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Manifestation de soutien aux squats de la rue Bara : lundi 23 octobre à Montreuil. Pas d'expulsion avant la trêve !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Nous sommes 40 habitants à vivre ici, des femmes et des hommes, de tous âges. Certains ici sont âgés et ont des problèmes de santé, certaines femmes qui vivent avec nous sont également gravement malades. Nous sommes tous originaires d'Afrique de l'Ouest (Sénégal, Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Côte d'Ivoire). Nous sommes tous passés par la Libye. Nous avons connu les violences du parcours migratoire (viols, tortures, maltraitances).

Squat 10 rue bara

Nous sommes 40 habitants à vivre ici, des femmes et des hommes, de tous âges. Certains ici sont âgés et ont des problèmes de santé, certaines femmes qui vivent avec nous sont également gravement malades. Nous sommes tous originaires d'Afrique de l'Ouest (Sénégal, Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Côte d'Ivoire). Nous sommes tous passés par la Libye. Nous avons connu les violences du parcours migratoire (viols, tortures, maltraitances). Aujourd'hui nous sommes ici pour vivre, travailler comme tout le monde et nous en sortir. Si nous vivons ici, dans ce squat, c'est que nous n'avons pas le choix. Nous sommes sans papiers, sans droit, nous n'avons pas d'autres moyens de trouver un toit où dormir.

Cette expulsion intervient en pleine inflation, alors que l'accès aux logements d'urgence n'a jamais été aussi difficile.

Le bâtiment que nous occupons est vide depuis 2013. C'est un lieu privé, inoccupé, sans aucun projet prévu. Si le squat est expulsé, le bâtiment sera vide à nouveau et inoccupé. Nous avons essayé de trouver d'autres
solutions de logement en faisant des demandes officielles avec le soutien d'associations de Montreuil qui n'ont pour le moment pas abouti.

Nous sommes déterminés tous ensemble à lutter pour que chacun de nous obtienne un logement. Certains d'entre nous vivent à Montreuil depuis plus de 20 ans, et ont déjà connu plusieurs expulsions, dont l'expulsion du Foyer Bara.

Nous avons ici nos familles et nos amis, dans le quartier et dans les différents foyers de Montreuil. Nous participons à la vie de ce quartier et nous sommes en lien avec des associations locales. Nous vivons ici depuis longtemps, nous aimons Montreuil, nous sommes attachés à cette ville et à ce quartier. Nous demandons aux autorités de ne pas expulser notre lieu de vie, situé au 10 rue Bara à Montreuil.

Nous demandons à nos voisins et aux habitants du quartier de nous soutenir et de manifester leur solidarité. Nous demandons aussi la régularisation de toutes les personnes sans papiers qui vivent avec nous, pour que nous puissions vivre décemment.

Mobilisons-nous, ensemble, pour empêcher cette expulsion ! On compte sur votre solidarité. Parlez-en autour de vous, n'hésitez pas à contacter nos élus et à leur manifester votre indignation par courrier, mail ou messages sur les réseaux sociaux.

Venez nous rencontrer et discuter avec nous !

[(Notre squat risque d'être expulsé à la veille de la trêve hivernale

Interpellez vos elus !
La mairie doit intervenir auprès de la préfecture pour demander le report de l'expulsion pour raison humanitaire

olivier.stern@montreuil.fr ; patrice.bessac@montreuil.fr ; dominique.attia@montreuil.fr ; mohamed.abdoulbaki@montreuil.fr ; stephan.beltran@montreuil.fr ; gautier.demolliere@montreuil.fr

Suivez nous sur Facebook : @expulsiondu10ruebara
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Manifestation de soutien lundi 23 septembre a 16h Mairie de Montreuil

Tract (pdf)

Florilège des révoltes suite à l'assassinat de Nahel 

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Pour tou-tes les Nahel, celles et ceux qui crèvent, à petit feu ou brutalement, aux mains des flics, aux frontières, dans les taules, les CRA, les HP, partout où l'État et le capitalisme nous imposent leurs hiérarchies nauséabondes... que vive l'émeute !

 

 Téléchargez le pdf : Florilège des révoltes suite à l'assassinat de Nahel 

Suite à l'exécution de Nahel par les flics lors d'un contrôle routier le 27 juin 2023, des révoltes ont embrasé les nuits de la France entière. Ce qu'il s'est passé, les traces que ces quelques nuit sont laissées, sont inoubliables pour chacun-e les ayant vécues. Pour que l'on puisse transmettre ces histoires, ces ressentis, il faut y mettre des mots, faire des récits. C'est grâce à de multiples textes, initiatives, auxquels cette chronologie prétend modestement participer, que l'ont peut arracher au récit du pouvoir ces actes révoltés, et en tirer nos propres bilans dans l'espoir que ça recommence et que la prochaine fois ça aille plus loin dans la remise en cause de ce monde de domination.

