé.es et leurs proches, qui subissent la violence et le racisme d'État parce qu'ils n'ont pas le bon bout de papier, parce qu'ils ne sont pas blanc.hes, parce qu'ils sont pauvres.

Face à tout ça on se sent souvent impuissant.e, mais on espère qu'en tapant sur les grilles et en criant tous.tes ensemble « liberté » avec les gens à l'intérieur, ça leur a envoyé de la force, et on se dit que ces manifs elles ne sont pas que symboliques. 

Voilà ce que nous raconte après un retenu du CRA1 sur ce moment là : « tellement que les policiers étaient nombreux c'est comme si c'était l'enfer ! ils ont bloqué partout mais on applaudissait, on criait, eux ils nous gazaient en nous disant des mots blessants : »rentrez chez vous« , alors que nous on peut pas être là juste pour un bout de papier, on peut pas travailler ! C'est comme si ça nous suivait pour pourrir notre avenir. Après ils ont encore gazé et frappé des gens. Ils ont mis des gens à l'isolement aussi. Mais on est quand même là pour vous soutenir pendant que vous nous soutenez ! »
Certaines personnes ont été envoyées à l'isolement après la manif pour avoir crié et tapé aux grilles. Les personnes à l'intérieur avec qui nous avons discuté après la manif disent que ça a été fort et important d'entendre du soutien de l'extérieur.

Dans les autres bâtiments du CRA ça a bougé aussi, au CRA 2B par exemple des copains enfermés nous ont raconté que tout le monde criait et lançait des slogans. Là-bas aussi ils nous ont dit que c'est important de continuer à manifester pour eux et contre les CRA.
Les jours suivants, les keufs ont continué à faire chier, surtout au CRA1 : fouilles, portables réquisitionnés, coups de pression. Ils veulent que les prisonniers restent isolés, et que personne à l'extérieur soit au courant de la merde qu'ils font à l'intérieur.

Mais revenons à samedi. À partir du moment où on était nombreux·ses à taper sur les grilles et à parler avec les prisonniers (ca faisait déjà une petite heure que la manif avait commencé) les flics ont commencé à débarquer en nombre. La BRAV est arrivée à moto et a commencé à nous repousser assez violemment. Ils ont nassé le cortège et nous ont fait marcher comme ça pendant 10 à 15 minutes avant de nous arrêter sur un trottoir pour nous contrôler en essayant d'identifier les « responsables ». Dommage pour eux encore une fois, il n'y avait pas de chef à qui ils pouvaient s'adresser et la plupart des gens présents avaient malencontreusement oublié de prendre leurs papiers d'identité. En tout cas on se dit qu'on devait être sacrément important.es car ils ont bloqué tout un rond point pour nous et ont appelé des renforts, en tout au moins 4 camions et une cinquantaine de BRAV, sans compter les autres flics.

On est resté.es bloqué.es là environ une heure, le temps qu'ils contrôlent tout le monde ; à ce moment là ils disaient que tout.es celleux qui n'avaient pas de papier allaient être emmené.es au poste pour une vérification d'identité. Face à ces menaces environ 50 manifestant.es ont choisi de dire qu'iels n'avaient pas leurs papiers, certain-e-s déclarant une identité à l'oral, d'autres n'étant pas interrogé-es sur leur identité. Les flics ont fouillé tout le monde pour trouver des papiers, parfois ils ont réussi, mais le plus souvent non. Après avoir fait partir toutes les personnes qui avaient des papiers, les flics ont finalement raccompagné les autres au RER par groupe de 10/15 personnes.

Morale de l'histoire et mise en pratique : ne jamais croire les keufs, et le refus collectif d'identité ou le fait de donner une fausse identité à l'oral, quand on est nombreux.euses, ça fonctionne ! Cela permet aussi aux personnes qui n'ont pas de papier/qui sont recherchées/ connues de la police/ de ne pas se retrouver isolées.

À priori, au moins une quinzaine de personnes qui avaient leurs papiers ou ont donné leur identité, recevront probablement une amende (selon les keufs pour « participation à une manif non déclarée » ou « participation à une manif interdite » ou « délit d'attroupement ») : on va s'organiser pour les contester et/ou les payer collectivement, si tu reçois une amende écris nous à anticra@riseup.net

Cet appel s'adresse aussi aux personnes qui sont arrivées après le départ et se sont faites contrôler en essayant de nous rejoindre. On se dit qu'on aurait dû mieux communiquer entre nous au début de la manif et au moment de la nasse sur l'attitude collective face au contrôle d'identité et que ça a été un peu brouillon. On a débriefé avec pas mal de personnes après, mais si tu as participé à la manif et veux nous faire un retour ou en discuter, n'hésite pas. 

En tout cas pour nous cette manif était une réussite, ça faisait longtemps qu'on avait pas fait le tour quasi complet du CRA. C'était puissant et on trouve qu'on a bien bougé ensemble quand les flics nous mettaient la pression. Ça donne de la force pour la suite et pour continuer à organiser des moments publics comme ça, et ça nous fait nous sentir un peu moins impuissant.es face à toute cette merde. On en profite pour rappeler que l'AG contre les centres de rétention est ouvertes à tous.tes, c'est tous les mercredis soirs à 19h, si tu veux y passer envoie un mail à anticra@riseup.net

La Coopération intégrale du Haut Berry a besoin d'un coup de pouce

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Dans le Cher, à 3 heures de Paris, la Coopération intégrale du Haut Berry se construit depuis plusieurs années comme une désertion du capitalisme au présent. Aujourd'hui le collectif veut se doter d'un tiers-lieu qui pourra être géré de manière autonome. Pour avancer, il a fait le choix d'un appel à des dons pour réunir une partie de la somme pour acquérir cet espace.

Article initialement publié sur Dijoncter.info

L'archipel doit s'étendre ! Plus que jamais, nous avons besoin de lieux pour tisser des liens de coopération et d'entraide, face à la domination capitaliste et aux crises globales comme la pandémie et peut-être la fin du pétrole pas cher. Si l'archipel ne peut constituer à lui seul une stratégie révolutionnaire, il permet de multiplier les lieux pour s'organiser collectivement afin de se protéger, de lutter et d'expérimenter.

Un tiers-lieu pour appuyer une dynamique communiste

Ici dans le Haut Berry, l'association la Maison Des Vies Locales a décidé de réunir ses différentes activités dans un nouveau lieu : la Maison commune. Ce lieu doit permettre de poursuivre quinze années d'expérimentations (racontées ici sur Radio Libertaire) autour de Morogues (Cher), jusqu'à présent dans des espaces prêtés ou loués par la mairie. Le tiers-lieu actuel, créé dans le café-restaurant du village en 2018, est trop contraint par la forme marchande et bloque l'évolution politique du collectif. C'est pour se défaire de ce type de cadre - que nous avons limité autant qu'on l'a pu, en refusant par exemple la classification administrative de tiers-lieu, centrée sur l'activité marchande - que nous demandons de l'aide pour acquérir un lieu au nom de l'association.

La Maison commune est prévue pour accueillir des événements (orga et soutien aux luttes, rencontres, concerts, chorale, ateliers) et pour continuer l'élaboration de services communs, comme une épicerie de village, un espace enfants, une salle de réunion, une friperie, un atelier vélo et une bibliothèque, entre autres. En trame de fond, il s'agit surtout d'approfondir notre apprentissage de la coopération, du soin pris ensemble de nos relations et de ce que nous créons, et donc de l'autonomie politique.

Nous avons besoin d'un coup de pouce !

A l'heure où vous lisez ces lignes, l'association fait tout son possible pour acheter le lieu. C'est pourquoi nous faisons appel aux dons de toutes les personnes qui voudraient soutenir cette démarche. Sinon, un partage sur vos réseaux, un coup de main pour les travaux, un message de soutien...toute aide est bienvenue :) Pour en savoir plus, c'est par ici.

Poursuivre l'expérimentation de la Provision Commune

Ce nouveau lieu vise notamment à soutenir la construction de la Provision Commune, une organisation pour répondre de manière démocratique, locale et socialisée à des besoins communs par un revenu d'existence en nature. La Provision Commune propose de sortir du capitalisme par l'autoproduction collective et coordonnée. Ce modèle n'est bien sûr pas au-dessus de toute critique, mais il a l'avantage de pouvoir être expérimenté dès maintenant, à l'échelle qui convient aux collectifs qui s'en emparent.

Notre carte, c'est la carte des lieux de résistance confédérés

Les lieux collectifs, comme celui que nous voulons faire exister, n'ont pas vocation à se contenter de solutions à micro-échelle, si difficiles soient-elles à bâtir. Premièrement, agir au niveau local nécessite déjà d'enclencher une dynamique de territoire et, pour ce faire, de se lier avec d'autres collectifs, avec les luttes des environs et avec d'autres habitantes et habitants. Cela n'a donc rien à voir avec un repli autarcique, comme le suggèrent parfois les partisan-es des luttes politiques traditionnelles dans les métropoles. Deuxièmement, nous concevons ce lieu dans une logique confédérale, c'est-à-dire comme la pièce d'un puzzle révolutionnaire. Nous avons déjà commencé à réfléchir avec des collectifs éloignés géographiquement sur la manière d'élaborer des services communs pertinents, comme des passerelles entre nos lieux de résistance.

N'hésitez pas à nous poser vos questions et à rendre visite !

Contactez-nous : contact[at]cihb.xyz

Brochure illustrée de la Provision Commune
Article initialement publié sur Dijoncter.info

Pandémie sans fin : Covid-19 et déni des courants d'air

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Contre la circulation massive du virus, les courants d'air peuvent aider et pourtant partout ils manquent. Le déni de la transmission aérosol du Covid-19 nous dit quelque chose du monde et de la continuelle catastrophe pandémique.

Depuis lundi 14 mars 2022, présenter un pass vaccinal n'est plus imposé (pour un bon moment au moins à priori), sauf à l'entrée des hôpitaux, des maisons de retraite et des établissements pour personnes handicapées. De plus, le masque n'est plus obligatoire sauf dans les transports et les établissements de santé.

C'est une grande bouffée d'air qu'on réalise peut-être quelque peu ébahi. Pourtant, pour anticiper les futurs retournements de ceux qui gouvernent, nous voudrions revenir sur les particules aérosols qui transportent le virus, et ce que le déni de ce mode de transmission révèle de la médecine, de l'hygiénisme disciplinaire et de la catastrophe en cours. Les protocoles absurdes sont une évidence, on n'y reviendra pas. Reste que le port d'un masque n'est pas toujours sans raisons et que le déni de ce mode de transmission nous dit quelque chose du monde. Sa disparition toute aussi soudaine que son imposition pourrait prolonger la catastrophe pandémique pour longtemps.

On propose ici, contre la constante circulation massive du virus, de défendre la perspective d'une contagiosité aérosol du virus vers l'extension et le maintien des courants d'air contre toutes les cloisons et l'immunité étanche. C'est par souci des aérosols que des lieux comme la Parole Errante Demain [https://laparoleerrantedemain.org/] ont maintenu le port du masque et cherché à organiser les événements en plein air. Il s'agit de réduire collectivement, par les milieux de vies qu'on se construit, la circulation du virus et les risques d'être infecté.

La perspective des courants d'airs révèle ce qui distingue l'hygiénisme politique d'une politique qui prend les choses par le milieu. Le point de vue des courants d'air adopté, c'est le monde entier plongé dans la pandémie qui apparaît comme un monde catastrophique et clos dans lequel « que les choses continuent comme avant, voilà la catastrophe » (Walter Benjamin). Qu'est-ce à dire ?

Sur cette photo d'une rue en Chine, c'est la culture du désinfectant qui domine. C'est inutile contre le covid, mais vise à prouver la puissance de l'action gouvernementale.

Les masques ont depuis mars 2020 incarné bien des choses, de l'incurie de l'État et ses mensonges à l'obligation permanente, de la sensation de se protéger tous et toutes pour certains-es , à la mutation anthropologique et la biopolitique de masse selon d'autres. [1] Tout a donc été dit à leur propos, ce à toutes les échelles. À la fin mars 2020, l'OMS affirmait "Fact check : le covid-19 n'est pas une maladie aérosol", dénonçant le fait que toute affirmation contraire tenait de la désinformation. Les gestes barrières de lavage de main permanent, de limite des contacts par "distanciation sociale" découlaient logiquement de cette vérité assénée, soyons disciplinés, obéissants par civisme disaient-ils. Les discours publics fustigeaient les gouttelettes et nous apprenaient tous et toutes à nous moucher dans nos coudes. Un an plus tard, en mai 2021, renversement complet, l'OMS et le CDC américain reconnaissait la contagiosité aérosol du virus comme principal vecteur de contamination.