Quand il se passe ce que j'ai l'impression d'avoir attendu depuis toujours - pas juste les bras croisés dans une attente passive, mais ce pourquoi je me bouge à peu près quotidiennement dans l'espoir de rencontrer des complices qui partagent ma rage, ce pourquoi je tente de faire des trucs qui pourraient résonner dans le cœur d'inconnu‑es- je me sens partie prenante de la révolte, à la première personne, et j'ai envie d'y porter mes rêves de liberté. C'est pour ça que je suis descendue dans la rue qui grondait sous mes fenêtres, et même si je suis a priori pas la plus représentative des émeutièr-es, j'ai envie de participer à faire vivre ces émeutes et m'en nourrir.

Je n'ai pas la prétention de deviner les pourquoi de chacun-e mais de ce que j'ai vu autour de moi et de ce qui ressort de cette chrono (bien que tirée de la presse et forcément pas exhaustive), les actes qui ont été posés me semblent compatibles avec ce qui me met en mouvement. Ça veut pas dire qu'on vit tou-tes la même chose, qu'on subit tou-tes ce monde de la même manière, que tout est homogène dans les vécus qui nous mettent en branle ni dans ce à quoi on aspire. Je ne veux pas tout lisser, nier que des conflits ont aussi existé pendant ces heures libérées des flics et de la normalité marchande, ou parler à la place d'autres, j'ai juste l'espoir qu'en mettant des mots sur ce qui me fait vibrer d'autres émeutier-es ou potentiel-les s'y reconnaissent.

Ça me semble important de continuer à parler de ces émeutes sans se poser en extériorité sous prétexte qu'elles ont été majoritairement portées par des jeunes hommes de cités qui subissent le racisme. Ce qui m'importe ce n'est pas les identités sociales des insurgé-es mais leurs raisons, pas le qui mais le pourquoi. Par exemple qu'on ait ou pas subi personnellement la violence de la police (ce qui arrive malheureusement à plein de gens pour peu qu'on traîne dans la rue et/ou qu'on fasse des trucs illégaux), j'ose penser qu'on se révolte pas seulement contre nos conditions personnelles, mais aussi contre celles que subissent celles et ceux qui nous entourent, même quand nous-mêmes en sommes épargné-es. C'est la seule manière pour moi d'espérer une révolution, car finalement on a à peu près tou-tes un privilège à conserver dans ce monde autoritaire, il y a toujours plus bas que soi sur une des échelles.

Ce qui me saute aux yeux, durant ces quelques nuits destructrices, c'est que dans leur grande majorité les cibles représentent clairement le pouvoir de l'État, même celles moins consensuelles qui en sont les cautions humanistes comme les médiathèques, maisons de quartier ou autre salle des fêtes. Et qu'au‑delà de la symbolique, les attaques ont entravé concrètement la normalité de l'exercice de l'autorité et du capitalisme. On a connu le bonheur éphémère de pouvoir se promener dans des rues libérées de la menace des flics, trop occupés à défendre leurs personnes et leurs comicos massivement pris pour cible.

Les caméras ont été coupées à plein d'endroits, des quartiers entiers plongés dans le noir, jusqu'à des centres de supervision urbains cramés.

Le concept des soldes de cet été n'a pu que donner de l'air à tou-tes celles et ceux, toujours plus nombreux.ses, qui galèrent à boucler les fins de mois, avec nombre de supermarchés en libre service la nuit.

Plein de mairies ont été attaquées, et parfois les moyens de nous ficher entravés : états civils détruits, titres d'identité volés...

Beaucoup de bus et tramways ont été mis hors d'état de fonctionner, même si finalement lors de ces quelques jours c'est plus le dodo qui a été bouleversé que le métro-boulot.

Les vacances d'été ont commencé plus tôt pour certain-es élèves dont les écoles ont été contraintes de fermer ou des bachelier-es dont le centre d'examen a été réduit en fumée.

Des metteurs au travail de force ont aussi dû laisser un peu de répit à leurs victimes, comme Pôle emploi, la Missions locale, ou d'autres assos d'insertion qui ont été très ciblées.

On a pu imaginer que le slogan « Justice pour Nahel » n'était pas entendu par tou-tes de la même manière, avec une remise en cause plutôt claire de l'institution judiciaire concrètement mise à mal par des attaques de tribunaux, de maisons du droit et de la justice, de services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP), de locaux de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Jusqu'aux forteresses de la répression elles-mêmes qui ont été prises pour cibles, on parle d'au moins trois prisons visées dont l'attaque mémorable de la maison d'arrêt de Fresnes.