La Science avait parlé disaient-ils. Aux gestes déjà bien imposés et installés s'ajoutait l'indication, bien que plus discrète, invitant à aérer régulièrement. Il faut tout nettoyer et aérer parfois, on nous le dit encore. Depuis 2020, seule la notion de gouttelettes reste centrale, mobilisée par les discours demandant la réduction drastique des contacts, des activités sociales et la nécessité de s'isoler. Dès lors que sur ce sujet comme sur d'autres, tout est dit et son contraire, pourquoi s'en préoccuper ? Et qui voudrait d'une vie perpétuellement masquée ? Pourquoi penser aux masques et détecteurs de CO2, tandis que le désinfectant est partout imposé ? Pourquoi tout ceci importe-t-il ?

Commençons par nous contredire. Quand bien même des gouttelettes de virus contaminent, pourquoi se masquer ? Les chirurgiens, les professionnels eux, ne jettent-ils pas systématiquement les masques utilisés pour ne pas se contaminer en les touchant ensuite ? Les scénarios, après tout, sont cocasses et grotesques si l'on s'y pense bien. Il faut imaginer qu'un cuisinier malade prépare le souper, éternue dans son plat et nous sert ensuite sa soupe contaminée. Il faut se dire qu'au cinéma notre voisin malade de derrière nous bave dans l'oreille ou qu'un compagnon de bistrot illégalement debout pendant qu'on est assis nous crache dans les muqueuses en buvant son demi. On peut aussi imaginer poser sa main sur une surface contaminée, par une gouttelette ici éternué, et qu'on se frotte les yeux ou qu'on s'en lèche les doigts. À grande échelle, ça fait au choix peu de contagion, ou beaucoup trop, et quoiqu'il en soit le masque ne semble servir qu'à peu de choses. Si les particules sont fines, pas même visibles, pas mêmes gouttelettes, elles passent à travers les masques, se glissent sous le nez, se faufilent à l'usure.

C'est inutile sauf pour témoigner d'un souci de protection, dès lors c'est un fétiche, un objet qu'on investit de plus ou moins de croyance adéquates...sauf que.

Le Superspreader de l'Amoy Garden

En vérité, l'affaire est toute autre et pour commencer, un retour en 2003 peut nous éclairer, quand l'épidémie de SRAS (proche cousin du covid-19 quoique plus létal) frappe la Chine. Un homme de 33 ans rend visite à son frère dans les appartements de l'immeuble Amoy Gardens à Hong Kong. Dans la nuit du 14 et du 17 mars 2003, cette personne dort chez son frère et les deux soirs, il a une forte diarrhée. Infecté par le SRAS, cet homme va sans le savoir infecter 187 personnes dans l'immeuble, et par la suite un total de 300 personnes vont être atteintes, totalisant 20% des contagions totales du SRAS en Chine [2], l'exploit d'un seul homme dès lors identité comme un superspreader (concept dont on nous a bombardé en 2020).

Les canalisations des toilettes de l'immeuble étaient si défectueuses que des aérosols de la colique de ce superspreader se sont répandues dans chaque appartement de l'immeuble ou presque. Les salles de bains étaient closes, comme très souvent de nos jours, simplement équipées d'une trappe de ventilation ne renouvelant pas l'air mais l'envoyant dans le reste de chaque appartement. L'ensemble des canalisations de l'immeuble communiquaient d'un étage à l'autre. Le tuyau en U sous chaque toilette récoltait des remontées multiples, ne s'évacuait pas vraiment, chaque chasse d'eau produisant de nouveaux aérosols.

C'est bassement matériel, très terre à terre, mais si une personne peut en contaminer 300 autres, on peut se dire que comprendre comment et empêcher que cela arrive importe. Rapportant cette histoire, l'anthropologue de la médecine Christos Lynteris (dans son livre Human Extinction and the Pandemic Imaginary de 2019.) montre ce qu'il y a d'abject à désigner cette personne comme un superspreader plutôt que de mettre en cause l'environnement qui produit la contagiosité et répand l'infection. Dans l'épidémiologie contemporaine, le superspreader est un bioterroriste qu'il faut identifier pour mieux gouverner. Une fois neutralisé, la police médicale identifie ceux qu'il a influencé et le reste peut ne pas changer. C'est la faute aux individus et aux irresponsables. C'est à ce titre qu'on nous bombardait médiatiquement de chasse aux superspreaders et leurs clusters pendant trop longtemps.

Nul besoin d'être sociologue pour deviner la stratégie, les conditions socioéconomiques disparaissent de l'analyse, la santé s'efface, l'infrastructure qui produit et reproduit de telles catastrophes reste indemne. Quand on se dit que c'est ce type de principes qui dirigent un grand nombre d'épidémiologistes et directives officielles, on comprend mieux comment un virus se répand pendant des années et pour longtemps encore dans le monde entier sans que rien ne change.

À l'évidence, les 300 personnes infectées n'ont pas touché du doigt la diarrhée du monsieur ni bu l'eau des toilettes. En effet, parler de contagiosité aérosol c'est désigner de fines particules produites par une personne qui inspire et respire, qui se répandent dans l'air. Elles peuvent aussi venir des excréments, moulinés par la chasse d'eau, et s'évaporer dans l'air dans un immeuble comme le Amoy Garden. Ces particules dans l'air se glissent dans les conduits nasaux, la gorge, descendent dans les poumons, ces processus varient singulièrement selon les virus. Malgré l'ampleur des moyens numériques d'aujourd'hui, il est quasi-impossible de modéliser avec certitude les mouvements de ces particules dans l'air. Dès qu'il y a des courants d'air, en plein air et ailleurs, en fonction de l'humidité et du soleil, les particules ne suivent pas des trajectoires dignes de la balistique, elle se dispersent, fondent, s'étendent, tout est incertain.

Les détecteurs de CO2 mesurent notamment le taux de CO2, le gaz carbonique qu'on expire d'avoir inspiré de l'oxygène. Si ce taux monte trop haut, c'est qu'on est enfermé dans une boite sans apport d'oxygènes, l'air peut devenir irrespirable. La comparaison la plus simple et courante parle de la fumée de cigarette, quand tout est fermé et que tous nous la respirons, même si l'on est pas face à face. Les particules prolifèrent en ceci dans des milieux où l'air s'assèche, où il devient uniforme. Quelques courants d'air et tout est dispersé.

La contagion par l'air n'opère donc pas par le toucher des autres, des objet ou des surfaces. Si le doute persiste pour la forme, dans le cas du Covid, quand à la contagion dite manuportée, on n'en trouve pas de cas pour le prouver. En outre, la transmission n'est pas mécanique. On peut respirer des particules aérosols contaminés et ne pas toujours se voir infecté. Cela dépend du temps du port d'un masque ou non, d'exposition, de l'humidité, de notre santé l'instant t, bref de multiples facteurs qui rendent tout incertain, surtout en plein air. Chacun, chacune en a fait l'expérience.

Le masque réduit les risques, même lorsqu'il est porté puis remis en ceci qu'il diminue le temps d'exposition aux aérosols. S'il n'y a pas de risques zéro, le masque en lieux clos et les courants d'air sont de puissants appuis. Pourtant, pour ceux qui gouvernent à l'échelle des populations, dire lavez-vous les mains, désinfectez, isolez-vous c'est imposer des comportements. C'est la bonne vieille discipline de masse qui coûte pas grand-chose et c'est plus hygiénique de leur point de vue.

Le choix du désinfectant et du lavage des mains plutôt que de changer le milieu, comme dans le cas de l'Amoy Garden, est en ceci le choix d'une certaine politique gouvernementale qu'il s'agirait de faire tomber.
Ce refus remonte à loin, on va le montrer dans l'histoire de la médecine.

Les miasmes dans l'air ou les germes dans l'eau

Pourquoi l'OMS et tant d'autres ont-ils traîné du pied avant de parler de la contagiosité aérosol ? Avant qu'en 1882, le médecin allemand Robert Koch ne découvre le bacille responsable de la tuberculose, avant que Louis Pasteur ne démontre dans les années 1880 que les maladies infectieuses trouvent leurs origines dans des micro-organismes déterminés - des germes infectieux - le médecin britannique John Snow (1813-1858) est le héros fondateur de l'épidémiologie moderne. Au XIXe siècle, comme d'autres grandes villes, Londres est régulièrement frappée par des épidémies de choléra, particulièrement dévastatrices dans certains quartiers, bien souvent les plus pauvres.

Le Choléra (avec la peste et la variole) est à l'époque une des grandes maladies craintes et redoutées, dont les surgissements ne manquent pas de provoquer des tensions sociales. L'épidémie de Choléra de Paris en 1832 fit notamment fuir tous les riches et se révolter les pauvres de toute la ville, convaincus que les fuyards bien lotis avaient un rôle dans les causes de l'épidémie [3]

Parmi les médecins, et bien au-delà, l'idée alors dominante c'est que le choléra se transmet par le mauvais air, les miasmes qui envahissent l'air dans des milieux sales et putrides. John Snow est convaincu d'une autre causalité. Non sans courage, il va enquêter sur le terrain, aller dans les quartiers pauvres londoniens les plus frappés par le choléra et faire des relevés, étudier comment se répand la maladie. Il va ainsi réussir à identifier les foyers les plus massifs de choléra et par la suite découvrir que les maisonnées les plus touchées s'abreuvent à la même fontaine (l'eau courante, bien sûr, n'existe pas encore).

John Snow va ainsi démontrer que c'est par l'eau que le Choléra se transmet, et non pas par l'air, la vengeance divine ou les manigances des riches. C'est par sa démarche qu'il est considéré depuis comme le fondateur de l'épidémiologie : enquête de terrain malgré les risques, usage de la statistique, identification d'une cause commune à la multiplicité des cas. La démonstration de John Snow des causes du Choléra a lieu toutefois avant, on l'a dit, les découvertes de Pasteur et Koch, avant que Pasteur par l'usage du microscope ne démontre l'existence des germes contaminants. John Snow a donc des ennemis, sa théorie fait débat, controverse comme on dit qui nous en apprend beaucoup sur l'histoire de la médecine et le sort réservé à la contagiosité aérosol depuis.

L'un de ses plus féroces adversaires, oublié depuis de l'histoire officielle de la médecine, qui consacrera sa vie à contredire John Snow et finira par se suicider, défait, est un scientifique allemand de Bavière Max Joseph Von Pettenkoffer. Rappelons qu'à cette époque, une des grandes discussions qui radicalement divise porte sur l'idée de contagion et ceux qui s'y opposent. Certes, nul ne doutait par exemple que la syphilis était contagieuse, mais le débat portait sur d'autres formes de maladies, justement les plus importantes : la peste, la variole et le choléra.

Au XVIe siècle l'italien véronais Fracastoro avait pourtant répandu l'idée, présente aussi dans la culture populaire, qu'il existait des contenants infectieux - un poison, une entité vivante, un animal, etc.- qui se transmettait d'une façon ou d'une autre de personne - par contact avec un malade, par l'intermédiaire d'un objet, par le toucher, etc.. L'histoire de la médecine a fait de Fracastoro un précurseur de Pasteur et Koch, car il parlait de semences à l'origine des maladies. Reste qu'avant cette révolution pasteurienne de la microbiologie, acte de naissance de la médecine moderne, la profession médicale voyait majoritairement la contagion comme une idée des ignorants et des superstitieux.

De nos jours, la définition du dictionnaire met les points sur les i : « la contagion désigne la transmission directe ou indirecte, médiate ou immédiate d'une maladie d'une personne à une autre, d'un animal à un autre, d'un organisme à un autre ». Le dictionnaire de médecine de 1834 de Jean-André Rochou dit autre chose, selon l'un des introducteurs de l'hypnose au vingtième siècle Hippolyte Bernheim.

« On a appelé contagion la transmission d'une maladie d'un individu à un autre par le contact média ou immédiat (....) signification moins restreinte pour toute maladie dans laquelle le corps du sujet qui en est infecté produit un principe susceptible de communiquer le mal à un autre individu sain » (Hippolyte Bernheim).

L'idée d'un principe susceptible de communiquer le mal multiplie les voies de transmission possible. Dans la querelle entre contagionniste et anti-contagionniste, nul ne doutait qu'une maladie, comme la peste, se passait d'une personne à une autre mais le débat portait sur le comment. Personne n'avaient identifié ou prouvé un mécanisme clair pour expliquer avec certitude comment se faisait la transmission. L'observation proche semblait montrer que la maladie se passait sans contact direct (que postulait les partisans de la contagion). Les gens attrapaient la peste sans contact direct avec les malades, il arrivait même que certains soignants ne tombent pas malades, comment expliquer toutes ces anomalies ?

Pour Von Pettenkoffer, John Snow n'établissait pas de mécanisme plausible pour la transmission de la maladie. Il corrélait le Choléra avec l'eau sale d'une fontaine, mais sans expliquer ce qui était transmis et pourquoi. Pettenkoffer était chimiste. En bon scientifique, il admettait l'idée que le Choléra était un poison, une substance chimique, mais comment un poison chimique qui aurait contaminé l'eau ne serait-il pas indéfiniment dilué ? De plus, John Snow n'expliquait pas tout. Pourquoi et comment une épidémie commençait-elle Et se terminait ? Comment certains docteurs pouvaient-ils ne pas tomber malades ? Pourquoi le Choléra était-il saisonnier, disparaissant systématiquement l'hiver venu ? Koch, du vivant de Pettenkoffer, découvre en 1883 le vibrio du Choléra (bactérie responsable de cette maladie). Notre médecin allemand fut forcé d'admettre cette découverte mais va l'incorporer à sa théorie à lui et théoriser ce que sont les miasmes.