A chaque fois, l'acte a son sens par lui-même et par ses conséquences. Combien de caméras sont encore trois mois plus tard hors d'usage, combien de personnes ont pu esquiver leurs rendez-vous dans des administrations de flicage voire même leurs contrôles judiciaires, combien de flics se sont mis en arrêt, combien de gens ont pu se prendre quelques jours de repos, faute de transport, ou se faire un peu plus plaisir grâce aux marchandises devenues gratuites... ?

De quoi se réjouir donc, mais sans oublier la réaction, rapide, brutale, de l'État. Malheureusement on ne peut pas dire que c'est du jamais vu car ça réagit de façon similaire chaque fois que l'ordre des choses est menacé. Mais la violence de la répression qui s'est abattue dans la foulée des émeutes est venue confirmer pourquoi on avait envie de tout détruire en premier lieu. Dans les chambres de comparutions immédiates, la justice a intensifié son travail habituel en envoyant à tour de bras des centaines d'émeutier-es présumé‑es, en extrême majorité pauvres et racisé-es, dans les geôles déjà surpeuplées. Les parents ont été menacés d'être condamné-es pour les enfants. Des couvre-feux ont été instaurés dans plusieurs villes. Dans les rues, des drones et des équipes d'élite telles que le Raid ont été déployées, avec des équipements de ouf genre véhicules blindés ou encore des munitions dites « bean-bags » qui ont plongé une personne dans le coma. Une autre est morte à Marseille tuée par un tir de flash-ball, sans dénombrer toutes celles qui ont été mutilées. Il n'y a même pas eu besoin de mettre en place l'état d'urgence vu que c'est une coquille vide depuis que tout a été passé dans le droit commun en 2016.

Le retour de bâton immédiat est sûrement l'une des explications de comment un mouvement, inédit en france par son intensité et son ampleur géographique, est retombé aussi vite qu'il était monté, nous laissant sur notre faim et se demandant parfois si on n'a pas rêvé tout ça, même si heureusement il reste encore des traces concrètes du passage de la colère : impacts de feu sur les routes, commerces fermés, caméras éteintes,... et nos souvenirs ardents bien-sûr.


Pour tou-tes les Nahel, celles et ceux qui crèvent, à petit feu ou brutalement, aux mains des flics, aux frontières, dans les taules,les CRA, les HP, partout où l'État et le capitalisme nous imposent leurs hiérarchies nauséabondes... que vive l'émeute !

[J'ai repris des articles publiés sur le site internet sansnom.noblogs.org tels quels, sauf que j'ai enlevé tout ce qui concernait les appels au calme qui sont venus d'un peu partout. C'est intéressant d'analyser comment, en plus de la répression étatique et du battage médiatique d'extrême-droite, des discours plus de gauche et « compréhensifs » ont tenter d'isoler les révolté-es et de délégitimer la violence. Cependant ce n'est pas le sujet de cette brochure qui propose plutôt un focus sur les actes en eux-mêmes.]

Halte au massacre à Gaza

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rassemblement dimanche 22 octobre à 15h place de la République à Paris pour l'arrêt immédiat des opérations militaires contre la Bande de Gaza. Appel du Collectif National pour une Paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.

Halte au massacre à Gaza ! La France doit demander un cessez-le-feu immédiat

Nous exigeons l'arrêt immédiat des opérations militaires contre la Bande de Gaza. L'offensive menée par l'État d'Israël contre la population de la Bande de Gaza, ses habitations, ses infrastructures est d'une violence sans précédent.

Nous condamnons les crimes de guerre commis par des commandos du Hamas contre des civils israéliens, crimes qui ont coûté la vie à plus de 1400 personnes dont des centaines de femmes et d'enfants. Comme tout peuple opprimé, le peuple palestinien a le droit de résister, mais rien ne peut justifier de tels actes.

Ces crimes ne peuvent en aucun cas justifier qu'Israël commette d'autres crimes de guerre avec l'aval de ses alliés. Chaque victime civile israélienne comme palestinienne est à déplorer. Chaque vie compte autant qu'une autre à nos yeux. Nous exigeons la libération immédiate de tous les civils pris en otage.