Selon Pettenkoffer, ce ne sont pas des germes qui transmettent les maladies infectieuses mais des miasmes, de petites particules de putréfaction dans l'air. Ces particules ne sont pas identifiés à des organismes. Ce sont des particules invisibles transmises par le vent et l'air, qui émanent de corps en putréfaction les ayant libéré, ou encore de végétaux, de champs, de corps animaux en putréfactions. Il le prouve d'une équation mathématique : XY = Z. Qu'est-ce à dire ? Z est une épidémie de Choléra, soit une combinaison de X et Y, X désignant la présence du vibrio découvert par Koch. Pour Pettenkoffer, le vibrio seul ne nous rendrait pas malade. On pourrait l'avaler et rester sain. Il serait inoffensif en lui-même, et il le démontra en avalant de lui-même un vibrio du Choléra, envoyé par Koch, dont il resta sain et sauf (hormis une légère colique). Pettenkoffer va l'affirmer, le danger ne vient pas du vibrio contaminant l'eau et la nourriture mais du fait que quand le vibrio descend sous le sol des grandes villes, quand il gagne ainsi accès au sol, il peut alors germer comme le font les plantes et délivrer son poison aux populations au-dessus du sol contaminant dès lors en grand nombre, créant ipso facto une pandémie ! Le Choléra était, dans cette perspective, une maladie causée par la fermentation putride, le X et le Y de l'équation (XY = Z) étant alors les conditions locales nécessaires pour que la fermentation opère et contamine l'atmosphère.

Von Pettenkoffer va occuper sa vie à démontrer sa théorie, cherchant en chaque ville frappée les conditions locales de la vulnérabilité au Choléra, expliquant notamment que les régions des Alpes n'étaient pas touchées car isolées de l'eau souterraine, ou que dans le désert le Choléra ne surgissait pas car la fermentation n'y était pas possible. Plus largement, il voyait la malnutrition comme un facteur aggravant et cherchera à agir sur les autres facteurs. Il va soutenir des aménagements sanitaires, faire placer des hôpitaux contre le Choléra sur des collines loin des centre-villes, participer à l'installation d'égouts dans certaines villes pour enlever les excréments.
Il ne craignait pas que l'eau infectée soit bue (comme John Snow) mais que la matière fécale nourrisse le vibrio. Il participa à fonder le mouvement sanitaire en Allemagne, et fut professeur d'hygiène à Munich mais l'histoire monumentale et officielle de la médecine l'a ensuite fait oublié. Ses travaux ne sont plus édités, pas traduits, puisque les découvertes de Koch et Pasteur vont montrer qu'il se trompait. C'est indéniable, mais on peut dire pourtant qu'il avait magnifiquement tort, car comme on vient de le dire, il a dans son erreur provoqué des résultats intéressants et surtout à permis d'envisager les pandémies par les milieux qui les provoquent, par l'environnement qui les favorise.

De façon intéressante pour notre propos, Pettenkoffer et ses partisans, les anti-contagionnistes, appartenaient à des courants libéraux de l'époque (nous ne savons pas s'il eut été de nos jours libertariens). Pettenkoffer s'opposait notamment au centralisme prussien allemand. Contre les épidémies, lui et les anti-contagionnistes se prononçaient contre l'arrêt du commerce, contre les mises en quarantaines et l'interdiction de la libre circulation des gens comme des choses. A l'exact opposé du champ politique d'alors, les partisans de John Snow, puis de Pasteur et Koch, exigeaient et justifiaient des interventions d'un État fort, entité seule en mesure d'imposer des cordons sanitaires, des quarantaines, séquestrations et confinement. Seul un État fort était vu comme pouvant limiter les libertés civiles et réduire le commerce.

C'est dans cette perspective que Pasteur a eu en France un fort soutien du mouvement hygiéniste, et dans cette perspective il n'est pas question des conditions favorisant l'extension des milieux putrides mais l'identification des germes contaminants et de ceux qui les portent. Dans la foulée de Pasteur et Koch, la préoccupation centrale était face à chaque maladie « trouvons son germe », les quatre postulats de Koch incarnent cette direction :

  • Un micro-organisme doit être retrouvé chez tous les porteurs d'une même maladie.
  • Le micro-organisme identifié doit être isolé à partir de l'hôte malade et cultivé en dehors de lui dans un milieu adéquat en laboratoire.
  • Le micro-organisme, une fois cultivé, doit provoquer nécessairement la même maladie chez un individu sain.
  • Le même micro-organisme doit pouvoir être isolé de nouveau à partir de cet animal ou cet individu rendu malade par inoculation.

Ces 4 principes sont de toute évidence encore en vigueur dans la médecine d'aujourd'hui. Ils dominent d'ailleurs tellement que l'histoire de la médecine affirme le plus souvent qu'il ne s'est rien passé d'important, en médecine, de l'antiquité à Pasteur et la naissance de la vraie médecine. L'hygiénisme cherche les germes, désinfecte aussitôt et met tout en œuvre pour éradiquer les germes identifiés. En d'autres époques, quelqu'un comme Georges A. Soper va traquer pendant des années aux États-Unis, non sans renforts de propagandes contre la dite Typhoïde Mary, une domestique cuisinière identifiée comme porteuse de la fièvre typhoïde pour finir par la faire enfermer jusqu'à sa mort pendant 23 ans sur l'île de North Brother Island près de New York [4]. Pettenkoffer avait tort, scientifiquement parlant, à propos du Choléra, mais il se pourrait que les réponses qu'il proposait, les milieux qu'il proposait de défendre étaient plus habitables que ceux qu'auxquels on nous condamne de nos jours.