Des quartiers entiers de la Bande de Gaza ont été rasés, des écoles, des universités, des hôpitaux détruits. On compte ce 18 octobre, 3 478 personnes tuées dont 853 enfants et 6 journalistes, dont des centaines de morts dans le bombardement de l'hôpital Al-Ahli de Gaza, 12 500 blessés, et des centaines de milliers de personnes déplacées qui se trouvent sans abri. Du fait d'un siège inhumain, l'eau, l'électricité et la nourriture manquent cruellement. Déjà durement touchée, la population de la Bande de Gaza est au bord d'une catastrophe humanitaire majeure. Ce sont des crimes de guerre et qui visent aujourd'hui les hommes, les femmes et les enfants de la Bande de Gaza, au nombre de 2,2 millions.

Nous demandons d'urgence au président de la République de cesser son soutien inconditionnel à la politique israélienne. La France devrait porter la voix de la paix. La France doit demander la levée immédiate du siège inhumain imposé à la population de Gaza, et l'annulation de l'ordre d'évacuation de la moitié du territoire de la Bande de Gaza. Au-delà de la catastrophe humanitaire que nous dénonçons, rien ne peut justifier la destruction massive des infrastructures civiles qu'impliquerait une telle opération.

Nous exigeons l'arrêt des opérations militaires contre la Bande de Gaza, dont les populations civiles sont et seront les principales victimes, dans le cadre d'un cessez-le feu total et immédiat.

Depuis des dizaines d'années la communauté internationale est restée passive sans faire appliquer le droit international devant les dénis des droits du peuple palestinien : occupation sans fin et colonisation de la Cisjordanie y compris Jérusalem-Est, blocus destructeur et inhumain de la Bande de Gaza depuis 16 ans...

Une paix juste et durable ne sera possible que dans le cadre de la reconnaissance des droits du peuple palestinien.

Source : l'AMI

Cortège : appel à participer aux manifestations contre le génocide en cours à Gaza

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Pour un cortège féministe décolonial anti-raciste contre l'islamophobie et l'antisémitisme.

extrait d'un texte à paraitre bientôt

À l'heure où nous parlons, une vie palestinienne est fauchée toutes les 5 minutes sous les bombes de Tsahal dans Gaza assiégée, assoiffée et affamée. L'État arme des colons de Cisjordanie en masse.

Nous n'avons pas d'autre choix que de crier à plein poumons : fin des bombardements !

Chaque minute compte, chaque voix compte. Nous appelons toute personne qui le peut à se rendre dans les manifestations et à interpeller ses députéEs pour que cesse le soutien européen et américain à l'apartheid en Israël et au génocide en cours.

Nous féministes, nous pleurons toutes les vies d'un massacre : les vies palestiniennes et israéliennes. Il faut nous tenir aux côtés de toutes celles et ceux qui résistent, derrière les lignes de front qui nous séparent, en Palestine-Israël.

Ne faisons pas d'amalgames.

La société palestinienne est composée de multiples résistances qui ne peuvent être réduites au Hamas. Tsahal ne protège personne à part l'État d'Israël. La cruauté des combattants du Hamas contre les habitantEs d'Israël, et surtout le corps des femmes, constitue aussi un avertissement du degré de violence qu'ils sont prêts à employer pour garder le contrôle de leur territoire. Si pour la société israélienne et dans les médias, le Hamas = la société civile palestinienne, au point de légitimer les crimes de guerre à Gaza, c'est parce que le gouvernement israélien l'a construit comme seul interlocuteur palestinien, étouffant les alternatives progressistes, les mouvements populaires et toute vie palestinienne sous un apartheid raciste.

Depuis 75 ans le terme de paix n'a pas désigné autre chose que l'absence de violence pour les IsraélienEs, tandis qu'avait cours le nettoyage ethnique des PalestinienNEs.
L'État d'Israël, tout en abandonnant les proches des victimes et les habitantEs kidnappéEs le 7 octobre à leur sort, n'hésite pas à instrumentaliser leur deuil, et le trauma des populations juives aux mémoires familiales dévastées par les pogroms ou la Shoah. Il exploite la peur pour s'auto-désigner défenseur du peuple juif, tout en précarisant l'existence de millions de juifVEs dans le monde. Il maquille ses crimes de guerre en acte de légitime défense.

Le gouvernement israélien veut faire taire les contestations portées par des millions de manifestantEs en Israël, des grévistes palestinienNEs, et des milliers de femmes israéliennes et palestiniennes qui ont marché ensemble pour la paix quelques jours avant les massacres. La lutte des PalestinienNEs est réécrite dans les médias occidentaux comme une guerre de civilisation, et via la figure islamophobe du musulman antisémite prêt à attaquer l'Occident.

Les mots terrorisme, barbarie, et traîtres pour désigner les IsraélienNEs décoloniauxALES, dessinent les camps. Ces discours qui attisent les haines et la détresse poussent à l'extrême la logique capitaliste de mutualisation des pertes et de privatisation des gains dans cette extraordinaire occasion de faire des profits : la guerre.