On peut citer par contraste ce que dit l'historien Alain Corbin de l'architecture des Lumières (sans l'idéaliser non plus d'ailleurs) à l'époque de la théorie des miasmes :

« L'aérisme néo-hippocratique conduisait à prôner la ventilation en tant que restauratrice de l'élasticité et de la qualité antiseptique de l'air. Le vent balaie les basses couches de l'atmosphère, purifie et désodorise l'eau corrompue. En un mot, surveiller, maîtriser le vent et les courants d'air sont alors considérés comme des pratiques essentielles. (…) Les objets sont multiples qui sont susceptibles de stimuler, pense-t-on, l'effet bénéfique du vent, c'est-à-dire la circulation de l'air : l'éventail dans la sphère privée, les arbres dans le voisinage des marais, les moulins à vent à rotation horizontale placés sur des traineaux, les véhicules de toute sortes sortes à l'intérieur des villes, l'ébranlement de l'atmosphère par les cloches, les explosions par le canon, l'effet des voiles sur les navires... Dans les lazarets, les marchandises suspectées de transmettre la peste étaient ventilées.

L'architecture des Lumières est obsédée par le besoin de faire circuler l'air et par le souci d'établir des courants d'air ascendants. La ville saine ne doit pas être entourée de murailles, car celles-ci gêneraient ce moyen de purification. Les rues se doivent d'être larges, les places, vastes, afin de favoriser la circulation des vents. Dans la même perspective, il convient que les édifices soient distants les uns des autres ; et l'hôpital est conçu comme une "île dans l'air". [5] »

Il importe de revenir sur cette histoire car elle fut vaincue en Occident. Une fois la révolution pasteurienne rendue victorieuse par le mouvement hygiéniste [6], la quête des germes de chaque maladie lancée, dans les années suivantes les médecins ne veulent plus rien savoir des maladies qui se transmettent par aérosol, de craindre de voir les miasmes revenir. Les vainqueurs sont toujours ingrats.

Quand la tuberculose au début du XXe siècle frappe et se répand par aérosol, ils vont refuser de reconnaître sa transmission par de fines particules aérosols qui se logent dans les poumons et infectent durablement les personnes. Ils inventeront un compromis, l'idée que la transmission de la tuberculose passe par l'inhalation de fines poussières provenant de postillons séchés projetés à la suite d'un éternuement ou de la toux. Ce sont l'équivalent des fameuses gouttelettes dont avec le covid on entend tant parler !

Un médecin allemand, Carl Flugge (inspiré par Von Pettenkoffer sans doute) va chercher au contraire à démontrer l'existence et l'efficience de transmissions par des respirations et expirations fraîches, directes et non séchées (les particules aérosols d'aujourd'hui). Ses découvertes sont peu suivies. L'institution médicale craint que rouvrir cette hypothèse amène à postuler de nouveau que les maladies passent par des particules putrides et par les miasmes. Les savoirs populaires ne l'ignorent pourtant pas. Il y a des écoles qui choisissent et défendent l'enseignement en plein air pour réduire la contagion.Il y a une infirmière géniale, Florence Nightingale [7], qui n'ignore pas la centralité de la ventilation et place les malades en plein air pour qu'ils discutent et guérissent sans risques. Il y a le médecin chinois Wu Lien-Teh qui découvre face à une épidémie de pneumonie en 1910 en Chine que la contagion passe par voie aérienne et que les masques sont efficaces (première fois qu'ils sont utilisés massivement, cf. [8]).

Une victoire américaine

En Chine et dans plusieurs pays d'Asie, la contagiosité aérosol, notamment de la grippe, du SRAS et du COVID est d'ailleurs bien plus reconnue depuis 1911. C'est parmi d'autres le chercheur Yuguo Li qui insiste sur la transmission aérosol des coronavirus, pour l'Amoy Garden de 2003 et bien d'autres cas. Cependant, là-bas comme aussi, ceux qui sont aux commandes restent du côté du désinfectant. Ils privilégient le confinement strict, la démonstration de force que l'hygiénisme permet et brandisse encore et toujours la possibilité d'éradiquer tous les mauvais germes viraux. La direction américaine de la santé est dans la même ligne, même si les moyens diffèrent.

Le chef américain de la Santé dans la ville de Providence, Charles Chapin, (qui deviendra un des fondateurs du CDC américain, centre pour le contrôle et la prévention des maladies que dirige aujourd'hui Anthony Fauci) publie en 1910 un ouvrage qui fait encore autorité : « les sources et les modalités de l'infection ». Il y défend l'idée que la contagion n'a lieu qu'en cas de contact rapproché avec des fluides corporels et des postillons. Il affirme que se préoccuper de la circulation de pathogène par l'air empêche de se concentrer sur ce qui importe le plus : la contagion par contact rapproché.

Pour mieux défendre sa thèse, il va réduire aux gouttelettes les expérimentations de Carl Flugge. Dans les laboratoires de ce dernier, ils avaient rassembler dans une même pièce des chanteurs d'opéra, des fêtards enrhumés et criards, tout en disposant alentour à différentes distances des plaques d'Agar destinées à la culture bactérienne. Après 5H de festivités et de productions actives d'aérosol, Flugge et son équipe retiraient les plaques pour montrer que des gouttelettes, des postillons, des fines particules aérosols s'y étaient déposées. Ils réitéraient ensuite l'expérience montrant que la ventilation jouait un rôle, laissant dans ce cas peu de choses atterrir sur les plaques d'Agar. Ces expériences portaient sur différentes maladies, et chacune avait ses spécificités, ces aérosols bien à elles indiquant qu'il ne fallait généraliser le comportement des particules aériennes à toutes les maladies sans les étudier chaque fois singulièrement et selon les contextes.

Charles Chappin du CDC va procéder autrement. Lui et d'autres vont réduire les découvertes de Flugge à la notion de larges postillons. Seuls les postillons liquides compteraient, dans le cas de la tuberculose notamment, et donc selon Chappin et sa science causale pour toutes les maladies respiratoires. Il suffisait ensuite d'affirmer que les larges postillons liquides tombaient rapidement sur le sol, à 1 ou 2m grand maximum, et donc que la contamination à plus grande distance n'était pas possible. Charles Chappin et tout un pan de la médecine à sa suite va affirmer l'idée que la contagion n'a lieu qu'en cas de contact rapproché avec des fluides corporels et des postillons. Il va affirmer que se préoccuper de la circulation de pathogène par l'air empêche de se concentrer sur ce qui importe le plus : la contagion par contact rapproché. En conséquence, la tuberculose et d'autres maladies continuent tranquillement de frapper, la santé publique parle de contact rapproché mais rien n'est fait quand à la qualité de l'air et l'aération.