Israël construit l'ennemi de l'extérieur palestinien, et de même, la France pointe l'arabe de banlieue en ennemi de l'intérieur qui constitue l'exutoire raciste du conflit de classe, et le point nécessaire à la poursuite du déni colonial.

Face à des logiques génocidaires partout dans le monde : dans le Haut Karabakh, au Kurdistan, en Palestine, en Ukraine, en Chine, et à l'extermination des peuples révolutionnaires en lutte en Syrie comme en Iran, nous refusons les simplifications racistes et antisémites, les raccourcis émotionnels fascistes.

Nous luttons auprès des palestinienNEs, de nos camarades musulmanEs ou arabes en France, de nos camarades IsraélienNEs décoloniauxALES. Nous entendons le désarroi de nos adelphes juifVEs. Nous devons nous jeter ensemble dans l'action collective et peser de tout notre poids sur le gouvernement français et l'Union Européenne pour faire cesser les bombardements génocidaires. Contre la criminalisation de nos luttes par le camp réactionnaire.

Nous n'avons qu'une solution : récupérons la rue ! Marcher c'est inviter la rue à se joindre à nous. Restons ensemble, avec empathie, rage, et joie ! Ne désertons pas ce qui nous concerne !

Assemblée Féministe Transnationale
@assfemtransnat

NB :
Le sionisme de gauche est un courant très présent en Israël comme en France.
< Hanna Assouline, militante des Guerrières de La Paix

« Agua para la gente, no para las empresas » - À propos de la crise de l'eau en Uruguay

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Cet article a été écrit pour partager avec différentes parties d'Europe ce qui est en train de se passer sur le territoire appelé Uruguay (nom imposé par la colonisation), où il y a en ce moment la plus grande crise de l'eau que le pays ait jamais connu. Et comme il n'y a pas beaucoup d'infos qui sont arrivées jusqu'ici, on voulait essayer d'expliquer les raisons de cette crise et raconter quelles ont été les réactions des gens par là-bas. Dans un contexte global de changement climatique, de saccage de la planète et d'exploitation des personnes les plus pauvres par des entreprises et les états, il nous semble important de créer des ponts pour que se diffusent la rage et la solidarité.

Depuis le 26 avril 2023, il n'y a plus d'eau potable à Montevideo (capitale de l'Uruguay) et les villes alentours, c'est à dire une partie du département voisin de Canelones (ce qui représente une superficie de 60km d'est en ouest et 30km du nord au sud). Cette zone du pays reçoit de l'eau douce d'un fleuve appelé Santa Lucía, d'où l'entreprise publique OSE (Œuvres Sanitaires de l'État) extrait de l'eau pour approvisionner cette partie du pays, où vit la moitié de la population totale.

Mais depuis le 26 avril, l'eau qui sort des robinets n'est plus potable, donc les gens doivent acheter des bouteilles pour boire et cuisiner, et utiliser de l'eau polluée pour se laver, faire la vaisselle, laver le linge, etc.

Parce que depuis cette date, OSE a décidé d'augmenter les niveaux de salinité et de chlorure dans l'eau, pour affronter la baisse de niveau du fleuve Santa Lucia causé par une sécheresse qui dure depuis au moins 3 ans, où il n'a plu que 43 % de ce qu'il tombe habituellement. Donc pour pouvoir approvisionner la population, OSE (bien sûr par ordre de l'État) a commencé à laisser entrer de l'eau du fleuve de la Plata dans le bassin du Santa Lucía. Le fleuve de la Plata est un estuaire qui unit les fleuves Parana et Uruguay (qui constitue aussi une partie de la frontière entre l'Uruguay et l'Argentine), et débouche dans l'océan Altantique sud, c'est pour cela qu'il est salé : l'eau douce de ces deux fleuves s'y mélange avec l'eau salée de l'océan. En plus, depuis plusieurs années des cyanobactéries [1] (appelées algues vertes-bleues) se développent dans le fleuve, et y circulent aussi des déchets agrochimiques venant d'Argentine, du Paraguay et du Brésil. Y sont aussi déversées les eaux usées de Buenos Aires et Montevideo (capitales de l'Argentine et de l'Uruguay).