Dans les années 1930, les américains William et Mildred Wells se lancent dans des recherches face à l'impact de la tuberculose et repartent là encore de Flugge. Ils vont distinguer les postillons de tailles larges qui tombent plus vite qu'ils ne s'évaporent (les crachats, les gouttelettes), des particules plus petites et plus fines qui s'évaporent plus vite qu'elles ne se posent sur une surface mais restent dans l'air de plus longues périodes de temps. Les Wells n'ignorent pas que parler de contagion aérosol fait craindre le retour de la théorie des miasmes à ceux qui dirigent la médecine. Ils se montrent donc prudents et mobilisent cette distinction entre grandes gouttelettes et aérosols pour faire accepter leurs recherches. Leurs travaux vont d'ailleurs rester dans l'ombre, y compris pour Alexander Langmuir qui à la suite de Charles Chapin dirige le CDC américain en 1949 et va créer par la suite l'Epidemic Intelligence Service.

Langmuir comme Chapin privilégient les postillons, le contact rapproché, les hommes d'importance comme eux s'en tiennent à cette théorie, qui a l'avantage de designer un moyen clair, des porteurs à identifier et de bénéficier de toute l'histoire de l'hygiénisme victorieux depuis Pasteur et Koch. Pourtant, en 1949, les appareils photographiques s'améliorent et ils sont capables de faire apparaître sur une photographie les fines particules aérosols expirées par un individu. L'instrument a toutefois des limites, il ne les rend visible qu'à un ou deux mètres maximum de la personne…

Autre mesure familière, les expériences de Flugge montraient que seules les particules aérosols les plus fines descendaient dans les poumons et que des seules des particules d'une certaine taille (entre 20 et 60 microns) transportaient les bacilles de la tuberculose. Des aérosols de tuberculose artificiellement créés de plus de 40 microns ne parvenaient pas, par exemple, à infecter des animaux. Sans évoquer tout ce parcours ici, disons que Langmuir en déduira par la suite que seules les particules de 5 microns se déposent dans les poumons, sur la base de son interprétation à lui, sans plus de justifications et à partir de l'étude de la tuberculose seulement (comme si elle valait pour toutes les maladies respiratoires).

Certains liront encore le travaux de William et Mildred Wells, et à l'hôpital de Baltimore Richard Riley en 1956 place des personnes atteintes de tuberculose dans une pièce pour qu'elles y parlent sans masques. Un tuyau remonte l'air qu'elles expirent dans une autre pièce qui héberge des hamsters, chacun dans leur cage. Si les personnes dans la première pièce sont malades, les hamsters attrapent à leur tour la tuberculose, sans contact aucuns. Le virus se déplace dans l'air, cette expérience l'atteste.

Langster Langmuir et l'intelligence épidémique américaine le reconnaitront mais garderont en vérité un rapport ambigu aux travaux des Wells, prouvé par Riley. Langmuir maintiendra publiquement que seules la transmission par contact rapproché compte, et relancera en parallèle les recherches sur les aérosols. Dans les années 1950, pendant la guerre de Corée et les débuts de la guerre froide, les forces américaines craignent les armes chimiques et biologiques. La prise en compte des aérosols n'existera que pour l'armée et la guerre bien réelle.

Les courants d'air contre le monde clos

En somme, il est prouvé depuis longtemps que des virus passent par l'air, mais le gouvernement français et beaucoup d'autres abandonnent le port du masque sans n'avoir rien changé. Les deux mètres de distance viennent d'un vieil appareil photo, la distinction gouttelettes et particules de l'obsession des dirigeants du CDC américain pour l'identification d'un vecteur de transmission qui ne soit publiquement pas l'air. Ceux qui gouvernent n'ignorent probablement jamais tout à fait la transmission aérosol, ils l'utilisent militairement, mais n'en font pas une politique de santé publique. On peut supposer à cela plusieurs raisons.

En France, si la qualité de l'air était mesurée dans les écoles, dans les lieux de travail, on s'apercevrait sans doute (quand il est possible d'ouvrir les fenêtres) qu'elle est déplorable, que certaines particules y dominent toutes les autres. Il faudrait tout changer. Insister sur le lavage des mains, sur la désinfection, a ceci de pratique que cela donne un geste, une discipline, et que c'est facile à ordonner quand bien même contre le Covid c'est inefficace (se laver les mains reste bien sûr utile contre d'autres maladies). En outre, tout centrer sur le lavage de main, sur le pass vaccinal, cela prolonge la stratégie d'individualisation des responsabilités. En ne favorisant pas les courants d'air, la rénovation des écoles et des bâtiments publics, le gouvernement continue de faire peser la circulation du virus sur les gestes individuels, sur la responsabilité de chacun sans rien changer des logiques plus larges qui fabriquent et reproduisent les pandémies.

Dans la droite ligne de cette politique, ce 14 mars, il n'est pas décidé d'ouvrir les fenêtres, de multiplier les espaces de fêtes en plein air, d'enseigner dehors, seules les terrasses des bars seront peut-être étendues. Au fond, on oublie comme se prétendant sans cesse ouvert ce monde est clos. Dans l'architecture contemporaine des villes, les façades sont toutes de verre mais aucunes ne s'ouvrent. La transparence présente les choses comme accessibles tout en les préservant. Une façade transparente prétend laisser passer pour mieux contrôler les mouvements et les frontières d'une ville.

Plus c'est contemporain, plus c'est en verre et moins ça s'ouvre.

D'ailleurs, si la plupart des bâtiments contemporains ne s'ouvrent jamais, c'est le plus souvent pour empêcher toute tentative de suicide, dans un grand nombre de bâtiments publics, d'EHPAD et d'universités. L'intérieur des bâtiments est climatisé, ventilé par des VMC à double-flux qui dysfonctionnent la plupart du temps ( surtout si des habitants ouvrent une quelconque fenêtre). N'importe quel architecte vous apprendra comme il est impossible de faire construire un bâtiment qui n'adopte pas les nouvelles normes de ventilation en la matière, et qui s'inspireraient par exemple de la ventilation naturelle des constructions plus anciennes plutôt que des technologies de pointe.

De plus, les tours de bureaux ne s'isolent par pour rien de la rue, de même que les espaces payants ne s'ouvrent pas aux quatre vents pour marquer les distinctions entre ceux qui ont le droit d'y être et les autres. La ville serait ingérable si les courants d'air comme les gens entraient et sortaient de partout. Et qu'on ne s'y trompe pas. On pourrait imaginer pour la forme un monde où les détecteurs de CO2 sont partout, l'air constamment mesuré et purifié, dans l'extension de certains obligations d'installations de ces capteurs en Belgique notamment. En vérité, particulièrement en France, cela n'est pas prêt d'arriver, cela coûterait trop cher, révélerait la misère de l'air dans trop de bâtiments.

La mesure du C02 n'indique que le non-renouvellement de l'air, l'absence de courants d'air, cela ne dit rien de la présence ou non des particules virales mais réduit le risque qu'elles se maintiennent et infectent. L'enjeu c'est l'air qui entoure, les infrastructures dont on dépend, les milieux qu'on habite, pas la quête des superspreaders ou des porteurs de germes. Aborder ces questions par le milieu, par une perspective maximaliste en ceci qu'il s'agit de partager un espace où l'air n'est pas asphyxié, où les courants d'air persistent, déplacent complètement le cadrage de la « santé publique » telle qu'elle est mise en œuvre autour du covid. La politique vaccinale a également pris le contre-pied des courants d'air. Plutôt que de chercher à rendre les espaces habitables, vivables pour tous et toutes, elle vise à distribuer de force l'immunité de troupeau, quand bien même cette dernière n'existe pas. Typiquement, les vaccins existants (Piftzer et moderna notamment) réduisent la possibilité d'attraper le virus, mais ne la font disparaître et ne neutralisent pas le virus. Sans maintien des courants d'air, le virus ne peut que continuer de se répandre, tout en maintenant le pouvoir des entreprises pharmaceutiques.

C'est malheureusement cette logique qui domine ce 14 mars l'abandon du masque. Pas question de continuer de réduire les risques, d'ouvrir les fenêtres dans les EHPAD, de multiplier les jardins ouverts de nuits comme de jours, de dîner dans les rues, d'occuper les stades pour ne pas s'entasser dans des caves, de faire des concerts partout, d'ouvrir toutes les écoles, non, là où le gouvernement dit qu'il y a des vulnérables on garde le masque et ailleurs on abolit les courants d'air. C'est ce monde envisagé comme clos, toujours à rendre plus étanche, qu'il faudrait peut-être sérieusement trouer. On envisagera alors bien plus sereinement la diminution de la circulation virale. On se souviendra comme dernier exemple (puisque les aérosols concernent aussi les hamsters et tous les autres animaux) que l'élevage industriel, cette fabrique permanente à pandémies, prend l'exacte direction contraire en entassant par milliers les bêtes et interdisant toujours plus les élevages en plein air. Cela indique assez le sort fait aux courants d'air qui suffiraient pourtant à disperser, dans la plupart des situations, le covid-19.


Comité pour l'Extension des Courants d'Air (CECA), Montreuil.
courantsdair (at) riseup.net


[1] La discussion un lundi soir « pandémie, société de contrôle et complotisme » avait témoigné, à sa façon, de ces deux pôles : https://lundi.am/Covid-passe-sanitaire-et-controle-social

[3] cf. François DELAPORTE. Le savoir de la maladie : essai sur le choléra de 1832 à Paris, Bibl. d'Histoire des Sciences, P.U.F., Paris, 1990, 195p.

[4] cf. Georges A. Soper, leçon d'une pandémie, Allia, 2020.

[5] Alain Corbin, la rafale et le zéphyr, 2020.

[6] Sur cet aspect, quoiqu'on pense de ses autres travaux l'étude de Bruno Latour sur le mariage des circonstances entre Pasteur et les hygiénistes reste très éclairante : Bruno Latour, Pasteur : guerre et paix des microbes, La découverte, 1984.

Solidarité avec Libre Flot, rassemblement 21 mars à Montreuil

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rendez vous 18h lundi 21mars à Croix-de-chavaux pour se rassembler et crier notre rage contre l'administration pénitentiaire, ainsi que refléchir à comment continuer à se solidariser de notre compagnon.

Il y a plus d'un an, le 8 décembre 2020, des unités spéciales épaulées par le service de renseignement DGSI effectuèrent des perquisitions à quatre endroits différents de l'Hexagone. Sept personnes sont mises en examens, dont cinq seront envoyées en préventive. Lors des perquisitions, la police aurait mis la main sur quelques fusils de chasse et différents produits étayant leur hypothèse de projet à visée« terroriste ». Plusieurs des interpellées firent l'objet de longues périodes de surveillance intense. Bricolant des éléments épars issus de cette surveillance (comme des bribes de conversation enregistrées par des micros cachés ou des observations de séances d'entraînement avec des répliques d'airsoft), l'État cherche désormais à leur faire un procès pour « association de malfaiteurs à visée terroriste », même si aucune attaque ni sabotage ne leur est reproché. Parmi les inculpées, au moins, une personne, « Libre Flot », s'est rendue en Syrie, à l'instar d'autres anarchistes, révolutionnaires, communistes et internationalistes, pour combattre aux côtés des Kurdes contre l'État Islamique.
Au fur et à mesure six inculpées ont été libérées sous contrôle judiciaire, mais Libre Flot est toujours incarcéré en attendant l'ouverture du procès, dont aucune date n'a été fixée. Il se trouve à la prison du Bois d'Arcy sous un régime strict d'isolement. A deux reprises (en mars et en juin 2021) il a fait sortir des lettres pour décrire et dénoncer ce régime carcéral particulièrement destructeur auquel il est soumis. Après le rejet d'une demande de mise en liberté, Libre Flot annonce par voie d'une nouvelle lettre entamer dès le 27 février une grève de la faim pour réclamer sa mise en liberté immédiate.

Nous sommes solidaires des revendications de sa lettre, des idées qu'il exprime au regard de ce dont il est accusé.
Nous voulons un monde sans flics, sans fric, sans prison, sans frontières, et pour cela, il faudra détruire les infrastructures qui le supporte et pointer les responsabilités des individus le faisant fonctionner.

Liberté pour Libre Flot, liberté pour toutes et tous !

Crève la taule et le monde qui en a besoin !

Rendez vous 18h lundi 21mars à Croix-de-chavaux pour se rassembler et crier notre rage contre l'administration pénitentiaire, ainsi que refléchir à comment continuer à se solidariser de notre compagnon.

<style type="text/css"> .balise-article-modele article { padding-top: 0.5rem; padding-right: 0.5rem; background-color: #f6f6f6; border-width: 2px 0px 2px 0px; border-style: solid; border-color: #a30006; margin-bottom: 1rem; } .balise-article-modele a { display: inline-block; text-decoration: none !important; } .balise-article-modele h4 { display: inline; margin: 0; font-size: 1.1rem; line-height: 1.6rem; font-weight: 400; color:#a30006; } .balise-article-modele h4 span { color: #696969; } .balise-article-modele p { font-size: 0.889rem; line-height: 1.5rem; margin-top: 0.4rem; color:black; } .balise-article-modele time { font-size: .8rem; color: #696969; font-style: normal; }

Pour en savoir plus et avoir les dernières nouvelles
https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/