C'est-à-dire, énormément de merde… qui aujourd'hui se mélange avec l'eau douce du Santa Lucía et arrive au robinet de 1,5 à 1,75 million de personnes. En passant avant, bien sûr, par une station d'épuration qui ajoute à l'eau des trihalométanes. Ceux ci se développent quand on met du chlore dans l'eau pour la désinfecter, et ils y restent. C'est dangereux pour la santé, pour l'environnement et même cancérigène en cas d'exposition prolongée (en buvant l'eau, juste en se lavant ou respirant les vapeurs de l'eau). Ils peuvent créer des problèmes de peau et respiratoires, surtout chez les enfants et les bébés. Comme OSE a continué à utiliser l'eau du fleuve de la Plata pour approvisionner la population, les niveaux de trihalométanes et de chlorure ont continué à augmenter.

Non seulement l'État uruguayen a décidé que, pendant cette situation d'urgence, OSE utilise l'eau du fleuve de la Plata pour compenser la sécheresse du fleuve Santa Lucía, mais il a comme solution à long terme à la crise hydrique le projet "neptuno". Et qu'est-ce que c'est ? Cela consiste à faire construire, par un groupe d'entreprises privées, une station d'épuration et d'autres installations qui capteraient l'eau du fleuve de la Plata pour approvisionner la population métropolitaine. C'est-à-dire que, dans le futur, TOUTE l'eau « potable » reçue par la population dans cette partie du pays viendrait du fleuve de la Plata… Tout en connaissant le niveau de pollution de l'eau et en privatisant la gestion de l'eau « potable ».

Ce projet impliquerait aussi de désaliniser l'eau pour qu'elle soit potable, ce qui provoque après ce processus, qu'elle soit complètement déminéralisée et qu'il faille y ajouter des produits chimiques pour qu'elle ait les apports nécessaires en minéraux. Mais il faudrait aussi gérer tout ce sel qu'on lui enlève, ce qui est une gestion particulièrement compliquée. La majorité des états qui utilisent cette méthode jette à nouveau le sel dans la mer et détruisent encore un peu plus son écosystème.

« NO ES SEQUIA, ES SAQUEO »

C'est pas de la sécheresse, c'est du vol (slogan)

L'État prétend que la sécheresse est l'unique cause de cette crise hydrique, il se cache derrière les phénomènes climatiques et le manque d'eau dans la terre et les fleuves. Mais tout ça prend racine dans la manière qu'ont eu les gouvernements antérieurs et présent de gérer l'eau et les terres de cet endroit. Si effectivement il y a une sécheresse aujourd'hui, ça n'est pas nouveau, et ça ne veut pas non plus dire qu'avant de boire l'eau du fleuve de la Plata, les gens ne buvaient pas de l'eau polluée. De fait, cela fait plus de 10 ans que l'assemblée pour l'eau du fleuve Santa Lucía dénonce la destruction de la vallée causée par l'intensification de l'agriculture, l'utilisation d'OGM, les monocultures forestières, les eaux usées urbaines et industrielles déversées sans traitement et la modification de la trajectoire des cours d'eau…

Ce mauvais traitement du fleuve est ce que les gens et les mouvements sociaux appellent « saqueo » (saccage/vol). Parce qu'effectivement les entreprises locales et surtout étrangères, avec la complicité de l'état, extraient l'eau et capitalisent sur elle.
Par exemple avec la plantation forestière de masse dans certaines parties du pays qui a commencé dans les années 80 avec les monocultures d'eucalyptus et de pins. Ces arbres appauvrissent la terre qui devient sèche et imperméable parce qu'ils boivent énormément, ce qui impacte la quantité d'eau souterraine et superficielle.
Aujourd'hui par exemple, l'entreprise finlandaise UPM (qui a deux sites en Uruguay), utilise ces arbres pour faire de la pâte de cellulose et l'exporter en europe pour faire du papier. Son empreinte hydrique journalière est de 96 millions de personnes : c'est à dire qu'elle consomme autant d'eau que cette quantité de gens par jour, et gagne 240 millions de dollars par an.

C'est pareil pour les monocultures de riz. L'entreprise brésilienne SAMAN, qui a fait 18 millions de dollars de bénéfices en 2020, consomme chaque jour la même quantité d'eau que 14 millions de personnes. C'est encore plus flagrant avec le soja qui a été implanté en Uruguay ces dernières années et est devenu une des monocultures les plus importantes, surtout (et presque exclusivement) dédié à l'alimentation des troupeaux en europe. Par exemple l'entreprise UAG (Union Agriculture Group), dont le siège est dans les îles vierges britanniques, qui exploite le soja en Uruguay, a une empreinte hydrique de 23 millions de personnes par jour, et a gagné en 2022, 7,5 millions de dollars. Pour donner une idée l'Uruguay a 3,4 millions d'habitants au total.
Et bien sûr ces types de cultures utilisent des tonnes de produits chimiques qui polluent la terre et finissent dans les nappes phréatiques et les fleuves. Ainsi meurt la faune autochtone (particulièrement les poissons), des zones humides sont détruites, des cyanobactéries se développent par excès de phosphore, et les gens sont contaminés chaque jour un peu plus.
Une autre entreprise qui se fait beaucoup de thunes grâce à l'eau est Salus, qui appartient à l'entreprise française Danone. Avec la crise hydrique, elle a commencé à vendre énormément d'eau en bouteille. Aujourd'hui elle extrait chaque jour 3,8 millions de litres d'eau souterraine, et elle a gagné 53 millions de dollars en 2021.

Et toute cette eau est gratuite pour les entreprises, elles ne paient rien à l'état pour l'extraire et l'utiliser ou la vendre. Bien que la constitution définisse l'eau superficielle et souterraine comme publique depuis le référendum de 2004 : ce qui prouve une fois de plus que la démocratie et le vote sont vraiment inutiles… ! De plus en 2017, une loi sur « l'irrigation » a été votée, elle autorise quiconque à créer des retenues d'eau du fleuve et à la vendre. Rien que dans la vallée du Santa Lucía il y a 480 retenus d'eau privées qui empêchent la libre circulation de l'eau le long du fleuve. Quelle ironie…
Ce saccage fait partie d'un plan plus large d'exploitation des « ressources naturelles » pour faire du commerce avec l'europe. C'est le Plan IIRSA (signé en 2000) qui implique 12 pays en Amérique du sud. Son objectif est la création de tous les transports nécessaires pour acheminer des matériaux vers l'Europe. Par exemple, une ligne de train qui servira uniquement à UPM est en train d'être construite en Uruguay par un groupe d'entreprises appelé GVC [2] (Grupo Via Central).

« EL AGUA NO SE VIENDE, SE DEFIENDE »

L'eau ne se vend pas, elle se défend (slogan)

Le jour où le ministère de santé publique a permis l'augmentation des niveaux de chlorure les gens ont commencé à sortir dans les rues, ce 26 avril 2023. Pendant quasiment 2 semaines, il y a eu tous les jours, de façon auto-organisée, des manifestations et des assemblées sur des places. Après chaque marche, une assemblée se réunissait pour décider de ce qui allait se faire le jour suivant, en dehors de toute planification des partis ou des syndicats. Les gens ne sont pas juste allés à des manifestations, iels voulaient s'organiser par elleux-mêmes. Ensuite l'intensité de la mobilisation est redescendue, mais la lutte continue d'exister.

Depuis ce moment, il y a eu d'autres types d'actions qui se sont développées. Des interventions dans la rue, sur des marchés, avec la diffusion de tracts ayant une autre vision de la situation et parlant du « saccage ». Il y a eu des fabrications de fanzines (pour expliquer le projet "neptuno" par exemple), des murs peints pour appeler aux manifestations, etc.
Au début les manifestations et rassemblements avaient surtout lieu dans le centre de la capitale, sur l'avenue 18 de julio, mais elles sont aussi allées jusqu'à la maison présidentielle, le siège de OSE et dans des quartiers plus périphériques. Il y a aussi eu des blocages de la route d'entrée au port, par laquelle les camions se rendent aux bateaux pour décharger la pâte de cellulose d'UPM, qui voyage jusqu'en europe.
Des actions ont eu lieu en dehors de Montevideo comme des blocages de la route d'entrée d'UPM2. La deuxième usine de cellulose d'UPM inaugurée le 6 juin 2023, en pleine crise de l'eau, qui consomme à peu près autant d'eau que 60 millions de personnes par jour. Il y a eu des blocages partiels coordonnés de péages, vers l'Est du pays, pour distribuer des tracts et informer les gens. L'entrée de l'usine Salus-Danone (celle qui met l'eau en bouteille) a elle aussi été bloquée à Minas, elle n'a pas pu fonctionner pendant 2 heures.

Dans un pays où l'on "gère" la vie politique depuis très longtemps à coups de référendums, une grande partie de la population semble penser que ce sera toujours la solution. Le discours des partis de gauche laisse lui aussi toujours penser qu'ils pourront tout résoudre une fois qu'ils seront au pouvoir. De fait, des élections présidentielles et parlementaires auront lieu en octobre 2024 et l'opposition actuelle, représentée par la coalition de gauche (Frente Amplio), est déjà en train de faire "campagne" et de pacifier les gens en leur disant que si iels votent pour elle : elle sauvera l'Uruguay. Bien évidemment, le saccage est resté le même pendant toutes ces années, quel que soit le parti au pouvoir dans ce pays.
Le processus de pacification de la société uruguayenne passe aussi par une façon de diriger le pays. Commun à tous les gouvernements depuis longtemps déjà, il lui donne une image de "Suisse de l'amérique latine", où l'économie est stable, il n'y a pas de conflits sociaux, ce qui rend possible d'investir de l'argent sans prendre de risque majeur. Cette image a été intégrée par la population et par toute l'amérique latine en général. C'est ce qui se dit de l'Uruguay : c'est un endroit où il n'y a pas de vagues, la situation est toujours plus tranquille que sur le reste du continent. De fait, aux grandes entreprises étrangères qui s'installent en Uruguay, l'état promet qu'il est capable de maintenir la paix sociale. Par exemple, dans le contrat qu'UPM a signé avec l'État uruguayen est explicitement inscrite l'interdiction pour les travailleur.ses de l'entreprise de se syndiquer.

L'histoire récente a elle aussi laissé des traces dans l'esprit de tou.tes à travers la dictature civile et militaire qui a duré de 1973 à 1985, avec la disparition de 300 personnes, les enfants volé.es par les militaires, les gens assassiné.es, torturé.es, emprisonné.es... Sachant qu'aujourd'hui encore on recherche les corps des disparu.es parce que les gouvernements démocratiques successifs ont refusé de révéler où ils avaient été enterrés par les forces armées.
En plus du passé répressif qui est toujours très présent, l'Uruguay est un très petit pays qui a autant d'habitant que la ville de Madrid (Espagne). C'est-à-dire peu de gens dans un territoire lui aussi petit (la moitié de la superficie de l'allemagne), où tout le monde se connaît et surtout où il est facile pour les autorités de savoir qui est impliqué.e et s'organise au sein des luttes sociales. Cela provoque une peur très forte de la répression et donc de sortir du cadre légal de certaines actions - la plupart du temps pensées pour réunir beaucoup de gens.

Malgré cela, beaucoup d'activités et d'actions ont été pensées par des assemblées de quartier autonomes qui se développent en dehors et dans Montevideo (dans différents quartiers). Elles gardent les partis politiques loin d'elles, elles sont horizontales, auto-organisées et anticapitalistes. Elles ont un fonctionnement anti-autoritaire, sans vote, avec recherche du consensus. Il y a aussi des espaces de coordination de ces assemblées pour pouvoir penser des moments d'agitation plus larges.
L'habitude de s'organiser collectivement et horizontalement est très forte dans les mouvements sociaux uruguayens, héritiers de l'anarchisme du début du XXe siècle dans la région du fleuve de la Plata, à travers le syndicalisme anarchiste par exemple.

Ce mouvement social a commencé avec force et créativité, et il a besoin de continuer parce que le problème ne va pas se résoudre quand il recommencera à pleuvoir, comme disent les autorités, qui veulent faire croire aux gens qu'avec une bonne pluie tout va s'arranger. Mais pour l'instant, la situation n'explose pas...

« Hoy venimos a protestar,
pa' proteger el agua y la vida,
yo vengo a manifestar,
aunque no quiera la policía,
agua queremos tomar,
que salga limpia de la canilla !
Dale, vecinx, sumate a protestar,
que... la lucha vamos a dar !!! »
[3]

« Aujourd'hui on vient protester,
pour protéger l'eau et la vie,
moi j'viens manifester,
même si la police le veut pas,
on veut boire de l'eau,
qu'elle sorte propre des robinets !
Vient, voisin.e, rejoins-nous,
car... la lutte on va mener !!! »

(Le titre est un slogan qui veut dire : "De l'eau pour les gens, pas pour les entreprises")

Pour approfondir, voici le lien vers un article en espagnol : https://es.mongabay.com/2023/07/uruguay-crisis-del-agua-en-montevideo/
L'ONU et la BBC ont également mis en ligne des documents sur le sujet.

[1] cyanobactéries : ce sont des organismes unicellulaires qui libèrent des toxines. Ils peuvent rendre malade les humain.es et les animaux non-humains, en ingérant des aliments contaminés ou en avalant de l'eau polluée mais aussi juste en la touchant ou en nageant dedans.

[2] Le GVC est constitué de 4 entreprises : 2 uruguayennes (Saceem et Berkes), 1 espagnole (Sacyr) et 1 française (NGE).

[3] chant entonné dans les manifestations et autres blocages.

Depuis que cet article a été écrit la situation a changé, notamment parce qu'il a beaucoup plu en Uruguay. Les réserves du Santa Lucía se sont donc gorgées d'eau douce, et le gouvernement en a profité pour dire que la situation s'était arrangée. Bien sûr, la pollution des nappes phréatiques et des fleuves reste la même, et la solution hasardeuse : c'est-à-dire ne compter que sur la pluie...